Marcel Proust
4. Sodome et Gomorrhe -- [4. Sodoma y Gomorra]
Edición bilingüe, francés-español, de Miguel Garci-Gomez
-- --

Première Partie

Première apparition des hommes-femmes, descendants de ceux des habitants de Sodome qui furent épargnés par le feu du ciel. «La femme aura Gomorrhe et l′homme aura Sodome.»

CAPÍTULO I

Primera aparición de los hombres-mujeres, descendientes de aquellos habitantes de Sodoma que fueron perdonados por el fuego del cielo -- La mujer tendrá a Gomorra y el hombre tendrá a Sodoma.
ALFRED DE VIGNY. ALFREDO DE VIGNY
On sait que bien avant d′aller ce jour-là (le jour où avait lieu la soirée de la princesse de Guermantes) rendre au duc et à la duchesse la visite que je viens de raconter, j′avais épié leur retour et fait, pendant la durée de mon guet, une découverte, concernant particulièrement M. de Charlus, mais si importante en elle-même que j′ai jusqu′ici, jusqu′au moment de pouvoir lui donner la place et l′étendue voulues, différé de la rapporter. J′avais, comme je l′ai dit, délaissé le point de vue merveilleux, si confortablement aménagé au haut de la maison, d′où l′on embrasse les pentes accidentées par où l′on monte jusqu′à l′hôtel de Bréquigny, et qui sont gaiement décorées à l′italienne par le rose campanile de la remise appartenant au marquis de Frécourt. J′avais trouvé plus pratique, quand j′avais pensé que le duc et la duchesse étaient sur le point de revenir, de me poster sur l′escalier. Je regrettais un peu mon séjour d′altitude. Mais à cette heure-là, qui était celle d′après le déjeuner, j′avais moins à regretter, car je n′aurais pas vu, comme le matin, les minuscules personnages de tableaux, que devenaient à distance les valets de pied de l′hôtel de Bréquigny et de Tresmes, faire la lente ascension de la côte abrupte, un plumeau à la main, entre les larges feuilles de mica transparentes qui se détachaient si plaisamment sur les contreforts rouges. A défaut de la contemplation du géologue, j′avais du moins celle du botaniste et regardais par les volets de l′escalier le petit arbuste de la duchesse et la plante précieuse exposés dans la cour avec cette insistance qu′on met à faire sortir les jeunes gens à marier, et je me demandais si l′insecte improbable viendrait, par un hasard providentiel, visiter le pistil offert et délaissé. La curiosité m′enhardissant peu à peu, je descendis jusqu′à la fenêtre du rez-de-chaussée, ouverte elle aussi, et dont les volets n′étaient qu′à moitié clos. J′entendais distinctement, se préparant à partir, Jupien qui ne pouvait me découvrir derrière mon store où je restai immobile jusqu′au moment où je me rejetai brusquement de côté par peur d′être vu de M. de Charlus, lequel, allant chez Mme de Villeparisis, traversait lentement la cour, bedonnant, vieilli par le plein jour, grisonnant. Il avait fallu une indisposition de Mme de Villeparisis (conséquence de la maladie du marquis de Fierbois avec lequel il était personnellement brouillé à mort) pour que M. de Charlus fît une visite, peut-être la première fois de son existence, à cette heure-là. Car avec cette singularité des Guermantes qui, au lieu de se conformer à la vie mondaine, la modifiaient d′après leurs habitudes personnelles (non mondaines, croyaient-ils, et dignes par conséquent qu′on humiliât devant elles cette chose sans valeur, la mondanité— c′est ainsi que Mme de Marsantes n′avait pas de jour, mais recevait tous les matins ses amies, de 10 heures à midi)— le baron, gardant ce temps pour la lecture, la recherche des vieux bibelots, etc . . . ne faisait jamais une visite qu′entre 4 et 6 heures du soir. A 6 heures il allait au Jockey ou se promener au Bois. Au bout d′un instant je fis un nouveau mouvement de recul pour ne pas être vu par Jupien; c′était bientôt son heure de partir au bureau, d′où il ne revenait que pour le dîner, et même pas toujours depuis une semaine que sa nièce était allée avec ses apprenties à la campagne chez une cliente finir une robe. Puis me rendant compte que personne ne pouvait me voir, je résolus de ne plus me déranger de peur de manquer, si le miracle devait se produire, l′arrivée presque impossible à espérer (à travers tant d′obstacles, de distance, de risques contraires, de dangers) de l′insecte envoyé de si loin en ambassadeur à la vierge qui depuis longtemps prolongeait son attente. Je savais que cette attente n′était pas plus passive que chez la fleur mâle, dont les étamines s′étaient spontanément tournées pour que l′insecte pût plus facilement la recevoir; de même la fleur-femme qui était ici, si l′insecte venait, arquerait coquettement ses «styles», et pour être mieux pénétrée par lui ferait imperceptiblement, comme une jouvencelle hypocrite mais ardente, la moitié du chemin. Les lois du monde végétal sont gouvernées elles-mêmes par des lois de plus en plus hautes. Si la visite d′un insecte, c′est-à-dire l′apport de la semence d′une autre fleur, est habituellement nécessaire pour féconder une fleur, c′est que l′autofécondation, la fécondation de la fleur par elle-même, comme les mariages répétés dans une même famille, amènerait la dégénérescence et la stérilité, tandis que le croisement opéré par les insectes donne aux générations suivantes de la même espèce une vigueur inconnue de leurs aînées. Cependant cet essor peut être excessif, l′espèce se développer démesurément; alors, comme une antitoxine défend contre la maladie, comme le corps thyro règle notre embonpoint, comme la défaite vient punir l′orgueil, la fatigue le plaisir, et comme le sommeil repose à son tour de la fatigue, ainsi un acte exceptionnel d′autofécondation vient à point nommé donner son tour de vis, son coup de frein, fait rentrer dans la norme la fleur qui en était exagérément sortie. Mes réflexions avaient suivi une pente que je décrirai plus tard et j′avais déjà tiré de la ruse apparente des fleurs une conséquence sur toute une partie inconsciente de l′oeuvre littéraire, quand je vis M. de Charlus qui ressortait de chez la marquise. Il ne s′était passé que quelques minutes depuis son entrée. Peut-être avait-il appris de sa vieille parente elle-même, ou seulement par un domestique, le grand mieux ou plutôt la guérison complète de ce qui n′avait été chez Mme de Villeparisis qu′un malaise. A ce moment, où il ne se croyait regardé par personne, les paupières baissées contre le soleil, M. de Charlus avait relâché dans son visage cette tension, amorti cette vitalité factice, qu′entretenaient chez lui l′animation de la causerie et la force de la volonté. Pâle comme un marbre, il avait le nez fort, ses traits fins ne recevaient plus d′un regard volontaire une signification différente qui altérât la beauté de leur modelé; plus rien qu′un Guermantes, il semblait déjà sculpté, lui Palamède XV, dans la chapelle de Combray. Se sabe que mucho antes de ir aquel día (el día en que se celebraba la recepción de la princesa de Guermantes) a hacer al duque y a la duquesa la visita que acabo de referir, había vigilado yo su vuelta y llevado a cabo, durante mi acecho, un descubrimiento, que concernía particularmente al señor de Charlus, pero tan importante en si mismo que hasta aquí, hasta el momento de poder darle el lugar y la extensión deseados, he diferido su relato. Como ya he dicho, había abandonado el maravilloso punto de vista, tan cómodamente dispuesto en los altos de la casa, desde donde se abarcan las cuestas accidentadas por donde se sube hasta el palacio de Bréquigny y que están alegremente decoradas a la italiana por el campanil rosa de la cochera perteneciente al marqués de Frécourt. Me había parecido más práctico, al pensar en que el duque y la duquesa estaban a punto de volver, apostarme en la escalera. Echaba un tanto de menos mi retiro de altura, Pero a aquella hora, que era la que sigue al almuerzo, no era tanto lo que tenía que echar de menos, ya que no hubiera visto como por la mañana a los minúsculos personajes de cuadro, en que se convertían a distancia los lacayos del palacio de Bréquigny y de Tresmes, emprender la lenta ascensión de la abrupta pendiente, con un plumero en la mano, entre las anchas hojas de mica transparente que tan curiosamente se destacaban sobre los contrafuertes rojos. A falta de la contemplación del geólogo, tenía por lo menos la del botánico, y miraba por las ventanas de la escalera el arbustillo de la duquesa y la planta preciosa expuestos en el patio con esa insistencia con que se hace salir a la gente casadera, y me preguntaba s. el improbable insecto iría, por una casualidad providencial, a visitar el pistilo ofrecido y abandonado. Como la curiosidad me envalentonase poco a poco, descendí hasta la ventana del piso bajo, también abierta, y cuyos postigos estaban cerrados a medias. Oía claramente a Jupien, que se disponía a salir y que no podía descubrirme detrás de mi cortinilla, tras la cual permanecí inmóvil hasta el momento en que me hice bruscamente atrás, ladeándome por temor a ser visto por el señor de Charlus, que, yendo a casa de la señora de Villeparisis, cruzaba lentamente el patio, embarnecido, avejentado por la cruda luz del día, y canoso. Se había necesitado una indisposición de la señora de Villeparisis (consecuencia de la enfermedad del marqués de Fierbois, con quien estaba el barón personalmente reñido a muerte) para que el señor de Charlus hiciese una visita, acaso por primera vez en su existencia, a aquella hora. Porque con esa singularidad de los Guermantes, que, en lugar de adaptarse a la vida mundana, la modificaban de acuerdo a sus costumbres personales (no mundanas, creían, y dignas, por consiguiente, de que se humillase ante ellas esa cosa sin valor que es la mundanidad -así, es como la señora de Villeparisis no tenía señalado día de recibo, pero recibía todas las mañanas a sus amigas, desde las diez hasta mediodía), el barón, que reservaba ese tiempo a la lectura, a la busca de chucherías antiguas, etc., sólo hacía visitas entre cuatro yseis de la tarde. A las seis iba al Jockey o a pasearse por el Bosque. Al cabo de un instante hice un nuevo movimiento de retroceso para que no me viera Jupien; pronto sería su hora de salir para la oficina, de donde no volvía sino para cenar, y aun eso no siempre desde que, hacía una semana, su sobrina había ido al campo con sus aprendizas a casa de una cliente, para terminar un vestido. Después, dándome cuenta que nadie podía verme, resolví no volver a moverme por miedo de perder, si debía producirse el milagro, la llegada, casi imposible de esperar (a través de tantos obstáculos de distancia, de riesgos opuestos, de peligros), del insecto enviado desde tan lejos como embajador a la virgen que desde hacía tanto tiempo prolongaba su espera. Sabía yo que esta espera no era más pasiva que en la flor macho, cuyos estambres se habían vuelto espontáneamente para que el insecto pudiera recibirla más fácilmente; ni más ni menos que la flor hembra que estaba aquí, si el insecto venía, arquearía coquetamente sus “estilos”, y para ser mejor penetrada por él andaría imperceptiblemente, como una jovencita hipócrita pero ardiente, la mitad del camino. Las leyes del mundo vegetal regidas están a su vez por leyes cada vez más altas. Si la visita de un insecto, es decir, el aporte de la semilla de otra flor, es habitualmente necesaria para fecundar una flor, es porque la autofecundación, la fecundación de la flor por sí misma, como los matrimonios repetidos en una misma familia, traería la degeneración y la esterilidad, mientras que la cruza operada por los insectos da a las generaciones sucesivas de la misma especie un vigor desconocido de sus mayores. Sin embargo, este impulso puede ser excesivo y desarrollarse la especie desmesuradamente; entonces, así como una antitoxina defiende contra una enfermedad, así como la tiroides regula nuestra gordura como la derrota viene a castigar el orgullo, el cansancio al placer y como el sueño descansa, a su vez, de la fatiga, así un acto excepcional de autofecundación acude en el momento indicado a dar su vuelta de rosca, su frenazo, vuelve a la norma a la flor que se había salido exageradamente de ella. Mis reflexiones habían seguido una pendiente que describiré más tarde, y ya había sacado yo de la aparente astucia de las flores una consecuencia sobre toda una parte inconsciente de la obra literaria, cuando vi al señor de Charlus que volvía a salir de casa de la marquesa. No habían pasado más que unos minutos desde su entrada. Quizás hubiera sabido por su anciana parienta en persona, o solamente por algún criado, la gran mejoría o más bien la curación completa de lo que no había sido en la señora de Villeparisis más que un malestar. En ese momento, en que no creía ser contemplado por nadie, con los párpados entornados contra el sol, el señor de Charlus había aflojado en su rostro aquella tensión, había amortiguado aquella vitalidad ficticia que mantenían en él la animación de la charla y la fuerza de voluntad. Pálido como un mármol, tenía una nariz vigorosa, sus finos rasgos ya no recibían de una mirada voluntariosa una significación diferente que alterase la belleza de su modelado; nada más que un Guermantes, parecía esculpido ya, él, Palamedes XV, en la capilla de Combray.
Mais ces traits généraux de toute une famille prenaient pourtant, dans le visage de M. de Charlus, une finesse plus spiritualisée, plus douce surtout. Je regrettais pour lui qu′il adultérât habituellement de tant de violences, d′étrangetés déplaisantes, de potinages, de dureté, de susceptibilité et d′arrogance, qu′il cachât sous une brutalité postiche l′aménité, la bonté qu′au moment où il sortait de chez Mme de Villeparisis, je voyais s′étaler si naîµ¥ment sur son visage. Clignant des yeux contre le soleil, il semblait presque sourire, je trouvai à sa figure vue ainsi au repos et comme au naturel quelque chose de si affectueux, de si désarmé, que je ne pus m′empêcher de penser combien M. de Charlus eût été fâché s′il avait pu se savoir regardé; car ce à quoi me faisait penser cet homme, qui était si épris, qui se piquait si fort de virilité, à qui tout le monde semblait odieusement efféminé, ce à quoi il me faisait penser tout d′un coup, tant il en avait passagèrement les traits, l′expression, le sourire, c′était à une femme. Pero estos rasgos generales de toda una familia cobraban, sin embargo, en el rostro del señor de Charlus, una finura más espiritualizada, más dulce, sobre todo. Lamentaba yo por él que adulterase habitualmente con tantas violencias, rarezas desagradables, comadrerías, dureza, susceptibilidad y arrogancia; que ocultase bajo una brutalidad postiza la amabilidad, la bondad que en el momento en que salía de casa de la señora de Villeparisis veía yo derramarse tan cándidamente por su semblante. Guiñando los ojos contra el sol, casi parecía sonreír; vista así su cara en reposo y como al natural, le encontré un no sé qué tan afectuoso, tan desarmado, que no pude menos de pensar cuánto se hubiera irritado el señor de Charlus de haber podido saber que alguien le estaba mirando; porque en lo que me hacía pensar este hombre que estaba tan prendado, que tanto alardeaba de virilidad, a quien todo el mundo le parecía odiosamente afeminado, en lo que me hacía pensar de pronto, a tal punto tenía pasajeramente los rasgos, la expresión y la sonrisa, era en una mujer.
J′allais me déranger de nouveau pour qu′il ne pût m′apercevoir; je n′en eus ni le temps, ni le besoin. Que vis-je! Face à face, dans cette cour où ils ne s′étaient certainement jamais rencontrés (M. de Charlus ne venant à l′hôtel Guermantes que dans l′après-midi, aux heures où Jupien était à son bureau), le baron, ayant soudain largement ouvert ses yeux mi-clos, regardait avec une attention extraordinaire l′ancien giletier sur le seuil de sa boutique, cependant que celui-ci, cloué subitement sur place devant M. de Charlus, enraciné comme une plante, contemplait d′un air émerveillé l′embonpoint du baron vieillissant. Mais, chose plus étonnante encore, l′attitude de M. de Charlus ayant changé, celle de Jupien se mit aussitôt, comme selon les lois d′un art secret, en harmonie avec elle. Le baron, qui cherchait maintenant à dissimuler l′impression qu′il avait ressentie, mais qui, malgré son indifférence affectée, semblait ne s′éloigner qu′à regret, allait, venait, regardait dans le vague de la façon qu′il pensait mettre le plus en valeur la beauté de ses prunelles, prenait un air fat, négligent, ridicule. Or Jupien, perdant aussitôt l′air humble et bon que je lui avais toujours connu, avait — en symétrie parfaite avec le baron — redressé la tête, donnait à sa taille un port avantageux, posait avec une impertinence grotesque son poing sur la hanche, faisait saillir son derrière, prenait des poses avec la coquetterie qu′aurait pu avoir l′orchidée pour le bourdon providentiellement survenu. Je ne savais pas qu′il pût avoir l′air si antipathique. Mais j′ignorais aussi qu′il fût capable de tenir à l′improviste sa partie dans cette sorte de scène des deux muets, qui (bien qu′il se trouvât pour la première fois en présence de M. de Charlus) semblait avoir été longuement répétée;-on n′arrive spontanément à cette perfection que quand on rencontre à l′étranger un compatriote, avec lequel alors l′entente se fait d′elle-même, le truchement étant identique, et sans qu′on se soit pourtant jamais vu. Iba a apartarme de nuevo para que no pudiese reparar en mí; no tuve tiempo ni necesidad de ello. ¡Lo que vi! Cara a cara, en aquel patio en que evidentemente no se habían encontrado nunca (ya que el señor de Charlus no venía al palacio de los Guermantes sino por la tarde, a las horas en que Jupien estaba en su oficina), el barón, que había abierto de par en par, de pronto, sus ojos entornados, miraba con extraordinaria atención al antiguo chalequero, a la puerta de su tienda, mientras el último, clavado súbitamente en el sitio ante el señor de Charlus, arraigado como una planta, contemplaba con expresión maravillada la corpulencia del barón camino de la vejez. Pero, cosa más asombrosa aún: como la actitud del señor de Charlus cambiase, la de Jupien, inmediatamente, cual si obedeciese a las leyes de un arte secreto, se puso en armonía con ella. El barón, que trataba ahora de disimular la impresión que había sentido, pero que, a pesar de su afectada indiferencia, parecía no alejarse sino de mala gana, iba y venía, miraba al vacío de la manera que a él le parecía resaltaba más la belleza de sus pupilas, adoptaba un aire fatuo, negligente, ridículo. Ahora bien; Jupien, perdiendo enseguida la expresión humilde y bondadosa que yo le había conocido siempre, había -en simetría perfecta con el barón- erguido la cabeza, daba a su talle un porte favorable, apoyaba con grotesca impertinencia el puño en la cadera, hacía salir su trasero, adoptaba actitudes con la coquetería que hubiera podido tener la orquídea para con el abejorro providencialmente aparecido. Yo no sabía que pudiese presentar un aspecto tan antipático. Pero ignoraba asimismo que fuese capaz de representar de improviso su papel en esta suerte de escena de los dos mudos, que (aunque se hallase por vez primera en presencia del señor de Charlus) parecía haber sido largamente ensayada -no se llega espontáneamente a esa perfección más que cuando uno encuentra en el extranjero a un compatriota, con el cual, entonces, se produce por sí misma la inteligencia, ya que el trujamán es idéntico, y sin que ninguno de los dos se haya visto nunca, sin embargo.
Cette scène n′était, du reste, pas positivement comique, elle était empreinte d′une étrangeté, ou si l′on veut d′un naturel, dont la beauté allait croissant. M. de Charlus avait beau prendre un air détaché, baisser distraitement les paupières, par moments il les relevait et jetait alors sur Jupien un regard attentif. Mais (sans doute parce qu′il pensait qu′une pareille scène ne pouvait se prolonger indéfiniment dans cet endroit, soit pour des raisons qu′on comprendra plus tard, soit enfin par ce sentiment de la brièveté de toutes choses qui fait qu′on veut que chaque coup porte juste, et qui rend si émouvant le spectacle de tout amour), chaque fois que M. de Charlus regardait Jupien, il s′arrangeait pour que son regard fût accompagné d′une parole, ce qui le rendait infiniment dissemblable des regards habituellement dirigés sur une personne qu′on connaît ou qu′on ne connaît pas; il regardait Jupien avec la fixité particulière de quelqu′un qui va vous dire: «Pardonnez-moi mon indiscrétion, mais vous avez un long fil blanc qui pend dans votre dos», ou bien: «Je ne dois pas me tromper, vous devez être aussi de Zurich, il me semble bien vous avoir rencontré souvent chez le marchand d′antiquités.» Telle, toutes les deux minutes, la même question semblait intensément posée à Jupien dans l′oeillade de M. de Charlus, comme ces phrases interrogatives de Beethoven, répétées indéfiniment, à intervalles égaux, et destinées — avec un luxe exagéré de préparations —à amener un nouveau motif, un changement de ton, une «rentrée». Mais justement la beauté des regards de M. de Charlus et de Jupien venait, au contraire, de ce que, provisoirement du moins, ces regards ne semblaient pas avoir pour but de conduire à quelque chose. Esta escena no era, por lo demás, positivamente cómica; estaba teñida de una rareza, o si se quiere, de una naturalidad, cuya belleza iba en aumento. Por más que adoptara el señor de Charlus un continente de indiferencia, bajaba distraídamente los párpados, de cuando en cuando los alzaba, y lanzaba entonces a Jupien una mirada atenta. Pero (sin duda porque pensaba que una escena como aquella no podía prolongarse indefinidamente en aquel lugar, ya fuese por razones que se comprenderán más tarde, o, en fin, por ese sentimiento de la brevedad de todas las cosas que hace que se quiera que cada tiro dé en el blanco, y que hace tan conmovedor el espectáculo de todo amor) cada vez que el señor de Charlus miraba a Jupien, se las arreglaba para que su mirada fuese acompañada de una palabra, lo que la hacía infinitamente distinta de las miradas dirigidas habitualmente a una persona que se conoce o no se conoce; miraba a Jupien con la fijeza peculiar del que va a decirle a uno: “Perdóneme la indiscreción, pero lleva usted una hilacha blanca y larga que le cuelga en la espalda”, o bien: “No debo de estar equivocado, usted debe de ser también de Zurich; me parece que me he encontrado a menudo con usted en casa del anticuario”. Así, cada dos minutos, la misma pregunta parecía intensamente formulada a Jupien en la ojeada del señor de Charlus, como esas frases interrogativas de Beethoven, repetidas infinitamente, a intervalos iguales, y destinadas -como un lujo exagerado de preparativos- a traer un nuevo motivo, un cambio de tono, una “vuelta”. Pero precisamente la belleza de las miradas del señor de Charlus y de Jupien provenía, por el contrario, de que, provisionalmente al menos, esas miradas no parecían tener por finalidad conducir a nada.
Cette beauté, c′était la première fois que je voyais le baron et Jupien la manifester. Dans les yeux de l′un et de l′autre, c′était le ciel, non pas de Zurich, mais de quelque cité orientale dont je n′avais pas encore deviné le nom, qui venait de se lever. Quel que fût le point qui pût retenir M. de Charlus et le giletier, leur accord semblait conclu et ces inutiles regards n′être que des préludes rituels, pareils aux fêtes qu′on donne avant un mariage décidé. Plus près de la nature encore — et la multiplicité de ces comparaisons est elle-même d′autant plus naturelle qu′un même homme, si on l′examine pendant quelques minutes, semble successivement un homme, un homme-oiseau ou un homme-insecte, etc. — on eût dit deux oiseaux, le mâle et la femelle, le mâle cherchant à s′avancer, la femelle — Jupien — ne répondant plus par aucun signe à ce manège, mais regardant son nouvel ami sans étonnement, avec une fixité inattentive, jugée sans doute plus troublante et seule utile, du moment que le mâle avait fait les premiers pas, et se contentant de lisser ses plumes. Enfin l′indifférence de Jupien ne parut plus lui suffire; de cette certitude d′avoir conquis à se faire poursuivre et désirer, il n′y avait qu′un pas et Jupien, se décidant à partir pour son travail, sortit par la porte cochère. Ce ne fut pourtant qu′après avoir retourné deux ou trois fois la tête, qu′il s′échappa dans la rue où le baron, tremblant de perdre sa piste (sifflotant d′un air fanfaron, non sans crier un «au revoir» au concierge qui, à demi saoul et traitant des invités dans son arrière-cuisine, ne l′entendit même pas), s′élança vivement pour le rattraper. Au même instant où M. de Charlus avait passé la porte en sifflant comme un gros bourdon, un autre, un vrai celui-là, entrait dans la cour. Era la primera vez que veía yo al barón y a Jupien manifestar tal belleza. En los ojos del uno y del otro lo que acababa de surgir era el cielo, no de Zurich, sino de alguna ciudad oriental cuyo nombre aún no habla adivinado yo. Cualquiera que fuese el punto que pudiera detener al señor de Charlus y al chalequero, su acuerdo parecía concluido, y que aquellas inútiles miradas no fuesen más que preludios rituales, semejantes a las fiestas que se celebran antes de un matrimonio ya concertado. Más cerca aún de la naturaleza -y la misma multiplicidad de estas comparaciones es tanto más natural cuanto que un mismo hombre, si se le examina durante algunos minutos, parece sucesivamente un hombre, un hombre-pájaro o un hombre-insecto, etc. se hubieran dicho dos pájaros, macho y hembra; el macho, tratando de avanzar, sin que la hembra Jupien respondiese ya a este manejo con el menor signo, sino mirando a su nuevo amigo sin asombro, con una fijeza distraída, considerada sin duda más turbadora y la única útil, desde el momento en que el macho había dado los primeros pasos, y se contentaba con alisarse las plumas. Por fin, la indiferencia de Jupien no pareció bastarle ya; de esta certeza de haber conquistado, a hacerse perseguir ydesear, no había más que un paso, yJupien, decidiendo encaminarse a su trabajo, salió por la puerta cochera. No sin haber vuelto antes dos o tres veces la cabeza se escapó a la calle, adonde el barón, temblando perder su pista (silboteando con aire fanfarrón, no sin gritar “hasta la vista” al portero que, medio ebrio y ocupado en atender a unos invitados en el cuartito inmediato a su cocina, ni siquiera le oyó), se lanzó rápidamente para alcanzarle. En el mismo instante en que el señor de Charlus había traspuesto la puerta silbando como un abejorro, otro, éste de veras, entraba en el patio.
Qui sait si ce n′était pas celui attendu depuis si longtemps par l′orchidée, et qui venait lui apporter le pollen si rare sans lequel elle resterait vierge? Mais je fus distrait de suivre les ébats de l′insecte, car au bout de quelques minutes, sollicitant davantage mon attention, Jupien (peut-être afin de prendre un paquet qu′il emporta plus tard et que, dans l′émotion que lui avait causée l′apparition de M. de Charlus, il avait oublié, peut-être tout simplement pour une raison plus naturelle), Jupien revint, suivi par le baron. Celui-ci, décidé à brusquer les choses, demanda du feu au giletier, mais observa aussitôt: «Je vous demande du feu, mais je vois que j′ai oublié mes cigares.» Les lois de l′hospitalité l′emportèrent sur les règles de la coquetterie: «Entrez, on vous donnera tout ce que vous voudrez», dit le giletier, sur la figure de qui le dédain fit place à la joie. La porte de la boutique se referma sur eux et je ne pus plus rien entendre. J′avais perdu de vue le bourdon, je ne savais pas s′il était l′insecte qu′il fallait à l′orchidée, mais je ne doutais plus, pour un insecte très rare et une fleur captive, de la possibilité miraculeuse de se conjoindre, alors que M. de Charlus (simple comparaison pour les providentiels hasards, quels qu′ils soient, et sans la moindre prétention scientifique de rapprocher certaines lois de la botanique et ce qu′on appelle parfois fort mal l′homosexualité), qui, depuis des années, ne venait dans cette maison qu′aux heures où Jupien n′y était pas, par le hasard d′une indisposition de Mme de Villeparisis, avait rencontré le giletier et avec lui la bonne fortune réservée aux hommes du genre du baron par un de ces êtres qui peuvent même être, on le verra, infiniment plus jeunes que Jupien et plus beaux, l′homme prédestiné pour que ceux-ci aient leur part de volupté sur cette terre: l′homme qui n′aime que les vieux messieurs. Quién sabe si no era el esperado desde hacía tanto tiempo por la orquídea, y que venía a traerle el polen tan raro sin el que permanecería virgen. Pero me distraje de seguir los jugueteos del insecto, porque al cabo de unos minutos, solicitando aún más mí atención, Jupíen (acaso para recoger un paquete que se llevó más tarde y que, con la emoción que le había causado la aparición del señor de Charlus, había olvidado; acaso sencillamente por una razón más natural) volvió, seguido por el barón. Este, decidido a apresurar las cosas, pidió lumbre al chalequero, pero observó inmediatamente: “Le pido a usted lumbre, pero veo que me he dejado olvidados los cigarros”. Las leyes de la hospitalidad triunfaron de las reglas de la coquetería: “Entre usted, se le dará todo lo que quiera”, dijo el chalequero, en cuyo semblante el desdén dejó paso al júbilo. La puerta de la tienda volvió a cerrarse tras ellos, y ya no pude oír nada. Había perdido de vista al abejorro, no sabía si era el insecto que necesitaba la orquídea, pero ya no dudaba, por lo que hacía a un insecto rarísimo y a una flor cautiva, de la posibilidad milagrosa de que se uniesen, cuando el señor de Charlus (simple comparación en cuanto a los azares providenciales, cualesquiera que sean, y sin la menor pretensión científica de relacionar ciertas leyes de la botánica y de lo que se llama a veces, muy mal, la homosexualidad), que, desde hacía varios años, no venía a esta casa sino a las horas en que Jupien no estaba en ella, por la casualidad de una indisposición de la señora de Villeparisis había encontrado al chalequero y con él la aventura reservada a los hombres del género del barón por uno de esos seres que pueden incluso ser, como ya se verá, infinitamente más jóvenes que Jupien y más hermosos, el hombre predestinado para que aquellos tengan su porción de voluptuosidad en esta tierra: el hombre que sólo ama a los ancianos.
Ce que je viens de dire d′ailleurs ici est ce que je ne devais comprendre que quelques minutes plus tard, tant adhèrent à la réalité ces propriétés d′être invisible, jusqu′à ce qu′une circonstance l′ait dépouillée d′elles. En tout cas, pour le moment j′étais fort ennuyé de ne plus entendre la conversation de l′ancien giletier et du baron. J′avisai alors la boutique à louer, séparée seulement de celle de Jupien par une cloison extrêmement mince. Je n′avais pour m′y rendre qu′à remonter à notre appartement, aller à la cuisine, descendre l′escalier de service jusqu′aux caves, les suivre intérieurement pendant toute la largeur de la cour, et, arrivé à l′endroit du sous-sol où l′ébéniste, il y a quelques mois encore, serrait ses boiseries, où Jupien comptait mettre son charbon, monter les quelques marches qui accédaient à l′intérieur de la boutique. Ainsi toute ma route se ferait à couvert, je ne serais vu de personne. C′était le moyen le plus prudent. Ce ne fut pas celui que j′adoptai, mais, longeant les murs, je contournai à l′air libre la cour en tâchant de ne pas être vu. Si je ne le fus pas, je pense que je le dois plus au hasard qu′à ma sagesse. Et au fait que j′aie pris un parti si imprudent, quand le cheminement dans la cave était si sûr, je vois trois raisons possibles, à supposer qu′il y en ait une. Mon impatience d′abord. Puis peut-être un obscur ressouvenir de la scène de Montjouvain, caché devant la fenêtre de Mlle Vinteuil. De fait, les choses de ce genre auxquelles j′assistai eurent toujours, dans la mise en scène, le caractère le plus imprudent et le moins vraisemblable, comme si de telles révélations ne devaient être la récompense que d′un acte plein de risques, quoique en partie clandestin. Enfin j′ose à peine, à cause de son caractère d′enfantillage, avouer la troisième raison, qui fut, je crois bien, inconsciemment déterminante. Depuis que pour suivre — et voir se démentir — les principes militaires de Saint–Loup, j′avais suivi avec grand détail la guerre des Boërs, j′avais été conduit à relire d′anciens récits d′explorations, de voyages. Ces récits m′avaient passionné et j′en faisais l′application dans la vie courante pour me donner plus de courage. Lo que acabo de decir, por lo demás, aquí, es lo que no había de comprender yo hasta unos minutos más tarde; a tal punto se adhieren a la realidad estas propiedades de ser invisible, hasta que una circunstancia la haya despojado de ellas. Como quiera que fuese, por el momento me sentía muy fastidiado al no poder escuchar ya la conversación del antiguo chalequero y del barón. Entonces reparé en la tienda por alquilar, separada únicamente de la de Jupien por un tabique sumamente delgado. Para trasladarme a ella no tenía más que volver a nuestro departamento, ir a la cocina, bajar por la escalera de servicio hasta los sótanos, seguir por éstos interiormente por todo el ancho del patio, y al llegar a la parte del subsuelo, donde el ebanista hacía aún unos meses aserraba sus maderas, donde Jupien pensaba guardar su carbón, subir los escasos peldaños que daban acceso al interior de la tienda. Así hada a cubierto todo mi camino, y nadie me vería. Era el medio más prudente. No fue el que adopté, sino que, pegándome a las paredes, di la vuelta, al aire libre, al patio, tratando de no ser visto. Si no lo fui, creo que lo debo más a la casualidad que a mi cautela. Y en cuanto al hecho de haberme resuelto a una decisión tan imprudente, cuando era tan seguro el camino por el sótano, veo tres motivos posibles de ello, suponiendo que hubiese alguno. Mi impaciencia, primeramente. Luego acaso una oscura remembranza de la escena de Montjouvain, escondido ante la ventana de la señorita de Vinteuil. En rigor, las cosas de este género a que asistí tuvieron siempre, en la escenografía, el carácter más imprudente y menos verosímil, como si revelaciones tales no debieran ser sino la recompensa de un acto lleno de riesgos, aunque en parte clandestino. Por último, me atrevo apenas, a causa de su carácter de chiquillada, a confesar el tercer motivo, que fue, a lo que creo, inconscientemente determinante. Desde que por seguir y ver desmentirse los principios militares de Saint-Loup, había seguido con todo detalle la guerra de los boers, me había visto inducido a leer antiguos relatos de exploraciones y de viajes. Estas narraciones me habían apasionado y las aplicaba a la vida corriente para darme más ánimos.
Quand des crises m′avaient forcé à rester plusieurs jours et plusieurs nuits de suite non seulement sans dormir, mais sans m′étendre, sans boire et sans manger, au moment où l′épuisement et la souffrance devenaient tels que je pensais n′en sortir jamais, je pensais à tel voyageur jeté sur la grève, empoisonné par des herbes malsaines, grelottant de fièvre dans ses vêtements trempés par l′eau de la mer, et qui pourtant se sentait mieux au bout de deux jours, reprenait au hasard sa route, à la recherche d′habitants quelconques, qui seraient peut-être des anthropophages. Leur exemple me tonifiait, me rendait l′espoir, et j′avais honte d′avoir eu un moment de découragement. Pensant aux Boërs qui, ayant en face d′eux des armées anglaises, ne craignaient pas de s′exposer au moment où il fallait traverser, avant de retrouver un fourré, des parties de rase campagne: «Il ferait beau voir, pensai-je, que je fusse plus pusillanime, quand le théâtre d′opérations est simplement notre propre cour, et quand, moi qui me suis battu plusieurs fois en duel sans aucune crainte, au moment de l′affaire Dreyfus, le seul fer que j′aie à craindre est celui du regard des voisins qui ont autre chose à faire qu′à regarder dans la cour.» Cuando los ataques me habían forzado a permanecer varios días y varias noches sucesivas no sólo sin dormir, pero sin echarme, sin beber ni comer, en el instante en que el agotamiento y los sufrimientos llegaban a ser tales que creía que jamás saldría de ellos, pensaba en tal viajero arrojado sobre la playa, envenenado por hierbas ponzoñosas, tiritando de fiebre bajo sus vestiduras empapadas por el agua del mar y que, sin embargo, se encontraba mejor al cabo de dos días, emprendía de nuevo su camino a la ventura, en busca de unos habitantes cualesquiera, que acaso fuesen antropófagos. Su ejemplo me tonificaba, me devolvía las esperanzas, y sentía vergüenza de haber tenido un instante de desaliento. Al pensar en los boers que, teniendo frente a sí ejércitos ingleses, no temían exponerse en el momento en que había que atravesar, antes de volver a encontrar una espesura, zonas de campo raso: “Bueno fuera pensaba que fuese yo más pusilánime, cuando el teatro de operaciones es simplemente nuestro propio patio, y cuando yo, que me he batido varias veces en duelo sin ningún temor en el momento del asunto Dreyfus, no tengo que temer otra espada qué la de las miradas de los vecinos, que tienen algo más que hacer que mirar al patio”.
Mais quand je fus dans la boutique, évitant de faire craquer le moins du monde le plancher, en me rendant compte que le moindre craquement dans la boutique de Jupien s′entendait de la mienne, je songeai combien Jupien et M. de Charlus avaient été imprudents et combien la chance les avait servis. Pero cuando estuve en la tienda, evitando hacer crujir el piso, dándome cuenta que el menor crujido de la tienda de Jupien se oía desde la mía, pensé en lo imprudentes que habían sido Jupien y el señor de Charlus, y hasta qué punto les había ayudado la suerte.
Je n′osais bouger. Le palefrenier des Guermantes, profitant sans doute de leur absence, avait bien transféré dans la boutique où je me trouvais une échelle serrée jusque-là dans la remise. Et si j′y étais monté j′aurais pu ouvrir le vasistas et entendre comme si j′avais été chez Jupien même. Mais je craignais de faire du bruit. Du reste c′était inutile. Je n′eus même pas à regretter de n′être arrivé qu′au bout de quelques minutes dans ma boutique. Car d′après ce que j′entendis les premiers temps dans celle de Jupien et qui ne furent que des sons inarticulés, je suppose que peu de paroles furent prononcées. Il est vrai que ces sons étaient si violents que, s′ils n′avaient pas été toujours repris un octave plus haut par une plainte parallèle, j′aurais pu croire qu′une personne en égorgeait une autre à côté de moi et qu′ensuite le meurtrier et sa victime ressuscitée prenaient un bain pour effacer les traces du crime. J′en conclus plus tard qu′il y a une chose aussi bruyante que la souffrance, c′est le plaisir, surtout quand s′y ajoutent —à défaut de la peur d′avoir des enfants, ce qui ne pouvait être le cas ici, malgré l′exemple peu probant de la Légende dorée — des soucis immédiats de propreté. Enfin au bout d′une demi-heure environ (pendant laquelle je m′étais hissé à pas de loup sur mon échelle afin de voir par le vasistas que je n′ouvris pas), une conversation s′engagea. Jupien refusait avec force l′argent que M. de Charlus voulait lui donner. No me atrevía a moverme. El palafrenero de los Guermantes, aprovechando sin duda su ausencia, había trasladado a la tienda en que me encontraba yo, una escalera de mano, guardada hasta entonces en la cochera. Y si yo me hubiera subido a ella habría podido abrir la ventanita y oír como si hubiera estado en casa del mismo Jupien. Pero temía hacer ruido. Por lo demás, era inútil. Ni siquiera tuve que lamentar no haber llegado hasta después de algunos minutos a mi tienda. Porque a juzgar por lo que oí en los primeros momentos en la de Jupien, que no fue más que algunos sonidos inarticulados, supongo que fueron pronunciadas pocas palabras. Verdad es que esos sonidos eran tan violentos, que si no hubiesen sido repetidos siempre una octava más alto por un quejido paralelo, hubiera podido yo creer que una persona degollaba a otra cerca de mí yque luego el asesino ysu víctima, resucitada, tomaban un baño para borrar las huellas del crimen. Deduje más tarde de ello que hay una cosa tan ruidosa como el dolor: el placer, sobre todo cuando se añaden a él -a falta del temor de tener hijos, caso que no podía darse aquí, a pesar del ejemplo poco convincente de la Leyenda Dorada cuidados inmediatos de aseo. Por fin, al cabo, aproximadamente, de media hora (durante la cual me había encaramado a paso de lobo a mi escalera de mano para ver por la ventanita, que no abrí), se entabló una conversación. Jupien rechazaba enérgicamente el dinero que el señor de Charlus quería darle.
Au bout d′une demi-heure, M. de Charlus ressortit. «Pourquoi avez-vous votre menton rasé comme cela, dit-il au baron d′un ton de câlinerie. C′est si beau une belle barbe. — Fi! c′est dégoûtant», répondit le baron. A la media hora, el señor de Charlus volvió a salir: “¿Por qué lleva usted afeitada de esa manera la barbilla? dijo Jupien al barón en tono de mimo. ¡Es tan hermosa una barba corrida!” “¡Uf! ¡Es repugnante!”, respondió el barón.
Cependant il s′attardait encore sur le pas de la porte et demandait à Jupien des renseignements sur le quartier. «Vous ne savez rien sur le marchand de marrons du coin, pas à gauche, c′est une horreur, mais du côté pair, un grand gaillard tout noir? Et le pharmacien d′en face, il a un cycliste très gentil qui porte ses médicaments.» Ces questions froissèrent sans doute Jupien car, se redressant avec le dépit d′une grande coquette trahie, il répondit: «Je vois que vous avez un coeur d′artichaut.» Proféré d′un ton douloureux, glacial et maniéré, ce reproche fut sans doute sensible à M. de Charlus qui, pour effacer la mauvaise impression que sa curiosité avait produite, adressa à Jupien, trop bas pour que je distinguasse bien les mots, une prière qui nécessiterait sans doute qu′ils prolongeassent leur séjour dans la boutique et qui toucha assez le giletier pour effacer sa souffrance, car il considéra la figure du baron, grasse et congestionnée sous les cheveux gris, de l′air noyé de bonheur de quelqu′un dont on vient de flatter profondément l′amour-propre, et, se décidant à accorder à M. de Charlus ce que celui-ci venait de lui demander, Jupien, après des remarques dépourvues de distinction telles que: «Vous en avez un gros pétard!», dit au baron d′un air souriant, ému, supérieur et reconnaissant: «Oui, va, grand gosse!» Así y todo se quedaba en el umbral de la puerta y le pedía a Jupien informes del barrio. “¿No sabe usted nada del castañero de la esquina? No, el de la izquierda no, es horrible; el del lado de los pares, un mocetón moreno. Y el farmacéutico de enfrente tiene un ciclista muy simpático, que reparte las, medicinas”. Estas preguntas molestaron sin duda a Jupien, porque, irguiéndose con el despecho de una gran coqueta traicionada, respondió: “Veo que tiene usted un corazón de alcachofa”. Proferido en un tono dolorido, glacial y amanerado, este reproche fue, sin duda, sensible para el señor de Charlus, que, para borrar la mala impresión que había producido su curiosidad, dirigió a Jupien, demasiado bajo para que yo distinguiese bien las palabras, un ruego que exigiría indudablemente que prolongasen su permanencia en la tienda y que conmovió suficientemente al chalequero como para disipar su pena, porque se quedó mirando al barón a la cara, crasa y congestionada bajo los cabellos grises, con la expresión inundada de felicidad de alguien cuyo amor propio acaba de ser lisonjeado profundamente, y decidiéndose a conceder al señor de Charlus lo que éste acababa de pedirle, Jupien, después de algunas observaciones faltas de distinción como: “¡Vaya un trasero gordo”, dijo al barón con expresión sonriente, conmovida, superior yagradecida: “¡Bueno, si, anda, grandísimo chiquilín!”.
«Si je reviens sur la question du conducteur de tramway, reprit M. de Charlus avec ténacité, c′est qu′en dehors de tout, cela pourrait présenter quelque intérêt pour le retour. Il m′arrive en effet, comme le calife qui parcourait Bagdad pris pour un simple marchand, de condescendre à suivre quelque curieuse petite personne dont la silhouette m′aura amusé.» Je fis ici la même remarque que j′avais faite sur Bergotte. S′il avait jamais à répondre devant un tribunal, il userait non de phrases propres à convaincre les juges, mais de ces phrases bergottesques que son tempérament littéraire particulier lui suggérait naturellement et lui faisait trouver plaisir à employer. Pareillement M. de Charlus se servait, avec le giletier, du même langage qu′il eût fait avec des gens du monde de sa coterie, exagérant même ses tics, soit que la timidité contre laquelle il s′efforçait de lutter le poussât à un excessif orgueil, soit que, l′empêchant de se dominer (car on est plus troublé devant quelqu′un qui n′est pas de votre milieu), elle le forçât de dévoiler, de mettre à nu sa nature, laquelle était en effet orgueilleuse et un peu folle, comme disait Mme de Guermantes. «Pour ne pas perdre sa piste, continua-t-il, je saute comme un petit professeur, comme un jeune et beau médecin, dans le même tramway que la petite personne, dont nous ne parlons au féminin que pour suivre la règle (comme on dit en parlant d′un prince: Est-ce que Son Altesse est bien portante). Si elle change de tramway, je prends, avec peut-être les microbes de la peste, la chose incroyable appelée «correspondance», un numéro, et qui, bien qu′on le remette à moi, n′est pas toujours le n° 1! Je change ainsi jusqu′à trois, quatre fois de «voiture». Je m′échoue parfois à onze heures du soir à la gare d′Orléans, et il faut revenir! Si encore ce n′était que de la gare d′Orléans! Mais une fois, par exemple, n′ayant pu entamer la conversation avant, je suis allé jusqu′à Orléans même, dans un de ces affreux wagons où on a comme vue, entre des triangles d′ouvrages dits de «filet», la photographie des principaux chefs-d′oeuvre d′architecture du réseau. Il n′y avait qu′une place de libre, j′avais en face de moi, comme monument historique, une «vue» de la cathédrale d′Orléans, qui est la plus laide de France, et aussi fatigante à regarder ainsi malgré moi que si on m′avait forcé d′en fixer les tours dans la boule de verre de ces porte-plume optiques qui donnent des ophtalmies. Je descendis aux Aubrais en même temps que ma jeune personne qu′hélas, sa famille (alors que je lui supposais tous les défauts excepté celui d′avoir une famille) attendait sur le quai! Je n′eus pour consolation, en attendant le train qui me ramènerait à Paris, que la maison de Diane de Poitiers. Elle a eu beau charmer un de mes ancêtres royaux, j′eusse préféré une beauté plus vivante. C′est pour cela, pour remédier à l′ennui de ces retours seul, que j′aimerais assez connaître un garçon des wagons-lits, un conducteur d′omnibus. Du reste ne soyez pas choqué, conclut le baron, tout cela est une question de genre. Pour les jeunes gens du monde par exemple, je ne désire aucune possession physique, mais je ne suis tranquille qu′une fois que je les ai touchés, je ne veux pas dire matériellement, mais touché leur corde sensible. Une fois qu′au lieu de laisser mes lettres sans réponse, un jeune homme ne cesse plus de m′écrire, qu′il est à ma disposition morale, je suis apaisé, ou du moins je le serais, si je n′étais bientôt saisi par le souci d′un autre. C′est assez curieux, n′est-ce pas? A propos de jeunes gens du monde, parmi ceux qui viennent ici, vous n′en connaissez pas? — Non, mon bébé. Ah! si, un brun, très grand, à monocle, qui rit toujours et se retourne. — Je ne vois pas qui vous voulez dire.» Jupien compléta le portrait, M. de Charlus ne pouvait arriver à trouver de qui il s′agissait, parce qu′il ignorait que l′ancien giletier était une de ces personnes, plus nombreuses qu′on ne croit, qui ne se rappellent pas la couleur des cheveux des gens qu′ils connaissent peu. Mais pour moi, qui savais cette infirmité de Jupien et qui remplaçais brun par blond, le portrait me parut se rapporter exactement au duc de Châtellerault. «Pour revenir aux jeunes gens qui ne sont pas du peuple, reprit le baron, en ce moment j′ai la tête tournée par un étrange petit bonhomme, un intelligent petit bourgeois, qui montre à mon égard une incivilité prodigieuse. Il n′a aucunement la notion du prodigieux personnage que je suis et du microscopique vibrion qu′il figure. Après tout qu′importe, ce petit âne peut braire autant qu′il lui plaît devant ma robe auguste d′évêque. —Évêque! s′écria Jupien qui n′avait rien compris des dernières phrases que venait de prononcer M. de Charlus, mais que le mot d′évêque stupéfia. Mais cela ne va guère avec la religion, dit-il. — J′ai trois papes dans ma famille, répondit M. de Charlus, et le droit de draper en rouge à cause d′un titre cardinalice, la nièce du cardinal mon grand-oncle ayant apporté à mon grand-père le titre de duc qui fut substitué. Je vois que les métaphores vous laissent sourd et l′histoire de France indifférent. Du reste, ajouta-t-il, peut-être moins en manière de conclusion que d′avertissement, cet attrait qu′exercent sur moi les jeunes personnes qui me fuient, par crainte, bien entendu, car seul le respect leur ferme la bouche pour me crier qu′elles m′aiment, requiert-il d′elles un rang social éminent. Encore leur feinte indifférence peut-elle produire malgré cela l′effet directement contraire. Sottement prolongée elle m′écoeure. Pour prendre un exemple dans une classe qui vous sera plus familière, quand on répara mon hôtel, pour ne pas faire de jalouses entre toutes les duchesses qui se disputaient l′honneur de pouvoir me dire qu′elles m′avaient logé, j′allai passer quelques jours à l′«hôtel», comme on dit. Un des garçons d′étage m′était connu, je lui désignai un curieux petit «chasseur» qui fermait les portières et qui resta réfractaire à mes propositions. A la fin exaspéré, pour lui prouver que mes intentions étaient pures, je lui fis offrir une somme ridiculement élevée pour monter seulement me parler cinq minutes dans ma chambre. Je l′attendis inutilement. Je le pris alors en un tel dégoût que je sortais par la porte de service pour ne pas apercevoir la frimousse de ce vilain petit drôle. J′ai su depuis qu′il n′avait jamais eu aucune de mes lettres, qui avaient été interceptées, la première par le garçon d′étage qui était envieux, la seconde par le concierge de jour qui était vertueux, la troisième par le concierge de nuit qui aimait le jeune chasseur et couchait avec lui à l′heure où Diane se levait. Mais mon dégoût n′en a pas moins persisté, et m′apporterait-on le chasseur comme un simple gibier de chasse sur un plat d′argent, je le repousserais avec un vomissement. Mais voilà le malheur, nous avons parlé de choses sérieuses et maintenant c′est fini entre nous pour ce que j′espérais. Mais vous pourriez me rendre de grands services, vous entremettre; et puis non, rien que cette idée me rend quelque gaillardise et je sens que rien n′est fini.» “Si insisto en la cuestión del conductor de tranvía continuó el señor de Charlus con tenacidad es porque, aparte de todo, podría tener algún interés para la vuelta. Me sucede, en efecto, como al califa que recorría las calles de Bagdad y todo el mundo lo tomaba por un simple mercader, que condesciendo hasta seguir alguna curiosa personilla cuya silueta me guste”. Aquí hice la misma observación que había hecho acerca de Bergotte. Si alguna vez tuviese él que responder ante un tribunal, no usaría frases adecuadas para convencer a los jueces, sino las frases bergotescas que su peculiar temperamento literario le sugería naturalmente, haciéndole encontrar un deleite en su empleo. Análogamente, el señor de Charlus se servía para con el chalequero del mismo lenguaje que hubiera utilizado con gentes de mundo de su grupo, exagerando inclusive sus tics, ya porque la timidez contra la que se esforzaba por luchar le empujase a un orgullo excesivo, ya porque, impidiéndole dominarse (porque se siente uno más cohibido ante quien no es de nuestro propio medio), le forzase a revelar, a poner al desnudo su naturaleza, que era, en efecto, orgullosa y un tanto alocada, como decía la señora de Guermantes. “Por no perder su pista continuó brinco como un profesorcito, como un médico joven y guapo, al mismo tranvía que la personilla, de que hablamos aquí en femenino sólo por seguir la regla (como se dice al hablar de un príncipe: ¿Se encuentra bien Su Alteza?) Si cambia de tranvía, tomo, quizá con los microbios de la peste, esa cosa increíble que se llama “combinación”, un número, y que, aun cuando me lo entreguen a mí, no siempre es el número 1. Así cambio hasta tres, hasta cuatro veces de “coche”. Suelo llegar a las once de la noche a la estación de Orleáns, ¡y hay que volver! ¡Y si a lo menos fuera tan sólo de la estación de Orleáns! Pero una vez, por ejemplo, como no pude entablar conversación antes, llegué hasta el mismo Orleáns, en uno de esos vagones espantosos en que tiene uno por toda vista, entre unos triángulos de labores que llaman “de malla”, la fotografía de las principales obras maestras de arquitectura de la red. No quedaba más que un sitio libre: frente a mí tenía, como monumento histórico, una “vista” de la catedral de Orleáns, que es la más fea de Francia, y que resultaba tan cansadora de contemplar así contra gusto como si me hubieran obligado a estar mirando sus torres en la bolita de vidrio de uno de esos portaplumas ópticos que producen oftalmias. Me apeé en Aubrais al mismo tiempo que mi mocito, a quien, ¡ay!, su familia (cuando yo le suponía todos los defectos menos el de tener una familia) esperaba en el andén. No tuve más consuelo, mientras esperaba el tren que me devolviera a París, que la casa de Diana de Poitiers. Por más que ésta haya hechizado a uno de mis reales antepasados, hubiera preferido una belleza más viva. Por eso, para poner remedio al aburrimiento de esos viajes de vuelta que tengo que hacer solo, me gustaría bastante conocer algún mozo de los coche camas, algún conductor de tren mixto. Por lo demás, no le extrañe a usted concluyó el barón, todo esto es cuestión de género. En cuanto a los jóvenes del gran mundo, por ejemplo, no deseo ninguna posesión física, pero no estoy tranquilo hasta que les he tocado, no quiero decir materialmente, sino cuando les he tocado la cuerda sensible. Una vez que, en lugar de dejar mis cartas sin respuesta, no cesa ya de escribirme un joven, en cuanto está a mi disposición moral, quedo apaciguado, o por lo menos lo estaría si pronto no me dominase la preocupación por otro. No deja de ser curioso, ¿verdad? A propósito de jóvenes del gran mundo, ¿no conoce usted a alguno entre los que vienen por aquí?” ¿No, rico. ¡Ah, si! Uno morocho, muy alto, con monóculo, que siempre está riendo y volviéndose”. “-No caigo en quién quiere decir usted”. Jupien completó el retrato; el señor de Charlus no podía llegar a acertar de quién se trataba, porque ignoraba que el antiguo chalequero era una de esas personas, más numerosas de lo que se cree, que no recuerdan el color del pelo de la gente a quien conocen poco. Pero a mí, que conocía este achaque de Jupien y que sustituía moreno por rubio, me pareció que el retrato se refería exactamente al duque de Châtellerault. “Volviendo a los jóvenes que no pertenecen al pueblo repuso el barón, en este momento me tiene sorbido el seso un hombrecillo extraño, un burguesito inteligente, que me da muestras de una prodigiosa incivilidad. No tiene ni remotamente noción del prodigioso personaje que soy yo y del vibrión microscópico que representa él. Después de todo, ¿qué importa?; ese borriquito puede rebuznar cuanto le plazca ante mi augusta vestidura de obispo”. “¡Obispo! exclamó Jupien, que no había comprendido nada de las últimas frases que acababa de pronunciar el señor de Charlus, pero a quien la palabra obispo dejó estupefacto. Pero eso no va muy bien con la religión”, dijo. “Tengo tres papas en mi familia respondió el señor de Charlusy derecho a vestir de rojo, por un título cardenalicio, ya que la sobrina de mi tío abuelo el cardenal trajo a mi abuelo el título de duque, que le fue sustituido. Veo que las metáforas le dejan a usted sordo e indiferente la historia de Francia. Por lo demás añadió, no tanto acaso a modo de conclusión cuanto de advertencia, esa atracción que ejercen sobre mí los jóvenes que me huyen, por temor, naturalmente, porque sólo el respeto les cierra la boca para gritarme que me quieren, exige por parte de ellos un rango social eminente. Y aun así, su fingida indiferencia puede producir, a pesar de ello, el efecto directamente contrario. Neciamente prolongada, me da náuseas. Para tomar un ejemplo en una clase que le será a usted más familiar: cuando hicieron reparaciones en mi casa, para que no se sintiesen celosas todas las duquesas que se disputaban el honor de poder decirme que me habían dado alojamiento, me fui a pasar unos días “de hotel”, como suele decirse. Uno de los camareros de piso era conocido mío; le indiqué un curioso “botones” que cerraba las portezuelas y que se mantuvo refractario a mis proposiciones. Por último, exasperado, para demostrarle que mis intenciones eran puras, le hice ofrecer una cantidad ridículamente crecida paró que subiese nada más que a hablar cinco minutos conmigo en mi habitación. Le esperé inútilmente. Entonces le tomé tal repugnancia que salta por la puerta de servicio por no ver la cara de ese feo picaruelo. Después he sabido que no había recibido nunca ni una sola de mis cartas, que habían sido interceptadas, la primera por el camarero de piso, que era envidioso; la segunda por el portero de día, que era virtuoso; la tercera por el portero de noche, que estaba enamorado del joven botones y se acostaba con él a la hora en que se levantaba Diana. Mas no por eso ha dejado de persistir mi repulsión, y aunque me trajesen al botones como una simple pieza de caza en bandeja de plata, lo rechazaría con un vómito. Pero lo malo es que hemos estado hablando de cosas serias, y ahora se acabó todo entre nosotros, en lo que atañe a lo que yo esperaba. Pero usted podría prestarme grandes servicios, terciar; aunque no, sólo esta idea me devuelve ciertos bríos y siento que nada ha acabado”.
Dès le début de cette scène, une révolution, pour mes yeux dessillés, s′était opérée en M. de Charlus, aussi complète, aussi immédiate que s′il avait été touché par une baguette magique. Jusque-là, parce que je n′avais pas compris, je n′avais pas vu. Le vice (on parle ainsi pour la commodité du langage), le vice de chacun l′accompagne à la façon de ce génie qui était invisible pour les hommes tant qu′ils ignoraient sa présence. La bonté, la fourberie, le nom, les relations mondaines, ne se laissent pas découvrir, et on les porte cachés. Ulysse lui-même ne reconnaissait pas d′abord Athéné. Mais les dieux sont immédiatement perceptibles aux dieux, le semblable aussi vite au semblable, ainsi encore l′avait été M. de Charlus à Jupien. Jusqu′ici je m′étais trouvé, en face de M. de Charlus, de la même façon qu′un homme distrait, lequel, devant une femme enceinte dont il n′a pas remarqué la taille alourdie, s′obstine, tandis qu′elle lui répète en souriant: «Oui, je suis un peu fatiguée en ce moment», à lui demander indiscrètement: «Qu′avez-vous donc?» Mais que quelqu′un lui dise: «Elle est grosse», soudain il aperçoit le ventre et ne verra plus que lui. C′est la raison qui ouvre les yeux; une erreur dissipée nous donne un sens de plus. Desde el comienzo de esta escena, para mis ojos abiertos, se operó una revolución en el señor de Charlus, tan completa, tan inmediata, como si hubiera sido tocado por una varita mágica. Yo, hasta entonces, como no había comprendido, no había visto nada. El vicio (se habla así por comodidad de lenguaje), el vicio de cada cual lo acompaña como ese genio que era invisible para los hombres mientras ignoraban su presencia. La bondad, la astucia, el hombre ylas relaciones mundanas no se dejan descubrir ylas lleva uno escondidas. El mismo Ulises no reconocía al punto a Atenea. Pero los dioses son inmediatamente perceptibles para los dioses, lo semejante lo es con la misma rapidez para lo semejante, y así lo había sido también el señor de Charlus para Jupien. Hasta entonces me había encontrado frente al señor de Charlus de igual modo que un hombre distraído que en presencia de una mujer encinta, en cuyo talle grávido no ha reparado, se obstina, mientras ella le repite sonriendo: “Si, estoy un poco cansada en este momento”, en preguntarle indiscretamente: “-Pero ¿qué es lo que tiene usted?” Pero como alguien le diga: “Está embarazada”, de pronto se fija en el vientre y ya no ve nada más que éste. La razón es la que nos abre los ojos; un error disipado nos da un sentido más.
Les personnes qui n′aiment pas se reporter comme exemples de cette loi aux messieurs de Charlus de leur connaissance, que pendant bien longtemps elles n′avaient pas soupçonnés, jusqu′au jour où, sur la surface unie de l′individu pareil aux autres, sont venus apparaître, tracés en une encre jusque-là, invisible, les caractères qui composent le mot cher aux anciens Grecs, n′ont, pour se persuader que le monde qui les entoure leur apparaît d′abord nu, dépouillé de mille ornements qu′il offre à de plus instruits, qu′à se souvenir combien de fois, dans la vie, il leur est arrivé d′être sur le point de commettre une gaffe. Rien, sur le visage privé de caractères de tel ou tel homme, ne pouvait leur faire supposer qu′il était précisément le frère, ou le fiancé, ou l′amant d′une femme dont elles allaient dire: «Quel chameau!» Mais alors, par bonheur, un mot que leur chuchote un voisin arrête sur leurs lèvres le terme fatal. Aussitôt apparaissent, comme un Mane, Thecel, Phares, ces mots: il est le fiancé, ou: il est le frère, ou: il est l′amant de la femme qu′il ne convient pas d′appeler devant lui: «chameau». Et cette seule notion nouvelle entraînera tout un regroupement, le retrait ou l′avance de la fraction des notions, désormais complétées, qu′on possédait sur le reste de la famille. En M. de Charlus un autre être avait beau s′accoupler, qui le différenciait des autres hommes, comme dans le centaure le cheval, cet être avait beau faire corps avec le baron, je ne l′avais jamais aperçu. Maintenant l′abstrait s′était matérialisé, l′être enfin compris avait aussitôt perdu son pouvoir de rester invisible, et la transmutation de M. de Charlus en une personne nouvelle était si complète, que non seulement les contrastes de son visage, de sa voix, mais rétrospectivement les hauts et les bas eux-mêmes de ses relations avec moi, tout ce qui avait paru jusque-là incohérent à mon esprit, devenaient intelligibles, se montraient évidents, comme une phrase, n′offrant aucun sens tant qu′elle reste décomposée en lettres disposées au hasard, exprime, si les caractères se trouvent replacés dans l′ordre qu′il faut, une pensée que l′on ne pourra plus oublier. Las personas que no gustan de referirse como a ejemplos de esta ley a los señores de Charlus conocidos suyos, de quienes durante mucho tiempo no habían sospechado hasta el día en que sobre la lisa superficie del individuo semejante a los demás han llegado a aparecer, trazados con una tinta hasta ese instante invisible, los caracteres que componen la palabra cara a los antiguos griegos, no tienen, para persuadirse de que el mundo que los rodea se les aparece primeramente desnudo, despojado de mil ornamentos que ofrece a otros más instruidos, más que recordar cuántas veces, en la vida, les ha ocurrido estar a punto de cometer un error. Nada, en el semblante privado de caracteres de tal o cual hombre, podía hacerles suponer que fuese precisamente el hermano, o el novio, o el amante de una mujer de quien iban a decir: “¡Qué camello!” Pero entonces, por suerte, una palabra que les susurra un vecino detiene en sus labios el término fatal. Inmediatamente aparecen, como un Mane, Thecel, Phares, estas palabras: es el novio, o es el hermano, o es el amante de la mujer a quien no conviene llamar delante de él “camello”. Y esta sola noción nueva arrastrará consigo todo un nuevo agrupamiento, la retirada o el avance de la fracción de las nociones, en adelante completadas, que poseía uno acerca del resto de la familia. En vano era que se acoplase en el señor de Charlus otro ser que lo diferenciaba de los demás hombres, como el caballo en el centauro; en vano era que ese ser formase cuerpo con el barón; yo no lo había visto nunca. Ahora lo abstracto se había materializado; el ser, por fin comprendido, había perdido inmediatamente su poder de permanecer invisible, y la transmutación del señor de Charlus en una persona nueva era tan completa que no sólo los contrastes de su rostro, de su voz, sino retrospectivamente, los mismos altibajos de sus relaciones conmigo, todo lo que hasta entonces había parecido incoherente a mi espíritu, se hacían inteligibles, se mostraban evidentes, como una frase que no ofrece ningún sentido en tanto permanece descompuesta en letras dispuestas al azar, expresa, si los caracteres se encuentran puestos de nuevo en el orden debido, un pensamiento que ya no se podrá olvidar.
De plus je comprenais maintenant pourquoi tout à l′heure, quand je l′avais vu sortir de chez Mme de Villeparisis, j′avais pu trouver que M. de Charlus avait l′air d′une femme: c′en était une! Il appartenait à la race de ces êtres, moins contradictoires qu′ils n′en ont l′air, dont l′idéal est viril, justement parce que leur tempérament est féminin, et qui sont dans la vie pareils, en apparence seulement, aux autres hommes; là où chacun porte, inscrite en ces yeux à travers lesquels il voit toutes choses dans l′univers, une silhouette installée dans la facette de la prunelle, pour eux ce n′est pas celle d′une nymphe, mais d′un éphèbe. Race sur qui pèse une malédiction et qui doit vivre dans le mensonge et le parjure, puisqu′elle sait tenu pour punissable et honteux, pour inavouable, son désir, ce qui fait pour toute créature la plus grande douceur de vivre; qui doit renier son Dieu, puisque, même chrétiens, quand à la barre du tribunal ils comparaissent comme accusés, il leur faut, devant le Christ et en son nom, se défendre comme d′une calomnie de ce qui est leur vie même; fils sans mère, à laquelle ils sont obligés de mentir toute la vie et même à l′heure de lui fermer les yeux; amis sans amitiés, malgré toutes celles que leur charme fréquemment reconnu inspire et que leur coeur souvent bon ressentirait; mais peut-on appeler amitiés ces relations qui ne végètent qu′à la faveur d′un mensonge et d′où le premier élan de confiance et de sincérité qu′ils seraient tentés d′avoir les ferait rejeter avec dégoût, à moins qu′ils n′aient à faire à un esprit impartial, voire sympathique, mais qui alors, égaré à leur endroit par une psychologie de convention, fera découler du vice confessé l′affection même qui lui est la plus étrangère, de même que certains juges supposent et excusent plus facilement l′assassinat chez les invertis et la trahison chez les Juifs pour des raisons tirées du péché originel et de la fatalité de la race. Enfin — du moins selon la première théorie que j′en esquissais alors, qu′on verra se modifier par la suite, et en laquelle cela les eût par-dessus tout fâchés si cette contradiction n′avait été dérobée à leurs yeux par l′illusion même que les faisait voir et vivre — amants à qui est presque fermée la possibilité de cet amour dont l′espérance leur donne la force de supporter tant de risques et de solitudes, puisqu′ils sont justement épris d′un homme qui n′aurait rien d′une femme, d′un homme qui ne serait pas inverti et qui, par conséquent, ne peut les aimer; de sorte que leur désir serait à jamais inassouvissable si l′argent ne leur livrait de vrais hommes, et si l′imagination ne finissait par leur faire prendre pour de vrais hommes les invertis à qui ils se sont prostitués. Sans honneur que précaire, sans liberté que provisoire, jusqu′à la découverte du crime; sans situation qu′instable, comme pour le poète la veille fêté dans tous les salons, applaudi dans tous les théâtres de Londres, chassé le lendemain de tous les garnis sans pouvoir trouver un oreiller où reposer sa tête, tournant la meule comme Samson et disant comme lui: Además, ahora comprendía yo por qué un momento antes, cuando le había visto salir de casa de la señora de Villeparisis, pudo parecerme que el señor de Charlus tenía el aspecto de una mujer: ¡lo era! Pertenecía a la raza de esos seres menos contradictorios de lo que parecen, cuyo ideal es viril, justamente porque su temperamento es femenino, y que en la vida son semejantes, en apariencia solamente, a los demás hombres; allí donde cada cual lleva, inscrita en esos ojos a través de los que ve todas las cosas del universo, una silueta tallada en la faceta de la pupila; para ellos no es la de una ninfa, sino la de un efebo. Raza sobre la que pesa una maldición y que tiene que vivir en mentira yperjurio, ya que sabe que se tiene por punible y bochornoso, por inconfesable, su deseo, lo que constituye para cada criatura la máxima dulzura del vivir; que tiene que renegar de su Dios, puesto que, aun siendo cristianos, cuando comparecen ante el tribunal como acusados, delante de Cristo y en su nombre han de defenderse como de una calumnia de lo que es su vida misma; rojos sin madre, a la que se ven obligados a mentir toda su vida e incluso a la hora de cerrarle los ojos; amigos sin amistades, a pesar de todas las que su encanto frecuentemente reconocido inspira y de las que su corazón, a menudo bondadoso, sentiría; pero ¿puede llamarse amistades a esas relaciones que no vegetan sino a favor de una mentira y de las que les haría ser rechazados con asco el primer impulso de confianza y de sinceridad que se sintiesen tentados a tener, a menos que tropiecen con un espíritu imparcial, simpatizante inclusive, pero que entonces, ofuscado respecto de ellos por una psicología de convención, hará proceder del vicio confesado el mismo afecto que es más ajeno a él, así como ciertos jueces suponen y disculpan más fácilmente el asesinato en los invertidos y la traición en los judíos por razones sacadas del pecado original y de la fatalidad de la raza. En fin al menos conforme a la primera teoría que a cuenta de ellos esbozaba yo entonces, teoría que veremos modificarse más adelante y en la que esto les irritara más que nada si esa contradicción no hubiera sido hurtada a sus ojos por la misma ilusión que les hacía ver y vivir, amantes para quienes está cerrada casi la posibilidad de ese amor, cuya esperanza les da fuerzas para soportar tantos riesgos y soledades, puesto que están precisamente prendados de un hombre que no tendría nada de mujer, de un hombre que no sería invertido y que, por consiguiente, no puede amarles; de suerte que su deseo sería eternamente insaciable si el dinero no les entregase verdaderos hombres y si la imaginación no acabase por hacerles tomar por hombres de veras a los invertidos a quienes se han prostituído. Sin honra, como no sea en precario, sin libertad no siendo provisional, hasta el descubrimiento del crimen; sin una posición que no sea inestable, como el poeta agasajado la víspera en todos los salones, aplaudido en todos los teatros de Londres, expulsado a la mañana siguiente de todos los hoteleros sin poder encontrar una almohada en donde descansar la cabeza, dando vueltas a la piedra de molino como. Sansón y diciendo como él:
«Les deux sexes mourront chacun de son côté»; exclus même, hors les jours de grande infortune où le plus grand nombre se rallie autour de la victime, comme les Juifs autour de Dreyfus, de la sympathie — parfois de la société— de leurs semblables, auxquels ils donnent le dégoût de voir ce qu′ils sont, dépeint dans un miroir qui, ne les flattant plus, accuse toutes les tares qu′ils n′avaient pas voulu remarquer chez eux-mêmes et qui leur fait comprendre que ce qu′ils appelaient leur amour (et à quoi, en jouant sur le mot, ils avaient, par sens social, annexé tout ce que la poésie, la peinture, la musique, la chevalerie, l′ascétisme, ont pu ajouter à l′amour) découle non d′un idéal de beauté qu′ils ont élu, mais d′une maladie inguérissable; comme les Juifs encore (sauf quelques-uns qui ne veulent fréquenter que ceux de leur race, ont toujours à la bouche les mots rituels et les plaisanteries consacrées) se fuyant les uns les autres, recherchant ceux qui leur sont le plus opposés, qui ne veulent pas d′eux, pardonnant leurs rebuffades, s′enivrant de leurs complaisances; mais aussi rassemblés à leurs pareils par l′ostracisme qui les frappe, l′opprobre où ils sont tombés, ayant fini par prendre, par une persécution semblable à celle d′Israël, les caractères physiques et moraux d′une race, parfois beaux, souvent affreux, trouvant (malgré toutes les moqueries dont celui qui, plus mêlé, mieux assimilé à la race adverse, est relativement, en apparence, le moins inverti, accable qui l′est demeuré davantage) une détente dans la fréquentation de leurs semblables, et même un appui dans leur existence, si bien que, tout en niant qu′ils soient une race (dont le nom est la plus grande injure), ceux qui parviennent à cacher qu′ils en sont, ils les démasquent volontiers, moins pour leur nuire, ce qu′ils ne détestent pas, que pour s′excuser, et allant chercher, comme un médecin l′appendicite, l′inversion jusque dans l′histoire, ayant plaisir à rappeler que Socrate était l′un d′eux, comme les Israélites disent de Jésus, sans songer qu′il n′y avait pas d′anormaux quand l′homosexualité était la norme, pas d′antichrétiens avant le Christ, que l′opprobre seul fait le crime, parce qu′il n′a laissé subsister que ceux qui étaient réfractaires à toute prédication, à tout exemple, à tout châtiment, en vertu d′une disposition innée tellement spéciale qu′elle répugne plus aux autres hommes (encore qu′elle puisse s′accompagner de hautes qualités morales) que de certains vices qui y contredisent, comme le vol, la cruauté, la mauvaise foi, mieux compris, donc plus excusés du commun des hommes; formant une franc-maçonnerie bien plus étendue, plus efficace et moins soupçonnée que celle des loges, car elle repose sur une identité de goûts, de besoins, d′habitudes, de dangers, d′apprentissage, de savoir, de trafic, de glossaire, et dans laquelle les membres mêmes qui souhaitent de ne pas se connaître aussitôt se reconnaissent à des signes naturels ou de convention, involontaires ou voulus, qui signalent un de ses semblables au mendiant dans le grand seigneur à qui il ferme la portière de sa voiture, au père dans le fiancé de sa fille, à celui qui avait voulu se guérir, se confesser, qui avait à se défendre, dans le médecin, dans le prêtre, dans l′avocat qu′il est allé trouver; tous obligés à protéger leur secret, mais ayant leur part d′un secret des autres que le reste de l′humanité ne soupçonne pas et qui fait qu′à eux les romans d′aventure les plus invraisemblables semblent vrais, car dans cette vie romanesque, anachronique, l′ambassadeur est ami du forçat; le prince, avec une certaine liberté d′allures que donne l′éducation aristocratique et qu′un petit bourgeois tremblant n′aurait pas, en sortant de chez la duchesse s′en va conférer avec l′apache; partie réprouvée de la collectivité humaine, mais partie importante, soupçonnée là où elle n′est pas étalée, insolente, impunie là où elle n′est pas devinée; comptant des adhérents partout, dans le peuple, dans l′armée, dans le temple, au bagne, sur le trône; vivant enfin, du moins un grand nombre, dans l′intimité caressante et dangereuse avec les hommes de l′autre race, les provoquant, jouant avec eux à parler de son vice comme s′il n′était pas sien, jeu qui est rendu facile par l′aveuglement ou la fausseté des autres, jeu qui peut se prolonger des années jusqu′au jour du scandale où ces dompteurs sont dévorés; jusque-là obligés de cacher leur vie, de détourner leurs regards d′où ils voudraient se fixer, de les fixer sur ce dont ils voudraient se détourner, de changer le genre de bien des adjectifs dans leur vocabulaire, contrainte sociale légère auprès de la contrainte intérieure que leur vice, ou ce qu′on nomme improprement ainsi, leur impose non plus à l′égard des autres mais d′eux-mêmes, et de façon qu′à eux-mêmes il ne leur paraisse pas un vice. Mais certains, plus pratiques, plus pressés, qui n′ont pas le temps d′aller faire leur marché et de renoncer à la simplification de la vie et à ce gain de temps qui peut résulter de la coopération, se sont fait deux sociétés dont la seconde est composée exclusivement d′êtres pareils à eux. “Los dos sexos morirán cada uno por su lado”; excluidos, inclusive, salvo en los días de gran infortunio, en que la mayoría se apiña en torno a la víctima, como los judíos en torno a Dreyfus, de la simpatía a veces de la sociedad de sus semejantes, a quienes dan la repugnancia de ver lo que son, pintado en un espejo que, al no adularles ya, acusa todas las lacras que no habían querido observar en sí mismos y les hace comprender que lo que llamaban su amor (y a lo que, jugando con el vocablo, hablan anexionado, por sentido social, cuanto la poesía, la pintura, la música, la caballería, el ascetismo, han podido añadir al amor) dimana, no de un ideal de belleza que hayan elegido ellos, sino de una enfermedad incurable; como los judíos, también (salvo algunos que no quieren tratar sino a los de su misma casta, tienen siempre en los labios las palabras rituales y las bromas consagradas), huyendo unos de otros, buscando a los que son más opuestos a ellos, que no quieren nada con ellos, perdonando sus Sofiones, embriagándose con sus complacencias, pero unidos asimismo a sus semejantes por el ostracismo que les hiere, por el oprobio en que han caído, habiendo acabado por adquirir, por obra de una persecución semejante a la de Israel, los caracteres físicos y morales de una raza, a veces hermosos, espantosos a menudo, encontrando (a pesar de las burlas con que el que, más mezclado, mejor asimilado a la raza adversa es relativamente, en apariencia, el menos invertido, abruma al que ha seguido siéndolo más) un descanso en el trato de sus semejantes, y hasta un apoyo en su existencia, hasta el punto de que, aun negando que sean una raza (cuyo nombre es la mayor injuria), los que consiguen ocultar que pertenecen a ella los desenmascararán gustosos, no tanto por hacerles daño, cosa que no detestan, como por excusarse, y yendo a buscar, cono un médico busca la apendicitis la inversión hasta en la Historia, hallando un placer en recordar que Sócrates era uno de ellos, como dicen de Jesús los israelitas, sin pensar que no había anormales cuando la homosexualidad era la norma, ni anticristianos antes de Cristo, que sólo el oprobio hace el crimen, puesto que no ha dejado subsistir sino a aquellos que eran refractarios a toda predicación, a todo ejemplo, a todo castigo, en virtud de una disposición innata hasta tal punto especifica que repugna a los otros hombres más (aun cuando pueda ir acompañada de altas cualidades morales) que ciertos vicios que se contradicen, como el robo, la crueldad, la mala fe, mejor comprendidos y por ende más disculpados por el común de los hombres, formando una francmasonería mucho más extensa, más eficaz y menos sospechada que la de las logias, ya que descansa en una identidad de gustos, de necesidades, de hábitos, de peligros, de aprendizaje, de saber, de tráfico, de glosario, y en la que los mismos miembros, que no desean conocerse, se reconocen inmediatamente por signos naturales o de convención, involuntarios o deliberados, que indican al mendigo uno de sus semejantes en el gran señor a quien cierra la portezuela del coche, al padre en el novio de su hija, al que había querido curarse, confesarse, al que tenía que defenderse, en el médico, en el sacerdote, en el abogado que ha requerido; todos ellos obligados a proteger su secreto, pero teniendo su parte en un secreto de los demás que el resto de la Humanidad no sospecha y que hace que las novelas de aventuras más inverosímiles les parezcan verdaderas ya que en esa vida novelesca, anacrónica, el embajador es amigo del presidiario, el príncipe, con cierta libertad de modales que da la educación aristocrática y que un pequeño burgués tembloroso no tendría al salir de casa de la duquesa, se va a tratar con el apache; parte condenada de la colectividad humana, pero parte importante, de que se sospecha allí donde no está, manifiesta, insolente, impune, donde no se la adivina; que cuenta con adeptos en todas partes, entre el pueblo, en el ejército, en el templo, en el presidio, en el trono; que vive, en fin, a lo menos un gran número de ella, en intimidad acariciadora y peligrosa con los hombres de la otra raza, provocándolos, jugando con ellos a hablar de su vicio como si no fuera suyo, juego que hace fácil la ceguera o la falsedad de los otros, juego que puede prolongarse durante años hasta el día del escándalo en que esos domadores son devorados; obligados hasta entonces a ocultar su vida, a apartar sus miradas de donde quisieran detenerse, a clavarlas en aquellos de que quisieran desviarse, a cambiar el género de muchos adjetivos en su vocabulario, traba social ligera en comparación de la traba interior que su vicio, o lo que se llama impropiamente así, les impone no ya respecto de los demás, sino de sí mismos, y de suerte que a ellos mismos no les parezca un vicio. Pero algunos, más prácticos, más apresurados, que no tienen tiempo de regatear y de renunciar ala simplificación de la vida y a ése ganar tiempo que puede resultar de la cooperación, se han formado dos sociedades, la segunda de las cuales se compone exclusivamente de seres análogos a ellos.
Cela frappe chez ceux qui sont pauvres et venus de la province, sans relations, sans rien que l′ambition d′être un jour médecin ou avocat célèbre, ayant un esprit encore vide d′opinions, un corps dénué de manières et qu′ils comptent rapidement orner, comme ils achèteraient pour leur petite chambre du quartier latin des meubles d′après ce qu′ils remarqueraient et calqueraient chez ceux qui sont déjà «arrivés» dans la profession utile et sérieuse où ils souhaitent de s′encadrer et de devenir illustres; chez ceux-là, leur goût spécial, hérité à leur insu, comme des dispositions pour le dessin, pour la musique, est peut-être, à la vérité, la seule originalité vivace, despotique — et qui tels soirs les force à manquer telle réunion utile à leur carrière avec des gens dont, pour le reste, ils adoptent les façons de parler, de penser, de s′habiller, de se coiffer. Dans leur quartier, où ils ne fréquentent sans cela que des condisciples, des maîtres ou quelque compatriote arrivé et protecteur, ils ont vite découvert d′autres jeunes gens que le même goût particulier rapproche d′eux, comme dans une petite ville se lient le professeur de seconde et le notaire qui aiment tous les deux la musique de chambre, les ivoires du moyen âge; appliquant à l′objet de leur distraction le même instinct utilitaire, le même esprit professionnel qui les guide dans leur carrière, ils les retrouvent à des séances où nul profane n′est admis, pas plus qu′à celles qui réunissent des amateurs de vieilles tabatières, d′estampes japonaises, de fleurs rares, et où, à cause du plaisir de s′instruire, de l′utilité des échanges et de la crainte des compétitions, règne à la fois, comme dans une bourse aux timbres, l′entente étroite des spécialistes et les féroces rivalités des collectionneurs. Personne d′ailleurs, dans le café où ils ont leur table, ne sait quelle est cette réunion, si c′est celle d′une société de pêche, des secrétaires de rédaction, ou des enfants de l′Indre, tant leur tenue est correcte, leur air réservé et froid, et tant ils n′osent regarder qu′à la dérobée les jeunes gens à la mode, les jeunes «lions» qui, à quelques mètres plus loin, font grand bruit de leurs maîtresses, et parmi lesquels ceux qui les admirent sans oser lever les yeux apprendront seulement vingt ans plus tard, quand les uns seront à la veille d′entrer dans une académie et les autres de vieux hommes de cercle, que le plus séduisant, maintenant un gros et grisonnant Charlus, était en réalité pareil à eux, mais ailleurs, dans un autre monde, sous d′autres symboles extérieurs, avec des signes étrangers, dont la différence les a induits en erreur. Mais les groupements sont plus ou moins avancés; et comme l′«Union des gauches» diffère de la «Fédération socialiste» et telle société de musique Mendelssohnienne de la Schola Cantorum, certains soirs, à une autre table, il y a des extrémistes qui laissent passer un bracelet sous leur manchette, parfois un collier dans l′évasement de leur col, forcent par leurs regards insistants, leurs gloussements, leurs rires, leurs caresses entre eux, une bande de collégiens à s′enfuir au plus vite, et sont servis, avec une politesse sous laquelle couve l′indignation, par un garçon qui, comme les soirs où il sert les dreyfusards, aurait plaisir à aller chercher la police s′il n′avait avantage à empocher les pourboires. Esto choca en aquellos que son pobres y que han venido de provincias, faltos de relaciones, sin nada más que la ambición de ser algún día médicos o abogados célebres, dotados de un espíritu vacío aún de opiniones, de un cuerpo desasistido de modales y que cuentan adornar rápidamente, como pudieran comprar unos muebles para su cuartito del barrio Latino, con arreglo a lo que observasen y calcasen de aquellos que han “llegado” “ya en la profesión útil y seria, en que desean encajar y llegar a ser ilustres; en éstos, su gusto especial, heredado a pesar suyo como la disposición para el dibujo, para la música, para la ceguera, es quitar la única originalidad viva, despótica, y que algunas noches les obliga a dejar de ir a tal o cual reunión provechosa para su carrera, con gentes cuyas maneras de hablar, de pensar, de vestirse, de peinarse, adoptan, por lo demás. En su barrio, en que no se tratan, fuera de esto, más que con condiscípulos, maestros o algún compatriota que ha llegado ya y que les protege, han descubierto pronto otros jóvenes a quienes el mismo gusto peculiar se los aproxima, del mismo modo que en una ciudad pequeña intiman el profesor de segunda enseñanza yel escribano uno yotro amantes de la música de cámara, de los marfiles de la Edad Media; como aplican al objeto de su distracción el mismo instinto utilitario, el mismo espíritu profesional que es guía de su carrera, vuelven a encontrarlo en sesiones en las que no se admite ningún profano, igual que los que congregan a los aficionados a tabaqueras antiguas, a estampas japonesas, a flores raras, y en las que, por el placer de instruirse, por la utilidad del intercambio y el temor a las competencias, reinan a la vez, como en una bolsa de sellos, el estrecho acuerdo de los especialistas y las feroces rivalidades de los coleccionistas. Por lo demás, nadie, en el café en que tienen su mesa, sabe qué reunión es esa, si la de una sociedad de pesca, la de unos secretarios de redacción o la de los hijos del Indre, tan correcta es su compostura, tan reservado yfrío su aspecto, yhasta tal punto no se atreven a mirar como no sea a hurtadillas a los jóvenes a la moda, a los jóvenes “gomosos” que, algunos metros más lejos, alardean de sus queridas, y entre los cuales los que les admiran sin atreverse a alzar los ojos no sabrán hasta veinte años después, cuando unos estén en vísperas de entrar en alguna Academia y otros sean maduros hombres de círculo, que el más seductor, ahora un Charlus obeso y canoso, era en realidad semejante a ellos, sino que en otra parte, en otro mundo, bajo otros símbolos externos, con signos extraños, cuya diferencia les ha inducido a error. Pero los grupos son más o menos avanzados; y así como “la Unión de las izquierdas” difiere de la “Federación socialista”, y de la Schola Cantorum, tal Sociedad de música mendelssohniana, así, algunas noches, en otra mesa, hay extremistas que dejan asomar una pulsera por debajo de sus puños postizos, a veces un collar por la abertura del cuello, obligan con sus miradas insistentes, con sus cloqueos, sus risas, sus caricias entre sí, a una pandilla de colegiales a huir más que aprisa, y son servidos, con una urbanidad bajo la cual se incuba la indignación, por un camarero que, como las noches en que sirve a dreyfusistas, hallaría placer en requerir la policía si no le conviniera guardar las propinas.
C′est à ces organisations professionnelles que l′esprit oppose le goût des solitaires, et sans trop d′artifices d′une part, puisqu′il ne fait en cela qu′imiter les solitaires eux-mêmes qui croient que rien ne diffère plus du vice organisé que ce qui leur paraît à eux un amour incompris, avec quelque artifice toutefois, car ces différentes classes répondent, tout autant qu′à des types physiologiques divers, à des moments successifs d′une évolution pathologique ou seulement sociale. Et il est bien rare en effet qu′un jour ou l′autre, ce ne soit pas dans de telles organisations que les solitaires viennent se fondre, quelquefois par simple lassitude, par commodité (comme finissent ceux qui en ont été le plus adversaires par faire poser chez eux le téléphone, par recevoir les Iéna, ou par acheter chez Potin). Ils y sont d′ailleurs généralement assez mal reçus, car, dans leur vie relativement pure, le défaut d′expérience, la saturation par la rêverie où ils sont réduits, ont marqué plus fortement en eux ces caractères particuliers d′efféminement que les professionnels ont cherché à effacer. Et il faut avouer que chez certains de ces nouveaux venus, la femme n′est pas seulement intérieurement unie à l′homme, mais hideusement visible, agités qu′ils sont dans un spasme d′hystérique, par un rire aigu qui convulse leurs genoux et leurs mains, ne ressemblant pas plus au commun des hommes que ces singes à l′oeil mélancolique et cerné, aux pieds prenants, qui revêtent le smoking et portent une cravate noire; de sorte que ces nouvelles recrues sont jugées, par de moins chastes pourtant, d′une fréquentation compromettante, et leur admission difficile; on les accepte cependant et ils bénéficient alors de ces facilités par lesquelles le commerce, les grandes entreprises, ont transformé la vie des individus, leur ont rendu accessibles des denrées jusque-là trop dispendieuses à acquérir et même difficiles à trouver, et qui maintenant les submergent par la pléthore de ce que seuls ils n′avaient pu arriver à découvrir dans les plus grandes foules. Mais, même avec ces exutoires innombrables, la contrainte sociale est trop lourde encore pour certains, qui se recrutent surtout parmi ceux chez qui la contrainte mentale ne s′est pas exercée et qui tiennent encore pour plus rare qu′il n′est leur genre d′amour. Laissons pour le moment de côté ceux qui, le caractère exceptionnel de leur penchant les faisant se croire supérieurs à elles, méprisent les femmes, font de l′homosexualité le privilège des grands génies et des époques glorieuses, et quand ils cherchent à faire partager leur goût, le font moins à ceux qui leur semblent y être prédisposés, comme le morphinomane fait pour la morphine, qu′à ceux qui leur en semblent dignes, par zèle d′apostolat, comme d′autres prêchent le sionisme, le refus du service militaire, le saint-simonisme, le végétarisme et l′anarchie. Quelques-uns, si on les surprend le matin encore couchés, montrent une admirable tête de femme, tant l′expression est générale et symbolise tout le sexe; les cheveux eux-mêmes l′affirment, leur inflexion est si féminine, déroulés, ils tombent si naturellement en tresses sur la joue, qu′on s′émerveille que la jeune femme, la jeune fille, Galathée qui s′éveille à peine dans l′inconscient de ce corps d′homme où elle est enfermée, ait su si ingénieusement, de soi-même, sans l′avoir appris de personne, profiter des moindres issues de sa prison, trouver ce qui était nécessaire à sa vie. Sans doute le jeune homme qui a cette tête délicieuse ne dit pas: «Je suis une femme.» Même si — pour tant de raisons possibles — il vit avec une femme, il peut lui nier que lui en soit une, lui jurer qu′il n′a jamais eu de relations avec des hommes. Qu′elle le regarde comme nous venons de le montrer, couché dans un lit, en pyjama, les bras nus, le cou nu sous les cheveux noirs. Le pyjama est devenu une camisole de femme, la tête celle d′une jolie Espagnole. La maîtresse s′épouvante de ces confidences faites à ses regards, plus vraies que ne pourraient être des paroles, des actes mêmes, et que les actes mêmes, s′ils ne l′ont déjà fait, ne pourront manquer de confirmer, car tout être suit son plaisir, et si cet être n′est pas trop vicieux, il le cherche dans un sexe opposé au sien. Et pour l′inverti le vice commence, non pas quand il noue des relations (car trop de raisons peuvent les commander), mais quand il prend son plaisir avec des femmes. Le jeune homme que nous venons d′essayer de peindre était si évidemment une femme, que les femmes qui le regardaient avec désir étaient vouées (à moins d′un goût particulier) au même désappointement que celles qui, dans les comédies de Shakespeare, sont déçues par une jeune fille déguisée qui se fait passer pour un adolescent. La tromperie est égale, l′inverti même le sait, il devine la désillusion que, le travestissement ôté, la femme éprouvera, et sent combien cette erreur sur le sexe est une source de fantaisiste poésie. Du reste, même à son exigeante maîtresse, il a beau ne pas avouer (si elle n′est pas gomorrhéenne): «Je suis une femme», pourtant en lui, avec quelles ruses, quelle agilité, quelle obstination de plante grimpante, la femme inconsciente et visible cherche-t-elle l′organe masculin. On n′a qu′à regarder cette chevelure bouclée sur l′oreiller blanc pour comprendre que le soir, si ce jeune homme glisse hors des doigts de ses parents, malgré eux, malgré lui ce ne sera par pour aller retrouver des femmes. Sa maîtresse peut le châtier, l′enfermer, le lendemain l′homme-femme aura trouvé le moyen de s′attacher à un homme, comme le volubilis jette ses vrilles là où se trouve une pioche ou un râteau. Pourquoi, admirant dans le visage de cet homme des délicatesses qui nous touchent, une grâce, un naturel dans l′amabilité comme les hommes n′en ont point, serions-nous désolés d′apprendre que ce jeune homme recherche les boxeurs? Ce sont des aspects différents d′une même réalité. Et même, celui qui nous répugne est le plus touchant, plus touchant que toutes les délicatesses, car il représente un admirable effort inconscient de la nature: la reconnaissance du sexe par lui-même; malgré les duperies du sexe, apparaît la tentative inavouée pour s′évader vers ce qu′une erreur initiale de la société a placé loin de lui. Pour les uns, ceux qui ont eu l′enfance la plus timide sans doute, ils ne se préoccupent guère de la sorte matérielle de plaisir qu′ils reçoivent, pourvu qu′ils puissent le rapporter à un visage masculin. Tandis que d′autres, ayant des sens plus violents sans doute, donnent à leur plaisir matériel d′impérieuses localisations. Ceux-là choqueraient peut-être par leurs aveux la moyenne du monde. A estas organizaciones profesionales opone el espíritu el gusto de los solitarios, y sin demasiados artificios por una parte, ya que con ello no hace sino imitar a los mismos solitarios que creen que nada se diferencia más del vicio organizado que lo que a ellos les parece un amor incomprendido, con cierto artificio, sin embargo, ya que estas diferentes clases responden, tanto como a tipos psicológicos diversos, a momentos sucesivos de una evolución patológica o solamente social. Y es muy raro, en efecto, que, un día u otro, no sea con tales organizaciones con quienes lleguen a fusionarse los solitarios, a veces por simple cansancio, por comodidad (como acaban los que han sido más refractarios a ello por hacer poner en su casa el teléfono, por recibir a los Iena o por comprar en lo de Potro). Por lo demás, generalmente son bastante mal recibidos en ellas, ya que, en su vida relativamente pura, la falta de experiencia, la saturación por el ensueño a que se ven reducidos, han señalado más vigorosamente en ellos esos peculiares caracteres de afeminamiento que los profesionales han tratado de borrar. Y hay que confesar que en algunos de estos recién llegados, la mujer se halla no sólo interiormente unida al hombre, sino horriblemente visible, agitados como lo están en un espasmo de histérico, por una risa aguda que convulsiona sus rodillas y sus manos, sin que se parezcan al común de los hombres más que esos monos de mirada melancólica y ojerosa, de pies prensiles, que visten smoking y gastan corbata negra; de suerte que quienes son, con todo, menos castos estiman comprometedor el trato de estos nuevos reclutas, ysu admisión difícil; se les admite, sin embargo, yentonces se benefician de esas facilidades merced a las que el comercio, las grandes empresas, han transformado la vida de los individuos, les han hecho accesibles artículos hasta entonces demasiado dispendiosos para ser adquiridos, y hasta difíciles de encontrar, yque ahora les sumergen con la plétora de lo que sólo ellos no habían podido llegar a descubrir en las más grandes multitudes. Pero, aun con estos innumerables exutorios, la traba social es demasiado pesada todavía para algunos que se reclutan sobre todo entre aquellos en quienes no ha ejercido su acción la traba mental y que tienen por más raro afro de lo que es su género de amor. Dejemos de momento a un lado a aquellos que, como el carácter excepcional de su inclinación les hace creerse superiores a ellas, desprecian a las mujeres, hacen de la homosexualidad privilegio de los grandes genios y de las épocas gloriosas y, cuando tratan de hacer compartir su gusto, es menos a aquellos que les parece están predispuestos, como hace el morfinómano con la morfina, que a los que les parecen dignos de ello, como otros predican el sionismo, el negarse al servicio militar, el sansimonismo, el vegetarianismo y la anarquía. Algunos, si se les sorprende de mañana cuando aún están acostados, presentan una admirable cabeza de mujer: a tal punto es general la expresión y simboliza todo el sexo; hasta los cabellos lo afirman: es tan femenina su curva, sueltos, caen tan naturalmente trenzados sobre la mejilla, que se maravilla uno de que la joven, la muchacha, Galatea que se despierta apenas en lo inconsciente de ese cuerpo de hombre en que está encerrada, haya sabido tan ingeniosamente, por si sola, sin haberlo aprendido de nadie, aprovechar las menores salidas de su cárcel y encontrar lo que era necesario a su vida. Claro es que el joven que tiene esa cabeza deliciosa no dice: “Soy una mujer”. Incluso si por tantas razones posibles vive con una mujer, puede negarle que él lo sea, jurarle que jamás ha tenido relaciones con hombres. Que lo contemple ella tal como acabamos de mostrarlo, tendido en un lecho, en pijama, con los brazos desnudos, desnudo el cuello bajo los cabellos negros. El pijama se ha convertido en una camisa de mujer, la cabeza es la de una linda española. La querida se espanta de estas confidencias hechas a sus miradas, más veraces de lo que pudieran serlo las palabras, más que los actos, inclusive, y que los mismos actos, si es que ya no lo han hecho, no podrán dejar de confirmar, puesto que todo ser persigue su placer y, si ese ser no es demasiado vicioso, lo busca en un sexo opuesto al suyo. Y para el invertido el vicio comienza no cuando traba relaciones (porque hay razones sobradas que pueden imponerlas), sino cuando busca su placer en las mujeres. El joven a quien acabamos de esbozar era tan evidentemente una mujer, que las mujeres que le miraban con deseo estaban abocadas (a menos que tuviesen un gusto particular) a la misma desilusión de las que, en las comedias de Shakespeare, son defraudadas por una muchacha disfrazada que se hace pasar por un adolescente. El engaño es igual, el mismo invertido lo sabe, adivina la desilusión que, arrojado el disfraz, ha de experimentar la mujer, y siente hasta qué punto es una fuente de poesía fantástica ese error a cuenta del sexo. Por lo demás, de nada sirve que ni siquiera a su exigente querida confiese (si ésta no es una gomorrita): “Soy una mujer”; a pesar de todo, con qué astucias, con qué agilidad, con qué obstinación de planta trepadora busca, en él, la mujer inconsciente y visible el órgano masculino. No hay más que mirar esa cabellera rizada sobre la blanca almohada para comprender que, a la noche, si este joven se escurre de entre los dedos de sus padres, a pesar de ellos, a pesar suyo, no será para ir en busca de mujeres. Ya puede su querida castigarle y encerrarle; a la mañana siguiente, el hombre mujer habrá encontrado el medio de atraer a sí a algún hombre, así como la campánula lanza sus zarcillos allí donde haya un rastrillo o una azada. ¿Por qué, al admirar en el rostro de este hombre delicadezas que nos atraen, una gracia, una naturalidad en la amabilidad tales como no las poseen los hombres, ha de desolarnos el saber que ese joven corre detrás de los boxeadores? Son aspectos diferentes de una misma realidad. E incluso el que nos repugna es el más atrayente, más atrayente que todas las delicadezas, ya que representa un admirable esfuerzo inconsciente de la naturaleza: el reconocimiento del sexo por sí mismo, a despecho de las tretas del sexo, aparece, la tentativa inconfesada de evadirse hacia lo que un error inicial de la sociedad ha puesto lejos de él. Unos, los que han tenido la infancia más tímida sin duda, se preocupan apenas de la calidad material de placer que reciben con tal que puedan referirlo a un rostro masculino. Mientras que otros, dotados de sentidos más violentos indudablemente, asignan a su placer material imperiosas localizaciones. Estos ofenderían acaso con sus confesiones al tipo medio de la gente.
Ils vivent peut-être moins exclusivement sous le satellite de Saturne, car pour eux les femmes ne sont pas entièrement exclues comme pour les premiers, à l′égard desquels elles n′existeraient pas sans la conversation, la coquetterie, les amours de tête. Mais les seconds recherchent celles qui aiment les femmes, elles peuvent leur procurer un jeune homme, accroître le plaisir qu′ils ont à se trouver avec lui; bien plus, ils peuvent, de la même manière, prendre avec elles le même plaisir qu′avec un homme. De là vient que la jalousie n′est excitée, pour ceux qui aiment les premiers, que par le plaisir qu′ils pourraient prendre avec un homme et qui seul leur semble une trahison, puisqu′ils ne participent pas à l′amour des femmes, ne l′ont pratiqué que comme habitude et pour se réserver la possibilité du mariage, se représentant si peu le plaisir qu′il peut donner, qu′ils ne peuvent souffrir que celui qu′ils aiment le goûte; tandis que les seconds inspirent souvent de la jalousie par leurs amours avec des femmes. Car dans les rapports qu′ils ont avec elles, ils jouent pour la femme qui aime les femmes le rôle d′une autre femme, et la femme leur offre en même temps à peu près ce qu′ils trouvent chez l′homme, si bien que l′ami jaloux souffre de sentir celui qu′il aime rivé à celle qui est pour lui presque un homme, en même temps qu′il le sent presque lui échapper, parce que, pour ces femmes, il est quelque chose qu′il ne connaît pas, une espèce de femme. Ne parlons pas non plus de ces jeunes fous qui, par une sorte d′enfantillage, pour taquiner leurs amis, choquer leurs parents, mettent une sorte d′acharnement à choisir des vêtements qui ressemblent à des robes, à rougir leurs lèvres et noircir leurs yeux; laissons-les de côté, car ce sont eux qu′on retrouvera, quand ils auront trop cruellement porté la peine de leur affectation, passant toute une vie à essayer vainement de réparer, par une tenue sévère, protestante, le tort qu′ils se sont fait quand ils étaient emportés par le même démon qui pousse des jeunes femmes du faubourg Saint–Germain à vivre d′une façon scandaleuse, à rompre avec tous les usages, à bafouer leur famille, jusqu′au jour où elles se mettent avec persévérance et sans succès à remonter la pente qu′il leur avait paru si amusant de descendre, qu′elles avaient trouvé si amusant, ou plutôt qu′elles n′avaient pas pu s′empêcher de descendre. Laissons enfin pour plus tard ceux qui ont conclu un pacte avec Gomorrhe. Nous en parlerons quand M. de Charlus les connaîtra. Laissons tous ceux, d′une variété ou d′une autre, qui apparaîtront à leur tour, et pour finir ce premier exposé, ne disons un mot que de ceux dont nous avions commencé de parler tout à l′heure, des solitaires. Tenant leur vice pour plus exceptionnel qu′il n′est, ils sont allés vivre seuls du jour qu′ils l′ont découvert, après l′avoir porté longtemps sans le connaître, plus longtemps seulement que d′autres. Car personne ne sait tout d′abord qu′il est inverti, ou poète, ou snob, ou méchant. Tel collégien qui apprenait des vers d′amour ou regardait des images obscènes, s′il se serrait alors contre un camarade, s′imaginait seulement communier avec lui dans un même désir de la femme. Comment croirait-il n′être pas pareil à tous, quand ce qu′il éprouve il en reconnaît la substance en lisant Mme de Lafayette, Racine, Baudelaire, Walter Scott, alors qu′il est encore trop peu capable, de s′observer soi-même pour se rendre compte de ce qu′il ajoute de son cru, et que si le sentiment est le même, l′objet diffère, que ce qu′il désire c′est Rob Roy et non Diana Vernon? Chez beaucoup, par une prudence défensive de l′instinct qui précède la vue plus claire de l′intelligence, la glace et les murs de leur chambre disparaissaient sous des chromos représentant-des actrices; ils font des vers tels que: «Je n′aime que Chloé au monde, elle est divine, elle est blonde, et d′amour mon coeur s′inonde.» Faut-il pour cela mettre au commencement de ces vies un goût qu′on ne devait point retrouver chez elles dans la suite, comme ces boucles blondes des enfants qui doivent ensuite devenir les plus bruns? Qui sait si les photographies de femmes ne sont pas un commencement d′hypocrisie, un commencement aussi d′horreur pour les autres invertis? Mais les solitaires sont précisément ceux à qui l′hypocrisie est douloureuse. Peut-être l′exemple des Juifs, d′une colonie différente, n′est-il même pas assez fort pour expliquer combien l′éducation a peu de prise sur eux, et avec quel art ils arrivent à revenir, peut-être pas à quelque chose d′aussi simplement atroce que le suicide où les fous, quelque précaution qu′on prenne, reviennent et, sauvés de la rivière où ils se sont jetés, s′empoisonnent, se procurent un revolver, etc., mais à une vie dont les hommes de l′autre race non seulement ne comprennent pas, n′imaginent pas, haî²³ent les plaisirs nécessaires, mais encore dont le danger fréquent et la honte permanente leur feraient horreur. Peut-être, pour les peindre, faut-il penser sinon aux animaux qui ne se domestiquent pas, aux lionceaux prétendus apprivoisés mais restés lions, du moins aux noirs, que l′existence confortable des blancs désespère et qui préfèrent les risques de la vie sauvage et ses incompréhensibles joies. Viven menos exclusivamente, quizá, bajo el satélite de Saturno, ya que para ellos las mujeres no están totalmente excluidas como para los primeros, respecto de los cuales no existirían aquéllas sin la conversación, la coquetería, los amores cerebrales. Pero los segundos buscan a aquellas que gustan de las mujeres, pueden procurarles algún joven, aumentarles el placer que sienten en encontrarse con él; más aún, pueden, de la misma manera, hallar en ellas el mismo placer que con un hombre. De ahí que solamente excite los celos de los que aman a los primeros el placer que pudieran hallar con un hombre y que es el único que les parece una traición, ya que no participan del amor de las mujeres, no lo han practicado sino como costumbre y por reservarse la posibilidad del matrimonio, representándose tan escasamente el goce que éste puede proporcionar, que no pueden sufrir que lo saboree aquel a quien aman, mientras que los segundos inspiran a menudo celos por sus amores con mujeres. Porque en las relaciones que con ellas sostienen representan para la mujer que gusta de las mujeres el papel de otra mujer, y la mujer les ofrece al mismo tiempo aproximadamente lo que encuentran ellos en el hombre, tanto que el amigo celoso sufre al sentir a aquel a quien quiere subyugado por la que es casi un hombre para él, al mismo tiempo que siente casi que se le escapa, ya que, para esas mujeres, es algo que él no conoce, una especie de mujer. No hablemos tampoco de esos jóvenes alocados que por una suerte de puerilidad, por hacer rabiar a sus amigos y molestar a sus padres, ponen algo así como un encarnizamiento en escoger trajes que parecen vestidos de mujer, en pintarse los labios y sombrearse los ojos; dejémoslos a un lado, porque son los mismos que volveremos a encontrar cuando hayan sufrido demasiado cruelmente el castigo de su afectación, pasándose toda una vida tratando vanamente de reparar con un empaque severo y protestante, el daño que se infirieron cuando les arrastraba el mismo demonio que impulsa a algunas jóvenes del barrio de Saint-Germain a vivir de una manera escandalosa, a romper con todos los usos, a poner en ridículo a su familia, hasta el día en que se dedican con perseverancia y sin éxito a subir de nuevo la cuesta que les había parecido tan divertido bajar que les había parecido tan divertido, o más bien que no habían podido menos de bajar-. Dejemos, en fin, para más tarde a los que han hecho pacto con Gomorra. Hablaremos de ellos cuando el señor de Charlus los conozca. Dejemos a todos aquellos, de una variedad o de otra, que aparecerán a su vez, y, para acabar este primer esbozo, digamos sólo dos palabras de aquellos de quienes habíamos empezado a hablar hace un momento: de los solitarios. Como consideran su vicio más excepcional de lo que es, se han ido a vivir solos desde el día que lo han descubierto, después de haberlo llevado consigo mucho tiempo sin conocerlo, mucho más tiempo únicamente que otros. Porque nadie sabe al principio que es invertido, o poeta, o snob, o malvado. Tal colegial que aprendía versos de amor o miraba estampas obscenas, si se apretaba entonces contra un compañero, se imaginaba solamente comulgar con él en un mismo deseo de la mujer. ¿Cómo habla de creer que no fuese semejante a los demás, cuando reconoce la sustancia de lo mismo que siente al leer a madame de Lafayette, a Racine, a Baudelaire, a Walter Scott, cuando es demasiado poco capaz aún de observarse a sí mismo para darse cuenta de lo que añade de su cosecha, y de que, sí el sentimiento es idéntico, el objeto difiere, que a quien él desea es a Rob Roy y no a Diana Vernon? Para muchos, por una prudencia defensiva del instinto que precede a la vista más clara de la inteligencia, el espejo y las paredes de la habitación desaparecen bajo cromos que representan actrices; hacen versos como: “Sólo a Cloe amo en el mundo; es divina, es rubia, y de amor mi corazón se inunda”. ¿Hay que situar por ello en el comienzo de esas vidas un gusto que no habría de volver a encontrarse en ellas más tarde, como esos bucles rubios de los niños que han de llegar luego a ser los más morenos? ¿Quién sabe si las fotografías de mujeres no son un comienzo de hipocresía, un comienzo también de horror hacia los demás invertidos? Pero los solitarios son precisamente aquellos para quienes la hipocresía es dolorosa. Quizá el ejemplo de los judíos, de una colonia diferente, no sea aún bastante vigoroso para explicar cuán escaso dominio tiene sobre ellos la educación, y con qué arte acaban por volver (acaso, no, a algo tan sencillamente atroz como el suicidio a que los locos, cualesquiera que sean las precauciones que se adopten, vuelven y, salvados del río a que se han arrojado, se envenenan, se procuran un revólver, etc.), sino a una vida cuyos placeres necesarios no sólo no comprenden, no imaginan, aborrecen los hombres de la otra casta, sino que su frecuente peligro, su vergüenza permanente le darían inclusive horror. Acaso, para pintarlos, haya que pensar, si no en los animales incapaces de ser reducidos a domesticidad, en los cachorros de león a los que se supone domesticados, pero que siguen siendo leones, o por lo menos en los negros a quienes la existencia confortable de los blancos desespera y que prefieren los riesgos de la vida salvaje, y sus incomprensibles alegrías.
Quand le jour est venu où ils se sont découverts incapables à la fois de mentir aux autres et de se mentir à soi-même, ils partent vivre à la campagne, fuyant leurs pareils (qu′ils croient peu nombreux) par horreur de la monstruosité ou crainte de la tentation, et le reste de l′humanité par honte. N′étant jamais parvenus à la véritable maturité, tombés dans la mélancolie, de temps à autre, un dimanche sans lune, ils vont faire une promenade sur un chemin jusqu′à un carrefour, où, sans qu′ils se soient dit un mot, est venu les attendre un de leurs amis d′enfance qui habite un château voisin. Et ils recommencent les jeux d′autrefois, sur l′herbe, dans la nuit, sans échanger une parole. En semaine, ils se voient l′un chez l′autre, causent de n′importe quoi, sans une allusion à ce qui s′est passé, exactement comme s′ils n′avaient rien fait et ne devaient rien refaire, sauf, dans leurs rapports, un peu de froideur, d′ironie, d′irritabilité et de rancune, parfois de la haine. Puis le voisin part pour un dur voyage à cheval, et, à mulet, ascensionne des pics, couche dans la neige; son ami, qui identifie son propre vice avec une faiblesse de tempérament, la vie casanière et timide, comprend que le vice ne pourra plus vivre en son ami émancipé, à tant de milliers de mètres au-dessus du niveau de la mer. Et en effet, l′autre se marie. Le délaissé pourtant ne guérit pas (malgré les cas où l′on verra que l′inversion est guérissable). Il exige de recevoir lui-même le matin, dans sa cuisine, la crème fraîche des mains du garçon laitier et, les soirs où des désirs l′agitent trop, il s′égare jusqu′à remettre dans son chemin un ivrogne, jusqu′à arranger la blouse de l′aveugle. Sans doute la vie de certains invertis paraît quelquefois changer, leur vice (comme on dit) n′apparaît plus dans leurs habitudes; mais rien ne se perd: un bijou caché se retrouve; quand la quantité des urines d′un malade diminue, c′est bien qu′il transpire davantage, mais il faut toujours que l′excrétion se fasse. Un jour cet homosexuel perd un jeune cousin et, à son inconsolable douleur, vous comprenez que c′était dans cet amour, chaste peut-être et qui tenait plus à garder l′estime qu′à obtenir la possession, que les désirs avaient passé par virement, comme dans un budget, sans rien changer au total, certaines dépenses sont portées à un autre exercice. Comme il en est pour ces malades chez qui une crise d′urticaire fait disparaître pour un temps leurs indispositions habituelles, l′amour pur à l′égard d′un jeune parent semble, chez l′inverti, avoir momentanément remplacé, par métastase, des habitudes qui reprendront un jour ou l′autre la place du mal vicariant et guéri. Cuando ha llegado el día en que se han descubierto incapaces a la vez para mentir a los demás y mentirse a sí mismos, se marchan a vivir al campo, huyendo de sus semejantes (que creen poco numerosos) por horror a la monstruosidad o por miedo a la tentación, y por vergüenza del resto de la Humanidad. Sin que hayan llegado nunca a verdadera madurez, sumidos en melancolía, de cuando en cuando, un domingo sin luna, se van a dar un paseo por un camino hasta una encrucijada, donde, sin que se hayan dicho una palabra, ha acudido a esperarles uno de sus amigos de la infancia que habita un castillo vecino. Y vuelven a empezar los juegos de antaño, entre la hierba, en medio de la noche, sin cambiar palabra. Durante la semana se ven el uno en casa del otro, charlan de cualquier cosa, sin una alusión a lo que ha ocurrido, exactamente como si nada hubiesen hecho ni debieran volver a hacer nada, salvo, en sus relaciones, un poco de frialdad, de ironía, de irritabilidad y de rencor, a veces de odio. Después el vecino emprende un rudo viaje a caballo, y, a lomo de mula, escala picos, duerme entre la nieve; su amigo, que identifica su propio vicio con una flaqueza de temperamento, con la vida casera y tímida, comprende que el vicio ya no podrá vivir en su amigo emancipado, a tantos miles de metros sobre el nivel del mar. Y en efecto, el otro se casa. El abandonado, sin embargo, no se cura (a pesar de los casos en que se verá que la inversión es curable). Exige ser él mismo quien reciba por las mañanas en su cocina la nata fresca de manos del lechero y, las noches en que los deseos le agitan excesivamente, se extravía hasta enseñar el camino a un borracho, hasta arreglarle la blusa al ciego. La vida de algunos invertidos parece cambiar, sin duda, a veces su vicio (como suele decirse) deja de aparecer en sus costumbres; pero nada se pierde: una joya escondida vuelve a encontrarse; cuando la cantidad de orina de un enfermo disminuye es porque transpira más, pero de todas maneras es necesario que la excreción se produzca. Un día este homosexual pierde a un primo joven, y, por su inconsolable dolor, Comprendemos que era a ese amor, casto acaso y que aspiraba a conservar la estima más que a conseguir la posesión, al que habían pasado los deseos por transferencia, del mismo modo que en un presupuesto, sin que cambie nada del total, se transfieren determinados gastos a otro ejercicio. Como ocurre con esos enfermos en quienes una crisis de urticaria hace desaparecer por algún tiempo sus indisposiciones habituales, el amor puro respecto de un pariente joven parece, en el invertido, haber sustituido momentáneamente, por metástasis, a unas costumbres que un día u otro volverán a ocupar el puesto del mal vicariante y curado.
Cependant le voisin marié du solitaire est revenu; devant la beauté de la jeune épouse et la tendresse que son mari lui témoigne, le jour où l′ami est forcé de les inviter à dîner, il a honte du passé. Déjà dans une position intéressante, elle doit rentrer de bonne heure, laissant son mari; celui-ci, quand l′heure est venue de rentrer, demande un bout de conduite à son ami, que d′abord aucune suspicion n′effleure, mais qui, au carrefour, se voit renversé sur l′herbe, sans une parole, par l′alpiniste bientôt père. Et les rencontres recommencent jusqu′au jour où vient s′installer non loin de là un cousin de la jeune femme, avec qui se promène maintenant toujours le mari. Et celui-ci, si le délaissé vient le voir et cherche à s′approcher de lui, furibond, le repousse avec l′indignation que l′autre n′ait pas eu le tact de pressentir le dégoût qu′il inspire désormais. Une fois pourtant se présente un inconnu envoyé par le voisin infidèle; mais, trop affairé, le délaissé ne peut le recevoir et ne comprend que plus tard dans quel but l′étranger était venu. Mientras tanto, ha vuelto el vecino casado del solitario; ante la hermosura de la joven esposa y la ternura de que su marido da muestras para con ella, el día en que el amigo se ve obligado a invitarles a cenar siente vergüenza de lo pasado. Ella, que se encuentra ya en estado interesante, tiene que volver a casa temprano, dejando a su marido; éste, cuando llega la hora de retirarse, pide que le acompañe un trecho a su amigo, que en el primer momento no abriga ninguna sospecha, pero que en la encrucijada se ve tumbado sobre la hierba, sin que medie la menor palabra, por el alpinista que pronto va a ser padre. Y vuelven a empezar los encuentros hasta el día en que viene a instalarse, no lejos del lugar, un primo de la joven, con el que ahora se pasea siempre el marido. Y éste, si el abandonado viene por las noches y trata de acercarse a él, furibundo, le rechaza indignado de que el otro no haya tenido el tacto de presentir la repulsión que inspira desde ahora. Una vez, sin embargo, se presenta un desconocido enviado por el vecino infiel; pero el abandonado, excesivamente ocupado, no puede recibirle y sólo más tarde comprende con qué fin había venido el forastero.
Alors le solitaire languit seul. Il n′a d′autre plaisir que d′aller à la station de bain de mer voisine demander un renseignement à un certain employé de chemin de fer. Mais celui-ci a reçu de l′avancement, est nommé à l′autre bout de la France; le solitaire ne pourra plus aller lui demander l′heure des trains, le prix des premières, et avant de rentrer rêver dans sa tour, comme Grisélidis, il s′attarde sur la plage, telle une étrange Andromède qu′aucun Argonaute ne viendra délivrer, comme une méduse stérile qui périra sur le sable, ou bien il reste paresseusement, avant le départ du train, sur le quai, à jeter sur la foule des voyageurs un regard qui semblera indifférent, dédaigneux ou distrait, à ceux d′une autre race, mais qui, comme l′éclat lumineux dont se parent certains insectes pour attirer ceux de la même espèce, ou comme le nectar qu′offrent certaines fleurs pour attirer les insectes qui les féconderont, ne tromperait pas l′amateur presque introuvable d′un plaisir trop singulier, trop difficile à placer, qui lui est offert, le confrère avec qui notre spécialiste pourrait parler la langue insolite; tout au plus, à celle-ci quelque loqueteux du quai fera-t-il semblant de s′intéresser, mais pour un bénéfice matériel seulement, comme ceux qui au Collège de France, dans la salle où le professeur de sanscrit parle sans auditeur, vont suivre le cours, mais seulement pour se chauffer. Méduse! Orchidée! quand je ne suivais que mon instinct, la méduse me répugnait à Balbec; mais si je savais la regarder, comme Michelet, du point de vue de l′histoire naturelle et de l′esthétique, je voyais une délicieuse girandole d′azur. Ne sont-elles pas, avec le velours transparent de leurs pétales, commes les mauves orchidées de la mer? Comme tant de créatures du règne animal et du règne végétal, comme la plante qui produirait la vanille, mais qui, parce que, chez elle, l′organe mâle est séparé par une cloison de l′organe femelle, demeure stérile si les oiseaux-mouches ou certaines petites abeilles ne transportent le pollen des unes aux autres ou si l′homme ne les féconde artificiellement, M. de Charlus (et ici le mot fécondation doit être pris au sens moral, puisqu′au sens physique l′union du mâle avec le mâle est stérile, mais il n′est pas indifférent qu′un individu puisse rencontrer le seul plaisir qu′il est susceptible de goûter, et «qu′ici-bas tout être» puisse donner à quelqu′un «sa musique, sa flamme ou son parfum»), M. de Charlus était de ces hommes qui peuvent être appelés exceptionnels, parce que, si nombreux soient-ils, la satisfaction, si facile chez d′autres de leurs besoins sexuels, dépend de la coî­£idence de trop de conditions, et trop difficiles à rencontrer. Pour des hommes comme M. de Charlus, et sous la réserve des accommodements qui paraîtront peu à peu et qu′on a pu déjà pressentir, exigés par le besoin de plaisir, qui se résignent à de demi-consentements, l′amour mutuel, en dehors des difficultés si grandes, parfois insurmontables, qu′il rencontre chez le commun des êtres, leur en ajoute de si spéciales, que ce qui est toujours très rare pour tout le monde devient à leur égard à peu près impossible, et que, si se produit pour eux une rencontre vraiment heureuse ou que la nature leur fait paraître telle, leur bonheur, bien plus encore que celui de l′amoureux normal, a quelque chose d′extraordinaire, de sélectionné, de profondément nécessaire. La haine des Capulet et des Montaigu n′était rien auprès des empêchements de tout genre qui ont été vaincus, des éliminations spéciales que la nature a dû faire subir aux hasards déjà peu communs qui amènent l′amour, avant qu′un ancien giletier, qui comptait partir sagement pour son bureau, titube, ébloui, devant un quinquagénaire bedonnant; ce Roméo et cette Juliette peuvent croire à bon droit que leur amour n′est pas le caprice d′un instant, mais une véritable prédestination préparée par les harmonies de leur tempérament, non pas seulement par leur tempérament propre, mais par celui de leurs ascendants, par leur plus lointaine hérédité, si bien que l′être qui se conjoint à eux leur appartient avant la naissance, les a attirés par une force comparable à celle qui dirige les mondes où nous avons passé nos vies antérieures. Entonces el solitario languidece a solas. No tiene más placer que ir a la próxima estación de baños de mar a pedir algún informe a cierto empleado de ferrocarriles. Pero éste ha recibido un ascenso, lo destinan al otro extremo de Francia; el solitario ya no podrá ir a preguntarle las horas de los trenes, el precio de las primeras, y antes de volverse a casa, a soñar en su torre, como Grisélidis, se demora en la playa, como una extraña Andrómeda a quien ningún argonauta vendrá a libertar, como una medusa estéril que perecerá sobre la arena, o bien se queda perezosamente, antes de la salida del tren, en el andén, lanzando sobre la muchedumbre de los viajeros una mirada que parecerá indiferente, desdeñosa o distraída a los de otra raza, pero que, como el fulgor luminoso con que se ornan ciertos insectos para atraer a los de su misma especie, o como el néctar que ofrecen determinadas flores para atraer a los insectos que habrán de fecundarlas, no engañarían al aficionado casi inencontrable de un placer demasiado singular, demasiado difícil de situar, que se le ofrece, el cofrade con quien nuestro especialista podría hablar en la lengua insólita; a lo sumo, algún pordiosero hará como que se interesa por ésta, pero por un beneficio material solamente, como los que van al Colegio de Francia, a seguir el curso, a la sala en que el profesor de sánscrito habla sin auditorio, pero solamente, por calentarse. ¡Medusa! ¡Orquídea! Cuando yo no seguía más que mi instinto, la medusa me repugnaba en Balbec; pero si sabía mirarla, como Michelet, desde el punto de vista de la historia natural y de la estética, veía una deliciosa girándula celeste. ¿No son acaso con el terciopelo transparente de sus pétalos, como las orquídeas malva del mar? Como tantas criaturas del reino animal y del reino vegetal, como la planta que producirá la vainilla, pero que, como quiera que en ella el órgano masculino está separado por un tabique del órgano femenino, permanece estéril si los pájaros-mosca o ciertas abejas minúsculas no transportan el polen de unas a otras, o si el hombre no las fecunda artificialmente (y aquí la palabra fecundación debe tomarse en sentido moral, ya que en sentido físico la unión del macho con el macho es estéril, pero no es indiferente que un individuo pueda encontrar el único placer que es susceptible de gozar, y “que aquí abajo todo ser” pueda dar a alguno “su música, su llama o su perfume”), el señor de Charlus era uno de esos hombres que pueden ser calificados de excepcionales, porque, por numerosas que sean, la satisfacción, tan fácil en otros, de sus necesidades sexuales, depende de la coincidencia de muchas condiciones demasiado difíciles de hallar. Para hombres como el señor de Charlus, y bajo la reserva de los arreglos que irán apareciendo poco a poco y que ya han podido presentirse, exigidos por la necesidad de placer, que se resigna a consentimientos a medias, el amor mutuo, aparte de las dificultades tan grandes, a veces insalvables con que tropieza en el común de los seres, les añade otras tan especiales, que lo que es siempre rarísimo para todo el mundo pasa a ser con respecto a ellos punto menos que imposible, y si se produce para ellos un encuentro realmente feliz, o que la naturaleza les hace aparecer como tal, su felicidad, mucho más aun que la del enamorado normal, tiene algo extraordinario, seleccionado, profundamente necesario. El odio de Capuletos y Montescos no era nada al lado de los impedimentos de todo género que han sido vencidos, de las eliminaciones especiales que la naturaleza ha tenido que hacer sufrir a los azares, ya poco comunes, que traen el amor, antes de que un ex chalequero, que contaba salir juiciosamente para su oficina, titubee, deslumbrado, ante un quincuagenario que está empezando a engordar; el Romeo y esta Julieta pueden creer con perfecto derecho que su amor no es el capricho de un instante, sino una verdadera predestinación preparada por las armonías de su temperamento, no sólo por su temperamento propio, sino por el de sus ascendientes, por su más remoto abolengo, hasta el punto de que el ser que se acopla a ellos les pertenece desde antes de nacer y los ha atraído con una fuerza comparable a la que dirige los mundos en que hemos pasado nuestras vidas anteriores.
M. de Charlus m′avait distrait de regarder si le bourdon apportait à l′orchidée le pollen qu′elle attendait depuis si longtemps, qu′elle n′avait chance de recevoir que grâce à un hasard si improbable qu′on le pouvait appeler une espèce de miracle. Mais c′était un miracle aussi auquel je venais d′assister, presque du même genre, et non moins merveilleux. Dès que j′eus considéré cette rencontre de ce point de vue, tout m′y sembla empreint de beauté. Les ruses les plus extraordinaires que la nature a inventées pour forcer les insectes à assurer la fécondation des fleurs, qui, sans eux, ne pourraient pas l′être parce que la fleur mâle y est trop éloignée de la fleur femelle, ou qui, si c′est le vent qui doit assurer le transport du pollen, le rend bien plus facile à détacher de la fleur mâle, bien plus aisé à attraper au passage de la fleur femelle, en supprimant la sécrétion du nectar, qui n′est plus utile puisqu′il n′y a pas d′insectes à attirer, et même l′éclat des corolles qui les attirent, et, pour que la fleur soit réservée au pollen qu′il faut, qui ne peut fructifier qu′en elle, lui fait sécréter une liqueur qui l′immunise contre les autres pollens — ne me semblaient pas plus merveilleuses que l′existence de la sous-variété d′invertis destinée à assurer les plaisirs de l′amour à l′inverti devenant vieux: les hommes qui sont attirés non par tous les hommes, mais — par un phénomène de correspondance et d′harmonie comparable à ceux qui règlent la fécondation des fleurs hétérostylées trimorphes, comme le Lythrum salicoria— seulement par les hommes beaucoup plus âgés qu′eux. De cette sous-variété, Jupien venait de m′offrir un exemple, moins saisissant pourtant que d′autres que tout herborisateur humain, tout botaniste moral, pourra observer, malgré leur rareté, et qui leur présentera un frêle jeune homme qui attendait les avances d′un robuste et bedonnant quinquagénaire, restant aussi indifférent aux avances des autres jeunes gens que restent stériles les fleurs hermaphrodites à court style de la Primula veristant qu′elles ne sont fécondées que par d′autres Primula verisà court style aussi, tandis qu′elles accueillent avec joie le pollen des Primula verisà long style. Quant à ce qui était de M. de Charlus, du reste, je me rendis compte dans la suite qu′il y avait pour lui divers genres de conjonctions et desquelles certaines, par leur multiplicité, leur instantanéité à peine visible, et surtout le manque de contact entre les deux acteurs, rappelaient plus encore ces fleurs qui dans un jardin sont fécondées par le pollen d′une fleur voisine qu′elles ne toucheront jamais. Il y avait en effet certains êtres qu′il lui suffisait de faire venir chez lui, de tenir pendant quelques heures sous la domination de sa parole, pour que son désir, allumé dans quelque rencontre, fût apaisé. Par simples paroles la conjonction était faite aussi simplement qu′elle peut se produire chez les infusoires. Parfois, ainsi que cela lui était sans doute arrivé pour moi le soir où j′avais été mandé par lui après le dîner Guermantes, l′assouvissement avait lieu grâce à une violente semonce que le baron jetait à la figure du visiteur, comme certaines fleurs, grâce à un ressort, aspergent à distance l′insecte inconsciemment complice et décontenancé. M. de Charlus, de dominé devenu dominateur, se sentait purgé de son inquiétude et calmé, renvoyait le visiteur, qui avait aussitôt cessé de lui paraître désirable. Enfin, l′inversion elle-même, venant de ce que l′inverti se rapproche trop de la femme pour pouvoir avoir des rapports utiles avec elle, se rattache par là à une loi plus haute qui fait que tant de fleurs hermaphrodites restent infécondes, c′est-à-dire à la stérilité de l′auto-fécondation. Il est vrai que les invertis à la recherche d′un mâle se contentent souvent d′un inverti aussi efféminé qu′eux. Mais il suffit qu′ils n′appartiennent pas au sexe féminin, dont ils ont en eux un embryon dont ils ne peuvent se servir, ce qui arrive à tant de fleurs hermaphrodites et même à certains animaux hermaphrodites, comme l′escargot, qui ne peuvent être fécondés par eux-mêmes, mais peuvent l′être par d′autres hermaphrodites. Par là les invertis, qui se rattachent volontiers à l′antique Orient ou à l′âge d′or de la Grèce, remonteraient plus haut encore, à ces époques d′essai où n′existaient ni les fleurs dioî°µes, ni les animaux unisexués, à cet hermaphrodisme initial dont quelques rudiments d′organes mâles dans l′anatomie de la femme et d′organes femelles dans l′anatomie de l′homme semblent conserver la trace. El señor de Charlus me había distraído de mirar si el abejorro traía a la orquídea el polen que ésta esperaba desde hacía tanto tiempo, que no tenía probabilidades de recibir como no fuese gracias a una casualidad tan improbable, que podía calificársela de algo así como un milagro. Pero también era un milagro aquel a que acababa de asistir yo, casi del mismo genio y no menos maravilloso. Desde el momento en que hube considerado el encuentro desde este punto de vista, todo en él me pareció teñido de belleza. Las tretas más extraordinarias que ha inventado la naturaleza para obligar a los insectos a asegurar la fecundación de las flores que sin ellos no podrían serlo, ya que la flor masculina está demasiado lejos de la flor femenina, o que, si el viento es el que debe asegurar el transporte del polen, hace que éste sea mucho más fácil de desprenderse de la flor masculina, mucho mas fácil de atrapar al paso por la flor femenina, suprimiendo la secreción del néctar que ya no es útil, puesto que no hay insectos que atraer, e incluso el brillo de las corolas que los atraen, y para que la flor quede reservada al polen que se requiere, que sólo en ella puede fructificar, le hace segregar un licor que la inmuniza contra los demás pólenes no me parecían más maravillosas que la existencia de la subvariedad de invertidos destinada a asegurar los placeres del amor al invertido que va envejeciendo: los hombres que son atraídos no por todos los hombres, sino por un fenómeno de correspondencia y de armonía comparable a los que regulan la fecundación de las flores heteroestiladas trimorfas, como el Lythruni salicoria únicamente por los hombres mucho mayores que ellos. Jupien acababa de ofrecerme un ejemplo de esta subvariedad, mucho menos notable, empero, que otros que todo herborizador humano, todo botánico moral, puede observar, no obstante su rareza, y que les presentará a un joven endeble que esperaba las insinuaciones de un robusto y grueso quincuagenario, permaneciendo tan indiferente a las insinuaciones de los demás jóvenes como permanecen estériles las flores hermafroditas de estilo corto de la Primula veris mientras no son fecundadas sino por otras Primula veris de estilo corto también, al paso que reciben con gozo el polen de las Primula veris de estilo largo. En lo que se refería el señor de Charlus, por lo demás, me di cuenta, más tarde, de que había para él diversos géneros de conjunciones y que, entre ellas, algunas, por su multiplicidad, su instantaneidad apenas visible, y sobre todo por la falta de contacto entre los dos actores, recordaban aun más a esas flores que son fecundadas en un jardín por el polen de una flor vecina a la que no han de tocar nunca. Había, en efecto, ciertos seres con los que le bastaba hacerles ir a su casa, tenerlos alunas horas bajo el dominio de su palabra, para que su deseo, encendido en algún encuentro, se aplacase. La conjunción se efectuaba por medio de simples palabras tan simplemente como puede producirse entre los infusorios. A veces, como sin duda le había ocurrido conmigo la noche en que había sido llamado por él después de la comida con los Guermantes, la saciedad tenía lugar gracias a una violenta reprimenda que el barón lanzaba a la cara al visitante, como ciertas flores, gracias a un resorte, rocían a distancia al insecto inconscientemente cómplice y desprevenido. El señor de Charlus, convertido de dominado en dominador, se sentía purgado de su inquietud y, calmado, despedía al visitante, que inmediatamente había dejado de parecerle deseable. Por último, como la inversión misma proviene de que el invertido se acerca demasiado a la mujer para poder tener con ella relaciones útiles, enlaza, por lo mismo, con una ley más alta que hace que tantas flores hermafroditas permanezcan infecundas; es decir, con la esterilidad de la autofecundación. Verdad es que los invertidos en busca de un macho se contentan a menudo con un invertido tan afeminado como ellos. Pero basta con que no pertenezcan al sexo femenino, del cual tienen un embrión que no pueden usar, cosa que ocurre a tantas flores hermafroditas e incluso a ciertos animales hermafroditas, como el caracol, que no pueden ser fecundados por sí mismos, pero pueden serlo por otros hermafroditas. De ahí que los invertidos, que gustan de buscar su entronque con el antiguo Oriente o con la edad de oro de Grecia, se remontarían aún más allá, a esas épocas de ensayo en que no existían ni las flores dioicas ni los animales unisexuados, a ese hermafroditismo inicial cuyo rastro pareen conservar algunos rudimentos de órganos femeninos en la anatomía de la mujer y y de órganos femeninos en la anatomía del hombre.
Je trouvais la mimique, d′abord incompréhensible pour moi, de Jupien et de M. de Charlus aussi curieuse que ces gestes tentateurs adressés aux insectes, selon Darwin, non seulement par les fleurs dites composées, haussant les demi-fleurons de leurs capitules pour être vues de plus loin, comme certaine hétérostylée qui retourne ses étamines et les courbe pour frayer le chemin aux insectes, ou qui leur offre une ablution, et tout simplement même aux parfums de nectar, à l′éclat des corolles qui attiraient en ce moment des insectes dans la cour. A partir de ce jour, M. de Charlus devait changer l′heure de ses visites à Mme de Villeparisis, non qu′il ne pût voir Jupien ailleurs et plus commodément, mais parce qu′aussi bien qu′ils l′étaient pour moi, le soleil de l′après-midi et les fleurs de l′arbuste étaient sans doute liés à son souvenir. D′ailleurs, il ne se contenta pas de recommander les Jupien à Mme de Villeparisis, à la duchesse de Guermantes, à toute une brillante clientèle, qui fut d′autant plus assidue auprès de la jeune brodeuse que les quelques dames qui avaient résisté ou seulement tardé furent de la part du baron l′objet de terribles représailles, soit afin qu′elles servissent d′exemple, soit parce qu′elles avaient éveillé sa fureur et s′étaient dressées contre ses entreprises de domination; il rendit la place de Jupien de plus en plus lucrative jusqu′à ce qu′il le prît définitivement comme secrétaire et l′établît dans les conditions que nous verrons plus tard. «Ah! en voilà un homme heureux que ce Jupien», disait Françoise qui avait une tendance à diminuer ou à exagérer les bontés selon qu′on les avait pour elle ou pour les autres. D′ailleurs là, elle n′avait pas besoin d′exagération ni n′éprouvait d′ailleurs d′envie, aimant sincèrement Jupien. «Ah! c′est un si bon homme que le baron, ajoutait-elle, si bien, si dévot, si comme il faut! Si j′avais une fille à marier et que j′étais du monde riche, je la donnerais au baron les yeux fermés. — Mais, Françoise, disait doucement ma mère, elle aurait bien des maris cette fille. Rappelez-vous que vous l′avez déjà promise à Jupien. — Ah! dame, répondait Françoise, c′est que c′est encore quelqu′un qui rendrait une femme bien heureuse. Il y a beau avoir des riches et des pauvres misérables, ça ne fait rien pour la nature. Le baron et Jupien, c′est bien le même genre de personnes.» Encontraba yo la mímica, incomprensible para mí al principio, de Jupien y del señor de Charlus tan curiosa como esos gestos tentadores dirigidos a los insectos, según Darwin, no sólo por las flores llamadas compuestas, que alzan los semiflorones de sus capítulos para ser vistas más de lejos, como cierta heteroestilada que vuelve sus estambres y los encorva para dejar paso a los insectos, o que les ofrece una ablución, y sencillamente, incluso en los perfumes de néctar en el brillo de las corolas que atraían en aquel momento insectos al patio. A partir de ese día, el señor de Charlus había de cambiar la hora de sus visitas a la señora de Villeparisis, no porque no pudiera ver a Jupien en otro lugar y más cómodamente, sino porque tanto como lo eran para mí, el sol de la tarde y las flores del arbusto estaban sin duda ligados a su recuerdo. Por lo demás, no se contentó con recomendar a los Jupien a la señora de Villeparisis, a la duquesa de Guermantes, a toda una brillante clientela que fue tanto más asidua de la joven bordadora, cuanto que las pocas damas que se habían resistido o que solamente se demoraron fueron objeto de terribles represalias por parte del barón, ya para que sirvieran de ejemplo, ya porque habían despertado su furor y se habían rebelado contra sus proyectos de dominación; hizo el empleo de Jupien cada vez más lucrativo, hasta que lo tomó definitivamente como secretario y lo estableció en las condiciones que veremos más tarde. “¡Ah! ¡Ese Jupien es un hombre feliz! decía Francisca, que tenía tendencia a exagerar las bondades de la gente según que las tuvieran para con ella o para con los demás. Por otra parte, no tenía necesidad de exagerar ni sentía, por lo demás, envidia, ya que quería sinceramente a Jupien. ¡Ah! ¡Es un hombre tan bueno el barón añadía; está tan bien, es tan devoto, tan correcto! Si yo tuviese una hija casadera y perteneciese al mundo de los ricos, se la daría al barón con los ojos cerrados” Pero Francisca decía blandamente mi madre, esa hija iba a tener muchos maridos. Recuerde usted que ya se la ha prometido a Jupien”. “¡Ah, vaya! respondía Francisca, es que ése también es un hombre que haría muy dichosa a una mujer. Poco importa que haya ricos y pobres miserables; eso no quiere decir nada en lo que respecta a la naturaleza. El barón y Jupien son realmente la misma clase de personas”.
Au reste j′exagérais beaucoup alors, devant cette révélation première, le caractère électif d′une conjonction si sélectionnée. Certes, chacun des hommes pareils à M. de Charlus est une créature extraordinaire, puisque, s′il ne fait pas de concessions aux possibilités de la vie, il recherche essentiellement l′amour d′un homme de l′autre race, c′est-à-dire d′un homme aimant les femmes (et qui par conséquent ne pourra pas l′aimer); contrairement à ce que je croyais dans la cour, où je venais de voir Jupien tourner autour de M. de Charlus comme l′orchidée faire des avances au bourdon, ces êtres d′exception que l′on plaint sont une foule, ainsi qu′on le verra au cours de cet ouvrage, pour une raison qui ne sera dévoilée qu′à la fin, et se plaignent eux-mêmes d′être plutôt trop nombreux que trop peu. Car les deux anges qui avaient été placés aux portes de Sodome pour savoir si ses habitants, dit la Genèse, avaient entièrement fait toutes ces choses dont le cri était monté jusqu′à l′Éternel, avaient été, on ne peut que s′en réjouir, très mal choisis par le Seigneur, lequel n′eût dû confier la tâche qu′à un Sodomiste. Celui-là, les excuses: «Père de six enfants, j′ai deux maîtresses, etc.» ne lui eussent pas fait abaisser bénévolement l′épée flamboyante et adoucir les sanctions; il aurait répondu: «Oui, et ta femme souffre les tortures de la jalousie. Mais même quand ces femmes n′ont pas été choisies par toi à Gomorrhe, tu passes tes nuits avec un gardeur de troupeaux de l′Hébron.» Et il l′aurait immédiatement fait rebrousser chemin vers la ville qu′allait détruire la pluie de feu et de soufre. Por lo demás, yo exageraba mucho entonces, ante esta primera revelación, el carácter electivo de una conjunción tan seleccionada. Cada uno de los hombres semejantes al señor de Charlus es, desde luego, una criatura extraordinaria, ya que, si no hace concesiones a las posibilidades de la vida, busca esencialmente el amor de un hombre de la otra raza, es decir, de un hombre al que le gustan las mujeres ( y que, por consiguiente, no podrá quererle a él); contrariamente a lo que yo creía en el patio en que acababa de ver a Jupien dar vueltas en torno al señor de Charlus como a la orquídea insinuarse al abejorro, esos seres de excepción a quienes se compadece son multitud, como se verá en el curso de esta obra, por una razón que no será revelada hasta el fin, y se jactan de ser más bien demasiado numerosos que demasiado pocos. Porque los dos ángeles que fueron puestos a las puertas de Sodoma para saber si sus habitantes dice el Génesis habían hecho enteramente todas aquellas cosas cuyo clamor se elevara hasta el Eterno, habían sido, cosa de que no puede uno menos de alegrarse, muy mal escogidos por el Señor, el cual no hubiera debido confiar la tarea sino a un sodomita. A éste, las disculpas: “Padre de seis hijos, tengo dos queridas, etc.”, no le hubiese hecho bajar benévolamente la espada flamígera y suavizara las sanciones; hubiera respondido: “Sí, y tu mujer sufre las torturas de los celos. Pero aun cuando esas mujeres no han sido escogidas por ti en Gomorra, te pasas las noches con un pastor de rebaños del Hebrón”. E inmediatamente le hubiera hecho desandar el camino hacia la ciudad que iba a destruir la lluvia de fuego y de azufre.
Au contraire, on laissa s′enfuir tous les Sodomistes honteux, même si, apercevant un jeune garçon, ils détournaient la tête, comme la femme de Loth, sans être pour cela changés comme elle en statues de sel. De sorte qu′ils eurent une nombreuse postérité chez qui ce geste est resté habituel, pareil à celui des femmes débauchées qui, en ayant l′air de regarder un étalage de chaussures placées derrière une vitrine, retournent la tête vers un étudiant. Ces descendants des Sodomistes, si nombreux qu′on peut leur appliquer l′autre verset de la Genèse: «Si quelqu′un peut compter la poussière de la terre, il pourra aussi compter cette postérité», se sont fixés sur toute la terre, ils ont eu accès à toutes les professions, et entrent si bien dans les clubs les plus fermés que, quand un sodomiste n′y est pas admis, les boules noires y sont en majorité celles de sodomistes, mais qui ont soin d′incriminer la sodomie, ayant hérité le mensonge qui permit à leurs ancêtres de quitter la ville maudite. Il est possible qu′ils y retournent un jour. Certes ils forment dans tous les pays une colonie orientale, cultivée, musicienne, médisante, qui a des qualités charmantes et d′insupportables défauts. On les verra d′une façon plus approfondie au cours des pages qui suivront; mais on a voulu provisoirement prévenir l′erreur funeste qui consisterait, de même qu′on a encouragé un mouvement sioniste, à créer un mouvement sodomiste et à rebâtir Sodome. Or, à peine arrivés, les sodomistes quitteraient la ville pour ne pas avoir l′air d′en être, prendraient femme, entretiendraient des maîtresses dans d′autres cités, où ils trouveraient d′ailleurs toutes les distractions convenables. Ils n′iraient à Sodome que les jours de suprême nécessité, quand leur ville serait vide, par ces temps où la faim fait sortir le loup du bois, c′est-à-dire que tout se passerait en somme comme à Londres, à Berlin, à Rome, à Pétrograd ou à Paris. Lejos de eso, se dejó huir a todos los sodomitas vergonzantes, incluso si, al ver a un muchacho, volvían la cabeza, como la mujer de Lot, sin ser por eso convertidos, como ella, en estatuas de sal. De suerte que tuvieron una numerosa posteridad, en la que ese gesto resultó habitual, parecido al de las mujeres viciosas, que, mientras hacen como que miran los calzados expuestos en un escaparate, vuelven la cabeza hacia un estudiante. Esos descendientes de los sodomitas, tan numerosos que puede aplicárseles aquel otro versículo del Génesis: “Si alguien puede contar los granos de polvo de la tierra, podrá contar asimismo esa posteridad”, se han establecido en toda la tierra, han hallado acceso a todas las profesiones y entran con tal facilidad en los círculos más cerrados, que, cuando algún sodomita no es admitido en ellos, las bolas negras son en su mayor parte de sodomitas, pero que tienen cuidado de incriminar la sodomía, como que heredaron la mentira que permitió a sus antepasados abandonar la ciudad maldita. Es posible que algún día vuelvan a ella. Evidentemente, forman en todos los países una colonia oriental, culta, musical, maledicente, que posee cualidades encantadoras e insoportables defectos. Se les verá de una manera más profunda en el curso de las páginas que han de seguir a éstas; pero hemos querido provisionalmente prevenir el error funesto, que consistiría, al igual que se ha alentado un movimiento sionista, en crear un movimiento sodomitista y reconstruir Sodoma. Porque, no bien llegasen, los sodomitas abandonarían la ciudad por no parecer que pertenecen a ella, tomarían mujer, sostendrían queridas en otras ciudades, donde encontrarían, por lo demás, todas las distracciones adecuadas. Sólo irían a Sodoma los días de suprema necesidad, cuando su ciudad estuviera vacía, en esas épocas en que el hambre hace salir al lobo del bosque; es decir, que todo ocurriría, en fin de cuentas, como en Londres, en Berlín, en Roma, en Petrogrado o en París.
En tout cas, ce jour-là, avant ma visite à la duchesse, je ne songeais pas si loin et j′étais désolé d′avoir, par attention à la conjonction Jupien–Charlus, manqué peut-être de voir la fécondation de la fleur par le bourdon. De todas maneras, aquel día, antes de mi visita a la duquesa, mis pensamientos no iban tan lejos y me sentía apesadumbrado porque, por atender a la conjunción Jupien-Charlus, había dejado acaso de ver la fecundación de la flor por el abejorro.





[Deuxième Partie Cette division en deux parties (Sodome et Gomorrhe I et II) est celle que Marcel Proust a établie pour la première édition de l′ouvrage.]
...

II. Premier

CAPÍTULO II

M. de Charlus dans le monde. — Un médecin. — Face caractéristique de Mme de Vaugoubert. — Mme d′Arpajon, le jet d′eau d′Hubert Robert et la gaieté du grand-duc Wladimir. — Mme d′Amoncourt de Citri, Mme de Saint–Euverte, etc. — Curieuse conversation entre Swann et le prince de Guermantes. — Albertine au téléphone. — Visites en attendant mon dernier et deuxième séjour à Balbec. — Arrivée à Balbec. — Les intermittences du coeur.
El señor de Charlus por el mundo. Un médico. Aspecto característico de la señora de Vaugoubert. La señora de Arpajon, el surtidor de Hubert Robert y la alegría del gran duque Vladimiro. La señora de Amoncourt de Citri, la señora de Saint-Euverte, etc. Curiosa conversación entre Swann y el príncipe de Guermantes. Albertina por teléfono. Visitas durante mi segunda y última permanencia en Balbec. Llegada a Balbec. Las intermitencias del corazón
Comme je n′étais pas pressé d′arriver à cette soirée des Guermantes où je n′étais pas certain d′être invité, je restais oisif dehors; mais le jour d′été ne semblait pas avoir plus de hâte que moi à bouger. Bien qu′il fût plus de neuf heures, c′était lui encore qui sur la place de la Concorde donnait à l′obélisque de Louqsor un air de nougat rose. Puis il en modifia la teinte et le changea en une matière métallique, de sorte que l′obélisque ne devint pas seulement plus précieux, mais sembla aminci et presque flexible. On s′imaginait qu′on aurait pu tordre, qu′on avait peut-être déjà légèrement faussé ce bijou. La lune était maintenant dans le ciel comme un quartier d′orange pelé délicatement quoique un peu entamé. Mais elle devait plus tard être faite de l′or le plus résistant. Blottie toute seule derrière elle, une pauvre petite étoile allait servir d′unique compagne à la lune solitaire, tandis que celle-ci, tout en protégeant son amie, mais plus hardie et allant de l′avant, brandirait comme une arme irrésistible, comme un symbole oriental, son ample et merveilleux croissant d′or. Como no estaba apresurado por llegar a esa velada de los Guermantes a la que no tenía la certeza de ser invitado, me entretuve ociosamente afuera; pero el día de verano no parecía tener más prisa que yo en moverse. Aunque ya fuesen más de las nueve, le comunicaba al obelisco de Luksor, de la plaza de la Concordia, un aspecto de turrón rosado. Después le modificó los tintes y lo convirtió en una materia metálica, de suerte que no sólo el obelisco se hizo más precioso, sino que pareció adelgazado y casi flexible. Daba la sensación de que hubiese podido torcerlo, y que quizás esa joya ya se había falseado ligeramente. La luna estaba ahora en el cielo, como un casco de naranja pelado delicadamente, aunque algo mordido. Más tarde simuló estar hecha con el oro más resistente. Acurrucada, solita detrás de ella, una pobrecita estrella iba a servirle de única compañera a la luna solitaria, mientras que ésta, protegiendo a su amiga, pero más audaz y acometedora, enarbolaría como un arma irresistible, como un símbolo oriental, su amplia y maravillosa media luna de oro.
Devant l′hôtel de la princesse de Guermantes, je rencontrai le duc de Châtellerault; je ne me rappelais plus qu′une demi-heure auparavant me persécutait encore la crainte — laquelle allait du reste bientôt me ressaisir — de venir sans avoir été invité. On s′inquiète, et c′est parfois longtemps après l′heure du danger, oubliée grâce à la distraction, que l′on se souvient de son inquiétude. Je dis bonjour au jeune duc et pénétrai dans l′hôtel. Mais ici il faut d′abord que je note une circonstance minime, laquelle permettra de comprendre un fait qui suivra bientôt. Ante el palacio de la princesa de Guermantes encontré al duque de Châtellerault; ya no recordaba que media hora antes me perseguía aún el temor que pronto volvería a dominarme de nuevo de presentarme sin haber sido invitado. Uno se inquieta, y a veces mucho después de la hora del peligro, olvidado por la distracción, recuerda su inquietud. Saludé al joven duque y entré en la casa. Pero aquí debo anotar primeramente una circunstancia mínima que permitirá comprender un hecho que acaecerá muy pronto.
Il y avait quelqu′un qui, ce soir-là comme les précédents, pensait beaucoup au duc de Châtellerault, sans soupçonner du reste qui il était: c′était l′huissier (qu′on appelait dans ce temps-là «l′aboyeur») de Mme de Guermantes. M. de Châtellerault, bien loin d′être un des intimes — comme il était l′un des cousins — de la princesse, était reçu dans son salon pour la première fois. Ses parents, brouillés avec elle depuis dix ans, s′étaient réconciliés depuis quinze jours et, forcés d′être ce soir absents de Paris, avaient chargé leur fils de les représenter. Or, quelques jours auparavant, l′huissier de la princesse avait rencontré dans les Champs–Elysées un jeune homme qu′il avait trouvé charmant mais dont il n′avait pu arriver à établir l′identité. Non que le jeune homme ne se fût montré aussi aimable que généreux. Toutes les faveurs que l′huissier s′était figuré avoir à accorder à un monsieur si jeune, il les avait au contraire reçues. Mais M. de Châtellerault était aussi froussard qu′imprudent; il était d′autant plus décidé à ne pas dévoiler son incognito qu′il ignorait à qui il avait affaire; il aurait eu une peur bien plus grande — quoique mal fondée — s′il l′avait su. Il s′était borné à se faire passer pour un Anglais, et à toutes les questions passionnées de l′huissier, désireux de retrouver quelqu′un à qui il devait tant de plaisir et de largesses, le duc s′était borné à répondre, tout le long de l′avenue Gabriel: «I do not speak french.» Esa noche, alguien, como en noches anteriores, pensaba mucho en el duque de Châtellerault, sin sospechar quién era, por otra parte: era el ujier (que en ese tiempo llamaban “el anunciador”) de la señora de Guermantes. Al señor de Châtellerault, muy lejos de ser uno de los íntimos aunque era primo e la princesa, lo recibían por primera vez en su salón. Sus padres, disgustados con ella diez años atrás, se habían reconciliado hacía quince días y encargado a su hijo que los representara, ya que debían ausentarse esa noche de París. Y algunos días antes el ujier de la princesa había encontrado en los Campos Elíseos a un joven que le pareció encantador, pero cuya identidad no alcanzó a establecer, y no porque el joven no se hubiese mostrado tan amable como generoso. Los favores que el ujier supuso tener que prodigar a un señor tan joven, los había recibido, por el contrario. Pero el señor de Châtellerault era tan tímido como imprudente; estaba tanto más decidido a no revelar su incógnito cuanto que ignoraba de quién se trataba; de haberlo sabido y aunque sin fundamento hubiese tenido mucho más miedo. Se limitó a hacerse pasar por inglés, y a todas las preguntas apasionadas del ujier deseoso de volver a encontrar alguien a quien debía tanto placer y liberalidad el duque se limitaba a responder, a lo largo de la avenida Gabriel: “I do not speak french”.
Bien que, malgré tout —à cause de l′origine maternelle de son cousin — le duc de Guermantes affectât de trouver un rien de Courvoisier dans le salon de la princesse de Guermantes–Bavière, on jugeait généralement l′esprit d′initiative et la supériorité intellectuelle de cette dame d′après une innovation qu′on ne rencontrait nulle part ailleurs dans ce milieu. Après le dîner, et quelle que fût l′importance du raout qui devait suivre, les sièges, chez la princesse de Guermantes, se trouvaient disposés de telle façon qu′on formait de petits groupes, qui, au besoin, se tournaient le dos. La princesse marquait alors son sens social en allant s′asseoir, comme par préférence, dans l′un d′eux. Elle ne craignait pas du reste d′élire et d′attirer le membre d′un autre groupe. Si, par exemple, elle avait fait remarquer à M. Detaille, lequel avait naturellement acquiescé, combien Mme de Villemur, que sa place dans un autre groupe faisait voir de dos, possédait un joli cou, la princesse n′hésitait pas à élever la voix: «Madame de Villemur, M. Detaille, en grand peintre qu′il est, est en train d′admirer votre cou.» Mme de Villemur sentait là une invite directe à la conversation; avec l′adresse que donne l′habitude du cheval, elle faisait lentement pivoter sa chaise selon un arc de trois quarts de cercle et, sans déranger en rien ses voisins, faisait presque face à la princesse. A pesar de todo a causa del origen materno de su primo, aunque el duque de Guermantes afectase no encontrar ni rastros de los Courvoisier en el salón de la princesa de Guermantes-Baviére, se estimaba en general el espíritu de iniciativa y la superioridad intelectual de esa dama, de acuerdo con una innovación que en ese medio no podía hallarse en ninguna otra parte. Después de la comida y sea cual fuese la importancia de la reunión que se realizaría, los asientos de la princesa de Guermantes se encontraban dispuestos como para formar pequeños grupos que, en caso necesario, se daban la espalda. La princesa indicaba entonces su sentido social, yendo a sentarse como por preferencia en uno de ellos. No temía elegir, por otra parte, y atraer al componente de otro grupo. Si, por ejemplo, hacía notar al señor Detaille, con su aceptación naturalmente, el hermoso cuello de la señora de Villemur, que colocada en otro grupo se veía de espaldas, la princesa no vacilaba en levantar la voz: “-Señora de Villemur, como corresponde a un gran pintor, el señor Detaille está admirando su cuello”. La señora de Villemur interpretaba esto como una invitación directa para conversar; con la destreza que da el hábito del caballo hacía girar lentamente su silla, en un arco de tres cuartos de circunferencia y molestando apenas a sus vecinos, enfrentaba casi a la princesa.
«Vous ne connaissez pas M. Detaille? demandait la maîtresse de maison, à qui l′habile et pudique conversion de son invitée ne suffisait pas. — Je ne le connais pas, mais je connais ses oeuvres», répondait Mme de Villemur, d′un air respectueux, engageant, et avec un à-propos que beaucoup enviaient, tout en adressant au célèbre peintre, que l′interpellation n′avait pas suffi à lui présenter d′une manière formelle, un imperceptible salut. «Venez, monsieur Detaille, disait la princesse, je vais vous présenter à Mme de Villemur.» Celle-ci mettait alors autant d′ingéniosité à faire une place à l′auteur du Rêveque tout à l′heure à se tourner vers lui. Et la princesse s′avançait une chaise pour elle-même; elle n′avait en effet interpellé Mme de Villemur que pour avoir un prétexte de quitter le premier groupe où elle avait passé les dix minutes de règle, et d′accorder une durée égale de présence au second. En trois quarts d′heure, tous les groupes avaient reçu sa visite, laquelle semblait n′avoir été guidée chaque fois que par l′improviste et les prédilections, mais avait surtout pour but de mettre en relief avec quel naturel «une grande dame sait recevoir». Mais maintenant les invités de la soirée commençaient d′arriver et la maîtresse de maison s′était assise non loin de l′entrée — droite et fière, dans sa majesté quasi royale, les yeux flambant par leur incandescence propre — entre deux Altesses sans beauté et l′ambassadrice d′Espagne. “¿No conoce usted al señor Detaille?”, preguntaba la dueña de casa, a quien no bastaba la hábil y púdica conversación de su invitada. “No lo conozco, pero conozco sus obras”, contestaba respetuosa e insinuante la señora de Villemur, y con un sentido de la oportunidad que muchos envidiaban, a tiempo que dirigía un saludo imperceptible al célebre pintor cuya interpelación no bastaba para considerarla una presentación formal: “Venga, señor Detaille decía la princesa, voy a presentarle a la señora de Villemur”. Ésta empleaba entonces tanto ingenio en darle lugar al autor de Sueño, como acababa de hacerlo para volverse hacia él. Y la princesa se acercaba con una silla; no había interpelado efectivamente a la señora de Villemur más que para tener un pretexto de dejar el primer grupo donde había pasado los diez minutos de reglamento y conceder idéntica duración al segundo. En tres cuartos de hora, todos los grupos habían recibido su visita, que cada vez parecía guiada por lo imprevisto y las preferencias, pero debía indicar sobre todo con qué naturalidad “sabe recibir una gran dama”. Pero ahora empezaban a llegar los invitados, yla dueña de casa se había sentado junto a la entrada erguida yorgullosa en su majestad casi real, llameándole los ojos con su propia incandescencia entre dos altezas desprovistas de, hermosura y la embajadora de España.
Je faisais la queue derrière quelques invités arrivés plus tôt que moi. J′avais en face de moi la princesse, de laquelle la beauté ne me fait pas seule sans doute, entre tant d′autres, souvenir de cette fête-là. Mais ce visage de la maîtresse de maison était si parfait, était frappé comme une si belle médaille, qu′il a gardé pour moi une vertu commémorative. La princesse avait l′habitude de dire à ses invités, quand elle les rencontrait quelques jours avant une de ses soirées: «Vous viendrez, n′est-ce pas?» comme si elle avait un grand désir de causer avec eux. Mais comme, au contraire, elle n′avait à leur parler de rien, dès qu′ils arrivaient devant elle, elle se contentait, sans se lever, d′interrompre un instant sa vaine conversation avec les deux Altesses et l′ambassadrice et de remercier en disant: «C′est gentil d′être venu», non qu′elle trouvât que l′invité eût fait preuve de gentillesse en venant, mais pour accroître encore la sienne; puis aussitôt le rejetant à la rivière, elle ajoutait: «Vous trouverez M. de Guermantes à l′entrée des jardins», de sorte qu′on partait visiter et qu′on la laissait tranquille. A certains même elle ne disait rien, se contentant de leur montrer ses admirables yeux d′onyx, comme si on était venu seulement à une exposition de pierres précieuses. Formaban cola detrás de algunos invitados que habían llegado antes. Tenía frente a mí a la princesa cuya belleza, entre tantas otras, no es sin duda el único recuerdo de esa fiesta. Pero el rostro de la dueña de casa era tan perfecto, estaba acuñado como una medalla tan hermosa que conservó para mí una virtud conmemorativa. La princesa solía decir a sus invitados, días antes de sus veladas: “¿Vendrá usted, no?”, como si tuviese grandes deseos de conversar con ellos. Pero como, al contrario, no tenía nada de que hablarles, apenas llegaban frente a ella, sin levantarse, le bastaba interrumpir un momento su vana conversación con las dos, altezas y la embajadora mientras agradecía diciendo: “Muy amable por haber venido”; no porque pensase que el invitado diera pruebas de amabilidad al venir, sino para aumentar aún la suya; luego, agregaba volviéndolo a echar enseguida al arroyo: “Encontrará usted al señor de Guermantes a la entrada de los jardines”, de modo que uno se iba a visitarlo y la dejaba tranquila. A algunos ni les decía nada, enseñándoles sólo sus admirables ojos de ónix, como si se asistiera a una exposición de piedras preciosas.
La première personne à passer avant moi était le duc de Châtellerault. El primero que debía pasar antes que yo, era el duque de Châtellerault.
Ayant à répondre à tous les sourires, à tous les bonjours de la main qui lui venaient du salon, il n′avait pas aperçu l′huissier. Mais dès le premier instant l′huissier l′avait reconnu. Cette identité qu′il avait tant désiré d′apprendre, dans un instant il allait la connaître. En demandant à son «Anglais» de l′avant-veille quel nom il devait annoncer, l′huissier n′était pas seulement ému, il se jugeait indiscret, indélicat. Il lui semblait qu′il allait révéler à tout le monde (qui pourtant ne se douterait de rien) un secret qu′il était coupable de surprendre de la sorte et d′étaler publiquement. En entendant la réponse de l′invité: «Le duc de Châtellerault», il se sentit troublé d′un tel orgueil qu′il resta un instant muet. Le duc le regarda, le reconnut, se vit perdu, cependant que le domestique, qui s′était ressaisi et connaissait assez son armorial pour compléter de lui-même une appellation trop modeste, hurlait avec l′énergie professionnelle qui se veloutait d′une tendresse intime: «Son Altesse Monseigneur le duc de Châtellerault!» Mais c′était maintenant mon tour d′être annoncé. Absorbé dans la contemplation de la maîtresse de maison, qui ne m′avait pas encore vu, je n′avais pas songé aux fonctions, terribles pour moi — quoique d′une autre façon que pour M. de Châtellerault — de cet huissier habillé de noir comme un bourreau, entouré d′une troupe de valets aux livrées les plus riantes, solides gaillards prêts à s′emparer d′un intrus et à le mettre à la porte. L′huissier me demanda mon nom, je le lui dis aussi machinalement que le condamné à mort se laisse attacher au billot. Il leva aussitôt majestueusement la tête et, avant que j′eusse pu le prier de m′annoncer à mi-voix pour ménager mon amour-propre si je n′étais pas invité, et celui de la princesse de Guermantes si je l′étais, il hurla les syllabes inquiétantes avec une force capable d′ébranler la voûte de l′hôtel. No había advertido al ujier por contestar a todas las sonrisas y todos los saludos que le llegaban desde el salón. Pero desde el primer momento el ujier lo había reconocido. Esa identidad que tanto deseara conocer, se le iba a revelar dentro de un instante. Al pedir a su “inglés” de la antevíspera, con qué nombre debía anunciarlo, el ujier no sólo estaba conmovido, sino que se juzgaba indiscreto y sin delicadeza. Le parecía que iba a revelar a todos (que sin embargo nada sospechaban) un secreto que era culpable sorprender en esa forma y propagar públicamente. Al oír la contestación del invitado: “El duque de Châtellerault”, se sintió turbado por tal orgullo que enmudeció un instante. El duque lo miró, lo reconoció y se creyó perdido mientras el sirviente, que se había serenado y conocía lo suficiente la heráldica para completar por sí mismo un apelativo, excesivamente modesto, aullaba con una energía profesional que se aterciopelaba de intima ternura: “Su Alteza, monseñor el duque de Châtellerault”. Pero ahora me tocaba a mí ser anunciado. Absorto en la contemplación de la dueña de casa, que aún no me viera, no había pensado en las funciones, que me parecían terribles -aunque de muy distinto modo que para el señor de Châtelleraultt de ese ujier vestido de negro como un verdugo, rodeado de un tropel de mucamos con las más alegres libreas, sólidos mocetones dispuestos a apoderarse de un intruso yponerlo en la calle. El ujier me pidió mi nombre, yse lo dije tan maquinalmente como el condenado a muerte se deja atar al garrote. Enseguida levantó majestuosamente la cabeza y antes de que pudiera rogarle que me anunciase a media voz, para escatimar mi amor propio, en caso de no haber sido invitado, y el de la princesa de Guermantes si lo estaba, aulló las sílabas inquietantes con una fuerza capaz de estremecer la bóveda de la casa.
L′illustre Huxley (celui dont le neveu occupe actuellement une place prépondérante dans le monde de la littérature anglaise) raconte qu′une de ses malades n′osait plus aller dans le monde parce que souvent, dans le fauteuil même qu′on lui indiquait d′un geste courtois, elle voyait assis un vieux monsieur. Elle était bien certaine que, soit le geste inviteur, soit la présence du vieux monsieur, était une hallucination, car on ne lui aurait pas ainsi désigné un fauteuil déjà occupé. Et quand Huxley, pour la guérir, la força à retourner en soirée, elle eut un instant de pénible hésitation en se demandant si le signe aimable qu′on lui faisait était la chose réelle, ou si, pour obéir à une vision inexistante, elle allait en public s′asseoir sur les genoux d′un monsieur en chair et en os. Sa brève incertitude fut cruelle. Moins peut-être que la mienne. A partir du moment où j′avais perçu le grondement de mon nom, comme le bruit préalable d′un cataclysme possible, je dus, pour plaider en tout cas ma bonne foi et comme si je n′étais tourmenté d′aucun doute, m′avancer vers la princesse d′un air résolu. El ilustre Huxley (aquel cuyo sobrino ocupa en la actualidad un lugar preponderante en el mundo de la literatura inglesa) cuenta que una de sus enfermas ya no se atrevía a frecuentar gente porque a menudo, en el mismo sillón que le indicaban con gesto cortés, veía sentado a un anciano. Estaba convencida de que era una alucinación el gesto que la invitaba, o la presencia del anciano, porque no le hubieran indicado un sillón ya ocupado. Y cuando Huxley, para curarla, le insistió que asistiera a fiestas, tuvo un instante de penosa vacilación al preguntarse si el gesto amable con que la recibían era verdadero o si debía para obedecer a una visión inexistente, sentarse en público sobre las rodillas de un señor de carne y hueso. Su breve incertidumbre fue cruel. Menos quizás que la mía. A partir del momento en que percibí el gruñir de mi nombre, como el ruido previo de una posible catástrofe, debí adelantarme hacia la princesa resueltamente para defender en cualquier caso mi buena fe.
Elle m′aperçut comme j′étais à quelques pas d′elle et, ce qui ne me laissa plus douter que j′avais été victime d′une machination, au lieu de rester assise comme pour les autres invités, elle se leva, vint à moi. Une seconde après, je pus pousser le soupir de soulagement de la malade d′Huxley quand, ayant pris le parti de s′asseoir dans le fauteuil, elle le trouva libre et comprit que c′était le vieux monsieur qui était une hallucination. La princesse venait de me tendre la main en souriant. Elle resta quelques instants debout, avec le genre de grâce particulier à la stance de Malherbe qui finit ainsi: Me advirtió cuando estaba a algunos pasos de ella, y en lugar de quedarse sentada como ante los demás invitados, se levantó y se acercó, lo que confundía mis dudas acerca de una maquinación. Un segundo después, pude lanzar el suspiro de alivio de la enferma de Huxley cuando decidió sentarse en el sillón, lo encontró desocupado y comprendió que el anciano constituía la alucinación. La princesa acababa de extenderme la mano con una sonrisa. Se quedó de pie algunos instantes con esa gracia peculiar a la estancia de Malherbe que termina así:
Et pour leur faire honneur les Anges se lever. Y para honrarlos se levantan los ángeles.
Elle s′excusa de ce que la duchesse ne fût pas encore arrivée, comme si je devais m′ennuyer sans elle. Pour me dire ce bonjour, elle exécuta autour de moi, en me tenant la main, un tournoiement plein de grâce, dans le tourbillon duquel je me sentais emporté. Je m′attendais presque à ce qu′elle me remît alors, telle une conductrice de cotillon, une canne à bec d′ivoire, ou une montre-bracelet. Elle ne me donna à vrai dire rien de tout cela, et comme si au lieu de danser le boston elle avait plutôt écouté un sacro-saint quatuor de Beethoven dont elle eût craint de troubler les sublimes accents, elle arrêta là la conversation, ou plutôt ne la commença pas et, radieuse encore de m′avoir vu entrer, me fit part seulement de l′endroit où se trouvait le prince. Se disculpó porque aún no había llegado la duquesa, como si debiese aburrirme sin ella. Para saludarme ejecutó alrededor de mí, a tiempo que me daba la mano, un giro lleno de gracia, en cuyo torbellino me sentí arrastrado. Por poco esperaba que me entregase entonces, como una conductora de cotillón, un bastón con mango de marfil o un relojLibrodot Sodoma y Gomorra Marcel Proust pulsera. No me dio, a decir verdad, nada de eso y como si en vez de bailar el boston oyera más bien un sacrosanto cuarteto de Beethoven cuyos sublimes acentos temiera turbar, detuvo la conversación o mejor dicho, no la empezó, y radiante aún por haberme visto entrar, sólo me participó en qué lugar estaba el príncipe.
Je m′éloignai d′elle et n′osai plus m′en rapprocher, sentant qu′elle n′avait absolument rien à me dire et que, dans son immense bonne volonté, cette femme merveilleusement haute et belle, noble comme l′étaient tant de grandes dames qui montèrent si fièrement à l′échafaud, n′aurait pu, faute d′oser m′offrir de l′eau de mélisse, que me répéter ce qu′elle m′avait déjà dit deux fois: «Vous trouverez le prince dans le jardin.» Or, aller auprès du prince, c′était sentir renaître sous une autre forme mes doutes. Me alejé de ella y no me atreví a acercarme, sabiendo que no tenía absolutamente nada que decirme y que, con su inmensa buena voluntad, esa mujer maravillosamente alta y hermosa, noble como tantas grandes señoras que subieron tan altivamente al cadalso, no podía hacer otra cosa como no fuera ofrecerme agua de azahar que repetirme lo que ya me dijera dos veces: “Encontrará usted al príncipe en el jardín”. Y buscar al príncipe, era hacer renacer mis dudas bajo otra forma.
En tout cas fallait-il trouver quelqu′un qui me présentât. On entendait, dominant toutes les conversations, l′intarissable jacassement de M. de Charlus, lequel causait avec Son Excellence le duc de Sidonia, dont il venait de faire la connaissance. De profession à profession, on se devine, et de vice à vice aussi. M. de Charlus et M. de Sidonia avaient chacun immédiatement flairé celui de l′autre, et qui, pour tous les deux, était, dans le monde, d′être monologuistes, au point de ne pouvoir souffrir aucune interruption. Ayant jugé tout de suite que le mal était sans remède, comme dit un célèbre sonnet, ils avaient pris la détermination, non de se taire, mais de parler chacun sans s′occuper de ce que dirait l′autre. Cela avait réalisé ce bruit confus, produit dans les comédies de Molière par plusieurs personnes qui disent ensemble des choses différentes. Le baron, avec sa voix éclatante, était du reste certain d′avoir le dessus, de couvrir la voix faible de M. de Sidonia; sans décourager ce dernier pourtant car, lorsque M. de Charlus reprenait un instant haleine, l′intervalle était rempli par le susurrement du grand d′Espagne qui avait continué imperturbablement son discours. J′aurais bien demandé à M. de Charlus de me présenter au prince de Guermantes, mais je craignais (avec trop de raison) qu′il ne fût fâché contre moi. J′avais agi envers lui de la façon la plus ingrate en laissant pour la seconde fois tomber ses offres et en ne lui donnant pas signe de vie depuis le soir où il m′avait si affectueusement reconduit à la maison. Et pourtant je n′avais nullement comme excuse anticipée la scène que je venais de voir, cet après-midi même, se passer entre Jupien et lui. Je ne soupçonnais rien de pareil. Il est vrai que peu de temps auparavant, comme mes parents me reprochaient ma paresse et de n′avoir pas encore pris la peine d′écrire un mot à M. de Charlus, je leur avais violemment reproché de vouloir me faire accepter des propositions déshonnêtes. Mais seuls la colère, le désir de trouver la phrase qui pouvait leur être le plus désagréable m′avaient dicté cette réponse mensongère. En réalité, je n′avais rien imaginé de sensuel, ni même de sentimental, sous les offres du baron. J′avais dit cela à mes parents comme une folie pure. Mais quelquefois l′avenir habite en nous sans que nous le sachions, et nos paroles qui croient mentir dessinent une réalité prochaine. De cualquier modo, tenía que encontrar a alguien que me presentase. Se oía, dominando todas las conversaciones, la charla inagotable del señor de Charlus, que conversaba con S. E. el duque de Sidonia, al que acababa de conocer de profesión a profesión uno se adivina ytambién de vicio a vicio. El señor de Charlus yel señor de Sidonia presintieron enseguida cada cual el recíproco, que para ambos, era ser monologuistas en tertulia, al extremo de no poder soportar ninguna interrupción. Al juzgar en seguida que el mal no tenía remedio, como dice un célebre soneto, habían decidido no callar, sino hablar cada cual sin ocuparse de lo que diría el otro. Lo que provocaba esa confusa algarabía que se produce en las comedias de Molière cuando varias personas dicen a un tiempo cosas distintas. Con su voz sonora el barón estaba seguro de triunfar y cubrir la débil voz del señor de Sidonia; sin que este último se desalentara sin embargo, puesto que cuando el señor de Charlus tomaba aliento por un instante, el susurro del grande de España que continuaba imperturbablemente su discurso llenaba el intervalo. Podía pedir al señor de Charlus que me presentase al príncipe de Guermantes, pero temía (con sobrados motivos) que estuviese enojado conmigo. Había obrado con él de la manera más ingrata al desechar por segunda vez sus ofrecimientos y al no darle señales de vida desde la noche en que tan afectuosamente me acompañara a casa. Sin embargo, como excusa no anticipé de ningún modo la escena que viera esa misma tarde entre ese Jupien y él. No sospechaba nada semejante. Es verdad que poco antes, cuando mis padres me increpaban por mi pereza y por no haberme tomado el trabajo de escribir unas líneas al señor de Charlus, les había reprochado violentamente que quisieran hacerme aceptar proposiciones deshonestas. Pero fue sólo la cólera y el deseo de encontrar la frase que más desagradable pudiera resultarles, los que me dictaron esa respuesta mendaz. En realidad, no supuse nada sensual ni aún sentimental en los ofrecimientos del barón. Había dicho eso a mis padres como una pura locura. Pero a veces lo que vendrá habita en nosotros sin que lo sepamos y nuestras palabras que creemos mentiras dibujan una realidad próxima.
M. de Charlus m′eût sans doute pardonné mon manque de reconnaissance. Mais ce qui le rendait furieux, c′est que ma présence ce soir chez la princesse de Guermantes, comme depuis quelque temps chez sa cousine, paraissait narguer la déclaration solennelle: «On n′entre dans ces salons-là que par moi.» Faute grave, crime peut-être inexpiable, je n′avais pas suivi la voie hiérarchique. M. de Charlus savait bien que les tonnerres qu′il brandissait contre ceux qui ne se pliaient pas à ses ordres, ou qu′il avait pris en haine, commençaient à passer, selon beaucoup de gens, quelque rage qu′il y mît, pour des tonnerres en carton, et n′avaient plus la force de chasser n′importe qui de n′importe où. Mais peut-être croyait-il que son pouvoir amoindri, grand encore, restait intact aux yeux des novices tels que moi. Aussi ne le jugeai-je pas très bien choisi pour lui demander un service dans une fête où ma présence seule semblait un ironique démenti à ses prétentions. El señor de Charlus hubiese perdonado, sin duda, mi falta de gratitud. Pero lo enfurecía, esa noche, mi presencia en casa de la princesa de Guermantes, como desde hacía algún tiempo en casa de su prima, que parecía desafiar su declaración solemne: “Nadie entra en esos salones sino por mí”. Falta grave, crimen quizás inexpiable, no había seguido la vía jerárquica. El señor de Charlus sabía demasiado que los rayos que enarbolaba contra los que no acataban sus órdenes o empezaba a odiar, comenzaban a pasar, según mucha gente, por más rabia que pusiese en ellos, como rayos de cartón, y ya no tenían poder suficiente para echar a nadie de ningún lado. Pero quizás creía que su poder disminuido, todavía grande, seguía intacto a los ojos de los novicios como yo. Por eso no me parecía muy bien elegido para pedirle un favor en una fiesta donde mi sola presencia era ya un desmentido irónico a sus pretensiones.
Je fus à ce moment arrêté par un homme assez vulgaire, le professeur E . . . Il avait été surpris de m′apercevoir chez les Guermantes. Je ne l′étais pas moins de l′y trouver, car jamais on n′avait vu, et on ne vit dans la suite, chez la princesse, un personnage de sa sorte. Il venait de guérir le prince, déjà administré, d′une pneumonie infectieuse, et la reconnaissance toute particulière qu′en avait pour lui Mme de Guermantes était cause qu′on avait rompu avec les usages et qu′on l′avait invité. Comme il ne connaissait absolument personne dans ces salons et ne pouvait y rôder indéfiniment seul, comme un ministre de la mort, m′ayant reconnu, il s′était senti, pour la première fois de sa vie, une infinité de choses à me dire, ce qui lui permettait de prendre une contenance, et c′était une des raisons pour lesquelles il s′était avancé vers moi. Il y en avait une autre. Il attachait beaucoup d′importance à ne jamais faire d′erreur de diagnostic. Or son courrier était si nombreux qu′il ne se rappelait pas toujours très bien, quand il n′avait vu qu′une fois un malade, si la maladie avait bien suivi le cours qu′il lui avait assigné. On n′a peut-être pas oublié qu′au moment de l′attaque de ma grand′mère, je l′avais conduite chez lui le soir où il se faisait coudre tant de décorations. Depuis le temps écoulé, il ne se rappelait plus le faire-part qu′on lui avait envoyé à l′époque. «Madame votre grand′mère est bien morte, n′est-ce pas? me dit-il d′une voix où une quasi-certitude calmait une légère appréhension. Ah! En effet! Du reste dès la première minute où je l′ai vue, mon pronostic avait été tout à fait sombre, je me souviens très bien.» Me detuvo en ese momento un hombre bastante vulgar: el profesor E... Le había sorprendido verme en casa de los Guermantes. Yo no lo estaba menos, porque en casa de la princesa nunca se había visto ni se vio luego, un personaje de su calaña. Acababa dé curar al príncipe, ya con la extremaunción, de una neumonía infecciosa y el agradecimiento muy particular que por ello le guardaba la señora de Guermantes, motivó que se desecharan los usos y lo invitaran. No conocía absolutamente a nadie en esos salones, y como no podía vagar en ellos interminablemente solo, igual que un ministro de la muerte, sintió al reconocerme, y por primera vez en su vida, que tenía una infinidad de cosas que decirme, lo que le permitía adquirir cierta soltura, y ése era uno de los motivos por los cuales se me acercaba. Había otro. Él atribuía mucha importancia a no dar nunca un diagnóstico erróneo. Y su correspondencia era tan numerosa que no recordaba exactamente cuando veía una sola vez a un enfermo si la enfermedad había seguido el curso que él le señalara. No se ha olvidado, quizás, de que en el momento del ataque de mi abuela, yo la llevé a su casa, esa noche en que se hacía coser tantas medallas. Dado el tiempo transcurrido, no recordaba más la participación que se le enviara luego. “¿Su señora abuela ha muerto, verdad? me dijo con una voz en que una casi certidumbre calmaba una leve aprensión. ¡Ah! ¡En efecto! Por otra parte, desde el primer momento en que la vi, mi pronóstico fue completamente sombrío, lo recuerdo muy bien.”
C′est ainsi que le professeur E . . . apprit ou rapprit la mort de ma grand′mère, et, je dois le dire à sa louange, qui est celle du corps médical tout entier, sans manifester, sans éprouver peut-être de satisfaction. Les erreurs des médecins sont innombrables. Ils pèchent d′habitude par optimisme quant au régime, par pessimisme quant au dénouement. «Du vin? en quantité modérée cela ne peut vous faire du mal, c′est en somme un tonifiant . . . Le plaisir physique? après tout c′est une fonction. Je vous le permets sans abus, vous m′entendez bien. L′excès en tout est un défaut.» Du coup, quelle tentation pour le malade de renoncer à ces deux résurrecteurs, l′eau et la chasteté. En revanche, si l′on a quelque chose au coeur, de l′albumine, etc., on n′en a pas pour longtemps. Volontiers, des troubles graves, mais fonctionnels, sont attribués à un cancer imaginé. Il est inutile de continuer des visites qui ne sauraient enrayer un mal inéluctable. Que le malade, livré à lui-même, s′impose alors un régime implacable, et ensuite guérisse ou tout au moins survive, le médecin, salué par lui avenue de l′Opéra quand il le croyait depuis longtemps au Père-Lachaise, verra dans ce coup de chapeau un geste de narquoise insolence. Une innocente promenade effectuée à son nez et à sa barbe ne causerait pas plus de colère au président d′assises qui, deux ans auparavant, a prononcé contre le badaud, qui semble sans crainte, une condamnation à mort. Les médecins (il ne s′agit pas de tous, bien entendu, et nous n′omettons pas, mentalement, d′admirables exceptions) sont en général plus mécontents, plus irrités de l′infirmation de leur verdict que joyeux de son exécution. C′est ce qui explique que le professeur E . . ., quelque satisfaction intellectuelle qu′il ressentît sans doute à voir qu′il ne s′était pas trompé, sut ne me parler que tristement du malheur qui nous avait frappés. Il ne tenait pas à abréger la conversation, qui lui fournissait une contenance et une raison de rester. Il me parla de la grande chaleur qu′il faisait ces jours-ci, mais, bien qu′il fût lettré et eût pu s′exprimer en bon français, il me dit: «Vous ne souffrez pas de cette hyperthermie?» C′est que la médecine a fait quelques petits progrès dans ses connaissances depuis Molière, mais aucun dans son vocabulaire. Mon interlocuteur ajouta: «Ce qu′il faut, c′est éviter les sudations que cause, surtout dans les salons surchauffés, un temps pareil. Vous pouvez y remédier, quand vous rentrez et avez envie de boire, par la chaleur» (ce qui signifie évidemment des boissons chaudes). Así es como el profesor E... supo o volvió a enterarse de la muerte de mi abuela, y debo decir en su elogio, que es el del cuerpo médico integro, sin manifestar, sin experimentar quizás satisfacción alguna. Los errores de los médicos son innumerables. Pecan habitualmente de optimismo en cuanto al régimen, por pesimismo en cuanto al desenlace. “¿Vino? En cantidades moderadas; no puede hacerle daño; en última instancia, es un tónico... ¿El placer físico? Después de todo, es una función. Se lo permito, sin abusos; usted me entiende. El exceso es un defecto para todo.” Y, por consiguiente, qué tentación para el enfermo renunciar a esos dos revividores: el agua y la castidad. Por el contrario, si uno tiene algo en el corazón, albúmina, etc., ya no durará mucho tiempo. Habitualmente, trastornos graves aunque funcionales se atribuyen a un cáncer imaginario. Es inútil continuar unas consultas que no podrían detener una enfermedad incurable. Si el enfermo entregado a sí mismo se impone entonces un régimen implacable y luego cura o por lo menos sobrevive; al verse saludado el médico en la Avenida de la ópera, cuando lo creía desde hacía tiempo en el Pére Lachaise, creerá que ese sombrerazo es un gesto de insolencia desafiante. Un paseo inocente efectuado en sus barbas no le provocaría más enojo al presidente de la Corte de Assises que dos años antes pronunció una condena a muerte contra el rústico que parece no temer nada. A los médicos (no se trata de todos, es claro, y no omitimos mentalmente admirables excepciones), en general los descontenta y los irrita más la nulidad de su veredicto que lo que pueda alegrarlos su ejecución. Lo que explica que el profesor E., por más que experimentase alguna satisfacción intelectual al ver que no se había equivocado, supiera hablarme tristemente de la desgracia que nos hiciera. No le interesaba abreviar la conversación que le proporcionaba cierta soltura y un motivo de quedarse. Me habló de los grandes calores de esos días; pero, aunque era culto y podía expresarse en un francés correcto, me dijo: “¿A usted no le molesta esta hipertermia?”. Porque la medicina ha hecho algunos pequeños progresos en sus conocimientos desde Molière, pero ninguno en su vocabulario. Mi interlocutor agregó: “-Deben evitarse los sudores que provoca clima semejante, especialmente en los salones recalentados. Puede remediarlo, cuando vuelva con ganas de beber, con el calor”. (Lo que significa, evidentemente, bebidas calientes).
A cause de la façon dont était morte ma grand′mère, le sujet m′intéressait et j′avais lu récemment dans un livre d′un grand savant que la transpiration était nuisible aux reins en faisant passer par la peau ce dont l′issue est ailleurs. Je déplorais ces temps de canicule par lesquels ma grand′mère était morte et n′étais pas loin de les incriminer. Je n′en parlai pas au docteur E . . ., mais de lui-même il me dit: «L′avantage de ces temps très chauds, où la transpiration est très abondante, c′est que le rein en est soulagé d′autant.» La médecine n′est pas une science exacte. Debido a la manera como murió mi abuela, me interesaba el tema, y había leído poco antes en el libro de un gran sabio que la transpiración era perjudicial a los riñones, ya que expulsaba por la piel lo que debía salir por otro lugar. Lamentaba esos días caniculares, en los que había muerto mi abuela y estaba a punto de atribuirles la culpa de todo. No hablé de ello al doctor E., pero él mismo me dijo: “La ventaja de estos tiempos muy calurosos, en que la transpiración es muy abrumante, consiste en que el riñón se alivia en otro tanto. La medicina no es una ciencia exacta.
Accroché à moi, le professeur E . . . ne demandait qu′à ne pas me quitter. Mais je venais d′apercevoir, faisant à la princesse de Guermantes de grandes révérences de droite et de gauche, après avoir reculé d′un pas, le marquis de Vaugoubert. M. de Norpois m′avait dernièrement fait faire sa connaissance et j′espérais que je trouverais en lui quelqu′un qui fût capable de me présenter au maître de maison. Les proportions de cet ouvrage ne me permettent pas d′expliquer ici à la suite de quels incidents de jeunesse M. de Vaugoubert était un des seuls hommes du monde (peut-être le seul) qui se trouvât ce qu′on appelle à Sodome être «en confidences» avec M. de Charlus. Mais si notre ministre auprès du roi Théodose avait quelques-uns des mêmes défauts que le baron, ce n′était qu′à l′état de bien pâle reflet. C′était seulement sous une forme infiniment adoucie, sentimentale et niaise qu′il présentait ces alternances de sympathie et de haine par où le désir de charmer, et ensuite la crainte —également imaginaire — d′être, sinon méprisé, du moins découvert, faisait passer le baron. Rendues ridicules par une chasteté, un «platonisme» (auxquels en grand ambitieux il avait, dès l′âge du concours, sacrifié tout plaisir), par sa nullité intellectuelle surtout, ces alternances, M. de Vaugoubert les présentait pourtant. Mais tandis que chez M. de Charlus les louanges immodérées étaient clamées avec un véritable éclat d′éloquence, et assaisonnées des plus fines, des plus mordantes railleries et qui marquaient un homme à jamais, chez M. de Vaugoubert, au contraire, la sympathie était exprimée avec la banalité d′un homme de dernier ordre, d′un homme du grand monde, et d′un fonctionnaire, les griefs (forgés généralement de toutes pièces comme chez le baron) par une malveillance sans trêve mais sans esprit et qui choquait d′autant plus qu′elle était d′habitude en contradiction avec les propos que le ministre avait tenus six mois avant et tiendrait peut-être à nouveau dans quelque temps: régularité dans le changement qui donnait une poésie presque astronomique aux diverses phases de la vie de M. de Vaugoubert, bien que sans cela personne moins que lui ne fît penser à un astre. Adherido a mí, el profesor E. no pedía otra cosa que estar conmigo. Pero yo acababa de ver al marqués de Vaugoubert, que le hacía grandes reverencias a la princesa de Guermantes, a derecha e izquierda, después de haber retrocedido un paso. El señor de Norpois me lo había presentado hacía poco, y yo esperaba que él fuera quien me acercara al dueño de casa. Las proporciones de esta obra no me permiten explicar aquí en virtud de qué incidentes de juventud el señor Vaugoubert era uno de los pocos hombres de mundo (quizás el único), que estuviese lo que se llama en Sodoma “en confidencias” con el señor de Charlus. Pero si nuestro ministro ante el rey Teodosio tenía algunos de los defectos del barón, no era más que en estado de muy pálido reflejo. Sólo bajo una forma infinitamente suavizada, sentimental ytonta presentaba esas alternativas de simpatía y odio por las que pasaba el barón debido al deseo de cautivar y luego al temor igualmente imaginario de ser, ya que no despreciado, por lo menos descubierto. Esas alternativas, ridículas por su castidad y su “platonismo” (al que como gran ambicioso sacrificara todo placer desde la edad del concurso), las presentaba, sin embargo, el señor de Vaugoubert. Pero mientras el señor de Charlus entonaba alabanzas inmoderadas con un verdadero exceso de elocuencia y las sazonaba con las más finas y mordientes ironías que podían señalar para siempre a un hombre, la simpatía del señor de Vaugoubert, por el contrario, estaba expresada con la trivialidad de un hombre de último orden, de hombre del gran mundo yfuncionario, ylas culpas (forjadas en general de una sola pieza, como las del barón) por una malevolencia sin tregua pero sin ingenio y que chocaban tanto más que contrariaban habitualmente los propósitos que enunciara el ministro seis meses antes y que enunciaría quizás de nuevo dentro de algún tiempo: regularidad en el cambio que prestaba una poesía casi astronómica a las distintas fases de la vida del señor de Vaugoubert, aunque ninguno menos que él podía parecerse a un astro.
Le bonsoir qu′il me rendit n′avait rien de celui qu′aurait eu M. de Charlus. A ce bonsoir M. de Vaugoubert, outre les mille façons qu′il croyait celles du monde et de la diplomatie, donnait un air cavalier, fringant, souriant, pour sembler, d′une part, ravi de l′existence — alors qu′il remâchait intérieurement les déboires d′une carrière sans avancement et menacée d′une mise à la retraite — d′autre part, jeune, viril et charmant, alors qu′il voyait et n′osait même plus aller regarder dans sa glace les rides se figer aux entours d′un visage qu′il eût voulu garder plein de séductions. Ce n′est pas qu′il eût souhaité des conquêtes effectives, dont la seule pensée lui faisait peur à cause du qu′en-dira-t-on, des éclats, des chantages. Ayant passé d′une débauche presque infantile à la continence absolue datant du jour où il avait pensé au quai d′Orsay et voulu faire une grande carrière, il avait l′air d′une bête en cage, jetant dans tous les sens des regards qui exprimaient la peur, l′appétence et la stupidité. La sienne était telle qu′il ne réfléchissait pas que les voyous de son adolescence n′étaient plus des gamins et que, quand un marchand de journaux lui criait en plein nez: La Presse! plus encore que de désir il frémissait d′épouvante, se croyant reconnu et dépisté. Sus buenas noches no tenían nada de lo que hubieran tenido las del señor de Charlus. El señor de Vaugoubert prestaba a esas buenas noches, además de los mil modos que creía propios de la sociedad yla diplomacia, un aspecto desenvuelto, vivaracho ysonriente para parecer, por una parte, satisfecho de la existencia aunque rumiara interiormente los contratiempos de una carrera sin progreso, a la que amenazaba el retiro ypor otra parte, joven, viril yencantador mientras veía y ya no se atrevía a mirarse en su espejo para ver las arrugas fijas en los alrededores de su rostro, que deseara conservar lleno de seducciones. Y no es que ambicionase conquistas efectivas, cuya sola idea lo atemorizaba por culpa del qué dirán, el escándalo y los chantajes. Ya que pasara de una corrupción casi infantil a la continencia absoluta, desde que pensara en el Qua d′Orsay1 y deseado una gran carrera, parecía un animal enjaulado, echando miradas en todas direcciones; miradas que expresaban miedo, apetencia y estupidez. La suya era tal que no pensaba que los pilluelos de su adolescencia ya no eran chicuelos, y cuando un vendedor de diarios le gritaba en las narices “¡La Prensa!” se estremecía de espanto más bien que de deseo, creyéndose reconocido y despistado.
Mais à défaut des plaisirs sacrifiés à l′ingratitude du quai d′Orsay, M. de Vaugoubert — et c′est pour cela qu′il aurait voulu plaire encore — avait de brusques élans de coeur. Dieu sait de combien de lettres il assommait le ministère (quelles ruses personnelles il déployait, combien de prélèvements il opérait sur le crédit de Mme de Vaugoubert qu′à cause de sa corpulence, de sa haute naissance, de son air masculin, et surtout à cause de la médiocrité du mari, on croyait douée de capacités éminentes et remplissant les vraies fonctions de ministre) pour faire entrer sans aucune raison valable un jeune homme dénué de tout mérite dans le personnel de la légation. Il est vrai que quelques mois, quelques années après, pour peu que l′insignifiant attaché parût, sans l′ombre d′une mauvaise intention, avoir donné des marques de froideur à son chef, celui-ci se croyant méprisé ou trahi mettait la même ardeur hystérique à le punir que jadis à le combler. Il remuait ciel et terre pour qu′on le rappelât, et le directeur des Affaires politiques recevait journellement une lettre: «Qu′attendez-vous pour me débarrasser de ce lascar-là. Dressez-le un peu, dans son intérêt. Ce dont il a besoin c′est de manger un peu de vache enragée.» Le poste d′attaché auprès du roi Théodose était à cause de cela peu agréable. Mais pour tout le reste, grâce à son parfait bon sens d′homme du monde, M. de Vaugoubert était un des meilleurs agents du Gouvernement français à l′étranger. Quand un homme prétendu supérieur, jacobin, qui était savant en toutes choses, le remplaça plus tard, la guerre ne tarda pas à éclater entre la France et le pays dans lequel régnait le roi. Pero a cambio de los placeres sacrificados a la ingratitud del Quai d′Orsay, el señor de Vaugoubert ypor eso hubiera querido seguir gustando tenía bruscos impulsos del corazón. Dios sabe con cuántas cartas fastidiaba al Ministerio (qué astucias personales desplegaba, cuántas extracciones operaba a cuenta del crédito de la señora de Vaugoubert, que, por su corpulencia, su elevado nacimiento, su aspecto masculino y especialmente por la mediocridad del marido, creían dotada de una notable capacidad y que desempeñaba las verdaderas funciones del ministro) para emplear en la legación, sin ninguna razón valedera, a un joven desprovisto de todo mérito. Es cierto que algunos meses, algunos años después, a poco que el insignificante agregado pareciese sin rastro de mala intención, dar señales de frialdad a su jefe, éste, creyéndose traicionado o despreciado, ponía igual ardor histérico en castigarlo que antaño en favorecerlo. Removía cielo ytierra para que lo trasladasen, yel director de Asuntos Políticos recibía diariamente una carta: “¿Qué espera usted para librarme de ese vivo? Domestíquelo un poco en su propio interés; lo que necesita es un poco de hambruna”. El puesto de agregado ante el rey Teodosio, por ese motivo, no era agradable. Pero en lo demás, gracias a su perfecto buen sentido de hombre de mundo, el señor de Vaugoubert era uno de los mejores agentes del gobierno francés en el exterior. Cuando un hombre pretendidamente superior, jacobino y sabio en todas las cosas, lo reemplazó luego, no tardó en declararse la guerra entre Francia y el país gobernado por el rey.
M. de Vaugoubert comme M. de Charlus n′aimait pas dire bonjour le premier. L′un et l′autre préféraient «répondre», craignant toujours les potins que celui auquel ils eussent sans cela tendu la main avait pu entendre sur leur compte depuis qu′ils ne l′avaient vu. Pour moi, M. de Vaugoubert n′eut pas à se poser la question, j′étais en effet allé le saluer le premier, ne fût-ce qu′à cause de la différence d′âge. Il me répondit d′un air émerveillé et ravi, ses deux yeux continuant à s′agiter comme s′il y avait eu de la luzerne défendue à brouter de chaque côté. Je pensai qu′il était convenable de solliciter de lui ma présentation à Mme de Vaugoubert avant celle au prince, dont je comptais ne lui parler qu′ensuite. L′idée de me mettre en rapports avec sa femme parut le remplir de joie pour lui comme pour elle et il me mena d′un pas délibéré vers la marquise. Arrivé devant elle et me désignant de la main et des yeux, avec toutes les marques de considération possibles, il resta néanmoins muet et se retira au bout de quelques secondes, d′un air frétillant, pour me laisser seul avec sa femme. Celle-ci m′avait aussitôt tendu la main, mais sans savoir à qui cette marque d′amabilité s′adressait, car je compris que M. de Vaugoubert avait oublié comment je m′appelais, peut-être même ne m′avait pas reconnu et, n′ayant pas voulu, par politesse, me l′avouer, avait fait consister la présentation en une simple pantomine. Aussi je n′étais pas plus avancé; comment me faire présenter au maître de la maison par une femme qui ne savait pas mon nom? De plus, je me voyais forcé de causer quelques instants avec Mme de Vaugoubert. Et cela m′ennuyait à deux points de vue. Je ne tenais pas à m′éterniser dans cette fête car j′avais convenu avec Albertine (je lui avais donné une loge pour Phèdre) qu′elle viendrait me voir un peu avant minuit. Certes je n′étais nullement épris d′elle; j′obéissais en la faisant venir ce soir à un désir tout sensuel, bien qu′on fût à cette époque torride de l′année où la sensualité libérée visite plus volontiers les organes du goût, recherche surtout la fraîcheur. Plus que du baiser d′une jeune fille elle a soif d′une orangeade, d′un bain, voire de contempler cette lune épluchée et juteuse qui désaltérait le ciel. Mais pourtant je comptais me débarrasser, aux côtés d′Albertine — laquelle du reste me rappelait la fraîcheur du flot — des regrets que ne manqueraient pas de me laisser bien des visages charmants (car c′était aussi bien une soirée de jeunes filles que de dames que donnait la princesse). D′autre part, celui de l′imposante Mme de Vaugoubert, bourbonien et morose, n′avait rien d′attrayant. Al señor de Vaugoubert, como al señor de Charlus, no le gustaba tomar la iniciativa del saludo. Uno y otro preferían “contestar”, temiendo siempre los chismes que pudiese haber oído aquel al que sin ese motivo hubiesen tendido la mano de ellos desde que no lo habían visto. En cuanto a mí, el señor de Vaugoubert no tuvo por qué plantearse la cuestión; yo había ido efectivamente a saludarlo primero, aunque no fuese más que por la diferencia de edad. Me contestó maravillado y encantado, con los dos ojos que continuaban agitándosele como si a cada lado tuviese alfalfa prohibida. Pensé que convenía solicitarle mi presentación a la señora de Vaugoubert, antes que la del príncipe, de la que pensaba hablarle después. La idea de relacionarme con su mujer pareció llenarlo de alegría tanto por ella como por él, y me condujo con paso decidido hasta la marquesa. Llegado ante ella yseñalándome con la mano ylos ojos con todas las expresiones posibles de consideración, enmudeció, sin embargo, y se retiró movedizo al cabo de algunos segundos, para dejarme solo con su mujer. Ésta me había tendido la mano enseguida, sin saber a quién dirigía tal prueba de amabilidad, porque comprendí que el señor de Vaugoubert había olvidado mi nombre, quizás no me reconociera y al no quererlo confesar por cortesía, redujo la presentación a una simple pantomima. Por lo tanto, no había progresado mucho más. ¿Cómo hacerme presentar al dueño de casa por una mujer que no sabía mi nombre? Además, me veía obligado a conversar algunos instantes con la señora de Vaugoubert. Y eso me fastidiaba desde dos puntos de vista. No me interesaba estar mucho tiempo en esta fiesta, ya que concertara con Albertina (le había regalado un palco para Fedra) que viniese a verme poco antes de medianoche. En verdad, no estaba de ninguna manera enamorado de ella; al requerirla esa noche obedecía a un deseo completamente sensual, aunque estuviese en esa época tórrida del año en que la sensualidad liberada visita preferentemente los órganos del gusto y busca la frescura. Tiene uno más sed de una naranjada, de un baño, hasta de contemplar esa luna pelada y jugosa que saciaba al cielo, que del beso de una muchacha. Pero, sin embargo, esperaba aliviarme al lado de Albertina la que, por otra parte, me recordaba la frescura de las aguas de la nostalgia que me dejarían muchos rostros encantadores (puesto que en la velada que ofrecía la princesa había tantas muchachas como señoras. Por otra parte, el de la imponente señora de Vaugoubert, borbónico y lúgubre, no ofrecía ningún atractivo).
On disait au ministère, sans y mettre ombre de malice, que, dans le ménage, c′était le mari qui portait les jupes et la femme les culottes. Or il y avait plus de vérité là dedans qu′on ne le croyait. Mme de Vaugoubert, c′était un homme. Avait-elle toujours été ainsi, ou était-elle devenue ce que je la voyais, peu importe, car dans l′un et l′autre cas on a affaire à l′un des plus touchants miracles de la nature et qui, le second surtout, font ressembler le règne humain au règne des fleurs. Dans la première hypothèse:— si la future Mme de Vaugoubert avait toujours été aussi lourdement hommasse — la nature, par une ruse diabolique et bienfaisante, donne à la jeune fille l′aspect trompeur d′un homme. Et l′adolescent qui n′aime pas les femmes et veut guérir trouve avec joie ce subterfuge de découvrir une fiancée qui lui représente un fort aux halles. Dans le cas contraire, si la femme n′a d′abord pas les caractères masculins, elle les prend peu à peu, pour plaire à son mari, même inconsciemment, par cette sorte de mimétisme qui fait que certaines fleurs se donnent l′apparence des insectes qu′elles veulent attirer. Le regret de ne pas être aimée, de ne pas être homme la virilise. Même en dehors du cas qui nous occupe, qui n′a remarqué combien les couples les plus normaux finissent par se ressembler, quelquefois même par interchanger leurs qualités? Un ancien chancelier allemand, le prince de Bulow, avait épousé une Italienne. A la longue, sur le Pincio, on remarqua combien l′époux germanique avait pris de finesse italienne, et la princesse italienne de rudesse allemande. Pour sortir jusqu′à un point excentrique des lois que nous traçons, chacun connaît un éminent diplomate français dont l′origine n′était rappelée que par son nom, un des plus illustres de l′Orient. En mûrissant, en vieillissant, s′est révélé en lui l′Oriental qu′on n′avait jamais soupçonné, et en le voyant on regrette l′absence du fez qui le compléterait. En el Ministerio se decía, sin sombra de malignidad, que en ese matrimonio el hombre llevaba las faldas y la mujer los pantalones. Y había en ello más verdad de lo que se creía. La señora de Vaugoubert era un hombre. ¿Siempre fue así, o se había transformado en lo que veía? Poco importa, porque en uno y otro caso tiene uno que enfrentarse con uno de los milagros más conmovedores de la naturaleza y que, especialmente el segundo, hace que el reino humano se parezca al reino de las flores. En la primera hipótesis que la futura señora de Vaugoubert hubiese sido tan pesadamente hombruna, la naturaleza, con una astucia diabólica y bienhechora, da a la joven el aspecto engañador de un hombre. Y el adolescente que rehuye a las mujeres y quiere curarse, encuentra con alegría el subterfugio de descubrir una novia que parece un changador. En caso contrario, si la mujer no tiene desde el comienzo las características masculinas, las toma poco a poco, para gustar a su marido, aún inconscientemente, por esa suerte de mimetismo que hace que algunas flores adquieran el aspecto de los insectos que quieren atraer. El dolor de no ser amada, y de no ser hombre, la viriliza. Aun fuera del caso que nos ocupa, ¿quién no ha notado en qué forma las parejas más normales acaban por parecerse, a veces hasta por intercambiar sus cualidades? Un antiguo canciller alemán, el príncipe de Bülow, se había casado con una italiana. Al tiempo, notaron en el Pincio hasta qué punto el esposo germánico había adquirido la fineza italiana y la princesa italiana la rudeza alemana. Saliendo hasta un punto excéntrico de las leyes que estamos trazando, todos conocen a un eminente diplomático francés, cuyo origen no recordaba sino su nombre, uno de los más ilustres de Oriente. Al hacerse maduro, al envejecer, se reveló en él el oriental que no se sospechara nunca y al verlo lamenta uno la ausencia del fez que lo completaría.
Pour en revenir à des moeurs fort ignorées de l′ambassadeur dont nous venons d′évoquer la silhouette ancestralement épaissie, Mme de Vaugoubert réalisait le type, acquis ou prédestiné, dont l′image immortelle est la princesse Palatine, toujours en habit de cheval et ayant pris de son mari plus que la virilité, épousant les défauts des hommes qui n′aiment pas les femmes, dénonçant dans ses lettres de commère les relations qu′ont entre eux tous les grands seigneurs de la cour de Louis XIV. Une des causes qui ajoutent encore à l′air masculin des femmes telles que Mme de Vaugoubert est que l′abandon où elles sont laissées par leur mari, la honte qu′elles en éprouvent, flétrissent peu à peu chez elles tout ce qui est de la femme. Elles finissent par prendre les qualités et les défauts que le mari n′a pas. Au fur et à mesure qu′il est plus frivole, plus efféminé, plus indiscret, elles deviennent comme l′effigie sans charme des vertus que l′époux devrait pratiquer. Volviendo a costumbres muy ignoradas del embajador cuya silueta ancestralmente espesa acabamos de evocar, la señora de Vaugoubert realizaba el tipo adquirido o predestinado, cuya imagen inmortal es la Princesa Palatina, siempre en traje de montar y que, al adquirir de su marido algo más que la virilidad, al absorber los defectos de los hombres que no gustan de las mujeres, denuncia en sus cartas de mujeres las relaciones recíprocas de todos los grandes señores de la corte de Luis XIV. Una de las causas que más aumentan el aspecto masculino de mujeres como la señora de Vaugoubert es que el abandono en que las dejan sus maridos y la vergüenza que experimentan, marchitan en ellas gradualmente todo lo que es propio de la mujer. Acaban por tomar las cualidades y los defectos que el marido no tiene. Cuanto más frívolo, más afeminado, más indiscreto, se hacen ellas la efigie sin encantos de las virtudes que debía practicar el esposo.
Des traces d′opprobre, d′ennui, d′indignation, ternissaient le visage régulier de Mme de Vaugoubert. Hélas, je sentais qu′elle me considérait avec intérêt et curiosité comme un de ces jeunes hommes qui plaisaient à M. de Vaugoubert, et qu′elle aurait tant voulu être maintenant que son mari vieillissant préférait la jeunesse. Elle me regardait avec l′attention de ces personnes de province qui, dans un catalogue de magasin de nouveautés, copient la robe tailleur si seyante à la jolie personne dessinée (en réalité la même à toutes les pages, mais multipliée illusoirement en créatures différentes grâce à la différence des poses et à la variété des toilettes.) L′attrait végétal qui poussait vers moi Mme de Vaugoubert était si fort qu′elle alla jusqu′à m′empoigner le bras pour que je la conduisisse boire un verre d′orangeade. Mais je me dégageai en alléguant que moi, qui allais bientôt partir, je ne m′étais pas fait présenter encore au maître de la maison. Rastros de oprobio, aburrimiento e indignación ensombrecían el rostro regular de la señora de Vaugoubert. ¡Ay!, yo advertía que ella me consideraba con interés y curiosidad, como a uno de esos jóvenes que gustaban al señor de Vaugoubert y que tanto hubiera deseado ser hasta que al envejecer su marido prefirió la juventud. Me miraba con la atención de esos provincianos que copian en un catálogo de tienda de novedades el traje sastre tan sentador para la linda persona dibujada (en realidad, la misma en todas las páginas, pero multiplicada ilusoriamente en distintas criaturas gracias a las diferentes posturas y a la variedad de los vestidos). La atracción vegetal que impelía hacia mí a la señora de Vaugoubert era tan fuerte que llegó hasta tomarme del brazo, para que la acompañase a beber un vaso de naranjada. Pero la eludí alegando que partiría pronto, y aún no me habían presentado al dueño de casa.
La distance qui me séparait de l′entrée des jardins où il causait avec quelques personnes n′était pas bien grande. Mais elle me faisait plus peur que si pour la franchir il eût fallu s′exposer à un feu continu. Beaucoup de femmes par qui il me semblait que j′eusse pu me faire présenter étaient dans le jardin où, tout en feignant une admiration exaltée, elles ne savaient pas trop que faire. Les fêtes de ce genre sont en général anticipées. Elles n′ont guère de réalité que le lendemain, où elles occupent l′attention des personnes qui n′ont pas été invitées. Un véritable écrivain, dépourvu du sot amour-propre de tant de gens de lettres, si, lisant l′article d′un critique qui lui a toujours témoigné la plus grande admiration, il voit cités les noms d′auteurs médiocres mais pas le sien, n′a pas le loisir de s′arrêter à ce qui pourrait être pour lui un sujet d′étonnement, ses livres le réclament. Mais une femme du monde n′a rien à faire, et en voyant dans le Figaro: «Hier le prince et la princesse de Guermantes ont donné une grande soirée, etc.», elle s′exclame: «Comment! j′ai, il y a trois jours, causé une heure avec Marie Gilbert sans qu′elle m′en dise rien!» et elle se casse la tête pour savoir ce qu′elle a pu faire aux Guermantes. Il faut dire qu′en ce qui concernait les fêtes de la princesse, l′étonnement était quelquefois aussi grand chez les invités que chez ceux qui ne l′étaient pas. Car elles explosaient au moment où on les attendait le moins, et faisaient appel à des gens que Mme de Guermantes avait oubliés pendant des années. Et presque tous les gens du monde sont si insignifiants que chacun de leurs pareils ne prend, pour les juger, que la mesure de leur amabilité, invité les chérit, exclu les déteste. Pour ces derniers, si, en effet, souvent la princesse, même s′ils étaient de ses amis, ne les conviait pas, cela tenait souvent à sa crainte de mécontenter «Palamède» qui les avait excommuniés. Aussi pouvais-je être certain qu′elle n′avait pas parlé de moi à M. de Charlus, sans quoi je ne me fusse pas trouvé là. Il s′était maintenant accoudé devant le jardin, à côté de l′ambassadeur d′Allemagne, à la rampe du grand escalier qui ramenait dans l′hôtel, de sorte que les invités, malgré les trois ou quatre admiratrices qui s′étaient groupées autour du baron et le masquaient presque, étaient forcés de venir lui dire bonsoir. Il y répondait en nommant les gens par leur nom. Et on entendait successivement: «Bonsoir, monsieur du Hazay, bonsoir madame de La Tour du Pin–Verclause, bonsoir madame de La Tour du Pin–Gouvernet, bonsoir Philibert, bonsoir ma chère Ambassadrice, etc.» Cela faisait un glapissement continu qu′interrompaient des recommandations bénévoles ou des questions (desquelles il n′écoutait pas la réponse), et que M. de Charlus adressait d′un ton radouci, factice afin de témoigner l′indifférence, et bénin: «Prenez garde que la petite n′ait pas froid, les jardins c′est toujours un peu humide. Bonsoir madame de Brantes. Bonsoir madame de Mecklembourg. Est-ce que la jeune fille est venue? A-t-elle mis la ravissante robe rose? Bonsoir Saint-Géran.» Certes il y avait de l′orgueil dans cette attitude. M. de Charlus savait qu′il était un Guermantes occupant une place prépondérante dans cette fête. Mais il n′y avait pas que de l′orgueil, et ce mot même de fête évoquait, pour l′homme aux dons esthétiques, le sens luxueux, curieux, qu′il peut avoir si cette fête est donnée non chez des gens du monde, mais dans un tableau de Carpaccio ou de Véronèse. Il est même plus probable que le prince allemand qu′était M. de Charlus devait plutôt se représenter la fête qui se déroule dans Tannhâuser, et lui-même comme le Margrave, ayant, à l′entrée de la Warburg, une bonne parole condescendante pour chacun des invités, tandis que leur écoulement dans le château ou le parc est salué par la longue phrase, cent fois reprise, de la fameuse «Marche». No era muy grande la distancia que me separaba de la entrada de los jardines donde conversaba con algunas personas. Pero me causaba más miedo que si tuviese que exponerme a un fuego continuado para atravesarla. Muchas mujeres por quienes me parecía que podía hacerme presentar estaban en el jardín, donde, al tiempo que fingían una exaltada admiración, no sabían qué hacer. Las fiestas de este género son en general anticipadas. No adquieren realidad sino al día siguiente en que ocupan la atención de las personas que no han sido invitadas. Cuando un verdadero escritor, desprovisto del tonto amor propio de tantos hombres de letras, lee el artículo de un crítico que siempre le ha demostrado la mayor admiración y ve citados los nombres de autores mediocres menos el suyo, no tiene tiempo de detenerse en lo que podía asombrarlo: lo reclaman sus libros. Pero una mujer de mundo no tiene nada que hacer, y al ver en el Fígaro: “Ayer el príncipe y la princesa de Guermantes han ofrecido una gran velada, etc.”, exclama: “¡Cómo, si hace tres días he conversado durante una hora con María Gilberta yno me dijo nada!”, yse devana los sesos para saber qué les habrá hecho a los Guermantes. Hay que decir que en lo concerniente a las fiestas de la princesa, el asombro era a veces tan grande entre los invitados como entre los que no lo habían sido. Porque estallaban las invitaciones en el momento más inesperado y convocaban a personas que la señora de Guermantes había olvidado durante años. Y casi toda la gente de sociedad es tan insignificante que cada uno de sus semejantes no tiene para juzgarlos otra medida que su amabilidad; si invitados, los quiere; si excluidos, los detesta. En cuanto a estos últimos, si a menudo, en efecto, la princesa no los invitaba aun siendo amigos, era porque temía descontentar a Palamedes, que los había excomulgado. Por donde podía estar yo seguro de que no había hablado de mí al señor de Charlus, sin lo cual no estaría ahí. Se había acodado ahora frente al jardín, al lado del embajador de Alemania, en la rampa de la escalera grande que conducía a la casa, de manera que los invitados, a pesar de las tres o cuatro admiradoras que se agruparan alrededor del barón ocultándolo casi, se veían obligados a saludarlo. Él contestaba llamando a la gente por su nombre. Y se oía sucesivamente: “Buenas noches, señor de Hazay. Buenas noches, señora de la Tour du PinVerclause. Buenas noches, señora de la Tour du Pin-Gouvernet. Buenas noches, Filiberto. Buenas noches mí querida embajadora, etc.”, lo que constituía un gañido continuo, interrumpido por recomendaciones benévolas o preguntas (cuyas respuestas no oía) y que el señor de Charlus dirigía con un tono suavizado, ficticio y benigno para demostrar indiferencia: “Tenga cuidado que la pequeña no tome frío, pues los jardines siempre son algo húmedos. Buenas noches, señora de Brantes. Buenas noches, señora de Macklemburgo. ¿Ha venido la joven? ¿Se puso su encantador vestido rosa? Buenas noches, Saint-Géran”. Es verdad que en esa actitud había orgullo; el señor de Charlus sabía que era un Guermantes y que ocupaba un sitio preponderante en esa fiesta. Pero había algo más que orgullo, y esa misma palabra fiesta evocaba para el hombre con dones estéticos el sentido lujoso y curioso que puede tener si esta fiesta se ofrece, no en casa de gente de mundo, sino en un cuadro de Carpaccio o del Veronés. Es más probable todavía que un príncipe alemán como el señor de Charlus debía representarse mejor la fiesta que se desarrolla en Tannhauser y a él mismo como el margrave, teniendo a la entrada de la Warburg una buena palabra condescendiente para cada invitado, mientras que su desagotamiento en el castillo o el parque es saludado por la larga frase cien veces confesada de la famosa “Marcha”.
Il fallait pourtant me décider. Je reconnaissais bien sous les arbres des femmes avec qui j′étais plus ou moins lié, mais elles semblaient transformées parce qu′elles étaient chez la princesse et non chez sa cousine, et que je les voyais assises non devant une assiette de Saxe mais sous les branches d′un marronnier. L′élégance du milieu n′y faisait rien. Eût-elle été infiniment moindre que chez «Oriane», le même trouble eût existé en moi. Que l′électricité vienne à s′éteindre dans notre salon et qu′on doive la remplacer par des lampes à huile, tout nous paraît changé. Je fus tiré de mon incertitude par Mme de Souvré. «Bonsoir, me dit-elle en venant à moi. Y a-t-il longtemps que vous n′avez vu la duchesse de Guermantes?» Elle excellait à donner à ce genre de phrases une intonation qui prouvait qu′elle ne les débitait pas par bêtise pure comme les gens qui, ne sachant pas de quoi parler, vous abordent mille fois en citant une relation commune, souvent très vague. Debía decidirme, sin embargo. Reconocía, es verdad, bajo los árboles, mujeres con las que estaba más o menos relacionado; pero parecían transformadas porque estaban en casa de la princesa y no en casa de su prima, y no las veía sentadas ante un plato de porcelana de Sajonia, sino bajo las ramas de un castaño. A nada contribuía la elegancia del medio. Aunque hubiese sido infinitamente menor que en casa de “Oriana”, en mí existía la misma turbación. Todo parece transformado si la electricidad llega a apagarse en nuestro salón y debe uno reemplazarla con candiles de aceite. La señora de Souvré me arrancó a mi incertidumbre. “Buenas noches dijo acercándoseme: ¿Hace mucho que no vio a la duquesa de Guermantes?” Era muy diestra en dar a ese género de frases una entonación que probaba que no las decía por pura tontería, como la gente que por no saber de qué hablar lo aborda a uno mil veces citando una relación común, y a menudo muy vaga.
Elle eut au contraire un fin fil conducteur du regard qui signifiait: «Ne croyez pas que je ne vous aie pas reconnu. Vous êtes le jeune homme que j′ai vu chez la duchesse de Guermantes. Je me rappelle très bien.» Malheureusement cette protection qu′étendait sur moi cette phrase d′apparence stupide et d′intention délicate était extrêmement fragile et s′évanouit aussitôt que je voulus en user. Madame de Souvré avait l′art, s′il s′agissait d′appuyer une sollicitation auprès de quelqu′un de puissant, de paraître à la fois aux yeux du solliciteur le recommander, et aux yeux du haut personnage ne pas recommander ce solliciteur, de manière que ce geste à double sens lui ouvrait un crédit de reconnaissance envers ce dernier sans lui créer aucun débit vis-à-vis de l′autre. Encouragé par la bonne grâce de cette dame à lui demander de me présenter à M. de Guermantes, elle profita d′un moment où les regards du maître de maison n′étaient pas tournés vers nous, me prit maternellement par les épaules et, souriant à la figure détournée du prince qui ne pouvait pas la voir, elle me poussa vers lui d′un mouvement prétendu protecteur et volontairement inefficace qui me laissa en panne presque à mon point de départ. Telle est la lâcheté des gens du monde. Tuvo, al contrario, un fino hilo conductor en la mirada, que significaba: “No crea que no lo reconocí. Usted es el joven a quien vi en casa de la duquesa de Guermantes. Lo recuerdo muy bien”. Desgraciadamente, la protección que tendía sobre mí esa frase de apariencia estúpida y de intención delicada era extremadamente frágil y se desvaneció en cuanto quise usarla. La señora de Souvré tenía el arte, si se trataba de apoyar una solicitud junto a algún poderoso, de aparentar, a la vez, recomendarlo, a los ojos del solicitante y no recomendarlo a los ojos del personaje, de modo que ese gesto de doble sentido le abría un crédito de gratitud hacia este último sin crearle ningún débito con el otro. Alentado por las buenas disposiciones de esa señora para pedirle que me presentara al señor de Guermantes, aprovechó un momento en que las miradas del dueño de casa no se dirigían hacia nosotros, me tomó maternalmente por los hombros y sonriendo hacia el rostro del príncipe que no podía verla, me empujó hacia él con un movimiento pretendidamente protector y voluntariamente ineficaz que casi me detiene en mi punto de partida. Así es la cobardía de la gente de mundo.
Celle d′une dame qui vint me dire bonjour en m′appelant par mon nom fut plus grande encore. Je cherchais à retrouver le sien tout en lui parlant; je me rappelais très bien avoir dîné avec elle, je me rappelais des mots qu′elle avait dits. Mais mon attention, tendue vers la région intérieure où il y avait ces souvenirs d′elle, ne pouvait y découvrir ce nom. Il était là pourtant. Ma pensée avait engagé comme une espèce de jeu avec lui pour saisir ses contours, la lettre par laquelle il commençait, et l′éclairer enfin tout entier. C′était peine perdue, je sentais à peu près sa masse, son poids, mais pour ses formes, les confrontant au ténébreux captif blotti dans la nuit intérieure, je me disais: «Ce n′est pas cela.» Certes mon esprit aurait pu créer les noms les plus difficiles. Par malheur il n′avait pas à créer mais à reproduire. Toute action de l′esprit est aisée si elle n′est pas soumise au réel. La de una señora que vino a saludarme llamándome por mi nombre, fue mayor aún. Yo trataba de ubicar el suyo mientras le hablaba; recordaba perfectamente haber cenado con ella y hasta recordaba las palabras que me dijera. Pero mi atención tensa hacia la región interior de esos recuerdos suyos, no podía descubrir su nombre. Ahí estaba, sin embargo. Mi pensamiento inició con él algo así como una especie de juego para atrapar sus contornos, la letra con que empezaba e iluminarlo por fin completamente. Era trabajo perdido; advertía más o menos su masa, su peso, pero en cuanto a sus formas, las confrontaba con el tenebroso cautivo acurrucado en la noche interior y me decía: No es eso. En verdad mi espíritu podía crear los nombres más difíciles. Por desgracia, no tenía que crear, sino reproducir. Toda acción del espíritu es fácil si no está sometida a lo real.
Là, j′étais forcé de m′y soumettre. Enfin d′un coup le nom vint tout entier: «Madame d′Arpajon.» J′ai tort de dire qu′il vint, car il ne m′apparut pas, je crois, dans une propulsion de lui-même. Je ne pense pas non plus que les légers et nombreux souvenirs qui se rapportaient à cette dame, et auxquels je ne cessais de demander de m′aider (par des exhortations comme celle-ci: «Voyons, c′est cette dame qui est amie de Mme de Souvré, qui éprouve à l′endroit de Victor Hugo une admiration si naîµ¥, mêlée de tant d′effroi et d′horreur»), je ne crois pas que tous ces souvenirs, voletant entre moi et son nom, aient servi en quoi que ce soit à le renflouer. Dans ce grand «cache-cache» qui se joue dans la mémoire quand on veut retrouver un nom, il n′y a pas une série d′approximations graduées. On ne voit rien, puis tout d′un coup apparaît le nom exact et fort différent de ce qu′on croyait deviner. Ce n′est pas lui qui est venu à nous. Non, je crois plutôt qu′au fur et à mesure que nous vivons, nous passons notre temps à nous éloigner de la zone où un nom est distinct, et c′est par un exercice de ma volonté et de mon attention, qui augmentait l′acuité de mon regard intérieur, que tout d′un coup j′avais percé la demi-obscurité et vu clair. En tout cas, s′il y a des transitions entre l′oubli et le souvenir, alors ces transitions sont inconscientes. Car les noms d′étape par lesquels nous passons, avant de trouver le nom vrai, sont, eux, faux, et ne nous rapprochent en rien de lui. Ce ne sont même pas à proprement parler des noms, mais souvent de simples consonnes et qui ne se retrouvent pas dans le nom retrouvé. D′ailleurs ce travail de l′esprit passant du néant à la réalité est si mystérieux, qu′il est possible, après tout, que ces consonnes fausses soient des perches préalables, maladroitement tendues pour nous aider à nous accrocher au nom exact. «Tout ceci, dira le lecteur, ne nous apprend rien sur le manque de complaisance de cette dame; mais puisque vous vous êtes si longtemps arrêté, laissez-moi, monsieur l′auteur, vous faire perdre une minute de plus pour vous dire qu′il est fâcheux que, jeune comme vous l′étiez (ou comme était votre héros s′il n′est pas vous), vous eussiez déjà si peu de mémoire, que de ne pouvoir vous rappeler le nom d′une dame que vous connaissiez fort bien.» C′est très fâcheux en effet, monsieur le lecteur. Et plus triste que vous croyez quand on y sent l′annonce du temps où les noms et les mots disparaîtront de la zone claire de la pensée, et où il faudra, pour jamais, renoncer à se nommer à soi-même ceux qu′on a le mieux connus. C′est fâcheux en effet qu′il faille ce labeur dès la jeunesse pour retrouver des noms qu′on connaît bien. Mais si cette infirmité ne se produisait que pour des noms à peine connus, très naturellement oubliés, et dont on ne voulût pas prendre la fatigue de se souvenir, cette infirmité-là ne serait pas sans avantages. «Et lequels, je vous prie?» Hé, monsieur, c′est que le mal seul fait remarquer et apprendre et permet de décomposer les mécanismes que sans cela on ne connaîtrait pas. Un homme qui chaque soir tombe comme une masse dans son lit et ne vit plus jusqu′au moment de s′éveiller et de se lever, cet homme-là songera-t-il jamais à faire, sinon de grandes découvertes, au moins de petites remarques sur le sommeil? A peine sait-il s′il dort. Un peu d′insomnie n′est pas inutile pour apprécier le sommeil, projeter quelque lumière dans cette nuit. Une mémoire sans défaillance n′est pas un très puissant excitateur à étudier les phénomènes de mémoire. «Enfin, Mme d′Arpajon vous présenta-t-elle au prince?» Non, mais taisez-vous et laissez-moi reprendre mon récit. Ahí estaba obligado a someterme. Por fin, apareció el nombre de golpe: “Señora de Arpajon”. Hago mal al decir que vino, porque no se me apareció, creo, en una propulsión propia. No pienso tampoco que los livianos ynumerosos recuerdos que se referían a esa señora ya los que no dejaba de pedir que me ayudaran (con exhortaciones como ésta: “Veamos, es esa señora amiga de la señora de Souvré, que siente por Víctor Hugo una tan cándida admiración, mezclada con tanto espanto y horror”), no creo que todos esos recuerdos revoloteando entre mi nombre y yo sirvieran para sacarlo a flote. En esa enorme “escondida” que se juega en la memoria cuando uno quiere encontrar un nombre, no hay una serie de aproximaciones graduadas. No se ve nada, yde golpe aparece el nombre exacto ymuy diferente de lo que creía adivinarse. Él no vino a nosotros. No; más bien creo que a medida que vivimos, pasamos nuestro tiempo alejándonos de la zona en que un nombre es perceptible, y por un ejercicio de mi voluntad y de mi atención que aumentaba la agudeza de mi mirada interior atravesé de golpe la semioscuridad y vi con claridad. En todo caso, si hay transiciones entre el olvido y el recuerdo, esas transiciones son inconscientes. Porque los nombres de etapa por los que pasamos, antes de encontrar el verdadero, son falsos y no nos acercan a él para nada. No son ni siquiera nombres, hablando con propiedad, sino a menudo simples consonantes, que no vuelven a encontrarse en el nombre hallado. Por otra parte, ese trabajo del espíritu que pasa de la nada a la realidad es tan misterioso que después de todo es posible que esas consonantes falsas sean muletas previas torpemente extendidas para ayudarnos a atrapar el nombre exacto. “Todo lo cual dirá el lector no nos hace saber nada acerca de la falta de complacencia de esa señora; pero, ya que se ha detenido usted tanto tiempo, déjeme, señor autor, que le haga perder un minuto más para decirle que es enojoso que tan joven como era usted (o como era su protagonista sí no se trata de usted) tuviese ya tan poca memoria que no recordara el nombre de una señora que conocía tanto”. Es muy enojoso, en efecto, señor lector. Y más triste de lo que usted cree cuando advierte en ello el anuncio de la época en que los nombres ylas palabras desaparecerán de la zona clara del pensamiento y en que uno deberá renunciar para siempre a nombrar a los que ha conocido mejor. Es enojoso, en efecto, que se requiera esa tarea desde la juventud para encontrar nombres que tan bien conoce uno. Pero si esa dolencia no se produjera más que con nombres apenas conocidos, muy naturalmente olvidados y que uno no quisiera molestarse en recordar, esa dolencia no dejaría de tener ventajas. “¿Y cuáles, se lo ruego?” ¡Eh, señor!, es que sólo el mal hace notar y aprender y permite desarmar mecanismos que sin ello no se conocería. Un hombre que cae como un plomo cada noche en su cama y no vive hasta el momento de despertar y levantarse, ese hombre ¿podrá pensar alguna vez, no ya en hacer grandes descubrimientos, sino por lo menos pequeñas observaciones acerca del sueño? Apenas sabe sí duerme. Un poco de insomnio no es inútil para apreciar el sueño y proyectar alguna luz en esa noche. Una memoria sin desfallecimientos no es un excitante demasiado poderoso para estudiar los fenómenos de la memoria. “En fin, ¿la señora de Arpajon lo presentó a usted al príncipe?”. No, pero cállese usted y deje que vuelva a mi relato.
Mme d′Arpajon fut plus lâche encore que Mme de Souvré, mais sa lâcheté avait plus d′excuses. Elle savait qu′elle avait toujours eu peu de pouvoir dans la société. Ce pouvoir avait été encore affaibli par la liaison qu′elle avait eue avec le duc de Guermantes; l′abandon de celui-ci y porta le dernier coup. La mauvaise humeur que lui causa ma demande de me présenter au Prince détermina chez elle un silence qu′elle eut la naîµ¥té de croire un semblant de n′avoir pas entendu ce que j′avais dit. Elle ne s′aperçut même pas que la colère lui faisait froncer les sourcils. Peut-être au contraire s′en aperçut-elle, ne se soucia pas de la contradiction, et s′en servit pour la leçon de discrétion qu′elle pouvait me donner sans trop de grossièreté, je veux dire une leçon muette et qui n′était pas pour cela moins éloquente. La señora de Arpajon fue aún más cobarde que la señora de Souvré, pero su cobardía, era más disculpable. Sabía que siempre había tenido poca influencia en sociedad. Esa influencia se debilitó todavía al unirse con el duque de Guermantes; el abandono de este último le asestó el último golpe. El mal humor que le provocó mi pedido de presentarme al príncipe le causó un silencio con el cual tuvo la candidez de creer que aparentaba no haber comprendido lo que le había dicho. Ni siquiera advirtió que el enojo le hacía fruncir el ceño. Quizás, al contrario, lo advirtió, no se preocupó de la contradicción y la utilizó para la lección de discreción que podía darme sin excesiva grosería; quiero decir una lección muda y no por ello menos elocuente.
D′ailleurs, Mme d′Arpajon était fort contrariée; beaucoup de regards s′étant levés vers un balcon Renaissance à l′angle duquel, au lieu des statues monumentales qu′on y avait appliquées si souvent à cette époque, se penchait, non moins sculpturale qu′elles, la magnifique duchesse de Surgis-le-Duc, celle qui venait de succéder à Mme d′Arpajon dans le coeur de Basin de Guermantes. Sous le léger tulle blanc qui la protégeait de la fraîcheur nocturne on voyait, souple, son corps envolé de Victoire. Por otra parte, la señora de Arpajon estaba muy contrariada, porque se habían levantado muchas miradas hacia un balcón Renacimiento en cuyo ángulo, en lugar de las monumentales estatuas aplicadas tan a menudo por esa época, se inclinaba, no menos escultural que ellas, la magnífica duquesa de Surgís-le-Duc, que acababa de suceder a la señora de Arpajon en el corazón de Basin de Guermantes. Bajo el leve tul blanco que la resguardaba del frescor nocturno, se veía su tenso cuerpo elástico de Victoria.
Je n′avais plus recours qu′auprès de M. de Charlus, rentré dans une pièce du bas, laquelle accédait au jardin. J′eus tout le loisir (comme il feignait d′être absorbé dans une partie de whist simulée qui lui permettait de ne pas avoir l′air de voir les gens) d′admirer la volontaire et artiste simplicité de son frac qui, par des riens qu′un couturier seul eût discernés, avait l′air d′une «Harmonie» noir et blanc de Whistler; noir, blanc et rouge plutôt, car M. de Charlus portait, suspendue à un large cordon au jabot de l′habit, la croix en émail blanc, noir et rouge de Chevalier de l′Ordre religieux de Malte. A ce moment la partie du baron fut interrompue par Mme de Gallardon, conduisant son neveu, le vicomte de Courvoisier, jeune homme d′une jolie figure et d′un air impertinent: «Mon cousin, dit Mme de Gallardon, permettez-moi de vous présenter mon neveu Adalbert. Adalbert, tu sais, le fameux oncle Palamède dont tu entends toujours parler. — Bonsoir, madame de Gallardon», répondit M. de Charlus. Et il ajouta sans même regarder le jeune homme: «Bonsoir, Monsieur», d′un air bourru et d′une voix si violemment impolie, que tout le monde en fut stupéfait. Peut-être M. de Charlus, sachant que Mme de Gallardon avait des doutes sur ses moeurs et n′avait pu résister une fois au plaisir d′y faire une allusion, tenait-il à couper court à tout ce qu′elle aurait pu broder sur un accueil aimable fait à son neveu, en même temps qu′à faire une retentissante profession d′indifférence à l′égard des jeunes gens; peut-être n′avait-il pas trouvé que ledit Adalbert eût répondu aux paroles de sa tante par un air suffisamment respectueux; peut-être, désireux de pousser plus tard sa pointe avec un aussi agréable cousin, voulait-il se donner les avantages d′une agression préalable, comme les souverains qui, avant d′engager une action diplomatique, l′appuient d′une action militaire. No tenía más que recurrir al señor de Charlus, que había vuelto a entrar en un cuarto de la planta baja que tenía acceso al jardín. Tuve oportunidad (puesto que fingía estar absorto en un partido de whist simulado que le permitía aparentar que no veía a la gente) de admirar la voluntaria y artística sencillez de su frac, que por insignificancias que sólo hubiera podido advertir un sastre, parecía una “Armonía” en negro y blanco de Whistler: negro, blanco y rojo, más bien, porque el señor de Charlus llevaba la cruz de esmalte blanco, rojo y negro, de Caballero de la Orden religiosa de Malta, colgada de un amplio cordón sobre la pechera de su traje. En ese momento interrumpió el partido del barón la señora de Gallardon acompañada por su sobrino, el vizconde de Courvoisier, joven de buena estampa y aspecto impertinente: “Primo -dijo la señora de Gallardon-, permítame que le presente a mi sobrino Adalberto. Adalberto, ya sabes, el famoso tío Palamédes, de quien siempre oyes hablar”. “Buenas noches, señora de Gallardon”, contestó el señor de Charlus. Y agregó sin siquiera mirar al joven: “Buenas noches, señor”, con aspecto enfurruñado y una voz tan violentamente descortés, que dejó estupefactos a todos. Quizás, como el señor de Charlus sabía que la señora de Gallardon tenía dudas acerca de sus costumbres y no pudo resistir en una oportunidad al placer de una alusión, le interesaba cortar de raíz todo lo que ella hubiera supuesto acerca de una amable acogida a su sobrino, al mismo tiempo que profesaba una sonora indiferencia en cuanto a los jóvenes; quizás no había supuesto que dicho Adalberto contestara las palabras de su tía con expresión lo bastante respetuosa; quizás, deseando entrar más tarde en la lid con tan agradable primo, quisiera darse las ventajas de una agresión previa, como los soberanos que antes de entablar una acción diplomática la apoyan con una acción militar.
Il n′était pas aussi difficile que je le croyais que M. de Charlus accédât à ma demande de me présenter. D′une part, au cours de ces vingt dernières années, ce Don Quichotte s′était battu contre tant de moulins à vent (souvent des parents qu′il prétendait s′être mal conduits à son égard), il avait avec tant de fréquence interdit «comme une personne impossible à recevoir» d′être invité chez tels ou telles Guermantes, que ceux-ci commençaient à avoir peur de se brouiller avec tous les gens qu′ils aimaient, de se priver, jusqu′à leur mort, de la fréquentation de certains nouveaux venus dont ils étaient curieux, pour épouser les rancunes tonnantes mais inexpliquées d′un beau-frère ou cousin qui aurait voulu qu′on abandonnât pour lui femme, frère, enfants. Plus intelligent que les autres Guermantes, M. de Charlus s′apercevait qu′on ne tenait plus compte de ses exclusives qu′une fois sur deux, et, anticipant l′avenir, craignant qu′un jour ce fût de lui qu′on se privât, il avait commencé à faire la part du feu, à baisser, comme on dit, ses prix. De plus, s′il avait la faculté de donner pour des mois, des années, une vie identique à un être détesté—à celui-là il n′eût pas toléré qu′on adressât une invitation, et se serait plutôt battu comme un portefaix avec une reine, la qualité de ce qui lui faisait obstacle ne comptant plus pour lui — en revanche il avait de trop fréquentes explosions de colère pour qu′elles ne fussent pas assez fragmentaires. «L′imbécile, le méchant drôle! on va vous remettre cela à sa place, le balayer dans l′égout où malheureusement il ne sera pas inoffensif pour la salubrité de la ville», hurlait-il, même seul chez lui, à la lecture d′une lettre qu′il jugeait irrévérente, ou en se rappelant un propos qu′on lui avait redit. Mais une nouvelle colère contre un second imbécile dissipait l′autre, et pour peu que le premier se montrât déférent, la crise occasionnée par lui était oubliée, n′ayant pas assez duré pour faire un fond de haine où construire. Aussi, peut-être eusse-je — malgré sa mauvaise humeur contre moi — réussi auprès de lui quand je lui demandai de me présenter au Prince, si je n′avais pas eu la malheureuse idée d′ajouter par scrupule, et pour qu′il ne pût pas me supposer l′indélicatesse d′être entré à tout hasard en comptant sur lui pour me faire rester: «Vous savez que je les connais très bien, la Princesse a été très gentille pour moi. — Hé bien, si vous les connaissez, en quoi avez-vous besoin de moi pour vous présenter», me répondit-il d′un ton claquant, et, me tournant le dos, il reprit sa partie feinte avec le Nonce, l′ambassadeur d′Allemagne et une personnage que je ne connaissais pas. No era tan difícil como lo creía que el señor de Charlus accediese a mi solicitud de presentación. Por una parte, en el curso de esos últimos veinte años, ese Don Quijote combatió contra tantos molinos de viento (a menudo parientes que pretendía se habían portado mal con él), prohibió con tanta frecuencia “como alguien imposible de recibir” que invitaran a los de tal o cual de los Guermantes, que éstos empezaban a temer disgustarse con todas las personas que querían y privarse hasta su muerte del trato de, algunos recién llegados que deseaban conocer, si se solidarizaban con los rencores detonantes e inexplicables de un cuñado o un primo que deseaba que por él abandonase uno mujer, hermano e hijos. Más inteligente que los restantes Guermantes, el señor de Charlus advertía que ya no se consideraban sus exclusiones sino una de cada dos veces, y anticipándose al porvenir, temiendo que llegase el día en que fuese de él de quien llegaran a privarse, comenzó a hacer la parte del fuego, y rebajar sus precios, como se dice. Además, si tenía la facultad de dar durante meses yaños una vida idéntica a un ser odiado yno toleraba que se le dirigiera una invitación y pelearía antes como un changador Con una reina, ya que no tomaba en cuenta la calidad de lo que le presentaba obstáculos; en cambio, tenía demasiado frecuentes explosiones de ira para que no fuesen bastante fragmentarias. “¡Imbécil, malvado, pícaro! Vamos a colocarlo en su lugar, barrerlo hasta la cloaca donde desgraciadamente no será inofensivo para la salud de la ciudad”, aullaba aun solo en su casa, leyendo una carta que consideraba irreverente o recordando un concepto que se le había hecho conocer. Pero una nueva cólera contra un segundo imbécil disipaba la otra, y a poco que el primero se mostrase cortés, olvidaba la crisis ocasionada por él, ya que no había durado lo bastante para tener dónde asentar un fondo de odio. Por lo tanto, quizás yo hubiese logrado éxito con él a pesar de su mal humor en mi contra cuando le pedí que me presentara al príncipe, de no habérseme ocurrido la desgraciada idea de agregar por escrúpulos y para que no pudiese suponerme la falta de delicadeza de haber entrado accidentalmente con él para quedarme: “Usted sabe que los conozco muy bien; la princesa ha sido muy amable conmigo”. “Y bien, si los conoce, ¿para qué necesita que lo presente?”, me contestó con tono tajante; y dándome la espalda, volvió a su fingida partida con el nuncio, el embajador de Alemania y un personaje que yo no conocía.
Alors, du fond de ces jardins où jadis le duc d′Aiguillon faisait élever les animaux rares, vint jusqu′à moi, par les portes grandes ouvertes, le bruit d′un reniflement qui humait tant d′élégances et n′en voulait rien laisser perdre. Le bruit se rapprocha, je me dirigeai à tout hasard dans sa direction, si bien que le mot «bonsoir» fut susurré à mon oreille par M. de Bréauté, non comme le son ferrailleux et ébréché d′un couteau qu′on repasse pour l′aiguiser, encore moins comme le cri du marcassin dévastateur des terres cultivées, mais comme la voix d′un sauveur possible. Moins puissant que Mme de Souvré, mais moins foncièrement atteint qu′elle d′inserviabilité, beaucoup plus à l′aise avec le Prince que ne l′était Mme d′Arpajon, se faisant peut-être des illusions sur ma situation dans le milieu des Guermantes, ou peut-être la connaissant mieux que moi, j′eus pourtant, les premières secondes, quelque peine à capter son attention, car, les papilles du nez frétillantes, les narines dilatées, il faisait face de tous côtés, écarquillant curieusement son monocle comme s′il s′était trouvé devant cinq cents chefs-d′oeuvre. Mais ayant entendu ma demande, il l′accueillit avec satisfaction, me conduisit vers le Prince et me présenta à lui d′un air friand, cérémonieux et vulgaire, comme s′il lui avait passé, en les recommandant, une assiette de petits fours. Autant l′accueil du duc de Guermantes était, quand il le voulait, aimable, empreint de camaraderie, cordial et familier, autant je trouvai celui du Prince compassé, solennel, hautain. Il me sourit à peine, m′appela gravement: «Monsieur». J′avais souvent entendu le duc se moquer de la morgue de son cousin. Entonces desde el fondo de esos jardines, en donde antaño el duque de Aiguillon criaba animales raros, llegó hasta mí, a través de las puertas abiertas de par en par, el rumor de un resoplido que parecía aspirar tantas elegancias y no quería perder nada de ellas. El ruido se acercó y me dirigí al azar en su dirección, tanto que las buenas noches fueron susurradas en mis oídos por el señor de Bréauté, no como el sonido herrumbroso y mellado de un cuchillo que se asienta para afilarlo, todavía menos como el grito del jabato, devastador de tierras cultivadas, sino como la voz de un posible salvador. Menos poderoso que la señora de Souvré, pero menos fundamentalmente atacado que ella de inservicialidad, mucho más a sus anchas con el príncipe que la señora de Arpajon, haciéndose quizás ilusiones sobre mi situación en el medio de los Guermantes o conociéndola quizás mejor que yo mismo, tuve, sin embargo, durante los primeros segundos, alguna dificultad en captar su atención, porque con las aletas estremecidas de su nariz y las narices dilatadas, hacía frente a todos lados, asestando curiosamente su monóculo, como si se hallara en presencia de quinientas obras de arte. Pero al oír mí solicitud, la acogió con satisfacción, me condujo hacia el príncipe y me presentó a él, con expresión golosa, ceremoniosa y vulgar, como si le hubiera alcanzado - recomendándoselas un plato de masas. Así como la acogida del duque de Guermantes era, amable cuando lo quería, llena de camaradería, cordial y familiar, así me pareció la del príncipe, acompasada, solemne yaltanera. Me sonrió apenas yme llamó gravemente “Señor”. Había oído decir a menudo que el duque se burlaba del énfasis de su primo.
Mais aux premiers mots qu′il me dit et qui, par leur froideur et leur sérieux faisaient le plus entier contraste avec le langage de Basin, je compris tout de suite que l′homme foncièrement dédaigneux était le duc qui vous parlait dès la première visite de «pair à compagnon», et que des deux cousins celui qui était vraiment simple c′était le Prince. Je trouvai dans sa réserve un sentiment plus grand, je ne dirai pas d′égalité, car ce n′eût pas été concevable pour lui, au moins de la considération qu′on peut accorder à un inférieur, comme il arrive dans tous les milieux fortement hiérarchisés, au Palais par exemple, dans une Faculté, où un procureur général ou un «doyen» conscients de leur haute charge cachent peut-être plus de simplicité réelle et, quand on les connaît davantage, plus de bonté, de simplicité vraie, de cordialité, dans leur hauteur traditionnelle que de plus modernes dans l′affectation de la camaraderie badine. «Est-ce que vous comptez suivre la carrière de monsieur votre père», me dit-il d′un air distant, mais d′intérêt. Je répondis sommairement à sa question, comprenant qu′il ne l′avait posée que par bonne grâce, et je m′éloignai pour le laisser accueillir les nouveaux arrivants. Pero a sus primeras palabras, que por la frialdad y la seriedad contrastaban por entero con el lenguaje de Basin, comprendí en seguida que el hombre fundamentalmente desdeñoso era el duque, que desde la primera visita le hablaba a uno de “par a compañero” y que, entre ambos primos, el verdaderamente sencillo era el príncipe. Encontré en su reserva un sentimiento más grande, no diré de igualdad, porque no se concebiría, para él al menos, la consideración que puede concedérsele a un inferior, como sucede en todos los medios fuertemente jerarquizados, en los Tribunales, por ejemplo; en una Facultad, donde un procurador general o un “decano” conscientes de su alto cargo ocultan más sencillez efectiva ycuanto más se los conoce más bondad, verdadera sencillez ycordialidad en su altanería tradicional que algunos más modernos en la afectación trivial de la ligera camaradería. “¿Piensa usted seguir la carrera de su señor padre?”, me dijo con expresión distante pero atenta. Contesté lacónicamente a su pregunta, comprendiendo que no me la había planteado sino por buena voluntad, y me alejé para dejar que recibiera a los recién llegados.
J′aperçus Swann, voulus lui parler, mais à ce moment je vis que le prince de Guermantes, au lieu de recevoir sur place le bonsoir du mari d′Odette, l′avait aussitôt, avec la puissance d′une pompe aspirante, entraîné avec lui au fond du jardin, même, dirent certaines personnes, «afin de le mettre à la porte». Lo vi a Swann y quise hablarle, pero en ese momento advertí que el príncipe de Guermantes, en lugar de recibir ahí mismo los saludos del marido de Odette, lo había arrastrado enseguida al fondo del jardín con la potencia de una bomba aspirante y según ciertas personas, “para ponerlo en la calle”.
Tellement distrait dans le monde que je n′appris que le surlendemain, par les journaux, qu′un orchestre tchèque avait joué toute la soirée et que, de minute en minute, s′étaient succédé les feux de Bengale, je retrouvai quelque faculté d′attention à la pensée d′aller voir le célèbre jet d′eau d′Hubert Robert. Distraído de tal modo en sociedad que sólo supe al cabo de dos días y por los diarios que una orquesta checa había tocado toda la noche y que minuto a minuto se habían sucedidos los fuegos de bengala, encontré alguna facultad de atención pensando ir a ver el célebre surtidor de Hubert Robert.
Dans une clairière réservée par de beaux arbres dont plusieurs étaient aussi anciens que lui, planté à l′écart, on le voyait de loin, svelte, immobile, durci, ne laissant agiter par la brise que la retombée plus légère de son panache pâle et frémissant. Le XVIIIe siècle avait épuré l′élégance de ses lignes, mais, fixant le style du jet, semblait en avoir arrêté la vie; à cette distance on avait l′impression de l′art plutôt que la sensation de l′eau. Le nuage humide lui-même qui s′amoncelait perpétuellement à son faîte gardait le caractère de l′époque comme ceux qui dans le ciel s′assemblent autour des palais de Versailles. Mais de près on se rendait compte que, tout en respectant, comme les pierres d′un palais antique, le dessin préalablement tracé, c′était des eaux toujours nouvelles qui, s′élançant et voulant obéir aux ordres anciens de l′architecte, ne les accomplissaient exactement qu′en paraissant les violer, leurs mille bonds épars pouvant seuls donner à distance l′impression d′un unique élan. Celui-ci était en réalité aussi souvent interrompu que l′éparpillement de la chute, alors que, de loin, il m′avait paru infléchissable, dense, d′une continuité sans lacune. D′un peu près, on voyait que cette continuité, en apparence toute linéaire, était assurée à tous les points de l′ascension du jet, partout où il aurait dû se briser, par l′entrée en ligne, par la reprise latérale d′un jet parallèle qui montait plus haut que le premier et était lui-même, à une plus grande hauteur, mais déjà fatigante pour lui, relevé par un troisième. De près, des gouttes sans force retombaient de la colonne d′eau en croisant au passage leurs soeurs montantes, et, parfois déchirées, saisies dans un remous de l′air troublé par ce jaillissement sans trêve, flottaient avant d′être chavirées dans le bassin. Elles contrariaient de leurs hésitations, de leur trajet en sens inverse, et estompaient de leur molle vapeur la rectitude et la tension de cette tige, portant au-dessus de soi un nuage oblong fait de mille gouttelettes, mais en apparence peint en brun doré et immuable, qui montait, infrangible, immobile, élancé et rapide, s′ajouter aux nuages du ciel. Malheureusement un coup de vent suffisait à l′envoyer obliquement sur la terre; parfois même un simple jet désobéissant divergeait et, si elle ne s′était pas tenue à une distance respectueuse, aurait mouillé jusqu′aux moelles la foule imprudente et contemplative. En un claro formado por bellos árboles de los que algunos eran tan antiguos como él, plantado aparte, se lo veía de lejos, esbelto, inmóvil, endurecido, sin dejar que la brisa agitara otra cosa que el más leve sobrante de su penacho pálido y estremecido. El siglo XVIII había depurado la elegancia de sus líneas; pero, al fijar el estilo de su chorro, parecía haber detenido su vida; a esa distancia se tenía una sensación de arte antes que una sensación de agua. La misma nube húmeda que se amontonaba perpetuamente en su cima conservaba un carácter de época, como los que se reúnen en el cielo alrededor de los palacios de Versalles. Pero al acercarse advertía uno que a tiempo que respetaban, como las piedras de un palacio antiguo, el dibujo trazado previamente, eran aguas siempre renovadas las que al abalanzarse y al querer obedecer las antiguas órdenes del arquitecto, no las cumplían con exactitud, sino que parecían violarlas, y sólo sus mil brincos podían dar a la distancia la impresión de un solo impulso. Éste, en realidad, se interrumpía tantas veces cuantas se desparramaba la caída, aun cuando de lejos me había parecido inflexible y denso, con una continuidad sin lagunas. Un poco más cerca, se veía que esa continuidad, en apariencia completamente lineal, se aseguraba, en todos los puntos de la ascensión del chorro y en todas partes donde pudiera haberse quebrado, por la entrada en línea, con la continuación lateral de un chorro paralelo que subía más alto que el primero y relevado él mismo, a una altura mayor, pero ya fatigosa para él, por un tercero. De cerca, caían sin fuerza gotas de la columna de agua, cruzando al paso a sus hermanas que ascendían y a veces, desgarradas y atrapadas en un remolino del aire turbado por ese surgir sin tregua, flotaban antes de naufragar en el estanque. Contrariándose por sus vacilaciones, con su trayecto inverso y esfumando con su blando vapor la rectitud y la tensión de ese tallo, que soportaba una nube oblonga formada por mil gotitas, pero aparentemente pintada de un color pardo dorado e inmutable que subía, intangible, inmóvil, impulsado y rápido, para sumarse a las nubes del cielo. Desgraciadamente, bastaba un golpe de viento para tirarlo oblicuamente al suelo; a veces hasta u simple, chorro desobediente divergía y mojara hasta los tuétanos de no conservarse a una respetuosa distancia a la muchedumbre imprudente y contemplativa.
Un de ces petits accidents, qui ne se produisaient guère qu′au moment où la brise s′élevait, fut assez désagréable. On avait fait croire à Mme d′Arpajon que le duc de Guermantes — en réalité non encore arrivé—était avec Mme de Surgis dans les galeries de marbre rose où on accédait par la double colonnade, creusée à l′intérieur, qui s′élevait de la margelle du bassin. Or, au moment où Mme d′Arpajon allait s′engager dans l′une des colonnades, un fort coup de chaude brise tordit le jet d′eau et inonda si complètement la belle dame que, l′eau dégoulinante de son décolletage dans l′intérieur de sa robe, elle fut aussi trempée que si on l′avait plongée dans un bain. Alors, non loin d′elle, un grognement scandé retentit assez fort pour pouvoir se faire entendre à toute une armée et pourtant prolongé par période comme s′il s′adressait non pas à l′ensemble, mais successivement à chaque partie des troupes; c′était le grand-duc Wladimir qui riait de tout son coeur en voyant l′immersion de Mme d′Arpajon, une des choses les plus gaies, aimait-il à dire ensuite, à laquelle il eût assisté de toute sa vie. Comme quelques personnes charitables faisaient remarquer au Moscovite qu′un mot de condoléances de lui serait peut-être mérité et ferait plaisir à cette femme qui, malgré sa quarantaine bien sonnée, et tout en s′épongeant avec son écharpe, sans demander le secours de personne, se dégageait malgré l′eau qui souillait malicieusement la margelle de la vasque, le Grand–Duc, qui avait bon coeur, crut devoir s′exécuter et, les derniers roulements militaires du rire à peine apaisés, on entendit un nouveau grondement plus violent encore que l′autre. «Bravo, la vieille!» s′écriait-il en battant des mains comme au théâtre. Mme d′Arpajon ne fut pas sensible à ce qu′on vantât sa dextérité aux dépens de sa jeunesse. Et comme quelqu′un lui disait, assourdi par le bruit de l′eau, que dominait pourtant le tonnerre de Monseigneur: «Je crois que Son Altesse Impériale vous a dit quelque chose», «Non! c′était à Mme de Souvré», répondit-elle. Uno de esos pequeños accidentes que no se producían más que cuando se levantaba brisa, fue bastante desagradable. Habían hecho creer a la señora de Arpajon que el duque de Guermantes que en realidad no había llegado todavía estaba con la señora de Surgis en las galerías de mármol rosado a las que se tenía acceso por la doble columnata cavada en el interior y que se levantaba desde el brocal del estanque. En momentos en que la señora de Arpajon se dirigía a una de las columnas, un fuerte golpe de brisa cálida torció el chorro de agua e inundó tan completamente a la hermosa señora que, chorreando agua desde el escote hasta el interior de su vestido, la empapó como si la hubieran sumergido en un baño. Entonces, no lejos de ella, un gruñir escandido retumbó lo bastante fuerte como para hacerse oír por un ejército entero y, sin embargo, prolongado por períodos, como si se dirigiese no al conjunto, sino sucesivamente a cada parte de las tropas; era el gran duque Vladimiro, que se reía con toda el alma al ver la ducha de la señora de Arpajon, uno de las cosas más alegres, gustaba decir luego, a las que asistiera en toda su vida. Como algunas personas caritativas hiciesen notar al moscovita que una palabra suya de condolencia sería quizás merecida y le daría un gusto a esa mujer que a pesar de sus cuarenta años bien cumplidos, y esponjándose con su echarpe, sin pedirle ayuda a nadie, se sacudía el agua que salpicaba maliciosamente el brocal de la fuente de taza, el gran duque, que tenía buen corazón, creyó que debía obedecer, y apenas apaciguados los últimos redobles militares de la risa, se oyó un nuevo tronar, más violento aún que el otro. “¡Bravo, vieja!”, exclamó aplaudiendo como en un teatro. A la señora de Arpajon no le agradó que se alabara su destreza a expensas de su juventud. Y como alguien le decía, ensordecido por el ruido del agua que dominaba, sin embargo, el trueno de monseñor: “Creo que Su Alteza Imperial le ha dicho algo”, “No contestó, era a la señora de Souvré”.
Je traversai les jardins et remontai l′escalier où l′absence du Prince, disparu à l′écart avec Swann, grossissait autour de M. de Charlus la foule des invités, de même que, quand Louis XIV n′était pas à Versailles, il y avait plus de monde chez Monsieur, son frère. Je fus arrêté au passage par le baron, tandis que derrière moi deux dames et un jeune homme s′approchaient pour lui dire bonjour. Yo atravesé los jardines y volví a subir la escalera, donde en ausencia del príncipe, que se apartara con Swann, la muchedumbre de los invitados engrosaba en torno al señor de Charlus, lo mismo que cuando Luis XIV no estaba en Versalles se reunía más gente en lo de Monsieur2 hermano. El barón me detuvo al paso mientras que detrás de mí dos señoras y un joven se aproximaban para saludarlo.
«C′est gentil de vous voir ici», me dit-il, en me tendant la main. «Bonsoir madame de la Trémoe, bonsoir ma chère Herminie.» Mais sans doute le souvenir de ce qu′il m′avait dit sur son rôle de chef dans l′hôtel Guermantes lui donnait le désir de paraître éprouver à l′endroit de ce qui le mécontentait, mais qu′il n′avait pu empêcher, une satisfaction à laquelle son impertinence de grand seigneur et son égaillement d′hystérique donnèrent immédiatement une forme d′ironie excessive: «C′est gentil, reprit-il, mais c′est surtout bien drôle.» Et il se mit à pousser des éclats de rire qui semblèrent à la fois témoigner de sa joie et de l′impuissance où la parole humaine était de l′exprimer. Cependant que certaines personnes, sachant combien il était à la fois difficile d′accès et propre aux «sorties» insolentes, s′approchaient avec curiosité et, avec un empressement presque indécent, prenaient leurs jambes à leur cou. «Allons, ne vous fâchez pas, me dit-il, en me touchant doucement l′épaule, vous savez que je vous aime bien. Bonsoir Antioche, bonsoir Louis–René. Avez-vous été voir le jet d′eau? me demanda-t-il sur un ton plus affirmatif que questionneur. C′est bien joli, n′est-ce pas? C′est merveilleux. Cela pourrait être encore mieux, naturellement, en supprimant certaines choses, et alors il n′y aurait rien de pareil, en France. Mais tel que c′est, c′est déjà parmi les choses les mieux. Bréauté vous dira qu′on a eu tort de mettre des lampions, pour tâcher de faire oublier que c′est lui qui a eu cette idée absurde. Mais, en somme, il n′a réussi que très peu à enlaidir. C′est beaucoup plus difficile de défigurer un chef-d′oeuvre que de le créer. Nous nous doutions du reste déjà vaguement que Bréauté était moins puissant qu′Hubert Robert.» “Es agradable verlo por aquí”, me dijo, extendiéndome la mano. “Buenas noches, señora de la Trémoille; buenas noches, mi querida Herminia”. Pero sin duda lo que me había dicho acerca de su papel de jefe en la casa de Guermantes le daba deseos de aparentar satisfacción respecto a lo que le disgustaba, aunque no pudiera impedirlo, a lo que su impertinencia de gran señor y su alegría de histérico dieron inmediatamente una forma de excesiva ironía: “Es amable —repuso—-, pero es especialmente muy gracioso”. Y se puso a lanzar carcajadas que parecían comprobar a la vez su alegría y la impotencia de la palabra humana para expresarla. Mientras algunas personas, que sabían cómo era simultáneamente de acceso difícil y listo para “salidas” insolentes, se aproximaban con curiosidad y un apresuramiento casi indecente, y por poco se ponían a correr. “Vamos, no se enoje me dijo tocándome suavemente el hombro, ya sabe que lo quiero mucho. Buenas noches, Antioche; buenas noches, Luis Renato. ¿Fue a ver el surtidor? me preguntó en un tono más afirmativo que interrogador. ¿Es muy lindo, verdad? Maravilloso. Podía ser mejor, naturalmente, si se suprimieran algunas cosas, y entonces no habría nada semejante en toda Francia. Pero así como está, ya figura entre las cosas mejores. Bréauté le dirá que fue un error colocarle lamparitas para tratar de hacer olvidar que a él se le ocurrió esa idea absurda. Pero, en resumen, no ha conseguido afearlo del todo. Es mucho más difícil desfigurar una obra maestra que crearla. Sospechábamos, por otra parte, que Bréauté era menos talentoso que Hubert Robert”.
Je repris la file des visiteurs qui entraient dans l′hôtel. «Est-ce qu′il y a longtemps que vous avez vu ma délicieuse cousine Oriane?» me demanda la Princesse qui avait depuis peu déserté son fauteuil à l′entrée, et avec qui je retournais dans les salons. «Elle doit venir ce soir, je l′ai vue cet après-midi, ajouta la maîtresse de maison. Elle me l′a promis. Je crois du reste que vous dînez avec nous deux chez la reine d′Italie, à l′ambassade, jeudi. Il y aura toutes les Altesses possibles, ce sera très intimidant.» Elles ne pouvaient nullement intimider la princesse de Guermantes, de laquelle les salons en foisonnaient et qui disait: «Mes petits Cobourg» comme elle eût dit: «Mes petits chiens». Aussi, Mme de Guermantes dit-elle: «Ce sera très intimidant», par simple bêtise, qui, chez les gens du monde, l′emporte encore sur la vanité. A l′égard de sa propre généalogie, elle en savait moins qu′un agrégé d′histoire. Pour ce qui concernait ses relations, elle tenait à montrer qu′elle connaissait les surnoms qu′on leur avait donnés. M′ayant demandé si je dînais la semaine suivante chez la marquise de la Pommelière, qu′on appelait souvent «la Pomme», la Princesse, ayant obtenu de moi une réponse négative, se tut pendant quelques instants. Puis, sans aucune autre raison qu′un étalage voulu d′érudition involontaire, de banalité et de conformité à l′esprit général, elle ajouta: «C′est une assez agréable femme, la Pomme!» Volví a ocupar la fila de visitantes que entraban en la casa. “¿Hace tiempo que no ve a mi deliciosa prima Oriana?”, me preguntó la princesa, que había desocupado su sillón de la entrada muy poco antes y con la que volvía a los salones. “Debe venir esta noche; la he visto esta tarde -agregó la dueña de casa-. Me lo prometió. Creo, por otra parte, que cena usted con nosotras en casa de la reina de Italia, el jueves, en la Embajada. Estarán todas las Altezas posibles, va a ser muy intimidador”. No podían intimidar de ninguna manera a la princesa de Guermantes, ya que abundaban en sus salones y decía: “Mis pequeños Cobourg”, como si dijese: “Mis perritos”. Por eso la señora de Guermantes dijo: “Va a ser muy intimidador”, por simple tontería, que entre la gente de mundo triunfa hasta de la vanidad. Con respecto a su propia genealogía, sabía menos que un suplente de historia. En lo que concernía a sus relaciones, se empeñaba en demostrar que conocía sus sobrenombres. Al preguntarme si cenaba la semana siguiente en casa de la marquesa de la Pommeliére, que a menudo llamaban “la Manzana”3 la princesa obtuvo de mí una respuesta negativa, y calló por algunos instantes. Luego, sin ningún otro motivo que una exhibición voluntaria de erudición involuntaria, de trivialidad y conformismo con el espíritu general, agregó: “¡Es una mujer bastante agradable, esta Manzana!”
Tandis que la Princesse causait avec moi, faisaient précisément leur entrée le duc et la duchesse de Guermantes! Mais je ne pus d′abord aller au-devant d′eux, car je fus happé au passage par l′ambassadrice de Turquie, laquelle, me désignant la maîtresse de maison que je venais de quitter, s′écria en m′empoignant par le bras: «Ah! quelle femme délicieuse que la Princesse! Quel être supérieur à tous! Il me semble que si j′étais un homme, ajouta-t-elle, avec un peu de bassesse et de sensualité orientales, je vouerais ma vie à cette céleste créature.» Je répondis qu′elle me semblait charmante en effet, mais que je connaissais plus sa cousine la duchesse. «Mais il n′y a aucun rapport, me dit l′ambassadrice. Oriane est une charmante femme du monde qui tire son esprit de Mémé et de Babal, tandis que Marie–Gilbert, c′est quelqu′un.» Mientras la princesa conversaba conmigo, entraban precisamente el duque y la duquesa de Guermantes. Pero no pude de primera intención salir a su encuentro, porque me aprisionó al paso la embajadora de Turquía, quien, señalándome a la dueña de casa, que acababa de dejar, exclamó, tomándome del brazo: “¡Ah, qué mujer deliciosa la princesa! ¡Qué ser superior a todos! Me parece que si yo fuera hombre agregó con un poco de bajeza y sensualidad orientales consagraría mi vida a esta criatura celestial”. Le contesté que, efectivamente, me parecía encantadora, pero que conocía más a su prima la duquesa. “Pero no hay ninguna relación me dijo la embajadora. Oriana es una encantadora mujer de mundo, que extrae su ingenio de Mémé y de Babal, mientras que María Gilberta es alguien”.
Je n′aime jamais beaucoup qu′on me dise ainsi sans réplique ce que je dois penser des gens que je connais. Et il n′y avait aucune raison pour que l′ambassadrice de Turquie eût sur la valeur de la duchesse de Guermantes un jugement plus sûr que le mien. D′autre part, ce qui expliquait aussi mon agacement contre l′ambassadrice, c′est que les défauts d′une simple connaissance, et même d′un ami, sont pour nous de vrais poisons, contre lesquels nous sommes heureusement «mithridatés». Nunca me gustó mucho que me digan, así, sin réplica, lo que debo pensar de la gente que conozco. Y no había ningún motivo para que la embajadora de Turquía tuviese acerca del valor de la duquesa de Guermantes, un juicio más seguro que el mío. Por otra parte, lo que justificaba asimismo mi fastidio contra la embajadora, es que los defectos de un simple conocido y hasta de un amigo son para nosotros verdaderos venenos contra los que estamos felizmente “mitridatizados”.
Mais, sans apporter le moindre appareil de comparaison scientifique et parler d′anaphylaxie, disons qu′au sein de nos relations amicales ou purement mondaines, il y a une hostilité momentanément guérie, mais récurrente, par accès. Habituellement on souffre peu de ces poisons tant que les gens sont «naturels». En disant «Babal», «Mémé», pour désigner des gens qu′elle ne connaissait pas, l′ambassadrice de Turquie suspendait les effets du «mithridatisme» qui, d′ordinaire, me la rendait tolérable. Elle m′agaçait, ce qui était d′autant plus injuste qu′elle ne parlait pas ainsi pour faire mieux croire qu′elle était intime de «Mémé», mais à cause d′une instruction trop rapide qui lui faisait nommer ces nobles seigneurs selon ce qu′elle croyait la coutume du pays. Elle avait fait ses classes en quelques mois et n′avait pas suivi la filière. Mais en y réfléchissant je trouvais à mon déplaisir de rester auprès de l′ambassadrice une autre raison. Il n′y avait pas si longtemps que chez «Oriane» cette même personnalité diplomatique m′avait dit, d′un air motivé et sérieux, que la princesse de Guermantes lui était franchement antipathique. Je crus bon de ne pas m′arrêter à ce revirement: l′invitation à la fête de ce soir l′avait amené. L′ambassadrice était parfaitement sincère en me disant que la princesse de Guermantes était une créature sublime. Elle l′avait toujours pensé. Mais n′ayant jamais été jusqu′ici invitée chez la princesse, elle avait cru devoir donner à ce genre de non-invitation la forme d′une abstention volontaire par principes. Maintenant qu′elle avait été conviée et vraisemblablement le serait désormais, sa sympathie pouvait librement s′exprimer. Il n′y a pas besoin, pour expliquer les trois quarts des opinions qu′on porte sur les gens, d′aller jusqu′au dépit amoureux, jusqu′à l′exclusion du pouvoir politique. Le jugement reste incertain: une invitation refusée ou reçue le détermine. Au reste, l′ambassadrice de Turquie, comme disait la princesse de Guermantes qui passa avec moi l′inspection des salons, «faisait bien». Elle était surtout fort utile. Les étoiles véritables du monde sont fatiguées d′y paraître. Celui qui est curieux de les apercevoir doit souvent émigrer dans un autre hémisphère, où elles sont à peu près seules. Mais les femmes pareilles à l′ambassadrice ottomane, toutes récentes dans le monde, ne laissent pas d′y briller pour ainsi dire partout à la fois. Elles sont utiles à ces sortes de représentations qui s′appellent une soirée, un raout, et où elles se feraient traîner, moribondes, plutôt que d′y manquer. Elles sont les figurantes sur qui on peut toujours compter, ardentes à ne jamais manquer une fête. Aussi, les sots jeunes gens, ignorant que ce sont de fausses étoiles, voient-ils en elles les reines du chic, tandis qu′il faudrait une leçon pour leur expliquer en vertu de quelles raisons Mme Standish, ignorée d′eux et peignant des coussins, loin du monde, est au moins une aussi grande dame que la duchesse de Doudeauville. Pero, sin el menor despliegue de comparación científica, y sin hablar de anafilaxia, digamos que en el seno de nuestras relaciones amistosas o puramente mundanas hay una hostilidad momentáneamente curada, pero recurrente por exceso. Habitualmente poco se sufre de esos venenos mientras la gente siga siendo “natural”. Al decir “Babal” y “Mémé”, para designar a gente que no conocía, la embajadora de Turquía suspendía los efectos de la “mitridatización” que habitualmente me la hacía tolerable. Me fastidiaba, lo que era tanto más injusto cuanto que no hablaba así para que la supusieran intima de Mémé, sino a causa de una instrucción apresurada que le hacía nombrar a esos nobles señores de acuerdo con lo que creía una costumbre del país. Había hecho sus cursos en pocos meses, sin pasar por pruebas exigentes. Pero, al reflexionar, yo le encontraba otro motivo al disgusto de quedarme con la embajadora. No hacía tanto tiempo que en casa de Oriana esta misma personalidad diplomática me dijera, con un aspecto fundado y serio, que la princesa de Guermantes le resultaba francamente antipática. Creí conveniente no insistir en ese cambio de frente: la habría traído la invitación a la fiesta de esa noche. La embajadora era perfectamente sincera al decirme que la princesa de Guermantes era una criatura sublime. Lo había pensado siempre. Pero, como no la invitaron nunca hasta entonces a casa de la princesa, había creído que debía dar a ese género de no-invitación, la apariencia de una abstención voluntaria por principios. Ahora que había sido convidada y verosímilmente seguiría siéndolo, podía expresar libremente su simpatía. Para explicar las tres cuartas partes de las opiniones que uno tiene de la gente, no se necesita llegar hasta el despecho amoroso o la exclusión del poder político. El juicio sigue siendo incierto: lo determina el rechazo o la llegada de una invitación. Por otra parte, la embajadora de Turquía “hacía bien”, como decía la baronesa de Guermantes, que pasó revista conmigo a los salones. Era sobre todo muy útil. Las verdaderas estrellas del mundo están cansadas de aparecer. El que siente curiosidad por verlas debe emigrar a menudo a otro hemisferio, donde están más o menos solas. Pero las mujeres semejantes a la embajadora otomana, muy recientes en la sociedad, no dejan de brillar, por así decirlo, en todas partes a la vez. Son útiles en esas especies de representaciones que se llaman una reunión o una velada y a las que se harían arrastrar moribundas antes que dejar de asistir. Son las figurantas con las que siempre se puede contar, deseosas de no faltar a una sola fiesta. Por eso los jóvenes tontos, ignorando que se trata de estrellas falsas, ven en ellas a las reinas de lo chic, aunque necesitarían una lección para explicarles en virtud de qué motivos la señora Standish, ignorada por ellos y que pinta cojines lejos del mundo, es por lo menos tan gran señora como la duquesa de Doudeauville.
Dans l′ordinaire de la vie, les yeux de la duchesse de Guermantes étaient distraits et un peu mélancoliques, elle les faisait briller seulement d′une flamme spirituelle chaque fois qu′elle avait à dire bonjour à quelque ami; absolument comme si celui-ci avait été quelque mot d′esprit, quelque trait charmant, quelque régal pour délicats dont la dégustation a mis une expression de finesse et de joie sur le visage du connaisseur. Mais pour les grandes soirées, comme elle avait trop de bonjours à dire, elle trouvait qu′il eût été fatigant, après chacun d′eux, d′éteindre à chaque fois la lumière. Tel un gourmet de littérature, allant au théâtre voir une nouveauté d′un des maîtres de la scène, témoigne sa certitude de ne pas passer une mauvaise soirée en ayant déjà, tandis qu′il remet ses affaires à l′ouvreuse, sa lèvre ajustée pour un sourire sagace, son regard avivé pour une approbation malicieuse; ainsi c′était dès son arrivée que la duchesse allumait pour toute la soirée. Et tandis qu′elle donnait son manteau du soir, d′un magnifique rouge Tiepolo, lequel laissa voir un véritable carcan de rubis qui enfermait son cou, après avoir jeté sur sa robe ce dernier regard rapide, minutieux et complet de couturière qui est celui d′une femme du monde, Oriane s′assura du scintillement de ses yeux non moins que de ses autres bijoux. Quelques «bonnes langues» comme M. de Janville eurent beau se précipiter sur le duc pour l′empêcher d′entrer: «Mais vous ignorez donc que le pauvre Mama est à l′article de la mort? On vient de l′administrer. — Je le sais, je le sais, répondit M. de Guermantes en refoulant le fâcheux pour entrer. Le viatique a produit le meilleur effet», ajouta-t-il en souriant de plaisir à la pensée de la redoute à laquelle il était décidé de ne pas manquer après la soirée du prince. «Nous ne voulions pas qu′on sût que nous étions rentrés», me dit la duchesse. Elle ne se doutait pas que la princesse avait d′avance infirmé cette parole en me racontant qu′elle avait vu un instant sa cousine qui lui avait promis de venir. Le duc, après un long regard dont pendant cinq minutes il accabla sa femme: «J′ai raconté à Oriane les doutes que vous aviez.» Maintenant qu′elle voyait qu′ils n′étaient pas fondés et qu′elle n′avait aucune démarche à faire pour essayer de les dissiper, elle les déclara absurdes, me plaisanta longuement. «Cette idée de croire que vous n′étiez pas invité! Et puis, il y avait moi. En la vida habitual, los ojos de la duquesa de Guermantes eran distraídos y un poco melancólicos: sólo los encendía una llama de ingenio cuando tenía que saludar a un amigo; absolutamente como si hubiese sido un rasgo de ingenio, alguna salida encantadora, un placer para delicados, cuyo gusto coloco una expresión de fineza y alegría en el rostro del entendido. Pero en las grandes veladas, como tenía que saludar mucho, le hubiese parecido cansador apagar la luz cada vez y después de cada saludo. Como un entendido en literatura que va al teatro para ver una novedad de uno de los maestros de la escena, y está seguro de no pasar una mala noche, ajusta ya -mientras entrega sus cosas a la acomodadora- sus labios para una sonrisa sagaz y aviva su mirada para una maliciosa aprobación; así, desde su llegada la duquesa iluminaba para toda la noche. Y mientras entregaba su tapado de fiesta, de un magnífico rojo Tiépolo, que dejaba ver una verdadera canga de rubíes que le aprisionaba el cuello, después de echar sobre su vestido esa última mirada rápida, minuciosa y completa de costurera de una mujer de mundo, Oriana aseguró el brillo de sus ojos no menos que el de sus otras joyas. Algunas “buenas lenguas” como el señor de Janville se precipitaron inútilmente sobre el duque para impedirle la entrada: “¿Pero usted ignora, acaso, que el pobre Mama está en artículo de muerte? Acaban de administrarle los óleos”. “Ya lo sé, ya lo sé contestó el señor de Guermantes empujando al fastidioso para entrar. El viático le produjo el mejor efecto”, agregó sonriendo de placer al pensar tan sólo en la sala de baile a la que había decidido no faltar después de la velada del príncipe. “No queríamos que se supiese que habíamos entrado”, me dijo la duquesa. No sabía que la princesa invalidara de antemano esas palabras al contarme que había visto a su prima un instante y que le prometiera asistir. El duque, después de una larga mirada con la que agobió a su mujer durante cinco minutos: “-He contado sus dudas a Oriana”. Ahora, al ver que carecían de fundamentos y no tenía que hacer ningún movimiento para tratar de disiparlas, las declaró absurdas y me hizo largas bromas. “Vaya idea, creer que no lo habían invitado... Y además estaba yo.
Croyez-vous que je n′aurais pas pu vous faire inviter chez ma cousine?» Je dois dire qu′elle fit souvent, dans la suite, des choses bien plus difficiles pour moi; néanmoins je me gardai de prendre ses paroles dans ce sens que j′avais été trop réservé. Je commençais à connaître l′exacte valeur du langage parlé ou muet de l′amabilité aristocratique, amabilité heureuse de verser un baume sur le sentiment d′infériorité de ceux à l′égard desquels elle s′exerce, mais pas pourtant jusqu′au point de la dissiper, car dans ce cas elle n′aurait plus de raison d′être. «Mais vous êtes notre égal, sinon mieux», semblaient, par toutes leurs actions, dire les Guermantes; et ils le disaient de la façon la plus gentille que l′on puisse imaginer, pour être aimés, admirés, mais non pour être crus; qu′on démêlât le caractère fictif de cette amabilité, c′est ce qu′ils appelaient être bien élevés; croire l′amabilité réelle, c′était la mauvaise éducation. Je reçus du reste à peu de temps de là une leçon qui acheva de m′enseigner, avec la plus parfaite exactitude, l′extension et les limites de certaines formes de l′amabilité aristocratique. C′était à une matinée donnée par la duchesse de Montmorency pour la reine d′Angleterre; il y eut une espèce de petit cortège pour aller au buffet, et en tête marchait la souveraine ayant à son bras le duc de Guermantes. J′arrivai à ce moment-là. De sa main libre, le duc me fit au moins à quarante mètres de distance mille signes d′appel et d′amitié, et qui avaient l′air de vouloir dire que je pouvais m′approcher sans crainte, que je ne serais pas mangé tout cru à la place des sandwichs. Mais moi, qui commençais à me perfectionner dans le langage des cours, au lieu de me rapprocher même d′un seul pas, à mes quarante mètres de distance je m′inclinai profondément, mais sans sourire, comme j′aurais fait devant quelqu′un que j′aurais à peine connu, puis continuai mon chemin en sens opposé. J′aurais pu écrire un chef-d′oeuvre, les Guermantes m′en eussent moins fait d′honneur que de ce salut. Non seulement il ne passa pas inaperçu aux yeux du duc, qui ce jour-là pourtant eut à répondre à plus de cinq cents personnes, mais à ceux de la duchesse, laquelle, ayant rencontré ma mère, le lui raconta en se gardant bien de lui dire que j′avais eu tort, que j′aurais dû m′approcher. Elle lui dit que son mari avait été émerveillé de mon salut, qu′il était impossible d′y faire tenir plus de choses. On ne cessa de trouver à ce salut toutes les qualités, sans mentionner toutefois celle qui avait paru la plus précieuse, à savoir qu′il avait été discret, et on ne cessa pas non plus de me faire des compliments dont je compris qu′ils étaient encore moins une récompense pour le passé qu′une indication pour l′avenir, à la façon de celle délicatement fournie à ses élèves par le directeur d′un établissement d′éducation: «N′oubliez pas, mes chers enfants, que ces prix sont moins pour vous que pour vos parents, afin qu′ils vous renvoient l′année prochaine.» C′est ainsi que Mme de Marsantes, quand quelqu′un d′un monde différent entrait dans son milieu, vantait devant lui les gens discrets «qu′on trouve quand on va les chercher et qui se font oublier le reste du temps», comme on prévient, sous une forme indirecte, un domestique qui sent mauvais que l′usage des bains est parfait pour la santé. ¿Usted cree que no podría haberlo hecho invitar a casa de mi prima?” Debo decir que con posterioridad hizo por mí cosas mucho más difíciles; sin embargo, evité interpretar sus palabras en el sentido de que había sido demasiado reservado. Comencé a conocer el exacto valor del lenguaje verbal o mudo de la amabilidad aristocrática, amabilidad que se alegra al echar un bálsamo sobre el sentimiento de inferioridad de aquellos a cuyo respecto se ejerce, pero no hasta el punto de disiparlo, sin embargo, porque en ese caso ya no tendría razón de ser. “Pero usted es nuestro igual, si no mejor”, parecían decir en todas sus acciones los Guermantes; y lo decían de la manera más gentil que se pueda imaginar para que los amen y admiren, pero no para que los crean; el que se revelase el carácter ficticio de esa amabilidad, es lo que ellos llamaban ser bien educados; creer verdadera la amabilidad era la mala educación. Recibí, por otra parte, poco después, una lección que terminó de enseñarme con la más completa exactitud la extensión y los límites de ciertas formas de la amabilidad aristocrática. Fue durante una velada vespertina ofrecida por la duquesa de Montmorency en honor de la reina de Inglaterra; se formó una especie de pequeño cortejo para ir a la mesa, y la soberana marchaba a la cabeza dándole el brazo al duque de Guermantes. Llegué en ese momento. Con su mano libre, el duque me hizo por lo menos a cuarenta metros de distancia mil señales de llamado y amistad que parecían significar que podía aproximarme sin temor, que no me comerían crudo en lugar de los sandwiches. Pero yo, que empezaba a perfeccionarme en el lenguaje de las cortes, en lugar de acercarme un solo paso, me incliné profundamente a cuarenta metros de distancia, pero sin sonreír, como lo hubiera hecho ante alguien que apenas conociera, y luego continué mi camino en sentido opuesto. Los Guermantes me honraron más por ese saludo que si hubiese escrito una obra maestra. No sólo no pasó inadvertido a los ojos del duque, que ese día, sin embargo, tuvo que contestar a más de quinientas personas, sino a los de la duquesa, que al encontrar a mi madre se lo contó, cuidándose mucho de decirle que estaba equivocado y que debía haberme acercado. Le dijo que su marido se había maravillado por mi saludo y que era imposible darle un mayor contenido. No dejaron de buscarle todas las cualidades a ese saludo, sin mencionar, sin embargo, la que pareció más preciosa, es decir, que habla sido discreto, y no dejaron tampoco de hacerme alabanzas, por lo que comprendí que no era tanto una recompensa por el pasado que una indicación para el futuro, a la manera de aquella que proporciona delicadamente a sus alumnos el director de un establecimiento educativo: “No olviden, queridos niños, que esos premios no son tanto para ustedes como para sus padres; para que los manden de nuevo el año que viene”. Así es cómo la señora de Marsantes, cuando entraba en su medio alguien de un mundo distinto, alababa en su presencia a la gente discreta “que uno encuentra cuando la busca y que se hace olvidar el resto del tiempo”, de la misma manera que uno le avisa en forma indirecta, a un sirviente que huele mal y que el uso de los baños es perfecto para la salud.
Pendant que, avant même qu′elle eût quitté le vestibule, je causais avec Mme de Guermantes, j′entendis une voix d′une sorte qu′à l′avenir je devais, sans erreur possible, discerner. C′était, dans le cas particulier, celle de M. de Vaugoubert causant avec M. de Charlus. Un clinicien n′a même pas besoin que le malade en observation soulève sa chemise ni d′écouter la respiration, la voix suffit. Combien de fois plus tard fus-je frappé dans un salon par l′intonation ou le rire de tel homme, qui pourtant copiait exactement le langage de sa profession ou les manières de son milieu, affectant une distinction sévère ou une familière grossièreté, mais dont la voix fausse me suffisait pour apprendre: «C′est un Charlus», à mon oreille exercée, comme le diapason d′un accordeur. A ce moment tout le personnel, d′une ambassade passa, lequel salua M. de Charlus. Bien que ma découverte du genre de maladie en question datât seulement du jour même (quand j′avais aperçu M. de Charlus et Jupien), je n′aurais pas eu besoin, pour donner un diagnostic, de poser des questions, d′ausculter. Mais M. de Vaugoubert causant avec M. de Charlus parut incertain. Pourtant il aurait dû savoir à quoi s′en tenir après les doutes de l′adolescence. L′inverti se croit seul de sa sorte dans l′univers; plus tard seulement, il se figure — autre exagération — que l′exception unique, c′est l′homme normal. Mais, ambitieux et timoré, M. de Vaugoubert ne s′était pas livré depuis bien longtemps à ce qui eût été pour lui le plaisir. La carrière diplomatique avait eu sur sa vie l′effet d′une entrée dans les ordres. Combinée avec l′assiduité à l′Ecole des Sciences politiques, elle l′avait voué depuis ses vingt ans à la chasteté du chrétien. Aussi, comme chaque sens perd de sa force et de sa vivacité, s′atrophie quand il n′est plus mis en usage, M. de Vaugoubert, de même que l′homme civilisé qui ne serait plus capable des exercices de force, de la finesse d′oude l′homme des cavernes, avait perdu la perspicacité spéciale qui se trouvait rarement en défaut chez M. de Charlus; et aux tables officielles, soit à Paris, soit à l′étranger, le ministre plénipotentiaire n′arrivait même plus à reconnaître ceux qui, sous le déguisement de l′uniforme, étaient au fond ses pareils. Mientras conversaba con la señora de Guermantes, antes de abandonar el vestíbulo, oí una voz de tal modo que en lo sucesivo podía distinguirla sin error posible. Era, en el caso particular, la del señor de Vaugoubert hablando con el señor de Charlus. Un clínico no necesita que el enfermo levante su camisa ni le haga oír su respiración; le basta la voz. ¡Cuántas veces más tarde me sorprendió en un salón la entonación o la risa de un hombre que, sin embargo, copiaba exactamente el lenguaje de su profesión o los modales de su medio, afectando una distinción severa o una grosería familiar, pero cuya voz falsa bastaba para hacerme saber: “Es un Charlus” para mi oído adiestrado como el diapasón de un afinador! En ese momento pasó el personal integro de una embajada, que saludó al señor de Charlus. Aunque mi descubrimiento de la enfermedad en cuestión sólo provenía del mismo día (al advertir al señor de Charlus y a Jupien), no hubiese necesitado plantear preguntas ni auscultar para emitir un diagnóstico. Pero el señor, de Vaugoubert me pareció inseguro al hablar con el señor de Charlus. Sin embargo, debió saber a qué atenerse después de las dudas de la adolescencia. El invertido se cree único en su especie en el universo; sólo más tarde se imagina nueva exageración que la única excepción es el hombre normal. Pero ambicioso y timorato, el señor de Vaugoubert no se entregaba desde hacía mucho tiempo a lo que para él hubiera sido el placer. La carrera diplomática tuvo sobre su vida el efecto de un ingreso en las órdenes. Combinada con la asiduidad a la Escuela de Ciencias Políticas, se había dedicado desde los veinte años a la castidad del cristiano. De esa manera, como cada sentido pierde fuerza yvivacidad yse atrofia cuando está en desuso, el señor de Vaugoubert perdió la perspicacia especial que rara vez le fallaba al señor de Charlus, lo mismo que el hombre civilizado que ya no es capaz de los ejercicios de fuerza y de la fineza de oído del hombre de las cavernas; y en las mesas oficiales, ya sea en París, ya sea en el extranjero, el ministro plenipotenciario no reconocía a aquellos que bajo el disfraz del uniforme eran en el fondo sus semejantes.
Quelques noms que prononça M. de Charlus, indigné si on le citait pour ses goûts, mais toujours amusé de faire connaître ceux des autres, causèrent à M. de Vaugoubert un étonnement délicieux. Non qu′après tant d′années il songeât à profiter d′aucune aubaine. Mais ces révélations rapides, pareilles à celles qui dans les tragédies de Racine apprennent à Athalie et à Abner que Joas est de la race de David, qu′Esther assise dans la pourpre a des parents youpins, changeant l′aspect de la légation de X . . . ou tel service du Ministère des Affaires étrangères, rendaient rétrospectivement ces palais aussi mystérieux que le temple de Jérusalem ou la salle du trône de Suse. Pour cette ambassade dont le jeune personnel vint tout entier serrer la main de M. de Charlus, M. de Vaugoubert prit l′air émerveillé d′Élise s′écriant dans Esther: Algunos nombres que pronunció el señor de Charlus, indignado si lo citaban por sus gustos, pero siempre divertido al difundir los ajenos, causaron al señor de Vaugoubert un delicioso asombro. No es que pensase aprovechar ninguna oportunidad después de tantos años. Pero esas revelaciones rápidas, semejantes a las que en las tragedias de Racine hacen saber a Atalía y a Abner que Joas pertenece a la raza de David; que Ester, sentada bajo la púrpura, tiene padres judíos, al cambiar el aspecto de la legación de X... o tal o cual servicio del Ministerio de Relaciones Exteriores, hacían a esos palacios tan misteriosos retrospectivamente como el templo de Jerusalén o la sala del Trono de Susa. En cuanto a esa embajada, cuyo personal joven vino íntegramente a darle la mano al señor de Charlus, el señor de Vaugoubert tomó la expresión maravillada de Elisa cuando exclama en Esther:
Ciel! quel nombreux essaim d′innocentes beautés
S′offre à mes yeux en foule et sort de tous côtés!
Quelle aimable pudeur sur leur visage est peinte!
Ciel! quel nombreux essaim d′innocentes beautés
S′offre à mes yeux en foule et sort de tous côtés!
Quelle aimable pudeur sur leur visage est peinte!
Puis désireux d′être plus «renseigné», il jeta en souriant à M. de Charlus un regard niaisement interrogateur et concupiscent: «Mais voyons, bien entendu», dit M. de Charlus, de l′air docte d′un érudit parlant à un ignare. Aussitôt M. de Vaugoubert (ce qui agaça beaucoup M. de Charlus) ne détacha plus ses yeux de ces jeunes secrétaires, que l′ambassadeur de X . . . en France, vieux cheval de retour, n′avait pas choisis au hasard. M. de Vaugoubert se taisait, je voyais seulement ses regards. Mais, habitué dès mon enfance à prêter, même à ce qui est muet, le langage des classiques, je faisais dire aux yeux de M. de Vaugoubert les vers par lesquels Esther explique à Élise que Mardochée a tenu, par zèle pour sa religion, à ne placer auprès de la Reine que des filles qui y appartinssent. Luego, deseando tener más “informes”, echó sonriendo al señor de Charlus una mirada tontamente interrogadora y concupiscente: “Vamos, se entiende”, dijo el señor de Charlus con el aspecto docto de un erudito que habla con un ignorante. Al punto el señor de Vaugoubert (lo que fastidió enormemente al señor de Charlus) ya no pudo apartar los ojos de esos jóvenes secretarios que el embajador de X... en Francia, viejo recidivista, no había elegido al azar. El señor de Vaugoubert se callaba; yo veía únicamente sus miradas. Pero, acostumbrado desde mi infancia a prestar aún a lo mudo el lenguaje de los clásicos, le hacía decir a los ojos del señor de Vaugoubert los versos con los que Ester explica a Elisa que Mardoqueo ha insistido, por fidelidad a su religión, en colocar junto a la reina sólo a muchachas que pertenezcan a ella.
[div>Cependant son amour pour notre nation [br> A peuplé ce palais de filles de Sion, [br> Jeunes et tendres fleurs par le sort agitées, [br> Sous un ciel étranger comme moi transplantées[br> Dans un lieu séparé de profanes témoins, [br> Il (l′excellent ambassadeur) met à les former son étude et ses soins. [div>Cependant son amour pour notre nation [br> A peuplé ce palais de filles de Sion, [br> Jeunes et tendres fleurs par le sort agitées, [br> Sous un ciel étranger comme moi transplantées[br> Dans un lieu séparé de profanes témoins, [br> Il (l′excellent ambassadeur) met à les former son étude et ses soins.
[div>Cependant son amour pour notre nation [br> A peuplé ce palais de filles de Sion, [br> Jeunes et tendres fleurs par le sort agitées, [br> Sous un ciel étranger comme moi transplantées[br> Dans un lieu séparé de profanes témoins, [br> Il (l′excellent ambassadeur) met à les former son étude et ses soins. [div>Cependant son amour pour notre nation [br> A peuplé ce palais de filles de Sion, [br> Jeunes et tendres fleurs par le sort agitées, [br> Sous un ciel étranger comme moi transplantées[br> Dans un lieu séparé de profanes témoins, [br> Il (l′excellent ambassadeur) met à les former son étude et ses soins.
Enfin M. de Vaugoubert parla, autrement que par ses regards. «Qui sait, dit-il avec mélancolie, si, dans le pays où je réside, la même chose n′existe pas. — C′est probable, répondit M. de Charlus, à commencer par le roi Théodose, bien que je ne sache rien de positif sur lui. — Oh! pas du tout! — Alors il n′est pas permis d′en avoir l′air à ce point-là. Et il fait des petites manières. Il a le genre «ma chère», le genre que je déteste le plus. Je n′oserais pas me montrer avec lui dans la rue. Du reste, vous devez bien le connaître pour ce qu′il est, il est connu comme le loup blanc. — Vous vous trompez tout à fait sur lui. Il est du reste charmant. Le jour où l′accord avec la France a été signé, le Roi m′a embrassé. Je n′ai jamais été si ému. — C′était le moment de lui dire ce que vous désiriez. — Oh! mon Dieu, quelle horreur, s′il avait seulement un soupçon! Mais je n′ai pas de crainte à cet égard.» Paroles que j′entendis, car j′étais peu éloigné, et qui firent que je me récitai mentalement: Por fin el señor de Vaugoubert habló de otra manera que con sus miradas. “¡Quién sabe dijo con melancolía si en el país donde resido existe el mismo asunto!” “Es probable contestó el señor de Charlus, comenzando por el rey Teodosio, aunque no sé nada positivo acerca de él”. “¡Oh! No”. “Entonces no se debe aparentarlo hasta ese punto. Y tiene modales modositos. Tiene el estilo “querida mía”, el estilo que más odio. No me atrevería a andar con él por la calle. Además, debe conocerlo usted por lo que es, es más conocido que la ruda”. “Usted se equivoca completamente con él. Es encantador, por otra parte. El día que se firmó el tratado con Francia, el rey me abrazó. Nunca, sentí mayor emoción”. “Era el momento de decirle lo que usted deseaba”. “¡Oh, Dios mío! ¡Qué horror! Si solamente hubiese una sospecha. Pero nada temo a ese respecto”. Palabras que oí porque no estaba muy lejos y que me hicieron recitar mentalmente:
Le Roi jusqu′à ce jour ignore qui je suis,
Et ce secret toujours tient ma langue enchaînée.
Le Roi jusqu′à ce jour ignore qui je suis,
Et ce secret toujours tient ma langue enchaînée.
Ce dialogue, moitié muet, moitié parlé, n′avait duré que peu d′instants, et je n′avais encore fait que quelques pas dans les salons avec la duchesse de Guermantes quand une petite dame brune, extrêmement jolie, l′arrêta: Ese diálogo, a medias silencioso y a medias hablado, duró pocos instantes, y apenas había dado algunos pasos por los salones con la duquesa de Guermantes, la detuvo una señora, pequeña, morocha y extremadamente bonita:
«Je voudrais bien vous voir. D′Annunzio vous a aperçue d′une loge, il a écrit à la princesse de T . . . une lettre où il dit qu′il n′a jamais rien vu de si beau. Il donnerait toute sa vie pour dix minutes d′entretien avec vous. En tout cas, même si vous ne pouvez pas ou ne voulez pas, la lettre est en ma possession. Il faudrait que vous me fixiez un rendez-vous. Il y a certaines choses secrètes que je ne puis dire ici. Je vois que vous ne me reconnaissez pas, ajouta-t-elle en s′adressant à moi; je vous ai connu chez la princesse de Parme (chez qui je n′étais jamais allé). L′empereur de Russie voudrait que votre père fût envoyé à Pétersbourg. Si vous pouviez venir mardi, justement Isvolski sera là, il en parlerait avec vous. J′ai un cadeau à vous faire, chérie, ajouta-t-elle en se tournant vers la duchesse, et que je ne ferais à personne qu′à vous. Les manuscrits de trois pièces d′Ibsen, qu′il m′a fait porter par son vieux garde-malade. J′en garderai une et vous donnerai les deux autres.» “Quiero hablar con usted. D′Annunzio la ha visto desde un palco y escribió una carta a la princesa de T... donde le dice que nunca vio nada tan hermoso. Daría toda su vida por diez minutos de conversación con usted. De cualquier modo, aunque usted no pueda o no quiera, la carta está en mi poder. Tendría que fijarme usted una cita. Hay cosas secretas que no puedo decirle aquí. Veo que no me reconoce agregó, dirigiéndose a mí; lo he conocido en casa de la princesa de Parma (a cuya casa nunca había ido). El emperador de Rusia quisiera que enviaran a su padre a Petersburgo. Si pudiera venir el martes, justamente ese día estará Isvolski y podría hablar con usted. Tengo que hacerle un regalo, querida agregó volviéndose a la duquesa, que no le haría a nadie sino a usted. Los manuscritos de tres piezas de Ibsen que me mandó con su anciano enfermero. Guardaré una y le daré las dos restantes.
Le duc de Guermantes n′étais pas enchanté de ces offres. Incertain si Ibsen ou d′Annunzio étaient morts ou vivants, il voyait déjà des écrivains, des dramaturges allant faire visite à sa femme et la mettant dans leurs ouvrages. Les gens du monde se représentent volontiers les livres comme une espèce de cube dont une face est enlevée, si bien que l′auteur se dépêche de «faire entrer» dedans les personnes qu′il rencontre. C′est déloyal évidemment, et ce ne sont que des gens de peu. Certes, ce ne serait pas ennuyeux de les voir «en passant», car grâce à eux, si on lit un livre ou un article, on connaît «le dessous des cartes», on peut «lever les masques». Malgré tout, le plus sage est de s′en tenir aux auteurs morts. M. de Guermantes trouvait seulement «parfaitement convenable» le monsieur qui faisait la nécrologie dans le Gaulois. Celui-là, du moins, se contentait de citer le nom de M. de Guermantes en tête des personnes remarquées «notamment» dans les enterrements où le duc s′était inscrit. Quand ce dernier préférait que son nom ne figurât pas, au lieu de s′inscrire il envoyait une lettre de condoléances à la famille du défunt en l′assurant de ses sentiments bien tristes. Que si cette famille faisait mettre dans le journal: «Parmi les lettres reçues, citons celle du duc de Guermantes, etc.», ce n′était pas la faute de l′échotier, mais du fils, frère, père de la défunte, que le duc qualifiait d′arrivistes, et avec qui il était désormais décidé à ne plus avoir de relations (ce qu′il appelait, ne sachant pas bien le sens des locutions, «avoir maille à partir»). Toujours est-il que les noms d′Ibsen et d′Annunzio, et leur survivance incertaine, firent se froncer les sourcils du duc, qui n′était pas encore assez loin de nous pour ne pas avoir entendu les amabilités diverses de Mme Timoléon d′Amoncourt. C′était une femme charmante, d′un esprit, comme sa beauté, si ravissant, qu′un seul des deux eût réussi à plaire. Mais, née hors du milieu où elle vivait maintenant, n′ayant aspiré d′abord qu′à un salon littéraire, amie successivement — nullement amante, elle était de moeurs fort pures — et exclusivement de chaque grand écrivain qui lui donnait tous ses manuscrits, écrivait des livres pour elle, le hasard l′ayant introduite dans le faubourg Saint–Germain, ces privilèges littéraires l′y servirent. Elle avait maintenant une situation à n′avoir pas à dispenser d′autres grâces que celles que sa présence répandait. Mais habituée jadis à l′entregent, aux manèges, aux services à rendre, elle y persévérait bien qu′ils ne fussent plus nécessaires. Elle avait toujours un secret d′État à vous révéler, un potentat à vous faire connaître, une aquarelle de maître à vous offrir. Il y avait bien dans tous ces attraits inutiles un peu de mensonge, mais il faisaient de sa vie une comédie d′une complication scintillante et il était exact qu′elle faisait nommer des préfets et des généraux. El duque de Guermantes no estaba encantado de esos ofrecimientos. Ignoraba a ciencia cierta si Ibsen o D′Annunzio estaban muertos o vivos; ya veía a escritores y dramaturgos que visitaban a su mujer y la hacían figurar en sus obras. La gente de sociedad se representa habitualmente a los libros como una especie de cubo, una de cuyas caras está levantada, de manera que el autor se apresura para “hacer entrar” a las personas que encuentra. Lo que es evidentemente desleal y por eso se trata de gente de poca monta. Cierto que no sería aburrido verlos “al pasar”, porque gracias a ellos, si uno lee un libro o un artículo, conoce “el dorso de los naipes” y se pueden “quitar las máscaras”. A pesar de todo, lo más juicioso consiste en atenerse a los autores muertos. Al señor de Guermantes sólo le parecía “perfectamente conveniente” el caballero que escribía la sección necrológica del Gaulois. Ése por lo menos se contentaba con citar el nombre del señor de Guermantes entre las personas advertidas especialmente en los entierros donde figuraba inscripto el duque. Cuando este último prefería que no figurase su nombre, en lugar de inscribirse, enviaba una carta de condolencia a la familia del difunto dándole seguridades acerca de sus sentimientos particularmente tristes. Si esa familia insertaba en el diario: “entre las cartas recibidas citemos la del duque de Guermantes, etc.”, no era culpa del cronista, sino del hijo, hermano o padre de la difunta que el duque calificaba de arribistas y con quienes decidía en lo sucesivo no tener más relaciones (lo que él llamaba, por no conocer con precisión el sentido de las locuciones, tener que discutir con alguien). Así es como los nombres de Ibsen yde D′Annunzio ysu supervivencia insegura hicieron fruncir el ceño al duque, que aún no estaba lo suficientemente lejos de nosotros como para no haber oído las distintas amabilidades de la señora Timoléon d′Amoncourt. Era una mujer encantadora, con un ingenio y una belleza tan agradables que uno solo de ellos le hubiese bastado para gustar. Pero, nacida fuera del medio en que ahora vivía, no había deseado primero más que un salón literario, y amiga sucesivamente de ninguna manera amante, ya que sus costumbres eran muy puras y exclusivamente de cada gran escritor que le daba todos sus manuscritos y le dedicaba libros, se introdujo por azar en el barrio de Saint- Germain, para lo que le fueron útiles esos privilegios literarios. Tenía ahora una situación como para no prodigar más encantos que los que derramaba su presencia. Pero, acostumbrada ya a las maniobras, a los manejos y a prestar servicios, continuaba haciéndolo, aunque ya no le fuese necesario. Siempre tenía un secreto de Estado para revelarle a uno, un potentado que presentarle, la acuarela de algún maestro para ofrecerle. Es verdad que había en todos esos atractivos inútiles una parte de mentira, pero hacían de su existencia una comedia de reluciente complicación y era exacto que tenía el poder de nombrar prefectos y generales.
Tout en marchant à côté de moi, la duchesse de Guermantes laissait la lumière azurée de ses yeux flotter devant elle, mais dans le vague, afin d′éviter les gens avec qui elle ne tenait pas à entrer en relations, et dont elle devinait parfois, de loin, l′écueil menaçant. Nous avancions entre une double haie d′invités, lesquels, sachant qu′ils ne connaîtraient jamais «Oriane», voulaient au moins, comme une curiosité, la montrer à leur femme: «Ursule, vite, vite, venez voir Madame de Guermantes qui cause avec ce jeune homme.» Et on sentait qu′il ne s′en fallait pas de beaucoup pour qu′ils fussent montés sur des chaises, pour mieux voir, comme à la revue du juillet ou au Grand Prix. Ce n′est pas que la duchesse de Guermantes eût un salon plus aristocratique que sa cousine. Chez la première fréquentaient des gens que la seconde n′eût jamais voulu inviter, surtout à cause de son mari. Jamais elle n′eût reçu Mme Alphonse de Rothschild, qui, intime amie de Mme de la Trémoe et de Mme de Sagan, comme Oriane elle-même, fréquentait beaucoup chez cette dernière. Il en était encore de même du baron Hirsch, que le prince de Galles avait amené chez elle, mais non chez la princesse à qui il aurait déplu, et aussi de quelques grandes notoriétés bonapartistes ou même républicaines, qui intéressaient la duchesse mais que le prince, royaliste convaincu, n′eût pas voulu recevoir. Son antisémitisme, étant aussi de principe, ne fléchissait devant aucune élégance, si accréditée fût-elle, et s′il recevait Swann dont il était l′ami de tout temps, étant d′ailleurs le seul des Guermantes qui l′appelât Swann et non Charles, c′est que, sachant que la grand′mère de Swann, protestante mariée à un juif, avait été la maîtresse du duc de Berri, il essayait, de temps en temps, de croire à la légende qui faisait du père de Swann un fils naturel du prince. Dans cette hypothèse, laquelle était d′ailleurs fausse, Swann, fils d′un catholique, fils lui-même d′un Bourbon et d′une catholique, n′avait rien que de chrétien. Mientras caminaba a mi lado, la duquesa de Guermantes dejaba flotar delante de sí la luz azulada de sus ojos, pero vagamente, con el objeto de evitar a aquella gente cuyo trato no le interesaba y cuyo escollo amenazador adivinaba de lejos. Avanzábamos entre una doble fila de invitados que, al saber que nunca conocerían a Oriana, querían por lo menos enseñársela como curiosidad a su mujer: “Ursula, pronto, pronto, venga a ver a la señora de Guermantes, que conversa con ese joven”. Y se advertía que por poco se trepaban a una silla para verla mejor, como en el desfile del de Julio o el Gran Premio. Y no es que la duquesa de Guermantes tuviese un salón más aristocrático que su prima. Frecuentaban la casa de la primera personas que la segunda nunca habría querido invitar, sobre todo por su marido. Nunca recibiría a la señora de Alfonso de Rothsehild, intima amiga de la señora de la Trémoille y de la señora de Sagan, como la misma Oriana, que la frecuentaba mucho. Lo mismo sucedía con el barón de Hirsch, que el príncipe de Gales había llevado a su casa, pero no a la de la princesa, a quien hubiera disgustado, y lo mismo con algunas grandes notabilidades bonapartistas y aun republicanas que interesaban mas a la duquesa, pero que el príncipe, convencido realista, no quería recibir. Su antisemitismo, que también provenía de principios, no se doblegaba ante ninguna elegancia por acreditada que fuese, y si recibía a Swann, su amigo de siempre era, por otra parte, el único de los Guermantes que lo llamase Swann y no Carlos, es porque sabía que la abuela de Swann, protestante casada con un judío, había sido la querida del duque de Berri, y trataba de creer, a veces, en la leyenda que suponía al padre de Swann hijo natural del príncipe. Según esa hipótesis, por otra parte falsa, Swann, hijo de un católico, hijo él mismo de un Borbón y de una católica, era completamente cristiano.
«Comment, vous ne connaissez pas ces splendeurs», me dit la duchesse, en me parlant de l′hôtel où nous étions. Mais après avoir célébré le «palais» de sa cousine, elle s′empressa d′ajouter qu′elle préférait mille fois «son humble trou». «Ici, c′est admirable pour visiter. Mais je mourrais de chagrin s′il me fallait rester à coucher dans des chambres où ont eu lieu tant d′événements historiques. Ça me ferait l′effet d′être restée après la fermeture, d′avoir été oubliée, au château de Blois, de Fontainebleau ou même au Louvre, et d′avoir comme seule ressource contre la tristesse de me dire que je suis dans la chambre où a été assassiné Monaldeschi. Comme camomille, c′est insuffisant. Tiens, voilà Mme de Saint–Euverte. Nous avons dîné tout à l′heure chez elle. Comme elle donne demain sa grande machine annuelle, je pensais qu′elle serait allée se coucher. Mais elle ne peut pas rater une fête. Si celle-ci avait eu lieu à la campagne, elle serait montée sur une tapissière plutôt que de ne pas y être allée.» “¿Cómo? ¿No conoce usted esos esplendores?”, me dijo la duquesa hablándome de la casa en donde estábamos. Pero, después de haber exaltado el palacio de su prima, agregó presurosa que prefería mil veces su humilde casucha. “Esto es admirable para hacer visitas. Pero me moriría de pena sí tuviese que acostarme en esos cuartos donde han pasado tantos acontecimientos históricos. Tendría la impresión de haberme quedado después de la clausura o haber sido olvidada en el castillo de Blois, de Fontainebleau, hasta en el Louvre y como único recurso contra la tristeza asegurarme que estoy en el cuarto donde ha sido asesinado Monaldeschi. Como calmante es insuficiente. Vamos, ahí está la señora de Saint-Euverte. Hemos cenado con ella hace un rato. Supuse que ya se había acostado, ya que mañana realiza su gran aparato anual. Pero no puede fallar una fiesta. Si ésta tuviera lugar en el campo, treparía a una carreta con tal de no perderla”.
En réalité, Mme de Saint–Euverte était venue, ce soir, moins pour le plaisir de ne pas manquer une fête chez les autres que pour assurer le succès de la sienne, recruter les derniers adhérents, et en quelque sorte passer in extremis la revue des troupes qui devaient le lendemain évoluer brillamment à sa garden-party. Car, depuis pas mal d′années, les invités des fêtes Saint–Euverte n′étaient plus du tout les mêmes qu′autrefois. Les notabilités féminines du milieu Guermantes, si clairsemées alors, avaient — comblées de politesses par la maîtresse de la maison — amené peu à peu leurs amies. En même temps, par un travail parallèlement progressif, mais en sens inverse, Mme de Saint–Euverte avait d′année en année réduit le nombre des personnes inconnues au monde élégant. On avait cessé de voir l′une, puis l′autre. Pendant quelque temps fonctionna le système des «fournées», qui permettait, grâce à des fêtes sur lesquelles on faisait le silence, de convier les réprouvés à venir se divertir entre eux, ce qui dispensait de les inviter avec les gens de bien. De quoi pouvaient-ils se plaindre? N′avaient-ils pas panem et circenses, des petits fours et un beau programme musical? Aussi, en symétrie en quelque sorte avec les deux duchesses en exil, qu′autrefois, quand avait débuté le salon Saint–Euverte, on avait vues en soutenir, comme deux cariatides, le faîte chancelant, dans les dernières années on ne distingua plus, mêlées au beau monde, que deux personnes hétérogènes: la vieille Mme de Cambremer et la femme à belle voix d′un architecte à laquelle on était souvent obligé de demander de chanter. Mais ne connaissant plus personne chez Mme de Saint–Euverte, pleurant leurs compagnes perdues, sentant qu′elles gênaient, elles avaient l′air prêtes à mourir de froid comme deux hirondelles qui n′ont pas émigré à temps. Aussi l′année suivante ne furent-elles pas invitées; Mme de Franquetot tenta une démarche en faveur de sa cousine qui aimait tant la musique. Mais comme elle ne put pas obtenir pour elle une réponse plus explicite que ces mots: «Mais on peut toujours entrer écouter de la musique si ça vous amuse, ça n′a rien de criminel!» Mme de Cambremer ne trouva pas l′invitation assez pressante et s′abstint. En realidad, la señora de Saint-Euverte había asistido esa noche no tanto por el placer de no faltar a una fiesta ajena como para asegurar su propio éxito, reclutar los últimos adherentes y en cierto modo pasar revista in extremis a las tropas que al día siguiente evolucionarían brillantemente en su garden-party. Porque desde hacía muchos años, los invitados de las fiestas de Saint-Euverte ya no eran en lo mínimo los mismos de antes. Las notabilidades femeninas del medio Guermantes, entonces tan dispersas, habían traído poco a poco a sus amigas, colmadas de cortesías por la dueña de la casa. Al mismo tiempo, con un trabajo paralelamente progresivo, pero en sentido inverso, la señora de Saint-Euverte redujo de año en año el número de personas desconocidas para el mundo elegante. Habían dejado de ver a una y luego a otra. Durante algún tiempo funcionó el sistema de las “hornadas”, que permitía, gracias a algunas fiestas silenciadas, invitar a los reprobados para que se divirtiesen entre ellos, lo que evitaba invitarlos con la gente bien. ¿De qué podían quejarse? ¿No tenían acaso (panem et circenses) masas yun hermoso programa musical? Por ello, en cierto modo simétricamente con las dos duquesas exiladas. que, al debutar el salón Saint-Euverte, sostenían como dos cariátides su techo vacilante, en los últimos años ya no se vio incorporadas a la buena sociedad más que a dos personas heterogéneas: la vieja señora de Cambremer y la esposa con hermosa voz de un arquitecto, a la que a menudo debía pedírsele que cantara. Pero como no conocían ya a nadie en lo de la señora de Saint-Euverte, lamentando a las compañeras perdidas y advirtiendo que molestaban, parecían a punto de morirse de frío como dos golondrinas que no han emigrado a tiempo. Por eso no las invitaron al año siguiente; la señora de Franquetot ensayó un trámite a favor de su prima, a quien tanto gustaba la música. Pero, como no pudo obtener una respuesta más explícita que esas palabras: “-Pero uno puede siempre oír música, si le gusta; no tiene nada de malo”, a la señora de Cambremer no le pareció esa invitación lo suficientemente insistente, y se abstuvo.
Une telle transmutation, opérée par Mme de Saint–Euverte, d′un salon de lépreux en un salon de grandes dames (la dernière forme, en apparence ultra-chic, qu′il avait prise), on pouvait s′étonner que la personne qui donnait le lendemain la fête la plus brillante de la saison eût eu besoin de venir la veille adresser un suprême appel à ses troupes. Mais c′est que la prééminence du salon Saint–Euverte n′existait que pour ceux dont la vie mondaine consiste seulement à lire le compte rendu des matinées et soirées, dans le Gaulois ou le Figaro, sans être jamais allés à aucune. A ces mondains qui ne voient le monde que par le journal, l′énumération des ambassadrices d′Angleterre, d′Autriche, etc.; des duchesses d′Uzès, de La Trémoe, etc., etc., suffisait pour qu′ils s′imaginassent volontiers le salon Saint–Euverte comme le premier de Paris, alors qu′il était un des derniers. Non que les comptes rendus fussent mensongers. La plupart des personnes citées avaient bien été présentes. Mais chacune était venue à la suite d′implorations, de politesses, de services, et en ayant le sentiment d′honorer infiniment Mme de Saint–Euverte. De tels salons, moins recherchés que fuis, et où on va pour ainsi dire en service commandé, ne font illusion qu′aux lectrices de «Mondanités». Elles glissent sur une fête vraiment élégante, celle-là où la maîtresse de la maison, pouvant avoir toutes les duchesses, lesquelles brûlent d′être «parmi les élus», ne demandent qu′à deux ou trois, et ne font pas mettre le nom de leurs invités dans le journal. Aussi ces femmes, méconnaissant ou dédaignant le pouvoir qu′a pris aujourd′hui la publicité, sont-elles élégantes pour la reine d′Espagne, mais, méconnues de la foule, parce que la première sait et que la seconde ignore qui elles sont. Con tal transmutación operada por la señora de Saint-Euverte, de un salón de leprosos a un salón de grandes señoras (la última forma que tomara, en apariencia ultraelegante), podía uno extrañarse que quien daba al día siguiente la fiesta más brillante de la estación necesitase dirigir antes un supremo llamado a sus ejércitos. Pero es que la preeminencia del salón Saint- Euverte no existía más que para aquellos cuya vida social sólo consiste en leer los resúmenes de las veladas y las fiestas en el Gaulois o el Fígaro, sin asistir jamás a ninguna. Para esos mundanos que no ven otro mundo que el del diario, la enumeración de las embajadoras de Inglaterra, Austria, etc., de las duquesas de Uzés, de la Trémoille, etc., bastaba para imaginarse de buenas ganas el salón Saint-Euverte como el primero de París, aunque era uno de los últimos. Y no es que engañaran las crónicas. En su mayor parte, las personas nombradas estuvieron presentes. Pero cada una había asistido a raíz de imploraciones, cortesías yfavores ycon la sensación de honrar infinitamente a la señora de Saint-Euverte. Semejantes salones, más rehuidos que codiciados y a los que uno va, por decirlo así, como de encargo, no ilusionan más que a las lectoras de Mundanidades. No identifican una fiesta verdaderamente elegante, aquella en que la dueña de casa puede reunir todas las duquesas, las que arden en deseos de estar entre “los elegidos” y hacen omitir el nombre de sus invitados en el diario. Por eso, tales mujeres, que desconocen o desdeñan el poder que actualmente adquirió la publicidad, son elegantes para la reina de España, pero desconocidas por la muchedumbre, porque la primera sabe y la segunda ignora de quiénes se trata.
Mme de Saint–Euverte n′était pas de ces femmes, et en bonne butineuse elle venait cueillir pour le lendemain tout ce qui était invité. M. de Charlus ne l′était pas, il avait toujours refusé d′aller chez elle. Mais il était brouillé avec tant de gens, que Mme de Saint–Euverte pouvait mettre cela sur le compte du caractère. La señora de Saint-Euverte no era una mujer de esas, y como buena cosechadora venía a recoger para el día siguiente todo lo que invitara antes. El señor de Charlus no estaba; siempre había rehusado ir a su casa. Pero estaba disgustado con tanta gente que la señora de Saint-Euverte podía colocarlo a cuenta de su carácter.
Certes, s′il n′y avait eu là qu′Oriane, Mme de Saint–Euverte eût pu ne pas se déranger, puisque l′invitation avait été faite de vive voix, et d′ailleurs acceptée avec cette charmante bonne grâce trompeuse dans l′exercice de laquelle triomphent ces académiciens de chez lesquels le candidat sort attendri et ne doutant pas qu′il peut compter sur leur voix. Mais il n′y avait pas qu′elle. Le prince d′Agrigente viendrait-il? Et Mme de Durfort? Aussi, pour veiller au grain, Mme de Saint–Euverte avait-elle cru plus expédient de se transporter elle-même; insinuante avec les uns, impérative avec les autres, pour tous elle annonçait à mots couverts d′inimaginables divertissements qu′on ne pourrait revoir une seconde fois, et à chacun promettait qu′il trouverait chez elle la personne qu′il avait le désir, ou le personnage qu′il avait le besoin de rencontrer. Et cette sorte de fonction dont elle était investie pour une fois dans l′année — telles certaines magistratures du monde antique — de personne qui donnera le lendemain la plus considérable garden-party de la saison lui conférait une autorité momentanée. Ses listes étaient faites et closes, de sorte que, tout en parcourant les salons de la princesse avec lenteur pour verser successivement dans chaque oreille: «Vous ne m′oublierez pas demain», elle avait la gloire éphémère de détourner les yeux, en continuant à sourire, si elle apercevait un laideron à éviter ou quelque hobereau qu′une camaraderie de collège avait fait admettre chez «Gilbert», et duquel la présence à sa garden-party n′ajouterait rien. Elle préférait ne pas lui parler pour pouvoir dire ensuite: «J′ai fait mes invitations verbalement, et malheureusement je ne vous ai pas rencontré.» Ainsi elle, simple Saint–Euverte, faisait-elle de ses yeux fureteurs un «tri» dans la composition de la soirée de la princesse. Et elle se croyait, en agissant ainsi, une vraie duchesse de Guermantes. En verdad que si ahí no estuviese más que Oriana, la señora de Saint-Euverte podía no haberse molestado, ya que la invitación había sido hecha de viva voz y aceptada, por otra parte, con esa encantadora y engañadora buena voluntad en la que se especializan los académicos de cuya casa salen enternecidos los candidatos y sin dudar que pueden contar con sus votos. Pero ella no estaba sola. ¿Iría el príncipe de Agrigéne? ¿Y la señora de Durfort? Por eso, para cuidar su cosecha, la señora de Saint-Euverte creyó más expeditivo trasladarse personalmente, insinuante con unos, imperativa con los otros; a todos les anunciaba con medias palabras inimaginables diversiones que ya no volverían a verse, y a cada cual le prometía que encontraría en su casa a la persona que deseaba o al personaje necesario. Y esa especie de función que investía una vez al año como algunas magistraturas del mundo antiguo de persona que al día siguiente ofrecería el Carden Carden Carden Carden Carden Carden pparty ty más considerable, le confería una autoridad momentánea. Sus listas estaban ya hechas y cerradas, de manera que al recorrer los salones de la princesa para decir sucesivamente a cada oído: “No me olvidará usted mañana”, tenía la gloria efímera de desviar los ojos, sonriendo, si advertía a una fea que debía evitar o algún hidalgüelo que una camaradería de colegio había admitido en lo de “Gilbert”, y cuya presencia nada agregaría a su Carden Carden Carden Carden Carden Carden ppartyty. Prefería no hablarle, para poder decir luego: “Hice mis invitaciones verbalmente, y por desgracia no lo he encontrado”. Así ella, simple Saint-Euverte, efectuaba con sus ojos escrutadores una selección en la velada de la princesa. Y se creía, al obrar así, una verdadera duquesa de Guermantes.
Il faut dire que celle-ci n′avait pas non plus tant qu′on pourrait croire la liberté de ses bonjours et de ses sourires. Pour une part, sans doute, quand elle les refusait, c′était volontairement: «Mais elle m′embête, disait-elle, est-ce que je vais être obligée de lui parler de sa soirée pendant une heure?» Hay que decir que ésta no tenía en la medida que lo creyera uno, la libertad de sus saludos ni sus sonrisas. Por una parte, sin duda, cuando los rechazaba, lo hacía voluntariamente: “Pero me fastidia decía; ¿acaso tendré que hablarle de su velada durante una hora?”
On vit passer une duchesse fort noire, que sa laideur et sa bêtise, et certains écarts de conduite, avaient exilée non de la société, mais de certaines intimités élégantes. «Ah! susurra Mme de Guermantes, avec le coup d′oeil exact et désabusé du connaisseur à qui on montre un bijou faux, on reçoit ça ici!» Sur la seule vue de la dame à demi tarée, et dont la figure était encombrée de trop de grains de poils noirs, Mme de Guermantes cotait la médiocre valeur de cette soirée. Elle avait été élevée, mais avait cessé toutes relations avec cette dame; elle ne répondit à son salut que par un signe de tête des plus secs. «Je ne comprends pas, me dit-elle, comme pour s′excuser, que Marie–Gilbert nous invite avec toute cette lie. On peut dire qu′il y en a ici de toutes les paroisses. C′était beaucoup mieux arrangé chez Mélanie Pourtalès. Elle pouvait avoir le Saint–Synode et le Temple de l′Oratoire si ça lui plaisait, mais, au moins, on ne nous faisait pas venir ces jours-là.» Mais pour beaucoup, c′était par timidité, peur d′avoir une scène de son mari, qui ne voulait pas qu′elle reçût des artistes, etc. (Marie–Gilbert en protégeait beaucoup, il fallait prendre garde de ne pas être abordée par quelque illustre chanteuse allemande), par quelque crainte aussi à l′égard du nationalisme qu′en tant que, détenant, comme M. de Charlus, l′esprit des Guermantes, elle méprisait au point de vue mondain (on faisait passer maintenant, pour glorifier l′état-major, un général plébéien avant certains ducs) mais auquel pourtant, comme elle se savait cotée mal pensante, elle faisait de larges concessions, jusqu′à redouter d′avoir à tendre la main à Swann dans ce milieu antisémite. A cet égard elle fut vite rassurée, ayant appris que le Prince n′avait pas laissé entrer Swann et avait eu avec lui «une espèce d′altercation». Elle ne risquait pas d′avoir à faire publiquement la conversation avec «pauvre Charles» qu′elle préférait chérir dans le privé. Se vio pasar a una duquesa muy morena, exilada por su fealdad, su tontería y ciertas desviaciones de su conducta, no de la sociedad, pero sí de algunas intimidades elegantes. “¡Ah! susurró la señora de Guermantes con el golpe de vista exacto y desengañado del entendido a quien le enseñan una joya falsa, ¡pensar que recibo a eso aquí!” Sólo al ver a la dama semiaveriada, cuyo rostro sobrecargaban excesivos lunares con pelos negros, la señora de Guermantes cotizaba el mediocre valor de esa velada. Había sido cortés, pero interrumpió todas las relaciones con esa señora; no contestó a su saludo sino con una inclinación de cabeza de lo más seca. “No comprendo me dijo disculpándose cómo María Gilberta nos invita junto con toda esta morralla. Puede decirse que los hay de todas las parroquias. Estaba mucho mejor en casa de Melania Pourtalés. Ella invitaba al Santo Sínodo y al Templo del Oratorio, si le gustaba; pero por lo menos no nos invitaban esos días”. Pero casi todo era por timidez, por temor a una escena con su marido, que no quería que recibiera a artistas, etc. (“María-Gilbert” protegía a muchos de ellos; había que cuidarse de que no lo abordara a uno alguna ilustre cantatriz alemana); por cierto temor también con respecto al nacionalismo, al que, aunque detentara, como el señor de Charlus, el espíritu de los Guermantes, despreciaba desde el punto de vista mundano (ahora preferían, para glorificar al estado mayor, a un general plebeyo antes que a algunos duques); pero al que, sin embargo, como se sabía tan cotizada como mal pensada, hacía amplias concesiones, hasta llegar a temer estrecharle la mano a Swann en ese ambiente antisemita. A ese respecto pronto se tranquilizó al saber que el príncipe no había dejado entrar a Swann y tuviera con él algo así como un altercado. No arriesgaba una conversación pública con el pobre Carlos, al que prefería querer en privado.
— Et qu′est-ce encore que celle-là? s′écria Mme de Guermantes en voyant une petite dame l′air un peu étrange, dans une robe noire tellement simple qu′on aurait dit une malheureuse, lui faire, ainsi que son mari, un grand salut. Elle ne la reconnut pas et, ayant de ces insolences, se redressa comme offensée, et regarda sans répondre, d′un air étonné: «Qu′est-ce que c′est que cette personne, Basin?» demanda-t-elle d′un air étonné, pendant que M. de Guermantes, pour réparer l′impolitesse d′Oriane, saluait la dame et serrait la main du mari. «Mais, c′est Mme de Chaussepierre, vous avez été très impolie. — Je ne sais pas ce que c′est Chaussepierre. — Le neveu de la vieille mère Chanlivault. — Je ne connais rien de tout ça. Qui est la femme, pourquoi me salue-t-elle? — Mais, vous ne connaissez que ça, c′est la fille de Mme de Charleval, Henriette Montmorency. — Ah! mais j′ai très bien connu sa mère, elle était charmante, très spirituelle. Pourquoi a-t-elle épousé tous ces gens que je ne connais pas? Vous dites qu′elle s′appelle Mme de Chaussepierre?» dit-elle en épelant ce dernier mot d′un air interrogateur et comme si elle avait peur de se tromper. Le duc lui jeta un regard dur. «Cela n′est pas si ridicule que vous avez l′air de croire de s′appeler Chaussepierre! Le vieux Chaussepierre était le frère de la Charleval déjà nommée, de Mme de Sennecour et de la vicomtesse du Merlerault. Ce sont des gens bien. — Ah! assez, s′écria la duchesse qui, comme une dompteuse, ne voulait jamais avoir l′air de se laisser intimider par les regards dévorants du fauve. Basin, vous faites ma joie. Je ne sais pas où vous avez été dénicher ces noms, mais je vous fais tous mes compliments. Si j′ignorais Chaussepierre, j′ai lu Balzac, vous n′êtes pas le seul, et j′ai même lu Labiche. J′apprécie Chanlivault, je ne hais pas Charleval, mais j′avoue que du Merlerault est le chef-d′oeuvre. Du reste, avouons que Chaussepierre n′est pas mal non plus. Vous avez collectionné tout ça, ce n′est pas possible. Vous qui voulez faire un livre, me dit-elle, vous devriez retenir Charleval et du Merlerault. Vous ne trouverez pas mieux. — Il se fera faire tout simplement procès, et il ira en prison; vous lui donnez de très mauvais conseils, Oriane. — J′espère pour lui qu′il a à sa disposition des personnes plus jeunes s′il a envie de demander de mauvais conseils, et surtout de les suivre. Mais s′il ne veut rien faire de plus mal qu′un livre!» Assez loin de nous, une merveilleuse et fière jeune femme se détachait doucement dans une robe blanche, toute en diamants et en tulle. Madame de Guermantes la regarda qui parlait devant tout un groupe aimanté par sa grâce. “¿Quién será esta otra?”, preguntó la señora de Guermantes al ver a una señora pequeña, con aspecto algo extraño y un vestido negro tan sencillo que parecía una pobrecita, que le hacían ella ysu marido un gran saludo. No la reconoció, ycomo tenía a veces esas insolencias, se irguió ofendida y miró sin contestar, con expresión de asombro: “¿Quién es esa persona, Basin?”, inquirió extrañada, mientras el señor de Guermantes, para reparar la descortesía de Oriana, saludaba a la señora y le daba la mano al marido. “Pero es la señora de Chaussepierre; usted ha sido muy descortés”. “No sé qué es Chaussepierre”. “El sobrino de la vieja Chanlivault”. “No conozco nada de eso. ¿Quién es la mujer? ¿Por qué me saluda?” “Pero usted los conoce perfectamente; es la hija de la señora de Charleval, Enriqueta Montmorency”. “¡Ah!, pero conocí mucho a su madre; era encantadora y muy ingeniosa. ¿Por qué se ha casado con toda esa gente que no conozco? ¿Dice usted que se llama señora de Chaussepierre?”, dijo deletreando esa última palabra interrogativamente y como si temiera equivocarse. El duque la miró con dureza. “No es tan ridículo como usted supone llamarse Chaussepierre. El viejo Chaussepierre era hermano de la Charleval ya nombrada, de la señora de Sennecour y de la vizcondesa du Merlerault. Son gente muy bien”. “¡Ah!, basta exclamó la duquesa, que como los domadores, nunca quería parecer intimidada por las miradas devoradoras de la fiera. Basin, me hace usted reír. No sé de dónde ha sacado esos nombres, pero lo felicito. Si ignoraba a Chaussepierre, he leído a Balzac, no es usted el único, y hasta he leído a Labiche. Aprecio a Chanlivault y no odio a Charleval, pero confieso que du Merlerault es la obra maestra. Por otra parte, confesemos que Chaussepierre tampoco está mal. Usted los ha coleccionado; no es posible de otro modo. Usted, que quiere escribir un libro, me dijo, tendría que recordar: dar a Charleval y a du Merlerault. No encontrará nada mejor”. “Se hará procesar, es muy sencillo, e irá a parar a la cárcel; lo aconseja muy mal, Oriana”. “Espero para su bien que tenga a su disposición personas más jóvenes si desea malos consejos, y sobre todo si quiere seguirlos. ¡Pero si quiere solamente escribir un libro!” Bastante lejos de nosotros, una maravillosa y altiva mujer joven se destacaba suavemente en un vestido blanco, de tul y brillantes. La señora de Guermantes la miró mientras hablaba ante todo un grupo atraído por su gracia.
«Votre soeur est partout la plus belle; elle est charmante ce soir», dit-elle, tout en prenant une chaise, au prince de Chimay qui passait. Le colonel de Froberville (il avait pour oncle le général du même nom) vint s′asseoir à côté de nous, ainsi que M. de Bréauté, tandis que M. de Vaugoubert, se dandinant (par un excès de politesse qu′il gardait même quand il jouait au tennis où, à force de demander des permissions aux personnages de marque avant d′attraper la balle, il faisait inévitablement perdre la partie à son camp), retournait auprès de M. de Charlus (jusque-là quasi enveloppé par l′immense jupe de la comtesse Molé, qu′il faisait profession d′admirer entre toutes les femmes), et, par hasard, au moment où plusieurs membres d′une nouvelle mission diplomatique à Paris saluaient le baron. A la vue d′un jeune secrétaire à l′air particulièrement intelligent, M. de Vaugoubert fixa sur M. de Charlus un sourire où s′épanouissait visiblement une seule question. M. de Charlus eût peut-être volontiers compromis quelqu′un, mais se sentir, lui, compromis par ce sourire partant d′un autre et qui ne pouvait avoir qu′une signification, l′exaspéra. «Je n′en sais absolument rien, je vous prie de garder vos curiosités pour vous-même. Elles me laissent plus que froid. Du reste, dans le cas particulier, vous faites un impair de tout premier ordre. Je crois ce jeune homme absolument le contraire.» Ici, M. de Charlus, irrité d′avoir été dénoncé par un sot, ne disait pas la vérité. Le secrétaire eût, si le baron avait dit vrai, fait exception dans cette ambassade. Elle était, en effet, composée de personnalités fort différentes, plusieurs extrêmement médiocres, en sorte que, si l′on cherchait quel avait pu être le motif du choix qui s′était porté sur elles, on ne pouvait découvrir que l′inversion. En mettant à la tête de ce petit Sodome diplomatique un ambassadeur aimant au contraire les femmes avec une exagération comique de compère de revue, qui faisait manoeuvrer en règle son bataillon de travestis, on semblait avoir obéi à la loi des contrastes. Malgré ce qu′il avait sous les yeux, il ne croyait pas à l′inversion. Il en donna immédiatement la preuve en mariant sa soeur à un chargé d′affaires qu′il croyait bien faussement un coureur de poules. Dès lors il devint un peu gênant et fut bientôt remplacé par une Excellence nouvelle qui assura l′homogénéité de l′ensemble. D′autres ambassades cherchèrent à rivaliser avec celle-là, mais elles ne purent lui disputer le prix (comme au concours général, où un certain lycée l′a toujours) et il fallut que plus de dix ans se passassent avant que, des attachés hétérogènes s′étant introduits dans ce tout si parfait, une autre pût enfin lui arracher la funeste palme et marcher en tête. “Su hermana es en todos lados la más hermosa; esta noche está encantadora”, le dijo mientras tomaba una silla, al príncipe de Chimay, que pasaba. El coronel de Froberville (cuyo tío era general del mismo nombre) vino a sentarse a nuestro lado, así como el señor de Bréauté, mientras que el señor de Vaugoubert, contoneándose (por un exceso de cortesía que conservaba hasta para jugar al tennis y con la que, a fuerza de pedir permiso a los personajes notables antes de alcanzar la pelota, hacía perder inevitablemente el partido a su bando), volvía junto al señor de Charlus (hasta entonces casi envuelto en la inmensa pollera de la condesa de Molé, que hacía profesión de admirar entre todas las mujeres) y por casualidad, en el momento en que saludaban al barón varios miembros de una nueva misión diplomática en París. Al ver a un joven secretario de aspecto particularmente inteligente, el señor de Vaugoubert fijó sobre el señor de Charlus una sonrisa en la que florecía visiblemente una sola pregunta. El señor de Charlus hubiera comprometido de buenos ganas a alguien, pero que lo comprometiera a él esa sonrisa de otro, que no podía tener sino un significado, lo sacaba de quicio. “No sé absolutamente nada; le ruego que conserve su curiosidad para usted mismo. Me dejan más que frío. Por otra parte, en ese caso particular se equivoca usted de medio a medio. Creo que ese joven es precisamente lo contrario”. El señor de Charlus, irritado al haber sido denunciado por un tonto, no decía la verdad. El secretario hubiese sido una excepción en la embajada, si el barón dijese la verdad. Estaba, en efecto, compuesta por personalidades muy diferentes, algunas extremadamente mediocres, de manera que si se buscaba el motivo de la selección que se había operado en ellas, no podía descubrirse otro que la inversión. Al colocar al frente de ese pequeño Sodoma diplomático a un embajador que amaba por el contrario a las mujeres con una cómica exageración de galán de revista que hacía maniobrar a reglamento su batallón de disfrazados, parecía haberse seguido la ley de los contrastes. A pesar de lo que tenía a la vista, no creía en la inversión. Dio de ello una prueba inmediata al casar a su hermana con un encargado de negocios a quien suponía equivocadamente mujeriego. Desde entonces se hizo un poco molesto y pronto fue reemplazado por una nueva Excelencia que aseguró la homogeneidad del conjunto. Otras embajadas trataron de rivalizar con ella, pero no pudieron disputarle el premio (como en el concurso general, en que siempre lo obtiene determinado liceo) y transcurrieron más de diez años antes de que otro le arrancase la palma funesta y marchara a la cabeza; ya se habían infiltrado algunos agregados heterogéneos en ese todo tan perfecto.
Rassurée sur la crainte d′avoir à causer avec Swann, Mme de Guermantes n′éprouvait plus que de la curiosité au sujet de la conversation qu′il avait eue avec le maître de maison. «Savez-vous à quel sujet? demanda le duc à M. de Bréauté. — J′ai entendu dire, répondit celui-ci, que c′était à propos d′un petit acte que l′écrivain Bergotte avait fait représenter chez eux. C′était ravissant, d′ailleurs. Mais il paraît que l′acteur s′était fait la tête de Gilbert, que, d′ailleurs, le sieur Bergotte aurait voulu en effet dépeindre. — Tiens, cela m′aurait amusée de voir contrefaire Gilbert, dit la duchesse en souriant rêveusement. — C′est sur cette petite représentation, reprit M. de Bréauté en avançant sa mâchoire de rongeur, que Gilbert a demandé des explications à Swann, qui s′est contenté de répondre, ce que tout le monde trouva très spirituel: «Mais, pas du tout, cela ne vous ressemble en rien, vous êtes bien plus ridicule que ça!» Il paraît, du reste, reprit M. de Bréauté, que cette petite pièce était ravissante. Mme Molé y était, elle s′est énormément amusée. — Comment, Mme Molé va là? dit la duchesse étonnée. Ah! c′est Mémé qui aura arrangé cela. C′est toujours ce qui finit par arriver avec ces endroits-là. Tout le monde, un beau jour, se met à y aller, et moi, qui me suis volontairement exclue par principe, je me trouve seule à m′ennuyer dans mon coin.» Déjà, depuis le récit que venait de leur faire M. de Bréauté, la duchesse de Guermantes (sinon sur le salon Swann, du moins sur l′hypothèse de rencontrer Swann dans un instant) avait, comme on voit, adopté un nouveau point de vue. «L′explication que vous nous donnez, dit à M. de Bréauté le colonel de Froberville, est de tout point controuvée. J′ai mes raisons pour le savoir. Le Prince a purement et simplement fait une algarade à Swann et lui a fait assavoir, comme disaient nos pères, de ne plus avoir à se montrer chez lui, étant donné les opinions qu′il affiche. Et, selon moi, mon oncle Gilbert a eu mille fois raison, non seulement de faire cette algarade, mais aurait dû en finir il y a plus de six mois avec un dreyfusard avéré.» Tranquilizada acerca del temor de conversar con Swann, la señora de Guermantes no sentía sino curiosidad con respecto a la conversación que éste había tenido con el dueño de casa. “-¿Sabe usted a qué respecto?”, preguntó el duque al señor de Bréauté. “-He oído decir contestó éste que se trataba de un acto corto que el escritor Bergotte hizo representar en casa de ellos. Encantador, por otra parte. Pero parece que el actor se había caracterizado como Gilbert y que, además, ese señor Bergotte lo había querido copiar efectivamente”. “-Vaya, me hubiera divertido verlo imitar a Gilbert”, dijo la duquesa, sonriendo soñadoramente. “Con respecto a esa pequeña representación repuso el señor de Bréauté adelantando su mandíbula de roedor-, Gilbert ha pedido explicaciones a Swann, que se conformó contestando, lo que a todos les pareció muy ingenioso: “- Absolutamente, no se le parece en nada: usted es mucho más ridículo. Parece, por otra parte agregó el señor de Bréauté- que esa petipieza era encantadora. La señora de Molé estaba y se divirtió enormemente”. “¿Cómo, la señora de Molé los frecuenta?”, dijo la duquesa asombrada. ¡Ah!, Mémé debe de haberlo arreglado. Es lo que siempre acaba por suceder con esos lugares. Un buen día empiezan a frecuentarlos todos, y yo, que me he excluido voluntariamente por principio, me encuentro aburrida y sola en mi rincón”. A partir del relato que acababa de hacerles el señor de Bréauté, la duquesa de Guermantes (ya que no se refirió al salón de Swann por lo menos acerca de la hipótesis de encontrar a Swann dentro de un instante) había adoptado un nuevo punto de vista, como se ve. “La explicación que usted nos da dijo el coronel de Froberville al señor de Bréauté es completamente inventada. Tengo mis motivos para saberlo. El príncipe le ha promovido pura y sencillamente un altercado a Swann y le hizo saber, como decían nuestros padres, que no se enseñase más en su casa, dadas sus opiniones. Y según creo, mi tío Gilbert no sólo ha tenido mil veces razón al provocar este altercado, sino que debía haber terminado hace más de seis meses con este dreyfusista convicto”.
Le pauvre M. de Vaugoubert, devenu cette fois-ci de trop lambin joueur de tennis une inerte balle de tennis elle-même qu′on lance sans ménagements, se trouva projeté vers la duchesse de Guermantes, à laquelle il présenta ses hommages. Il fut assez mal reçu, Oriane vivant dans la persuasion que tous les diplomates — ou hommes politiques — de son monde étaient des nigauds. El pobre señor de Vaugoubert, convertido esta vez, de jugador de tenis remolón, en una inerte pelota que lanza uno sin miramientos, se encontró proyectado hacia la duquesa de Guermantes, a la que presentó sus homenajes. Fue bastante mal recibido, ya que Oriana vivía convencida de que todos los diplomáticos u hombres políticos de su mundo eran unos estúpidos.
M. de Froberville avait forcément bénéficié de la situation de faveur qui depuis peu était faite aux militaires dans la société. Malheureusement, si la femme qu′il avait épousée était parente très véritable des Guermantes, c′en était une aussi extrêmement pauvre, et comme lui-même avait perdu sa fortune, ils n′avaient guère de relations et c′étaient de ces gens qu′on laissait de côté, hors des grandes occasions, quand ils avaient la chance de perdre ou de marier un parent. Alors, ils faisaient vraiment partie de la communion du grand monde, comme les catholiques de nom qui ne s′approchent de la sainte Table qu′une fois l′an. Leur situation matérielle eût même été malheureuse si Mme de Saint–Euverte, fidèle à l′affection qu′elle avait eue pour feu le général de Froberville, n′avait pas aidé de toutes façons le ménage, donnant des toilettes et des distractions aux deux petites filles. Mais le colonel, qui passait pour un bon garçon, n′avait pas l′âme reconnaissante. Il était envieux des splendeurs d′une bienfaitrice qui les célébrait elle-même sans trêve et sans mesure. La garden-party était pour lui, sa femme et ses enfants, un plaisir merveilleux qu′ils n′eussent pas voulu manquer pour tout l′or du monde, mais un plaisir empoisonné par l′idée des joies d′orgueil qu′en tirait Mme de Saint–Euverte. L′annonce de cette garden-party dans les journaux qui, ensuite, après un récit détaillé, ajoutaient machiavéliquement: «Nous reviendrons sur cette belle fête», les détails complémentaires sur les toilettes, donnés pendant plusieurs jours de suite, tout cela faisait tellement mal aux Froberville, qu′eux, assez sevrés de plaisirs et qui savaient pouvoir compter sur celui de cette matinée, en arrivaient chaque année à souhaiter que le mauvais temps en gênât la réussite, à consulter le baromètre et à anticiper avec délices les prémices d′un orage qui pût faire rater la fête. El señor de Froberville se había beneficiado forzosamente de la situación dé favor que se les había hecho poco antes a los militares en la sociedad. Desgraciadamente, si la mujer con la que se había casado era verdaderamente parienta de los Guermantes, también era cierto que lo era ymuy pobre ycomo perdiera él mismo su fortuna, no tenían ya relaciones y eran gente que se dejaba a un lado fuera de las grandes ocasiones, cuando tenían la suerte de perder un pariente o casarlo. Entonces formaban verdaderamente parte de la comunión del gran mundo, como los católicos nominales que no se acercan al altar sino una vez por año. Su situación material pudo haber sido hasta desgraciada si la señora de Saint-Euverte, fiel al afecto por el difunto general de Froberville, no ayudara en toda forma al matrimonio, brindándoles vestidos y distracciones a las dos chiquillas. Pero el coronel, que pasaba por buen muchacho, no tenía un alma agradecida. Envidiaba los esplendores de una bienhechora que los celebraba ella misma sin tregua ni medida. El garden-party anual era para él, su mujer y sus hijos un placer maravilloso que no hubieran querido perder por todo el oro del mundo, pero un placer envenenado, por la idea de los regocijos de orgullo que extraería la señora de Saint-Euverte. El anuncio de ese gardenparty en los diarios que luego, después de un relato detallado, agregaban maquiavélicamente: “Volveremos a ocuparnos de esta hermosa fiesta” y los detalles complementarios sobre los vestidos durante varios días, todo eso les producía tanto daño a los Froberville que, bastante privados de placeres y sabiendo que contaban con el de esa fiesta, llegaban hasta desear cada año que el mal tiempo entorpeciese su éxito, consultando el barómetro y anticipando con deleite una tormenta que podría hacer fracasar la fiesta.
— Je ne discuterai pas politique avec vous, Froberville, dit M. de Guermantes, mais, pour ce qui concerne Swann, je peux dire franchement que sa conduite à notre égard a été inqualifiable. Patronné jadis dans le monde par nous, par le duc de Chartres, on me dit qu′il est ouvertement dreyfusard. Jamais je n′aurais cru cela de lui, de lui un fin gourmet, un esprit positif, un collectionneur, un amateur de vieux livres, membre du Jockey, un homme entouré de la considération générale, un connaisseur de bonnes adresses qui nous envoyait le meilleur porto qu′on puisse boire, un dilettante, un père de famille. Ah! j′ai été bien trompé. Je ne parle pas de moi, il est convenu que je suis une vieille bête, dont l′opinion ne compte pas, une espèce de va-nu-pieds, mais rien que pour Oriane, il n′aurait pas dû faire cela, il aurait dû désavouer ouvertement les Juifs et les sectateurs du condamné. No discutiré de política con usted, Froberville dijo el señor de Guermantes, pero, en lo que respecta a Swann, puedo decir francamente que su conducta con nosotros ha sido incalificable. Antaño bajo nuestro patrocinio y el del duque de Chartres en el mundo, me dicen que ahora es abiertamente partidario de Dreyfus. Nunca hubiera creído eso de él; él, un gastrónomo refinado, un espíritu positivo, un coleccionista, un enamorado de los libros antiguos, socio del Jockey, un hombre rodeado de la consideración general, conocedor de buenas direcciones, que nos mandaba el mejor oporto que pueda beberse, un dilettante, un padre de familia. ¡Ah! me he equivocado mucho. No hablo de mí; estamos de acuerdo en que soy un viejo tonto, cuya opinión no cuenta, una especie de andrajoso; pero, aunque no fuese más que por Oriana, no debía haberlo hecho y debió desautorizar abiertamente a los judíos y los sectarios del condenado.
«Oui, après l′amitié que lui a toujours témoignée ma femme, reprit le duc, qui considérait évidemment que condamner Dreyfus pour haute trahison, quelque opinion qu′on eût dans son for intérieur sur sa culpabilité, constituait une espèce de remerciement pour la façon dont on avait été reçu dans le faubourg Saint–Germain, il aurait dû se désolidariser. Car, demandez à Oriane, elle avait vraiment de l′amitié pour lui.» La duchesse, pensant qu′un ton ingénu et calme donnerait une valeur plus dramatique et sincère à ses paroles, dit d′une voix d′écolière, comme laissant sortir simplement la vérité de sa bouche et en donnant seulement à ses yeux une expression un peu mélancolique: «Mais c′est vrai, je n′ai aucune raison de cacher que j′avais une sincère affection pour Charles! — Là, vous voyez, je ne lui fais pas dire. Et après cela, il pousse l′ingratitude jusqu′à être dreyfusard!» “Sí, después de la amistad que siempre le ha demostrado mi mujer, debiera haberse separado repuso el duque, que consideraba evidentemente que condenar a Dreyfus por alta traición, sea cual fuere la opinión que se tuviese íntimamente acerca de su culpabilidad, constituía una especie de agradecimiento por la manera como había sido recibido en el barrio de Saint-Germain; porque, pregúntenle a Oriana: ella tenía verdadera amistad por él.” La duquesa, al pensar que un tono tranquilo e ingenuo daría más valor dramático a sus palabras, dijo con una voz de colegiala, como si dejara salir simplemente la verdad de su boca y dando sólo a sus ojos una expresión algo melancólica: “Pero es verdad: no tengo ningún motivo de ocultar que sentía un verdadero afecto por Carlos.” “Ahí tienen, ¿lo ven?, no la obligo a decirlo. Y después de esto lleva su ingratitud hasta ser dreyfusista.”
«A propos de dreyfusards, dis-je, il paraît que le prince Von l′est — Ah! vous faites bien de me parler de lui, s′écria M. de Guermantes, j′allais oublier qu′il m′a demandé de venir dîner lundi. Mais, qu′il soit dreyfusard ou non, cela m′est parfaitement égal puisqu′il est étranger. Je m′en fiche comme de colin-tampon. Pour un Français, c′est autre chose. Il est vrai que Swann est juif. Mais jusqu′à ce jour — excusez-moi, Froberville — j′avais eu la faiblesse de croire qu′un juif peut être Français, j′entends un juif honorable, homme du monde. Or Swann était cela dans toute la force du terme. Hé bien! il me force à reconnaître que je me suis trompé, puisqu′il prend parti pour ce Dreyfus (qui, coupable ou non, ne fait nullement partie de son milieu, qu′il n′aurait jamais rencontré) contre une société qui l′avait adopté, qui l′avait traité comme un des siens. Il n′y a pas à dire, nous nous étions tous portés garants de Swann, j′aurais répondu de son patriotisme comme du mien. Ah! il nous récompense bien mal. J′avoue que de sa part je ne me serais jamais attendu à cela. Je le jugeais mieux. Il avait de l′esprit (dans son genre, bien entendu). Je sais bien qu′il avait déjà fait l′insanité de son honteux mariage. Tenez, savez-vous quelqu′un à qui le mariage de Swann a fait beaucoup de peine? C′est à ma femme. Oriane a souvent ce que j′appellerai une affectation d′insensibilité. Mais au fond, elle ressent avec une force extraordinaire.» Mme de Guermantes, ravie de cette analyse de son caractère, l′écoutait d′un air modeste mais ne disait pas un mot, par scrupule d′acquiescer à l′éloge, surtout par peur de l′interrompre. M. de Guermantes aurait pu parler une heure sur ce sujet qu′elle eût encore moins bougé que si on lui avait fait de la musique. “A propósito de dreyfusistas dije: parece que también lo es el príncipe Von.” “¡Ah!”, hace usted bien en hablarme de él exclamó el señor de Guermantes. Iba a olvidarme que me invitó a cenar con él el lunes. Pero, que sea dreyfusista o no, me da lo mismo, ya que es extranjero. Me importa un rábano. Aunque para un francés es otra cosa. Verdad que Swann es judío. Pero hasta ese día discúlpeme, Froberville había tenido la debilidad de creer que un judío puede ser francés; entiendo por ello un judío honorable, hombre da mundo. Swann lo era en todo el sentido de la palabra. Y bien, me obliga a reconocer que me he equivocado, ya que se hace partidario de ese Dreyfus (que, culpable o no, no forma en ningún modo de su medio y al que nunca hubiera encontrado) contra una sociedad que lo habla adoptado, que lo había tratado como a uno de los suyos. Ni qué decirlo, nos habíamos constituido todos en fiadores de Swann, hasta responder de su patriotismo como del mío. ¡Ah, qué mal nos recompensa! Confieso que nunca lo hubiera esperado de él. Lo juzgaba mejor. Tenía ingenio (en su género, se entiende). Ya sé que había cometido la locura de su vergonzoso matrimonio. Ahí tienen: ¿saben ustedes a quién causó mucha pena el matrimonio de Swann? A mi mujer. Oriana tiene a menudo lo que yo llamaría una afectación de insensibilidad. Pero en el fondo siente las cosas con una fuerza extraordinaria.” La señora de Guermantes, encantada de ese análisis de su carácter, lo escuchaba modestamente, pero no decía una palabra, por escrúpulos de aceptar el elogio y sobre todo por temor a interrumpirlo. El señor de Guermantes podía hablar una hora sobre ese tema, que se hubiera movido menos que si le hubiesen hecho oír música.
«Hé bien! je me rappelle, quand elle a appris le mariage de Swann, elle s′est sentie froissée; elle a trouvé que c′était mal de quelqu′un à qui nous avions témoigné tant d′amitié. Elle aimait beaucoup Swann; elle a eu beaucoup de chagrin. N′est-ce pas Oriane?» Mme de Guermantes crut devoir répondre à une interpellation aussi directe sur un point de fait qui lui permettrait, sans en avoir l′air, de confirmer des louanges qu′elle sentait terminées. D′un ton timide et simple, et un air d′autant plus appris qu′il voulait paraître «senti», elle dit avec une douceur réservée: «C′est vrai, Basin ne se trompe pas. — Et pourtant ce n′était pas encore la même chose. Que voulez-vous, l′amour est l′amour quoique, à mon avis, il doive rester dans certaines bornes. J′excuserais encore un jeune homme, un petit morveux, se laissant emballer par les utopies. Mais Swann, un homme intelligent, d′une délicatesse éprouvée, un fin connaisseur en tableaux, un familier du duc de Chartres, de Gilbert lui-même!» Le ton dont M. de Guermantes disait cela était d′ailleurs parfaitement sympathique, sans ombre de la vulgarité qu′il montrait trop souvent. Il parlait avec une tristesse légèrement indignée, mais tout en lui respirait cette gravité douce qui fait le charme onctueux et large de certains personnages de Rembrandt, le bourgmestre Six par exemple. On sentait que la question de l′immoralité de la conduite de Swann dans l′Affaire ne se posait même pas pour le duc, tant elle faisait peu de doute; il en ressentait l′affliction d′un père voyant un de ses enfants, pour l′éducation duquel il a fait les plus grands sacrifices, ruiner volontairement la magnifique situation qu′il lui a faite et déshonorer, par des frasques que les principes ou les préjugés de la famille ne peuvent admettre, un nom respecté. Il est vrai que M. de Guermantes n′avait pas manifesté autrefois un étonnement aussi profond et aussi douloureux quand il avait appris que Saint–Loup était dreyfusard. Mais d′abord il considérait son neveu comme un jeune homme dans une mauvaise voie et de qui rien, jusqu′à ce qu′il se soit amendé, ne saurait étonner, tandis que Swann était ce que M. de Guermantes appelait «un homme pondéré, un homme ayant une position de premier ordre». Ensuite et surtout, un assez long temps avait passé pendant lequel, si, au point de vue historique, les événements avaient en partie semblé justifier la thèse dreyfusiste, l′opposition antidreyfusarde avait redoublé de violence, et de purement politique d′abord était devenue sociale. C′était maintenant une question de militarisme, de patriotisme, et les vagues de colère soulevées dans la société avaient eu le temps de prendre cette force qu′elles n′ont jamais au début d′une tempête. «Voyez-vous, reprit M. de Guermantes, même au point de vue de ses chers juifs, puisqu′il tient absolument à les soutenir, Swann a fait une boulette d′une portée incalculable. Il prouve qu′ils sont en quelque sorte forcés de prêter appui à quelqu′un de leur race, même s′ils ne le connaissent pas. C′est un danger public. Nous avons évidemment été trop coulants, et la gaffe que commet Swann aura d′autant plus de retentissement qu′il était estimé, même reçu, et qu′il était à peu près le seul juif qu′on connaissait. On se dira: Ab uno disce omnes.» (La satisfaction d′avoir trouvé à point nommé, dans sa mémoire, une citation si opportune éclaira seule d′un orgueilleux sourire la mélancolie du grand seigneur trahi.) “Y bien, recuerdo que cuando supo el casamiento de Swann se sintió herida; le pareció mal por parte de alguien a quien habíamos demostrado tanta amistad. Ella lo quería mucho a Swann: la apenó mucho. ¿Verdad, Oriana?”. La señora de Guermantes creyó que debía contestar una interpelación tan directa sobre un punto de hecho que le permitiría confirmar las alabanzas que advertía concluidas sin aparentarlo. Con tono tímido y un aire tanto más aprendido cuanto quería aparecer sentido, dijo con reservada dulzura: “Es verdad, Basin no se equivoca”. “F sin embargo, no era lo mismo. ¡Qué quieren ustedes, el amor es el amor aunque en mi opinión deba permanecer dentro de ciertos límites! Lo disculparía todavía a un joven, un mocosito, que se deja llevar por utopías. Pero Swann, un hombre inteligente de probada delicadeza, un fino entendido en cuadros, un familiar del duque de Chartres, de Gilbert mismo...” El tono con que lo decía el señor de Guermantes era, por otra parte, perfectamente simpático, sin rastros de esa vulgaridad que demostraba a menudo. Hablaba con una tristeza ligeramente indignada, pero todo en él indicaba esa dulce gravedad que hace el encanto untuoso y ancho de ciertos personajes de Rembrandt, el burgomaestre Six, por ejemplo. Se advertía que la cuestión de la conducta inmoral de Swann, en el Asunto, ni siquiera se le planteaba al duque, por no ofrecer dudas; experimentaba la aflicción de un padre que ve que uno de sus hijos por cuya educación ha hecho los mayores sacrificios arruina voluntariamente la magnífica situación que le ha creado y deshonra un nombre respetado con calaveradas intolerables para los principios o los prejuicios de la familia. Es verdad que el señor de Guermantes no había manifestado antes un asombro tan profundo y tan doloroso al saber que Saint-Loup era dreyfusista. Pero primeramente consideraba a su sobrino como un joven mal encaminado y del cual nada podía asombrar hasta que hubiera sentado cabeza, en tanto que Swann era lo que el señor de Guermantes llamaba “un hombre ponderado, un hombre que tiene una posición de primer orden”. Luego y por sobre todo, había pasado un tiempo bastante largo durante el cual, si, desde el punto de vista histórico, los acontecimientos parecieron justificar en parte la tesis dreyfusista, la oposición antidreyfusista duplicó su violencia y en lugar de puramente política, como era al principio, se había hecho social. Era ahora una cuestión de militarismo y patriotismo, y las olas de cólera levantadas en la sociedad habían tenido tiempo de adquirir esa fuerza que nunca tienen al comienzo de la tormenta. “Vea usted -repuso el señor de Guermantess-: aun desde el punto de vista de sus queridos judíos, ya que tiene tanto interés en sostenerlos, Swann ha cometido una tontería de alcance incalculable. Prueba que de alguna manera están obligados a prestar apoyo a alguien de su raza, aun sin conocerlo. Es un peligro público. Hemos sido evidentemente demasiado complacientes, y el error que comete Swann tendrá tanta más resonancia cuanto lo estimaban, lo recibían yera tal vez el único judío que se conocía. Uno dirá: Ab uno diste omnes. (La satisfacción de haber encontrado oportunamente en su memoria una cita tan precisa iluminó con una sonrisa orgullosa la melancolía del gran señor traicionado.)
J′avais grande envie de savoir ce qui s′était exactement passé entre le Prince et Swann et de voir ce dernier, s′il n′avait pas encore quitté la soirée. «Je vous dirai, me répondit la duchesse, à qui je parlais de ce désir, que moi je ne tiens pas excessivement à le voir parce qu′il paraît, d′après ce qu′on m′a dit tout à l′heure chez Mme de Saint–Euverte, qu′il voudrait avant de mourir que je fasse la connaissance de sa femme et de sa fille. Mon Dieu, ce me fait une peine infinie qu′il soit malade, mais d′abord j′espère que ce n′est pas aussi grave que ça. Et puis enfin ce n′est tout de même pas une raison, parce que ce serait vraiment trop facile. Un écrivain sans talent n′aurait qu′à dire: «Votez pour moi à l′Académie parce que ma femme va mourir et que je veux lui donner cette dernière joie.» Il n′y aurait plus de salons si on était obligé de faire la connaissance de tous les mourants. Mon cocher pourrait me faire valoir: «Ma fille est très mal, faites-moi recevoir chez la princesse de Parme.» J′adore Charles, et cela me ferait beaucoup de chagrin de lui refuser, aussi est-ce pour cela que j′aime mieux éviter qu′il me le demande. J′espère de tout mon coeur qu′il n′est pas mourant, comme il le dit, mais vraiment, si cela devait arriver, ce ne serait pas le moment pour moi de faire la connaissance de ces deux créatures qui m′ont privée du plus agréable de mes amis pendant quinze ans, et qu′il me laisserait pour compte une fois que je ne pourrais même pas en profiter pour le voir lui, puisqu′il serait mort!» Tenía muchos deseos de saber lo que sucediera exactamente entre el príncipe ySwann, yver a este último si todavía no había dejado la fiesta. “Le diré me contestó la duquesa, a quien hablaba de ese deseo que no tengo excesivo interés en verlo, porque parece, según lo que acaban de decirme en lo de la señora Saint-Euverte, que antes de morir quisiera que yo conociera a su mujer y a su hija. ¡Dios mío!, me causa una pena infinita que esté enfermo, pero ante todo espero que no sea tan grave. Y además no es un verdadero motivo, porque de otro modo sería demasiado fácil. Un escritor sin talento no tendría más que decir: vótenme para la Academia, porque mi mujer va a morir y quiero darle esta última alegría. No habría más salones si uno debiese conocer a todos los moribundos. Mi cochero podría hacer valer: .Mi hija está muy mal, haga que me reciba la princesa de Parma. Adoro a Carlos y me apenaría mucho rechazárselo, por eso prefiero evitar que me lo pida. Supongo de todo corazón que no está a punto de morir, como lo dice; pero, verdaderamente, si debiera suceder, no sería ese el momento indicado de conocer a esas dos criaturas que me han privado del más agradable de los amigos durante quince años, y que me dejarían plantada una vez que ni siquiera pudiera aprovechar para verlo, ya que se habría muerto”.
Mais M. de Bréauté n′avait cessé de ruminer le démenti que lui avait infligé le colonel de Froberville. Pero el señor de Bréauté no había dejado de rumiar el desmentido que le infligiera el coronel de Froberville.
— Je ne doute pas de l′exactitude de votre récit, mon cher ami, dit-il, mais je tenais le mien de bonne source. C′est le prince de La Tour d′Auvergne qui me l′avait narré. “No dudo de la exactitud de su relato, querido amigo dijo; pero tengo el mío de buena fuente. Es el príncipe de la Tour d′Auvergne quien me lo ha contado”.
— Je m′étonne qu′un savant comme vous dise encore le prince de La Tour d′Auvergne, interrompit le duc de Guermantes, vous savez qu′il ne l′est pas le moins du monde. Il n′y a plus qu′un seul membre de cette famille: c′est l′oncle d′Oriane, le duc de Bouillon. “Me asombra que un sabio como usted diga todavía el príncipe de la Tour d′Auvergne interrumpió el duque de Guermantes; usted sabe que no lo es en modo alguno. No hay más que un solo miembro de esa familia. Es el tío de Oriana, el duque de Bouillon”.
— Le frère de Mme de Villeparisis? demandai-je, me rappelant que celle-ci était une demoiselle de Bouillon. “¿El hermano de la señora de Villeparisis? pregunté yo, recordando que ésta era una señorita de Bouillon.
— Parfaitement. Oriane, Mme de Lambresac vous dit bonjour. Perfectamente. Oriana, la señora de Lambresac la está saludando”.
En effet, on voyait par moments se former et passer comme une étoile filante un faible sourire destiné par la duchesse de Lambresac à quelque personne qu′elle avait reconnue. Mais ce sourire, au lieu de se préciser en une affirmation active, en un langage muet mais clair, se noyait presque aussitôt en une sorte d′extase idéale qui ne distinguait rien, tandis que la tête s′inclinait en un geste de bénédiction béate rappelant celui qu′incline vers la foule des communiantes un prélat un peu ramolli. Mme de Lambresac ne l′était en aucune façon. Mais je connaissais déjà ce genre particulier de distinction désuète. A Combray et à Paris, toutes les amies de ma grand′mère avaient l′habitude de saluer, dans une réunion mondaine, d′un air aussi séraphique que si elles avaient aperçu quelqu′un de connaissance à l′église, au moment de l′Élévation ou pendant un enterrement, et lui jetaient mollement un bonjour qui s′achevait en prière. Or, une phrase de M. de Guermantes allait compléter le rapprochement que je faisais. «Mais vous avez vu le duc de Bouillon, me dit M. de Guermantes. Il sortait tantôt de ma bibliothèque comme vous y entriez, un monsieur court de taille et tout blanc.» C′était celui que j′avais pris pour un petit bourgeois de Combray, et dont maintenant, à la réflexion, je dégageais la ressemblance avec Mme de Villeparisis. La similitude des saluts évanescents de la duchesse de Lambresac avec ceux des amies de ma grand′mère avait commencé de m′intéresser en me montrant que dans les milieux étroits et fermés, qu′ils soient de petite bourgeoisie ou de grandes noblesse, les anciennes manières persistent, nous permettant comme à un archéologue de retrouver ce que pouvait être l′éducation et la part d′âme qu′elle reflète, au temps du vicomte d′Arlincourt et de Lo Puget. Mieux maintenant la parfaite conformité d′apparence entre un petit bourgeois de Combray de son âge et le duc de Bouillon me rappelait (ce qui m′avait déjà tant frappé quand j′avais vu le grand-père maternel de Saint–Loup, le duc de La Rochefoucauld, sur un daguerréotype où il était exactement pareil comme vêtements, comme air et comme façons à mon grand-oncle) que les différences sociales, voire individuelles, se fondent à distance dans l′uniformité d′une époque. La vérité est que la ressemblance des vêtements et aussi la réverbération par le visage de l′esprit de l′époque tiennent, dans une personne, une place tellement plus importante que sa caste, en occupent une grande seulement dans l′amour-propre de l′intéressé et l′imagination des autres, que, pour se rendre compte qu′un grand seigneur du temps de Louis–Philippe est moins différent d′un bourgeois du temps de Louis–Philippe que d′un grand seigneur du temps de Louis XV, il n′est pas nécessaire de parcourir les galeries du Louvre. En efecto, uno veía por momentos formarse y pasar como una estrella fugaz una débil sonrisa destinada por la duquesa de Lambresac a alguna perdona que reconocía. Pero esa sonrisa, en lugar de precisarse en una afirmación activa, en un lenguaje mudo pero claro, se ahogaba casi enseguida en una suerte de éxtasis ideal que nada distinguía, mientras que la cabeza se inclinaba en un gesto de bendición beata que recordaba al que dirige a la muchedumbre de las comulgantes, un prelado algo ablandado. La señora de Lambresac no lo era de ningún modo. Pero ya conocía yo ese género de distinción arcaica. En Combray y en París, todas las amigas de mi abuela tenían la costumbre de saludar en una reunión mundana con una expresión tan seráfica como si hubiesen advertido a algún amigo dentro de la iglesia en el momento de la Elevación, o durante un entierro, y le echaban blandamente un saludo que concluía como una plegaria. Y una frase del señor de Guermantes completaría mi acercamiento. “Pero usted ha visto al duque de Bouillon me dijo el señor de Guermantes. Acababa de salir de mi biblioteca cuando usted entraba, un señor de corta estatura y completamente canoso”. Era el que yo supuse un pequeño burgués de Combray y del cual ahora, al reflexionar, desprendía un parecido con la señora de Villeparisis. La similitud de los saludos evanescentes de la duquesa de Lambresac con aquellos de los amigos de mi abuela había empezado a interesarme, enseñándome que en los medios estrechos y cerrados, pertenezcan a la pequeña burguesía o a la gran nobleza, las antiguas maneras persisten, permitiéndonos encontrar como arqueólogos lo que podía ser la educación y la porción de alma que indica en tiempos del vizconde de Arlincourt y de Loisa Puget. Mejor ahora, la perfecta conformidad de apariencia entre un pequeño burgués de Combray de su edad y el duque de Bouillon me :recordaba (lo que me llamara tanto la atención cuando al ver al abuelo materno de Saint- Loup, el duque de la Fochefoucault, en un daguerrotipo en que estaba exactamente igual en aspecto y modales a mi tío abuelo) que las diferencias sociales, aun individuales, se esfuman a distancia en la uniformidad de una época. La verdad es que el parecido en los trajes y también lo que del espíritu de una época se refleja en el rostro ocupan en una persona un lugar más importante que su casta; llena una gran parte sólo en el amor propio del interesado y la imaginación de los demás; y para advertir que un gran señor de la época de Luis Felipe es menos distinto a un burgués de la época de Luis Felipe que a un gran señor del tiempo de Luis XV no se necesita recorrer las galerías del Louvre.
A ce moment, un musicien bavarois à grands cheveux, que protégeait la princesse de Guermantes, salua Oriane. Celle-ci répondit par une inclinaison de tête, mais le duc, furieux de voir sa femme dire bonsoir à quelqu′un qu′il ne connaissait pas, qui avait une touche singulière, et qui, autant que M. de Guermantes croyait le savoir, avait fort mauvaise réputation, se retourna vers sa femme d′un air interrogateur et terrible, comme s′il disait: «Qu′est-ce que c′est que cet ostrogoth-là?» La situation de la pauvre Mme de Guermantes était déjà assez compliquée, et si le musicien eût eu un peu pitié de cette épouse martyre, il se serait au plus vite éloigné. Mais, soit désir de ne pas rester sur l′humiliation qui venait de lui être infligée en public, au milieu des plus vieux amis du cercle du duc, desquels la présence avait peut-être bien motivé un peu sa silencieuse inclinaison, et pour montrer que c′était à bon droit, et non sans la connaître, qu′il avait salué Mme de Guermantes, soit obéissant à l′inspiration obscure et irrésistible de la gaffe qui le poussa — dans un moment où il eût dû se fier plutôt à l′esprit —à appliquer la lettre même du protocole, le musicien s′approcha davantage de Mme de Guermantes et lui dit: «Madame la duchesse, je voudrais solliciter l′honneur d′être présenté au duc.» Mme de Guermantes était bien malheureuse. Mais enfin, elle avait beau être une épouse trompée, elle était tout de même la duchesse de Guermantes et ne pouvait avoir l′air d′être dépouillée de son droit de présenter à son mari les gens qu′elle connaissait. «Basin, dit-elle, permettez-moi de vous présenter M. d′Herweck.» En ese momento un músico bávaro de largos cabellos que protegía la princesa de Guermantes saludó a Oriana. Ésta contesto con una inclinación de cabeza, pero el duque, furioso al ver que su mujer saludaba a alguien que no conocía, de traza tan singular y que tanto como creía saberlo el señor de Guermantes tenía muy mala fama, se dio vuelta hacia su mujer con un aspecto interrogador y terrible, como si dijese: “¿Quién es ese ostrogodo?” La situación de la pobre señora de Guermantes era ya bastante complicada, y si el músico hubiese tenido alguna lástima por esa esposa mártir, se hubiera alejado lo antes posible. Pero ya fuese porque no deseaba soportar la humillación que acababa de serle infligida en público en medio de los más viejos amigos del círculo del duque, cuya presencia pudo haber motivado en parte su silenciosa inclinación y para demostrar que era de pleno derecho y no sin conocerla que había saludado a la señora de Guermantes, o ya porque obedeciese a la inspiración oscura e irresistible de la torpeza que lo impulsara en un momento en que debió fiarse más bien del espíritu a aplicar la letra precisa del protocolo, el músico se acercó más a la señora de Guermantes y le dijo: “Señora duquesa: quisiera solicitar el honor de serle presentado al duque”. La señora de Guermantes sufría horriblemente. Pero, en fin, por más esposa engañada que fuera, era sin embargo la duquesa de Guermantes y no podía aparecer como despojada del derecho de presentarle al marido la gente que conocía. “Basin le dijo, permítame que le presente al señor d′Herweck”.
— Je ne vous demande pas si vous irez demain chez Mme de Saint–Euverte, dit le colonel de Froberville à Mme de Guermantes pour dissiper l′impression pénible produite par la requête intempestive de M. d′Herweck. Tout Paris y sera. “No le pregunto si irá mañana a casa de la señora de Saint-Euverte dijo el coronel de Froberville a la señora de Guermantes para disipar la penosa impresión producida por el intempestivo pedido del señor d′Herweck. Estará todo París.”
Cependant, se tournant d′un seul mouvement et comme d′une seule pièce vers le musicien indiscret, le duc de Guermantes, faisant front, monumental, muet, courroucé, pareil à Jupiter tonnant, resta immobile ainsi quelques secondes, les yeux flambant de colère et d′étonnement, ses cheveux crespelés semblant sortir d′un cratère. Puis, comme dans l′emportement d′une impulsion qui seule lui permettait d′accomplir la politesse qui lui était demandée, et après avoir semblé par son attitude de défi attester toute l′assistance qu′il ne connaissait pas le musicien bavarois, croisant derrière le dos ses deux mains gantées de blanc, il se renversa en avant et asséna au musicien un salut si profond, empreint de tant de stupéfaction et de rage, si brusque, si violent, que l′artiste tremblant recula tout en s′inclinant pour ne pas recevoir un formidable coup de tête dans le ventre. «Mais c′est que justement je ne serai pas à Paris, répondit la duchesse au colonel de Froberville. Je vous dirai (ce que je ne devrais pas avouer) que je suis arrivée à mon âge sans connaître les vitraux de Montfort-l′Amaury. C′est honteux, mais c′est ainsi. Alors pour réparer cette coupable ignorance, je me suis promis d′aller demain les voir.» M. de Bréauté sourit finement. Il comprit en effet que, si la duchesse avait pu rester jusqu′à son âge sans connaître les vitraux de Montfort-l′Amaury, cette visite artistique ne prenait pas subitement le caractère urgent d′une intervention «à chaud» et eût pu sans péril, après avoir été différée pendant plus de vingt-cinq ans, être reculée de vingt-quatre heures. Le projet qu′avait formé la duchesse était simplement le décret rendu, dans la manière des Guermantes, que le salon Saint–Euverte n′était décidément pas une maison vraiment bien, mais une maison où on vous invitait pour se parer de vous dans le compte rendu du Gaulois, une maison qui décernerait un cachet de suprême élégance à celles, ou, en tout cas, à celle, si elle n′était qu′une, qu′on n′y verrait pas. Le délicat amusement de M. de Bréauté, doublé de ce plaisir poétique qu′avaient les gens du monde à voir Mme de Guermantes faire des choses que leur situation moindre ne leur permettait pas d′imiter, mais dont la vision seule leur causait le sourire du paysan attaché à sa glèbe qui voit des hommes plus libres et plus fortunés passer au-dessus de sa tête, ce plaisir délicat n′avait aucun rapport avec le ravissement dissimulé, mais éperdu, qu′éprouva aussitôt M. de Froberville. Mientras tanto, girando con un solo movimiento y como de una sola pieza hacia el músico indiscreto, el duque de Guermantes le hacía frente, monumental, mudo, irritado, parecido a Júpiter tonante; se quedó así inmóvil algunos segundos, con los ojos llameantes de cólera yde asombro, y los cabellos crespos que parecían salir de un cráter. Luego, como en el arrebato de un impulso que únicamente le permitía cumplir la cortesía solicitada y después de aparentar que demostraba con su actitud de desafío, a toda la concurrencia, desconocer al músico bávaro, cruzando detrás de la espalda sus dos manos enguantadas de blanco, se volcó para adelante y asestó al músico un saludo tan profundo, lleno de tanto estupor y tanta rabia, tan brusco, tan violento, que el artista, tembloroso, retrocedió inclinándose para no recibir un formidable cabezazo en el vientre. “Pero es que justamente no estaré en París contestó la duquesa al coronel de Froberville. Le diré (lo que no debiera confesar) que he llegado a mi edad sin conocer los vitrales de Montfort-l′ Amaury. Es vergonzoso, pero así es. Para reparar tan culpable ignorancia, me he prometido ir a verlos mañana. El señor de Bréauté sonrió finamente. Comprendió, en efecto, que si la duquesa había podido llegar a esa edad sin conocer los vitrales de Montfort-l′ Amaury, esa visita artística no adquiría súbitamente el carácter urgente de una intervención inaplazable y hubiese podido sin peligro postergarse por veinticuatro horas, después de haber sido pospuesta .más de veinticinco años. El proyecto que formara la duquesa era simplemente, el decreto lanzado a la manera de los Guermantes, que el salón de Saint-Euverte no era decididamente una casa Bien, sino una casa a la que lo invitaban a uno para adornarse en el resumen del Gaulois, una casa que discernía un sello de suprema elegancia a aquellos o en todo caso, a aquella, si no fuese más que una, que no asistiera. La delicada diversión del señor de Bréauté, doblada con ese placer poético que experimentaban las gentes de mundo al ver a la señora de Guermantes haciendo cosas cuya menor situación no les permitía imitar, pero les causaba sólo al oírlas esa sonrisa del campesino atado a su gleba que ve por encima de su cabeza hombres más libres y más afortunados, ese delicado placer no tenía ninguna relación con el regocijo disimulado, pero sin tino, que experimentó enseguida el señor de Froberville.
Les efforts que faisait M. de Froberville pour qu′on n′entendît pas son rire l′avaient fait devenir rouge comme un coq, et malgré cela c′est en entrecoupant ses mots de hoquets de joie qu′il s′écria d′un ton miséricordieux: «Oh! pauvre tante Saint–Euverte, elle va en faire une maladie! Non! la malheureuse femme ne va pas avoir sa duchesse; quel coup! mais il y a de quoi la faire crever!» ajouta-t-il, en se tordant de rire. Et dans son ivresse il ne pouvait s′empêcher de faire des appels de pieds et de se frotter les mains. Souriant d′un oeil et d′un seul coin de la bouche à M. de Froberville dont elle appréciait l′intention aimable, mais moins tolérable le mortel ennui, Mme de Guermantes finit par se décider à le quitter. «Écoutez, je vais être obligée de vous dire bonsoir», lui dit-elle en se levant, d′un air de résignation mélancolique, et comme si ç‘avait été pour elle un malheur. Sous l′incantation de ses yeux bleus, sa voix doucement musicale faisait penser à la plainte poétique d′une fée. «Basin veut que j′aille voir un peu Marie.» Los esfuerzos que hacía el señor de Froberville para que no se oyese su risa, lo congestionaron como un gallo, y a pesar de eso, entrecortando sus palabras con hipos de alegría, exclamó con un tono de misericordia: “-¡Oh!, pobre tía Saint-Euverte, se va a enfermar. No, la desgraciada no tendrá a su duquesa. ¡Qué golpe! Es como para reventar”, agregó, desternillándose de risa. Y en su embriaguez, no podía dejar de hacer llamados con los pies y frotarse las manos. Sonriendo con un ojo y un solo ángulo de la boca al señor de Froberville, cuya intención amable apreciaba, pues le hacía menos intolerable el mortal aburrimiento, la señora de Guermantes acabó por decidirse a dejarlo. “Escuche, me voy a ver obligada a despedirme de usted -le dijo levantándose con un aspecto de melancólica resignación, y como si eso hubiese sido para ella una desgracia. Bajo el encantamiento de sus ojos azules su voz dulcemente musical sugería la queja poética de un hada-. Basin quiere que vaya a verla a María un momento”.
En réalité, elle en avait assez d′entendre Froberville, lequel ne cessait plus de l′envier d′aller à Montfort-l′Amaury quand elle savait fort bien qu′il entendait parler de ces vitraux pour la première fois, et que, d′autre part, il n′eût pour rien au monde lâché la matinée Saint–Euverte. «Adieu, je vous ai à peine parlé; c′est comme ça dans le monde, on ne se voit pas, on ne dit pas les choses qu′on voudrait se dire; du reste, partout, c′est la même chose dans la vie. Espérons qu′après la mort ce sera mieux arrangé. Au moins on n′aura toujours pas besoin de se décolleter. Et encore qui sait? On exhibera peut-être ses os et ses vers pour les grandes fêtes. Pourquoi pas? Tenez, regardez la mère Rampillon, trouvez-vous une très grande différence entre ça et un squelette en robe ouverte? Il est vrai qu′elle a tous les droits, car elle a au moins cent ans. Elle était déjà un des monstres sacrés devant lesquels je refusais de m′incliner quand j′ai fait mes débuts dans le monde. Je la croyais morte depuis très longtemps; ce qui serait d′ailleurs la seule explication du spectacle qu′elle nous offre. C′est impressionnant et liturgique. C′est du «Campo–Santo»! La duchesse avait quitté Froberville; il se rapprocha: «Je voudrais vous dire un dernier mot.» Un peu agacée: «Qu′est-ce qu′il y a encore?» lui dit-elle avec hauteur. Et lui, ayant craint qu′au dernier moment elle ne se ravisât pour Montfort-l′Amaury: «Je n′avais pas osé vous en parler à cause de Mme de Saint–Euverte, pour ne pas lui faire de peine, mais puisque vous ne comptez pas y aller, je puis vous dire que je suis heureux pour vous, car il y a de la rougeole chez elle! — Oh! Mon Dieu! dit Oriane qui avait peur des maladies. Mais pour moi ça ne fait rien, je l′ai déjà eue. On ne peut pas l′avoir deux fois. — Ce sont les médecins qui disent ça; je connais des gens qui l′ont eue jusqu′à quatre. Enfin, vous êtes avertie.» Quant à lui, cette rougeole fictive, il eût fallu qu′il l′eût réellement et qu′elle l′eût cloué au lit pour qu′il se résignât à manquer la fête Saint–Euverte attendue depuis tant de mois. Il aurait le plaisir d′y voir tant d′élégances! le plaisir plus grand d′y constater certaines choses ratées, et surtout celui de pouvoir longtemps se vanter d′avoir frayé avec les premières et, en les exagérant ou en les inventant, de déplorer les secondes. En realidad, ya le bastaba escucharlo a Froberville, que no dejaba de envidiarla por ir a Montfort-l′ Amaury, cuando ella sabía demasiado que oía hablar de esos vitrales por primera vez y que además por nada del mundo dejaría la velada .de Saint-Euverte. “Adiós. Le he hablado apenas; así es en sociedad: no nos vemos ni nos decimos lo que quisiéramos decirnos; por otra parte, lo mismo es en la vida de todas partes. Esperemos que después de la muerte las cosas vayan mejor. Por lo menos, uno no tendrá necesidad de escotarse siempre. ¿Y quién sabe? Quizás se exhiban los huesos y los gusanos para las grandes fiestas. ¿Por qué no? Mire, ahí tiene a la vieja Rampillón. ¿A usted le parece que hay mucha diferencia entre eso y un esqueleto vestido de sarao? Es verdad que tiene todos los derechos, porque cuenta por lo menos cien años. Ya era uno de los monstruos sagrados ante los que me negaba a inclinarme cuando daba mis primeros pasos por el mundo. La creía muerta desde hacía mucho tiempo; lo que, por otra parte, sería la única explicación del espectáculo que nos ofrece. Es impresionante y litúrgico. Es un “campo santo” La duquesa había dejado a Froberville; él se acercó: “Quisiera decirle una última palabra”. Un poco fastidiada: “¿Qué pasa todavía?”, le dijo con altanería. Y él, temiendo que a último momento no se arrepintiese por Montfort-l′ Amaury : “No me había atrevido a hablarle a causa de la señora de Saint-Euverte para no apenarla; pero, ya que no va a ir, puedo decirle que me alegré por, usted porque en su casa hay sarampión”. “¡Oh, Dios mío! dijo Oriana, que temía las enfermedades. Pero por mí no importa, ya lo tuve. No se contrae dos veces”. “Los médicos lo aseguran; sin embargo, conozco gente que lo ha tenido hasta cuatro veces. En fin, está usted advertida”. En cuanto a él, únicamente si tuviese en realidad ese sarampión ficticio se resignaría a no asistir a la fiesta de Saint-Euverte, tantos meses esperada. ¡Tendría el placer de ver tantas elegancias...! El placer mayor de comprobar algunas cosas fracasadas y sobre todo el de vanagloriarse mucho tiempo de haber tratado con las primeras y exagerándolas o inventándolas lamentar las segundas.
Je profitai de ce que la duchesse changeait de place pour me lever aussi afin d′aller vers le fumoir m′informer de Swann. «Ne croyez pas un mot de ce qu′a raconté Babal, me dit-elle. Jamais la petite Molé ne serait allée se fourrer là dedans. On nous dit ça pour nous attirer. Ils ne reçoivent personne et ne sont invités nulle part. Lui-même l′avoue: «Nous restons tous les deux seuls au coin de notre feu.» Comme il dit toujours nous, non pas comme le roi, mais pour sa femme, je n′insiste pas. Mais je suis très renseignée», ajouta la duchesse. Elle et moi nous croisâmes deux jeunes gens dont la grande et dissemblable beauté tirait d′une même femme son origine. C′étaient les deux fils de Mme de Surgis, la nouvelle maîtresse du duc de Guermantes. Ils resplendissaient des perfections de leur mère, mais chacun d′une autre. En l′un avait passé, ondoyante en un corps viril, la royale prestance de Mme de Surgis, et la même pâleur ardente, roussâtre et sacrée affluait aux joues marmoréennes de la mère et de ce fils; mais son frère avait reçu le front grec, le nez parfait, le cou de statue, les yeux infinis; ainsi faite de présents divers que la déesse avait partagés, leur double beauté offrait le plaisir abstrait de penser que la cause de cette beauté était en dehors d′eux; on eût dit que les principaux attributs de leur mère s′étaient incarnés en deux corps différents; que l′un des jeunes gens était la stature de sa mère et son teint, l′autre son regard, comme les êtres divins qui n′étaient que la force et la beauté de Jupiter ou de Minerve. Pleins de respect pour M. de Guermantes, dont ils disaient: «C′est un grand ami de nos parents», l′aîné cependant crut qu′il était prudent de ne pas venir saluer la duchesse dont il savait, sans en comprendre peut-être la raison, l′inimitié pour sa mère, et à notre vue il détourna légèrement la tête. Le cadet, qui imitait toujours son frère, parce qu′étant stupide et, de plus, myope, il n′osait pas avoir d′avis personnel, pencha la tête selon le même angle, et ils se glissèrent tous deux vers la salle de jeux, l′un derrière l′autre, pareils à deux figures allégoriques. Aproveché que la duquesa cambiara de lugar para levantarme e ir al salón de fumar, a informarse de Swann. “No crea una palabra de lo que ha contado Babal me dijo ella. Nunca la pequeña Molé hubiera ida a meterse ahí adentro. Nos dicen eso para atraernos. No reciben a nadie y no los invitan en ningún lado. Él mismo lo confiesa: Nos quedamos los dos solos junto al fuego. Como dice siempre nosotros, no como el rey, pero por su mujer, no insisto. Pero estoy muy bien informada”, agregó la duquesa. Ella y yo nos cruzamos con dos jóvenes cuya gran belleza difícil se originaba en la misma mujer. Eran los dos hijos de la señora de Surgis, la nueva amante del duque de Guermantes. Resplandecían con las perfecciones de su madre, pero cada cual con una distinta. Por uno había pasado, ondulante en un cuerpo viril, la real prestancia de la señora de Surgis yla misma palidez ardiente, rojiza ysagrada afluía alas mejillas marmóreas de la madre y de ese hijo; pero su hermano heredó la frente griega, la nariz perfecta, el cuello de estatua y los ojos infinitos; compuesta así por regalos diferentes que había compartido la diosa, su doble belleza ofrecía el placer abstracto de pensar que el origen de esa belleza estaba fuera de ellos; parecía que los principales atributos de su madre se habían encarnado en dos cuerpos distintos; que uno de los jóvenes era la estatura de su madre ysu tez yel otro su mirada como los seres divinos que no eran más que la fuerza y la belleza de Júpiter o de Minerva. Llenos de respeto por el señor de Guermantes, de quien decían: “Es un gran amigo de nuestros padres”, el mayor creyó, sin embargo, prudente no saludar a la duquesa, cuya enemistad con su madre conocía sin saber quizás el motivo, y ante nosotros desvió ligeramente la cabeza. El menor, que imitaba siempre a su hermano, porque, como era estúpido y además miope, no se atrevía a tener opinión personal, inclinó la cabeza según el mismo ángulo y se deslizaron ambos hacía la sala de juego, uno detrás dé otro, parecidos a dos figuras alegóricas.
Au moment d′arriver à cette salle, je fus arrêté par la marquise de Citri, encore belle mais presque l′écume aux dents. D′une naissance assez noble, elle avait cherché et fait un brillant mariage en épousant M. de Citri, dont l′arrière-grand′mère était Aumale–Lorraine. Mais aussitôt cette satisfaction éprouvée, son caractère négateur lui avait fait prendre les gens du grand monde en une horreur qui n′excluait pas absolument la vie mondaine. Non seulement, dans une soirée, elle se moquait de tout le monde, mais cette moquerie avait quelque chose de si violent que le rire même n′était pas assez âpre et se changeait en guttural sifflement: «Ah! me dit-elle, en me montrant la duchesse de Guermantes qui venait de me quitter et qui était déjà un peu loin, ce qui me renverse c′est qu′elle puisse mener cette vie-là.» Cette parole était-elle d′une sainte furibonde, et qui s′étonne que les Gentils ne viennent pas d′eux-mêmes à la vérité, ou bien d′une anarchiste en appétit de carnage? En tout cas, cette apostrophe était aussi peu justifiée que possible. D′abord, la «vie que menait» Mme de Guermantes différait très peu (à l′indignation près) de celle de Mme de Citri. Mme de Citri était stupéfaite de voir la duchesse capable de ce sacrifice mortel: assister à une soirée de Marie–Gilbert. Il faut dire, dans le cas particulier, que Mme de Citri aimait beaucoup la princesse, qui était en effet très bonne, et qu′elle savait en se rendant à sa soirée lui faire grand plaisir. Aussi avait-elle décommandé, pour venir à cette fête, une danseuse à qui elle croyait du génie et qui devait l′initier aux mystères de la chorégraphie russe. Une autre raison qui ôtait quelque valeur à la rage concentrée qu′éprouvait Mme de Citri en voyant Oriane dire bonjour à tel ou telle invité est que Mme de Guermantes, bien qu′à un état beaucoup moins avancé, présentait les symptômes du mal qui ravageait Mme de Citri. On a, du reste, vu qu′elle en portait les germes de naissance. Enfin, plus intelligente que Mme de Citri, Mme de Guermantes aurait eu plus de droits qu′elle à ce nihilisme (qui n′était pas que mondain), mais il est vrai que certaines qualités aident plutôt à supporter les défauts du prochain qu′elles ne contribuent à en faire souffrir; et un homme de grand talent prêtera d′habitude moins d′attention à la sottise d′autrui que ne ferait un sot. Nous avons assez longuement décrit le genre d′esprit de la duchesse pour convaincre que, s′il n′avait rien de commun avec une haute intelligence, il était du moins de l′esprit, de l′esprit adroit à utiliser (comme un traducteur) différentes formes de syntaxe. Or, rien de tel ne semblait qualifier Mme de Citri à mépriser des qualités tellement semblables aux siennes. Elle trouvait tout le monde idiot, mais dans sa conversation, dans ses lettres, se montrait plutôt inférieure aux gens qu′elle traitait avec tant de dédain. Elle avait, du reste, un tel besoin de destruction que, lorsqu′elle eut à peu près renoncé au monde, les plaisirs qu′elle rechercha alors subirent l′un après l′autre son terrible pouvoir dissolvant. Après avoir quitté les soirées pour des séances de musique, elle se mit à dire: «Vous aimez entendre cela, de la musique? Ah! mon Dieu, cela dépend des moments. Mais ce que cela peut être ennuyeux! Ah! Beethoven, la barbe!» Pour Wagner, puis pour Franck, pour Debussy, elle ne se donnait même pas la peine de dire «la barbe» mais se contentait de faire passer sa main, comme un barbier, sur son visage. En el momento de llegar a esa sala, me detuvo la marquesa de Citri, todavía bonita pero casi con la espuma en la boca. De bastante noble origen, había buscado y realizado una unión brillante al casarse con el señor de Citri, cuya tatarabuela era Aumale-Lorraine. Pero, apenas experimentó esa satisfacción, su carácter negativo la había asqueado de la gente del gran mundo de una manera que no excluía en absoluto la vida mundana. No sólo se burlaba de todos en una velada, sino que esa burla tenía algo tan violento que ni siquiera la risa resultaba bastante áspera y se transformaba en un silbido gutural: ¡Ah! me dijo señalándome a la duquesa de Guermantes, que acababa de dejarme y que ya estaba un poco lejos, lo que me voltea es que pueda llevar esa vida". ¿Esas palabras eran de una santa furibunda que se asombra porque los gentiles no acuden espontáneamente a la verdad o de un anarquista con apetencia de carnicería? En todo caso, su apóstrofe se justificaba lo menos posible. En primer lugar, "la vida que llevaba" la señora de Guermantes se distinguía muy poco (salvo la indignación) de la de la señora de Citri. La señora de Citri se asombraba al ver que la duquesa era capaz de ese sacrificio mortal: asistir a una velada de María-Gilbert. Hay que decir en este caso particular que la señora de Citri quería mucho a la princesa; que, en efecto, era muy buena y que sabía que le causaba un gran placer al asistir a su velada. Por eso había desechado, para asistir a esa fiesta, a una bailarina a quien le suponía genio y que debía iniciarla en los misterios de la coreografía rusa. Otra razón que quitaba algún valor a la rabia concentrada que experimentaba la señora de Citri al ver que Oriana saludaba a tal o cual invitado es que la señora de Guermantes, aunque en un estado mucho menos avanzado, presentaba los síntomas del mal que causaba estragos a la señora de Citri. Por otra parte, ya se ha visto que ella llevaba los gérmenes del nacimiento. En fin, más inteligente que la señora de Citri, la señora de Guermantes hubiera tenido más derechos que ella a ese nihilismo (que no era solamente mundano), pero es verdad que algunas cualidades ayudan más bien a soportar los defectos del prójimo de lo que contribuyen a hacer os sufrir; y un hombre de gran talento prestará habitualmente menos atención a la tontería de los demás que un tonto. Hemos descrito bastante detalladamente el estilo de espíritu de la duquesa para ponernos de acuerdo en que si nada tenía en común con una alta inteligencia, era por lo menos espíritu, un espíritu diestro en utilizar (como un traductor) distintas formas de sintaxis. Y nada semejante parecía calificar a la señora de Citri para despreciar cualidades tan similares a las suyas. Todos le parecían idiotas, pero en su conversación y en sus cartas se mostraba más bien inferior a la gente que trataba con tanto desprecio. Tenía, por otra parte, tanta necesidad de destrucción que cuando hubo más o menos renunciado al mundo, los placeres que buscara entonces soportaron uno tras otro su terrible poder disolvente. Después de haber cambiado las veladas por sesiones musicales, se puso a decir: “¿A usted le gusta oír música? ¡Ah, Dios mío!, depende de los momentos. ¡Pero qué fastidioso puede llegar a ser! ¡Ah, Beethoven, un aburrimiento!” En cuanto a Wagner, a Franck y Debussy, ni siquiera se tomaba el trabajo de decir “un aburrimiento”, sino que se conformaba con pasarse la mano como un barbero por el rostro.
Bientôt, ce qui fut ennuyeux, ce fut tout. «C′est si ennuyeux les belles choses! Ah! les tableaux, c′est à vous rendre fou . . . Comme vous avez raison, c′est si ennuyeux d′écrire des lettres!» Finalement ce fut la vie elle-même qu′elle nous déclara une chose rasante, sans qu′on sût bien où elle prenait son terme de comparaison. Pronto todo le resultó fastidioso. ¡Son tan aburridas las cosas lindas!... ¡Ah, los cuadros, como para enloquecerlo a uno! “Cuánta razón tiene usted! ¡Es tan aburrido escribir cartas!...” Finalmente, fue la vida misma a la que trató como cosa insoportable, sin que se supiera dónde había tomado sus términos de comparación.
Je ne sais si c′est à cause de ce que la duchesse de Guermantes, le premier soir que j′avais dîné chez elle, avait dit de cette pièce, mais la salle de jeux ou fumoir, avec son pavage illustré, ses trépieds, ses figures de dieux et d′animaux qui vous regardaient, les sphinx allongés aux bras des sièges, et surtout l′immense table en marbre ou en mosaî°µe émaillée, couverte de signes symboliques plus ou moins imités de l′art étrusque et égyptien, cette salle de jeux me fit l′effet d′une véritable chambre magique. Or, sur un siège approché de la table étincelante et augurale, M. de Charlus, lui, ne touchant à aucune carte, insensible à ce qui se passait autour de lui, incapable de s′apercevoir que je venait d′entrer, semblait précisément un magicien appliquant toute la puissance de sa volonté et de son raisonnement à tirer un horoscope. Non seulement comme à une Pythie sur son trépied les yeux lui sortaient de la tête, mais, pour que rien ne vînt le distraire des travaux qui exigeaient la cessation des mouvements les plus simples, il avait (pareil à un calculateur qui ne veut rien faire d′autre tant qu′il n′a pas résolu son problème) posé auprès de lui le cigare qu′il avait un peu auparavant dans la bouche et qu′il n′avait plus la liberté d′esprit nécessaire pour fumer. En apercevant les deux divinités accroupies que portait à ses bras le fauteuil placé en face de lui, on eût pu croire que le baron cherchait à découvrir l′énigme du sphinx, si ce n′avait pas été plutôt celle d′un jeune et vivant Oedipe, assis précisément dans ce fauteuil, où il s′était installé pour jouer. Or, la figure à laquelle M. de Charlus appliquait, et avec une telle contention, toutes ses facultés spirituelles, et qui n′était pas, à vrai dire, de celles qu′on étudie d′habitude more geometrico, c′était celle que lui proposaient les lignes de la figure du jeune marquis de Surgis; elle semblait, tant M. de Charlus était profondément absorbé devant elle, être quelque mot en losange, quelque devinette, quelque problème d′algèbre dont il eût cherché à percer l′énigme ou à dégager la formule. Devant lui les signes sibyllins et les figures inscrites sur cette table de la Loi semblaient le grimoire qui allait permettre au vieux sorcier de savoir dans quel sens s′orientaient les destins du jeune homme. Soudain, il s′aperçut que je le regardais, leva la tête comme s′il sortait d′un rêve et me sourit en rougissant. A ce moment l′autre fils de Mme de Surgis vint auprès de celui qui jouait, regarder ses cartes. Quand M. de Charlus eut appris de moi qu′ils étaient frères, son visage ne put dissimuler l′admiration que lui inspirait une famille créatrice de chefs-d′oeuvre aussi splendides et aussi différents. Et ce qui eût ajouté à l′enthousiasme du baron, c′est d′apprendre que les deux fils de Mme de Surgis-le-Duc n′étaient pas seulement de la même mère mais du même père. Les enfants de Jupiter sont dissemblables, mais cela vient de ce qu′il épousa d′abord Métis, dans le destin de qui il était de donner le jour à de sages enfants, puis Thémis, et ensuite Eurynome, et Mnemosyne, et Leto, et en dernier lieu seulement Junon. Mais d′un seul père Mme de Surgis avait fait naître deux fils qui avaient reçu des beautés d′elle, mais des beautés différentes. No sé si por lo que la duquesa de Guermantes había dicho de esa pieza la primera noche que yo cené en su casa, pero la sala de juego o de fumar, con su embaldosado ilustrado, sus trípodes, sus figuras de dioses y de animales que lo miraban a uno, las esfinges alargadas en los brazos de los asientos, y sobre todo la inmensa mesa de mármol o de mosaico esmaltado, cubierta de signos simbólicos, más o menos imitados del arte etrusco y egipcio; esa sala de juegos me dió la sensación de una verdadera cámara mágica. Y, en un asiento cerca de la mesa deslumbrante y augural, el señor de Charlus, que no tocaba ninguna carta, insensible a lo que sucedía a su alrededor, incapaz de advertir que yo acababa de entrar, parecía precisamente un mago que concentraba todo el poder de su voluntad y de su razonamiento para sacar un horóscopo. Además de salírsele los ojos de la cabeza, como a una Pitia sobre su trípode, para que nada lo distrajese de los trabajos que exigía la cesación de los movimientos más simples había depositado junto a sí el cigarro que tenía un rato antes en la boca ya que carecía de la libertad de espíritu necesaria para fumar, como un calculador que no quiere nada mientras no ha resuelto su problema. Al advertir las dos divinidades acurrucadas que tenía en sus brazos el sillón colocado frente a él, pudo creerse que el barón trataba de descubrir el enigma de la esfinge si no hubiese sido más bien la de un joven y viviente Edipo, sentado precisamente en ese sillón en que se había instalado para jugar. Y la figura a la que el señor de Charlus dedicaba con tal aplicación todas sus facultades del espíritu y que no eran a la verdad las que uno estudia de costumbre more geométrico, era la que le proponían las líneas de la cara del joven marqués de Surgis; a tal punto el señor de Charius estaba absorto frente a ella, que parecía algún acertijo, alguna adivinanza, algún problema de álgebra cuyo enigma hubiera tratado de atravesar, o hallar su fórmula. Delante de él, los signos sibilinos y las figuras inscriptas en esa tabla de la Ley parecían el grimorio que permitiría al viejo brujo saber en qué sentido se orientaban los destinos del joven. De pronto, al advertir que yo lo miraba, levantó la cabeza como quien sale de un sueño y me sonrió, ruborizándose. En ese momento el otro hijo de la señora de Surgis vino a mirar las cartas, junto al que estaba jugando. Cuando el señor de Charlus supo por mí que eran hermanos, su rostro no pudo disimular la admiración que le inspiraba una familia creadora de obras maestras tan espléndidas y tan diferentes. Y lo que algo hubiese agregado al entusiasmo del barón sería saber que los dos hijos de la señora de Surgis-le-Duc no sólo eran de la misma madre, sino del mismo padre. Los hijos de Júpiter son disímiles, pero eso es porque primero se casó con Metis, en cuyo destino estaba dar a luz hijitos juiciosos, luego Temis y después Eurínomo yMnemosina yLeto, ysólo en último término Juno. Pero de un único padre la señora de Surgis había hecho nacer dos hijos que recibieron su belleza de ella, aunque dos bellezas distintas.
J′eus enfin le plaisir que Swann entrât dans cette pièce, qui était fort grande, si bien qu′il ne m′aperçut pas d′abord. Plaisir mêlé de tristesse, d′une tristesse que n′éprouvaient peut-être pas les autres invités, mais qui chez eux consistait dans cette espèce de fascination qu′exercent les formes inattendues et singulières d′une mort prochaine, d′une mort qu′on a déjà, comme dit le peuple, sur le visage. Et c′est avec une stupéfaction presque désobligeante, où il entrait de la curiosité indiscrète, de la cruauté, un retour à la fois quiet et soucieux (mélange à la fois de suave mari magno et de memento quia pulvis, eût dit Robert), que tous les regards s′attachèrent à ce visage duquel la maladie avait si bien rongé les joues, comme une lune décroissante, que, sauf sous un certain angle, celui sans doute sous lequel Swann se regardait, elles tournaient court comme un décor inconsistant auquel une illusion d′optique peut seule ajouter l′apparence de l′épaisseur. Soit à cause de l′absence de ces joues qui n′étaient plus là pour le diminuer, soit que l′artériosclérose, qui est une intoxication aussi, le rougît comme eût fait l′ivrognerie, ou le déformât comme eût fait la morphine, le nez de polichinelle de Swann, longtemps résorbé dans un visage agréable, semblait maintenant énorme, tuméfié, cramoisi, plutôt celui d′un vieil Hébreu que d′un curieux Valois. D′ailleurs peut-être chez lui, en ces derniers jours, la race faisait-elle apparaître plus accusé le type physique qui la caractérise, en même-temps que le sentiment d′une solidarité morale avec les autres Juifs, solidarité que Swann semblait avoir oubliée toute sa vie, et que, greffées les unes sur les autres, la maladie mortelle, l′affaire Dreyfus, la propagande antisémite, avaient réveillée. Il y a certains Israélites, très fins pourtant et mondains délicats, chez lesquels restent en réserve et dans la coulisse, afin de faire leur entrée à une heure donnée de leur vie, comme dans une pièce, un mufle et un prophète. Swann était arrivé à l′âge du prophète. Certes, avec sa figure d′où, sous l′action de la maladie des segments entiers avaient disparu, comme dans un bloc de glace qui fond et dont des pans entiers sont tombés, il avait bien changé. Mais je ne pouvais m′empêcher d′être frappé combien davantage il avait changé par rapport à moi. Cet homme, excellent, cultivé, que j′étais bien loin d′être ennuyé de rencontrer, je ne pouvais arriver à comprendre comment j′avais pu l′ensemencer autrefois d′un mystère tel que son apparition dans les Champs–Elysées me faisait battre le coeur au point que j′avais honte de m′approcher de sa pèlerine doublée de soie; qu′à la porte de l′appartement où vivait un tel être, je ne pouvais sonner sans être saisi d′un trouble et d′un effroi infinis; tout cela avait disparu, non seulement de sa demeure mais de sa personne, et l′idée de causer avec lui pouvait m′être agréable ou non, mais n′affectait en quoi que ce fût mon système nerveux. Tuve por fin ese placer de ver penetrar a Swann en esa pieza, muy grande, tanto que no me vio de entrada. Placer mezclado cuya tristeza, con una tristeza que no experimentaban quizás los otros invitados, pero que en ellos consistía en esa especie de fascinación que ejercen las formas inesperadas y singulares de una muerte próxima, de una muerte que ya se tiene, como dice el pueblo, impresa en el rostro. Y es con un estupor casi descortés, donde había alguna indiscreta curiosidad, crueldad yun retorno a un tiempo quieto y preocupado (mezcla a la vez de suave mari magno y de memento quia pulvis, como hubiese dicho Roberto), que todas las miradas se adhirieron a ese rostro con las mejillas roídas por la enfermedad como una luna menguante que, salvo desde cierto ángulo -sin duda los mismos desde el cual se contemplaba Swann, giraba en círculo como una escenografía inconsistente al que sólo una ilusión óptica consigue dar una apariencia de espesor ya sea por la ausencia de esas mejillas que ya no estaban ahí para disminuirlo, ya sea que la arteriosclerosis que también es una intoxicación lo enrojeciese como la embriaguez o lo deformase como la morfina, la nariz de Polichinela de Swann, largo tiempo reabsorbida en un rostro agradable, parecía ahora enorme, tumefacta, encarnada, más bien la de un viejo hebreo que la de un curioso Valois. Por otra parte, quizás en esos últimos días la raza acusaba más el tipo físico que la caracteriza al mismo tiempo que el sentimiento de una solidaridad moral con los demás judíos, solidaridad que Swann parecía haber olvidado toda su vida y que, injertadas unas en otras, habían despertado la enfermedad mortal, el asunto Dreyfus y la propaganda antisemita. Hay algunos judíos muy finos, sin embargo, y delicados mundanos en los que permanecen en reserva yentre bastidores un grosero yun profeta para hacer su entrada a una hora dada en su vida, como en una pieza teatral. Swann había llegado a la hora del profeta. Es verdad, había cambiado mucho con su rostro del que desaparecieran segmentos enteros bajo la acción de la enfermedad, como un bloque de hielo que se derrite y del que caen trozos íntegros. Pero no podía dejar de llamarme mucho más la atención cómo había cambiado a mi respecto. No podía llegar a comprender cómo pude despistar antes a ese hombre excelente, cultivado, que estaba muy lejos de fastidiarme cuando lo encontraba, con tal misterio que su aparición en los Campos Elíseos me hacía latir el corazón a punto que me avergonzara acercarme a su esclavina forrada de seda y no llamaba a la puerta del departamento donde vivía semejante ser sin que me sobrecogiesen una turbación y un espanto infinitos; todo eso había desaparecido no sólo de su vida, sino de su persona, y la idea de conversar con él podía serme o no agradable, pero no afectaba a mi sistema nervioso.
Et, de plus, combien il était changé depuis cet après-midi même où je l′avais rencontré— en somme quelques heures auparavant — dans le cabinet du duc de Guermantes. Avait-il vraiment eu une scène avec le Prince et qui l′avait bouleversé? La supposition n′était pas nécessaire. Les moindres efforts qu′on demande à quelqu′un qui est très malade deviennent vite pour lui un surmenage excessif. Pour peu qu′on l′expose, déjà fatigué, à la chaleur d′une soirée, sa mine se décompose et bleuit comme fait en moins d′un jour une poire trop mûre, ou du lait près de tourner. De plus, la chevelure de Swann était éclaircie par places, et, comme disait Mme de Guermantes, avait besoin du fourreur, avait l′air camphrée, et mal camphrée. J′allais traverser le fumoir et parler à Swann quand malheureusement une main s′abattit sur mon épaule: «Bonjour, mon petit, je suis à Paris pour quarante-huit heures. J′ai passé chez toi, on m′a dit que tu étais ici, de sorte que c′est toi qui vaut à ma tante l′honneur de ma présence à sa fête.» C′était Saint–Loup. Je lui dis combien je trouvais la demeure belle. «Oui, ça fait assez monument historique. Moi, je trouve ça assommant. Ne nous mettons pas près de mon oncle Palamède, sans cela nous allons être happés. Comme Mme Molé (car c′est elle qui tient la corde en ce moment) vient de partir, il est tout désemparé. Il paraît que c′était un vrai spectacle, il ne l′a pas quittée d′un pas, il ne l′a laissée que quand il l′a eu mise en voiture. Je n′en veux pas à mon oncle, seulement je trouve drôle que mon conseil de famille, qui s′est toujours montré si sévère pour moi, soit composé précisément des parents qui ont le plus fait la bombe, à commencer par le plus noceur de tous, mon oncle Charlus, qui est mon subrogé tuteur, qui a eu autant de femmes que don Juan, et qui à son âge ne dételle pas. Il a été question à un moment qu′on me nomme un conseil judiciaire. Je pense que, quand tous ces vieux marcheurs se réunissaient pour examiner la question et me faisaient venir pour me faire de la morale, et me dire que je faisais de la peine à ma mère, ils ne devaient pas pouvoir se regarder sans rire. Tu examineras la composition du conseil, on a l′air d′avoir choisi exprès ceux qui ont le plus retroussé de jupons.» En mettant à part M. de Charlus, au sujet duquel l′étonnement de mon ami ne me paraissait pas plus justifié, mais pour d′autres raisons et qui devaient d′ailleurs se modifier plus tard dans mon esprit, Robert avait bien tort de trouver extraordinaire que des leçons de sagesse fussent données à un jeune homme par des parents qui ont fait les fous, ou le font encore. Y cómo había cambiado desde esa misma tarde en que lo encontrara -después de todo, algunas horas antes en el despacho del duque de Guermantes. ¿Habría tenido verdaderamente una escena con el príncipe que lo trastornara? El supuesto no era necesario. Los menores esfuerzos que se le exigen a alguien muy enfermo se le convierten pronto en un agotamiento excesivo. Por poco que lo expongan, ya cansado, al calor de una velada se descompone su aspecto y se torna azulado como lo hace en menos de un día una pera demasiado madura o la leche a punto de cortarse. Además, la cabellera de Swann raleaba por zonas, y, como decía la señora de Guermantes, necesitaba el peletero; parecía alcanforada y mal alcanforada. iba a atravesar el salón de fumar para hablar a Swann cuando una mano se desplomó sobre mis hombros: “Buenas noches, muchacho; me quedo en París un par de días. He pasado por tu casa y me han dicho que estabas aquí, de manera que mi tía te debe el honor de mi presencia en su fiesta”. Era Saint-Loup. Le dije qué hermosa me parecía la vivienda. “Sí, resulta bastante “monumento histórico”. A mí me parece insoportable. No nos acerquemos a mi tío Palamédes porque si no nos va a tragar. Como la señora Molé (porque ella es la que domina en ese momento) acaba de partir, está completamente desamparado. Parece que era un verdadero espectáculo: no la ha dejado ni un paso; apenas la abandonó al dejarla instalada en el coche. No le guardo rencor a mi tío; sólo que me parece gracioso que mi consejo de familia, que se ha mostrado siempre tan severo conmigo, esté compuesto precisamente por los parientes que han hecho más francachelas, comenzando por el más calavera de todos, mi tío Charlus, que es mi tutor en segundo término, que ha tenido tantas mujeres como don Juan y que a su edad todavía no desensilla. En cierto momento se trató de nombrarme un consejo judicial. Pienso que cuando se reunían todos esos viejos andariegos para estudiar el caso y me llamaban para dictarme un curso de moral, lo que apenaba a mi madre, no debían mirarse sin reír. Examinarás la composición del Consejo; parecería que eligieron ex profeso los que levantaron más polleras”. Dejando a un lado al señor de Charlus, a cuyo respecto el asombro de mi amigo no me parecía mucho más justificado, pero por otras razones que debían luego modificarse en mi espíritu, Roberto hacía muy mal al extrañarse porque a un joven le dieran lecciones de moral parientes que han hecho locuras o las siguen haciendo.
Quand l′atavisme, les ressemblances familiales seraient seules en cause, il est inévitable que l′oncle qui fait la semonce ait à peu près les mêmes défauts que le neveu qu′on l′a chargé de gronder. L′oncle n′y met d′ailleurs aucune hypocrisie, trompé qu′il est par la faculté qu′ont les hommes de croire, à chaque nouvelle circonstance, qu′il s′agit «d′autre chose», faculté qui leur permet d′adopter des erreurs artistiques, politiques, etc., sans s′apercevoir que ce sont les mêmes qu′ils ont prises pour des vérités, il y a dix ans, à propos d′une autre école de peinture qu′ils condamnaient, d′une autre affaire politique qu′ils croyaient mériter leur haine, dont ils sont revenus, et qu′ils épousent sans les reconnaître sous un nouveau déguisement. D′ailleurs, même si les fautes de l′oncle sont différentes de celles du neveu, l′hérédité peut n′en être pas moins, dans une certaine mesure, la loi causale, car l′effet ne ressemble pas toujours à la cause, comme la copie à l′original, et même, si les fautes de l′oncle sont pires, il peut parfaitement les croire moins graves. Aunque el atavismo y los parecidos familiares fueran los únicos motivos, es inevitable que el tío que da el sermón tenga más o menos los mismos defectos que el sobrino a quien debe retar. El tío no pone en ello, por otra parte, ninguna hipocresía, desorientado por la facultad que tienen los hombres de creer a cada circunstancia nueva que se trata de “otra cosa”, facultad que les permite adoptar errores artísticos, políticos, etc., sin advertir que son los mismos que creyeron verdades diez años antes, a propósito de otra escuela de pintura que repudiaban, de otro asunto político que creían merecer su odio, de los que han regresado y que adoptan sin reconocerlos bajo el nuevo disfraz. Por otra parte, aunque las culpas del tío sean distintas a las del sobrino, la herencia puede ser la ley causal en cierta medida, porque el efecto no siempre se parece a la causa, como la copia al original, y aunque las culpas del tío sean peores, puede perfectamente creerlas menos graves.
Quand M. de Charlus venait de faire des remontrances indignées à Robert, qui d′ailleurs ne connaissait pas les goûts véritables de son oncle, à cette époque-là, et même si c′eût encore été celle où le baron flétrissait ses propres goûts, il eût parfaitement pu être sincère, en trouvant, du point de vue de l′homme du monde, que Robert était infiniment plus coupable que lui. Robert n′avait-il pas failli, au moment où son oncle avait été chargé de lui faire entendre raison, se faire mettre au ban de son monde? ne s′en était-il pas fallu de peu qu′il ne fût blackboulé au Jockey? n′était-il pas un objet de risée par les folles dépenses qu′il faisait pour une femme de la dernière catégorie, par ses amitiés avec des gens, auteurs, acteurs, juifs, dont pas un n′était du monde, par ses opinions qui ne se différenciaient pas de celles des traîtres, par la douleur qu′il causait à tous les siens? En quoi cela pouvait-il se comparer, cette vie scandaleuse, à celle de M. de Charlus qui avait su, jusqu′ici, non seulement garder, mais grandir encore sa situation de Guermantes, étant dans la société un être absolument privilégié, recherché, adulé par la société la plus choisie, et qui, marié à une princesse de Bourbon, femme éminente, avait su la rendre heureuse, avait voué à sa mémoire un culte plus fervent, plus exact qu′on n′a l′habitude dans le monde, et avait ainsi été aussi bon mari que bon fils! Cuando el señor de Charlus acababa de hacerles indignadas advertencias a Roberto, que, por otra parte, no conocía los verdaderos gustos de su tío, en esa época y aunque fuera aquella en que el barón fustigara sus propios gustos, podía haber sido perfectamente sincero al advertir desde el punto de vista del hombre de mundo que Roberto era infinitamente más culpable que él. ¿Acaso Roberto no había estado a punto de hacerse desterrar de su mundo en momentos en que a su tío le habían encargado que le hiciera comprender razones? ¿Acaso no estuvo a punto de ser rechazado en el Jockey y no era objeto de burlas debido a los gastos desorbitados que hacía por una mujer de ínfima categoría y por sus amistades con gente, autores, actores, judíos, de los cuales ninguno pertenecía a la sociedad? ¿Por sus opiniones que no se diferenciaban de las de los traidores, por el dolor que causaba a todos los suyos? ¿En qué podía compararse esa vida escandalosa con la del señor de Charlus, que había sabido hasta entonces no sólo conservar, sino agrandar su situación de Guermantes, sumamente buscado en sociedad, privilegiado, adulado por la mente más selecta y que, al casarse con una princesa de Borbón, mujer eminente, había sabido hacerla feliz; dedicar a su memoria un culto más ferviente y más exacto de lo que se acostumbra en sociedad y había sido así tan buen marido como buen hijo?
«Mais es-tu sûr que M. de Charlus ait eu tant de maîtresses?» demandai-je, non certes dans l′intention diabolique de révéler à Robert le secret que j′avais surpris, mais agacé cependant de l′entendre soutenir une erreur avec tant de certitude et de suffisance. Il se contenta de hausser les épaules en réponse à ce qu′il croyait de ma part de la naîµ¥té. «Mais d′ailleurs, je ne l′en blâme pas, je trouve qu′il a parfaitement raison.» Et il commença à m′esquisser une théorie qui lui eût fait horreur à Balbec (où il ne se contentait pas de flétrir les séducteurs, la mort lui paraissant le seul châtiment proportionné au crime). C′est qu′alors il était encore amoureux et jaloux. Il alla jusqu′à me faire l′éloge des maisons de passe. «Il n′y a que là qu′on trouve chaussure à son pied, ce que nous appelons au régiment son gabarit.» Il n′avait plus pour ce genre d′endroits le dégoût qui l′avait soulevé à Balbec quand j′avais fait allusion à eux, et, en l′entendant maintenant, je lui dis que Bloch m′en avait fait connaître, mais Robert me répondit que celle où allait Bloch devait être «extrêmement purée, le paradis du pauvre». «Ça dépend, après tout: où était-ce?» Je restai dans le vague, car je me rappelai que c′était là, en effet, que se donnait pour un louis cette Rachel que Robert avait tant aimée. «En tout cas, je t′en ferai connaître de bien mieux, où il va des femmes épatantes.» En m′entendant exprimer le désir qu′il me conduisît le plus tôt possible dans celles qu′il connaissait et qui devaient, en effet, être bien supérieures à la maison que m′avait indiquée Bloch, il témoigna d′un regret sincère de ne le pouvoir pas cette fois puisqu′il repartait le lendemain. «Ce sera pour mon prochain séjour, dit-il. Tu verras, il y a même des jeunes filles, ajouta-t-il d′un air mystérieux. Il y a une petite demoiselle de . . . je crois d′Orgeville, je te dirai exactement, qui est la fille de gens tout ce qu′il y a de mieux; la mère est plus ou moins née La Croix-l′Evêque, ce sont des gens du gratin, même un peu parents, sauf erreur, à ma tante Oriane. Du reste, rien qu′à voir la petite, on sent que c′est la fille de gens bien (je sentis s′étendre un instant sur la voix de Robert l′ombre du génie des Guermantes qui passa comme un nuage, mais à une grande hauteur et ne s′arrêta pas). Ça m′a tout l′air d′une affaire merveilleuse. Les parents sont toujours malades et ne peuvent s′occuper d′elle. Dame, la petite se désennuie, et je compte sur toi pour lui trouver des distractions, à cette enfant! — Oh! quand reviendras-tu? — Je ne sais pas; si tu ne tiens pas absolument à des duchesses (le titre de duchesse étant pour l′aristocratie le seul qui désigne un rang particulièrement brillant, comme on dirait, dans le peuple, des princesses), dans un autre genre il y a la première femme de chambre de Mme Putbus.» “¿Pero estás seguro de que el señor de Charlus haya tenido tantas amantes?” le pregunté, no con la intención ciertamente diabólica de revelar a Roberto el secreto que sorprendiera, pero fastidiado, sin embargo, al haberle oído sostener un error con tanta certeza y suficiencia. Se contentó con alzar los hombros en respuesta a lo que creía mi candidez. “Por otra parte, no se le reprocho, y me parece que tiene perfectamente razón”. Y empezó a esbozarme una teoría que hubiese horrorizado a Balbec (donde no se conformaba con escarnecer a los seductores, ya que la muerte parecía el único castigo proporcionado al crimen). Es que por entonces estaba todavía enamorado y celoso. Llegó hasta a hacerme el elogio de las casas de citas. “Sólo ahí encuentra uno calzado a su medida, lo que llamamos en el ejército nuestro gálibo”. Ya no sentía por esa clase de lugares el asco que lo sublevaba en Balbec cuando yo los mencionaba, y al oírlo ahora, le dije que Bloch me los había hecho conocer, pero Roberto me contestó que si allí iba Bloch, debía ser “extremadamente pobre, el paraíso del desposeído”. “Depende, después de todo: ¿dónde era?” Me quedé cortado, porque recordé que ahí era en efecto donde se entregaba por un luis7 aquella Raquel que tanto había querido Roberto... “De cualquier modo te haré conocer algunas mucho mejores, donde hay mujeres estupendas”. Al oírme expresar el deseo de que me acompañase lo antes posible a las que conocía y que debían ser, en efecto, muy superiores a la casa que me había indicado Bloch, demostró un pesar sincero por no poderlo hacer esta vez, ya que volvía al día siguiente. “Será para mi próxima estada dijo. Ya verás, hasta hay muchachas agregó con aspecto misterioso. Hay una jovencita de... creo que de Orgeville, te lo diré exactamente, que es hija de gente de lo mejor: la madre es más o menos La Croix-l′ Evéque, gente en el candelero, hasta algo parientes, salvo error, de mi tía Oriana. Por otra parte, basta mirar a la chica para advertir que es hija de gente bien. (Sentí que se extendía un instante sobre la voz de Roberto la sombra del genio de los Guermantes que pasó como una nube, pero a gran altura y sin detenerse). Me parece algo maravilloso. Los padres están siempre enfermos y no pueden andar tras ella. Vaya, la chica se entretiene, ycuento contigo para buscarle distracciones a esa muchacha”. “¡Oh, ¿cuándo volverás? “No sé; si no tienes un interés absoluto en duquesas (el título de duquesa es para la aristocracia el único que designa un rango particularmente brillante, como para el pueblo, princesas), en otro género tenemos a la primera mucama de la señora de Putbus”.
A ce moment, Mme de Surgis entra dans le salon de jeu pour chercher ses fils. En l′apercevant, M. de Charlus alla à elle avec une amabilité dont la marquise fut d′autant plus agréablement surprise, que c′est une grande froideur qu′elle attendait du baron, lequel s′était posé de tout temps comme le protecteur d′Oriane et, seul de la famille — trop souvent complaisante aux exigences du duc à cause de son héritage et par jalousie à l′égard de la duchesse — tenait impitoyablement à distance les maîtresses de son frère. Aussi Mme de Surgis eût-elle fort bien compris les motifs de l′attitude qu′elle redoutait chez le baron, mais ne soupçonna nullement ceux de l′accueil tout opposé qu′elle reçut de lui. Il lui parla avec admiration du portrait que Jacquet avait fait d′elle autrefois. Cette admiration s′exalta même jusqu′à un enthousiasme qui, s′il était en partie intéressé pour empêcher la marquise de s′éloigner de lui, pour «l′accrocher», comme Robert disait des armées ennemies dont on veut forcer les effectifs à rester engagés sur un certain point, était peut-être aussi sincère. Car si chacun se plaisait à admirer dans les fils le port de reine et les yeux de Mme de Surgis, le baron pouvait éprouver un plaisir inverse, mais aussi vif, à retrouver ces charmes réunis en faisceau chez leur mère, comme en un portrait qui n′inspire pas lui-même de désirs, mais nourrit, de l′admiration esthétique qu′il inspire, ceux qu′il réveille. Ceux-ci venaient rétrospectivement donner un charme voluptueux au portrait de Jacquet lui-même, et en ce moment le baron l′eût volontiers acquis pour étudier en lui la généalogie physiologique des deux jeunes Surgis. En ese momento la señora de Surgis entró en el salón de juego para buscar a sus hijos. Al advertirla, el señor de Charlus fue hacia ella con una amabilidad que sorprendió a la marquesa tanto más agradablemente cuanto que esperaba una gran frialdad del barón, que en todo tiempo se hiciera pasar como protector de Oriana y el único de la familia que a menudo complacía las exigencias del duque a causa de su herencia ypor celos con respecto ala duquesa ymantenía implacablemente a distancia a las amantes de su hermano. Por eso, aunque la señora de Surgis comprendiese perfectamente los motivos de la actitud que le temía al barón, no sospechó en lo mínimo los de la acogida completamente opuesta que recibiera. Le habló con admiración del retrato que Jacquet le había hecho antaño. Esa admiración se exaltó hasta un entusiasmo que si era parcialmente interesado, para impedir que la marquesa se alejara de él, para “engancharla”, como decía Roberto de los ejércitos enemigos cuando uno quiere obligar a sus efectivos a quedarse en cierto punto, también podía ser sincero. Porque si cada cual se complacía admirando en los hijos el porte de reina y los ojos de la señora de Surgis, el barón podía experimentar un placer inverso pero tan vivo en encontrar esos encantos reunidos en haz en su madre, como en un retrato que no inspira deseos por él mismo, pero los alimenta con la admiración estética que provoca a los que despierta. Éstos daban retrospectivamente un encanto voluptuoso al retrato mismo de Jacquet, y en ese momento el barón lo hubiese adquirido de buena gana para estudiar en él la genealogía fisiológica de los dos jóvenes Surgis.
«Tu vois que je n′exagérais pas, me dit Robert. Regarde un peu l′empressement de mon oncle auprès de Mme de Surgis. Et même, là, cela m′étonne. Si Oriane le savait elle serait furieuse. Franchement il y a assez de femmes sans aller juste se précipiter sur celle-là», ajouta-t-il; comme tous les gens qui ne sont pas amoureux, il s′imaginait qu′on choisit la personne qu′on aime après mille délibérations et d′après des qualités et convenances diverses. Du reste, tout en se trompant sur son oncle, qu′il croyait adonné aux femmes, Robert, dans sa rancune, parlait de M. de Charlus avec trop de légèreté. On n′est pas toujours impunément le neveu de quelqu′un. C′est très souvent par son intermédiaire qu′une habitude héréditaire est transmise tôt ou tard. On pourrait faire ainsi toute une galerie de portraits, ayant le titre de la comédie allemande Oncle et neveu, où l′on verrait l′oncle veillant jalousement, bien qu′involontairement, à ce que son neveu finisse par lui ressembler. “Ya ves que no exageraba me dijo Roberto. Mira un poco el entusiasmo de mi tío en torno a la señora de Surgis. Y aun me asombra. Si lo supiera Oriana se pondría furiosa. Francamente hay bastantes mujeres sin precipitarse justamente sobre ésa”, agregó. Como todos los que no están enamorados, suponía que uno elige a la persona que ama, después de mil deliberaciones ypor sus cualidades ylas distintas conveniencias. Por otra parte, al equivocarse con respecto a su tío, que creía inclinado a las mujeres, Roberto, en su rencor, hablaba del señor de Charlus con demasiada ligereza. No siempre se es impunemente el sobrino de alguien. Muy a menudo por su intermedio se transmite tarde o temprano un hábito hereditario. Se podría hacer así toda una galería de retratos, con el título de la comedia alemana “Tío y sobrino”, en que se viese al tío cuidado celosa aunque involuntariamente para que su sobrino acabe por parecérsele.
J′ajouterai même que cette galerie serait incomplète si l′on n′y faisait pas figurer les oncles qui n′ont aucune parenté réelle, n′étant que les oncles de la femme du neveu. Les Messieurs de Charlus sont, en effet, tellement persuadés d′être les seuls bons maris, en plus les seuls dont une femme ne soit pas jalouse, que généralement, par affection pour leur nièce, ils lui font épouser aussi un Charlus. Ce qui embrouille l′écheveau des ressemblances. Et à l′affection pour la nièce se joint parfois de l′affection aussi pour son fiancé. De tels mariages ne sont pas rares, et sont souvent ce qu′on appelle heureux. Agregaré todavía que esa galería sería incompleta si no figurasen en ella los tíos que no tienen ningún parentesco real, porque no son más que los tíos de la mujer del sobrino. Los señores de Charlus están, en efecto, tan convencidos de ser los únicos buenos maridos y, además, los únicos de quienes una mujer no tiene celos, que generalmente, por afecto a su sobrina, la casan también con un Charlus. Lo que enreda la madeja de los parecidos. Y al afecto por la sobrina se une a veces también el afecto por su novio. Semejantes casamientos no son raros y constituyen lo que a menudo se llaman felices.
— De quoi parlions-nous? Ah! de cette grande blonde, la femme de chambre de Mme Putbus. Elle aime aussi les femmes, mais je pense que cela t′est égal; je peux te dire franchement, je n′ai jamais vu créature aussi belle. — Je me l′imagine assez Giorgione? — Follement Giorgione! Ah! si j′avais du temps à passer à Paris, ce qu′il y a de choses magnifiques à faire! Et puis, on passe à une autre. Car pour l′amour, vois-tu, c′est une bonne blague, j′en suis bien revenu. “¿De qué hablábamos? ¡Ah!, de esa rubia alta, la mucama de la señora de Putbus. También le gustan las mujeres, pero supongo que eso no te importará; te puedo decir con franqueza que nunca he visto criatura más hermosa”. “¿Me la imagino bastante Giorgione?” “Giorgione con locura. ¡Ah, si tuviera tiempo disponible para quedarme en París, qué cosas magníficas podría hacer! Y después pasar a otras. Porque en cuanto al amor, ¿sabes?, es una buena broma; ya estoy bastante de vuelta”.
Je m′aperçus bientôt, avec surprise, qu′il n′était pas moins revenu de la littérature, alors que c′était seulement des littérateurs qu′il m′avait paru désabusé à notre dernière rencontre (c′est presque tous fripouille et Cie, m′avait-il dit, ce qui se pouvait expliquer par sa rancune justifiée à l′endroit de certains amis de Rachel. Ils lui avaient en effet persuadé qu′elle n′aurait jamais de talent si elle laissait «Robert, homme d′une autre race», prendre de l′influence sur elle, et avec elle se moquaient de lui, devant lui, dans les dîners qu′il leur donnait). Mais en réalité l′amour de Robert pour les Lettres n′avait rien de profond, n′émanait pas de sa vraie nature, il n′était qu′un dérivé de son amour pour Rachel, et il s′était effacé de celui-ci, en même temps que son horreur des gens de plaisir et que son respect religieux pour la vertu des femmes. Advertí pronto, con sorpresa, que estaba igualmente de regreso de la literatura, aunque en nuestro último encuentro sólo me parecía desencantado de los literatos. (Son casi todos Porquería y Cía., me había dicho, lo que podía explicarse debido a su justificado. rencor por ciertos amigos de Raquel. La habían convencido, en efecto, de que nunca tendría talento si dejaba que “Roberto, hombre de otra raza”, adquiriera influencia sobre ella y se burlaban de él con ella y delante de él, en las comidas que les ofrecía). Pero, en realidad, el amor de Roberto por las letras no tenía nada profundo, no se desprendía de su verdadera naturaleza, no era más que un derivado de su amor por Raquel y se le había esfumado al mismo tiempo que su horror por la gente de placer y su respeto religioso por la virtud de las mujeres.
«Comme ces deux jeunes gens ont un air étrange! Regardez cette curieuse passion du jeu, marquise», dit M. de Charlus, en désignant à Mme de Surgis ses deux fils, comme s′il ignorait absolument qui ils étaient, «ce doivent être deux Orientaux, ils ont certains traits caractéristiques, ce sont peut-être des Turcs», ajouta-t-il, à la fois pour confirmer encore sa feinte innocence, témoigner d′une vague antipathie, qui, quand elle ferait place ensuite à l′amabilité, prouverait que celle-ci s′adresserait seulement à la qualité de fils de Mme de Surgis, n′ayant commencé que quand le baron avait appris qui ils étaient. Peut-être aussi M. de Charlus, de qui l′insolence était un don de nature qu′il avait joie à exercer, profitait-il de la minute pendant laquelle il était censé ignorer qui était le nom de ces deux jeunes gens pour se divertir aux dépens de Mme de Surgis et se livrer à ses railleries coutumières, comme Scapin met à profit le déguisement de son maître pour lui administrer des volées de coups de bâton. “-¡Qué extraños parecen estos dos jóvenes! Mire esa curiosa pasión del juego, marquesa dijo el señor de Charlus, señalando sus dos hijos, a la señora de Surgis, como si ignorase por completo quiénes eran. Deben ser dos orientales: tienen algunos rasgos característicos; quizás sean turcos agregó para confirmar a un tiempo todavía su fingida inocencia y demostrar una vaga antipatía que, cuando dejara luego su lugar a la amabilidad, probaría que se dirigía solamente a la cualidad de hijos de la señora de Surgis, ya que no había comenzado más que cuando el barón supo quiénes eran. Quizás también el señor de Charlus, en quien la insolencia era un don natural que le alegraba ejercer, aprovechaba ese minuto durante el cual podía ignorar cuál era el nombre de esos dos jóvenes para divertirse a expensas de la señora de Surgis y entregarse a sus ironías habituales, como Scapin aprovecha el disfraz de su amo para administrarle tundas de palos.
«Ce sont mes fils», dit Mme de Surgis, avec une rougeur qu′elle n′aurait pas eue si elle avait été plus fine sans être plus vertueuse. Elle eût compris alors que l′air d′indifférence absolue ou de raillerie que M. de Charlus manifestait à l′égard d′un jeune homme n′était pas plus sincère que l′admiration toute superficielle qu′il témoignait à une femme n′exprimait le vrai fond de sa nature. Celle à qui il pouvait tenir indéfiniment les propos les plus complimenteurs aurait pu être jalouse du regard que, tout en causant avec elle, il lançait à un homme qu′il feignait ensuite de n′avoir pas remarqué. Car ce regard-là était un regard autre que ceux que M. de Charlus avait pour les femmes; un regard particulier, venu des profondeurs, et qui, même dans une soirée, ne pouvait s′empêcher d′aller naîµ¥ment aux jeunes gens, comme les regards d′un couturier qui décèlent sa profession par la façon immédiate qu′ils ont de s′attacher aux habits. “Son mis hijos, dijo la señora de Surgis con un rubor que no hubiera tenido de haber sido más fina sin ser más virtuosa. Hubiese comprendido entonces que la expresión de absoluta indiferencia o de ironía que manifestaba el señor de Charlus con respecto a un joven no era más sincera que la admiración completamente superficial que demostraba a una mujer, y no expresaba el verdadero fondo de su naturaleza. Aquella a quien dirigiera indefinidamente los propósitos más halagüeños, pudiera tener celos de la mirada que mientras versaba con ella lanzaba a un hombre al que luego fingía no haber mirado. Porque esa mirada era muy distinta a las que el señor de Charlus tenía para las mujeres: una mirada particular, que provenía de lo hondo y que aun en una velada no podía dejar de dirigirse cándidamente a los jóvenes, como las miradas de un modista que revelan su profesión por la manera inmediata que tienen de adherirse a los trajes.
«Oh! comme c′est curieux», répondit non sans insolence M. de Charlus, en ayant l′air de faire faire à sa pensée un long trajet pour l′amener à une réalité si différente de celle qu′il feignait d′avoir supposée. «Mais je ne les connais pas», ajouta-t-il, craignant d′être allé un peu loin dans l′expression de l′antipathie et d′avoir paralysé ainsi chez la marquise l′intention de lui faire faire leur connaissance. «Est-ce que vous voudriez me permettre de vous les présenter? demanda timidement Mme de Surgis. — Mais, mon Dieu! comme vous penserez, moi, je veux bien, je ne suis pas peut-être un personnage bien divertissant pour d′aussi jeunes gens», psalmodia M. de Charlus avec l′air d′hésitation et de froideur de quelqu′un qui se laisse arracher une politesse. “¡Oh, qué curioso! contestó no sin insolencia el señor de Charlus, pareciendo que hacía recorrer a su pensamiento un largo trayecto para traerlo a una realidad tan distinta de la que fingía haber supuesto. Pero no los conozco agregó, temiendo haber ido un poco lejos en la expresión de la antipatía y haber paralizado así en la marquesa la intención de hacérselos conocer”. ¿Me permitirla que se los presentase?”, pidió tímidamente la señora de Surgis. “Pero, Dios mío, ¿cómo lo duda usted? Ya lo creo, aunque no soy un personaje quizás muy divertido para muchachos tan jóvenes”; salmodió el señor de Charlus con un poco de cavilación y la frialdad de alguien que se deja arrancar una cortesía.
«Arnulphe, Victurnien, venez vite», dit Mme de Surgis. Victurnien se leva avec décision. Arnulphe, sans voir plus loin que son frère, le suivit docilement. “¡Arnulfo, Victurniano, vengan pronto!”, dijo la señora de Surgis. Victurniano se levantó con decisión. Arnulfo, sin ver más allá de su hermano, lo siguió dócilmente
— Voilà le tour des fils, maintenant, me dit Robert. C′est à mourir de rire. Jusqu′au chien du logis, il s′efforce de complaire. C′est d′autant plus drôle que mon oncle déteste les gigolos. Et regarde comme il les écoute avec sérieux. Si c′était moi qui avais voulu les lui présenter, ce qu′il m′aurait envoyé dinguer. Écoute, il va falloir que j′aille dire bonjour à Oriane. J′ai si peu de temps à passer à Paris que je veux tâcher de voir ici tous les gens à qui j′aurais été sans cela mettre des cartes. “Ahora les toca el turno a los hijos me dijo Roberto” Es como para morirse de risa. Se esfuerza en complacer hasta al perro de la casa. Tanto más raro cuanto que mi tío detesta a los gigolos. Y mira cómo los escucha con seriedad. Si yo hubiese querido presentárselos, me hubiera mandado a paseo. Escucha, tendré que saludar a Oriana. Tengo tan poco tiempo para quedarme en París que quiero tratar de ver aquí a toda la gente a quien en caso contrario tendría que dejarles tarjetas.
— Comme ils ont l′air bien élevés, comme ils ont de jolies manières, était en train de dire M. de Charlus. “¡Qué educados parecen, qué buenos modales!”, estaba diciendo el señor de Charlus.
— Vous trouvez? répondait Mme de Surgis ravie. “¿Lo cree usted así?” contestaba, encantada, la señora de Surgis.
Swann m′ayant aperçu s′approcha de Saint–Loup et de moi. La gaieté juive était chez Swann moins fine que les plaisanteries de l′homme du monde. «Bonsoir, nous dit-il. Mon Dieu! tous trois ensemble, on va croire à une réunion de syndicat. Pour un peu on va chercher où est la caisse!» Il ne s′était pas aperçu que M. de Beauserfeuil était dans son dos et l′entendait. Le général fronça involontairement les sourcils. Nous entendions la voix de M. de Charlus tout près de nous: «Comment? vous vous appelez Victurnien, comme dans le Cabinet des Antiques», disait le baron pour prolonger la conversation avec les deux jeunes gens. «De Balzac, oui», répondit l′aîné des Surgis, qui n′avait jamais lu une ligne de ce romancier mais à qui son professeur avait signalé, il y avait quelques jours, la similitude de son prénom avec celui de d′Esgrignon. Mme de Surgis était ravie de voir son fils briller et de M. de Charlus extasié devant tant de science. Al vernos, Swann se nos acercó a Saint-Loup y a mí. La alegría judía era en Swann menos fina que las brumas del hombre de mundo. “-Buenas noches -nos dijo-, ¡Dios mío! Los tres juntos; parece una reunión de sindicato. Por poco, buscará la gente dónde queda la caja”. No había advertido que a sus espaldas estaba el señor de Beaucerfeuil y lo oía. El general frunció involuntariamente el ceño. Oíamos la vez del señor de Charlus, junto a nosotros: “¿Cómo, se llama usted Victurniano, igual que en el Gabinete de los Antiguos?”, decía el barón para prolongar la conversación con los dos jóvenes. “De Balzac, sí”, contestó el mayor de los Surgis, que no había leído nunca una línea de ese novelista, pero a quien su profesor señalaba hacía algunos días la similitud de su nombre con el de d′Esgrignon”. La señora de Surgis estaba encantada al ver que su hijo se lucía y el señor de Charlus extasiado ante tanta ciencia.
— Il paraît que Loubet est en plein pour nous, de source tout à fait sûre, dit à Saint–Loup, mais cette fois à voix plus basse pour ne pas être entendu du général, Swann pour qui les relations républicaines de sa femme devenaient plus intéressantes depuis que l′affaire Dreyfus était le centre de ses préoccupations. Je vous dis cela parce que je sais que vous marchez à fond avec nous. “-Parece que Loubet está completamente con nosotros, de fuente muy segura dijo Swann a Saint-Loup, pero esta vez en voz más baja para que no lo oyese el general, para quien las relaciones republicanas de su mujer se hacían más interesantes desde que el asunto Dreyfus era el centro de las preocupaciones. Le digo eso porque sé que usted está de acuerdo con nosotros”.
— Mais, pas tant que ça; vous vous trompez complètement, répondit Robert. C′est une affaire mal engagée dans laquelle je regrette bien de m′être fourré. Je n′avais rien à voir là dedans. Si c′était à recommencer, je m′en tiendrais bien à l′écart. Je suis soldat et avant tout pour l′armée. Si tu restes un moment avec M. Swann, je te retrouverai tout à l′heure, je vais près de ma tante. “No tanto, se equivoca usted completamente contestó Roberto. Es un asunto mal iniciado, en el que lamento mucho haberme metido. Nada tenía yo que ver con eso. Si tuviese que empezar de nuevo, me apartaría. Soy soldado, y antes que nada estoy con el ejército. Si te quedas un momento con el señor Swann, te encontraré dentro de un rato; voy a ver a mi tía”.
Mais je vis que c′était avec Mlle d′Ambressac qu′il allait causer et j′éprouvai du chagrin à la pensée qu′il m′avait menti sur leurs fiançailles possibles. Je fus rasséréné quand j′appris qu′il lui avait été présenté une demi-heure avant par Mme de Marsantes, gui désirait ce mariage, les Ambressac étant très riches. Pero vi que iba a conversar con la señorita de Aubressac, y me dio pena pensar que me había mentido acerca de su probable noviazgo. Me tranquilicé cuando supe que le había sido presentado media hora antes por la señora de Marsantes, que deseaba ese casamiento, ya que los Aubressac eran muy ricos.
«Enfin, dit M. de Charlus à Mme de Surgis, je trouve un jeune homme instruit, qui a lu, qui sait ce que c′est que Balzac. Et cela me fait d′autant plus de plaisir de le rencontrer là où c′est devenu le plus rare, chez un des mes pairs, chez un des nôtres», ajouta-t-il en insistant sur ces mots. Les Guermantes avaient beau faire semblant de trouver tous les hommes pareils, dans les grandes occasions où ils se trouvaient avec des gens «nés», et surtout moins bien «nés», qu′ils désiraient et pouvaient flatter, ils n′hésitaient pas à sortir les vieux souvenirs de famille. «Autrefois, reprit le baron, aristocrates voulait dire les meilleurs, par l′intelligence, par le coeur. Or, voilà le premier d′entre nous que je vois sachant ce que c′est que Victurnien d′Esgrignon. J′ai tort de dire le premier. Il y a aussi un Polignac et un Montesquiou, ajouta M. de Charlus qui savait que cette double assimilation ne pouvait qu′enivrer la marquise. D′ailleurs vos fils ont de qui tenir, leur grand-père maternel avait une collection célèbre du XVIIIe siècle. Je vous montrerai la mienne si vous voulez me faire le plaisir de venir déjeuner un jour, dit-il au jeune Victurnien. Je vous montrerai une curieuse édition du Cabinet des Antiques avec des corrections de la main de Balzac. Je serai charmé de confronter ensemble les deux Victurnien.» “Por fin dijo el señor de Charlus a la señora de Surgis encuentro un joven instruido que ha leído y sabe quién es Balzac. Y me causa más placer por encontrarlo ahí donde se ha hecho más raro, en uno de mis pares, en uno de los nuestros”, agregó, insistiendo en esas palabras. Los Guermantes, por más que hiciesen como que todos los hombres eran iguales, en las grandes ocasiones en que se encontraban con gente de abolengo y sobre todo de menor abolengo que lo que deseaban y podían halagar, no vacilaban en sacar los viejos recuerdos de familia. “Antes repuso el barón, aristócratas quería decir los mejores, por la inteligencia o por el corazón. Y éste es el primero de nosotros que veo sabe quién es Victurniano d′Esgrignon. Hago mal en decir el primero. También hay un Polignac y un Montesquiou agregó el señor de Charlus, que sabía que esa doble asimilación no podía sino embriagar a la marquesa. Por otra parte, sus hijos tienen a quién salir; su abuelo materno tenía una célebre colección del siglo dieciocho. Le enseñaré la mía, si me hace el placer de venir a almorzar un día conmigo -dijo al joven Victurniano. Le enseñaré una curiosa edición del Gabinete de los Antiguos con correcciones autógrafas de Balzac. Me encantará que confrontemos juntos a los dos Victurnianos”.
Je ne pouvais me décider à quitter Swann. Il était arrivé à ce degré de fatigue où le corps d′un malade n′est plus qu′une cornue où s′observent des réactions chimiques. Sa figure se marquait de petits points bleu de Prusse, qui avaient l′air de ne pas appartenir au monde vivant, et dégageait ce genre d′odeur qui, au lycée, après les «expériences», rend si désagréable de rester dans une classe de «Sciences». Je lui demandai s′il n′avait pas eu une longue conversation avec le prince de Guermantes et s′il ne voulait pas me raconter ce qu′elle avait été. No podía decidirme a alejarme de Swann. Había llegado él a ese grado de fatiga en que el cuerpo de un enfermo no es más que una retorta en donde se observan reacciones químicas. Su cara se marcaba con pequeños puntos azules de Prusia que parecían no pertenecer al mundo vivo y desprendía ese olor que en el liceo, después de los “experimentos”, hace tan desagradable la permanencia en el gabinete de “Ciencias”. Le pregunté si no había tenido una larga conversación con el príncipe de Guermantes y si no quería contarme cómo había sido.
— Si, me dit-il, mais allez d′abord un moment avec M. de Charlus et Mme de Surgis, je vous attendrai ici. “Sí me dijo, pero vaya antes un rato con el señor de Charlus y la señora de Surgis; lo esperaré aquí”.
En effet, M. de Charlus ayant proposé à Mme de Surgis de quitter cette pièce trop chaude et d′aller s′asseoir un moment avec elle, dans une autre, n′avait pas demandé aux deux fils de venir avec leur mère, mais à moi. De cette façon, il se donnait l′air, après les avoir amorcés, de ne pas tenir aux deux jeunes gens. Il me faisait de plus une politesse facile, Mme de Surgis-le-Duc étant assez mal vue. En efecto, el señor de Charlus le había propuesto a la señora de Surgis que dejaran ese cuarto demasiado caliente y se fueran a sentar un momento en otro, y no les había pedido a los dos hijos que acompañaran a su madre, sino a mí. De esa manera, después de haberlos cebado, parecía no prestar más atención a los dos jóvenes. Me hacía además con ello una fácil cortesía, ya que la señora de Surgísle-Duc estaba bastante desprestigiada.
Malheureusement, à peine étions-nous assis dans une baie sans dégagements, que Mme de Saint–Euverte, but des quolibets du baron, vint à passer. Elle, peut-être pour dissimuler, ou dédaigner ouvertement les mauvais sentiments qu′elle inspirait à M. de Charlus, et surtout montrer qu′elle était intime avec une dame qui causait si familièrement avec lui, dit un bonjour dédaigneusement amical à la célèbre beauté, laquelle lui répondit, tout en regardant du coin de l′oeil M. de Charlus avec un sourire moqueur. Mais la baie était si étroite que Mme de Saint–Euverte, quand elle voulut, derrière nous, continuer de quêter ses invités du lendemain, se trouva prise et ne put facilement se dégager, moment précieux dont M. de Charlus, désireux de faire briller sa verve insolente aux yeux de la mère des deux jeunes gens, se garda bien de ne pas profiter. Une niaise question que je lui posai sans malice lui fournit l′occasion d′un triomphal couplet dont la pauvre de Saint–Euverte, quasi immobilisée derrière nous, ne pouvait guère perdre un mot. Desgraciadamente, apenas estábamos sentados en un vano sin salida acertó a pasar la señora de Saint-Euverte, blanco de las bromas del barón. Ella, quizás para disimular o desdeñar abiertamente los malos sentimientos que inspiraba al señor de Charlus y sobre todo para indicar que era intima de una señora que conversaba tan familiarmente con él, saludó con un desdén amistoso a la célebre belleza, quien le contestó con una sonrisa burlona mientras miraba de reojo al señor de Charlus. Pero el vano era tan estrecho que cuando la señora de Saint-Euverte, detrás de nosotros, quiso continuar mendigando a sus invitados del día siguiente, se encontró aprisionada y no pudo desprenderse con facilidad, momento preciso que el señor de Charlus, deseando hacer brillar su verba insolente ante ambos jóvenes, se cuidó mucho de no aprovechar. Una pregunta tonta que le planteé sin malicia le dio oportunidad para un cuplé triunfal del que la pobre señora de Saint- Euverte, casi inmovilizada detrás de nosotros, no podía perder una palabra.
— Croyez-vous que cet impertinent jeune homme, dit-il en me désignant à Mme de Surgis, vient de me demander, sans le moindre souci qu′on doit avoir de cacher ces sortes de besoins, si j′allais chez Mme de Saint–Euverte, c′est-à-dire, je pense, si j′avais la colique. Je tâcherais en tout cas de m′en soulager dans un endroit plus confortable que chez une personne qui, si j′ai bonne mémoire, célébrait son centenaire quand je commençai à aller dans le monde, c′est-à-dire pas chez elle. Et pourtant, qui plus qu′elle serait intéressante à entendre? Que de souvenirs historiques, vus et vécus du temps du Premier Empire et de la Restauration, que d′histoires intimes aussi qui n′avaient certainement rien de «Saint», mais devaient être très «Vertes», si l′on en croit la cuisse restée légère de la vénérable gambadeuse. Ce qui m′empêcherait de l′interroger sur ces époques passionnantes, c′est la sensibilité de mon appareil olfactif. La proximité de la dame suffit. Je me dis tout d′un coup: «Oh! mon Dieu, on a crevé ma fosse d′aisances», c′est simplement la marquise qui, dans quelque but d′invitation, vient d′ouvrir la bouche. Et vous comprenez que si j′avais le malheur d′aller chez elle, la fosse d′aisances se multiplierait en un formidable tonneau de vidange. Elle porte pourtant un nom mystique qui me fait toujours penser avec jubilation, quoiqu′elle ait passé depuis longtemps la date de son jubilé, à ce stupide vers dit «déliquescent»: «Ah! verte, combien verte était mon âme ce jour-là . . . » Mais il me faut une plus propre verdure. On me dit que l′infatigable marcheuse donne des «garden-parties», moi j′appellerais ça «des invites à se promener dans les égouts». “¿Cree usted que ese joven impertinente dijo señalándome a la señora de Surgis acaba de preguntarme, sin la menor preocupación por ocultar esa clase de necesidades, si iba a casa de la señora de Saint-Euverte, es decir, supongo, si tenía cólico? Trataría de aliviarme, en todo caso, en un lugar más confortable que la casa de una persona que, si tengo buena memoria, celebraba su centenario cuando yo comenzaba a andar por el mundo, es decir cuando no iba a su casa. Sin embargo, nadie más interesante que ella. ¡Cuántos recuerdos históricos, vistos yvividos del tiempo del Primer Imperio yla Restauración! ¡Cuántas historias íntimas también que ciertamente no tienen nada de “Santo”, pero deben ser “Verdes”8 si damos crédito a las nalgas aún ligeras de tan venerable brincadora! Lo que me impediría interrogarla acerca de esas épocas apasionantes es la sensibilidad de mi aparato olfativo. Me basta la proximidad de la dama. De pronto, digo: ¡Dios mío!, ha reventado la cámara séptica, y es sencillamente la marquesa que con alguna intención invitativa acaba de abrir la boca. Y usted comprende que si tuviese la desgracia de ir a su casa, la cámara séptica se multiplicaría hasta convertirse en un gigantesco carro atmosférico. Lleva, sin embargo, un nombre místico que siempre me hace pensar jubilosamente, aunque haya pasado hace tiempo la fecha de su jubileo, en ese verso estúpido llamado “delicuescente”. “¡Ah, verde, cuán verde era mi alma ese día!...”. Pero necesito una verdura más limpia. Me dicen que la infatigable caminadora ofrece garden-parties, pero yo los llamaría invitaciones para pasear en las cloacas.
Est-ce que vous allez vous crotter là? demanda-t-il à Mme de Surgis, qui cette fois se trouva ennuyée. Car voulant feindre de n′y pas aller, vis-à-vis du baron, et sachant qu′elle donnerait des jours de sa propre vie plutôt que de manquer la matinée Saint–Euverte, elle s′en tira par une moyenne, c′est-à-dire l′incertitude. Cette incertitude prit une forme si bêtement dilettante et si mesquinement couturière, que M. de Charlus, ne craignant pas d′offenser Mme de Surgis, à laquelle pourtant il désirait plaire, se mit à rire pour lui montrer que «ça ne prenait pas». ¿Piensa usted ir allí a ensuciarse?, le preguntó a la señora de Surgis, que esa vez se sintió fastidiada. Porque queriendo fingir que no iría frente al barón y sabiendo que daría días de su vida antes que faltar a la velada de Saint-Euverte, salió del paso con un término medio, es decir con la incertidumbre. Ésta tomó una forma tan tontamente dilettante y tan mezquinamente costurera que el señor de Charlus no temió ofender a la señora de Surgis, a quien sin embargo, deseaba complacer, yse puso a reír para indicarle que no había entrado en su juego.
— J′admire toujours les gens qui font des projets, dit-elle; je me décommande souvent au dernier moment. Il y a une question de robe d′été qui peut changer les choses. J′agirai sous l′inspiration du moment. “Admiro siempre a la gente que hace proyectos dijo ella; a menudo me desdigo a último momento. Hay una cuestión de vestido de verano que puede cambiar las cosas. Obraré bajo la inspiración del momento”.
Pour ma part, j′étais indigné de l′abominable petit discours que venait de tenir M. de Charlus. J′aurais voulu combler de biens la donneuse de garden-parties. Malheureusement dans le monde, comme dans le monde politique, les victimes sont si lâches qu′on ne peut pas en vouloir bien longtemps aux bourreaux. Mme de Saint–Euverte, qui avait réussi à se dégager de la baie dont nous barrions l′entrée, frôla involontairement le baron en passant, et, par un réflexe de snobisme qui annihilait chez elle toute colère, peut-être même dans l′espoir d′une entrée en matière d′un genre dont ce ne devait pas être le premier essai: «Oh! pardon, monsieur de Charlus, j′espère que je ne vous ai pas fait mal», s′écria-t-elle comme si elle s′agenouillait devant son maître. Celui-ci ne daigna répondre autrement que par un large rire ironique et concéda seulement un «bonsoir», qui, comme s′il s′apercevait seulement de la présence de la marquise une fois qu′elle l′avait salué la première, était une insulte de plus. Enfin, avec une platitude suprême, dont je souffris pour elle, Mme de Saint–Euverte s′approcha de moi et, m′ayant pris à l′écart, me dit à l′oreille: «Mais, qu′ai-je fait à M. de Charlus? On prétend qu′il ne me trouve pas assez chic pour lui», dit-elle, en riant à gorge déployée. Je restai sérieux. D′une part, je trouvais stupide qu′elle eût l′air de se croire ou de vouloir faire croire que personne n′était, en effet, aussi chic qu′elle. D′autre part, les gens qui rient si fort de ce qu′ils disent, et qui n′est pas drôle, nous dispensent par là, en prenant à leur charge l′hilarité, d′y participer. Por mi parte, estaba indignado por el infame pequeño discurso que acababa de pronunciar el señor de Charlus. Hubiera querido colmar de bienes a la donante de gardenparties. Desgraciadamente, en sociedad como en el mundo político, las víctimas son tan cobardes que no se puede guardar rencor mucho tiempo a los verdugos. La señora de Saint-Euverte, que había conseguido zafarse del vano cuya entrada obstruíamos, rozó involuntariamente al barón al pasar, y por un reflejo de snobismo que aniquilaba en ella toda ira, quizás aún con la esperanza de una entrada en materia cuyo ensayo no debía ser el primero: “¡Oh, perdón, señor Charlus, espero no haberle hecho daño!”, exclamó como si se arrodillase ante su amo. Éste no se dignó contestar de otra manera que con una ancha risa irónica y apenas contestó un “buenas noches” que, como si sólo advirtiese la presencia de la marquesa una vez que ésta lo hubiese saludado primero, era un insulto más. En fin, con un aplastamiento supremo que me hizo sufrir en su lugar, la señora de Saint-Euverte se me acercó y, habiéndome apartado, me dijo al oído: “¿Pero qué le habré hecho al señor de Charlus? Dicen que no le parezco lo suficientemente elegante”, dijo riendo .a carcajadas: Me quedé serio. Por una parte, me parecía estúpido que pareciese creer o quisiese hacer creer que no había nadie, en efecto, tan elegante como ella. Por otra parte, la gente que se reía con tanta fuerza de lo que dice y no es gracioso, nos dispensa de ello al tomar a su cargo la hilaridad.
— D′autres assurent qu′il est froissé que je ne l′invite pas. Mais il ne m′encourage pas beaucoup. Il a l′air de me bouder (l′expression me parut faible). Tâchez de le savoir et venez me le dire demain. Et s′il a des remords et veut vous accompagner, amenez-le. A tout péché miséricorde. Cela me ferait même assez plaisir, à cause de Mme de Surgis que cela ennuierait. Je vous laisse carte blanche. Vous avez le flair le plus fin de toutes ces choses-là et je ne veux pas avoir l′air de quémander des invités. En tout cas, sur vous, je compte absolument. “Otros aseguran que está resentido porque no lo invito. Pero es que no me da muchos ánimos. Parece amohinado conmigo (la expresión me pareció débil). Trate de saberlo y venga a decírmelo mañana. Y si tiene remordimientos y quiere acompañarlo, tráigalo. Misericordia para todo pecado. Hasta me causaría bastante placer; porque a la señora de Surgis le fastidiaría. Le doy carta blanca. Tiene usted el más fino olfato para esas cosas, y no quiero que supongan que mendigo invitados. En todo caso, cuento absolutamente con usted”.
Je songeai que Swann devait se fatiguer à m′attendre. Je ne voulais pas, du reste, rentrer trop tard à cause d′Albertine, et, prenant congé de Mme de Surgis et de M. de Charlus, j′allai retrouver mon malade dans la salle de jeux. Je lui demandai si ce qu′il avait dit au Prince dans leur entretien au jardin était bien ce que M. de Bréauté (que je ne lui nommai pas) nous avait rendu et qui était relatif à un petit acte de Bergotte. Il éclata de rire: «Il n′y a pas un mot de vrai, pas un seul, c′est entièrement inventé et aurait été absolument stupide. Vraiment c′est inouퟣette génération spontanée de l′erreur. Je ne vous demande pas qui vous a dit cela, mais ce serait vraiment curieux, dans un cadre aussi délimité que celui-ci, de remonter de proche en proche pour savoir comment cela s′est formé. Du reste, comment cela peut-il intéresser les gens, ce que le Prince m′a dit? Les gens sont bien curieux. Moi, je n′ai jamais été curieux, sauf quand j′ai été amoureux et quand j′ai été jaloux. Et pour ce que cela m′a appris! Êtes-vous jaloux?» Je dis à Swann que je n′avais jamais éprouvé de jalousie, que je ne savais même pas ce que c′était. «Hé bien! je vous en félicite. Quand on l′est un peu, cela n′est pas tout à fait désagréable, à deux points de vue. Pensé que Swann debía cansarse de esperarme. No quería volver muy tarde, por otra parte, a causa de Albertina, y despidiéndome de la señora de Surgis y del señor de Charlus, fui a buscar a mi enfermo a la sala de juegos. Le pregunté si lo que le había dicho al príncipe en su conversación del jardín era exactamente lo que nos había vertido el señor de Bréauté (que no le nombré) y que se relacionaba con un pequeño acto de Bergotte. Se puso a reír: “-No hay una sola palabra de verdad, es completamente inventado y hubiera sido absolutamente estúpido. En verdad, es esa generación espontánea del error. No le pregunto quién se lo ha dicho, pero sería verdaderamente curioso en un cuadro tan restringido como éste remontarse de prójimo en prójimo para saber cómo se ha formado. Por otra parte, ¿cómo puede interesarle a la gente lo que me ha dicho el príncipe? La gente es muy curiosa. Yo nunca he sido curioso, menos cuando he estado enamorado y cuando he tenido ellos. Y para lo que sirvió... ¿Usted es celoso?” Le dije a Swann que nunca había sentido celos, y que ni siquiera sabía lo que eran “Muy bien, lo felicito. Un poco de celos no es del todo desagradable, desde dos puntos de vista.
D′une part, parce que cela permet aux gens qui ne sont pas curieux de s′intéresser à la vie des autres personnes, ou au moins d′une autre. Et puis, parce que cela fait assez bien sentir la douceur de posséder, de monter en voiture avec une femme, de ne pas la laisser aller seule. Mais cela, ce n′est que dans les tout premiers débuts du mal ou quand la guérison est presque complète. Dans l′intervalle, c′est le plus affreux des supplices. Du reste, même les deux douceurs dont je vous parle, je dois vous dire que je les ai peu connues; la première, par la faute de ma nature qui n′est pas capable de réflexions très prolongées; la seconde, à cause des circonstances, par la faute de la femme, je veux dire des femmes, dont j′ai été jaloux. Mais cela ne fait rien. Même quand on ne tient plus aux choses, il n′est pas absolument indifférent d′y avoir tenu, parce que c′était toujours pour des raisons qui échappaient aux autres. Le souvenir de ces sentiments-là, nous sentons qu′il n′est qu′en nous; c′est en nous qu′il faut rentrer pour le regarder. Ne vous moquez pas trop de ce jargon idéaliste, mais ce que je veux dire, c′est que j′ai beaucoup aimé la vie et que j′ai beaucoup aimé les arts. Hé bien! maintenant que je suis un peu trop fatigué pour vivre avec les autres, ces anciens sentiments si personnels à moi, que j′ai eus, me semblent, ce qui est la manie de tous les collectionneurs, très précieux. Je m′ouvre à moi-même mon coeur comme une espèce de vitrine, je regarde un à un tant d′amours que les autres n′auront pas connus. Et de cette collection à laquelle je suis maintenant plus attaché encore qu′aux autres, je me dis, un peu comme Mazarin pour ses livres, mais, du reste, sans angoisse aucune, que ce sera bien embêtant de quitter tout cela. Mais venons à l′entretien avec le Prince, je ne le raconterai qu′à une seule personne, et cette personne, cela va être vous.» J′étais gêné, pour l′entendre, par la conversation que, tout près de nous, M. de Charlus, revenu dans la salle de jeux, prolongeait indéfiniment. «Et vous lisez aussi? Qu′est-ce que vous faites?» demanda-t-il au comte Arnulphe, qui ne connaissait même pas le nom de Balzac. Mais sa myopie, comme il voyait tout très petit, lui donnait l′air de voir très loin, de sorte que, rare poésie en un sculptural dieu grec, dans ses prunelles s′inscrivaient comme de distantes et mystérieuses étoiles. Por una parte, porque permite a los que son curiosos interesarse en la vida de otras personas o por lo menos de otra persona. Y porque hace sentir bastante bien la dulzura de poseer y subir en coche con una mujer y no dejarla andar sola. Pero eso no sucede más que en los comienzos del mal o cuando la curación ya está casi completa. En el intervalo, es el suplicio más espantoso. Por otra parte, debo decirle que aun estas dos dulzuras de que le hablo las he conocido poco: la primera, por culpa de mi naturaleza, que no es capaz de meditaciones muy prolongadas; la segunda, a causa de las circunstancias, por culpa de la mujer; quiero decir de las mujeres que me hicieron sufrir celos. Pero eso no importa. Aun cuando uno ya no tiene interés en las cosas, no es absolutamente indiferente haber resistido; porque siempre era por motivos que escapaban a los demás. El recuerdo de esos sentimientos está, lo sentimos, únicamente, en nosotros; hay que entrar en nosotros mismos para mirarlo. No se burle demasiado de esa jerga idealista, pero lo que quiero decir es que quise mucho la vida y he querido mucho el arte. Y bien, ahora que estoy algo cansado para vivir con los otros, esos antiguos sentimientos personales me parecen muy preciosos, lo que constituye la manía de todos los coleccionistas. Me abro mi corazón a mí mismo, como una especie de vidriera, y miro uno por uno tantos amores que los demás no habrán conocido. Y por esa colección a la que ahora me siento más atado que los otros, me digo un poco como Mazarino por sus libros, pero por otra parte sin ninguna angustia, que sería fastidioso dejarlo todo. Pero lleguemos a la conversación con el príncipe. No se la contaré más que a una sola persona, y esa persona será usted”. Me molestaba oírlo, por la conversación que el señor de Charlus, vuelto a la sala de juegos, prolongaba indefinidamente. ¿Y también lee usted? ¿Qué hace usted?”, inquirió al conde Arnulfo, que ni siquiera conocía el nombre de Balzac. Pero su miopía le daba el aspecto de ver a lo lejos, de suerte que, rara poesía en un dios griego escultural, en sus pupilas se inscribían estrellas distantes y misteriosas.
«Si nous allions faire quelques pas dans le jardin, monsieur», dis-je à Swann, tandis que le comte Arnulphe, avec une voix zézayante qui semblait indiquer que son développement, au moins mental, n′était pas complet, répondait à M. de Charlus avec une précision complaisante et naîµ¥: «Oh! moi, c′est plutôt le golf, le tennis, le ballon, la course à pied, surtout le polo.» Telle Minerve, s′étant subdivisée, avait cessé, dans certaine cité, d′être la déesse de la Sagesse et avait incarné une part d′elle-même en une divinité purement sportive, hippique, «Athénè Hippia». Et il allait aussi à Saint–Moritz faire du ski, car Pallas Tritogeneia fréquente les hauts sommets et rattrape les cavaliers. «Ah!» répondit M. de Charlus, avec le sourire transcendant de l′intellectuel qui ne prend même pas la peine de dissimuler qu′il se moque, mais qui, d′ailleurs, se sent si supérieur aux autres et méprise tellement l′intelligence de ceux qui sont le moins bêtes, qu′il les différencie à peine de ceux qui le sont le plus, du moment qu′ils peuvent lui être agréables d′une autre façon. En parlant à Arnulphe, M. de Charlus trouvait qu′il lui conférait par là même une supériorité que tout le monde devait envier et reconnaître. «Non, me répondit Swann, je suis trop fatigué pour marcher, asseyons-nous plutôt dans un coin, je ne tiens plus debout.» C′était vrai, et pourtant, commencer à causer lui avait déjà rendu une certaine vivacité. C′est que dans la fatigue la plus réelle il y a, surtout chez les gens nerveux, une part qui dépend de l′attention et qui ne se conserve que par la mémoire. On est subitement las dès qu′on craint de l′être, et pour se remettre de sa fatigue, il suffit de l′oublier. Certes, Swann n′était pas tout à fait de ces infatigables épuisés qui, arrivés défaits, flétris, ne se tenant plus, se raniment dans la conversation comme une fleur dans l′eau et peuvent pendant des heures puiser dans leurs propres paroles des forces qu′ils ne transmettent malheureusement pas à ceux qui les écoutent et qui paraissent de plus en plus abattus au fur et à mesure que le parleur se sent plus réveillé. Mais Swann appartenait à cette forte race juive, à l′énergie vitale, à la résistance à la mort de qui les individus eux-mêmes semblent participer. Frappés chacun de maladies particulières, comme elle l′est, elle-même, par la persécution, ils se débattent indéfiniment dans des agonies terribles qui peuvent se prolonger au delà de tout terme vraisemblable, quand déjà on ne voit plus qu′une barbe de prophète surmontée d′un nez immense qui se dilate pour aspirer les derniers souffles, avant l′heure des prières rituelles, et que commence le défilé ponctuel des parents éloignés s′avançant avec des mouvements mécaniques, comme sur une frise assyrienne. “¿Si fuéramos a dar algunos pasos por el jardín, señor?”, le dije a Swann mientras el conde Arnulfo, con una voz ceceosa que parecía indicar un desarrollo mental por lo menos incompleto, contestaba al señor de Charlus con una precisión candorosa y complaciente: -“¡Oh, para mí, sobre todo el golf, el tenis, la pelota, la carrera pedestre, especialmente el polo!” Como Minerva subdividida había dejado de ser en cierta ciudad la diosa de la Sabiduría y encarnado una parte de sí misma en una divinidad puramente deportiva hípica: “Athéné Hippia”. E iba también a Saint Moritz a practicar el esquí porque Pallas Trilogeneia frecuenta las altas cumbres y alcanza a los caballeros. “¡Ah! contestó el señor de Charlus con la trascendente sonrisa del intelectual que ni se toma el trabajo de disimular que se burla, pero que, por otra parte, se siente tan superior a los otros y desdeña tanto la inteligencia de los menos tontos, que apenas los distingue de aquellos que lo son más, desde que pueden resultarle agradables por otro motivo. Al hablar a Arnulfo, el señor de Charlus creía que le comunicaba por lo mismo una superioridad que todos debían envidiar y reconocerle. “No me contestó Swann, estoy demasiado cansado para caminar: sentémonos más bien en ese rincón; ya no soporto estar de pie”. Era verdad, y sin embargo el empezar a conversar le había devuelto cierta vivacidad. Es que en la más cierta fatiga basta olvidar. Es verdad que Swann no era uno de esos infatigables agotados que al llegar deshechos, marchitos, sin poderse tener en pie, se reaniman en la conversación como una flor en el agua y pueden extraer fuerzas durante horas de sus propias palabras; fuerzas que no comunican, por desgracia, a sus oyentes, que parecen cada vez más abatidos o medida que el conversador se siente más despierto. Pero Swann pertenecía a esa fuerte raza judía, de cuya energía vital, de cuya resistencia a la muerte, parecen participar aún los individuos. Heridos por enfermedades particulares, como lo está ella misma por la persecución, se agitan Indefinidamente en terribles agonías que pueden prolongarse más allá de todo término verosímil cuando ya no se ve otra cosa que una barba de profeta con una nariz inmensa que se dilata para aspirar los últimos alientos, antes de la hora de las plegarias rituales y cuando comienza el desfile puntual de los parientes alejados que avanzan con movimientos mecánicos, como en un friso asirio.
Nous allâmes nous asseoir, mais, avant de s′éloigner du groupe que M. de Charlus formait avec les deux jeunes Surgis et leur mère, Swann ne put s′empêcher d′attacher sur le corsage de celle-ci de longs regards de connaisseur dilatés et concupiscents. Il mit son monocle pour mieux apercevoir, et, tout en me parlant, de temps à autre il jetait un regard vers la direction de cette dame. Fuimos a sentarnos, pero antes de alejarse del grupo que formaba el señor de Charlus con los dos jóvenes Surgis y su madre, Swann no pudo dejar de enroscar al corpiño de ésta largas miradas de entendido, dilatadas y concupiscentes. Se puso el monóculo para ver mejor, y mientras me hablaba, de tiempo en tiempo echaba una mirada en dirección a esa señora.
— Voici mot pour mot, me dit-il, quand nous fûmes assis, ma conversation avec le Prince, et si vous vous rappelez ce que je vous ai dit tantôt, vous verrez pourquoi je vous choisis pour confident. Et puis aussi, pour une autre raison que vous saurez un jour. «Mon cher Swann, m′a dit le prince de Guermantes, vous m′excuserez si j′ai paru vous éviter depuis quelque temps. (Je ne m′en étais nullement aperçu, étant malade et fuyant moi-même tout le monde.) D′abord, j′avais entendu dire, et je prévoyais bien que vous aviez, dans la malheureuse affaire qui divise le pays, des opinions entièrement opposées aux miennes. Or, il m′eût été excessivement pénible que vous les professiez devant moi. Ma nervosité était si grande que, la Princesse ayant entendu, il y a deux ans, son beau-frère le grand-duc de Hesse dire que Dreyfus était innocent, elle ne s′était pas contentée de relever le propos avec vivacité, mais ne me l′avait pas répété pour ne pas me contrarier. Presque à la même époque, le prince royal de Suède était venu à Paris et, ayant probablement entendu dire que l′impératrice Eugénie était dreyfusiste, avait confondu avec la Princesse (étrange confusion, vous l′avouerez, entre une femme du rang de ma femme et une Espagnole, beaucoup moins bien née qu′on ne dit, et mariée à un simple Bonaparte) et lui avait dit: «Princesse, je suis doublement heureux de vous voir, car je sais que vous avez les mêmes idées que moi sur l′affaire Dreyfus, ce qui ne m′étonne pas puisque Votre Altesse est bavaroise.» Ce qui avait attiré au Prince cette réponse: «Monseigneur, je ne suis plus qu′une princesse française, et je pense comme tous mes compatriotes.» Or, mon cher Swann, il y a environ un an et demi, une conversation que j′eus avec le général de Beauserfeuil me donna le soupçon que, non pas une erreur, mais de graves illégalités, avaient été commises dans la conduite du procès.» “He aquí, palabra por palabra me dijo cuando nos hubimos sentado, mi conversación con el príncipe, y si usted recuerda lo que le dije hace un rato, verá por qué lo elegí como confidente. Y además por otro motivo que sabrá algún día. “Mi querido Swann, me ha dicho el príncipe de Guermantes, usted me va a disculpar si he parecido evitarle desde hace algún tiempo. (Yo no lo había advertido en lo más mínimo, ya que estoy enfermo y yo mismo huyo de todos). Primeramente había oído decir, y ya lo preveía, que tenía usted, en el desgraciado asunto que divide al país,, opiniones enteramente opuestas a las mías. Y hubiese sido para mí excesivamente penoso que las profesara delante de mí. Mi nerviosidad era tan grande que cuando la princesa oyó hace dos años a su cuñado el gran duque de Hesse, que Dreyfus era inocente, no le bastó replicar con vivacidad y ni me lo contó para no contrariarme. Casi en la misma época, el príncipe real de Suecia llegó a París, y como había oído decir probablemente que la emperatriz Eugenia era dreyfusista, la confundió con la princesa (extraña confusión, confíeselo usted, entre una mujer del rango de mi esposa y una española, mucho menos bien nacida de lo que se dice ycasada con un simple Bonaparte) yle dijo: “Princesa, me siento doblemente feliz al verla porque sé que tiene usted mis mismas ideas sobre el asunto Dreyfus, lo que no me asombra ya que Vuestra Alteza es bávara”. Lo que le atrajo esta respuesta al príncipe: “Monseñor, no soy más que una princesa francesa y pienso como todos mis compatriotas”. Y hace alrededor de año y medio, mi querido Swann, por una conversación que tuve con el general de Beaucerfeuil, se me ocurrió pensar que, ya no un error, sino graves irregularidades se habían cometido en la conducción del proceso”.
Nous fûmes interrompus (Swann ne tenait pas à ce qu′on entendît son récit) par la voix de M. de Charlus qui, sans se soucier de nous, d′ailleurs, passait en reconduisant Mme de Surgis et s′arrêta pour tâcher de la retenir encore, soit à cause de ses fils, ou de ce désir qu′avaient les Guermantes de ne pas voir finir la minute actuelle, lequel les plongeait dans une sorte d′anxieuse inertie. Swann m′apprit à ce propos, un peu plus tard, quelque chose qui ôta, pour moi, au nom de Surgis-le-Duc toute la poésie que je lui avais trouvée. La marquise de Surgis-le-Duc avait une beaucoup plus grande situation mondaine, de beaucoup plus belles alliances que son cousin, le comte de Surgis qui, pauvre, vivait dans ses terres. Mais le mot qui terminait le titre, «le Duc», n′avait nullement l′origine que je lui prêtais et qui m′avait fait le rapprocher, dans mon imagination, de Bourg-l′Abbé, Bois-le-Roi, etc. Nos interrumpió (Swann no tenía interés en que oyesen su relato) la voz del señor de Charlus, que (sin preocuparse de nosotros, por otra parte) pasaba acompañando a la señora de Surgis y se detuvo para tratar de retenerla aún, ya sea por sus hijos o por ese deseo que tenían los Guermantes de no ver acabarse el minuto actual que los sumergía en una especie de inercia ansiosa. Swann me hizo saber más tardé a ese respecto, algo que le quitó al nombre de Surgís-le Duc toda su poesía. La marquesa de Surgís-le-Duc tenía una situación mundana mucho más encumbrada, con mucho mejores alianzas que su primo el conde Surgís, que vivía pobremente en sus tierras. Pero la palabra que terminaba el título “le Duc” no tenía de ningún modo el origen que yo le prestaba y que relacionaba en mi imaginación con Bourg-l′Abbé, Bois-le-Roi, etc.
Tout simplement, un comte de Surgis avait épousé, pendant la Restauration, la fille d′un richissime industriel M. Leduc, ou Le Duc, fils lui-même d′un fabricant de produits chimiques, l′homme le plus riche de son temps, et qui était pair de France. Le roi Charles X avait créé, pour l′enfant issu de ce mariage, le marquisat de Surgis-le-Duc, le marquisat de Surgis existant déjà dans la famille. L′adjonction du nom bourgeois n′avait pas empêché cette branche de s′allier, à cause de l′énorme fortune, aux premières familles du royaume. Et la marquise actuelle de Surgis-le-Duc, d′une grande naissance, aurait pu avoir une situation de premier ordre. Un démon de perversité l′avait poussée, dédaignant la situation toute faite, à s′enfuir de la maison conjugale, à vivre de la façon la plus scandaleuse. Puis, le monde dédaigné par elle à vingt ans, quand il était à ses pieds, lui avait cruellement manqué à trente, quand, depuis dix ans, personne, sauf de rares amies fidèles, ne la saluait plus, et elle avait entrepris de reconquérir laborieusement, pièce par pièce, ce qu′elle possédait en naissant (aller et retour qui ne sont pas rares). Muy simplemente: un conde de Surgis se había casado durante la Restauración con la hija de un industrial riquísimo, el señor Leduc o Le Duc, hijo de un fabricante de productos químicos, el hombre más rico de su época, que era par de Francia. El rey Carlos X había creado para el niño nacido de ese matrimonio el marquesado de Surgís-le-Duc, ya que el marquesado de Surgis existía en la familia. La agregación del nombre burgués no había impedido que esa rama se aliara, debido a su enorme fortuna, con las primeras familias del reino. Y la actual marquesa de Surgís-le-Duc, de gran nacimiento, pudo haber tenido una situación de primer orden. Un demonio perverso la había impelido a huir de la casa conyugal y a vivir de la manera más escandalosa, desdeñando una situación ya hecha. Luego, el mundo que desdeñara a los veinte años, cuando lo tenía a sus pies, le había fallado cruelmente a los treinta, cuando hacía diez años que nadie, salvo raros y fieles amigos, la saludaba ya y había emprendido reconquistar trabajosamente, pieza por pieza, lo que poseía al nacer (ida y vuelta que no es tan rara).
Quant aux grands seigneurs ses parents, reniés jadis par elle, et qui l′avaient reniée à leur tour, elle s′excusait de la joie qu′elle aurait à les ramener à elle sur des souvenirs d′enfance qu′elle pourrait évoquer avec eux. Et en disant cela, pour dissimuler son snobisme, elle mentait peut-être moins qu′elle ne croyait. «Basin, c′est toute ma jeunesse!» disait-elle le jour où il lui était revenu. Et, en effet, c′était un peu vrai. Mais elle avait mal calculé en le choisissant comme amant. Car toutes les amies de la duchesse de Guermantes allaient prendre parti pour elle, et ainsi Mme de Surgis redescendrait pour la deuxième fois cette pente qu′elle avait eu tant de peine à remonter. «Hé bien! était en train de lui dire M. de Charlus, qui tenait à prolonger l′entretien, vous mettrez mes hommages au pied du beau portrait. Comment va-t-il? Que devient-il? — Mais, répondit Mme de Surgis, vous savez que je ne l′ai plus: mon mari n′en a pas été content. — Pas content! d′un des chefs-d′oeuvre de notre époque, égal à la duchesse de Châteauroux de Nattier et qui, du reste, ne prétendait pas à fixer une moins majestueuse et meurtrière déesse! Oh! le petit col bleu! C′est-à-dire que jamais Ver Meer n′a peint une étoffe avec plus de maîtrise, ne le disons pas trop haut pour que Swann ne s′attaque pas à nous dans l′intention de venger son peintre favori, le maître de Delft.» La marquise, se retournant, adressa un sourire et tendit la main à Swann qui s′était soulevé pour la saluer. Mais presque sans dissimulation, soit qu′une vie déjà avancée lui en eût ôté la volonté morale par l′indifférence à l′opinion, ou le pouvoir physique par l′exaltation du désir et l′affaiblissement des ressorts qui aident à le cacher, dès que Swann eut, en serrant la main de la marquise, vu sa gorge de tout près et de haut, il plongea un regard attentif, sérieux, absorbé, presque soucieux, dans les profondeurs du corsage, et ses narines, que le parfum de la femme grisait, palpitèrent comme un papillon prêt à aller se poser sur la fleur entrevue. Brusquement il s′arracha au vertige qui l′avait saisi, et Mme de Surgis elle-même, quoique gênée, étouffa une respiration profonde, tant le désir est parfois contagieux. «Le peintre s′est froissé, dit-elle à M. de Charlus, et l′a repris. On avait dit qu′il était maintenant chez Diane de Saint–Euverte. — Je ne croirai jamais, répliqua le baron, qu′un chef-d′oeuvre ait si mauvais goût.» En cuanto a los grandes señores sus padres, antaño renegados por ella y que, a su vez, la habían desconocido, disculpaba la alegría que tendría al traerlos de nuevo a su lado con los recuerdos de infancia que podría evocar con ellos. Y al decir eso, para disimular su snobismo, mentía quizás menos de lo que creía. “Basin, es toda mi juventud”, decía ella el día de su regreso. Y efectivamente, era algo cierto. Pero había calculado mal al elegirlo como amante. Porque todas las amigas de la duquesa de Guermantes iban a tomar partido a su favor, y de esa manera la señora de Surgis bajaría por segunda vez esa pendiente que tanto le había costado volver a subir. “Bueno estaba diciéndole el señor de Charlus, que trataba de prolongar la entrevista. Pondrá usted mis homenajes a los pies del hermoso retrato. ¿Cómo anca? ¿Qué es de él?” “Pero contestó la señora de Surgís, ya sabe usted que no lo tengo: a mi marido no le gustó”. “No le gustó una de las otras maestras de nuestro tiempo, igual a la duquesa de Cháteauroux de Nattier y que, por otra parte, no pretendía perpetuar una diosa menos majestuosa y mortífera. ¡Oh, el cuellito azul! Es decir que nunca Van Meer ha pintado un género con más maestría, no lo digamos en voz muy alta para que Swann no nos ataque con la intención de vengar a su pintor favorito, el maestro de Delft”. Dándose vuelta, la marquesa dirigió una sonrisa y tendió la mano a Swann, que se había levantado para saludar. Pero casi sin disimularlo, ya sea que una vida ya avanzada le hubiese quitado la voluntad moral por indiferencia a la opinión, o el poder físico por la exaltación del deseo y el debilitamiento de los resortes que ayudan a ocultarlo, apenas Swann vio al darle la mano a la marquesa, su busto de cerca y desde arriba, hundió una mirada atenta, seria, absorta, casi preocupada en las profundidades de su corpiño, y sus narices, que embriagaba el perfume de la mujer, palpitaron como una mariposa dispuesta a posarse sobre la flor apenas vista. Bruscamente se sustrajo al vértigo que lo había apresado, y la misma señora de Surgis, aunque molesta, ahogó una honda respiración, de tal manera el deseo es a veces contagioso. “-El pintor se ha ofendido -le dijo ella al señor de Charluss- y lo ha retirado. Decían que estaba ahora en casa de Diana de Saint-Euverte”. “- Nunca podré creer que una obra maestra tenga tan mal gusto”, replicó el barón.
— Il lui parle de son portrait. Moi, je lui en parlerais aussi bien que Charlus, de ce portrait, me dit Swann, affectant un ton traînard et voyou et suivant des yeux le couple qui s′éloignait. Et cela me ferait sûrement plus de plaisir qu′à Charlus, ajouta-t-il. “-Le habla de su retrato. Yo le hablaría lo mismo que Charlus, de ese retrato -me dijo Swann afectando un tono arrastrado y vulgar y siguiendo con los ojos a la pareja que se alejaba-. Y además me causaría seguramente mucho más placer que a Charlus”, agregó.
Je lui demandais si ce qu′on disait de M. de Charlus était vrai, en quoi je mentais doublement, car si je ne savais pas qu′on eût jamais rien dit, en revanche je savais fort bien depuis tantôt que ce que je voulais dire était vrai. Swann haussa les épaules, comme si j′avais proféré une absurdité. Le pregunté si lo que decían del señor de Charlus era cierto. Swann alzó los hombros como si yo hubiese proferido algo absurdo.
— C′est-à-dire que c′est un ami délicieux. Mais ai-je besoin d′ajouter que c′est purement platonique. Il est plus sentimental que d′autres, voilà tout; d′autre part, comme il ne va jamais très loin avec les femmes, cela a donné une espèce de crédit aux bruits insensés dont vous voulez parler. Charlus aime peut-être beaucoup ses amis, mais tenez pour assuré que cela ne s′est jamais passé ailleurs que dans sa tête et dans son coeur. Enfin, nous allons peut-être avoir deux secondes de tranquillité. Donc, le prince de Guermantes continua: «Je vous avouerai que cette idée d′une illégalité possible dans la conduite du procès m′était extrêmement pénible à cause du culte que vous savez que j′ai pour l′armée; j′en reparlai avec le général, et je n′eus plus, hélas! aucun doute à cet égard. Je vous dirai franchement que, dans tout cela, l′idée qu′un innocent pourrait subir la plus infamante des peines ne m′avait même pas effleuré. Mais par cette idée d′illégalité, je me mis à étudier ce que je n′avais pas voulu lire, et voici que des doutes, cette fois non plus sur l′illégalité mais sur l′innocence, vinrent me hanter. Je ne crus pas en devoir parler à la Princesse. Dieu sait qu′elle est devenue aussi Française que moi. Malgré tout, du jour où je l′ai épousée, j′eus tant de coquetterie à lui montrer dans toute sa beauté notre France, et ce que pour moi elle a de plus splendide, son armée, qu′il m′était trop cruel de lui faire part de mes soupçons qui n′atteignaient, il est vrai, que quelques officiers. Mais je suis d′une famille de militaires, je ne voulais pas croire que des officiers pussent se tromper. J′en reparlai encore à Beauserfeuil, il m′avoua que des machinations coupables avaient été ourdies, que le bordereau n′était peut-être pas de Dreyfus, mais que la preuve éclatante de sa culpabilité existait. C′était la pièce Henry. Et quelques jours après, on apprenait que c′était un faux. Dès lors, en cachette de la Princesse, je me mis à lire tous les jours le Siècle, l′Aurore; bientôt je n′eus plus aucun doute, je ne pouvais plus dormir. Je m′ouvris de mes souffrances morales à notre ami, l′abbé Poiré, chez qui je rencontrai avec étonnement la même conviction, et je fis dire par lui des messes à l′intention de Dreyfus, de sa malheureuse femme et de ses enfants. Sur ces entrefaites, un matin que j′allais chez la Princesse, je vis sa femme de chambre qui cachait quelque chose qu′elle avait dans la main. Je lui demandai en riant ce que c′était, elle rougit et ne voulut pas me le dire. J′avais la plus grande confiance dans ma femme, mais cet incident me troubla fort (et sans doute aussi la Princesse à qui sa camériste avait dû le raconter), car ma chère Marie me parla à peine pendant le déjeuner qui suivit. Je demandai ce jour-là à l′abbé Poiré s′il pourrait dire le lendemain ma messe pour Dreyfus.» Allons, bon! s′écria Swann à mi-voix en s′interrompant. “-Es decir que se trata de un amigo delicioso. Pero, ¿necesito agregar que es puramente platónico? Es más sentimental que otros, eso es todo; por otra parte, como nunca progresa mucho con las mujeres, le ha dado algún fundamento a los rumores insensatos de que habla usted. Tal vez Charlus quiere mucho a sus amigos, pero tenga por seguro que eso no sucedió nunca más que en su cabeza y en su corazón. En fin, quizás tengamos dos segundos de tranquilidad”. Y el príncipe de Guermantes continuó: “Le confesaré que esa idea de una posible ilegalidad en la conducción del proceso me era extremadamente penosa a causa del culto que tengo, como sabe usted, por el ejército; volví a hablar con el general, y ya no tuve, ¡ay!, ninguna duda al respecto. Le diré francamente que en todo eso la sola idea de que un inocente soportase la más infamante de las penas ni siquiera se me había ocurrido. Pero, por esa idea de ilegalidad, me puse a estudiar lo que no había querido leer, y entonces vinieron a preocuparme dudas, ya no sobre la ilegalidad, sino sobre la inocencia. No creí deberle hablar a la princesa. Dios sabe que se ha hecho tan francesa como yo. A pesar de todo, desde el día en que me casé con ella, puse tanta coquetería en mostrarle a nuestra Francia en toda su belleza y lo más espléndido que tiene para mí: su ejército, que me resultaba demasiado cruel hacerle compartir las sospechas que no alcanzaban, es verdad, más que a algunos oficiales. Pero pertenezco a una familia de militares y no quería creer que los oficiales pudieran equivocarse. Volvía hablarle a Beaucerfeuil, quien me confesó que era posible que se hubiesen tramado maquinaciones culpables, que la minuta no fuese quizás de Dreyfus, pero que existía la prueba evidente de su culpa. Era la prueba Henry. Y algunos días después se sabía que era una falsificación. Entonces, a escondidas de la princesa, me puse a leer todos los días El Siglo y la Aurora; pronto no me quedó ninguna duda; ya no podía dormir. Confesé mis sufrimientos morales a nuestro amigo, el abate Poiré, en quien encontré con asombro la misma convicción y le hice decir misas en sufragio de Dreyfus, de su desgraciada mujer y de sus hijos. En esas circunstancias, una mañana que iba a lo de la princesa, vi que su mucama escondía algo en la mano. Le pregunté, riendo, qué era; se sonrojó y no quiso decírmelo. Tenía la mayor confianza en mi mujer, pero ese incidente me turbó mucho (y sin duda también a la princesa, a quien su camarera debió habérselo contado) porque mi querida María apenas me habló durante el desayuno. Le pregunté ese día al abate Poiré si podía decir la misa, al día siguiente, por Dreyfus... “-¡Vamos, pues”, exclamó Swann a media voz interrumpiéndose.
Je levai la tête et vis le duc de Guermantes qui venait à nous. «Pardon de vous déranger, mes enfants. Mon petit, dit-il en s′adressant à moi, je suis délégué auprès de vous par Oriane. Marie et Gilbert lui ont demandé de rester à souper à leur table avec cinq ou six personnes seulement: la princesse de Hesse, Mme de Ligne, Mme de Tarente, Mme de Chevreuse, la duchesse d′Arenberg. Malheureusement, nous ne pouvons pas rester, parce que nous allons à une espèce de petite redoute.» J′écoutais, mais chaque fois que nous avons quelque chose à faire à un moment déterminé, nous chargeons nous-mêmes un certain personnage habitué à ce genre de besogne de surveiller l′heure et de nous avertir à temps. Ce serviteur interne me rappela, comme je l′en avais prié il y a quelques heures, qu′Albertine, en ce moment bien loin de la pensée, devait venir chez moi aussitôt après le théâtre. Aussi, je refusai le souper. Ce n′est pas que je ne me plusse chez la princesse de Guermantes. Ainsi les hommes peuvent avoir plusieurs sortes de plaisirs. Le véritable est celui pour lequel ils quittent l′autre. Mais ce dernier, s′il est apparent, ou même seul apparent, peut donner le change sur le premier, rassure ou dépiste les jaloux, égare le jugement du monde. Et pourtant, il suffirait pour que nous le sacrifiions à l′autre d′un peu de bonheur ou d′un peu de souffrance. Parfois un troisième ordre de plaisirs plus graves, mais plus essentiels, n′existe pas encore pour nous chez qui sa virtualité ne se traduit qu′en éveillant des regrets, des découragements. Et c′est à ces plaisirs-là pourtant que nous nous donnerons plus tard. Pour en donner un exemple tout à fait secondaire, un militaire en temps de paix sacrifiera la vie mondaine à l′amour, mais la guerre déclarée (et sans qu′il soit même besoin de faire intervenir l′idée d′un devoir patriotique), l′amour à la passion, plus forte que l′amour, de se battre. Levanté la cabeza y vi que el duque de Guermantes se nos acercaba. “-Perdón por molestarlos, hijos míos. Hijito -dijo, dirigiéndose a mí-; Oriana me delega, María y Gilbert le han pedido que se quede a comer en su mesa con cinco o seis personas nada más: la princesa de Hesse, la señora de Ligné, la señora de Tarenta, la señora de Che vreuse, la duquesa de Arenberg. Desgraciadamente, no podemos quedarnos porque vamos a una especie de sala de baile”. Yo escuchaba, pero cada vez que tenemos que hacer algo en un momento determinado le encargamos a cierto personaje que está acostumbrado a ese género de tarea que vigile la hora y nos advierta a tiempo. Ese servidor interno me recordó, como se lo había rogado hacía algunas horas, que Albertina, en ese momento muy lejos de mi pensamiento, debía ir a mi casa enseguida después del teatro. Por eso rechacé la cena. Y no es que no estuviese a gusto en casa de la princesa de Guermantes. Porque los hombres pueden tener varias clases de placer. El verdadero es aquel por el que dejan otro. Pero este último, si es aparente o aun sólo aparente, puede engañar respecto al primero, tranquiliza o despista a los celosos, extravía el juicio de la gente. Sin embargo, bastaría para que lo sacrificáramos al otro, un poco de felicidad o algún sufrimiento. A veces un tercer orden de placeres más graves, pero más esenciales, todavía no existe para nosotros y su virtualidad no se traduce más que despertando remordimientos o desalientos. Y nos entregaremos, sin embargo, más tarde a esos placeres. Para dar un ejemplo, muy secundario, en tiempo de paz un militar sacrificará la vida de sociedad al amor; pero, si se declara la guerra (y aun sin que por ello sea necesario hacer intervenir la idea de un deber patriótico), el amor, a la pasión de combatir, mucho más fuerte que el amor.
Swann avait beau dire qu′il était heureux de me raconter son histoire, je sentais bien que sa conversation avec moi, à cause de l′heure tardive, et parce qu′il était trop souffrant, était une de ces fatigues dont ceux qui savent qu′ils se tuent par les veilles, par les excès, ont en rentrant un regret exaspéré, pareil à celui qu′ont de la folle dépense qu′ils viennent encore de faire les prodigues, qui ne pourront pourtant pas s′empêcher le lendemain de jeter l′argent par les fenêtres. A partir d′un certain degré d′affaiblissement, qu′il soit causé par l′âge ou par la maladie, tout plaisir pris aux dépens du sommeil, en dehors des habitudes, tout dérèglement, devient un ennui. Le causeur continue à parler par politesse, par excitation, mais il sait que l′heure où il aurait pu encore s′endormir est déjà passée, et il sait aussi les reproches qu′il s′adressera au cours de l′insomnie et de la fatigue qui vont suivre. Déjà, d′ailleurs, même le plaisir momentané a pris fin, le corps et l′esprit sont trop démeublés de leurs forces pour accueillir agréablement ce qui paraît un divertissement à votre interlocuteur. Ils ressemblent à un appartement un jour de départ ou de déménagement, où ce sont des corvées que les visites que l′on reçoit assis sur des malles, les yeux fixés sur la pendule. Por más que Swann me dijese que se sentía feliz al contarme su historia, yo advertía perfectamente que su conversación era uno de esos cansancios que los que se matan por trasnochar o por excesos tienen al recogerse a un arrepentimiento exasperado, a causa de la hora tardía y por estar demasiado enfermo; igual a los que tienen los pródigos por el gasto descabellado que acaban de hacer una vez más, y sin embargo no podrán dejar de tirar el dinero por la ventana al día siguiente. A partir de cierto grado de debilitamiento, ya sea por la edad o por la enfermedad, todo placer a expensas del sueño, fuera de las costumbres y todo desarreglo se convierten en un fastidio. El conversador continúa conversando por cortesía y por excitación, pero sabe que la hora en que ya podía estar durmiendo ha pasado y sabe también los reproches que se dirigirá en el curso del insomnio y la fatiga que vendrá. Y, por otra parte, aun el placer momentáneo ha terminado; el cuerpo y el espíritu están demasiado vacíos de sus fuerzas para acoger agradablemente lo que le parece una diversión a su Interlocutor. Se parecen a un departamento en un día de partida o de mudanza en que las visitas que uno recibe sentado sobre los baúles y con los ojos fijos en el reloj constituyen una tarea pesada.
— Enfin seuls, me dit-il; je ne sais plus où j′en suis. N′est-ce pas, je vous ai dit que le Prince avait demandé à l′abbé Poiré s′il pourrait faire dire sa messe pour Dreyfus. «Non, me répondit l′abbé (je vous dis «me», me dit Swann, parce que c′est le Prince qui me parle, vous comprenez?) car j′ai une autre messe qu′on m′a chargé de dire également ce matin pour lui. — Comment, lui dis-je, il y a un autre catholique que moi qui est convaincu de son innocence? — Il faut le croire. — Mais la conviction de cet autre partisan doit être moins ancienne que la mienne. — Pourtant, ce partisan me faisait déjà dire des messes quand vous croyiez encore Dreyfus coupable. — Ah! je vois bien que ce n′est pas quelqu′un de notre milieu. — Au contraire! — Vraiment, il y a parmi nous des dreyfusistes? Vous m′intriguez; j′aimerais m′épancher avec lui, si je le connais, cet oiseau rare. — Vous le connaissez. — Il s′appelle? — La princesse de Guermantes.» Pendant que je craignais de froisser les opinions nationalistes, la foi française de ma chère femme, elle, avait eu peur d′alarmer mes opinions religieuses, mes sentiments patriotiques. Mais, de son côté, elle pensait comme moi, quoique depuis plus longtemps que moi. Et ce que sa femme de chambre cachait en entrant dans sa chambre, ce qu′elle allait lui acheter tous les jours, c′était l′Aurore. Mon cher Swann, dès ce moment je pensai au plaisir que je vous ferais en vous disant combien mes idées étaient sur ce point parentes des vôtres; pardonnez-moi de ne l′avoir pas fait plus tôt. Si vous vous reportez au silence que j′avais gardé vis-à-vis de la Princesse, vous ne serez pas étonné que penser comme vous m′eût alors encore plus écarté de vous que penser autrement que vous. Car ce sujet m′était infiniment pénible à aborder. Plus je crois qu′une erreur, que même des crimes ont été commis, plus je saigne dans mon amour de l′armée. J′aurais pensé que des opinions semblables aux miennes étaient loin de vous inspirer la même douleur, quand on m′a dit l′autre jour que vous réprouviez avec force les injures à l′armée et que les dreyfusistes acceptassent de s′allier à ses insulteurs. Cela m′a décidé, j′avoue qu′il m′a été cruel de vous confesser ce que je pense de certains officiers, peu nombreux heureusement, mais c′est un soulagement pour moi de ne plus avoir à me tenir loin de vous et surtout que vous sentiez bien que, si j′avais pu être dans d′autres sentiments, c′est que je n′avais pas un doute sur le bien-fondé du jugement rendu. Dès que j′en eus un, je ne pouvais plus désirer qu′une chose, la réparation de l′erreur.» Je vous avoue que ces paroles du prince de Guermantes m′ont profondément ému. Si vous le connaissiez comme moi, si vous saviez d′où il a fallu qu′il revienne pour en arriver là, vous auriez de l′admiration pour lui, et il en mérite. D′ailleurs, son opinion ne m′étonne pas, c′est une nature si droite! “-¡Por fin solos! -me dijo-. Ya no sé dónde estaba. ¿Le he dicho, verdad, que el príncipe había pedido al abate Poiré si podía decir su misa por Dreyfus? “No, me contestó el abate le digo “me”, me dijo Swann, porque es el príncipe quien me habló ¿comprende usted?)-, porque tengo otra misa que me encargaron también para él esta mañana”. “-¡Cómo! -le dije-, ¿hay otro católico convencido de su inocencia?” “-Hay que creerlo”. “-¿Pero la convicción de este partidario será menos antigua que la mía?” “-Sin embargo, ese partidario ya me encargaba misas cuando usted seguía creyendo que Dreyfus era culpable”. “-¡Ah! Ya veo que no se trata de nadie de nuestro ambiente”. “-¡Al contrario!”. “-Verdaderamente, ¿hay dreyfusistas entre nosotros? Usted me intriga; me gustaría franquearme con él, si es que conozco a ese pájaro raro”. “-Usted lo conoce”. “- ¿Se llama?” “-La princesa de Guermantes”. Mientras yo temía rozar las opiniones nacionalistas y la fe francesa de mi querida mujer, ella había tenido miedo de alarmar mis opiniones religiosas y mis sentimientos patrióticos. Pero por su parte pensaba como yo, aunque mucho tiempo antes. Y la Aurora era lo que su mucama escondía al entrar en su cuarto, lo que Iba a comprarle todos los días. Mi querido Swann, desde este momento pensé en el placer que le causaría decirle hasta qué punto mis ideas eran afines a las suyas; perdóneme si no lo he hecho antes. Si usted compara el silencio que conservé frente a la princesa, no se asombrará que pensar como usted me hubiese separado todavía más de usted que pensar en forma distinta, porque ese tema me era infinitamente penoso. Más creo en un error y hasta que se han cometido crímenes, más sufro en mi amor por el ejército. Hubiera pensado que opiniones parecidas a las mías estaban lejos de inspirarle el mismo dolor, cuando me dijeron días pasados que usted reprobaba con fuerza las injurias al ejército y que los dreyfusistas aceptasen la unión con sus detractores. Eso me ha decidido; confieso que me ha sido cruel decirle lo que pienso de ciertos oficiales, poco numerosos por suerte; pero es un alivio para mí no tener que alejarme de usted y sobre todo que usted advirtiese que si yo pude tener otros sentimientos es porque no tenía una sola duda acerca de lo bien fundado del juicio. En cuanto tuve una sola, no pude desear más que una cosa: la reparación del error. “Le confieso que me conmovieron profundamente esas palabras del príncipe de Guermantes. Si lo conociese como yo, si usted supiese de dónde ha tenido que regresar para llegar hasta allí, lo admiraría, y se lo merece. Por otra parte, no me asombra su opinión, es una naturaleza tan recta...”
Swann oubliait que, dans l′après-midi, il m′avait dit au contraire que les opinions en cette affaire Dreyfus étaient commandées par l′atavisme. Tout au plus avait-il fait exception pour l′intelligence, parce que chez Saint–Loup elle était arrivée à vaincre l′atavisme et à faire de lui un dreyfusard. Or, il venait de voir que cette victoire avait été de courte durée et que Saint–Loup avait passé dans l′autre camp. C′était donc maintenant à la droiture du coeur qu′il donnait le rôle dévolu tantôt à l′intelligence. En réalité, nous découvrons toujours après coup que nos adversaires avaient une raison d′être du parti où ils sont et qui ne tient pas à ce qu′il peut y avoir de juste dans ce parti, et que ceux qui pensent comme nous c′est que l′intelligence, si leur nature morale est trop basse pour être invoquée, ou leur droiture, si leur pénétration est faible, les y a contraints. Swann se olvidaba de que esa misma tarde me había dicho, al contrario, que las opiniones en ese asunto Dreyfus estaban regidas por el atavismo. A lo sumo había exceptuado a la inteligencia, porque en Saint-Loup llegó a vencer el atavismo para hacer de él un dreyfusista. Y acababa de ver que esa victoria era de corta duración y que Saint-Loup se había pasado al otro bando. Era, pues, a la rectitud de corazón que le atribuía el papel adjudicado hasta ahora a la inteligencia. En realidad, siempre descubrimos después del golpe que nuestros adversarios tenían motivos para pertenecer al partido en que están y que no se refiere a lo justo que puede existir en ese partido y que los que piensan como nosotros es porque los obliga la inteligencia, si su naturaleza moral es demasiado baja para ser invocada o su rectitud si su penetración es débil.
Swann trouvait maintenant indistinctement intelligents ceux qui étaient de son opinion, son vieil ami le prince de Guermantes, et mon camarade Bloch qu′il avait tenu à l′écart jusque-là, et qu′il invita à déjeuner. Swann intéressa beaucoup Bloch en lui disant que le prince de Guermantes était dreyfusard. «Il faudrait lui demander de signer nos listes pour Picquart; avec un nom comme le sien, cela ferait un effet formidable.» Mais Swann, mêlant à son ardente conviction d′Israélite la modération diplomatique du mondain, dont il avait trop pris les habitudes pour pouvoir si tardivement s′en défaire, refusa d′autoriser Bloch à envoyer au Prince, même comme spontanément, une circulaire à signer. «Il ne peut pas faire cela, il ne faut pas demander l′impossible, répétait Swann. Voilà un homme charmant qui a fait des milliers de lieues pour venir jusqu′à nous. Il peut nous être très utile. S′il signait votre liste, il se compromettrait simplement auprès des siens, serait châtié à cause de nous, peut-être se repentirait-il de ses confidences et n′en ferait-il plus.» Bien plus, Swann refusa son propre nom. Il le trouvait trop hébraî°µe pour ne pas faire mauvais effet. Et puis, s′il approuvait tout ce qui touchait à la révision, il ne voulait être mêlé en rien à la campagne antimilitariste. Il portait, ce qu′il n′avait jamais fait jusque-là, la décoration qu′il avait gagnée comme tout jeune mobile, en 0, et ajouta à son testament un codicille pour demander que, contrairement à ses dispositions précédentes, des honneurs militaires fussent rendus à son grade de chevalier de la Légion d′honneur. Ce qui assembla, autour de l′église de Combray tout un escadron de ces cavaliers sur l′avenir desquels pleurait autrefois Françoise, quand elle envisageait la perspective d′une guerre. Bref Swann refusa de signer la circulaire de Bloch, de sorte que, s′il passait pour un dreyfusard enragé aux yeux de beaucoup, mon camarade le trouva tiède, infecté de nationalisme, et cocardier. Swann suponía ahora indistintamente inteligentes a los que compartían su opinión: su viejo amigo el príncipe de Guermantes y mi compañero Bloch, que había tenido apartado hasta entonces y que invitó a almorzar. Swann interesó mucho a Bloch al decirle que el príncipe de Guermantes era dreyfusista. “-Habría que pedirle que firmara nuestras listas para Picquart; un nombre como el suyo haría un efecto formidable”. Pero Swann, que mezclaba a su ardorosa convicción de israelita la moderación diplomática del hombre de mundo cuyas costumbres había adquirido demasiado tarde para poder deshacerse de ellas, no quiso autorizar a Bloch para que le enviara al príncipe, aun en forma espontánea, una circular para que la firmara. “-No puede hacerlo, no hay que pedir lo imposible -repetía Swann-. Es un hombre encantador que ha recorrido miles de leguas para llegar hasta nosotros. Puede sernos muy útil. Si firmara su lista se comprometería simplemente frente a los suyos, lo castigarían a causa nuestra, quizás se arrepintiera de sus confidencias y ya no haría más ninguna”. Swann rechazó hasta su propio nombre. Lo encontraba demasiado hebreo para no causar mala impresión. Y además, si aprobaba todo lo relacionado con la revisión, no quería mezclarse para nada en la campaña antimilitarista. Llevaba lo que nunca había hecho hasta entonces, la medalla que había conquistado siendo joven soldado, en el 70, y agregó un codicilo a su testamento para pedir que, contrariamente a sus disposiciones anteriores, le fuesen rendidos los honores militares correspondientes a su grado de caballero de la Legión de Honor. Lo que reunió alrededor de la iglesia de Combray todo un conjunto de esos caballeros acerca de cuyo porvenir se lamentaba antaño Francisca, cuando encaraba la posibilidad de una guerra. En resumen, Swann no quiso firmar la circular, de modo que si pasaba como rabioso dreyfusista frente a muchos, mi compañero lo halló tibio, infectado de nacionalismo y patriotero.
Swann me quitta sans me serrer la main pour ne pas être obligé de faire des adieux dans cette salle où il avait trop d′amis, mais il me dit: «Vous devriez venir voir votre amie Gilberte. Elle a réellement grandi et changé, vous ne la reconnaîtriez pas. Elle serait si heureuse!» Je n′aimais plus Gilberte. Elle était pour moi comme une morte qu′on a longtemps pleurée, puis l′oubli est venu, et, si elle ressuscitait, elle ne pourrait plus s′insérer dans une vie qui n′est plus faite pour elle. Je n′avais plus envie de la voir ni même cette envie de lui montrer que je ne tenais pas à la voir et que chaque jour, quand je l′aimais, je me promettais de lui témoigner quand je ne l′aimerais plus. Swann me dejó sin darme la mano para no verse obligado a despedirse en esa sala donde tenía demasiados amigos, pero me dijo: “-Tendría que ir a ver a su amiga Gilberta. Ha crecido y cambiado, ya no la reconocería. ¡Es tan feliz!...” Ya no la quería yo a Gilberta. Era para mí algo así como una: muerta que uno lloró mucho tiempo: luego sobreviene el olvido, y si resucitara, ya no podría insertarse en una vida que no le corresponde. No deseaba verla, ni siquiera demostrarle que no tenía interés en verla, lo que me prometía probablemente cada día cuando ya no la amara, en tiempos que la quería afín.
Aussi, ne cherchant plus qu′à me donner, vis-à-vis de Gilberte, l′air d′avoir désiré de tout mon coeur la retrouver et d′en avoir été empêché par des circonstances dites «indépendantes de ma volonté» et qui ne se produisent en effet, au moins avec une certaine suite, que quand la volonté ne les contrecarre pas, bien loin d′accueillir avec réserve l′invitation de Swann, je ne le quittai pas qu′il ne m′eût promis d′expliquer en détail à sa fille les contretemps qui m′avaient privé, et me priveraient encore, d′aller la voir. «Du reste, je vais lui écrire tout à l′heure en rentrant, ajoutai-je. Mais dites-lui bien que c′est une lettre de menaces, car, dans un mois ou deux, je serai tout à fait libre, et alors qu′elle tremble, car je serai chez vous aussi souvent même qu′autrefois.» Por eso, no deseando adoptar, frente a Gilberta, el aspecto de haber deseado encontrarla con toda el alma y haberme visto impedido por circunstancias que se llaman “independientes de mi voluntad” y que no producen efecto -por lo menos con cierta continuidad- más que cuando no las contradice la voluntad, lejos de acoger con reservas la invitación de Swann, no lo dejé hasta que me prometió explicarle detalladamente a su hija los contratiempos que me habían privado y me privarían todavía de ir a verla. “-Por otra parte, le escribiré ahora al volver -agregué-. Pero dígale que es una carta de amenazas, porque dentro de uno o dos meses estaré libre por completo, y entonces que tiemble, porque iré a casa de ustedes tan a menudo como antes”.
Avant de laisser Swann, je lui dis un mot de sa santé. «Non, ça ne va pas si mal que ça, me répondit-il. D′ailleurs, comme je vous le disais, je suis assez fatigué et accepte d′avance avec résignation ce qui peut arriver. Seulement, j′avoue que ce serait bien agaçant de mourir avant la fin de l′affaire Dreyfus. Toutes ces canailles-là ont plus d′un tour dans leur sac. Je ne doute pas qu′ils soient finalement vaincus, mais enfin ils sont très puissants, ils ont des appuis partout. Dans le moment où ça va le mieux, tout craque. Je voudrais bien vivre assez pour voir Dreyfus réhabilité et Picquart colonel.» Antes de dejarlo a Swann le dije algo acerca de su salud. “-Ido anda tan mal -me contestó-. Pon lo demás, como se lo decía, estoy bastante cansado yacepto por anticipado ycon resignación lo que pueda suceder. Sólo que me sería muy fastidioso morir antes del final del asunto Dreyfus. Todos esos canallas tienen más de un recurso en su bolsa. No dudo que a la postre los derrotarán, pero son muy poderosos y obtienen apoyos de todos lados. En momentos en que todo marcha mejor, todo cruje. Me gustaría vivir lo suficiente para ver rehabilitado a Dreyfus y coronel a Picquart”.
Quand Swann fut parti, je retournai dans le grand salon où se trouvait cette princesse de Guermantes avec laquelle je ne savais pas alors que je dusse être un jour si lié. La passion qu′elle eut pour M. de Charlus ne se découvrit pas d′abord à moi. Je remarquai seulement que le baron, à partir d′une certaine époque et sans être pris contre la princesse de Guermantes d′aucune de ces inimitiés qui chez lui n′étonnaient pas, tout en continuant à avoir pour elle autant, plus d′affection peut-être encore, paraissait mécontent et agacé chaque fois qu′on lui parlait d′elle. Il ne donnait plus jamais son nom dans la liste des personnes avec qui il désirait dîner. Cuando se fue Swann, volví al gran salón en que se encontraba esa princesa de Guermantes, con la que no sabía entonces que estaría tan ligado en algún momento. La pasión que tuvo por el señor de Charlus no se me hizo evidente de primera intención. Advertí únicamente que el barón, a partir de cierta época y sin tener contra la princesa de Guermantes ninguna de esas enemistades que no asombraban en él, ymientras continuaba teniendo por ella tanto ymás afecto que antes, parecía descontento y fastidiado cada vez que le hablaban de ella. Ya no daba su nombre para la lista de las personas con las que deseaba cenar.
Il est vrai qu′avant cela j′avais entendu un homme du monde très méchant dire que la Princesse était tout à fait changée, qu′elle était amoureuse de M. de Charlus, mais cette médisance m′avait paru absurde et m′avait indigné. J′avais bien remarqué avec étonnement que, quand je racontais quelque chose qui me concernait, si au milieu intervenait M. de Charlus, l′attention de la Princesse se mettait aussitôt à ce cran plus serré qui est celui d′un malade qui, nous entendant parler de nous, par conséquent, d′une façon distraite et nonchalante, reconnaît tout d′un coup qu′un nom est celui du mal dont il est atteint, ce qui à la fois l′intéresse et le réjouit. Telle, si je lui disais: «Justement M. de Charlus me racontait . . . », la Princesse reprenait en mains les rênes détendues de son attention. Et une fois, ayant dit devant elle que M. de Charlus avait en ce moment un assez vif sentiment pour une certaine personne, je vis avec étonnement s′insérer dans les yeux de la Princesse ce trait différent et momentané qui trace dans les prunelles comme le sillon d′une fêlure et qui provient d′une pensée que nos paroles, à leur insu, ont agitée en l′être à qui nous parlons, pensée secrète qui ne se traduira pas par des mots, mais qui montera, des profondeurs remuées par nous, à la surface un instant altérée du regard. Mais si mes paroles avaient ému la Princesse, je n′avais pas soupçonné de quelle façon. Verdad es que antes de eso yo le oí decir a un hombre de mundo muy malvado que la princesa había cambiado mucho y que estaba enamorada del señor de Charlus, pero esa maledicencia me pareció absurda y me indignó. Había notado, es verdad, con asombro, que cuando contaba algo que me concernía, si en el medio intervenía el señor de Charlus, la atención de la princesa inmediatamente daba una vuelta más como un enfermo que al oír hablar de nosotros, en consecuencia de manera distraída y negligente, reconoce de pronto que un nombre es el de la enfermedad que sufre; lo que le interesa al mismo tiempo que lo alegra. Tal como si le decía: “Justamente el señor de Charlus me estaba contando...”, la princesa volvía a tomar las riendas flojas de su atención. Y al decir en cierto momento que el señor de Charlus tenía por cierta persona un sentimiento bastante vivo, vi con asombro que a la princesa le aparecían en los ojos esos rasgos diferentes y momentáneos que traza en las pupilas el rastro de una quebradura y que proviene de un pensamiento que nuestras palabras sin su voluntad han agitado en el ser a quien hablamos o pensamos; ¡secreto que ya no se traducirá en palabras, pero que ascenderá desde las profundidades que removimos hasta la superficie alterada por un instante de la mirada. Pero si mis palabras habían conmovido a la princesa, no pude sospechar cómo.
D′ailleurs peu de temps après, elle commença à me parler de M. de Charlus, et presque sans détours. Si elle faisait allusion aux bruits que de rares personnes faisaient courir sur le baron, c′était seulement comme à d′absurdes et infâmes inventions. Mais, d′autre part, elle disait: «Je trouve qu′une femme qui s′éprendrait d′un homme de l′immense valeur de Palamède devrait avoir assez de hauteur de vues, assez de dévouement, pour l′accepter et le comprendre en bloc, tel qu′il est, pour respecter sa liberté, ses fantaisies, pour chercher seulement à lui aplanir les difficultés et à le consoler de ses peines.» Or, par ces propos pourtant si vagues, la princesse de Guermantes révélait ce qu′elle cherchait à magnifier, de la même façon que faisait parfois M. de Charlus lui-même. N′ai-je pas entendu à plusieurs reprises ce dernier dire à des gens qui jusque-là étaient incertains si on le calomniait ou non: «Moi, qui ai eu bien des hauts et bien des bas dans ma vie, qui ai connu toute espèce de gens, aussi bien des voleurs que des rois, et même je dois dire, avec une légère préférence pour les voleurs, qui ai poursuivi la beauté sous toutes ses formes, etc . . . », et par ces paroles qu′il croyait habiles, et en démentant des bruits dont on ne soupçonnait pas qu′ils eussent couru (ou pour faire à la vérité, par goût, par mesure, par souci de la vraisemblance une part qu′il était seul à juger minime), il ôtait leurs derniers doutes sur lui aux uns, inspirait leurs premiers à ceux qui n′en avaient pas encore. Car le plus dangereux de tous les recels, c′est celui de la faute elle-même dans l′esprit du coupable. La connaissance permanente qu′il a d′elle l′empêche de supposer combien généralement elle est ignorée, combien un mensonge complet serait aisément cru, et, en revanche, de se rendre compte à quel degré de vérité commence pour les autres, dans des paroles qu′il croit innocentes, l′aveu. Et d′ailleurs il aurait eu de toute façon bien tort de chercher à le taire, car il n′y a pas de vices qui ne trouvent dans le grand monde des appuis complaisants, et l′on a vu bouleverser l′aménagement d′un château pour faire coucher une soeur près de sa soeur dès qu′on eut appris qu′elle ne l′aimait pas qu′en soeur. Mais ce qui me révéla tout d′un coup l′amour de la Princesse, ce fut un fait particulier et sur lequel je n′insisterai pas ici, car il fait partie du récit tout autre où M. de Charlus laissa mourir une reine plutôt que de manquer le coiffeur qui devait le friser au petit fer pour un contrôleur d′omnibus devant lequel il se trouva prodigieusement intimidé. Cependant, pour en finir avec l′amour de la Princesse, disons quel rien m′ouvrit les yeux. J′étais, ce jour-là, seul en voiture avec elle. Au moment où nous passions devant une poste, elle fit arrêter. Elle n′avait pas emmené de valet de pied. Elle sorti à demi une lettre de son manchon et commença le mouvement de descendre pour la mettre dans la boîte. Je voulus l′arrêter, elle se débattit légèrement, et déjà nous nous rendions compte l′un et l′autre que notre premier geste avait été, le sien compromettant en ayant l′air de protéger un secret, le mien indiscret en m′opposant à cette protection. Ce fut elle qui se ressaisit le plus vite. Devenant subitement très rouge, elle me donna la lettre, je n′osai plus ne pas la prendre, mais, en la mettant dans la boîte, je vis, sans le vouloir, qu′elle était adressée à M. de Charlus. Par otra parte, poco tiempo después, ella empezó a hablarme del señor de Charlus, y casi sin rodeos. Si se refería a los rumores que algunas personas hacían circular acerca del barón, era aludiendo solamente a absurdos e infames infundios. Pero, por otra parte, decía: “- Pienso que una mujer que se enamorase de un hombre del valor inmenso de Palaméde, debiera tener bastante altura de miras, bastante abnegación para aceptarlo y comprenderlo en bloque tal como es, para respetar su libertad, sus fantasías y tratar únicamente de allanarle las dificultades y consolarlo de sus pesares”. Y con esos conceptos, la princesa de Guermantes revelaba lo que trataba de magnificar, del mismo modo que lo hacía a veces el mismo señor de Charlus. ¿Acaso no oí en varias oportunidades a este último decirle a gente que hasta entonces dudaban si se lo calumniaba o no: “Yo que he tenido tantos altibajos en mi vida, que he conocido a toda clase de gentes, tanto ladrones como reyes, y aun debo decir, con una ligera preferencia por los ladrones, que he perseguido la belleza bajo todas sus formas, etc...”; ypor esas palabras, que creía hábiles y desmintiendo rumores que no sospechaba hubiesen corrido (o por darle a la verdad, por gusto, por mesura, por preocupación de la verosimilitud, una participación que era el único en estimar mínima), le quitaba las últimas dudas a unos, e inspiraba las primeras a aquellos que aún no tenían ninguna. Porque el más peligroso de todos los encubrimientos es el de la misma culpa en el espíritu del culpable. El conocimiento permanente que tiene de ella le impide suponer hasta qué punto es en general ignorada y como se creería una mentira completa y a cambio de darse cuenta en qué grado de verdad comienza para los otros la confesión con palabras que supone inocentes. Por otra parte, hubiera hecho mal de cualquier manera al tratar de acallarlo, porque no hay vicios que no hallen en el gran mundo apoyos complacientes, y se ha visto alterar la decoración de un castillo para que una hermana se acostase junto a su hermana apenas se supo que no la quería solamente como hermana. Pero lo que me reveló de golpe el amor de la princesa fue un hecho particular y sobre el que no insistiré aquí, porque forma parte de otro relato en que el señor de Charlus dejó morir una reina, antes que abandonar al peinador que debía rizarlo con tenacillas en beneficio de un inspector de ómnibus ante el cual se encontró sumamente intimidado. Sin embargo, para terminar de una vez con el amor de la princesa, digamos que nada me abrió los ojos. Estaba ese día solo en coche con ella. En el momento en que pasábamos delante de una oficina de correos, lo hizo detener. No había traído lacayo. Sacó a medias una carta de su manguito y empezó el movimiento de descenso para meterla en el buzón. La quise detener, pero se resistió ligeramente, y ya advertíamos uno y otro que nuestro primer gesto había sido, el suyo comprometido, ya que parecía proteger un secreto, y el mío indiscreto al oponerme a esa protección. Fue ella quien se repuso antes. Poniéndose súbitamente muy encarnada, me dio la carta, que ya no me atrevía a tomar, pero al ponerla en el buzón vi sin querer que estaba dirigida al señor de Charlus.
Pour revenir en arrière et à cette première soirée chez la princesse de Guermantes, j′allai lui dire adieu, car son cousin et sa cousine me ramenaient et étaient fort pressés, M. de Guermantes voulait cependant dire au revoir à son frère. Mme de Surgis ayant eu le temps, dans une porte, de dire au duc que M. de Charlus avait été charmant pour elle et pour ses fils, cette grande gentillesse de son frère, et la première que celui-ci eût eue dans cet ordre d′idées, toucha profondément Basin et réveilla chez lui des sentiments de famille qui ne s′endormaient jamais longtemps. Au moment où nous disions adieu à la Princesse, il tint, sans dire expressément ses remerciements à M. de Charlus, à lui exprimer sa tendresse, soit qu′il eût en effet peine à la contenir, soit pour que le baron se souvînt que le genre d′actions qu′il avait eu ce soir ne passait pas inaperçu aux yeux d′un frère, de même que, dans le but de créer pour l′avenir des associations de souvenirs salutaires, on donne du sucre à un chien qui a fait le beau. «Hé bien! petit frère, dit le duc en arrêtant M. de Charlus et en le prenant tendrement sous le bras, voilà comment on passe devant son aîné sans même un petit bonjour. Je ne te vois plus, Mémé, et tu ne sais pas comme cela me manque. En cherchant de vieilles lettres j′en ai justement retrouvé de la pauvre maman qui sont toutes si tendres pour toi. Para volver atrás y a esa primera velada en casa de la princesa de Guermantes, fui a despedirme porque su primo y su prima me llevaban y estaban muy apurados. El señor de Guermantes quería, sin embargo, saludar a su hermano. La señora de Surgis, mientras tanto, tuvo tiempo de decirle al duque, en una puerta, que el señor de Charlus había estado encantador con ella y sus hijos. Esa gentileza desmesurada de su hermano, la primera que éste hubiese tenido en ese orden de ideas, conmovió profundamente a Basin y despertó en él sentimientos de familia que no quedabais mucho tiempo adormecidos. En momentos en que saludábamos a la princesa, quiso, sin manifestar expresamente su agradecimiento al señor de Charlus, expresarle su ternura, ya sea que apenas pudiese contenerla, ya sea para que el barón recordase que el tipo de actitudes que había tenido esa noche no pasaba inadvertido a los ojos de un hermano, lo mismo que, con la intención de crear para lo por venir asociaciones de recuerdos saludables, se le da azúcar a un perro que hace pruebas. “-¿Así es, hermanito -dije el duque deteniendo al señor de Charlus y tomándolo con ternura de un brazo-, así es como pasa uno delante de su hermano mayor sin siquiera un saludito? Ya no te veo, Mémé, y no sabes cómo te extraño. Buscando cartas viejas, he encontrado justamente algunas de la pobre mamá, todas tan cariñosas contigo”.
— Merci, Basin, répondit M. de Charlus d′une voix altérée, car il ne pouvait jamais parler sans émotion de leur mère. — Tu devrais te décider à me laisser t′installer un pavillon à Guermantes, reprit le duc.» «C′est gentil de voir les deux frères si tendres l′un avec l′autre, dit la Princesse à Oriane. — Ah! ça, je ne crois pas qu′on puisse trouver beaucoup de frères comme cela. Je vous inviterai avec lui, me promit-elle. Vous n′êtes pas mal avec lui? . . . Mais qu′est-ce qu′ils peuvent avoir à se dire», ajouta-t-elle d′un ton inquiet, car elle entendait imparfaitement leurs paroles. Elle avait toujours eu une certaine jalousie du plaisir que M. de Guermantes éprouvait à causer avec son frère d′un passé à distance duquel il tenait un peu sa femme. Elle sentait que, quand ils étaient heureux d′être ainsi l′un près de l′autre et que, ne retenant plus son impatiente curiosité, elle venait se joindre à eux, son arrivée ne leur faisait pas plaisir. Mais, ce soir, à cette jalousie habituelle s′en ajoutait une autre. Car si Mme de Surgis avait raconté à M. de Guermantes les bontés qu′avait eues son frère, afin qu′il l′en remerciât, en même temps des amies dévouées du couple Guermantes avaient cru devoir prévenir la duchesse que la maîtresse de son mari avait été vue en tête à tête avec le frère de celui-ci. Et Mme de Guermantes en était tourmentée. «Rappelle-toi comme nous étions heureux jadis à Guermantes, reprit le duc en s′adressant à M. de Charlus. Si tu y venais quelquefois l′été, nous reprendrions notre bonne vie. Te rappelles-tu le vieux père Courveau: «Pourquoi est-ce que Pascal est troublant? parce qu′il est trou . . . trou . . . — blé», prononça M. de Charlus comme s′il répondait encore à son professeur. —«Et pourquoi est-ce que Pascal est troublé? parce qu′il est trou . . . parce qu′il est trou . . . — Blanc. — Très bien, vous serez reçu, vous aurez certainement une mention, et Mme la duchesse vous donnera un dictionnaire chinois.» Si je me rappelle, mon petit Mémé! Et la vieille potiche que t′avait rapportée Hervey de Saint–Denis, je la vois encore. Tu nous menaçais d′aller passer définitivement ta vie en Chine tant tu étais épris de ce pays; tu aimais déjà faire de longues vadrouilles. Ah! tu as été un type spécial, car on peut dire qu′en rien tu n′as jamais eu les goûts de tout le monde . . . » Mais à peine avait-il dit ces mots que le duc piqua ce qu′on appelle un soleil, car il connaissait, sinon les moeurs, du moins la réputation de son frère. Comme il ne lui en parlait jamais, il était d′autant plus gêné d′avoir dit quelque chose qui pouvait avoir l′air de s′y rapporter, et plus encore d′avoir paru gêné. Après une seconde de silence: «Qui sait, dit-il pour effacer ses dernières paroles, tu étais peut-être amoureux d′une Chinoise avant d′aimer tant de blanches et de leur plaire, si j′en juge par une certaine dame à qui tu as fait bien plaisir ce soir en causant avec elle. Elle a été ravie de toi.» Le duc s′était promis de ne pas parler de Mme de Surgis, mais, au milieu du désarroi que la gaffe qu′il avait faite venait de jeter dans ses idées, il s′était jeté sur la plus voisine, qui était précisément celle qui ne devait pas paraître dans l′entretien, quoiqu′elle l′eût motivé. “Gracias, Basin”, contestó el señor de Charlus con una voz alterada, porque nunca podía hablar sin emoción de su madre. “-Debías decidirte a dejarme que te instale un pabellón en Guermantes”, repuso el duque. “-Es lindo ver que se llevan tan bien los hermanos”, dijo la princesa a Oriana. “-¡Ah! es verdad, no creo que puedan encontrarse muchos hermanos así. Lo invitaré con él -me prometió ella-. ¿Usted no está disgustado con él?... ¿Pero qué se podrán decir?”, agregó con inquietud, porque oía apenas sus palabras. Siempre había tenido ciertos celos por el placer que le causaba conversar al señor de Guermantes con su hermano de un pasado del que mantenía un poco alejada a su mujer. Ella comprendía que cuando estaban así, felices de saberse juntos y que iba a reunírseles por no contener su impaciente curiosidad, su llegada no los alegraba. Pero, esa noche, a su curiosidad habitual se agregaba otra. Porque si la señora de Surgis había contado al señor de Guermantes las bondades que había tenido su hermano para que se lo agradeciese, al mismo tiempo amigas abnegadas de la pareja Guermantes creyeron necesario avisar a la duquesa que habían visto conversar a la amante de su marido con el hermano de éste. Y la señora de Guermantes estaba atormentada. “-¿Recuerdas qué felices éramos en Guermantes? -preguntó el duque dirigiéndose al señor de Charlusr. Si vinieses a veces, en verano, volveríamos a nuestra buena vida. ¿Recuerdas al buen viejo Courveau? ¿Por qué es turbador Pascal? Porque está tur... tur...”. “-Bado... -concluyó el señor de Charlus como si le contestase todavía a su profesor-. ¿Y por qué está turbado Pascal? Porque es tur... porque es turbador. Muy bien; se recibirá usted, obtendrá seguramente una mención y la señora duquesa le regalará un diccionario chino”. “-Si mal no recuerdo, mi pequeño Mémé, veo todavía el viejo jarrón que te había traído Hervey de Saint-Denis. Nos amenazabas con ir a pasar definitivamente tu vida en China, a tal punto estabas enamorado de ese país; ya te gustaban hacer largas calaveradas. ¡Ah!, has sido un tipo especial, porque se puede decir que nunca tuviste los gustos de los demás...”. Pero apenas había dicho esas palabras, el duque se ruborizó, porque conocía, ya que no las costumbres, por lo menos la reputación de su hermano. Como nunca le hablaba de ello, le molestaba más todavía haber dicho algo que pudiese relacionarse y mucho más aún parecerle molesto. Después de un segundo de silencio: “-¡Quién sabe -dijo para borrar sus últimas palabras-. Estarías quizás enamorado de una china, antes de enamorarte de tantas blancas, y gustarles, si lo juzgo por cierta señora a la que le causaste mucho placer esta noche conversando con ella. Ha quedado encantada contigo”. El duque se había prometido no hablar de la señora de Surgis; pero, en medio de la confusión que le causara en sus ideas la torpeza que acababa de cometer, se echó sobre la más próxima, que era precisamente la que no debía aparecer en la conversación, aunque la hubiese motivado.
Mais M. de Charlus avait remarqué la rougeur de son frère. Et, comme les coupables qui ne veulent pas avoir l′air embarrassé qu′on parle devant eux du crime qu′ils sont censés ne pas avoir commis et croient devoir prolonger une conversation périlleuse: «J′en suis charmé, lui répondit-il, mais je tiens à revenir sur ta phrase précédente, qui me semble profondément vraie. Tu disais que je n′ai jamais eu les idées de tout le monde; comme c′est juste! tu disais que j′avais des goûts spéciaux. — Mais non», protesta M. de Guermantes, qui, en effet, n′avait pas dit ces mots et ne croyait peut-être pas chez son frère à la réalité de ce qu′ils désignent. Et, d′ailleurs, se croyait-il le droit de le tourmenter pour des singularités qui en tout cas étaient restées assez douteuses ou assez secrètes pour ne nuire en rien à l′énorme situation du baron? Bien plus, sentant que cette situation de son frère allait se mettre au service de ses maîtresses, le duc se disait que cela valait bien quelques complaisances en échange; eût-il à ce moment connu quelque liaison «spéciale» de son frère que, dans l′espoir de l′appui que celui-ci lui prêterait, espoir uni au pieux souvenir du temps passé, M. de Guermantes eût passé dessus, fermant les yeux sur elle, et au besoin prêtant la main. «Voyons, Basin; bonsoir, Palamède, dit la duchesse qui, rongée de rage et de curiosité, n′y pouvait plus tenir, si vous avez décidé de passer la nuit ici, il vaut mieux que nous restions à souper. Vous nous tenez debout, Marie et moi, depuis une demi-heure.» Le duc quitta son frère après une significative étreinte et nous descendîmes tous trois l′immense escalier de l′hôtel de la Princesse. Pero el señor de Charlus había notado el rubor de su hermano. Y como aquellos culpables que no quieren turbarse cuando delante de ellos se habla del crimen qué se supone han cometido y creen que deben prolongar una conversación peligrosa: “-Estoy encantado -le contestó-, pero tengo interés en volver sobre tu frase anterior, que me parece profundamente cierta. Decías que nunca he tenido las ideas de todos, como es exacto; decías que tengo gustos especiales”. “-Pero no -protestó el señor de Guermantes, que en efecto no había dicho esas palabras y no creía, quizás, que fuera verdad lo que achacaba a su hermano. Y, por otra parte, ¿se creía con derecho a atormentarlo por singularidades que en todos los casos habían seguido siendo bastante dudosas o lo bastante secretas como para no perjudicar en lo mínimo la relevante situación del barón? Aún más, al sentir que esa situación de su hermano iba a ponerse al servicio de sus amantes, el duque se decía que bien valía ciertas complacencias a cambio de haber conocido en ese momento alguna situación “especial” de su hermano, el señor de Guermantes la hubiese pasado por alto cerrando los ojos y, en caso necesario, dándole una mano, con la esperanza de que ésta le prestara su apoyo; esperanza unida al piadoso recuerdo de los tiempos pasados. “-Vamos Basin; buenas noches, Palamédes -dijo la duquesa, que ya no podía aguantar, roída de rabia y curiosidad-. Si han decidido ustedes pasar la noche aquí, mejor será que nos quedemos a comer. Nos tienen ustedes de pie, a María y a mí, hace media hora”. El duque dejó a su hermano después de un abrazo significativo y bajamos los tres la inmensa escalera de la casa de la princesa.
Des deux côtés, sur les marches les plus hautes, étaient répandus des couples qui attendaient que leur voiture fût avancée. Droite, isolée, ayant à ses côtés son mari et moi, la duchesse se tenait à gauche de l′escalier, déjà enveloppée dans son manteau à la Tiepolo, le col enserré dans le fermoir de rubis, dévorée des yeux par des femmes, des hommes, qui cherchaient à surprendre le secret de son élégance et de sa beauté. Attendant sa voiture sur le même degré de l′escalier que Mme de Guermantes, mais à l′extrémité opposée, Mme de Gallardon, qui avait perdu depuis longtemps tout espoir d′avoir jamais la visite de sa cousine, tournait le dos pour ne pas avoir l′air de la voir, et surtout pour ne pas offrir la preuve que celle-ci ne la saluait pas. Mme de Gallardon était de fort méchante humeur parce que des messieurs qui étaient avec elle avaient cru devoir lui parler d′Oriane: «Je ne tiens pas du tout à la voir, leur avait-elle répondu, je l′ai, du reste, aperçue tout à l′heure, elle commence à vieillir; il paraît qu′elle ne peut pas s′y faire. Basin lui-même le dit. Et dame! je comprends ça, parce que, comme elle n′est pas intelligente, qu′elle est méchante comme une teigne et qu′elle a mauvaise façon, elle sent bien que, quand elle ne sera plus belle, il ne lui restera rien du tout.» De ambos lados, sobre los más altos escalones, había parejas desparramadas que esperaban sus coches. Derecha, aislada, teniendo a sus lados a su marido y a mí, la duquesa estaba a la izquierda de la escalera, ya envuelta en su tapado a lo Tiépolo, el cuello preso en su cierre de rubíes, devorada con los ojos por las mujeres y los hombres que trataban de sorprender el secreto de su elegancia y su belleza. Esperando su coche sobre el mismo escalón que la señora de Guermantes, pero en el extremo opuesto, la señora de Gallardon, que había perdido hacía tiempo toda esperanza de recibir ya la visita de su prima, daba la espalda para no aparentar que la veía y sobre todo para no demostrar que ésta no la saludaba. La señora de Gallardon estaba de muy mal humor porque unos señores que estaban con ella habían creído necesario hablarle de Oriana: “-No tengo ningún Interés en verla -les había contestado-. Por otra parte, la he visto hace un rato. Empieza a envejecer y parece que no puede acostumbrarse a esa idea. El mismo Basin lo dice. ¡Vaya, lo comprendo! Como carece de inteligencia, es mala como una tiña y tiene malos modales, demasiado sabe que cuando ya no sea hermosa no le quedará nada”.
J′avais mis mon pardessus, ce que M. de Guermantes, qui craignait les refroidissements, blâma, en descendant avec moi, à cause de la chaleur qu′il faisait. Et la génération de nobles qui a plus ou moins passé par Monseigneur Dupanloup parle un si mauvais français (excepté les Castellane), que le duc exprima ainsi sa pensée: «Il vaut mieux ne pas être couvert avant d′aller dehors, du moins en thèse générale.» Je revois toute cette sortie, je revois, si ce n′est pas à tort que je le place sur cet escalier, portrait détaché de son cadre, le prince de Sagan, duquel ce dut être la dernière soirée mondaine, se découvrant pour présenter ses hommages à la duchesse, avec une si ample révolution du chapeau haut de forme dans sa main gantée de blanc, qui répondait au gardénia de la boutonnière, qu′on s′étonnait que ce ne fût pas un feutre à plume de l′ancien régime, duquel plusieurs visages ancestraux étaient exactement reproduits dans celui de ce grand seigneur. Il ne resta qu′un peu de temps auprès d′elle, mais ses poses, même d′un instant, suffisaient à composer tout un tableau vivant et comme une scène historique. D′ailleurs, comme il est mort depuis, et que je ne l′avais de son vivant qu′aperçu, il est tellement devenu pour moi un personnage d′histoire, d′histoire mondaine du moins, qu′il m′arrive de m′étonner en pensant qu′une femme, qu′un homme que je connais sont sa soeur et son neveu. Yo me había puesto el sobretodo, lo que criticó el señor de Guermantes, que bajaba conmigo, porque temía los resfríos a causa del calor. Y la generación de nobles que ha pasado más o menos por monseñor Dupanloup habla un francés tan malo (excepto los Castellane) que el duque expresó así su pensamiento: “Mejor es no abrigarse antes de ir afuera, por lo menos en tesis general”. Vuelvo a ver toda esa salida; vuelvo a ver, si no es por error que lo ubico sobre esa escalera, retrato desprendido de su marco, al príncipe de Sagan, cuya velada mundana debió ser la última, descubriéndose para presentar sus homenajes a la duquesa, con tan amplia evolución del sombrero de copa en su mano enguantada de blanco, que hacía juego con la gardenia de su ojal, que uno se asombrara que no fuese un fieltro del antiguo régimen, ya que varios rostros ancestrales estaban exactamente reproducidos en el del gran señor. No quedó más que poco tiempo junto a ella, pero sus actitudes, aun por un instante, bastaban para componer todo un cuadro vivo y una escena histórica. Por otra parte, como desde aquel entonces murió y en vida apenas lo había visto, se convirtió hasta tal punto para mi en personaje de historia, de historia social por lo menos, que llego a asombrarme al pensar que una mujer o un hombre que conozco sean su hermana y su sobrino.
Pendant que nous descendions l′escalier, le montait, avec un air de lassitude qui lui seyait, une femme qui paraissait une quarantaine d′années bien qu′elle eût davantage. C′était la princesse d′Orvillers, fille naturelle, disait-on, du duc de Parme, et dont la douce voix se scandait d′un vague accent autrichien. Elle s′avançait, grande, inclinée, dans une robe de soie blanche à fleurs, laissant battre sa poitrine délicieuse, palpitante et fourbue, à travers un harnais de diamants et de saphirs. Tout en secouant la tête comme une cavale de roi qu′eût embarrassée son licol de perles, d′une valeur inestimable et d′un poids incommode, elle posait çà et là ses regards doux et charmants, d′un bleu qui, au fur et à mesure qu′il commençait à s′user, devenait plus caressant encore, et faisait à la plupart des invités qui s′en allaient un signe de tête amical. «Vous arrivez à une jolie heure, Paulette! dit la duchesse. — Ah! j′ai un tel regret! Mais vraiment il n′y a pas eu la possibilité matérielle», répondit la princesse d′Orvillers qui avait pris à la duchesse de Guermantes ce genre de phrases, mais y ajoutait sa douceur naturelle et l′air de sincérité donné par l′énergie d′un accent lointainement tudesque dans une voix si tendre. Elle avait l′air de faire allusion à des complications de vie trop longues à dire, et non vulgairement à des soirées, bien qu′elle revînt en ce moment de plusieurs. Mais ce n′était pas elles qui la forçaient de venir si tard. Comme le prince de Guermantes avait pendant de longues années empêché sa femme de recevoir Mme d′Orvillers, celle-ci, quand l′interdit fut levé, se contenta de répondre aux invitations, pour ne pas avoir l′air d′en avoir soif, par des simples cartes déposées. Au bout de deux ou trois ans de cette méthode, elle venait elle-même, mais très tard, comme après le théâtre. De cette façon, elle se donnait l′air de ne tenir nullement à la soirée, ni à y être vue, mais simplement de venir faire une visite au Prince et à la Princesse, rien que pour eux, par sympathie, au moment où, les trois quarts des invités déjà partis, elle «jouirait mieux d′eux». Mientras bajábamos la escalera, la subía con un aspecto cansado, que le resultaba muy sentador, una mujer que aparentaba unos cuarenta años, aunque contase más. Era la princesa de Orvillers, hija natural, según se decía, del duque de Parma y cuya dulce voz escondía un vago acento austriaco. Se adelantaba, alta, inclinada, en un vestido de seda blanca floreada, dejando latir su delicioso busto, palpitante ycansada, tras un arnés de brillantes yzafiros. Y mientras sacudía la cabeza como una cabalgadura real a la que incomodara su cabestro de perlas de valor Inestimable e Incómodo peso, ella posaba aquí yallá sus miradas dulces yencantadoras, de un color azul que se hacía más acariciador a medida que comenzaba a gastarse y saludaba amistosamente con la cabeza a la mayor parte de los invitados. “-A buena hora llega usted, Paulina” -dijo la duquesa. “-¡Ah!, lo lamento tanto. Pero verdaderamente no ha habido posibilidad material”, contestó la princesa de Orvillers, a la que contagiara la duquesa de Guermantes ese tipo de frases, pero les agregaba su dulzura natural y el timbre de sinceridad dado por la energía de un acento ligeramente tudesco en una voz tan tierna. Parecía aludir a complicaciones de vida demasiado largas para ser contagiadas y no referirse vulgarmente a fiestas, aunque en ese momento volviese de varias. Pero no era por ellas por lo que volvía tan tarde. Como el príncipe de Guermantes había impedido a su mujer durante muchos años recibir a la señora de Orvillers, ésta, cuando se levantó el interdicto, se contentó respondiendo con simples tarjetas a las invitaciones, para no parecer afanosa. Al cabo de dos o tres años de ese método, iba ella misma; pero muy tarde, como después del teatro. De esa manera aparentaba no tener ningún interés ni en ser vista ni en la velada, sino simplemente hacerles una visita al príncipe y a la princesa, nada más que por ellos, por simpatía, en momentos en que ya se habían ido las tres cuartas partes de los invitados y ella “gozaría más de ellos”.
«Oriane est vraiment tombée au dernier degré, ronchonna Mme de Gallardon. Je ne comprends pas Basin de la laisser parler à Mme d′Orvillers. Ce n′est pas M. de Gallardon qui m′eût permis cela.» Pour moi, j′avais reconnu en Mme d′Orvillers la femme qui, près de l′hôtel Guermantes, me lançait de longs regards langoureux, se retournait, s′arrêtait devant les glaces des boutiques. Mme de Guermantes me présenta, Mme d′Orvillers fut charmante, ni trop aimable, ni piquée. Elle me regarda comme tout le monde, de ses yeux doux . . . Mais je ne devais plus jamais, quand je la rencontrerais, recevoir d′elle une seule de ces avances où elle avait semblé s′offrir. Il y a des regards particuliers et qui ont l′air de vous reconnaître, qu′un jeune homme ne reçoit jamais de certaines femmes — et de certains hommes — que jusqu′au jour où ils vous connaissent et apprennent que vous êtes l′ami de gens avec qui ils sont liés aussi. “-Oriana, ha llegado verdaderamente al último extremo -gruñó la señora de Gallardon-. No entiendo cómo Basin la deja hablar con la señora de Orvillers. Eso no me lo hubiera permitido el señor de Gallardon”. En cuanto a mí, ya había reconocido en la señora de Orvillers a aquella mujer que en los alrededores de la casa de Guermantes echaba largas miradas lánguidas, se daba vueltas y se detenía ante los espejos de los negocios. La señora de Guermantes me presentó; la señora de Orvillers estuvo encantadora, ni muy amable ni muy picada. Me miró como a todos, con sus ojos dulces... Pero ya no debía recibir de ella, al encontrarla, ni una sola de esas insinuaciones con que parecía ofrecerse. Hay miradas especiales y que parecen reconocerlo a uno, que un joven no recibe de ciertas mujeres -y de ciertos hombres- más que el día en que lo conocen a uno y saben que es amigo de gente con la que también están vinculados.
On annonça que la voiture était avancée. Mme de Guermantes prit sa jupe rouge comme pour descendre et monter en voiture, mais, saisie peut-être d′un remords, ou du désir de faire plaisir et surtout de profiter de la brièveté que l′empêchement matériel de le prolonger imposait à un acte aussi ennuyeux, elle regarda Mme de Gallardon; puis, comme si elle venait seulement de l′apercevoir, prise d′une inspiration, elle retraversa, avant de descendre, toute la longueur du degré et, arrivée à sa cousine ravie, lui tendit la main. «Comme il y a longtemps», lui dit la duchesse qui, pour ne pas avoir à développer tout ce qu′était censé contenir de regrets et de légitimes excuses cette formule, se tourna d′un air effrayé vers le duc, lequel, en effet, descendu avec moi vers la voiture, tempêtait en voyant que sa femme était partie vers Mme de Gallardon et interrompait la circulation des autres voitures. «Oriane est tout de même encore bien belle! dit Mme de Gallardon. Les gens m′amusent quand ils disent que nous sommes en froid; nous pouvons, pour des raisons où nous n′avons pas besoin de mettre les autres, rester des années sans nous voir, nous avons trop de souvenirs communs pour pouvoir jamais être séparées, et, au fond, elle sait bien qu′elle m′aime plus que tant des gens qu′elle voit tous les jours et qui ne sont pas de son rang.» Mme de Gallardon était en effet comme ces amoureux dédaignés qui veulent à toute force faire croire qu′ils sont plus aimés que ceux que choie leur belle. Et (par les éloges que, sans souci de la contradiction avec ce qu′elle avait dit peu avant, elle prodigua en parlant de la duchesse de Guermantes) elle prouva indirectement que celle-ci possédait à fond les maximes qui doivent guider dans sa carrière une grande élégante laquelle, dans le moment même où sa plus merveilleuse toilette excite, à côté de l′admiration, l′envie, doit savoir traverser tout un escalier pour la désarmer. «Faites au moins attention de ne pas mouiller vos souliers» (il avait tombé une petite pluie d′orage), dit le duc, qui était encore furieux d′avoir attendu. Anunciaron que el coche estaba cerca. La señora de Guermantes recogió su pollera roja, como para bajar y subir al coche, pero sobrecogida quizás, por un remordimiento o por el deseo de causar placer y, sobre todo, aprovechar la brevedad que el impedimento material de prolongarlo imponía a un acto tan fastidioso, miró a la señora de Gallardon; luego, como si acabara de advertirla, inspirada, volvió a atravesar antes de bajar todo el largo del escalón y le tendió la mano a su prima encantada. “-¡Cuánto tiempo!”, le dijo la duquesa, que, para no tener que desarrollar todo lo que era de suponer contenía esa fórmula de arrepentimiento y de legítimas excusas, se volvió con aspecto espantado hacia el duque, que había bajado, en efecto, conmigo, hasta el coche y protestaba al ver que su mujer se había ido con la señora de Gallardon e interrumpía la circulación de los otros coches. “-OOriana, sin embargo, está todavía hermosa -dijo la señora de Gallardon-. Me divierte la gente cuando dicen que estamos distanciados; podemos, por motivos que no tenemos por qué explicar a los demás, permanecer años sin vernos, pero tenemos demasiados recuerdos comunes para separarnos nunca, y en el fondo bien sabe que me quiere tanto como a esa gente que ve todos los días y que no es de su rango”. La señora de Gallardon era, en efecto, como esos enamorados desdeñados que quieren a toda costa hacer creer que son más amados que los que sacrifica su preferida. Y (por los elogios que, sin temer la contradicción con lo que había dicho poco antes, prodigó al hablar de la duquesa de Guermantes) probó que ésta poseía a fondo las máximas que deben guiar a una gran elegante en su carrera, la que en el preciso momento en que su vestido más maravilloso excitaba admiración y envidia, debe saber atravesar toda una escalera para desarmarla. “-Tenga usted cuidado, por lo menos, de no mojar sus zapatos” (había caído una pequeña lluvia de tormenta), dijo el duque, que todavía estaba furioso por haber esperado.
Pendant le retour, à cause de l′exigueacute; du coupé, les souliers rouges se trouvèrent forcément peu éloignés des miens, et Mme de Guermantes, craignant même qu′ils ne les eussent touchés, dit au duc: «Ce jeune homme va être obligé de me dire comme je ne sais plus quelle caricature: «Madame, dites-moi tout de suite que vous m′aimez, mais ne me marchez pas sur les pieds comme cela.» Ma pensée d′ailleurs était assez loin de Mme de Guermantes. Depuis que Saint–Loup m′avait parlé d′une jeune fille de grande naissance qui allait dans une maison de passe et de la femme de chambre de la baronne Putbus, c′était dans ces deux personnes que, faisant bloc, s′étaient résumés les désirs que m′inspiraient chaque jour tant de beautés de deux classes, d′une part les vulgaires et magnifiques, les majestueuses femmes de chambre de grande maison enflées d′orgueil et qui disent «nous» en parlant des duchesses, d′autre part ces jeunes filles dont il me suffisait parfois, même sans les avoir vues passer en voiture ou à pied, d′avoir lu le nom dans un compte rendu de bal pour que j′en devinsse amoureux et qu′ayant consciencieusement cherché dans l′annuaire des châteaux où elles passaient l′été (bien souvent en me laissant égarer par un nom similaire) je rêvasse tour à tour d′aller habiter les plaines de l′Ouest, les dunes du Nord, les bois de pins du Midi. Mais j′avais beau fondre toute la matière charnelle la plus exquise pour composer, selon l′idéal que m′en avait tracé Saint–Loup, la jeune fille légère et la femme de chambre de Mme Putbus, il manquait à mes deux beautés possédables ce que j′ignorerais tant que je ne les aurais pas vues: le caractère individuel. Je devais m′épuiser vainement à rechercher à me figurer, pendant les mois où j′eusse préféré une femme de chambre, celle de Mme Putbus. Mais quelle tranquillité, après avoir été perpétuellement troublé par mes désirs inquiets pour tant d′êtres fugitifs dont souvent je ne savais même pas le nom, qui étaient en tout cas si difficiles à retrouver, encore plus à connaître, impossibles peut-être à conquérir, d′avoir prélevé sur toute cette beauté éparse, fugitive, anonyme, deux spécimens de choix munis de leur fiche signalétique et que j′étais du moins certain de me procurer quand je le voudrais. Je reculais l′heure de me mettre à ce double plaisir, comme celle du travail, mais la certitude de l′avoir quand je voudrais me dispensait presque de le prendre, comme ces cachets soporifiques qu′il suffit d′avoir à la portée de la main pour n′avoir pas besoin d′eux et s′endormir. Je ne désirais dans l′univers que deux femmes dont je ne pouvais, il est vrai, arriver à me représenter le visage, mais dont Saint–Loup m′avait appris les noms et garanti la complaisance. De sorte que, s′il avait par ses paroles de tout à l′heure fourni un rude travail à mon imagination, il avait par contre procuré une appréciable détente, un repos durable à ma volonté. Durante el regreso, a causa de la exigüidad del cupé, los zapatos rojos se encontraron forzosamente cerca de los míos, y la señora de Guermantes, temiendo que no los hubiesen tocado, dijo al duque: “-Este joven se va a ver obligado a decirme como ya no sé qué caricatura: “Señora, dígame pronto que me quiere, pero no me pise los pies en esta forma”. Mi pensamiento, por otra parte, estaba bastante lejos de la señora de Guermantes. Desde que Saint-Loup me había hablado de una muchacha de excelente origen que iba a una casa de citas y de la mucama de la baronesa de Putbus, había concentrado en esas dos personas, como en un bloque, los deseos que cada día me inspiraban tantas bellezas de las dos clases; por una parte, las vulgares y magníficas, las majestuosas mucamas de casa rica, infladas de orgullo y que dicen “nosotros” al hablar de las duquesas; por otra parte, esas jóvenes de las que me bastaba a veces, aun sin haberlas visto pasar en coche o a pie, haber leído su nombre en la crónica de un baile para enamorarme de ellas, y al buscarlas concienzudamente en el anuario de los castillos donde veraneaban (equivocándome muy a menudo por un nombre similar), soñase por turno habitar las llanuras del Oeste, las dunas del Norte y los bosques de pinos del Mediodía. Pero, por más que fundiera la materia carnal más exquisita para componer, de acuerdo al ideal que me había trazado Saint-Loup, a la joven ligera y a la mucama de la señora de Putbus, les faltaba a mis dos bellezas poseíbles lo que ignoraría mientras no las hubiera visto: el carácter individual. Debía agotarme en vano tratando de imaginarme, durante los meses en que hubiese preferido una mucama, la de la señora de Putbus. Pero qué tranquilidad, después de estar perpetuamente turbado por mis deseos inquietos hacia tantos seres fugitivos cuyos nombres ni siquiera conocía, que en todo caso eran difíciles de hallar, más aún de conocer, imposibles quizás de conquistar, al haber extraído dos especimenes de selección con su flecha característica, de entre toda esa belleza dispersa y anónima que estaba seguro podría procurarme cuando lo quisiera. Postergaba la hora de empezar ese doble placer, como la del trabajo; pero la certeza de tenerlo cuando quisiera me evitaba tomarlo, como esos sellos somníferos que basta tener al alcance de la mano para dormir sin necesitarlos. No deseaba en todo el universo más que a dos mujeres, cuyo rostro no podía llegar a representarme, pero cuyos nombres me había enseñado Saint-Loup y garantizado su complacencia. De tal manera que si con sus recientes palabras proporcionó un fuerte trabajo a mi imaginación, en cambio procuró un apreciable descanso y un reposo duradero a mi voluntad.
«Hé bien! me dit la duchesse, en dehors de vos bals, est-ce que je ne peux vous être d′aucune utilité? Avez-vous trouvé un salon où vous aimeriez que je vous présente?» Je lui répondis que je craignais que le seul qui me fît envie ne fût trop peu élégant pour elle. «Qui est-ce?» demanda-t-elle d′une voix menaçante et rauque, sans presque ouvrir la bouche. «La baronne Putbus.» Cette fois-ci elle feignit une véritable colère. «Ah! non, ça, par exemple, je crois que vous vous fichez de moi. Je ne sais même pas par quel hasard je sais le nom de ce chameau. Mais c′est la lie de la société. C′est comme si vous me demandiez de vous présenter à ma mercière. Et encore non, car ma mercière est charmante. Vous êtes un peu fou, mon pauvre petit. En tout cas, je vous demande en grâce d′être poli avec les personnes à qui je vous ai présenté, de leur mettre des cartes, d′aller les voir et de ne pas leur parler de la baronne Putbus, qui leur est inconnue.» Je demandai si Mme d′Orvillers n′était pas un peu légère. «Oh! pas du tout, vous confondez, elle serait plutôt bégueule. N′est-ce pas, Basin? — Oui, en tout cas je ne crois pas qu′il y ait jamais rien à dire sur elle», dit le duc. “-Y bueno -me dijo la duquesa-; ¿fuera de sus bailes no puedo serle útil de ninguna manera? ¿Ha encontrado un salón al que quisiera ser presentada?”. Le contesté que el único que me daba envidia era demasiado poco elegante para ella. “-¿Quién es?”, preguntó con voz ronca y amenazadora, casi sin abrir la boca. “-La baronesa Putbus”. Esta vez fingió un verdadero enojo. “-¡Ah, eso sí! Por ejemplo, creo que esta vez usted se burla de mí. Ni siquiera sé por qué casualidad conozco el nombre de ese camello. Pero resulta la hez de la sociedad. Es como si usted me pidiera que le presentara a mi mercera. Y menos aún, porque mi mercera es encantadora. Usted está algo loco, mi pobrecito. En todo caso, le pido por favor que sea cortés con la gente que le he presentado, que deje su tarjeta, que vaya a verlos y no les hable de esa baronesa Putbus que desconocen”. Pregunté si la señora de Orvillers no era algo ligera. “-¡Oh, no!, absolutamente, usted confunde; al contrario, sería tal vez gazmoña. ¿Verdad, Basin?” “-Sí; en todo caso, no creo que nunca haya podido decirse nada de ella”, dijo el duque.
«Vous ne voulez pas venir avec nous à la redoute? me demanda-t-il. Je vous prêterais un manteau vénitien et je sais quelqu′un à qui cela ferait bougrement plaisir, à Oriane d′abord, cela ce n′est pas peine de le dire; mais à la princesse de Parme. Elle chante tout le temps vos louanges, elle ne jure que par vous. Vous avez la chance — comme elle est un peu mûre — qu′elle soit d′une pudicité absolue. Sans cela elle vous aurait certainement pris comme sigisbée, comme on disait dans ma jeunesse, une espèce de cavalier servant.» “-¿No quiere acompañarnos al salón de baile? -me preguntó-. Le prestaría un manto veneciano, y conozco alguien a quien le daría un gusto tremendo; a Oriana primeramente, huelga decirlo, y a la princesa de Parma. Canta permanentemente sus alabanzas, no jura más que por usted. Usted tiene suerte -ya que es algo madura- que sea tan púdica. Sin eso lo habría elegido, ciertamente para chichisveo, como se decía en mi juventud, una especie de caballero sirviente”.
Je ne tenais pas à la redoute, mais au rendez-vous avec Albertine. Aussi je refusai. La voiture s′était arrêtée, le valet de pied demanda la porte cochère, les chevaux piaffèrent jusqu′à ce qu′elle fût ouverte toute grande, et la voiture s′engagea dans la cour. «A la revoyure, me dit le duc. — J′ai quelquefois regretté de demeurer aussi près de Marie, me dit la duchesse, parce que, si je l′aime beaucoup, j′aime un petit peu moins la voir. Mais je n′ai jamais regretté cette proximité autant que ce soir puisque cela me fait rester si peu avec vous. — Allons, Oriane, pas de discours.» La duchesse aurait voulu que j′entrasse un instant chez eux. Elle rit beaucoup, ainsi que le duc, quand je dis que je ne pouvais pas parce qu′une jeune fille devait précisément venir me faire une visite maintenant. «Vous avez une drôle d′heure pour recevoir vos visites, me dit-elle. — Allons, mon petit, dépêchons-nous, dit M. de Guermantes à sa femme. Il est minuit moins le quart et le temps de nous costumer . . . » Il se heurta devant sa porte, sévèrement gardée par elles, aux deux dames à canne qui n′avaient pas craint de descendre nuitamment de leur cime afin d′empêcher un scandale. «Basin, nous avons tenu à vous prévenir, de peur que vous ne soyez vu à cette redoute: le pauvre Amanien vient de mourir, il y a une heure.» Le duc eut un instant d′alarme. Il voyait la fameuse redoute s′effondrer pour lui du moment que, par ces maudites montagnardes, il était averti de la mort de M. d′Osmond. Mais il se ressaisit bien vite et lança aux deux cousines ce mot où il faisait entrer, avec la détermination de ne pas renoncer à un plaisir, son incapacité d′assimiler exactement les tours de la langue française: «Il est mort! Mais non, on exagère, on exagère!» Et sans plus s′occuper des deux parentes qui, munies de leurs alpenstocks, allaient faire l′ascension dans la nuit, il se précipita aux nouvelles en interrogeant son valet de chambre: «Mon casque est bien arrivé? — Oui, monsieur le duc. — Il y a bien un petit trou pour respirer? Je n′ai pas envie d′être asphyxié, que diable! — Oui, monsieur le duc. — Ah! tonnerre de Dieu, c′est un soir de malheur. Oriane, j′ai oublié de demander à Babal si les souliers à la poulaine étaient pour vous! — Mais, mon petit, puisque le costumier de l′Opéra-Comique est là, il nous le dira. Moi, je ne crois pas que ça puisse aller avec vos éperons. — Allons trouver le costumier, dit le duc. Adieu, mon petit, je vous dirais bien d′entrer avec nous pendant que nous essaierons, pour vous amuser. Mais nous causerions, il va être minuit et il faut que nous n′arrivions pas en retard pour que la fête soit complète.» No tenía interés en el baile, sino en la cita con Albertina. Por eso rehusé. El coche se había detenido; el lacayo llamó a la puerta cochera; los caballos piafaron hasta que la abrieron de par en par y el coche avanzó por el patio. “-¡Hasta la vista!”, me dijo el duque. “-A veces he lamentado vivir tan cerca de María -me dijo la duquesa-, porque, a pesar de quererla mucho, no me gusta tanto verla. Pero nunca lamenté más esa proximidad que esta noche, porque me permite permanecer tan poco con usted”. “- Vamos, Oriana, nada de discursos”. La duquesa hubiera querido que entrase un instante en su casa. Se rió mucho, como el duque, cuando dije que no podía porque una joven debía precisamente visitarme ahora. “-¡Lindas horas para recibir visitas!”, me dijo ella. “-Vamos, hijita, apurémonos -dijo el señor de Guermantes a su mujer-. Son las doce menos cuarto y el tiempo de disfrazarnos... Se topó, delante de la puerta severamente custodiada por ellas, con las dos señoras de bastón, que no habían temido bajar nocturnamente de su cima con el objeto de impedir un escándalo. “-Basin, hemos querido avisarle, temiendo que llegaran a verlo en ese baile: el pobre Amanien acaba de morir, hace una hora”. El duque se alarmó por un instante. Vela que se le desmoronaba el famoso baile, puesto que esas malditas montañesas le comunicaban la muerte del señor de Osmond. Pero se repuso muy pronto y lanzó a las dos primas esa palabra en que hacía caber su decisión de no renunciar a un placer y su incapacidad de asimilar exactamente los giros del idioma francés: “¡Está muerto! No. ¡Exageran, exageran!” Y sin preocuparse más de las dos parientas que, enarbolando sus alpenstocks, iban a realizar la ascensión en la noche, se precipitó en busca de noticias, interrogando a su mucamo: “-¿Ha llegado mi casco?” “-Si, señor duque”. “Tendrá algún agujerito para respirar. No tengo ganas de asfixiarme, ¡qué demonios!” “-Si, señor duque”. “ -¡Ah, trueno de Dios! Es una noche maldita. Oriana, me olvidé de preguntarle a Rabal si los borceguíes eran para usted”. “-Pero, hijo, ya que el modista de la Ópera Cómica está aquí, nos lo dirá. No creo qué haga juego con sus espuelas”. “-Vamos a buscar al modista -dijo el duque-. ¡Adiós, hijito! Yo le diría que se quedara con nosotros mientras probamos, para divertirlo. Pero charlaríamos, va a ser medianoche y no tenemos que llegar tarde para que la fiesta sea completa”.
Moi aussi j′étais pressé de quitter M. et Mme de Guermantes au plus vite. Phèdre finissait vers onze heures et demie. Le temps de venir, Albertine devait être arrivée. J′allai droit à Françoise: «Mlle Albertine est là? — Personne n′est venu.» Yo también estaba apurado por dejar al señor de Guermantes ysu señora. “Fedra” terminaba a eso de las once y media. Calculando el tiempo de llegar, Albertina ya debía estar en casa. Fui derecho a Francisca: “-¿La señorita Albertina está?” “-No ha venido nadie”.
Mon Dieu, cela voulait-il dire que personne ne viendrait! J′étais tourmenté, la visite d′Albertine me semblant maintenant d′autant plus désirable qu′elle était moins certaine. ¡Dios mío, eso quería decir que no llegaría nadie! Estaba atormentado; la visita de Albertina me parecía mucho más deseable ahora que se hacía menos segura.
Françoise était ennuyée aussi, mais pour une tout autre raison. Elle venait d′installer sa fille à table pour un succulent repas. Mais en m′entendant venir, voyant le temps lui manquer pour enlever les plats et disposer des aiguilles et du fil comme s′il s′agissait d′un ouvrage et non d′un souper: Elle vient de prendre une cuillère de soupe, me dit Françoise, je l′ai forcée de sucer un peu de carcasse», pour diminuer ainsi jusqu′à rien le souper de sa fille, et comme si ç‘avait été coupable qu′il fût copieux. Même au déjeuner ou au dîner, si je commettais la faute d′entrer dans la cuisine, Françoise faisait semblant qu′on eût fini et s′excusait même en disant: «J′avais voulu manger un morceau ou une bouchée.» Mais on était vite rassuré en voyant la multitude des plats qui couvraient la table et que Françoise, surprise par mon entrée soudaine, comme un malfaiteur qu′elle n′était pas, n′avait pas eu le temps de faire disparaître. Puis elle ajouta: «Allons, va te coucher, tu as assez travaillé comme cela aujourd′hui (car elle voulait que sa fille eût l′air non seulement de ne nous coûter rien, de vivre de privations, mais encore de se tuer au travail pour nous). Tu ne fais qu′encombrer la cuisine et surtout gêner Monsieur qui attend de la visite. Allons, monte», reprit-elle, comme si elle était obligée d′user de son autorité pour envoyer coucher sa fille qui, du moment que le souper était raté, n′était plus là que pour la frime et, si j′étais resté cinq minutes encore, eût d′elle-même décampé. Et se tournant vers moi, avec ce beau français populaire et pourtant un peu individuel qui était le sien: «Monsieur ne voit pas que l′envie de dormir lui coupe la figure.» J′étais resté ravi de ne pas avoir à causer avec la fille de Françoise. Francisca también estaba fastidiada, pero por un motivo muy distinto. Acababa de instalar a su hija en la mesa para una comida suculenta. Pero, al oírme llegar, viendo que no le alcanzaba el tiempo para levantar los platos y disponer aguja e hilo, como si se tratara de una labor y no de una cena: “Acaba de tomar una cucharada de sopa -me dijo Francisca-; la obligué a chupar unos huesos”, para reducir casi a la nada la cena de su hija y como si resultara culpable de que fuese copiosa. Aun durante el almuerzo o la cena, si cometía la torpeza de entrar en la cocina, Francisca hacía como si recién terminaran y se disculpaba diciendo: “-Había querido comer un pedazo o un bocado”. Pero uno se tranquilizaba pronto al ver la cantidad de platos que cubrían la mesa y que Francisca, sorprendida por mi súbita llegada, no había tenido tiempo de hacer desaparecer. Luego agregó: “-Vamos, ve a acostarte; has trabajado bastante por hoy (porque quería que su hija pareciese no costarnos nada, viviera de privaciones y, además, se matara de trabajo por nosotros). No haces más que estorbar en la cocina y sobre todo molestas al señor, que espera visitas. Vamos, sube”, como si se viera obligada a usar su autoridad para mandar acostar a su hija, la cual, ya que había fracasado la comida, permanecía inútilmente, y de haberme quedado cinco minutos más, se hubiera ido por si misma . Y volviéndose hacia mi, con ese hermoso francés popular y sin embargo un poco individual que era el suyo: “- El señor no ve que las ganas de dormir le cortan la cara”. Me había encantado no tener que conversar con la hija de Francisca.
J′ai dit qu′elle était d′un petit pays qui était tout voisin de celui de sa mère, et pourtant différent par la nature du terrain, les cultures, le patois, par certaines particularités des habitants, surtout. Ainsi la «bouchère» et la nièce de Françoise s′entendaient fort mal, mais avaient ce point commun, quand elles partaient faire une course, de s′attarder des heures «chez la soeur» ou «chez la cousine», étant d′elles-mêmes incapables de terminer une conversation, conversation au cours de laquelle le motif qui les avait fait sortir s′évanouissait au point que si on leur disait à leur retour: «Hé bien, M. le marquis de Norpois sera-t-il visible à six heures un quart», elles ne se frappaient même pas le front en disant: «Ah! j′ai oublié», mais: «Ah! je n′ai pas compris que monsieur avait demandé cela, je croyais qu′il fallait seulement lui donner le bonjour.» Si elles «perdaient la boule» de cette façon pour une chose dite une heure auparavant, en revanche il était impossible de leur ôter de la tête ce qu′elles avaient une fois entendu dire par la soeur ou par la cousine. Ainsi, si la bouchère avait entendu dire que les Anglais nous avaient fait la guerre en 70 en même temps que les Prussiens, et que j′eusse eu beau expliquer que ce fait était faux, toutes les trois semaines la bouchère me répétait au cours d′une conversation: «C′est cause à cette guerre que les Anglais nous ont faite en 70 en même temps que les Prussiens. — Mais je vous ai dit cent fois que vous vous trompez.» Elle répondait, ce qui impliquait que rien n′était ébranlé dans sa conviction: «En tout cas, ce n′est pas une raison pour leur en vouloir. Depuis 70, il a coulé de l′eau sous les ponts, etc.» Une autre fois, prônant une guerre avec l′Angleterre, que je désapprouvais, elle disait: «Bien sûr, vaut toujours mieux pas de guerre; mais puisqu′il le faut, vaut mieux y aller tout de suite. Comme l′a expliqué tantôt la soeur, depuis cette guerre que les Anglais nous ont faite en 70, les traités de commerce nous ruinent. Après qu′on les aura battus, on ne laissera plus entrer en France un seul Anglais sans payer trois cents francs d′entrée, comme nous maintenant pour aller en Angleterre.» He dicho que provenía de una región que era muy próxima a la de mi madre y sin embargo diferente por la naturaleza del terreno, los cultivos, el dialecto y especialmente por algunas particularidades de los habitantes. Así la “carnicera” y la sobrina de Francisca se llevaban muy mal, pero tenían esa común particularidad -cuando iban a hacer una diligencia- de perder horas enteras “en casa de la hermana” o “en casa de la prima”, ya que ellas mismas eran incapaces de concluir una conversación, conversación en el curso de la cual el motivo que las había hecho salir se desvanecía al punto que si uno les decía al regreso: “-Y bien: ¿el marqués de Norpois estará visible a las seis y cuarto?, ni siquiera se golpeaban la frente diciendo: “¡Ah, me olvidé!”, sino: “-¡Ah!, no comprendí que el señor me había pedido eso; creí solamente que había que saludarlo”. Si perdían la cabeza de tal modo por algo que se les había dicho una hora antes, en cambio era imposible sacarles de la cabeza lo que oyeran decir a la hermana o a la prima. De manera que si la carnicera oyera que los ingleses guerrearon con nosotros en el 70 al mismo tiempo que los prusianos, y por más que yo les explicara que no era así, cada tres semanas la carnicera me repetía durante una conversación: “-Es por culpa de esa guerra con los ingleses en el 70 al mismo tiempo que los prusianos”. “Pero le he dicho cien veces que se equivoca”. Ella contestaba, lo que ponía de relieve que nada había mudado su convicción: “-De cualquier manera, no es un motivo para guardarles rencor. Desde el 70 ha corrido bastante agua bajo los puentes, etc.”. Otra vez, preconizando una guerra con Inglaterra que yo desaprobaba, ella decía: “Claro que siempre es mejor que no haya guerra; pero, si es necesario tanto da ir enseguida. Como lo explicó hace poco la hermana, desde esa guerra que nos hicieron los ingleses en el 70, los tratados de comercio nos arruinan. Después que los hayamos derrotado, no dejaremos entrar en Francia a un solo inglés sin pagar trescientos francos de entrada, como nosotros ahora para ir a Inglaterra”.
Tel était, en dehors de beaucoup d′honnêteté et, quand ils parlaient, d′une sourde obstination à ne pas se laisser interrompre, à reprendre vingt fois là où ils en étaient si on les interrompait, ce qui finissait par donner à leurs propos la solidité inébranlable d′une fugue de Bach, le caractère des habitants dans ce petit pays qui n′en comptait pas cinq cents et que bordaient ses châtaigniers, ses saules, ses champs de pommes de terre et de betteraves. Fuera de mucha honradez y, cuando hablaban, de una sorda obstinación en no dejarse interrumpir, volviendo a empezar veinte veces donde estaban al cortárseles las palabras, lo que acabó por dar a sus propósitos la solidez inquebrantable de una fuga de Bach, tal era el carácter de los habitantes en esa pequeña región, que no alcanzaban a quinientos, rodeados por sus castaños, sus sauces, sus campos de papas y de remolachas.
La fille de Françoise, au contraire, parlait, se croyant une femme d′aujourd′hui et sortie des sentiers trop anciens, l′argot parisien et ne manquait aucune des plaisanteries adjointes. Françoise lui ayant dit que je venais de chez une princesse: «Ah! sans doute une princesse à la noix de coco.» Voyant que j′attendais une visite, elle fit semblant de croire que je m′appelais Charles. Je lui répondis naîµ¥ment que non, ce qui lui permit de placer: «Ah! je croyais! Et je me disais Charles attend (charlatan).» Ce n′était pas de très bon goût. Mais je fus moins indifférent lorsque, comme consolation du retard d′Albertine, elle me dit: «Je crois que vous pouvez l′attendre à perpète. Elle ne viendra plus. Ah! nos gigolettes d′aujourd′hui!» La hija de Francisca, por el contrario, hablaba en argot parisiense, creyéndose una mujer del día y salida de los senderos demasiado antiguos, y no dejaba a un lado ninguna de las bromas accesorias. Como Francisca le había dicho que yo volvía de casa de una princesa: “-¡Ah, sin duda una princesa a la nuez de coco”. Y viendo que yo esperaba una visita, aparentó creer que yo me llamaba Carlos. Le contesté cándidamente que no, lo que le permitió colocar: “-¡Ah, creía! Yo, ya me decía: “Carlos espera”. No era de muy buen gusto. Pero me sentí menos indiferente cuando, a modo de consuelo por el atraso de Albertina, me dijo: “Creo que puede esperarla a perpetuidad. No vendrá. ¡Ah, las gigolettes del día!”.
Ainsi son parler différait de celui de sa mère; mais, ce qui est plus curieux, le parler de sa mère n′était pas le même que celui de sa grand′mère, native de Bailleau-le-Pin, qui était si près du pays de Françoise. Pourtant les patois différaient légèrement comme les deux paysages. Le pays de la mère de Françoise, en pente et descendant à un ravin, était fréquenté par les saules. Et, très loin de là, au contraire, il y avait en France une petite région où on parlait presque tout à fait le même patois qu′à Méséglise. J′en fis la découverte en même temps que j′en éprouvai l′ennui. En effet, je trouvai une fois Françoise en grande conversation avec une femme de chambre de la maison, qui était de ce pays et parlait ce patois. Elles se comprenaient presque, je ne les comprenais pas du tout, elles le savaient et ne cessaient pas pour cela, excusées, croyaient-elles, par la joie d′être payses quoique nées si loin l′une de l′autre, de continuer à parler devant moi cette langue étrangère, comme lorsqu′on ne veut pas être compris. Ces pittoresques études de géographie linguistique et de camaraderie ancillaire se poursuivirent chaque semaine dans la cuisine, sans que j′y prisse aucun plaisir. Su modo de hablar era, pues, distinto al de su madre; pero lo más curioso es que el habla de su madre no era la misma de su abuela, nativa de Bailleau-le-Pin, tan próximo al pueblo de Francisca. Sin embargo, los dos dialectos eran ligeramente distintos, como los dos paisajes. El pueblo de la madre de Francisca bajaba en pendiente hasta una quebrada y estaba poblado de sauces. Y muy lejos, al contrario, había en Francia una pequeña región donde se hablaba casi el mismo dialecto de Méséglise. Hice el descubrimiento al mismo tiempo que experimentaba su fastidio. En efecto, encontré una vez a Francisca de gran conversación con una mucama de la casa que era de esa región yhablaba su dialecto. Casi se entendían, y yo no las comprendía casi para nada, lo sabían ellas, y no por eso dejaban de hablar, disculpadas, según creían, por la alegría de ser conterráneas, aunque hubieran nacido tan lejos una de otra, y continuaban hablando delante de mi ese idioma extranjero, como cuando uno no quiere que lo entiendan. Esos pintorescos estudios de geografía lingüística y de camaradería entre sirvientas prosiguieron cada semana en la cocina sin que yo hallara en ello ningún placer.
Comme, chaque fois que la porte cochère s′ouvrait, la concierge appuyait sur un bouton électrique qui éclairait l′escalier, et comme il n′y avait pas de locataires qui ne fussent rentrés, je quittai immédiatement la cuisine et revins m′asseoir dans l′antichambre, épiant, là où la tenture un peu trop étroite, qui ne couvrait pas complètement la porte vitrée de notre appartement, laissait passer la sombre raie verticale faite par la demi-obscurité de l′escalier. Si tout d′un coup cette raie devenait d′un blond doré, c′est qu′Albertine viendrait d′entrer en bas et serait dans deux minutes près de moi; personne d′autre ne pouvait plus venir à cette heure-là. Et je restais, ne pouvant détacher mes yeux de la raie qui s′obstinait à demeurer sombre; je me penchais tout entier pour être sûr de bien voir; mais j′avais beau regarder, le noir trait vertical, malgré mon désir passionné, ne me donnait pas l′enivrante allégresse que j′aurais eue si je l′avais vu changé, par un enchantement soudain et significatif, en un lumineux barreau d′or. C′était bien de l′inquiétude pour cette Albertine à laquelle je n′avais pas pensé trois minutes pendant la soirée Guermantes! Mais, réveillant les sentiments d′attente jadis éprouvés à propos d′autres jeunes filles, surtout de Gilberte, quand elle tardait à venir, la privation possible d′un simple plaisir physique me causait une cruelle souffrance morale. Cada vez que se abría la puerta cochera, la portera oprimía un botón eléctrico que iluminaba la escalera, y como ya no había inquilino que no hubiese vuelto, dejé inmediatamente la cocina y volví a sentarme en la antecámara, espiando por donde el cortinado un poco angosto no cubría del todo la puerta de vidrios de nuestro departamento y dejaba pasar la oscura raya vertical que producía la semioscuridad de la escalera. Si de golpe esa raya se ponía rubia dorada, es que Albertina acababa de entrar y estaría a los dos minutos junto a mi; ya no podía venir nadie a estas horas. Y yo me quedaba sin poder despegar los ojos de la raya que se obstinaba en seguir siendo oscura; me inclinaba por completo para estar seguro de ver bien; pero, por más que mirara, el negro trazo vertical, a pesar de mi apasionado deseo, no me daba la alegría embriagadora que hubiese tenido al verlo trocado por un encantamiento súbito y significativo en un luminoso barrote de oro. Era bastante inquietud por esa Albertina en la que no había pensado siquiera tres minutos durante la velada de los Guermantes. Pero al despertar los sentimientos de espera sufridos antes con motivo de otras muchachas, especialmente cuando Gilberta tardaba, la posible privación de un simple placer físico me causaba un cruel sufrimiento moral.
Il me fallut rentrer dans ma chambre. Françoise m′y suivit. Elle trouvait, comme j′étais revenu de ma soirée, qu′il était inutile que je gardasse la rose que j′avais à la boutonnière et vint pour me l′enlever. Son geste, en me rappelant qu′Albertine pouvait ne plus venir, et en m′obligeant aussi à confesser que je désirais être élégant pour elle, me causa une irritation qui fut redoublée du fait qu′en me dégageant violemment, je froissai la fleur et que Françoise me dit: «Il aurait mieux valu me la laisser ôter plutôt que non pas la gâter ainsi.» D′ailleurs, ses moindres paroles m′exaspéraient. Dans l′attente, on souffre tant de l′absence de ce qu′on désire qu′on ne peut supporter une autre présence. Tuve que entrar en mi cuarto. Francisca me siguió. Le parecía que, como ya había vuelto de la velada, era inútil que conservase la rosa que tenía en el ojal y vino para sacármela. Su gesto, al recordarme que posiblemente no viniese Albertina y al obligarme a confesar de ese modo que deseaba estar elegante por ella, me causó una irritación que se duplicó porque, al desprenderme violentamente, estrujé la flor y Francisca me dijo: “- Mejor habérmela dejado quitar antes que estropearla así”. Por otra parte, me crispaban sus menores palabras. En la espera, uno sufre tanto la ausencia de lo que desea, que no puede soportar otra presencia.
Françoise sortie de la chambre, je pensai que, si c′était pour en arriver maintenant à avoir de la coquetterie à l′égard d′Albertine, il était bien fâcheux que je me fusse montré tant de fois à elle si mal rasé, avec une barbe de plusieurs jours, les soirs où je la laissais venir pour recommencer nos caresses. Je sentais qu′insoucieuse de moi, elle me laissait seul. Pour embellir un peu ma chambre, si Albertine venait encore, et parce que c′était une des plus jolies choses que j′avais, je remis, pour la première fois depuis des années, sur la table qui était auprès de mon lit, ce portefeuille orné de turquoises que Gilberte m′avait fait faire pour envelopper la plaquette de Bergotte et que, si longtemps, j′avais voulu garder avec moi pendant que je dormais, à côté de la bille d′agate. D′ailleurs, autant peut-être qu′Albertine, toujours pas venue, sa présence en ce moment dans un «ailleurs» qu′elle avait évidemment trouvé plus agréable, et que je ne connaissais pas, me causait un sentiment douloureux qui, malgré ce que j′avais dit, il y avait à peine une heure, à Swann, sur mon incapacité d′être jaloux, aurait pu, si j′avais vu mon amie à des intervalles moins éloignés, se changer en un besoin anxieux de savoir où, avec qui, elle passait son temps. Je n′osais pas envoyer chez Albertine, il était trop tard, mais dans l′espoir que, soupant peut-être avec des amies, dans un café, elle aurait l′idée de me téléphoner, je tournai le commutateur et, rétablissant la communication dans ma chambre, je la coupai entre le bureau de postes et la loge du concierge à laquelle il était relié d′habitude à cette heure-là. Avoir un récepteur dans le petit couloir où donnait la chambre de Françoise eût été plus simple, moins dérangeant, mais inutile. Les progrès de la civilisation permettent à chacun de manifester des qualités insoupçonnées ou de nouveaux vices qui les rendent plus chers ou plus insupportables à leurs amis. C′est ainsi que la découverte d′Edison avait permis à Françoise d′acquérir un défaut de plus, qui était de se refuser, quelque utilité, quelque urgence qu′il y eût, à se servir du téléphone. Elle trouvait le moyen de s′enfuir quand on voulait le lui apprendre, comme d′autres au moment d′être vaccinés. Aussi le téléphone était-il placé dans ma chambre, et, pour qu′il ne gênât pas mes parents, sa sonnerie était remplacée par un simple bruit de tourniquet. De peur de ne pas l′entendre, je ne bougeais pas. Mon immobilité était telle que, pour la première fois depuis des mois, je remarquai le tic tac de la pendule. Françoise vint arranger des choses. Una vez que Francisca salió del cuarto, pensé que si había llegado ahora a tener coquetería frente a Albertina, era muy fastidioso que me hubiese exhibido ante ella tantas veces mal afeitado, con una barba de varios días, las noches en que la dejaba venir para reanudar nuestras caricias. Yo advertía que me dejaba solo, sin preocuparme de mí. Para embellecer un poco mi cuarto, si Albertina llegara a venir y porque era una de las cosas más hermosas que tenía, volví a colocar por primera vez en años, sobre la mesa próxima a mi cama, esa cartera adornada con turquesas que me había encargado Gilberta para envolver la plaqueta de Bergotte y que quise conservar conmigo tanto tiempo mientras dormía, al lado de la bolita de ágata. Por otra parte, y quizás tanto como Albertina, no llegada aún, su presencia en ese momento en un “otra parte” que le pareciera evidentemente más agradable y que no conocía, me provocaba un sentimiento doloroso que, a pesar de lo que dijera hacía apenas una hora a Swann acerca de mi incapacidad de celos, pudo cambiarse, si hubiese visto a mi amiga con intervalos menos alejados, en una ansiosa necesidad de saber dónde y con quién pasaba el tiempo. No me atrevía a llamar a casa de Albertina, porque era demasiado tarde, pero en la esperanza de que al cenar, quizás, con algunas amigas en un café, se le ocurriese telefonearme, giré el conmutador y, restableciendo la comunicación en mi cuarto, la corté entre la estación y el departamento del portero, con el que estaba habitualmente conectado a esa hora. Tener un receptor en el pequeño corredor al que daba el cuarto de Francisca hubiese sido más simple y menos incómodo, pero inútil. Los progresos de la civilización permiten a cada cual manifestar cualidades insospechadas o nuevos vicios que los hacen más queridos o más insoportables a sus amigos. Así es como el invento de Edison había permitido a Francisca adquirir un nuevo defecto que consistía en rechazar el uso del teléfono por útil o urgente que fuese. Encontraba modo de huir cuando uno quería hacérselo saber, como otros al momento de vacunarse. Por eso el teléfono estaba colocado en mi cuarto, y para que no molestase a mis padres, se había reemplazado su campanilla por un simple ruido de chicharra. De miedo a no oírlo, ya no me moví. Mi inmovilidad era tal que, por primera vez durante meses, noté el tic-tac del reloj. Francisca vino a arreglar cosas.
Elle causait avec moi, mais je détestais cette conversation, sous la continuité uniformément banale de laquelle mes sentiments changeaient de minute en minute, passant de la crainte à l′anxiété; de l′anxiété à la déception complète. Différent des paroles vaguement satisfaites que je me croyais obligé de lui adresser, je sentais mon visage si malheureux que je prétendis que je souffrais d′un rhumatisme pour expliquer le désaccord entre mon indifférence simulée et cette expression douloureuse; puis je craignais que les paroles prononcées, d′ailleurs à mi-voix, par Françoise (non à cause d′Albertine, car elle jugeait passée depuis longtemps l′heure de sa venue possible) risquassent de m′empêcher d′entendre l′appel sauveur qui ne viendrait plus. Enfin Françoise alla se coucher; je la renvoyai avec une rude douceur, pour que le bruit qu′elle ferait en s′en allant ne couvrit pas celui du téléphone. Et je recommençai à écouter, à souffrir; quand nous attendons, de l′oreille qui recueille les bruits à l′esprit qui les dépouille et les analyse, et de l′esprit au coeur à qui il transmet ses résultats, le double trajet est si rapide que nous ne pouvons même pas percevoir sa durée, et qu′il semble que nous écoutions directement avec notre coeur. Charlaba conmigo, pero yo odiaba esa conversación bajo cuya continuidad uniformemente banal mis sentimientos cambiaban minuto a minuto, pasando del temor a la ansiedad y de la ansiedad a la completa desilusión. Distinto a las palabras vagamente satisfechas que me creía obligado a dirigirle, sentía que mi rostro era tan desgraciado que pretendí sufrir de reumatismo para explicar el desacuerdo entre mi simulada indiferencia y esa expresión dolorosa; además, temía que las palabras pronunciadas a media voz por Francisca (no a causa de Albertina, porque ella estimaba pasada hacía rato la hora de su posible llegada) me pusiesen en peligro de no oír el llamado salvador que ya no llegaría. Por fin Francisca se fue a acostar; la despaché con una dulzura ruda, para que el ruido que hiciese, al irse no cubriera el del teléfono. Empecé a escuchar de nuevo y a sufrir; cuando escuchamos, desde la oreja que recoge los ruidos al espíritu que los despoja y analiza, y del espíritu al corazón a quien trasmite sus resultados, el doble trayecto es tan rápido que ni siquiera podemos percibir su duración y parece que escucháramos directamente con nuestro corazón.
J′étais torturé par l′incessante reprise du désir toujours plus anxieux, et jamais accompli, d′un bruit d′appel; arrivé au point culminant d′une ascension tourmentée dans les spirales de mon angoisse solitaire, du fond du Paris populeux et nocturne approché soudain de moi, à côté de ma bibliothèque, j′entendis tout à coup, mécanique et sublime, comme dans Tristan l′écharpe agitée ou le chalumeau du pâtre, le bruit de toupie du téléphone. Je m′élançai, c′était Albertine. «Je ne vous dérange pas en vous téléphonant à une pareille heure? — Mais non . . . », dis-je en comprimant ma joie, car ce qu′elle disait de l′heure indue était sans doute pour s′excuser de venir dans un moment, si tard, non parce qu′elle n′allait pas venir. «Est-ce que vous venez? demandai-je d′un ton indifférent. — Mais . . . non, si vous n′avez pas absolument besoin de moi.» Une partie de moi à laquelle l′autre voulait se rejoindre était en Albertine. Il fallait qu′elle vînt, mais je ne le lui dis pas d′abord; comme nous étions en communication, je me dis que je pourrais toujours l′obliger, à la dernière seconde, soit à venir chez moi, soit à me laisser courir chez elle. «Oui, je suis près de chez moi, dit-elle, et infiniment loin de chez vous; je n′avais pas bien lu votre mot. Je viens de le retrouver et j′ai eu peur que vous ne m′attendiez.» Je sentais qu′elle mentait, et c′était maintenant, dans ma fureur, plus encore par besoin de la déranger que de la voir que je voulais l′obliger à venir. Mais je tenais d′abord à refuser ce que je tâcherais d′obtenir dans quelques instants. Mais où était-elle? À ses paroles se mêlaient d′autres sons: la trompe d′un cycliste, la voix d′une femme qui chantait, une fanfare lointaine retentissaient aussi distinctement que la voix chère, comme pour me montrer que c′était bien Albertine dans son milieu actuel qui était près de moi en ce moment, comme une motte de terre avec laquelle on a emporté toutes les graminées qui l′entourent. Les mêmes bruits que j′entendais frappaient aussi son oreille et mettaient une entrave à son attention: détails de vérité, étrangers au sujet, inutiles en eux-mêmes, d′autant plus nécessaires à nous révéler l′évidence du miracle; traits sobres et charmants, descriptifs de quelque rue parisienne, traits perçants aussi et cruels d′une soirée inconnue qui, au sortir de Phèdre, avaient empêché Albertine de venir chez moi. «Je commence par vous prévenir que ce n′est pas pour que vous veniez, car, à cette heure-ci, vous me gêneriez beaucoup . . ., lui dis-je, je tombe de sommeil. Me torturaba el regreso incesante del deseo, siempre más ansioso y nunca cumplido, de un ruido de llamada; llegado al punto culminante de una atormentada ascensión por las espirales de mi angustia solitaria, desde el fondo del París popular y nocturno aproximado de pronto hasta mi, al lado de mi biblioteca, oí de golpe, mecánico y sublime, como el pañuelo agitado de Tristán o el caramillo del pastor, el ruido de trompo del teléfono. Me abalancé; era Albertina. “-¿No lo molesto, telefoneándole a estas horas?”. “-¡Pero no! - dije comprimiendo mi alegría, porque lo que decía de la hora indebida era, sin duda, para disculparse por llegar tan tarde dentro de un momento y no porque no pensara venir. “- ¿Va a venir?”, pregunté con un tono indiferente. “-No, si no me necesita absolutamente”. Una parte de mi a la cual quería reunirse la otra, estaba en Albertina. Tenía que venir, pero no se lo dije de primera intención; como estábamos conectados, pensé que a último momento podría de cualquier manera obligarla a venir a mi casa o ir ya a la de ella. “-Si, estoy cerca de casa -dijo- e infinitamente lejos de la suya; no leí bien su carta. Acabo de encontrarla y temí que me esperara”. Me daba cuenta de que me mentía, y ahora era por indignación, más aún por necesidad de molestarla que de verla, que deseaba obligarla a venir. Necesitaba ante todo rechazar lo que trataría de obtener dentro de algunos instantes. ¿Pero dónde estaba? Se mezclaban otros sonidos con sus palabras: la bocina de un ciclista, la voz de urca mujer que cantaba, una charanga lejana, resonaban tan claramente como la voz querida, como para indicarme que era en verdad Albertina en su medio actual la que estaba cerca en ese momento, como una mota de tierra junto con la cual se han arrancado todas las gramíneas que la rodean. Los mismos ruidos que oía herían también sus oídos y molestaban su atención: detalles de verdad, extraños al tema, inútiles por si mismos, tanto más necesarios para revelarnos la evidencia del milagro: rasgos sobrios y encantadores, descriptivos de alguna calle de París, rasgos punzantes también y crueles de una balada desconocida que al salir de Fedra impidieron que Albertina viniera a mi casa. “-Empiezo por advertirle que no es para que venga, porque a estas horas me molestaría mucho... -le dije-; me caigo de sueño.
Et puis, enfin, mille complications. Je tiens à vous dire qu′il n′y avait pas de malentendu possible dans ma lettre. Vous m′avez répondu que c′était convenu. Alors, si vous n′aviez pas compris, qu′est-ce que vous entendiez par là? — J′ai dit que c′était convenu, seulement je ne me souvenais plus trop de ce qui était convenu. Mais je vois que vous êtes fâché, cela m′ennuie. Je regrette d′être allée à Phèdre. Si j′avais su que cela ferait tant d′histoires . . . ajouta-t-elle, comme tous les gens qui, en faute pour une chose, font semblant de croire que c′est une autre qu′on leur reproche. — Phèdre n′est pour rien dans mon mécontentement, puisque c′est moi qui vous ai demandé d′y aller. — Alors, vous m′en voulez, c′est ennuyeux qu′il soit trop tard ce soir, sans cela je serais allée chez vous, mais je viendrai demain ou après-demain, pour m′excuser. — Oh! non, Albertine, je vous en prie, après m′avoir fait perdre une soirée, laissez-moi au moins la paix les jours suivants. Je ne serai pas libre avant une quinzaine de jours ou trois semaines. Écoutez, si cela vous ennuie que nous restions sur une impression de colère, et, au fond, vous avez peut-être raison, alors j′aime encore mieux, fatigue pour fatigue, puisque je vous ai attendue jusqu′à cette heure-ci et que vous êtes encore dehors, que vous veniez tout de suite, je vais prendre du café pour me réveiller. — Ce ne serait pas possible de remettre cela à demain? parce que la difficulté . . . » En entendant ces mots d′excuse, prononcés comme si elle n′allait pas venir, je sentis qu′au désir de revoir la figure veloutée qui déjà à Balbec dirigeait toutes mes journées vers le moment où, devant la mer mauve de septembre, je serais auprès de cette fleur rose, tentait douloureusement de s′unir un élément bien différent. Ce terrible besoin d′un être, à Combray, j′avais appris à le connaître au sujet de ma mère, et jusqu′à vouloir mourir si elle me faisait dire par Françoise qu′elle ne pourrait pas monter. Cet effort de l′ancien sentiment, pour se combiner et ne faire qu′un élément unique avec l′autre, plus récent, et qui, lui, n′avait pour voluptueux objet que la surface colorée, la rose carnation d′une fleur de plage, cet effort aboutit souvent à ne faire (au sens chimique) qu′un corps nouveau, qui peut ne durer que quelques instants. Ce soir-là, du moins, et pour longtemps encore, les deux éléments restèrent dissociés. Mais déjà, aux derniers mots entendus au téléphone, je commençai à comprendre que la vie d′Albertine était située (non pas matériellement sans doute) à une telle distance de moi qu′il m′eût fallu toujours de fatigantes explorations pour mettre la main sur elle, mais, de plus, organisée comme des fortifications de campagne et, pour plus de sûreté, de l′espèce de celles que l′on a pris plus tard l′habitude d′appeler camouflées. Albertine, au reste, faisait, à un degré plus élevé de la société, partie de ce genre de personnes à qui la concierge promet à votre porteur de faire remettre la lettre quand elle rentrera — jusqu′au jour où vous vous apercevez que c′est précisément elle, la personne rencontrée dehors et à laquelle vous vous êtes permis d′écrire, qui est la concierge. De sorte qu′elle habite bien — mais dans la loge — le logis qu′elle vous a indiqué (lequel, d′autre part, est une petite maison de passe dont la concierge est la maquerelle)— et qu′elle donne comme adresse un immeuble où elle est connue par des complices qui ne vous livreront pas son secret, d′où on lui fera parvenir vos lettres, mais où elle n′habite pas, où elle a tout au plus laissé des affaires. Existences disposées sur cinq ou six lignes de repli, de sorte que, quand on veut voir cette femme, ou savoir, on est venu frapper trop à droite, ou trop à gauche, ou trop en avant, ou trop en arrière, et qu′on peut pendant des mois, des années, tout ignorer. Pour Albertine, je sentais que je n′apprendrais jamais rien, qu′entre la multiplicité entremêlée des détails réels et des faits mensongers je n′arriverais jamais à me débrouiller. Et que ce serait toujours ainsi, à moins que de la mettre en prison (mais on s′évade) jusqu′à la fin. Ce soir-là, cette conviction ne fit passer à travers moi qu′une inquiétude, mais où je sentais frémir comme une anticipation de longues souffrances. Además, mil complicaciones. Quiero recalcarle que en mi carta no había posibilidad de confusiones. Me contestó que quedaba convenido. Entonces, ¿si no había entendido, qué entendió?” “-He dicho que quedaba convenido, sólo que no recordaba bien lo que habíamos convenido. Pero veo que usted está enojado, y lo lamento. Lamento haber ido a ver Fedra. Si hubiera sabido que eso causaría tantos trastornos..., agregó como todos los que pecan por algo y simulan que no les reprocha otra cosa. “--Fedra nada tiene que ver con mi fastidio, puesto que yo mismo le pedí que fuera”. “-Entonces usted me guarda rencor... Es una lástima que ahora sea muy tarde, si no, iría a su casa; pero iré mañana o pasado mañana, para disculparme”. “-¡Oh, no, Albertina!, Albertina, se lo ruego. Después de haberme hecho perder una noche, déjeme por lo menos tranquilidad para los días siguientes. No estaré libre antes de unos quince días o tres semanas. Escuche: si no le gusta que nos quedemos bajo una impresión de enojo -y en el fondo, quizás usted tenga razón-, entonces prefiero, fatiga por fatiga, ya que la esperé hasta esta hora y que usted todavía está afuera, que venga enseguida. Tomaré café para despertarme”. “-¿No sería posible aplazarlo hasta mañana? Porque la dificultad...” Al oír esas palabras de disculpa, pronunciadas como si no fuese a venir, sentí que al deseo de volver a ver la cara aterciopelada que ya en Balbec dirigía todos mis días hacia el momento en que estaría junto a esta flor rosada, frente al mar color malva de septiembre, trataba de unirse, dolorosamente, un elemento muy distinto. Esa terrible necesidad de un ser había aprendido a conocerla en Combray con mi madre y hasta a desear la muerte si me hacía decir con Francisca que no podía subir. Ese esfuerzo del antiguo sentimiento para combinarse y no formar sino un elemento único con el otro más reciente y que en cuanto a él no tenía otro objetivo voluptuoso más que la superficie coloreada, la rosada carnadura de una flor de playa; ese esfuerzo no llega a menudo más que a producir (en el sentido químico) un cuerpo nuevo, que puede no durar sino unos instantes. Esa noche por lo menos, y por mucho tiempo más, los dos elementos quedaron separados. Pero ya en las últimas palabras oídas por teléfono comencé a comprender que la Vida de Albertina estaba situada (no materialmente, sin duda) a tal distancia de mí, que necesitaría siempre cansadoras exploraciones para alcanzarla; pero, además, organizada como fortificaciones de campaña y, para más seguridad, de aquella especie que luego se acostumbró a llamar camufladas. Por otro lado, Albertina formaba parte en un grado más alto de la sociedad, de ese género de personas a quienes la portera promete a nuestro mensajero entregar la carta cuando vuelva, hasta el día en que usted advierte que es ella precisamente, la portera la persona encontrada afuera y a la que usted se permitió escribir. De tal manera que es cierto que habita la vivienda que le ha indicado, pero en la portería (domicilio, por otra parte, que constituye una pequeña casa de citas cuya portera es la regente) y la dirección que da es un edificio donde la conocen cómplices que no revelarán su secreto, de donde le harán llegar las cartas suyas, pero donde no vive y donde, a lo sumo, dejó algunas cosas. Existencias dispuestas en cinco o seis líneas de repliegue, de suerte que cuando uno quiere ver a esa mujer o saber algo, ha llegado a golpear demasiado a la derecha, o demasiado a la izquierda, o demasiado adelante o demasiado atrás, y durante años puede ignorarlo todo. En cuanto a Albertina, yo sabía que nunca habría nada; que entre la multiplicidad arrevesada de los detalles verdaderos y de los hechos falsos, nunca podría llegar a ver con claridad. Y que siempre sería así, a menos de ponerla en la cárcel (pero uno se escapa), hasta el final. Esa noche tal convicción no me atravesó sino con inquietud, pero en la que sentí estremecerse algo así como una anticipación de largos sufrimientos.
— Mais non, répondis-je, je vous ai déjà dit que je ne serais pas libre avant trois semaines, pas plus demain qu′un autre jour. — Bien, alors . . . je vais prendre le pas de course . . . c′est ennuyeux, parce que je suis chez une amie qui . . . (Je sentais qu′elle n′avait pas cru que j′accepterais sa proposition de venir, laquelle n′était donc pas sincère, et je voulais la mettre au pied du mur.)— Qu′est-ce que ça peut peut me faire, votre amie? venez ou ne venez pas, c′est votre affaire, ce n′est pas moi qui vous demande de venir, c′est vous qui me l′avez proposé. — Ne vous fâchez pas, je saute dans un fiacre et je serai chez vous dans dix minutes. “-Pero, no -contesté yo-; ya le dije que no estaré libre antes de tres semanas; mañana igual que otros días”. “-Bien; entonces voy a ir a paso redoblado... Es fastidioso porque estoy en casa de una amiga que...” Advertí que ella no creyó que aceptaría su propuesta de venir, la que no era, pues, sincera, y quise ponerla entre la espada y la pared. “-¿Qué quiere que me interese su amiga? Venga o no venga, es asunto suyo. Yo no se lo pido; es usted quien me lo propuso”. “-No se enoje tomo un coche y dentro de diez minutos estaré en su casa”.
Ainsi, de ce Paris des profondeurs nocturnes duquel avait déjà émané jusque dans ma chambre, mesurant le rayon d′action d′un être lointain, une voix qui allait surgir et apparaître, après cette première annonciation, c′était cette Albertine que j′avais connue jadis sous le ciel de Balbec, quand les garçons du Grand-Hôtel, en mettant le couvert, étaient aveuglés par la lumière du couchant, que, les vitres étant entièrement tirées, les souffles imperceptibles du soir passaient librement de la plage, où s′attardaient les derniers promeneurs, à l′immense salle à manger où les premiers dîneurs n′étaient pas assis encore, et que dans la glace placée derrière le comptoir passait le reflet rouge de la coque et s′attardait longtemps le reflet gris de la fumée du dernier bateau pour Rivebelle. Je ne me demandais plus ce qui avait pu mettre Albertine en retard, et quand Françoise entra dans ma chambre me dire: «Mademoiselle Albertine est là», si je répondis sans même bouger la tête, ce fut seulement par dissimulation: «Comment mademoiselle Albertine vient-elle aussi tard!» Mais levant alors les yeux sur Françoise comme dans une curiosité d′avoir sa réponse qui devait corroborer l′apparente sincérité de ma question, je m′aperçus, avec admiration et fureur, que, capable de rivaliser avec la Berma elle-même dans l′art de faire parler les vêtements inanimés et les traits du visage, Françoise avait su faire la leçon à son corsage, à ses cheveux dont les plus blancs avaient été ramenés à la surface, exhibés comme un extrait de naissance, à son cou courbé par la fatigue et l′obéissance. Ils la plaignaient d′avoir été tirée du sommeil et de la moiteur du lit, au milieu de la nuit, à son âge, obligée de se vêtir quatre à quatre, au risque de prendre une fluxion de poitrine. Aussi, craignant d′avoir eu l′air de m′excuser de la venue tardive d′Albertine: «En tout cas, je suis bien content qu′elle soit venue, tout est pour le mieux», et je laissai éclater ma joie profonde. Elle ne demeura pas longtemps sans mélange, quand j′eus entendu la réponse de Françoise. Celle-ci, sans proférer aucune plainte, ayant même l′air d′étouffer de son mieux une toux irrésistible, et croisant seulement sur elle son châle comme si elle avait froid, commença par me raconter tout ce qu′elle avait dit à Albertine, n′ayant pas manqué de lui demander des nouvelles de sa tante. «Justement j′y disais, monsieur devait avoir crainte que mademoiselle ne vienne plus, parce que ce n′est pas une heure pour venir, c′est bientôt le matin. Mais elle devait être dans des endroits qu′elle s′amusait bien car elle ne m′a pas seulement dit qu′elle était contrariée d′avoir fait attendre monsieur, elle m′a répondu d′un air de se fiche du monde: «Mieux vaut tard que jamais!» Et Françoise ajouta ces mots qui me percèrent le coeur: «En parlant comme ça elle s′est vendue. Elle aurait peut-être bien voulu se cacher mais . . . » Así, desde ese París de las profundidades nocturnas del que ya había emanado hasta mi cuarto una voz que iba a surgir y aparecer, midiendo el radio de acción de un ser lejano, después de esa primera anunciación, era esa Albertina que había conocido antaño bajo el cielo de Balbec, cuando al poner el cubierto, los mozos del Gran Hotel se enceguecían por la luz del poniente, los ventanales estaban abiertos por completo y los soplos imperceptibles de la noche llegaban libremente, desde la playa donde se demoraban los últimos paseantes, al inmenso comedor donde aún no se habían sentado los primeros comensales, y por el espejo colocado detrás del mostrador pasaba el reflejo rojo del ocaso por mucho tiempo y se alargaba el reflejo gris del humo del último barco que salía para Rivebelle. Ya no me preguntaba lo que habría podido atrasar a Albertina, y cuando Francisca entró en mi cuarto para decirme: “La señorita Albertina está aquí”, contesté sin siquiera mover la cabeza, sólo por simulación: “-¡Cómo la señorita Albertina llega tan tarde!” Pero, levantando los ojos sobre Francisca, como curioso de su respuesta que debía corroborar la aparente sinceridad de mi pregunta, advertí con furor y admiración que, capaz de rivalizar aún con la Berma en el arte de hacer hablar a los trajes inanimados y los rasgos del rostro, Francisca supo aleccionar su corpiño y sus cabellos, de los cuales los más canosos habían sido traídos a la superficie y exhibidos como una partida de nacimiento, hasta su cuello encorvado por el cansancio y la obediencia. Ellos la compadecían por haber sido arrancada al sueño y al trasudor de la cama, a su edad, en medio de la noche, y obligada a vestirse rápidamente a riesgo de atrapar una pulmonía. Por eso, temiendo parecer que me disculpaba por la llegada tardía de Albertina: “-En todo caso, me alegro mucho de que haya llegado; todo está perfectamente”, y dejé brotar mi profunda alegría. No quedó mucho tiempo para cuando oí la respuesta de Francisca. Esta, sin proferir una queja, simulando qué ahogaba aún una tos irresistible y cruzando solamente su mantilla como si tuviese frío, empezó a contarme todo lo que le había dicho a Albertina, sin dejar de pedirle noticias de su tía. “-Justamente le decía que el señor debía temer que ya la señorita no llegase, porque no es hora de venir; pronto va a ser de día. Pero debió estar en lugares donde se divertía, porque ni siquiera me dijo que la contrariaba haberlo hecho esperar: me contestó como si se le importara un ardite de todo: “Más vale tarde que nunca”. Y Francisca agregó estas palabras que me punzaron el corazón: “-Al hablar así se traicionó. Hubiera querido quizás esconderse, pero...”.
Je n′avais pas de quoi être bien étonné. Je viens de dire que Françoise rendait rarement compte, dans les commissions qu′on lui donnait, sinon de ce qu′elle avait dit et sur quoi elle s′étendait volontiers, du moins de la réponse attendue. Mais, si par exception elle nous répétait les paroles que nos amis avaient dites, si courtes qu′elles fussent, elle s′arrangerait généralement, au besoin grâce à l′expression, au ton dont elle assurait qu′elles avaient été accompagnées, à leur donner quelque chose de blessant. À la rigueur, elle acceptait d′avoir subi d′un fournisseur chez qui nous l′avions envoyée une avanie, d′ailleurs probablement imaginaire, pourvu que, s′adressant à elle qui nous représentait, qui avait parlé en notre nom, cette avanie nous atteignît par ricochet. Il n′eût resté qu′à lui répondre qu′elle avait mal compris, qu′elle était atteinte de délire de persécution et que tous les commerçants n′étaient pas ligués contre elle. D′ailleurs leurs sentiments m′importaient peu. Il n′en était pas de même de ceux d′Albertine. Et en me redisant ces mots ironiques: «Mieux vaut tard que jamais!» Françoise m′évoqua aussitôt les amis dans la société desquels Albertine avait fini sa soirée, s′y plaisant donc plus que dans la mienne. «Elle est comique, elle a un petit chapeau plat, avec ses gros yeux, ça lui donne un drôle d′air, surtout avec son manteau qu′elle aurait bien fait d′envoyer chez l′estoppeuse car il est tout mangé. Elle m′amuse», ajouta, comme se moquant d′Albertine, Françoise, qui partageait rarement mes impressions mais éprouvait le besoin de faire connaître les siennes. Je ne voulais même pas avoir l′air de comprendre que ce rire signifiait le dédain de la moquerie, mais, pour rendre coup pour coup, je répondis à Françoise, bien que je ne connusse pas le petit chapeau dont elle parlait: «Ce que vous appelez «petit chapeau plat» est quelque chose de simplement ravissant . . . — C′est-à-dire que c′est trois fois rien», dit Françoise en exprimant, franchement cette fois, son véritable mépris. Alors (d′un ton doux et ralenti pour que ma réponse mensongère eût l′air d′être l′expression non de ma colère mais de la vérité, en ne perdant pas de temps cependant, pour ne pas faire attendre Albertine), j′adressai à Françoise ces paroles cruelles: «Vous êtes excellente, lui dis-je mielleusement, vous êtes gentille, vous avez mille qualités, mais vous en êtes au même point que le jour où vous êtes arrivée à Paris, aussi bien pour vous connaître en choses de toilette que pour bien prononcer les mots et ne pas faire de cuirs.» Et ce reproche était particulièrement stupide, car ces mots français que nous sommes si fiers de prononcer exactement ne sont eux-mêmes que des «cuirs» faits par des bouches gauloises qui prononçaient de travers le latin ou le saxon, notre langue n′étant que la prononciation défectueuse de quelques autres. No tenía motivos de asombrarme mucho. Acabo de decir que Francisca, cuando se le confiaba algún encargo, se extendía de muy buena gana sobre cuanto había dicho, pero muy raras veces daba cuenta espontáneamente de la respuesta esperada. Si por excepción le repetía a uno las palabras que habían dicho nuestros amigos, por breves que fuesen, se las arreglaba en general para, llegado el caso, gracias a la expresión y al tono con que aseguraba las habían acompañado, comunicarles algo hiriente. A lo sumo aceptaba haber soportado una vejación de algún proveedor a cuya casa la hubiésemos mandado, por otra parte probablemente imaginaria, con tal de que esa vejación, al dirigirse a ella, que nos representaba, nos alcanzase de rebote. No quedaba sino contestarle que había comprendido mal, que estaba atacada de delirio de persecución y que todos los comerciantes no estaban coligados contra ella. Por otra parte, poco me importaban sus sentimientos. No sucedía lo mismo con los de Albertina. Y al volver a decirme esas palabras irónicas: “Más vale tarde que nunca”, Francisca me evocó enseguida los amigos en cuya compañía terminara Albertina la velada, complaciéndose en ello, por lo visto, más que con la mía. “-Es cómica; tiene un sombrerito chato, y con esos ojos grandes, le da un aspecto extraño; sobre todo con ese tapado, que haría mejor en mandar a la zurcidora, porque está completamente apolillado. Me divierte”, agregó, como burlándose de Albertina, Francisca, que compartía rara vez mis impresiones pero experimentaba la necesidad de hacer conocer las suyas. Ni siquiera quería aparentar que yo había comprendido y que esa risa significaba el desdén por la burla; pero, para devolver golpe por golpe, contesté a Francisca, aunque no conociese el sombrerito chato de que hablaba: “-Lo que usted llama sombrerito chato es algo sencillamente encantador...” “-Es decir, que es tres veces nada”, dijo Francisca, expresando, sin rodeos esta vez su verdadero desprecio. Entonces (con un tono suave y lento para que mi respuesta mentirosa pareciese la expresión no de mi enojo, sino de la verdad), sin perder tiempo, para no demorar a Albertina, dirigí estas crueles palabras a Francisca: “-Es usted excelente -le dije en tono meloso-, es usted amable, tiene mil cualidades, pero está en el mismo punto que el día de su llegada a París, tanto para conocer cosas del vestir como para pronunciar bien las palabras y no incurrir en vicios de pronunciación”. Y el reproche era particularmente estúpido, porque esas palabras francesas que nos enorgullecen tanto no son otra cosa que vicios de pronunciación producidos por bocas galas que pronunciaban equivocadamente el latín o el sajón, ya que nuestra lengua no es más que la pronunciación defectuosa de otras.
Le génie linguistique à l′état vivant, l′avenir et le passé du français, voilà ce qui eût dû m′intéresser dans les fautes de Françoise. L′«estoppeuse» pour la «stoppeuse» n′était-il pas aussi curieux que ces animaux survivants des époques lointaines, comme la baleine ou la girafe, et qui nous montrent les états que la vie animale a traversés? «Et, ajoutai-je, du moment que depuis tant d′années vous n′avez pas su apprendre, vous n′apprendrez jamais. Vous pouvez vous en consoler, cela ne vous empêche pas d′être une très brave personne, de faire à merveille le boeuf à la gelée, et encore mille autres choses. Le chapeau que vous croyez simple est copié sur un chapeau de la princesse de Guermantes, qui a coûté cinq cents francs. Du reste, je compte en offrir prochainement un encore plus beau à Mlle Albertine.» Je savais que ce qui pouvait le plus ennuyer Françoise c′est que je dépensasse de l′argent pour des gens qu′elle n′aimait pas. Elle me répondit par quelques mots que rendit peu intelligibles un brusque essoufflement. Quand j′appris plus tard qu′elle avait une maladie de coeur, quel remords j′eus de ne m′être jamais refusé le plaisir féroce et stérile de riposter ainsi à ses paroles! Françoise détestait, du reste, Albertine parce que, pauvre, Albertine ne pouvait accroître ce que Françoise considérait comme mes supériorités. Elle souriait avec bienveillance chaque fois que j′étais invité par Mme de Villeparisis. En revanche elle était indignée qu′Albertine ne pratiquât pas la réciprocité. J′en étais arrivé à être obligé d′inventer de prétendus cadeaux faits par celle-ci et à l′existence desquels Françoise n′ajouta jamais l′ombre de foi. Ce manque de réciprocité la choquait surtout en matière alimentaire. Qu′Albertine acceptât des dîners de maman, si nous n′étions pas invités chez Mme Bontemps (laquelle pourtant n′était pas à Paris la moitié du temps, son mari acceptant des «postes» comme autrefois quand il avait assez du ministère), cela lui paraissait, de la part de mon amie, une indélicatesse qu′elle flétrissait indirectement en récitant ce dicton courant à Combray: El genio lingüístico en estado vivo, el porvenir y el pasado del francés, he aquí lo que debía haberme interesado en los errores de Francisca. La “azurcidora” por la “zurcidora” ¿no era acaso tan curioso como esos animales sobrevivientes de las épocas lejanas, como la h, llena o la jirafa, que nos indican las etapas que atravesó la vida animal? “-Y - agregué—, desde el momento que no ha podido aprender en tantos años, ya no aprenderá más. Puede usted consolarse; eso no le impide ser una muy buena persona, cocinar perfectamente la galantina de buey y mil cosas más. El sombrero que usted cree sencillo ha sido copiado de un sombrero de la princesa de Guermantes, que costó quinientos francos. Por otra parte, le pienso regalar próximamente uno más lindo todavía a la señorita Albertina”. Yo sabía que lo que más podía molestar a Francisca era que gastase dinero en gente a quien ella no quería. Me contestó con algunas palabras que se hicieron poco audibles por el brusco jadeo. Cuando supe más tarde que tenía una enfermedad del corazón, tuve muchos remordimientos por no haberme privado nunca del placer feroz y estéril de contestar así a sus palabras. Francisca, por otra parte, detestaba a Albertina porque, como era pobre, no podía aumentar lo que Francisca consideraba mi superioridad. Sonreía con benevolencia cada, vez que me invitaba la señora de Villeparisis; en cambio, se indignaba porque Albertina no practicaba esa reciprocidad. Yo había llegado al extremo de tener que inventar supuestos regalos de ésta, a cuya existencia Francisca no prestó jamás la menor fe. Esa falta de reciprocidad le chocaba sobre todo en materia alimenticia. El hecho de que Albertina aceptase las comidas de mamá, si no estábamos invitados a casa de la señora de Bontemps (la que, sin embargo, no vivía en París la mitad del tiempo, ya que su marido aceptaba “puestos” como antes cuando le fastidiaba el ministerio), le parecía por parte de mi amiga una falta de delicadeza que fustigaba indirectamente recitando esta conseja corriente en Combray:
«Mangeons mon pain,
— Je le veux bien.
— Mangeons le tien.
— Je n′ai plus faim.»{
Comamos mi pan.
-Ya lo creao
Comamos tu pan.
-Ya no tengo hambre.
Je fis semblant d′être contraint d′écrire, «À qui écriviez-vous? me dit Albertine en entrant. —À une jolie amie à moi, à Gilberte Swann. Vous ne la connaissez pas? — Non.» Je renonçai à poser à Albertine des questions sur sa soirée, je sentais que je lui ferais des reproches et que nous n′aurions plus le temps, vu l′heure qu′il était, de nous réconcilier suffisamment pour passer aux baisers et aux caresses. Aussi ce fut par eux que je voulais dès la première minute commencer. D′ailleurs, si j′étais un peu calmé, je ne me sentais pas heureux. La perte de toute boussole, de toute direction, qui caractérise l′attente persiste encore après l′arrivée de l′être attendu, et, substituée en nous au calme à la faveur duquel nous nous peignions sa venue comme un tel plaisir, nous empêche d′en goûter aucun. Albertine était là: mes nerfs démontés, continuant leur agitation, l′attendaient encore. «Je veux prendre un bon baiser, Albertine. — Tant que vous voudrez», me dit-elle avec toute sa bonté. Je ne l′avais jamais vue aussi jolie. «Encore un? — Mais vous savez que ça me fait un grand, grand plaisir. — Et à moi encore mille fois plus, me répondit-elle. Oh! le joli portefeuille que vous avez là! — Prenez-le, je vous le donne en souvenir. — Vous êtes trop gentil . . . » On serait à jamais guéri du romanesque si l′on voulait, pour penser à celle qu′on aime, tâcher d′être celui qu′on sera quand on ne l′aimera plus. Le portefeuille, la bille d′agate de Gilberte, tout cela n′avait reçu jadis son importance que d′un état purement inférieur, puisque maintenant c′était pour moi un portefeuille, une bille quelconques. Hice como que me vela obligado a escribir. “-A quién escribía usted?”, inquirió Albertina al entrar. “-A una linda amiga mía, a Gilberta Swann. ¿No la conoce?” “-No”. Renuncié a plantearle preguntas a Albertina sobre su velada, pues advertí que le haría reproches y que ya no tendríamos tiempo, dada la hora, de reconciliarnos lo suficiente como para pasar a los besos y a las caricias. Por eso quise comenzar por ellos desde el primer minuto. Por otra parte; si estaba algo calmado, no me sentía feliz. La pérdida de toda brújula, de toda dirección, que caracteriza a la espera, persiste después de la llegada del ser a quien aguardamos, se sustituye en nosotros a la tranquilidad a cuyo favor nos imaginábamos con tanto placer su llegada y nos impide gustar alguno. Albertina estaba ahí: mis nervios destrozados continuaban su ,tensión y la seguían esperando. “qQuiero un buen beso, Albertina”. “Tantos como quiera”, me dijo ella con toda su bondad. Nunca la había visto tan linda. “-¿Uno más?” “-Pero bien sabe que me causa un placer muy, muy grande”. “-Y a mí, todavía mucho más”, me contestó. “-¡Oh, qué linda cartera tiene usted ahí!” “-Consérvela, se la regalo como recuerdo”. “-Usted es demasiado amable...”. Uno se curará para siempre de lo romántico si quisiera, pensando en la que ama, tratar de .ser el que será cuando ya no la ame. La cartera, la bolita de ágata de Gilberta, todo eso no recibía antes su importancia más que de un estado puramente inferior; ya que ahora era para mí una cartera o una bolita cualesquiera.
Je demandai à Albertine si elle voulait boire. «Il me semble que je vois là des oranges et de l′eau, me dit-elle. Ce sera parfait.» Je pus goûter ainsi, avec ses baisers, cette fraîcheur qui me paraissait supérieure à eux chez la princesse de Guermantes. Et l′orange pressée dans l′eau semblait me livrer, au fur et à mesure que je buvais, la vie secrète de son mûrissement, son action heureuse contre certains états de ce corps humain qui appartient à un règne si différent, son impuissance à le faire vivre, mais en revanche les jeux d′arrosage par où elle pouvait lui être favorable, cent mystères dévoilés par le fruit à ma sensation, nullement à mon intelligence. Le pregunté a Albertina si quería beber. - Me parece que ahí veo naranjas y agua -me dijo-. Será perfecto”. Pude gustar así, junto con sus besos, esa frescura que me parecía superior a ellos, en casa de la princesa de Guermantes. Y la naranja exprimida en el agua parecía entregarme, a medida que yo bebía la vida secreta de su maduración, su acción feliz contra ciertos estados de ese cuerpo humano que pertenece a un reino tan distinto, su impotencia para hacerlo vivir; pero, en cambio, los juegos de riego por donde podía serle favorable y cien misterios revelados por la fruta a mi sensación, de ninguna manera a mi inteligencia.
Albertine partie, je me rappelai que j′avais promis à Swann d′écrire à Gilberte et je trouvai plus gentil de le faire tout de suite. Ce fut sans émotion, et comme mettant la dernière ligne à un ennuyeux devoir de classe, que je traçai sur l′enveloppe le nom de Gilberte Swann dont je couvrais jadis mes cahiers pour me donner l′illusion de correspondre avec elle. C′est que, si, autrefois, ce nom-là, c′était moi qui l′écrivais, maintenant la tâche en avait été dévolue par l′habitude à l′un de ces nombreux secrétaires qu′elle s′adjoint. Celui-là pouvait écrire le nom de Gilberte avec d′autant plus de calme que, placé récemment chez moi par l′habitude, récemment entré à mon service, il n′avait pas connu Gilberte et savait seulement, sans mettre aucune réalité sous ces mots, parce qu′il m′avait entendu parler d′elle, que c′était une jeune fille de laquelle j′avais été amoureux. Cuando se fue Albertina recordé que le había prometido a Swann escribir a Gilberta, y me pareció más amable hacerlo enseguida. Sin emoción, y como si anotara el último renglón de un aburrido deber de clase, escribí en el sobre el nombre de Gilberta Swann con el que antes cubría mis cuadernos para imaginarme que nos escribíamos. Es que, si antaño yo escribía ese nombre, ahora la tarea había sido confiada por la costumbre a uno de los numerosos secretarios que ésta se adjudica. Éste podía escribir el nombre de Gilberta con tanta más calma cuanto que, colocado por la costumbre, recientemente entrado a mi servicio, no había conocido a Gilberta y sólo sabía, sin ubicar ninguna realidad bajo esas palabras, que era una joven de la que yo había estado enamorado, porque me oyera hablar de ella.
Je ne pouvais l′accuser de sécheresse. L′être que j′étais maintenant vis-à-vis d′elle était le «témoin» le mieux choisi pour comprendre ce qu′elle-même avait été. Le portefeuille, la bille d′agate, étaient simplement redevenus pour moi à l′égard d′Albertine ce qu′ils avaient été pour Gilberte, ce qu′ils eussent été pour tout être qui n′eût pas fait jouer sur eux le reflet d′une flamme intérieure. Mais maintenant un nouveau trouble était en moi qui altérait à son tour la puissance véritable des choses et des mots. Et comme Albertine me disait, pour me remercier encore: «J′aime tant les turquoises!» je lui répondis: «Ne laissez pas mourir celles-là», leur confiant ainsi comme à des pierres l′avenir de notre amitié qui pourtant n′était pas plus capable d′inspirer un sentiment à Albertine qu′il ne l′avait été de conserver celui qui m′unissait autrefois à Gilberte. No podía acusarlo de avidez. El ser que estaba ahora frente a ella era el testigo; el mejor elegido para comprender lo que había sido: la cartera, la bolita de ágata, simplemente se habían convertido para mí, con respecto a Albertina, en lo que habían sido para Gilberta y lo que serían para todo ser que no reflejara en ellos una llama interior. Pero ahora había en mí una nueva turbación que alteraba a su vez el poder verdadero de las cosas y de las palabras. Y como Albertina me dijese aún, para agradecerme: “-¡Me gustan tanto las turquesas!”, le contesté: “-No las deje morir”, confiándoles así como a piedras el porvenir de nuestra amistad que, sin embargo, no era más capaz de inspirar un sentimiento a Albertina de lo que había sido para conservar el que me unía antes a Gilberta.
Il se produisit à cette époque un phénomène qui ne mérite d′être mentionné que parce qu′il se retrouve à toutes les périodes importantes de l′histoire. Au moment même où j′écrivais à Gilberte, M. de Guermantes, à peine rentré de la redoute, encore coiffé de son casque, songeait que le lendemain il serait bien forcé d′être officiellement en deuil, et décida d′avancer de huit jours la cure d′eaux qu′il devait faire. Quand il en revint trois semaines après (et pour anticiper, puisque je viens seulement de finir ma lettre à Gilberte), les amis du duc qui l′avaient vu, si indifférent au début, devenir un antidreyfusard forcené, restèrent muets de surprise en l′entendant (comme si la cure n′avait pas agi seulement sur la vessie) leur répondre: «Hé bien, le procès sera révisé et il sera acquitté; on ne peut pas condamner un homme contre lequel il n′y a rien. Avez-vous jamais vu un gaga comme Froberville? Un officier préparant les Français à la boucherie, pour dire la guerre! Étrange époque!» Or, dans l′intervalle, le duc de Guermantes avait connu aux eaux trois charmantes dames (une princesse italienne et ses deux belles-soeurs). En les entendant dire quelques mots sur les livres qu′elles lisaient, sur une pièce qu′on jouait au Casino, le duc avait tout de suite compris qu′il avait affaire à des femmes d′une intellectualité supérieure et avec lesquelles, comme il le disait, il n′était pas de force. Il n′en avait été que plus heureux d′être invité à jouer au bridge par la princesse. Se produjo en esa época un fenómeno que no merece ser mencionado más que porque sé encuentra en todos los períodos importantes de la historia. En el mismo momento en que yo escribía a Gilberta, el señor de Guermantes, apenas de vuelta del baile, todavía cubierto por su casco, pensaba que al día siguiente se vería obligado a estar oficialmente de luto, y decidió adelantar en ocho días su cura de aguas. Cuando volvió tres semanas después (y para anticiparme, ya que acabo de terminar solamente mi carta a Gilberta), los amigos del duque que lo habían visto, tan indiferente al principio, convertirse en un antidreyfusista furibundo, enmudecieron de sorpresa al oírlo (como si la cura no hubiese obrado sólo sobre la vejiga): “-Y bueno, el proceso será revisado y lo absolverán, no se puede condenar a un hombre contra el que no hay nada concreto. ¿Ha visto jamás a un viejo más chocho que Forcheville? Un oficial que prepara a los franceses para la carnicería, es decir, para la guerra. Extraña época.” -Y en el intervalo, el duque de Guermantes había conocido en las termas a tres damas encantadoras (una princesa italiana y sus dos cuñadas). Al oírles algunas palabras sobre los libros que leían, sobre una pieza que representaban en el Casino, el duque había comprendido que tenía que habérselas con mujeres de una intelectualidad superior y frente a las cuales, según él, no era bastante fuerte. Eso lo hizo más feliz cuando la princesa lo invitó a jugar al bridge.
Mais à peine arrivé chez elle, comme il lui disait, dans la ferveur de son antidreyfusisme sans nuances: «Hé bien, on ne nous parle plus de la révision du fameux Dreyfus», sa stupéfaction avait été grande d′entendre la princesse et ses belles-soeurs dire: «On n′en a jamais été si près. On ne peut pas retenir au bagne quelqu′un qui n′a rien fait. — Ah? Ah?», avait d′abord balbutié le duc, comme à la découverte d′un sobriquet bizarre qui eût été en usage dans cette maison pour tourner en ridicule quelqu′un qu′il avait cru jusque-là intelligent. Mais au bout de quelques jours, comme, par lâcheté et esprit d′imitation, on crie: «Eh! là, Jojotte», sans savoir pourquoi, à un grand artiste qu′on entend appeler ainsi, dans cette maison, le duc, encore tout gêné par la coutume nouvelle, disait cependant: «En effet, s′il n′y a rien contre lui!» Les trois charmantes dames trouvaient qu′il n′allait pas assez vite et le rudoyaient un peu: «Mais, au fond, personne d′intelligent n′a pu croire qu′il y eût rien.» Chaque fois qu′un fait «écrasant» contre Dreyfus se produisait et que le duc, croyant que cela allait convertir les trois dames charmantes, venait le leur annoncer, elles riaient beaucoup et n′avaient pas de peine, avec une grande finesse de dialectique, à lui montrer que l′argument était sans valeur et tout à fait ridicule. Le duc était rentré à Paris dreyfusard enragé. Et certes nous ne prétendons pas que les trois dames charmantes ne fussent pas, dans ce cas-là, messagères de vérité. Mais il est à remarquer que tous les dix ans, quand on a laissé un homme rempli d′une conviction véritable, il arrive qu′un couple intelligent, ou une seule dame charmante, entrent dans sa société et qu′au bout de quelques mois on l′amène à des opinions contraires. Et sur ce point il y a beaucoup de pays qui se comportent comme l′homme sincère, beaucoup de pays qu′on a laissés remplis de haine pour un peuple et qui, six mois après, ont changé de sentiment et renversé leurs alliances. Pero apenas estuvo con ellas, al decirles, en el fervor de su antidreyfusismo sin matices: “-Y bueno, ya no nos hablan de la revisión del famoso Dreyfus”, grande había sido su estupor al oír que la princesa y sus hermosas cuñadas respondían: “Nunca se estuvo más cerca. No se puede mantener en presidio al que no ha hecho nada”. “-¿Ah? ¿Ah?”, había balbuceado primeramente el duque, como descubriendo un sobrenombre grotesco que se usara en esa casa para ridiculizar a alguien que hasta ese momento creyera inteligente. Pero al cabo de algunos días, como por cobardía y espíritu de imitación, uno grita: “- ¡Vamos, Jojotte”, sin saber por qué, a un gran artista al que así se oye llamar en esa casa, el duque, todavía muy molesto por la nueva costumbre, decía, sin embargo: “-En efecto, no hay nada en su contra”. Las tres encantadoras damas suponían que no progresaba bastante ligero y lo maltrataban un poco: “-Pero, en el fondo, ninguna persona inteligente pudo creer que hubiese algo”. Cada vez que un hecho “aplastante” se producía contra Dreyfus y el duque lo anunciaba creyendo que convertiría con eso a las tres damas encantadoras, ellas se reían mucho y no tenían ninguna dificultad, con gran finura de dialéctica, en demostrarle que el argumento no tenía valor y era completamente ridículo. El duque había regresado a París hecho un dreyfusista rabioso. Y es cierto que en este caso no pretendemos que las tres damas encantadoras no hayan sido mensajeras de verdad. Pero hay que notar que cada diez años, cuando se deja a un hombre lleno de una verdadera convicción, sucede que una pareja inteligente o una sola dama encantadora entran en su intimidad y al cabo de algunos meses lo llevan a una opinión contraria. Y en ese punto muchos países se conducen como ese hombre sincero, muchos países que uno ha dejado llenos de odio por un pueblo y seis meses después han mudado su sentimiento y roto sus alianzas.
Je ne vis plus de quelque temps Albertine, mais continuai, à défaut de Mme de Guermantes qui ne parlait plus à mon imagination, à voir d′autres fées et leurs demeures, aussi inséparables d′elles que du mollusque qui la fabriqua et s′en abrite la valve de nacre ou d′émail, ou la tourelle à créneaux de son coquillage. Je n′aurais pas su classer ces dames, la difficulté du problème étant aussi insignifiante et impossible non seulement à résoudre mais à poser. Avant la dame il fallait aborder le féerique hôtel. Or l′une recevait toujours après déjeuner, les mois d′été; même avant d′arriver chez elle, il avait fallu faire baisser la capote du fiacre, tant tapait dur le soleil, dont le souvenir, sans que je m′en rendisse compte, allait entrer dans l′impression totale. Je croyais seulement aller au Cours-la-Reine; en réalité, avant d′être arrivé dans la réunion dont un homme pratique se fût peut-être moqué, j′avais, comme dans un voyage à travers l′Italie, un éblouissement, des délices, dont l′hôtel ne serait plus séparé dans ma mémoire. De plus, à cause de la chaleur de la maison et de l′heure, la dame avait clos hermétiquement les volets dans les vastes salons rectangulaires du rez-de-chaussée où elle recevait. Je reconnaissais mal d′abord la maîtresse de maison et ses visiteurs, même la duchesse de Guermantes, qui de sa voix rauque me demandait de venir m′asseoir auprès d′elle, dans un fauteuil de Beauvais représentant l′Enlèvement d′Europe. Puis je distinguais sur les murs les vastes tapisseries du XVIIIe siècle représentant des vaisseaux aux mâts fleuris de roses trémières, au-dessous desquels je me trouvais comme dans le palais non de la Seine mais de Neptune, au bord du fleuve Océan, où la duchesse de Guermantes devenait comme une divinité des eaux. Je n′en finirais pas si j′énumérais tous les salons différents de celui-là. Cet exemple suffit à montrer que je faisais entrer dans mes jugements mondains des impressions poétiques que je ne faisais jamais entrer en ligne de compte au moment de faire le total, si bien que, quand je calculais les mérites d′un salon, mon addition n′était jamais juste. No vi por algún tiempo a Albertina, pero continué, a falta de la señora de Guermantes, que no se dirigía más a mi imaginación, viendo otras hadas y sus viviendas, tan inseparables de ellas como del molusco la valva de nácar o esmalte o la torrecilla con troneras de su caparazón. No hubiera podido clasificar a esas damas, ya que la dificultad del problema era tan insignificante e imposible no sólo de resolver, sino de plantear. Antes que la dama debía abordarse el edificio mágico. Una recibía siempre después de almorzar, durante los meses estivales, y antes de llegar a su casa había que bajar la capota del coche, a tal punto daba con fuerza el sol, cuyo recuerdo, sin advertirlo, iba a entrar en la impresión total. Creía ir solamente al Cours-laReine; en realidad, antes de llegar a la reunión de las que quizás se hubiese burlado un hombre práctico, sentía un deslumbramiento como en un viaje a través de Italia, y delicias de las que nunca separaría el edificio en mi memoria. Además, por el calor de la estación y de la hora, la dama había clausurado herméticamente las celosías de los vastos salones rectangulares de la planta baja donde recibía. Ante todo, yo reconocía con dificultad a la dueña de casa y sus visitantes, aun a la duquesa de Guermantes, que con su voz ronca me pedía que fuese a sentarme junto a ella en un sillón de Beauvais que representaba el rapto de Europa. Y distinguía sobre los muros las vastas tapicerías del siglo XVIII que representaban navíos con mástiles florecidos de malvas rosas, bajo los cuales me encontraba como en el palacio no del Sena, sino de Neptuno, al borde del océano en que la duquesa de Guermantes se convertía en algo así como una divinidad de las aguas. No terminaría nunca si enumerase todos los salones distintos a ése. Basta este ejemplo para mostrar que hacía entrar en mis juicios mundanos impresiones poéticas que nunca tenía en cuenta en el momento de sumar, tanto que, al calcular los méritos de un salón, mi suma no salía nunca exacta.
Certes ces causes d′erreur étaient loin d′être les seules, mais je n′ai plus le temps, avant mon départ pour Balbec (où, pour mon malheur, je vais faire un second séjour qui sera aussi le dernier), de commencer des peintures du monde qui trouveront leur place bien plus tard. Disons seulement qu′à cette première fausse raison (ma vie relativement frivole et qui faisait supposer l′amour du monde) de ma lettre à Gilberte et du retour aux Swann qu′elle semblait indiquer, Odette aurait pu en ajouter tout aussi inexactement une seconde. Je n′ai imaginé jusqu′ici les aspects différents que le monde prend pour une même personne qu′en supposant que la même dame qui ne connaissait personne va chez tout le monde, et que telle autre qui avait une position dominante est délaissée, on est tenté d′y voir uniquement de ces hauts et bas, purement personnels, qui de temps à autre amènent dans une même société, à la suite de spéculations de bourse, une ruine retentissante ou un enrichissement inespéré. Or ce n′est pas seulement cela. Dans une certaine mesure, les manifestations mondaines — fort inférieures aux mouvements artistiques, aux crises politiques, à l′évolution qui porte le goût public vers le théâtre d′idées, puis vers la peinture impressionniste, puis vers la musique allemande et complexe, puis vers la musique russe et simple, ou vers les idées sociales, les idées de justice, la réaction religieuse, le sursaut patriotique — en sont cependant le reflet lointain, brisé, incertain, trouble, changeant. Es verdad que esos motivos de errores no eran los únicos, ni mucho menos, pero no tengo tiempo de iniciar antes de mi partida para Balbec (donde, para desgracia mía, voy a hacer una segunda estada que será también la última) descripciones del mundo que encontrarán su ubicación mucho más tarde. Digamos sólo que a ese primer y falso motivo (mi vida relativamente frívola que podía hacer suponer el. amor por la Sociedad) de mi carta a Gilberta, y de mi retorno a los Swann que pareciera indicar, Odette hubiera podido agregar con tanta inexactitud un segundo. No he imaginado hasta aquí los aspectos diferentes que toma el mundo para una misma persona, sino suponiendo que la misma señora que no conocía á nadie frecuenta la sociedad y que tal otra que tenía una posición dominante es desechada; uno siente tentaciones de ver sólo esos altibajos puramente personales que de tiempo en tiempo acarrean en una misma sociedad, como consecuencia de especulaciones de bolsa, una ruina estrepitisa o un enriquecimiento inesperado. Y no es sólo eso. En cierta medida, las manifestaciones sociales (muy inferiores a los movimientos artísticos, a las crisis políticas, a la evolución que lleva el gusto público hacia la música alemana ycompleja, yluego hacia la música rusa y simple o hacia las ideas sociales, las ideas de justicia, la reacción patriótica, el sobresalto patriótico) son, sin embargo, su reflejo lejano, quebrado, inseguro, turbio, cambiante.
De sorte que même les salons ne peuvent être dépeints dans une immobilité statique qui a pu convenir jusqu′ici à l′étude des caractères, lesquels devront, eux aussi, être comme entraînés dans un mouvement quasi historique. Le goût de nouveauté qui porte les hommes du monde plus ou moins sincèrement avides de se renseigner sur l′évolution intellectuelle à fréquenter les milieux où ils peuvent suivre celle-ci, leur fait préférer d′habitude quelque maîtresse de maison jusque-là inédite, qui représente encore toutes fraîches les espérances de mentalité supérieure si fanées et défraîchies chez les femmes qui ont exercé depuis longtemps le pouvoir mondain, et lesquelles, comme ils en connaissent le fort et le faible, ne parlent plus à leur imagination. Et chaque époque se trouve ainsi personnifiée dans des femmes nouvelles, dans un nouveau groupe de femmes, qui, rattachées étroitement à ce qui pique à ce moment-là les curiosités les plus neuves, semblent, dans leur toilette, apparaître seulement, à ce moment-là, comme une espèce inconnue née du dernier déluge, beautés irrésistibles de chaque nouveau Consulat, de chaque nouveau Directoire. Mais très souvent la maîtresse de maison nouvelle est tout simplement comme certains hommes d′État dont c′est le premier ministère, mais qui, depuis quarante ans, frappaient à toutes les portes sans se les voir ouvrir, des femmes qui n′étaient pas connues de la société mais n′en recevaient pas moins, depuis fort longtemps, et faute de mieux, quelques «rares intimes». Certes, ce n′est pas toujours le cas, et quand, avec l′efflorescence prodigieuse des ballets russes, révélatrice coup sur coup de Bakst, de Nijinski, de Benoist, du génie de Stravinski, la princesse Yourbeletieff, jeune marraine de tous ces grands hommes nouveaux, apparut portant sur la tête une immense aigrette tremblante inconnue des Parisiennes et qu′elles cherchèrent toutes à imiter, on put croire que cette merveilleuse créature avait été apportée dans leurs innombrables bagages, et comme leur plus précieux trésor, par les danseurs russes; mais quand à côté d′elle, dans son avant-scène, nous verrons, à toutes les représentations des «Russes», siéger comme une véritable fée, ignorée jusqu′à ce jour de l′aristocratie, Mme Verdurin, nous pourrons répondre aux gens du monde qui crurent aisément Mme Verdurin fraîchement débarquée avec la troupe de Diaghilew, que cette dame avait déjà existé dans des temps différents, et passé par divers avatars dont celui-là ne différait qu′en ce qu′il était le premier qui amenait enfin, désormais assuré, et en marche d′un pas de plus en plus rapide, le succès si longtemps et si vainement attendu par la Patronne. Pour Mme Swann, il est vrai, la nouveauté qu′elle représentait n′avait pas le même caractère collectif. Son salon s′était cristallisé autour d′un homme, d′un mourant, qui avait presque tout d′un coup passé, aux moments où son talent s′épuisait, de l′obscurité à la grande gloire. L′engouement pour les oeuvres de Bergotte était immense. Il passait toute la journée, exhibé, chez Mme Swann, qui chuchotait à un homme influent: «Je lui parlerai, il vous fera un article.» Il était, du reste, en état de le faire, et même un petit acte pour Mme Swann. Plus près de la mort, il allait un peu moins mal qu′au temps où il venait prendre des nouvelles de ma grand′mère. C′est que de grandes douleurs physiques lui avaient imposé un régime. La maladie est le plus écouté des médecins: à la bonté, au savoir on ne fait que promettre; on obéit à la souffrance. De modo que ni siquiera los salones pueden ser descritos en una inmovilidad estática que ha podido convenir hasta ahora al estudio de los caracteres, los que también deberán ser arrastrados como por un movimiento casi-histórico. La afición por la novedad que lleva a los hombres de mundo más o menos sinceramente ávidos de informarse acerca de la evolución intelectual hasta frecuentar los ambientes donde pueden seguirlos, les hace preferir habitualmente a alguna dueña de casa hasta ahora inédita, que representa todavía frescas las esperanzas de mentalidad superior tan marchitas y ajadas en las mujeres que ejercieran largo tiempo el poderío mundano y las que no significan nada para su imaginación, ya que conocen su lado débil y su lado fuerte. Y cada época se halla así personificada por mujeres nuevas, en un nuevo grupo de mujeres que, vinculadas estrechamente a lo que en ese momento excita las curiosidades más nuevas, aparecen en sus vestidos sólo en ese momento, como una especie desconocida, nacida del último diluvio, bellezas irresistibles de cada nuevo Consulado, de cada nuevo Directorio. Pero muy a menudo la dueña de casa novel es sencillamente como algunos hombres de Estado cuyo ministerio es el primero, pero que desde hacía cuarenta años golpeaban a todas las puertas sin ver que se les abrían, mujeres que no eran conocidas de la sociedad, aunque no por ello dejaban de recibir desde hacía mucho tiempo y a falta de cosa mejor, a algunos “escasos íntimos”. Verdad que no siempre este es el caso, ycuando la afloración prodigiosa de los ballets rusos, que reveló uno tras otro a Bakt, Nijinski, Benoist y el genio de Stravinsky, la princesa Yourbeletieff, joven madrina de todos esos nuevos grandes hombres, apareció llevando en la cabeza una inmensa aigrette temblorosa desconocida de las parisienses y que todas trataron de imitar, pudo creerse que ésa maravillosa criatura había llegado en sus innumerables equipajes y como el más preciado tesoro de los bailarines rusos; pero cuando a su lado, en un avant-scéne, veamos en todas las representaciones de los “rusos”, sentada como un hada verdadera, ignorada hasta entonces por la aristocracia, a la señora Verdurin, podremos contestar a las gentes de mundo que creyeron con facilidad que la señora de Verdurin acababa de desembarcar con la troupe de Diaghilew, que esa dama ya había existido en otros tiempos y pasado por diversas transformaciones de las que ésta no se distinguía sino porque era la primera que reportaba por fin, asegurado para lo sucesivo yen marcha cada vez más rápida, el éxito tanto ytan vanamente esperado por la Patrona. Para la señora de Swann, es verdad, la novedad que representaba no tenía el mismo carácter colectivo. Su salón se había cristalizado alrededor de un hombre, de un moribundo que pasó casi instantáneamente - en momentos en que se agotaba su talento-, de la oscuridad a la gran gloria. El embelesamiento por las obras de Bergotte era inmenso. Pasaba todo el día exhibiéndose en casa de la señora de Swann, que le cuchicheaba a un hombre influyente: “-Le hablaré para que le escriba un articulo”. Estaba, por otra parte, en condiciones de hacerlo, y aun un acto corto para la señora de Swann. Más próximo a la muerte, andaba un poco menos mal que cuando venía a pedir noticias de mi abuela. Y es que sus grandes dolores físicos le habían impuesto un régimen. La enfermedad es el médico más obedecido: uno sólo hace promesas a la bondad y el saber; pero obedece al sufrimiento.
Certes, le petit clan des Verdurin avait actuellement un intérêt autrement vivant que le salon légèrement nationaliste, plus encore littéraire, et avant tout bergottique, de Mme Swann. Le petit clan était en effet le centre actif d′une longue crise politique arrivée à son maximum d′intensité: le dreyfusisme. Mais les gens du monde étaient pour la plupart tellement antirévisionnistes, qu′un salon dreyfusien semblait quelque chose d′aussi impossible qu′à une autre époque un salon communard. La princesse de Caprarola, qui avait fait la connaissance de Mme Verdurin à propos d′une grande exposition qu′elle avait organisée, avait bien été rendre à celle-ci une longue visite, dans l′espoir de débaucher quelques éléments intéressants du petit clan et de les agréger à son propre salon, visite au cours de laquelle la princesse (jouant au petit pied la duchesse de Guermantes) avait pris la contre-partie des opinions reçues, déclaré les gens de son monde idiots, ce que Mme Verdurin avait trouvé d′un grand courage. Mais ce courage ne devait pas aller plus tard jusqu′à oser, sous le feu des regards de dames nationalistes, saluer Mme Verdurin aux courses de Balbec. Pour Mme Swann, les antidreyfusards lui savaient, au contraire, gré d′être «bien pensante», ce à quoi, mariée à un juif, elle avait un mérite double. Néanmoins les personnes qui n′étaient jamais allées chez elle s′imaginaient qu′elle recevait seulement quelques Israélites obscurs et des élèves de Bergotte. On classe ainsi des femmes, autrement qualifiées que Mme Swann, au dernier rang de l′échelle sociale, soit à cause de leurs origines, soit parce qu′elles n′aiment pas les dîners en ville et les soirées où on ne les voit jamais, ce qu′on suppose faussement dû à ce qu′elles n′auraient pas été invitées, soit parce qu′elles ne parlent jamais de leurs amitiés mondaines mais seulement de littérature et d′art, soit parce que les gens se cachent d′aller chez elles, ou que, pour ne pas faire d′impolitesse aux autres, elles se cachent de les recevoir, enfin pour mille raisons qui achèvent de faire de telle ou telle d′entre elles aux yeux de certains, la femme qu′on ne reçoit pas. Il en était ainsi pour Odette. Mme d′Épinoy, à l′occasion d′un versement qu′elle désirait pour la «Patrie française», ayant eu à aller la voir, comme elle serait entrée chez sa mercière, convaincue d′ailleurs qu′elle ne trouverait que des visages, non pas même méprisés mais inconnus, resta clouée sur la place quand la porte s′ouvrit, non sur le salon qu′elle supposait, mais sur une salle magique où, comme grâce à un changement à vue dans une féerie, elle reconnut dans des figurantes éblouissantes, à demi étendues sur des divans, assises sur des fauteuils, appelant la maîtresse de maison par son petit nom, les altesses, les duchesses qu′elle-même, la princesse d′Épinoy, avait grand′peine à attirer chez elle, et auxquelles en ce moment, sous les yeux bienveillants d′Odette, le marquis du Lau, le comte Louis de Turenne, le prince Borghèse, le duc d′Estrées, portant l′orangeade et les petits fours, servaient de panetiers et d′échansons. La princesse d′Épinoy, comme elle mettait, sans s′en rendre compte, la qualité mondaine à l′intérieur des êtres, fut obligée de désincarner Mme Swann et de la réincarner en une femme élégante. L′ignorance de la vie réelle que mènent les femmes qui ne l′exposent pas dans les journaux tend ainsi sur certaines situations (et contribue par là à diversifier les salons) un voile de mystère. Pour Odette, au commencement, quelques hommes de la plus haute société, curieux de connaître Bergotte, avaient été dîner chez elle dans l′intimité. Elle avait eu le tact, récemment acquis, de n′en pas faire étalage, ils trouvaient là, souvenir peut-être du petit noyau dont Odette avait gardé, depuis le schisme, les traditions, le couvert mis, etc. Es verdad que el pequeño clan, de los Verdurin tenía en la actualidad un interés más palpitante que el salón ligeramente nacionalista, más literario yantes que nada bergótico de la señora de Swann. El pequeño clan era, en efecto, el activo centro de una larga crisis política que había llegado a un máximo de intensidad: el dreyfusismo. Pero la gente de sociedad el a, en su mayor parte, tan antirrevisionista, que un salón dreyfusista parecía algo tan imposible como en otro tiempo un salón de la Comuna. La princesa de Caprarola, que conociera a la señora de Verdurin con motivo de una gran exposición organizada por ella, había ido a hacerle una larga visita con la esperanza de corromper a algunos elementos interesantes del pequeño clan y agregarlos a su propio salón, visita en cuyo transcurso la princesa (representando en pequeño a la duquesa de Guermantes) había tomado la contraparte de las opiniones recibidas y declarado que la gente de su mundo era idiota, lo que la señora de Verdurin estimó como un signo de gran valor. Pero ese valor no llegaría más tarde hasta atreverse a saludar a la señora de Verdurin en las carreras de Balbec bajo el fuego cerrado de las miradas de las damas nacionalistas. En cuanto a la señora de Swann, los antidreyfusistas le agradecían, por el contrario, que fuera “bien pensada”, lo que si se considera que estaba casada con un judío, era un mérito doble. Sin embargo, las personas que nunca habían ido a su casa suponían que sólo recibía a algunos oscuros israelitas y discípulos de Bergotte. -Así clasifican a mujeres más altas que la señora de Swann en el último peldaño de la escala social, ya por causa de sus orígenes, ya porque no les gustan las comidas y las veladas donde nunca se las ve, lo que se supone equivocadamente se debe a que no las han invitado; ya porque nunca hablan de sus amistades sociales ysí solamente de literatura yde arte; ya porque la gente se oculta para ir a sus casas o, para no ser descorteses con las otras, se esconden para recibirlas; en fin, por mil motivos que acaban por hacer de tal o cual de ellas la mujer que uno no recibe a los ojos de algunos. Así sucedía con Odette. Cuando la señora de Epinoy, con motivo de una suscripción que deseaba para la “Patria Francesa”, tuvo que ir a verla, como si hubiese entrado en casa de su mercera, convencida de que encontrarla rostros no sólo despreciados, sino desconocidos, se quedó clavada en su lugar al abrirse la puerta, no del salón que suponía, sino de una sala maravillosa, donde, tal un cambio a la vista en un acto de magia, reconoció como figurantes deslumbradoras, semiextendidas en divanes, repantigadas en sillones, llamando a la dueña de casa por su nombre de pila, a las altezas, las duquesas, que a ella misma, la princesa de Epinoy, le costaba tanto atraer a su casa, y para las cuales, en ese momento ybajo los ojos benevolentes de Odette, el marqués de Lau, el conde Luis de Turenne, el príncipe Borghese, el duque de Estrées, llevando la naranjada y las masas, hacían de paneteros y coperos. Como la princesa de Epinoy atribuía, sin advertirlo, la cualidad mundana en el interior de los seres, se vio obligada a desencarnar a la señora de Swann y a reencarnarla en una mujer elegante. La ignorancia de la verdadera vida que llevan las mujeres que no la exhiben en los diarios, extiende así sobre ciertas situaciones (contribuyendo con ello a diversificar los salones) un velo de misterio. Por Odette, al comienzo, algunos hombres de la más alta sociedad que deseaban conocer a Bergotte, habían ido a comer a su casa en intimidad. Había tenido ella el tacto recientemente adquirido, de no exhibirlo; ahí lo encontraban, quizás como recuerdo del pequeño núcleo cuyas tradiciones, cubierto, etc., conservara Odette desde el cisma.
Odette les emmenait avec Bergotte, que cela achevait d′ailleurs de tuer, aux «première» intéressantes. Ils parlèrent d′elle à quelques femmes de leur monde capables de s′intéresser à tant de nouveauté. Elles étaient persuadées qu′Odette, intime de Bergotte, avait plus ou moins collaboré à ses oeuvres, et la croyaient mille fois plus intelligente que les femmes les plus remarquables du faubourg, pour la même raison qu′elles mettaient tout leur espoir politique en certains républicains bon teint comme M. Doumer et M. Deschanel, tandis qu′elles voyaient la France aux abîmes si elle était confiée au personnel monarchiste qu′elles recevaient à dîner, aux Charette, aux Doudeauville, etc. Ce changement de la situation d′Odette s′accomplissait de sa part avec une discrétion qui la rendait plus sûre et plus rapide, mais ne la laissait nullement soupçonner du public enclin à s′en remettre aux chroniques du Gaulois, des progrès ou de la décadence d′un salon, de sorte qu′un jour, à une répétition générale d′une pièce de Bergotte donnée dans une salle des plus élégantes au bénéfice d′une oeuvre de charité, ce fut un vrai coup de théâtre quand on vit dans la loge de face, qui était celle de l′auteur, venir s′asseoir à côté de Mme Swann, Mme de Marsantes et celle qui, par l′effacement progressif de la duchesse de Guermantes (rassasiée d′honneur, et s′annihilant par moindre effort), était en train de devenir la lionne, la reine du temps, la comtesse Molé. «Quand nous ne nous doutions pas même qu′elle avait commencé à monter, se dit-on d′Odette, au moment où on vit entrer la comtesse Molé dans la loge, elle a franchi le dernier échelon.» Odette los llevaba con Bergotte, a quien eso acababa de matar, a los estrenos interesantes. Hablaron de ella a algunas mujeres de su mundo capaces de interesarse en tanta novedad. Estaban convencidas de que Odette, intima de Bergotte, había colaborado en una u otra forma en sus obras y la creían mil veces más inteligente que las más notables mujeres del barrio, por el mismo motivo me colocaban toda su esperanza política en ciertos republicanos de buen matiz, como el señor Doumer y el señor Descha el, mientras veían a Francia al borde del abismo si se la continuaba al personal monárquico que recibían ellas a cenar: a los Charette a los Doudeauville, etc. Ese cambio de la situación de Odette se cumplía, por su parte, con una discreción que la hacía más segura y más rápida, pero no la dejaba sospechar en lo mínimo por el público. inclinado a confiar en las crónicas del Gaulois respecto a los progresos o la decadencia de un salón, de manera que un día, en el ensayo general de una pieza de Bergotte, representada en una sala de las más elegantes a beneficio de una obra de caridad, se produjo un verdadero revuelo cuando se vio en el palco de enfrente -fue era el del autor- a la señora de Marsantes que se sentaba al lado de la señora de Swann junto con aquella a quien la progresiva desaparición de la duquesa de Guermantes (saciada de honores y aniquilándose al menor esfuerzo), estaba convirtiendo en la leona, la reina del momento, la condesa de Molé. “Cuando ni siquiera sospechábamos que había empezado a subir -se dijo de Odette en el momento en que se vio entrar en su palco a la condesa de Molé-, ha franqueado el último escalón”.
De sorte que Mme Swann pouvait croire que c′était par snobisme que je me rapprochais de sa fille. De tal modo que la señora de Swann podía creer que era por snobismo que me acercaba a su hija.
Odette, malgré ses brillantes amies, n′écouta pas moins la pièce avec une extrême attention, comme si elle eût été là seulement pour l′entendre, de même que jadis elle traversait le Bois par hygiène et pour faire de l′exercice. Des hommes qui étaient jadis moins empressés autour d′elle vinrent au balcon, dérangeant tout le monde, se suspendre à sa main pour approcher le cercle imposant dont elle était environnée. Elle, avec un sourire plutôt encore d′amabilité que d′ironie, répondait patiemment à leurs questions, affectant plus de calme qu′on n′aurait cru, et qui était peut-être sincère, cette exhibition n′étant que l′exhibition tardive d′une intimité habituelle et discrètement cachée. Derrière ces trois dames attirant tous les yeux était Bergotte entouré par le prince d′Agrigente, le comte Louis Turenne, et le marquis de Bréauté. Et il est aisé de comprendre que, pour des hommes qui étaient reçus partout et qui ne pouvaient plus attendre une surélévation que de recherches d′originalité, cette démonstration de leur valeur, qu′ils croyaient faire en se laissant attirer par une maîtresse de maison réputée de haute intellectualité et auprès de qui ils s′attendaient à rencontrer tous les auteurs dramatiques et tous les romanciers en vogue, était plus excitante et vivante que ces soirées chez la princesse de Guermantes, lesquelles, sans aucun programme et attrait nouveau, se succédaient depuis tant d′années, plus ou moins pareilles à celle que nous avons si longuement décrite. Dans ce grand monde-là, celui des Guermantes, d′où la curiosité se détournait un peu, les modes intellectuelles nouvelles ne s′incarnaient pas en divertissements à leur image, comme en ces bluettes de Bergotte écrites pour Mme Swann, comme en ces véritables séances de salut public (si le monde avait pu s′intéresser à l′affaire Dreyfus) où chez Mme Verdurin se réunissaient Picquart, Clemenceau, Zola, Reinach et Labori. Odette, a pesar de sus brillantes amigas, no dejó de escuchar la pieza con gran atención, como si estuviese ahí únicamente para eso, lo mismo que atravesaba antes el bosque por higiene y para hacer ejercicio. Hombres que antes se preocupaban menos de ella, vinieron al balcón, molestando a todos, colgándose de su mano para acercarse al imponente círculo que la rodeaba. Ella, con una sonrisa más bien amable que irónica, respondía pacientemente a sus preguntas, afectando más calma de lo que se hubiese creído, y quizás era sincera, ya que eso no era más que la tardía exhibición de una intimidad habitual y discretamente escondida. Detrás de esas tres damas que atraían todas las miradas, estaba Bergotte rodeado por el príncipe de Agrigento, el conde Luis de Turenne y el marqués de Bréauté. Y es fácil comprender que para hombres que eran recibidos en todas partes y que ya no podían esperar ni una sobreestimación ni ansias de originalidad, la demostración que creían hacer de su valor al dejarse atraer por una dueña de casa reputada como de alta intelectualidad y junto a la cual esperaban encontrar todos los autores dramáticos y los novelistas de moda, era más excitante y más viva que esas veladas en casa de la princesa de Guermantes, que sin ningún programa ni nuevo atractivo se venían sucediendo desde tantos años más o menos iguales a la que hemos descrito tan largamente. En ese gran mundo, el de los Guermantes, de donde se apartaba un poco la curiosidad, las modas intelectuales nuevas no se encarnaban en diversiones a su imagen, como en esas obritas ligeras de Bergotte escritas para la señora de Swann, como esas verdaderas sesiones de salvación pública (si el mundo había podido interesarse en el asunto Dreyfus), en casa de la señora de Verdurin, se reunían Picquart, Clemenceau, Zola, Reinach y Labori.
Gilberte servait aussi à la situation de sa mère, car un oncle de Swann venait de laisser près de quatre-vingts millions à la jeune fille, ce qui faisait que le faubourg Saint–Germain commençait à penser à elle. Le revers de la médaille était que Swann, d′ailleurs mourant, avait des opinions dreyfusistes, mais cela même ne nuisait pas à sa femme et même lui rendait service. Cela ne lui nuisait pas parce qu′on disait: «Il est gâteux, idiot, on ne s′occupe pas de lui, il n′y a que sa femme qui compte et elle est charmante.» Mais même le dreyfusisme de Swann était utile à Odette. Livrée à elle-même, elle se fût peut-être laissé aller à faire aux femmes chics des avances qui l′eussent perdue. Tandis que les soirs où elle traînait son mari dîner dans le faubourg Saint–Germain, Swann, restant farouchement dans son coin, ne se gênait pas, s′il voyait Odette se faire présenter à quelque dame nationaliste, de dire à haute voix: «Mais voyons, Odette, vous êtes folle. Je vous prie de rester tranquille. Ce serait une platitude de votre part de vous faire présenter à des antisémites. Je vous le défends.» Les gens du monde après qui chacun court ne sont habitués ni à tant de fierté ni à tant de mauvaise éducation. Pour la première fois ils voyaient quelqu′un qui se croyait «plus» qu′eux. On se racontait ces grognements de Swann, et les cartes cornées pleuvaient chez Odette. Quand celle-ci était en visite chez Mme d′Arpajon, c′était un vif et sympathique mouvement de curiosité. «Ça ne vous a pas ennuyée que je vous l′aie présentée, disait Mme d′Arpajon. Elle est très gentille. C′est Marie de Marsantes qui me l′a fait connaître. — Mais non, au contraire, il paraît qu′elle est tout ce qu′il y a de plus intelligente, elle est charmante. Je désirais au contraire la rencontrer; dites-moi donc où elle demeure.» Mme d′Arpajon disait à Mme Swann qu′elle s′était beaucoup amusée chez elle l′avant-veille et avait lâché avec joie pour elle Mme de Saint–Euverte. Et c′était vrai, car préférer Mme Swann, c′était montrer qu′on était intelligent, comme d′aller au concert au lieu d′aller à un thé. Mais quand Mme de Saint–Euverte venait chez Mme d′Arpajon en même temps qu′Odette, comme Mme de Saint–Euverte était très snob et que Mme d′Arpajon, tout en la traitant d′assez haut, tenait à ses réceptions, Mme d′Arpajon ne présentait pas Odette pour que Mme de Saint–Euverte ne sût pas qui c′était. La marquise s′imaginait que ce devait être quelque princesse qui sortait très peu pour qu′elle ne l′eût jamais vue, prolongeait sa visite, répondait indirectement à ce que disait Odette, mais Mme d′Arpajon restait de fer. Et quand Mme de Saint–Euverte, vaincue, s′en allait: «Je ne vous ai pas présentée, disait la maîtresse de maison à Odette, parce qu′on n′aime pas beaucoup aller chez elle et elle invite énormément; vous n′auriez pas pu vous en dépêtrer. — Oh! cela ne fait rien», disait Odette avec un regret. Mais elle gardait l′idée qu′on n′aimait pas aller chez Mme de Saint–Euverte, ce qui, dans une certaine mesure, était vrai, et elle en concluait qu′elle avait une situation très supérieure à Mme de Saint–Euverte bien que celle-ci en eût une très grande, et Odette encore aucune. Gilberto servía también para la posición de su madre, porque un tío de Swann acababa de dejar a la joven cerca de ochenta millones, motivo por el cual el barrio de Saint- Germain empezaba a pensar en ella. El reverso de la medalla era que Swann, por otra parte moribundo tenía opiniones dreyfusistas; pero ni siquiera eso perjudicaba a su mujer y hasta le prestaba servicio. No la perjudicaba porque se decía: “Está chocho e idiota; nadie se ocupa ya de él; la que cuenta es su mujer, y ella es encantadora”. Pero hasta el dreyfusismo de Swann era útil a Odette. Librada a sí misma, quizás se dejara llevar a hacerles concesiones a las mujeres elegantes que la hubiesen perdido. Mientras que las noches en que arrastraba a su marido a cenar al barrio de Saint-Germain, Swann, que se quedaba hoscamente en su rincón, no tenía ningún reparo, si vela que Odette se hacía presentar a alguna señora nacionalista, en decir en voz alta:”Pero veamos, Odette, usted está loca. Le ruego que se quede quieta. Sería una vulgaridad por su parte hacerse presentar antisemitas. Se lo prohíbo”. La gente de la sociedad que todos halagan no está acostumbrada a tanto orgullo ni a tanta mala educación. Por primera vez vetan a alguien que se creía “más” que ellos. Se contaban esos gruñidos de Swann y las tarjetas dobladas llovían en casa de Odette. Cuando estaba de visita en casa de la señora de Arpajon, provocaba un vivo y simpático movimiento de curiosidad. “-¿No le molestó que se la haya presentado? -decía la señora de Arpajon-. Es muy amable. Me la hizo conocer María de Marsantes”. “-Pero no, en absoluto; parece de lo más inteligente, es encantadora. Al contrario; deseaba conocerla; dígame dónde vive”. La señora de Arpajon decía a la señora de Swann que se había divertido mucho en su casa la antevíspera y había dejado con gusto por ella a la señora de Saint-Euverte. Y era cierto, porque preferir a la señora de Swann era demostrar que uno era inteligente, como asistir a un concierto en lugar de ir a un té. Pero cuando la señora de Saint-Euverte iba a casa de la señora de Arpajon al mismo tiempo que Odette, como la señora de Saint-Euverte era muy snob, y la señora de Arpajon, a pesar de tratarla con mucha altura, tenía interés en sus recepciones, la señora de Arpajon no presentaba a Odette para que la señora de Saint-Euverte no supiese quién era. La marquesa se imaginaba que debía ser alguna princesa que solfa muy poco, ya que no la había visto nunca; prolongaba su visita y contestaba indirectamente a lo que decía Odette, pero la señora de Arpajon seguía imperturbable. Y cuando, vencida, la señora de Saint-Euverte se retiraba: “-No se la presenté -decía la dueña de casa a Odette- porque a uno no le gusta mucho ir a su casa e invita a troche y moche; usted no hubiera podido desenredarse”. “- ¡Oh!, no es nada”, decía Odette con un dejo de lástima. Pero seguía pensando que a la gente no le gustaba ir a casa de .la señora de Saint-Euverte, lo que era cierto en alguna medida, y de allí llegaba a la conclusión de que su situación era muy superior a la de la señora de Saint-Euverte, aunque la de ésta fuese muy importante y Odette no tuviese aún ninguna.
Elle ne s′en rendait pas compte, et bien que toutes les amies de Mme de Guermantes fussent liées avec Mme d′Arpajon, quand celle-ci invitait Mme Swann, Odette disait d′un air scrupuleux: «Je vais chez Mme d′Arpajon, mais vous allez me trouver bien vieux jeu; cela me choque, à cause de Mme de Guermantes (qu′elle ne connaissait pas du reste). Les hommes distingués pensaient que le fait que Mme Swann connût peu de gens du grand monde tenait à ce qu′elle devait être une femme supérieure, probablement une grande musicienne, et que ce serait une espèce de titre extramondain, comme pour un duc d′être docteur ès sciences, que d′aller chez elle. Les femmes complètement nulles étaient attirées vers Odette par une raison contraire; apprenant qu′elle allait au concert Colonne et se déclarait wagnérienne, elles en concluaient que ce devait être une «farceuse», et elles étaient fort allumées par l′idée de la connaître. Mais peu assurées dans leur propre situation, elles craignaient de se compromettre en public en ayant l′air liées avec Odette, et, si dans un concert de charité elles apercevaient Mme Swann, elles détournaient la tête, jugeant impossible de saluer, sous les yeux de Mme de Rochechouart, une femme qui était bien capable d′être allée à Bayreuth — ce qui voulait dire faire les cent dix-neuf coups. Chaque personne en visite chez une autre devenait différente. Sans parler des métamorphoses merveilleuses qui s′accomplissaient ainsi chez les fées, dans le salon de Mme Swann, M. de Bréauté, soudain mis en valeur par l′absence des gens qui l′entouraient d′habitude, par l′air de satisfaction qu′il avait de se trouver là aussi bien que si, au lieu d′aller à une fête, il avait chaussé des besicles pour s′enfermer à lire la Revue des Deux–Mondes, par le rite mystérieux qu′il avait l′air d′accomplir en venant voir Odette, M. de Bréauté lui-même semblait un homme nouveau. J′aurais beaucoup donné pour voir quelles altérations la duchesse de Montmorency–Luxembourg aurait subies dans ce milieu nouveau. Ella no se daba cuenta, y aunque todas las amigas de la señora de Guermantes estuviesen ligadas con la señora de Arpajon, cuando ésta invitaba a la señora de Swann, Odette decía escrupulosamente: “-Voy a casa de la señora de Arpajon, pero le voy a parecer muy anticuada; me choca a causa de la señora de Guermantes” (que, por otra parte, no conocía). Los hombres distinguidos pensaban que si la señora de Swann conocía a poca gente del gran mundo, era probablemente porque debía ser una mujer superior, posiblemente una gran música, y que ir a su casa sería algo así como un título extramundano, como un duque que fuera doctor en ciencias. Las mujeres completamente nulas se sentían atraídas hacia Odette por una razón contraria; sabiendo que iba al concierto Colonne y se declaraba wagneriana, llegaban a la conclusión de que debía ser una “comedianta”, y las iluminaba muy poco la idea de conocerla. Pero, poco firmes en su propia situación, temían comprometerse en público aparentando vinculación con Odette, y si en un concierto de caridad advertían a la señora de Swann, desviaban la cabeza, porque parecía imposible saludar a la vista de la señora de Rochechouart a una mujer que era muy capaz de haber ido a Bayreuth, lo que equivale a cometer tantos disparates. Cada persona de visita en casa de otra se hacía diferente. Sin hablar de las maravillosas metamorfosis que se cumplían así en casa de las hadas, en el salón de la señora de Swann, el señor de Bréauté, de pronto revalorizado por la ausencia de la gente que solía rodearlo con el aspecto de satisfacción que tenía al encontrarse ahí tan bien, como si en lugar de ir a una fiesta se hubiese puesto los anteojos para encerrarse a leer la Revista de Ambos Mundos, rito misterioso que parecía cumplir al visitarla a Odette, el señor de Bréauté mismo parecía un hombre nuevo. Hubiera dado cualquier cosa para ver qué alteraciones sufriría la duquesa de Montmorency-Luxemburgo en ese nuevo medio.
Mais elle était une des personnes à qui jamais on ne pourrait présenter Odette. Mme de Montmorency, beaucoup plus bienveillante pour Oriane que celle-ci n′était pour elle, m′étonnait beaucoup en me disant à propos de Mme de Guermantes: «Elle connaît des gens d′esprit, tout le monde l′aime, je crois que, si elle avait eu un peu plus d′esprit de suite, elle serait arrivée à se faire un salon. La vérité est qu′elle n′y tenait pas, elle a bien raison, elle est heureuse comme cela, recherchée de tous.» Si Mme de Guermantes n′avait pas un «salon», alors qu′est-ce que c′était qu′un «salon»? La stupéfaction où me jetèrent ces paroles n′était pas plus grande que celle que je causai à Mme de Guermantes en lui disant que j′aimais bien aller chez Mme de Montmorency. Oriane la trouvait une vieille crétine. «Encore moi, disait-elle, j′y suis forcée, c′est ma tante; mais vous! Elle ne sait même pas attirer les gens agréables.» Mme de Guermantes ne se rendait pas compte que les gens agréables me laissaient froid, que quand elle me disait «salon Arpajon» je voyais un papillon jaune, et «salon Swann» (Mme Swann était chez elle l′hiver de 6 à 7) un papillon noir aux ailes feutrées de neige. Encore ce dernier salon, qui n′en était pas un, elle le jugeait, bien qu′inaccessible pour elle, excusable pour moi, à cause des «gens d′esprit». Mais Mme de Luxembourg! Si j′eusse déjà «produit» quelque chose qui eût été remarqué, elle eût conclu qu′une part de snobisme peut s′allier au talent. Et je mis le comble à sa déception; je lui avouai que je n′allais pas chez Mme de Montmorency (comme elle croyait) pour «prendre des notes» et «faire une étude». Mme de Guermantes ne se trompait, du reste, pas plus que les romanciers mondains qui analysent cruellement du dehors les actes d′un snob ou prétendu tel, mais ne se placent jamais à l′intérieur de celui-ci, à l′époque où fleurit dans l′imagination tout un printemps social. Moi-même, quand je voulus savoir quel si grand plaisir j′éprouvais à aller chez Mme de Montmorency, je fus un peu désappointé. Elle habitait, dans le faubourg Saint–Germain, une vieille demeure remplie de pavillons que séparaient de petits jardins. Sous la voûte, une statuette, qu′on disait de Falconet, représentait une Source d′où, du reste, une humidité perpétuelle suintait. Un peu plus loin la concierge, toujours les yeux rouges, soit chagrin, soit neurasthénie, soit migraine, soit rhume, ne vous répondait jamais, vous faisait un geste vague indiquant que la duchesse était là et laissait tomber de ses paupières quelques gouttes au-dessus d′un bol rempli de «ne m′oubliez pas». Le plaisir que j′avais à voir la statuette, parce qu′elle me faisait penser à un petit jardinier en plâtre qu′il y avait dans un jardin de Combray, n′était rien auprès de celui que me causait le grand escalier humide et sonore, plein d′échos, comme celui de certains établissements de bains d′autrefois, aux vases remplis de cinéraires — bleu sur bleu — dans l′antichambre, et surtout le tintement de la sonnette, qui était exactement celui de la chambre d′Eulalie. Ce tintement mettait le comble à mon enthousiasme, mais me semblait trop humble pour que je le pusse expliquer à Mme de Montmorency, de sorte que cette dame me voyait toujours dans un ravissement dont elle ne devina jamais la cause. Pero era una de las personas a las que nunca podría presentarse a Odette. La señora de Montmorency, mucho más benevolente para Oriana que ésta para ella, me asombraba mucho al decirme con respecto ala señora de Guermantes: “Conoce a gente espiritual, todos la quieren; creo que si hubiese sido un poco más consecuente, habría llegado a constituir un salón. La verdad es que no tenía mucho interés, ya que así es feliz, buscada por todos, y tiene razón”. Si la señora de Guermantes no tenía un salón, entonces ¿qué era un salón? El estupor que me produjeron esas palabras no era mayor que el que le causé a la señora de Guermantes al decirle que me gustaba mucho ir a casa de la señora de Montmorency. Para Oriana era una vieja cretina. “-Todavía yo -decía- estoy obligada, porque es mi tía; pero usted... Ni siquiera sabe atraer a la gente agradable”. La señora de Guermantes no se daba cuenta de que la gente agradable me dejaba frío; que cuando evocaba el salón de Arpajan, yo veia una mariposa amarilla y el salón de Swann (la señora de Swann recibía en invierno de 6 a ?) una mariposa negra con las alas afieltradas de nieve. Y todavía ese último salón que no lo era, lo consideraba, aunque inaccesible para ella, excusable para mí, a causa de la gente de ingenio. Pero la señora de Luxemburgo... Si hubiese producido ya algo que se notase llegaría a la conclusión de que una parte de snobismo puede vincularse al talento. Y llevé al colmo su desilusión: le confesé que no iba a casa de la señora de Montmorency (como creía ella) para “tomar notas” y “hacer un estudio”. La señora de Guermantes, por otra parte, no se equivocaba más que los novelistas mundanos que analizan cruelmente desde afuera los actos de un snob o que se pretende lo sea, pero nunca se colocan en su interior, en la época en que florece en la imaginación toda una primavera social. Yo mismo, cuando quise saber cuál era el placer tan grande que experimentaba yendo a casa de la señora de Montmorency, me desilusioné un poco. Habitaba ella en el barrio de Saint-Germain, una vivienda vieja llena de pabellones separados por jardincillos. Bajo la bóveda, una estatuita que se atribuía a Falconnet representaba una fuente que exudaba, por otra parte, una humedad perpetra. Un poco más lejos, la portera, con los ojos eternamente rojos, por pesares o por neurastenia por jaqueca o por resfrío, nunca le contestaba a uno; hacía un gesto vago para indicar que ahí estaba la duquesa y dejaba caer algunas gotas de sus párpados sobre un tazón lleno de nomeolvides. El placer que me producía ver la estatua, porque me recordaba. un jardinerito de yeso que estaba en un jardín de Combray, nada era al lado del que me causaba la escalera grande, húmeda y sonora, llena de ecos, como el de algunos establecimientos de baños antiguos. con los vasos llenos de cinerarias -azul sobre azulen la antecámara y sobre todo el tintineo de la campanilla, que era exactamente el de la pieza de Eulalia. Ese tintineo colmaba mi entusiasmo, pero me parecía demasiado humilde para poder explicárselo a la señora de Montmorency, de tal suerte que esa dama me veía siempre en un encantamiento cuya causa no adivinó jamás.
LES INTERMITTENCES DU COEUR Las intermitencias del corazón
Ma seconde arrivée à Balbec fut bien différente de la première. Le directeur était venu en personne m′attendre à Pont-à-Couleuvre, répétant combien il tenait à sa clientèle titrée, ce qui me fit craindre qu′il m′anoblît jusqu′à ce que j′eusse compris que, dans l′obscurité de sa mémoire grammaticale, titrée signifiait simplement attitrée. Du reste, au fur et à mesure qu′il apprenait de nouvelles langues, il parlait plus mal les anciennes. Il m′annonça qu′il m′avait logé tout en haut de l′hôtel. «J′espère, dit-il, que vous ne verrez pas là un manque d′impolitesse, j′étais ennuyé de vous donner une chambre dont vous êtes indigne, mais je l′ai fait rapport au bruit, parce que comme cela vous n′aurez personne au-dessus de vous pour vous fatiguer le trépan (pour tympan). Soyez tranquille, je ferai fermer les fenêtres pour qu′elles ne battent pas. Là-dessus je suis intolérable», ces mots n′exprimant pas sa pensée, laquelle était qu′on le trouverait toujours inexorable à ce sujet, mais peut-être bien celle de ses valets d′étage. Les chambres étaient d′ailleurs celles du premier séjour. Elles n′étaient pas plus bas, mais j′avais monté dans l′estime du directeur. Je pourrais faire faire du feu si cela me plaisait (car sur l′ordre des médecins, j′étais parti dès Pâques), mais il craignait qu′il n′y eût des «fixures» dans le plafond. «Surtout attendez toujours pour allumer une flambée que la précédente soit consommée (pour consumée). Car l′important c′est d′éviter de ne pas mettre le feu à la cheminée, d′autant plus que, pour égayer un peu, j′ai fait placer dessus une grande postiche en vieux Chine, que cela pourrait abîmer.» Mi segunda llegada a Balbec fue muy distinta de la primera. El director vino personalmente a recibirme en Pont-á-Couleuvre, repitiendo cuánto interés tenía en su clientela calificada, lo que me hizo temer que me fuese ennobleciendo hasta que yo comprendiera que, en la oscuridad de su memoria gramatical, calificada significaba simplemente predilecta. Por otra parte, a medida que aprendía nuevos idiomas, hablaba peor los anteriores. Me anunció que me había alojado en la parte alta del hotel. “-Espero que no vea en ello -me dijo- una falta de cortesía. Me fastidiaba darle una pieza indigna de usted, pero lo hice debido al ruido, porque así no tendrá usted a nadie que le fatigue el trépano (en lugar de tímpano) en el piso superior. Quédese tranquilo; haré cerrar las ventanas para que no golpeen. En eso soy intolerable”. (Esas palabras no expresaban su pensamiento, de que sería inexorable a ese respecto, sino quizás el de sus mutamos de piso). Las piezas, por otra parte, eran las de la primera estada. No estaban más abajo, pero yo había crecido en la estima del director. Podía hacer encender la estufa, si eso me gustaba (porque por prescripción médica había partido desde Pascua), pero temía que hubiese fixuras en el cielo raso. “-Sobre todo espere siempre, para volver a encender una fogata, que la anterior se haya consumado (por consumido). Porque lo importante es evitar prenderle fuego a la estufa, tanto más que para alegrar un poco le hice colocar encima un gran potiche de porcelana china antigua y, se podría estropear”.
Il m′apprit avec beaucoup de tristesse la mort du bâtonnier de Cherbourg: «C′était un vieux routinier», dit-il (probablement pour roublard) et me laissa entendre que sa fin avait été avancée par une vie de déboires, ce qui signifiait de débauches. «Déjà depuis quelque temps je remarquais qu′après le dîner il s′accroupissait dans le salon (sans doute pour s′assoupissait). Les derniers temps, il était tellement changé que, si l′on n′avait pas su que c′était lui, à le voir il était à peine reconnaissant» (pour reconnaissable sans doute). Me hizo saber con mucha tristeza la muerte del presidente del colegio de abogados de Cherburgo: “-Era un viejo rutinero”, dijo (probablemente por astuto) y me dejó entender que había apresurado su fin una vida de disgustos, lo que significaba depravación. Hacía ya algún tiempo que advertía que después de cenar se ponía en cuclillas en el salón (sin duda por se quedaba adormilado). En los últimos tiempos estaba tan cambiado que si no supiese que se trataba de él, ya ni estaba agradecido (por reconocible, sin duda).
Compensation heureuse: le premier président de Caen venait de recevoir la «cravache» de commandeur de la Légion d′honneur. «Sûr et certain qu′il a des capacités, mais paraît qu′on la lui a donnée surtout à cause de sa grande «impuissance». On revenait du reste sur cette décoration dans l′Écho de Paris de la veille, dont le directeur n′avait encore lu que «le premier paraphe» (pour paragraphe). La politique de M. Caillaux y était bien arrangée. «Je trouve du reste qu′ils ont raison, dit-il. Il nous met trop sous la coupole de l′Allemagne» (sous la coupe). Comme ce genre de sujet, traité par un hôtelier, me paraissait ennuyeux, je cessai d′écouter. Je pensais aux images qui m′avaient décidé de retourner à Balbec. Elles étaient bien différentes de celles d′autrefois, la vision que je venais chercher était aussi éclatante que la première était brumeuse; elles ne devaient pas moins me décevoir. Les images choisies par le souvenir sont aussi arbitraires, aussi étroites, aussi insaisissables, que celles que l′imagination avait formées et la réalité détruites. Il n′y a pas de raison pour qu′en dehors de nous, un lieu réel possède plutôt les tableaux de la mémoire que ceux du rêve. Et puis, une réalité nouvelle nous fera peut-être oublier, détester même les désirs à cause desquels nous étions partis. Feliz compensación: el primer presidente de Caen acababa de recibir la fusta de comendador de la Legión de Honor. “Cierto y seguro que tiene capacidad, pero parece que se la han dado a causa de su gran impotencia. Se insistía, además, en esa condecoración en el Eco de París de la víspera, de cuya noticia el director no había leído más que la primera firma (por parágrafo). La política del señor Caillaux estaba muy bien comentada. “-por otra parte, me parece que tienen razón -dijo-. Nos pone demasiado bajo, la cúpula de Alemania” (por copa)”. Como ese tema tratado por un hotelero me parecía fastidioso, dejé de escuchar. Pensaba en las imágenes que me habían decidido volver a Balbec. Eran muy distintas de las le antaño; la visión que buscaba ahora era tan deslumbrante como brumosa la primera; no por ello me decepcionarían menos. Las imágenes elegidas por el recuerdo son tan arbitrarias, tan estrechas, tan inalcanzables como las que forma la imagen y destruye la realidad. No hay motivos para que fuera de nosotros, un lugar real posea mejor los cuadros de la memoria que los del sueño. Además una realidad nueva nos hará olvidar y hasta odiar, quizás, los deseos por los cuales habíamos partido.
Ceux qui m′avaient fait partir pour Balbec tenaient en partie à ce que les Verdurin des invitations de qui je n′avais jamais profité, et qui seraient certainement heureux de me recevoir si j′allais, à la campagne, m′excuser de n′avoir jamais pu leur faire une visite à Paris, sachant que plusieurs fidèles passeraient les vacances sur cette côte, et ayant, à cause de cela, loué pour toute la saison un des châteaux de M. de Cambremer (la Raspelière), y avaient invité Mme Putbus. Le soir où je l′avais appris (à Paris), j′envoyai, en véritable fou, notre jeune valet de pied s′informer si cette dame emmènerait à Balbec sa camériste. Il était onze heures du soir. Le concierge mit longtemps à ouvrir et, par miracle, n′envoya pas promener mon messager, ne fit pas appeler la police, se contenta de le recevoir très mal, tout en lui fournissant le renseignement désiré. Il dit qu′en effet la première femme de chambre accompagnerait sa maîtresse, d′abord aux eaux en Allemagne, puis à Biarritz, et, pour finir, chez Mme Verdurin. Dès lors j′avais été tranquille et content d′avoir ce pain sur la planche. J′avais pu me dispenser de ces poursuites dans les rues où j′étais dépourvu auprès des beautés rencontrées de cette lettre d′introduction que serait auprès du «Giorgione» d′avoir dîné le soir même, chez les Verdurin, avec sa maîtresse. D′ailleurs elle aurait peut-être meilleure idée de moi encore en sachant que je connaissais, non seulement les bourgeois locataires de la Raspelière mais ses propriétaires, et surtout Saint–Loup qui, ne pouvant me recommander à distance à la femme de chambre (celle-ci ignorant le nom de Robert), avait écrit pour moi une lettre chaleureuse aux Cambremer. Il pensait qu′en dehors de toute l′utilité dont ils me pourraient être, Mme de Cambremer la belle-fille, née Legrandin, m′intéresserait en causant avec moi. «C′est une femme intelligente, m′avait-il assuré. Elle ne te dira pas des choses définitives (les choses «définitives» avaient été substituées aux choses «sublimes» par Robert qui modifiait, tous les cinq ou six ans, quelques-unes de ses expressions favorites tout en conservant les principales), mais c′est une nature, elle a une personnalité, de l′intuition; elle jette à propos la parole qu′il faut. De temps en temps elle est énervante, elle lance des bêtises pour «faire gratin», ce qui est d′autant plus ridicule que rien n′est moins élégant que les Cambremer, elle n′est pas toujours à la page, mais, somme toute, elle est encore dans les personnes les plus supportables à fréquenter.» Los que me hicieron dirigirme para Balbec se vinculaban en parte a que los Verdurin (cuyas invitaciones no aprovechara nunca y a los que alegraría seguramente recibirme, si iba al campo a disculparme por no haberlos podido visitar en París), al saber que varios fieles pasarían las vacaciones en esa costa y habiendo alquilado para toda la estación uno de los castillos del señor de Cambremer (La Raspeliére), invitaron a la señora de Putbus. La noche en que lo supe (en París), envié como un verdadero loco a nuestro joven lacayo para que averiguara si esa señora llevaría su camarera a Balbec. Eran las once de la noche. El portero tardó mucho en abrir y por milagro no envió a paseo a mi mensajero, no llamó a la policía y se contentó con recibirlo muy mal, a tiempo que le proporcionaba el dato deseado. Dijo que, en efecto, la primera mucama acompañaría a su ama, primero a las termas, en Alemania, luego a Biárritz y por último a casa de la señora de Verdurin. Desde entonces me quedé tranquilo y contento por tener ya ese dato. Había podido evitar esas persecuciones por las calles para las cuales carecía ante las bellezas ocasionales de esa carta de introducción que sería para “Giorgione” haber cenado esa misma noche con su ama en casa de los Verdurin. Por otra parte, quizás tuviera aún mejor concepto de mí sabiendo que conocía yo no sólo a los burgueses inquilinos de la Raspeliére, sino a sus propietarios y especialmente a Saint-Loup, quien ya que no pudo recomendarme a distancia a la mucama (puesto que ésta ignoraba el nombre de Roberto), había escrito una calurosa carta a los Cambremer, refiriéndose a mí. Pensaba que fuera de toda la utilidad que pudieran proporcionarme, la señora de Cambremer, la nuera Legrandin, me interesaría para conversar. “-Es una mujer inteligente -me había asegurado-. No te dirá cosas definitivas (las cosas definitivas sustituyeron a las cosas sublimes para Roberto, que modificaba cada cinco o seis años algunas de sus expresiones favoritas, a tiempo que conservaba las principales), pero es una naturaleza, tiene personalidad, intuición; sabe emplear a tiempo la palabra precisa. De vez en cuando es fastidiosa; dice tonterías para hacerse la interesante, lo que es tanto más ridículo cuanto que nada menos elegante que los Cambremer; no siempre está al día pero, en resumen es todavía una de las personas más soportables.
Aussitôt que la recommandation de Robert leur était parvenue, les Cambremer, soit snobisme qui leur faisait désirer d′être indirectement aimables pour Saint–Loup, soit reconnaissance de ce qu′il avait été pour un de leurs neveux à Doncières, et plus probablement surtout par bonté et traditions hospitalières, avaient écrit de longues lettres demandant que j′habitasse chez eux, et, si je préférais être plus indépendant, s′offrant à me chercher un logis. Quand Saint–Loup leur eût objecté que j′habiterais le Grand-Hôtel de Balbec, ils répondirent que, du moins, ils attendaient une visite dès mon arrivée et, si elle tardait trop, ne manqueraient pas de venir me relancer pour m′inviter à leurs garden-parties. Tan pronto les llegara la recomendación de Roberto, los Cambremer, sea por snobismo que les hacía desear indirectamente ser amable con Saint-Loup, sea por agradecimiento por lo que él había sido para uno de sus sobrinos en Doncières y más probablemente sobre todo por bondad y tradición hospitalarias me escribieron largas cartas pidiendo que habitase su casa y, si prefería más independencia, ofreciéndose para buscarme un alojamiento. Cuando Saint-Loup les hubo objetado que habitaría el Gran Hotel de Balbec, contestaron que por lo menos esperaban mi visita al llegar y que si tardaba demasiado no dejarían de buscarme para invitarme a sus garden-parties.
Sans doute rien ne rattachait d′une façon essentielle la femme de chambre de Mme Putbus au pays de Balbec; elle n′y serait pas pour moi comme la paysanne que, seul sur la route de Méséglise, j′avais si souvent appelée en vain, de toute la force de mon désir. Sin duda nada vinculaba esencialmente a la mucama de la señora de Putbus a la región de Balbec; no sería para mí como aquella campesina que, solo en el camino de Méséglise, había llamado tan a menudo en vano, con toda las fuerzas de mi deseo.
Mais j′avais depuis longtemps cessé de chercher à extraire d′une femme comme la racine carrée de son inconnu, lequel ne résistait pas souvent à une simple présentation. Du moins à Balbec, où je n′étais pas allé depuis longtemps, j′aurais cet avantage, à défaut du rapport nécessaire qui n′existait pas entre le pays et cette femme, que le sentiment de la réalité n′y serait pas supprimé pour moi par l′habitude, comme à Paris où, soit dans ma propre maison, soit dans une chambre connue, le plaisir auprès d′une femme ne pouvait pas me donner un instant l′illusion, au milieu des choses quotidiennes, qu′il m′ouvrait accès à une nouvelle vie. (Car si l′habitude est une seconde nature, elle nous empêche de connaître la première, dont elle n′a ni les cruautés, ni les enchantements.) Or cette illusion, je l′aurais peut-être dans un pays nouveau où renaît la sensibilité, devant un rayon de soleil, et où justement achèverait de m′exalter la femme de chambre que je désirais: or on verra les circonstances faire non seulement que cette femme ne vint pas à Balbec, mais que je ne redoutai rien tant qu′elle y pût venir, de sorte que ce but principal de mon voyage ne fut ni atteint, ni même poursuivi. Certes Mme Putbus ne devait pas aller aussi tôt dans la saison chez les Verdurin; mais ces plaisirs qu′on a choisis, peuvent être lointains, si leur venue est assurée, et que dans leur attente on puisse se livrer d′ici là à la paresse de chercher à plaire et à l′impuissance d′aimer. Au reste, à Balbec, je n′allais pas dans un esprit aussi pratique que la première fois; il y a toujours moins d′égoî²­e dans l′imagination pure que dans le souvenir; et je savais que j′allais précisément me trouver dans un de ces lieux où foisonnent les belles inconnues; une plage n′en offre pas moins qu′un bal, et je pensais d′avance aux promenades devant l′hôtel, sur la digue, avec ce même genre de plaisir que Mme de Guermantes m′aurait procuré si, au lieu de me faire inviter dans des dîners brillants, elle avait donné plus souvent mon nom pour leurs listes de cavaliers aux maîtresses de maison chez qui l′on dansait. Faire des connaissances féminines à Balbec me serait aussi facile que cela m′avait été malaisé autrefois, car j′y avais maintenant autant de relations et d′appuis que j′en étais dénué à mon premier voyage. Pero desde hacía mucho tiempo ya no trataba de extraer la raíz cuadrada de lo desconocido de una mujer que no resistía a menudo una simple presentación. Por lo menos en Balbec, adonde no había ido desde hacía tiempo, tendría la ventaja -a falta de la vinculación necesaria que no existía entre la región y esa mujer- de que el sentimiento de la realidad no se me suprimirla como en París, donde en mi propia casa o en un cuarto conocido, el placer con una mujer no podía darme por un instante la ilusión de abrirme acceso a una nueva vida en medio de las cosas cotidianas. (Porque si la costumbre es una segunda naturaleza, nos impide conocer la primera, de la que no posee ni las crueldades ni los encantamientos.) Y esta ilusión la tendría, quizás, en una nueva región donde renace la sensibilidad ante un rayo de sol y donde justamente terminada de exaltarme la mucama que deseaba; y se verá que las circunstancias harán no sólo que esa mujer no llegase a Balbec, sino que nada temía como su llegada, de manera que el objeto principal de mi viaje no fue alcanzado ni siquiera perseguido. Ciertamente, la señora de Putbus no debía llegar a esa altura de la estación a casa de los Verdurin; pero esos placeres elegidos pueden estar lejos, si su llegada es segura y al esperarlos puede uno entregarse mientras tanto a la pereza de tratar de gustar y a la impotencia de amar. Por otra parte, no llegué a Balbec con un espíritu tan práctico como la primera vez; siempre hay menos egoísmo en la imaginación pura que en el recuerdo; y yo sabía que iba a encontrarme precisamente en uno de esos lugares en que abundan las bellas desconocidas; una playa no las ofrece en menor grado que un baile, y pensaba de antemano en los paseos delante del hotel sobre el muelle con ese mismo tipo de placer que me procuraría la señora de Guermantes si en lugar, de hacerme invitar a cenas brillantes incluyera más a menudo mi nombre en las listas de caballeros de las dueñas de casa donde se baila. Iniciar relaciones femeninas en Balbec me sería tan fácil como antes me había resultado difícil porque tenía ahora tantas relaciones y vínculos como los que me faltaban en mi primer viaje.
Je fus tiré de ma rêverie par la voix du directeur, dont je n′avais pas écouté les dissertations politiques. Changeant de sujet, il me dit la joie du premier président en apprenant mon arrivée et qu′il viendrait me voir dans ma chambre, le soir même. La pensée de cette visite m′effraya si fort (car je commençais à me sentir fatigué) que je le priai d′y mettre obstacle (ce qu′il me promit) et, pour plus de sûreté, de faire, pour le premier soir, monter la garde à mon étage par ses employés. Il ne paraissait pas les aimer beaucoup. «Je suis tout le temps obligé de courir après eux parce qu′ils manquent trop d′inertie. Si je n′étais pas là ils ne bougeraient pas. Je mettrai le liftier de planton à votre porte.» Je demandai s′il était enfin «chef des chasseurs». «Il n′est pas encore assez vieux dans la maison, me répondit-il. Il a des camarades plus âgés que lui. Cela ferait crier. En toutes choses il faut des granulations. Je reconnais qu′il a une bonne aptitude (pour attitude) devant son ascenseur. Mais c′est encore un peu jeune pour des situations pareilles. Avec d′autres qui sont trop anciens, cela ferait contraste. Ça manque un peu de sérieux, ce qui est la qualité primitive (sans doute la qualité primordiale, la qualité la plus importante). Il faut qu′il ait un peu plus de plomb dans l′aile (mon interlocuteur voulait dire dans la tête). Du reste, il n′a qu′à se fier à moi. Je m′y connais. Avant de prendre mes galons comme directeur du Grand-Hôtel, j′ai fait mes premières armes sous M. Paillard.» Cette comparaison m′impressionna et je remerciai le directeur d′être venu lui-même jusqu′à Pont-à-Couleuvre. «Oh! de rien. Cela ne m′a fait perdre qu′un temps infini» (pour infime). Du reste nous étions arrivés. Me sacó de mi ensueño la voz del director cuyas disertaciones políticas no había escuchado. Cambiando de tema, me dijo la alegría del presidente primero al saber mi llegada y que irla a verme a mi cuarto, esa misma noche. La idea de esa visita me espantó tanto (porque empezaba a sentirme cansado) que le rogué le pusiera obstáculos (lo que me prometió), y para mayor seguridad, que en mi piso hiciera montar guardia por sus empleados. No parecía quererlos mucho. “-Me veo obligado a correr continuamente detrás de ellos porque les falta mucha inercia. Si yo no estuviese, ni se moverían. Pondré el ascensorista de plantón a su puerta”. Le pregunté si ya era, por fin, “jefe de los botones”. “-No tiene suficiente antigüedad en la casa me contestó-. Tiene compañeros de más edad. Eso levantada protestas. En todas las cosas se necesitan granulaciones. Reconozco que tiene una buena aptitud (por actitud) frente a su ascensor. Pero es demasiado joven todavía para semejante situación. Sería un contraxte con algunos más antiguos. Le falta alguna seriedad, lo que constituye la cualidad primitiva (sin duda la cualidad primordial, la cualidad más importante). Necesita un poco más de plomo en el ala (mi interlocutor quería significar ponderación). Por otra parte, no tiene más que confiar en mi. Yo conozco muy bien esto. Antes de merecer mis galones de director del Grand-Hotel, hice mis primeras armas con el señor Paillard”. Me impresionó esa comparación y agradecí al director que se hubiese molestado él mismo hasta Pont-á- Couleuvre. “-¡Oh, de nada! No perdí más que un tiempo infinito” (por ínfimo). Por otra parte, ya habíamos llegado.
Bouleversement de toute ma personne. Dès la première nuit, comme je souffrais d′une crise de fatigue cardiaque, tâchant de dompter ma souffrance, je me baissai avec lenteur et prudence pour me déchausser. Mais à peine eus-je touché le premier bouton de ma bottine, ma poitrine s′enfla, remplie d′une présence inconnue, divine, des sanglots me secouèrent, des larmes ruisselèrent de mes yeux. L′être qui venait à mon secours, qui me sauvait de la sécheresse de l′âme, c′était celui qui, plusieurs années auparavant, dans un moment de détresse et de solitude identiques, dans un moment où je n′avais plus rien de moi, était entré, et qui m′avait rendu à moi-même, car il était moi et plus que moi (le contenant qui est plus que le contenu et me l′apportait). Je venais d′apercevoir, dans ma mémoire, penché sur ma fatigue, le visage tendre, préoccupé et déçu de ma grand′mère, telle qu′elle avait été ce premier soir d′arrivée, le visage de ma grand′mère, non pas de celle que je m′étais étonné et reproché de si peu regretter et qui n′avait d′elle que le nom, mais de ma grand′mère véritable dont, pour la première fois depuis les Champs–Elysées où elle avait eu son attaque, je retrouvais dans un souvenir involontaire et complet la réalité vivante. Cette réalité n′existe pas pour nous tant qu′elle n′a pas été recréée par notre pensée (sans cela les hommes qui ont été mêlés à un combat gigantesque seraient tous de grands poètes épiques); et ainsi, dans un désir fou de me précipiter dans ses bras, ce n′était qu′à l′instant — plus d′une année après son enterrement, à cause de cet anachronisme qui empêche si souvent le calendrier des faits de coî­£ider avec celui des sentiments — que je venais d′apprendre qu′elle était morte. J′avais souvent parlé d′elle depuis ce moment-là et aussi pensé à elle, mais sous mes paroles et mes pensées de jeune homme ingrat, égoî²´e et cruel, il n′y avait jamais rien eu qui ressemblât à ma grand′mère, parce que dans ma légèreté, mon amour du plaisir, mon accoutumance à la voir malade, je ne contenais en moi qu′à l′état virtuel le souvenir de ce qu′elle avait été. A n′importe quel moment que nous la considérions, notre âme totale n′a qu′une valeur presque fictive, malgré le nombreux bilan de ses richesses, car tantôt les unes, tantôt les autres sont indisponibles, qu′il s′agisse d′ailleurs de richesses effectives aussi bien que de celles de l′imagination, et pour moi, par exemple, tout autant que de l′ancien nom de Guermantes, de celles, combien plus graves, du souvenir vrai de ma grand′mère. Car aux troubles de la mémoire sont liées les intermittences du coeur. Trastorno de todo mi ser. Desde la primera noche, como sufría una crisis de fatiga cardiaca, al tratar de dominar mi dolor, me agaché con prudencia y lentitud para descalzarme. Pero apenas toqué el primer botón de mi botín, se hinchó mi pecho, lleno de una presencia infinita ydivina, me sacudieron los sollozos ybrotaron las lágrimas de mis ojos. El ser que venía en mi auxilio, que me salvaba de la aridez del alma, era el que varios años antes, en un momento de zozobra y de igual soledad, en un momento en que ya no tenía nada de mí, entrara yme devolviera a mí mismo, porque era yo mismo ymás que yo mismo (el continente es más que el contenido, y me lo traía). Acababa de advertir en mi memoria, inclinado sobre mi cansancio, el rostro tierno, preocupado y decepcionado de mi abuela, no de aquella por la que me asombré y reproché lamentarla tan poco y que no tenla más que el nombre, sino de mi verdadera abuela cuya viva realidad, por primera vez desde que sufriera un ataque en los Campos Elíseos, había encontrado en un recuerdo involuntario y completo. Esa realidad no existe para nosotros mientras no ha sido recreada por nuestro pensamiento (sin lo cual todos los hombres que han intervenido en un combate gigantesco serían grandes poetas épicos); y así, con el loco deseo de precipitarme en sus brazos, no era más que en ese instante, más de un año después de su entierro y a cause de ese anacronismo que impide tan a menudo al calendario de los hechos que coincida con el de los sentimientos, que acababa de saber que se había muerto. Había hablado de ella a menudo desde ese momento ytambién pensado en ella, pero bajo mis palabras ymis pensamientos de joven ingrato, egoísta y cruel, nunca hubo nada que se pareciese a mi abuela, porque en mi ligereza, mi amor por el placer, mi costumbre de verla enferma, no contenía en mí más que en estado virtual el recuerdo de lo que había sido. Sea cual fuere el momento en que la considerásemos, nuestra alma total tiene un valor casi ficticio, a pesar del numeroso balance de sus riquezas, porque unas y otras son indisponibles, ya se trate, por otra parte, de riquezas efectivas como de las de la imaginación, y para mí, por ejemplo, tanto como del antiguo nombre de Guermantes, de aquellas mucho más graves, del verdadero recuerdo de mi abuela. Porque los malestares de la memoria se vinculan a las intermitencias del corazón.
C′est sans doute l′existence de notre corps, semblable pour nous à un vase où notre spiritualité serait enclose, qui nous induit à supposer que tous nos biens intérieurs, nos joies passées, toutes nos douleurs sont perpétuellement en notre possession. Peut-être est-il aussi inexact de croire qu′elles s′échappent ou reviennent. En tout cas, si elles restent en nous c′est, la plupart du temps, dans un domaine inconnu où elles ne sont de nul service pour nous, et où même les plus usuelles sont refoulées par des souvenirs d′ordre différent et qui excluent toute simultanéité avec elles dans la conscience. Mais si le cadre de sensations où elles sont conservées est ressaisi, elles ont à leur tour ce même pouvoir d′expulser tout ce qui leur est incompatible, d′installer seul en nous, le moi qui les vécut. Or, comme celui que je venais subitement de redevenir n′avait pas existé depuis ce soir lointain où ma grand′mère m′avait déshabillé à mon arrivée à Balbec, ce fut tout naturellement, non pas après la journée actuelle, que ce moi ignorait, mais — comme s′il y avait dans le temps des séries différentes et parallèles — sans solution de continuité, tout de suite après le premier soir d′autrefois que j′adhérai à la minute où ma grand′mère s′était penchée vers moi. Le moi que j′étais alors, et qui avait disparu si longtemps, était de nouveau si près de moi qu′il me semblait encore entendre les paroles qui avaient immédiatement précédé et qui n′étaient pourtant plus qu′un songe, comme un homme mal éveillé croit percevoir tout près de lui les bruits de son rêve qui s′enfuit. Je n′étais plus que cet être qui cherchait à se réfugier dans les bras de sa grand′mère, à effacer les traces de ses peines en lui donnant des baisers, cet être que j′aurais eu à me figurer, quand j′étais tel ou tel de ceux qui s′étaient succédé en moi depuis quelque temps, autant de difficulté que maintenant il m′eût fallu d′efforts, stériles d′ailleurs, pour ressentir les désirs et les joies de l′un de ceux que, pour un temps du moins, je n′étais plus. Je me rappelais comme une heure avant le moment où ma grand′mère s′était penchée ainsi, dans sa robe de chambre, vers mes bottines; errant dans la rue étouffante de chaleur, devant le pâtissier, j′avais cru que je ne pourrais jamais, dans le besoin que j′avais de l′embrasser, attendre l′heure qu′il me fallait encore passer sans elle. Et maintenant que ce même besoin renaissait, je savais que je pouvais attendre des heures après des heures, qu′elle ne serait plus jamais auprès de moi, je ne faisais que de le découvrir parce que je venais, en la sentant, pour la première fois, vivante, véritable, gonflant mon coeur à le briser, en la retrouvant enfin, d′apprendre que je l′avais perdue pour toujours. Perdue pour toujours; je ne pouvais comprendre, et je m′exerçais à subir la souffrance de cette contradiction: d′une part, une existence, une tendresse, survivantes en moi telles que je les avais connues, c′est-à-dire faites pour moi, un amour où tout trouvait tellement en moi son complément, son but, sa constante direction, que le génie de grands hommes, tous les génies qui avaient pu exister depuis le commencement du monde n′eussent pas valu pour ma grand′mère un seul de mes défauts; et d′autre part, aussitôt que j′avais revécu, comme présente, cette félicité, la sentir traversée par la certitude, s′élançant comme une douleur physique à répétition, d′un néant qui avait effacé mon image de cette tendresse, qui avait détruit cette existence, aboli rétrospectivement notre mutuelle prédestination, fait de ma grand′mère, au moment où je la retrouvais comme dans un miroir, une simple étrangère qu′un hasard a fait passer quelques années auprès de moi, comme cela aurait pu être auprès de tout autre, mais pour qui, avant et après, je n′étais rien, je ne serais rien. Es sin duda la existencia de nuestro cuerpo -parecida para nosotros a un vaso que contiene nuestra espiritualidad- la que nos induce a suponer que todos nuestros bienes interiores, nuestras alegrías pasadas y todos nuestros dolores están perpetuamente en nuestro poder. Quizás sea tan: inexacto creer que se escapan o vuelven. En todo caso, si permanecen en nosotros es casi siempre en un dominio desconocido, donde no carecen de toda utilidad para nosotros y donde aun las más usuales se ven rechazadas por recuerdos de distinto orden que excluyen toda simultaneidad con ellas en la conciencia. Pero si se vuelve al cuadro de sensaciones en que se conservan, tienen a su vez ese mismo poder de expulsar todo lo que les es incompatible, de instalar en nosotros sólo el yo, que les vive. Y como aquel que volvía a ser no existía desde aquella noche lejana en que mi abuela me desvistió al llegar a Balbec, fue muy naturalmente, no después del día actual que ese yo ignoraba, pero -como si hubiese en el tiempo series distintas y paralelas sin solución de continuidad, enseguida después de la primera noche de antaño, que me adherí al minuto en que mi abuela se había inclinado sobre mí. El yo, que era entonces y que desapareciera por tanto tiempo, estaba de nuevo tan cerca de mí que aun me parecía oír las palabras que habían precedido inmediatamente y que, sin embargo, ya no eran más que un sueño, como un hombre mal despierto cree percibir cerca de él los ruidos de su sueño que huye. Ya no era ese ser que trataba de refugiarse en los brazos de su abuela, para borrar los vestigios de sus penas con besos, ese ser que hubiese tenido -para figurarme tal o cual de los que se habían sucedido en mí desde algún tiempo- tanta dificultad como ahora necesitara esfuerzos, estériles, por otra parte, para experimentar los deseos y las alegrías de uno de los que ya no era, por algún tiempo al menos. Recordaba cómo una hora antes, en el momento que mi abuela se inclinara así, dentro de su bata hacia mis botines, vagando por la calle asfixiante de calor delante del pastelero, creí que nunca podría esperar la hora que aún debla pasar sin ella, por la necesidad que tenía de abrazarla. Y ahora que renacía esa misma necesidad, sabía que podía esperar horas y horas, que ya no estarla nunca más junto a mí; lo acababa de descubrir porque ahora sabía que la había perdido para siempre, al sentirla por primera vez viva y verdadera, llenando mi corazón hasta hacerlo estallar. Perdida para siempre; no podía comprender y me adiestraba para soportar el sufrimiento de esa contradicción: por una parte, una existencia, una ternura que sobrevivían en mí tal como las había conocido; es decir, hechas para mí, un amor donde todo encontraba de tal manera en mi su complemento, su meta, su constante dirección, que el genio de los grandes hombres, todos los genios que habían podido existir desde el comienzo del mundo, no hubiesen valido para mi abuela uno solo de mis defectos; y por otra, tan pronto hubiese revivido esa felicidad como presente, sentirla atravesada por la certidumbre, que se abalanzaba como un dolor físico a repetición, desde una nada que esfumara mi imagen de esa ternura, que había destruido esa existencia, abolido retrospectivamente nuestra mutua predestinación, convertido a mi abuela, en el momento en que la volvía a encontrar como en un espejo, en una simple extraña que un azar hiciera pasar años a mi lado, como podía suceder con cualquiera, pero para quien antes y después, no era nada y no sería nada.
Au lieu des plaisirs que j′avais eus depuis quelque temps, le seul qu′il m′eût été possible de goûter en ce moment c′eût été, retouchant le passé, de diminuer les douleurs que ma grand′mère avait autrefois ressenties. Or, je ne me la rappelais pas seulement dans cette robe de chambre, vêtement approprié, au point d′en devenir presque symbolique, aux fatigues, malsaines sans doute, mais douces aussi, qu′elle prenait pour moi; peu à peu voici que je me souvenais de toutes les occasions que j′avais saisies, en lui laissant voir, en lui exagérant au besoin mes souffrances, de lui faire une peine que je m′imaginais ensuite effacée par mes baisers, comme si ma tendresse eût été aussi capable que mon bonheur de faire le sien; et pis que cela, moi qui ne concevais plus de bonheur maintenant qu′à en pouvoir retrouver répandu dans mon souvenir sur les pentes de ce visage modelé et incliné par la tendresse, j′avais mis autrefois une rage insensée à chercher d′en extirper jusqu′aux plus petits plaisirs, tel ce jour où Saint–Loup avait fait la photographie de grand′mère et où, ayant peine à dissimuler à celle-ci la puérilité presque ridicule de la coquetterie qu′elle mettait à poser, avec son chapeau à grands bords, dans un demi-jour seyant, je m′étais laissé aller à murmurer quelques mots impatientés et blessants, qui, je l′avais senti à une contraction de son visage, avaient porté, l′avaient atteinte; c′était moi qu′ils déchiraient, maintenant qu′était impossible à jamais la consolation de mille baisers. En lugar de los placeres que tenía desde hacía algún tiempo, el único que me hubiera sido posible gustar en ese momento sería -retocando el pasado- disminuir los dolores que antaño sufriera mi abuela. Y no la recordaba únicamente con esa bata, vestimenta apropiada, al punto de hacerse casi simbólica, a las fatigas, malsanas sin duda pero también dulces, que se tomaba por mí; poco a poco he aquí que recordaba todas las ocasiones que había tenido -dejándole ver, exagerándole en caso necesario mis sufrimientos de causarle una pena que me imaginaba luego borrada por mis besos, como si mi ternura pudiese hacer la suya tanto como mi felicidad; y peor que eso, yo que ahora no concebía más felicidad que al derramar mi recuerdo sobre las líneas de ese rostro modelado e inclinado por la ternura, había puesto antaño una rabia insensata tratando de extirpar los más pequeños placeres, como ese día en que Saint-Loup obtuvo la fotografía de mi abuela, y disimulando apenas la puerilidad casi ridícula de la coquetería con que posaba con su sombrero de amplias alas, en una semipenumbra sentadora, me dejé arrastrar hasta murmurar algunas palabras impacientes e hirientes que -lo sentí por una contracción de su rostro -dieron en el blanco y la habían herido; y eran a mí a quien herían ahora que era para siempre imposible el consuelo de mil besos.
Mais jamais je ne pourrais plus effacer cette contraction de sa figure, et cette souffrance de son coeur, ou plutôt du mien; car comme les morts n′existent plus qu′en nous, c′est nous-mêmes que nous frappons sans relâche quand nous nous obstinons à nous souvenir des coups que nous leur avons assénés. Ces douleurs, si cruelles qu′elles fussent, je m′y attachais de toutes mes forces, car je sentais bien qu′elles étaient l′effet du souvenir de ma grand′mère, la preuve que ce souvenir que j′avais était bien présent en moi. Je sentais que je ne me la rappelais vraiment que par la douleur, et j′aurais voulu que s′enfonçassent plus solidement encore en moi ces clous qui y rivaient sa mémoire. Je ne cherchais pas à rendre la souffrance plus douce, à l′embellir, à feindre que ma grand′mère ne fût qu′absente et momentanément invisible, en adressant à sa photographie (celle que Saint–Loup avait faite et que j′avais avec moi) des paroles et des prières comme à un être séparé de nous mais qui, resté individuel, nous connaît et nous reste relié par une indissoluble harmonie. Jamais je ne le fis, car je ne tenais pas seulement à souffrir, mais à respecter l′originalité de ma souffrance telle que je l′avais subie tout d′un coup sans le vouloir, et je voulais continuer à la subir, suivant ses lois à elle, à chaque fois que revenait cette contradiction si étrange de la survivance et du néant entre-croisés en moi. Cette impression douloureuse et actuellement incompréhensible, je savais non certes pas si j′en dégagerais un peu de vérité un jour, mais que si, ce peu de vérité, je pouvais jamais l′extraire, ce ne pourrait être que d′elle, si particulière, si spontanée, qui n′avait été ni tracée par mon intelligence, ni atténuée par ma pusillanimité, mais que la mort elle-même, la brusque révélation de la mort, avait, comme la foudre, creusée en moi, selon un graphique surnaturel et inhumain, un double et mystérieux sillon. (Quant à l′oubli de ma grand′mère où j′avais vécu jusqu′ici, je ne pouvais même pas songer à m′attacher à lui pour en tirer de la vérité; puisque en lui-même il n′était rien qu′une négation, l′affaiblissement de la pensée incapable de recréer un moment réel de la vie et obligée de lui substituer des images conventionnelles et indifférentes.) Peut-être pourtant, l′instinct de conservation, l′ingéniosité de l′intelligence à nous préserver de la douleur, commençant déjà à construire sur des ruines encore fumantes, à poser les premières assises de son oeuvre utile et néfaste, goûtais-je trop la douceur de me rappeler tels et tels jugements de l′être chéri, de me les rappeler comme si elle eût pu les porter encore, comme si elle existait, comme si je continuais d′exister pour elle. Mais dès que je fus arrivé à m′endormir, à cette heure, plus véridique, où mes yeux se fermèrent aux choses du dehors, le monde du sommeil (sur le seuil duquel l′intelligence et la volonté momentanément paralysées ne pouvaient plus me disputer à la cruauté de mes impressions véritables) refléta, réfracta la douloureuse synthèse de la survivance et du néant, dans la profondeur organique et devenue translucide des viscères mystérieusement éclairés. Pero ya nunca podría borrar esa contracción de su cara y ese sufrimiento de su corazón o mejor, del mío: puesto que así como los muertos ya no existen en nosotros, a nosotros mismos es a quienes herimos sin tregua cuando nos obstinamos en recordar los golpes que les hemos asestado. Esos dolores, por crueles que fuesen, me los acercaba con todas las fuerzas, porque sentía que eran el efecto del recuerdo de mi abuela, la prueba de que ese recuerdo estaba muy presente en mí. Sentía que no la recordaba verdaderamente más que por el dolor, y hubiera querido que se me hundiesen aún más profundamente esos clavos que fijaban su memoria. No trataba de suavizar el sufrimiento, ni embellecerlo fingiendo que mi abuela no fuese otra cosa que una ausente, momentáneamente invisible, al dirigir a su fotografía (la que había obtenido Saint-Loup y que yo tenía conmigo) palabras y plegarias como a un ser separado de nosotros pero que nos conoce porque es individual y continúa ligado a nosotros por una insoluble armonía. Nunca lo hice, porque no sólo quería sufrir, sino respetar la originalidad de mi dolor tal como lo había soportado de pronto sin quererlo y quería seguir soportándolo, siguiendo las leyes de ella cada vez que volvía esa contradicción tan extraña de la supervivencia y de la nada mezclados en mí. Esa impresión dolorosa y actualmente incomprensible, yo no sabía, a ciencia cierta, si desprendería de ella algún día cierta verdad, sino que si podía extraer esa poco de verdad, no podría ser sino de ella, tan particular, tan espontánea que no la trazara mi inteligencia ni atenuara mi pusilanimidad, pero que la misma muerte, la brusca revelación dé la muerte, había cavado en mí, como el rayo, un doble surco misterioso, como un gráfico sobrenatural e inhumano. (En cuanto al olvido de mi abuela en que viviera hasta entonces, no podía siquiera pensar en atarme a él para extraer alguna verdad, puesto que en sí no era más que una negación, el debilitamiento del pensamiento incapaz de recrear un momento real de la vida y obligado a substituirle imágenes convencionales e indiferentes.) Sin embargo, quizás debido al instinto de conservación y la ingeniosidad con que la inteligencia nos preserva del dolor al comenzar a construir ya sobre ruinas recientes colocando las primeras bases de su obra útil y nefasta, gusté yo demasiado la dulzura de recodar tales y cuales juicios del ser querido, como si aún hubiese podido mantenerlos, como si existiese, como si continuara a existir para ella. Pero en cuanto llegué a dormirme a esa hora más verídica en que mis ojos se cerraron a las cosas exteriores, el mundo del sueño (en cuyo umbral la inteligencia y la voluntad momentáneamente paralizadas no podían ya disputarme la crueldad de mis verdaderas impresiones) reflejó, refractó la dolorosa síntesis de la supervivencia yde la nada, en la profundidad orgánica ytranslúcida de las vísceras misteriosamente iluminadas.
Monde du sommeil, où la connaissance interne, placée sous la dépendance des troubles de nos organes, accélère le rythme du coeur ou de la respiration, parce qu′une même dose d′effroi, de tristesse, de remords agit, avec une puissance centuplée si elle est ainsi injectée dans nos veines; dès que, pour y parcourir les artères de la cité souterraine, nous nous sommes embarqués sur les flots noirs de notre propre sang comme sur un Léthé intérieur aux sextuples replis, de grandes figures solennelles nous apparaissent, nous abordent et nous quittent, nous laissant en larmes. Je cherchai en vain celle de ma grand′mère dès que j′eus abordé sous les porches sombres; je savais pourtant qu′elle existait encore, mais d′une vie diminuée, aussi pâle que celle du souvenir; l′obscurité grandissait, et le vent; mon père n′arrivait pas qui devait me conduire à elle. Tout d′un coup la respiration me manqua, je sentis mon coeur comme durci, je venais de me rappeler que depuis de longues semaines j′avais oublié d′écrire à ma grand′mère. Que devait-elle penser de moi? «Mon Dieu, me disais-je, comme elle doit être malheureuse dans cette petite chambre qu′on a louée pour elle, aussi petite que pour une ancienne domestique, où elle est toute seule avec la garde qu′on a placée pour la soigner et où elle ne peut pas bouger, car elle est toujours un peu paralysée et n′a pas voulu une seule fois se lever. Elle doit croire que je l′oublie depuis qu′elle est morte; comme elle doit se sentir seule et abandonnée! Oh! il faut que je coure la voir, je ne peux pas attendre une minute, je ne peux pas attendre que mon père arrive; mais où est-ce? comment ai-je pu oublier l′adresse? pourvu qu′elle me reconnaisse encore! Comment ai-je pu l′oublier pendant des mois? Il fait noir, je ne trouverai pas, le vent m′empêche d′avancer; mais voici mon père qui se promène devant moi; je lui crie: «Où est grand′mère? dis-moi l′adresse. Est-elle bien? Est-ce bien sûr qu′elle ne manque de rien? — Mais non, me dit mon père, tu peux être tranquille. Sa garde est une personne ordonnée. On envoie de temps en temps une toute petite somme pour qu′on puisse lui acheter le peu qui lui est nécessaire. Elle demande quelquefois ce que tu es devenu. On lui a même dit que tu allais faire un livre. Elle a paru contente. Elle a essuyé une larme.» Alors je crus me rappeler qu′un peu après sa mort, ma grand′mère m′avait dit en sanglotant d′un air humble, comme une vieille servante chassée, comme une étrangère: «Tu me permettras bien de te voir quelquefois tout de même, ne me laisse pas trop d′années sans me visiter. Songe que tu as été mon petit-fils et que les grand′mères n′oublient pas.» En revoyant le visage si soumis, si malheureux, si doux qu′elle avait, je voulais courir immédiatement et lui dire ce que j′aurais dû lui répondre alors: «Mais, grand′mère, tu me verras autant que tu voudras, je n′ai que toi au monde, je ne te quitterai plus jamais.» Comme mon silence a dû la faire sangloter depuis tant de mois que je n′ai été là où elle est couchée, qu′a-t-elle pu se dire? Et c′est en sanglotant que moi aussi je dis à mon père: «Vite, vite, son adresse, conduis-moi.» Mais lui: «C′est que . . . je ne sais si tu pourras la voir, Et puis, tu sais, elle est très faible, très faible, elle n′est plus elle-même, je crois que ce te sera plutôt pénible. Et je ne me rappelle pas le numéro exact de l′avenue. — Mais dis-moi, toi qui sais, ce n′est pas vrai que les morts ne vivent plus. Ce n′est pas vrai tout de même, malgré ce qu′on dit, puisque grand′mère existe encore.» Mon père sourit tristement: «Oh! bien peu, tu sais, bien peu. Je crois que tu ferais mieux de n′y pas aller. Elle ne manque de rien. On vient tout mettre en ordre. — Mais elle est souvent seule? — Oui, mais cela vaut mieux pour elle. Il vaut mieux qu′elle ne pense pas, cela ne pourrait que lui faire de la peine. Cela fait souvent de la peine de penser. Du reste, tu sais, elle est très éteinte. Je te laisserai l′indication précise pour que tu puisses y aller; je ne vois pas ce que tu pourrais y faire et je ne crois pas que la garde te la laisserait voir. — Tu sais bien pourtant que je vivrai toujours près d′elle, cerfs, cerfs, Francis Jammes, fourchette.» Mais déjà j′avais retraversé le fleuve aux ténébreux méandres, j′étais remonté à la surface où s′ouvre le monde des vivants, aussi si je répétais encore: «Francis Jammes, cerfs, cerfs», la suite de ces mots ne m′offrait plus le sens limpide et la logique qu′ils exprimaient si naturellement pour moi il y a un instant encore, et que je ne pouvais plus me rappeler. Je ne comprenais plus même pourquoi le mot Alas, que m′avait dit tout à l′heure mon père, avait immédiatement signifié: «Prends garde d′avoir froid», sans aucun doute possible. J′avais oublié de fermer les volets, et sans doute le grand jour m′avait éveillé. Mais je ne pus supporter d′avoir sous les yeux ces flots de la mer que ma grand′mère pouvait autrefois contempler pendant des heures; l′image nouvelle de leur beauté indifférente se complétait aussitôt par l′idée qu′elle ne les voyait pas; j′aurais voulu boucher mes oreilles à leur bruit, car maintenant la plénitude lumineuse de la plage creusait un vide dans mon coeur; tout semblait me dire comme ces allées et ces pelouses d′un jardin public où je l′avais autrefois perdue, quand j′étais tout enfant: «Nous ne l′avons pas vue», et sous la rotondité du ciel pâle et divin je me sentais oppressé comme sous une immense cloche bleuâtre fermant un horizon où ma grand′mère n′était pas. Pour ne plus rien voir, je me tournai du côté du mur, mais hélas, ce qui était contre moi c′était cette cloison qui servait jadis entre nous deux de messager matinal, cette cloison qui, aussi docile qu′un violon à rendre toutes les nuances d′un sentiment, disait si exactement à ma grand′mère ma crainte à la fois de la réveiller, et, si elle était éveillée déjà, de n′être pas entendu d′elle et qu′elle n′osât bouger, puis aussitôt, comme la réplique d′un second instrument, m′annonçant sa venue et m′invitant au calme. Je n′osais pas approcher de cette cloison plus que d′un piano où ma grand′mère aurait joué et qui vibrerait encore de son toucher. Je savais que je pourrais frapper maintenant, même plus fort, que rien ne pourrait plus la réveiller, que je n′entendais aucune réponse, que ma grand′mère ne viendrait plus. Et je ne demandais rien de plus à Dieu, s′il existe un paradis, que d′y pouvoir frapper contre cette cloison les trois petits coups que ma grand′mère reconnaîtrait entre mille, et auxquels elle répondrait par ces autres coups qui voulaient dire: «Ne t′agite pas, petite souris, je comprends que tu es impatient, mais je vais venir», et qu′il me laissât rester avec elle toute l′éternité, qui ne serait pas trop longue pour nous deux. Mundo del sueño en que el conocimiento interno, colocado bajo la dependencia de los trastornos de nuestros órganos, acelera el ritmo del corazón o de la respiración porque una misma dosis de espanto, tristeza o remordimiento obra con un poder centuplicado si así es inyectada en nuestras venas, desde que para recorrer las arterias de la ciudad subterránea nos hemos embarcado en las negras corrientes de nuestra propia sangre como un Leteo interior de séxtuples repliegues; se nos aparecen grandes figuras solemnes, nos abordan y nos abandonan anegándonos en lágrimas. Busqué en vano la de mi abuela, en cuanto abordé los pórticos sombríos; sabía, sin embargo, que aún existía, pero con una vida disminuida, tan pálida como la del recuerdo; aumentaba la oscuridad y el viento; no llegaba mi padre, que debía conducirme a ella. De golpe me faltó la respiración, sentí que mi corazón se endurecía, acababa de recordar que durante muchas semanas me había olvidado de escribir a mi abuela. ¿Qué pensaría ella de mí? "¡Dios mío! -me decía yo-, qué desgraciada debe ser en ese pequeño cuarto que le alquilaron, tan chico como el de una antigua sirvienta, donde está completamente sola con la cuidadora que le han puesto para velarla porque siempre está algo entumecida y no ha querido levantarse una sola vez. Creerá que la olvido desde que se murió. ¡Qué sola debe sentirse y que abandonada! ¡Oh!, debo correr a verla, no puedo esperar un minuto, no puedo esperar a que llegue mi padre. Pero, ¿dónde es? ¿Cómo he podido olvidar la dirección? Fasta que aún me reconozca. ¿Cómo he podido olvidarla durante meses? Está oscuro, no la encontraré, el viento me impide avanzar; pero he aquí que mi padre se pasea delante de mí; le grito: "¿Dónde está abuela? Dime la dirección. ¿Está bien? ¿Seguro que no le falta nada? "-No - me dice mi padre- puedes estar tranquilo. Su cuidadora es una persona ordenada. De tiempo en tiempo se le manda una pequeña suma para que le puedan comprar lo poco que necesita. Llega a preguntar a veces qué ha sido de ti. Hasta le han dicho que ibas a escribir un libro. Pareció contenta. Enjugó una lágrima. "Entonces creí recordar que, poco después de su muerte, mi abuela me había dicho, sollozando humildemente, como una vieja sirvienta des pedida, como una extraña: "-Me permitirás verte a veces, sin embargo; no dejes pasar muchos años sin visitarme. Piensa que has sido mi nieto y que las abuelas no olvidan". Al ver de nuevo su rostro tan sumiso, tan desgraciado, tan dulce, quería correr inmediatamente ydecirle lo que hubiera debido contestarle entonces: "-Pero, abuela, me verás cuando quieras; no tengo a nadie más que a ti en el mundo; ya no te dejaré nunca". ¡Cómo debió hacerla sollozar mi silencio desde tantos meses que no he estado ahí donde se halla acostada. ¿Qué habrá podido decirse? Y sollozando yo también, le dije a mi padre: "-Pronto, pronto, su dirección, acompáñame". Pero él: "Es que... no sé si podrás verla. Y además, ¿sabes?, está muy débil, muy débil, ya no es la misma; creo que te resultaría más bien penoso. Y no recuerdo el número exacto de la avenida. "-Pero dime, tú que sabes: ¿no es verdad que los muertos ya no viven? No es verdad, sin embargo, pues, a pesar de lo que se dice, abuela aún existe." Mi padre sonrió tristemente: "-¡Oh!, muy poco sabes, muy poco. Creo que harías mejor en no ir. No le falta nada. Lo ordenan todo." "-¿Pero está sola a menudo?" "-Sí, pero eso es mejor para ella. Mejor que no piense, ya que eso podría apenarla. Pensar apena, a menudo. Por otra parte, ¿sabes?, está muy apagada. Te dejaré la indicación precisa para que puedas ir; no veo lo que podrías hacer y no creo que la cuidadora te la deje ver". "Demasiado sabes, sin embargo, que viviré siempre cerca de ella, ciervos, ciervos, Francis Jammes, tenedor". Pero ya había vuelto a cruzar el río de meandros tenebrosos ya había vuelto a la superficie donde se abre el mundo de los vivos; por eso si aún repetía: "Francis Jammes, ciervos, ciervos", la continuidad de esas palabras ya no me ofrecía el sentido límpido y la lógica que me expresaban tan naturalmente todavía un instante antes y que ya no podía recordar. No comprendía siquiera por qué la palabra Aias que me dijera hacía un rato mi padre significó inmediatamente: "Ten cuidado de no enfriarte", sin ninguna duda posible. Había olvidado cerrar las celosías, y me despertó la luz del día. Pero mis ojos no pudieron soportar esas corrientes del mar que mi abuela podía contemplar antes durante horas; la nueva imagen de su indiferente belleza se completaba enseguida por la idea de que ella no las veía; porque hubiera querido evitar a su ruido mis oídos, porque ahora la plenitud luminosa de la playa cavaba un vacío en mi corazón: todo parecía decirme, como esos senderos y ese césped de un jardín público donde antaño la había perdido cuando era muy niño: “No la hemos visto”, ybajo la redondez del cielo pálido ydivino me sentía oprimido como bajo una inmensa campana azulada que cerraba un horizonte donde no estaba mi abuela. Para no ver ya nada, me volví hacia la pared; pero, ¡ay!, lo que tenía junto a mí era ese tabique que antes servia entre ambos como mensajero matutino, ese tabique tan dócil como un violín para expresar todos los matices de un sentimiento, que le decía tan exactamente a mi abuela,, al mismo tiempo, mi temor de despertarla y, si estaba despierta, que no me oyera yque no se atreviese a moverse; luego, enseguida, la réplica de un segundo instrumento que me anunciaba su llegada y me invitaba a la calma. No me atrevía a acercarme a ese tabique, como si fuera un piano en el que hubiera tocado mi abuela y que aún vibrara por su tocar. Sabía que ahora podía golpear más fuerte aún, que nada podría despertarla ya, que no oiría ninguna contestación, que ya no vendría mi abuela. Y no le pedía nada más a Dios, si existe un Paraíso, que poder dar en ese tabique los tres golpecitos que mi abuela reconocería entre miles y a los que contestaría con esos otros golpes que querían decir: “No te agites, lauchita; comprendo que estás impaciente, pero voy a llegar”, y que me dejase con ella toda la eternidad, que no sería demasiado larga para nosotros.
Le directeur vint me demander si je ne voulais pas descendre. A tout hasard il avait veillé à mon «placement» dans la salle à manger. Comme il ne m′avait pas vu, il avait craint que je ne fusse repris de mes étouffements d′autrefois. Il espérait que ce ne serait qu′un tout petit «maux de gorge» et m′assura avoir entendu dire qu′on les calmait à l′aide de ce qu′il appelait: le «calyptus». El director vino a preguntarme si quería bajar. Ante cualquier eventualidad, había cuidado mi colocación en el comedor. Como no me había visto, temió que me volvieran esos ahogos de antes. Esperaba que sólo fuese un dolorcito de garganta, y me aseguró haber oído que se los calmaba con ayuda de lo que él llamaba el caliptus.
Il me remit un petit mot d′Albertine. Elle n′avait pas dû venir à Balbec cette année, mais, ayant changé de projets, elle était depuis trois jours, non à Balbec même, mais à dix minutes par le tram, à une station voisine. Craignant que je ne fusse fatigué par le voyage, elle s′était abstenue pour le premier soir, mais me faisait demander quand je pourrais la recevoir. Je m′informai si elle était venue elle-même, non pour la voir, mais pour m′arranger à ne pas la voir. «Mais oui, me répondit le directeur. Mais elle voudrait que ce soit le plus tôt possible, à moins que vous n′ayez pas de raisons tout à fait nécessiteuses. Vous voyez, conclut-il, que tout le monde ici vous désire, en définitif.» Mais moi, je ne voulais voir personne. Me entregó unas líneas de Albertina. No debía venir a Balbec este año; pero, como había cambiado de proyectos, estaba desde hacía tres días no ya en la misma Balbec, sino a diez minutos de tranvía, en una estación vecina. Temiendo que me hubiese cansado el viaje, se había abstenido la primera noche, pero me preguntaba cuándo podría recibirla. Averigüé si había venido en persona no para verla, sino para arreglarme de modo de no verla. “-Sí, me contestó el director-. Pero ella desearía que fuese lo antes posible, a menos que no tenga usted motivos completamente necesitosos. Usted ve -concluyó- que todo el mundo lo desea aquí, en definitivo”. Pero yo no quería ver a nadie.
Et pourtant, la veille, à l′arrivée, je m′étais senti repris par le charme indolent de la vie de bains de mer. Le même lift, silencieux, cette fois, par respect, non par dédain, et rouge de plaisir, avait mis en marche l′ascenseur. M′élevant le long de la colonne montante, j′avais retraversé ce qui avait été autrefois pour moi le mystère d′un hôtel inconnu, où quand on arrive, touriste sans protection et sans prestige, chaque habitué qui rentre dans sa chambre, chaque jeune fille qui descend dîner, chaque bonne qui passe dans les couloirs étrangement délinéamentés, et la jeune fille venue d′Amérique avec sa dame de compagnie et qui descend dîner, jettent sur vous un regard où l′on ne lit rien de ce qu′on aurait voulu. Cette fois-ci, au contraire, j′avais éprouvé le plaisir trop reposant de faire la montée d′un hôtel connu, où je me sentais chez moi, où j′avais accompli une fois de plus cette opération toujours à recommencer, plus longue, plus difficile que le retournement de la paupière, et qui consiste à poser sur les choses l′âme qui nous est familière au lieu de la leur qui nous effrayait. Faudrait-il maintenant, m′étais-je dit, ne me doutant pas du brusque changement d′âme qui m′attendait, aller toujours dans d′autres hôtels, où je dînerais pour la première fois, où l′habitude n′aurait pas encore tué, à chaque étage, devant chaque porte, le dragon terrifiant qui semblait veiller sur une existence enchantée, où j′aurais à approcher de ces femmes inconnues que les palaces, les casinos, les plages ne font, à la façon des vastes polypiers, que réunir et faire vivre en commun? Sin embargo, al llegar la víspera me había invadido de nuevo el encanto indolente de la vida de baños de mar. El mismo ascensorista silencioso, estás vez no por desdén, sino por respeto, y rojo de placer había puesto en marcha el ascensor. Subiendo a lo largo de la columna trepadora, volví a atravesar lo que antes fuera para mí el misterio de un hotel desconocido, donde cuando uno llega, turista sin protección y sin prestigio, cada cliente que vuelve a su cuarto, cada jovencita que baja a cenar, cada sirvienta que pasa por los corredores extrañamente delineados y la joven que había vuelto de América con su dama de compañía y que baja a cenar, echan una mirada sobre uno en la que no se lee nada de lo que se quería. Esta vez, al contrario, experimenté el placer harto descansado de subir en un hotel conocido, donde me sentía como en mi casa, donde llevé a cabo esa operación que había que volver a empezar siempre, más larga y más difícil que el vuelco de un párpado y que consiste en posar sobre las cosas el alma que nos es familiar, en lugar de la de ellos, que nos espantaba. ¿Acaso -me había dicho, no dudando del brusco cambio de alma que me esperaba- sería necesario ir siempre a otros hoteles, donde cenaría por vez primera, donde la costumbre no habría matado en cada piso, ante cada puerta, el dragón terrible que parece custodiar una existencia de encantamiento, donde tendría que acercarme a esas mujeres desconocidas que los palaces, los casinos ylas playas reúnen como vastos poliperos y hacen vivir en común?
J′avais ressenti du plaisir même à ce que l′ennuyeux premier président fût si pressé de me voir; je voyais, pour le premier jour, des vagues, les chaînes de montagne d′azur de la mer, ses glaciers et ses cascades, son élévation et sa majesté négligente — rien qu′à sentir, pour la première fois depuis si longtemps, en me lavant les mains, cette odeur spéciale des savons trop parfumés du Grand-Hôtel — laquelle, semblant appartenir à la fois au moment présent et au séjour passé, flottait entre eux comme le charme réel d′une vie particulière où l′on ne rentre que pour changer de cravates. Les draps du lit, trop fins, trop légers, trop vastes, impossibles à border, à faire tenir, et qui restaient soufflés autour des couvertures en volutes mouvantes, m′eussent attristé autrefois. Ils bercèrent seulement, sur la rondeur incommode et bombée de leurs voiles, le soleil glorieux et plein d′espérances du premier matin. Mais celui-ci n′eut pas le temps de paraître. Dans la nuit même l′atroce et divine présence avait ressuscité. Je priai le directeur de s′en aller, de demander que personne n′entrât. Je lui dis que je resterais couché et repoussai son offre de faire chercher chez le pharmacien l′excellente drogue. Il fut ravi de mon refus car il craignait que des clients ne fussent incommodés par l′odeur du «calyptus». Ce qui me valut ce compliment: «Vous êtes dans le mouvement» (il voulait dire: «dans le vrai»), et cette recommandation: «Faites attention de ne pas vous salir à la porte, car, rapport aux serrures, je l′ai faite «induire» d′huile; si un employé se permettait de frapper à votre chambre il serait «roulé» de coups. Et qu′on se le tienne pour dit car je n′aime pas les «répétitions» (évidemment cela signifiait: je n′aime pas répéter deux fois les choses). Seulement, est-ce que vous ne voulez pas pour vous remonter un peu du vin vieux dont j′ai en bas une bourrique (sans doute pour barrique)? Je ne vous l′apporterai pas sur un plat d′argent comme la tête de Jonathan, et je vous préviens que ce n′est pas du Château-Lafite, mais c′est à peu près équivoque (pour équivalent). Et comme c′est léger, on pourrait vous faire frire une petite sole.» Je refusai le tout, mais fus surpris d′entendre le nom du poisson (la sole) être prononcé comme l′arbre le saule, par un homme qui avait dû en commander tant dans sa vie. Había experimentado placer hasta porque el aburrido presidente primero demostraba apuro en verme; el primer día, vela olas; las cadenas de montañas azules del mar, sus glaciares y sus cascadas, su elevación y su descuidada majestad, nada más que al sentir por primera vez en tanto tiempo, mientras me lavaba las manos, ese olor especial de los jabones demasiado perfumados del Grand-Hotel, que pareciendo pertenecer a la vez al momento presente y a la permanencia pasada, flotaba entre ellos como el encanto real de una vida particular a la que no se vuelve sino para cambiar corbatas. Las sábanas de cama, demasiado finas, demasiado leves, demasiado amplias, imposible de colocar y contenerse bajo el colchón yque quedaban como sopladas bajo las frazadas en móviles volutas, me hubiesen entristecido antaño. Acunaron solamente sobre la redondez incómoda; henchida de sus velas, el sol glorioso y lleno de esperanza de la madrugada. Pero éste no tuvo tiempo de salir. En la misma noche había resucitado la atroz y divina presencia. Le rogué al director que se fuera y que no entrara nadie. Le dije que me quedaría acostado yrechacé su ofrecimiento de ir a buscar la excelente droga al farmacéutico. Le encantó mi negativa porque temía que a algunos clientes les molestara el olor del caliptus. Lo que acarreó este cumplido: “-Está usted en el movimiento” (quería decir: en lo cierto), yesta recomendación: “Tenga cuidado de no ensuciarse con la puerta, porque debido a las cerraduras la hice inducir de aceite. Si mi empleado se permitiese golpear a su cuarto, lo echarían al suelo a golpes Y que lo sepan de una vez, porque no me gustan los ensayos (evidentemente, eso significaba que no le gustaba repetir las cosas). Para entonarse, ¿no quiere un poco de vino añejo del que tengo abajo una borrica? (sin duda por barrica). No se lo traeré en bandeja de plata, como la cabeza de Jonathan, y le prevengo que no es Cháteau-Laffite, pero es más o menos equívoco (por equivalente). Y como es tan liviano, le podríamos hacer freír un lenguadito”. Rechacé todo, pero me sorprendió que un hombre que debía haberlos encargado toda su vida, pronunciara el nombre del pescado como el árbol de sauce. A pesar de las promesas del director me trajeron poco más tarde la tarjeta doblada de la marquesa de Cambremer.
Malgré les promesses du directeur, on m′apporta un peu plus tard la carte cornée de la marquise de Cambremer. Venue pour me voir, la vieille dame avait fait demander si j′étais là, et quand elle avait appris que mon arrivée datait seulement de la veille, et que j′étais souffrant, elle n′avait pas insisté, et (non sans s′arrêter sans doute devant le pharmacien, ou la mercière, chez lesquels le valet de pied, sautant du siège, entrait payer quelque note ou faire des provisions) la marquise était repartie pour Féterne, dans sa vieille calèche à huit ressorts attelée de deux chevaux. Assez souvent d′ailleurs, on entendait le roulement et on admirait l′apparat de celle-ci dans les rues de Balbec et de quelques autres petites localités de la côte, situées entre Balbec et Féterne. Non pas que ces arrêts chez des fournisseurs fussent le but de ces randonnées. Il était au contraire quelque goûter, ou garden-party, chez un hobereau ou un bourgeois fort indignes de la marquise. Mais celle-ci, quoique dominant de très haut, par sa naissance et sa fortune, la petite noblesse des environs, avait, dans sa bonté et sa simplicité parfaites, tellement peur de décevoir quelqu′un qui l′avait invitée, qu′elle se rendait aux plus insignifiantes réunions mondaines du voisinage. Certes, plutôt que de faire tant de chemin pour venir entendre, dans la chaleur d′un petit salon étouffant, une chanteuse généralement sans talent et qu′en sa qualité de grande dame de la région et de musicienne renommée il lui faudrait ensuite féliciter avec exagération, Mme de Cambremer eût préféré aller se promener ou rester dans ses merveilleux jardins de Féterne au bas desquels le flot assoupi d′une petite baie vient mourir au milieu des fleurs. Mais elle savait que sa venue probable avait été annoncée par le maître de maison, que ce fût un noble ou un franc-bourgeois de Maineville-la-Teinturière ou de Chatton-court-l′Orgueilleux. Or, si Mme de Cambremer était sortie ce jour-là sans faire acte de présence à la fête, tel ou tel des invités venu d′une des petites plages qui longent la mer avait pu entendre et voir la calèche de la marquise, ce qui eût ôté l′excuse de n′avoir pu quitter Féterne. D′autre part, ces maîtres de maison avaient beau avoir vu souvent Mme de Cambremer se rendre à des concerts donnés chez des gens où ils considéraient que ce n′était pas sa place d′être, la petite diminution qui, à leurs yeux, était, de ce fait, infligée à la situation de la trop bonne marquise disparaissait aussitôt que c′était eux qui recevaient, et c′est avec fièvre qu′ils se demandaient s′ils l′auraient ou non à leur petit goûter. Quel soulagement à des inquiétudes ressenties depuis plusieurs jours, si, après le premier morceau chanté par la fille des maîtres de la maison ou par quelque amateur en villégiature, un invité annonçait (signe infaillible que la marquise allait venir à la matinée) avoir vu les chevaux de la fameuse calèche arrêtés devant l′horloger ou le droguiste. La anciana que viniera a verme, averiguó si estaba ayo allí y no insistió cuando supo que había llegado solamente la víspera y que estaba indispuesto, y (no sin detenerse en lo del farmacéutico o la mercera, donde el lacayo bajaba de un brinco, entraba a pagar alguna factura o a hacer provisiones) había vuelto hacia Féterne en su vieja calesa de ocho resortes y dos caballos. Bastante a menudo, por otra parte, se la oía rodar yse admiraba su aparatosidad en las calles de Balbec yotras pequeñas localidades de la costa, situadas entre Balbec y Féterne. Y no era que esas paradas en casa de los proveedores fuesen el objetivo de sus paseos. Por el contrario, era algún té, algún Garden-party, en casa de algún hidalgüelo o un burgués, muy indignos de la marquesa Pero, aunque ésta dominara desde muy alto, por su nacimiento y su fortuna, a la pequeña nobleza de los alrededores, tenía tanto mudo, en su bondad y su sencillez perfectas, de decepcionar a alguien que la invitara que asistía a las reuniones sociales más insignificantes de la vecindad. En verdad, antes que recorrer tanto trayecto para oír, en medio del calor de un saloncito asfixiante, a una cantante generalmente sin talento yque, como gran dama de la región ymúsica afamada debería luego felicitar con exageración, la señora de Cambremer hubiese preferido pasear o quedarse en sus maravillosos jardines de Féterne, bajo los cuales las aguas dormidas de una bahía minúscula agonizan entre las flores. Pero ella sabía que su llegada probable había sido anunciada por el dueño de casa, ya fuese un noble o un burgués de Maineville-la-Teinturiére o de Chattóncourt-l′ Orgueilleux. Y si la señora de Cambremer salía ese día sin hacer acto de presencia en la fiesta, tal o cual de los invitados llegado de una de las pequeñas playas que costean el mar, pudo oír y ver la calesa de la marquesa, lo que anularía la excusa de no haber podido dejar a Féterbe. Por otra parte, por más que esos dueños de casa vieron a menudo a la señora de Cambremer en conciertos de gente a cuya casa consideraban que no le correspondía asistir, la pequeña disminución que por ese hecho le infligía a sus ojos la situación de la demasiado buena marquesa, desaparecía dan pronto eran ellos los que recibían, y pensaban afiebradamente si la tendrían o no en su pequeño té. Qué alivio para las inquietudes de días atrás si después del primer trozo cantado por la hija de los dueños de casa o por algún aficionado de vacaciones, un invitado anunciaba (infalible señal de que asistiría la marquesa) haber visto los caballos de la famosa calesa frente al relojero o al droguista.
Alors Mme de Cambremer (qui, en effet, n′allait pas tarder à entrer, suivie de sa belle-fille, des invités en ce moment à demeure chez elle, et qu′elle avait demandé la permission, accordée avec quelle joie, d′amener) reprenait tout son lustre aux yeux des maîtres de maison, pour lesquels la récompense de sa venue espérée avait peut-être été la cause déterminante et inavouée de la décision qu′ils avaient prise il y a un mois: s′infliger les tracas et faire les frais de donner une matinée. Voyant la marquise présente à leur goûter, ils se rappelaient non plus sa complaisance à se rendre à ceux de voisins peu qualifiés, mais l′ancienneté de sa famille, le luxe de son château, l′impolitesse de sa belle-fille née Legrandin qui, par son arrogance, relevait la bonhomie un peu fade de la belle-mère. Déjà ils croyaient lire, au courrier mondain du Gaulois, l′entrefilet qu′ils cuisineraient eux-mêmes en famille, toutes portes fermées à clef, sur «le petit coin de Bretagne où l′on s′amuse ferme, la matinée ultra-select où l′on ne s′est séparé qu′après avoir fait promettre aux maîtres de maison de bientôt recommencer». Chaque jour ils attendaient le journal, anxieux de ne pas avoir encore vu leur matinée y figurer, et craignant de n′avoir eu Mme de Cambremer que pour leurs seuls invités et non pour la multitude des lecteurs. Enfin le jour béni arrivait: «La saison est exceptionnellement brillante cette année à Balbec. La mode est aux petits concerts d′après-midi, etc . . . » Dieu merci, le nom de Mme de Cambremer avait été bien orthographié et «cité au hasard», mais en tête. Il ne restait plus qu′à paraître ennuyé de cette indiscrétion des journaux qui pouvait amener des brouilles avec les personnes qu′on n′avait pu inviter, et à demander hypocritement, devant Mme de Cambremer, qui avait pu avoir la perfidie d′envoyer cet écho dont la marquise bienveillante et grande dame, disait: «Je comprends que cela vous ennuie, mais pour moi je n′ai été que très heureuse qu′on me sût chez vous.» Entonces la señora de Cambremer (que, en efecto, no tardaría en entrar, seguida por su nuera, e invitados que en ese momento vivían en su casa y para los que había solicitado autorización de traerlos, la que se le concedía con tanto gusto) recobraba todo su brillo a los ojos de los dueños de casa, para los cuales la recompensa de su ansiada llegada había sido quizás la causa determinante e inconfesada de la decisión que tomaran un mes atrás: tomarse las molestias y afrontar los gastos de una reunión. Al ver que la marquesa estaba presente en su té, ya no recordaban su complacencia para asistir a casa de los vecinos poco calificados, sino la antigüedad de su familia, el lujo de su castillo, la descortesía de su nuera Legrandin, que con su arrogancia corregía la bonhomía un poco insulsa de la suegra. Ya creían leer en las crónicas sociales del Gaulois la nota que cocinarían ellos mismos en familia, a puertas cerradas, acerca de “ese rinconcito de Bretaña” donde se divierten parejo, la fiesta ultraselecta de donde no se despide uno más que después de haber hecho prometer a los dueños de casa que pronto volverán a empezar. Cada día esperaban el diario, ansioso al no haber visto aún figurar su reunión, y temiendo que la señora de Cambremer no hubiese estado más que para los invitados y no para la multitud de los lectores. Por fin llegaba el día bendito: “La estación es excepcionalmente brillante este año en Balbec. La moda indica los pequeños conciertos vespertinos, etc.” A Dios gracias, el nombre de la señora de Cambremer estaba bien escrito y “nombrado al azar”, pero a la cabecera. Sólo restaba aparentar fastidio por esa indiscreción de los diarios, que podía acarrear disgustos con las personas que no había podido invitarse y preguntar hipócritamente delante de la señora de Cambremer quién pudo cometer la perfidia de mandar esa nota de la que decía la marquesa, benevolente y gran señora: “Comprendo que eso les disguste, pero a mí me encantó que me supieran en su casa”.
Sur la carte qu′on me remit, Mme de Cambremer avait griffonné qu′elle donnait une matinée le surlendemain. Et certes il y a seulement deux jours, si fatigué de vie mondaine que je fusse, c′eût été un vrai plaisir pour moi que de la goûter transplantée dans ces jardins où poussaient en pleine terre, grâce à l′exposition de Féterne, les figuiers, les palmiers, les plants de rosiers, jusque dans la mer souvent d′un calme et d′un bleu méditerranéens et sur laquelle le petit yacht des propriétaires allait, avant le commencement de la fête, chercher, dans les plages de l′autre côté de la baie, les invités les plus importants, servait, avec ses vélums tendus contre le soleil, quand tout le monde était arrivé, de salle à manger pour goûter, et repartait le soir reconduire ceux qu′il avait amenés. Luxe charmant, mais si coûteux que c′était en partie afin de parer aux dépenses qu′il entraînait que Mme de Cambremer avait cherché à augmenter ses revenus de différentes façons, et notamment en louant, pour la première fois, une de ses propriétés, fort différente de Féterne: la Raspelière. Oui, il y a deux jours, combien une telle matinée, peuplée de petits nobles inconnus, dans un cadre nouveau, m′eût changé de la «haute vie» parisienne! Mais maintenant les plaisirs n′avaient plus aucun sens pour moi. J′écrivis donc à Mme de Cambremer pour m′excuser, de même qu′une heure avant j′avais fait congédier Albertine: le chagrin avait aboli en moi la possibilité du désir aussi complètement qu′une forte fièvre coupe l′appétit . . . Ma mère devait arriver le lendemain. Il me semblait que j′étais moins indigne de vivre auprès d′elle, que je la comprendrais mieux, maintenant que toute une vie étrangère et dégradante avait fait place à la remontée des souvenirs déchirants qui ceignaient et ennoblissaient mon âme, comme la sienne, de leur couronne d′épines. Je le croyais; en réalité il y a bien loin des chagrins véritables comme était celui de maman — qui vous ôtent littéralement la vie pour bien longtemps, quelquefois pour toujours, dès qu′on a perdu l′être qu′on aime —à ces autres chagrins, passagers malgré tout, comme devait être le mien, qui s′en vont vite comme ils sont venus tard, qu′on ne connaît que longtemps après l′événement parce qu′on a eu besoin pour les ressentir de les comprendre; chagrins comme tant de gens en éprouvent, et dont celui qui était actuellement ma torture ne se différenciait que par cette modalité du souvenir involontaire. Encima de la tarjeta que me entregaron, la señora de Campremer había garrapateado que ofrecía una reunión al día siguiente. Y en verdad, sólo dos días antes, por cansado que estuviese de la vida mundana, hubiera sido para mí un verdadero placer saborearla trasplantada a esos jardines donde crecían en plena tierra, gracias a la exposición de Féterne, las higueras, las palmeras, plantas de rosales yhasta al mar a menudo azul y tranquilo como el Mediterráneo, y sobre el cual el pequeño yate de los propietarios iba antes de la fiesta a buscar a las playas del otro lado de la bahía a los invitados más importantes; servía de comedor para el té, con sus terciopelos tendidos contra el sol cuando habían llegado todos, y salía de nuevo por la noche para volver a llevar a los que trajera. Lujo encantador pero tan costoso que, para proveer en parte a los gastos que ocasionaba, la señora de Cambremer trató de aumentar sus rentas de varias maneras, especialmente alquilando por primera vez una de sus propiedades muy distinta a Féterne: la Raspeliére. SI, hace dos días, ¡cómo semejante fiesta, poblada por pequeños nobles desconocidos en un nuevo marco, me hubiese descansado de la “alta vida” parisiense! Pero ahora los placeres no tenían ningún sentido para mí. Escribí, pues, para disculparme a la señora de Cambremer, por lo mismo que una hora ante había despachado a Albertina: el pesar había aniquilado en mí la posibilidad del deseo tan completamente como una fiebre fuerte corta el apetito... Mi madre debía llegar al día siguiente. Me parecía que era menos indigno de vivir junto a ella, que la comprendería mejor, ahora que toda una vida extraña y degradante había dejado lugar a recuerdos desgarradores que ceñían y ennoblecían tanto mi alma como la suya con una corona de espinas. Lo creía; en realidad, hay mucha distancia entre las penas verdaderas como la de mi madre, que le quitan literalmente la vida a uno por mucho tiempo, a veces para siempre, en cuanto se ha perdido al ser que se quiere; y esas otras penas transitorias, a pesar de todo, como debían de ser las mías, que se van pronto como han llegado tarde, que se conocen después del acontecimiento, porque se necesita comprenderlas para sufrirlas; penas como las soporta tanta gente y que constituían actualmente mi tortura y no se distinguían más que por esa modalidad del recuerdo involuntario.
Quant à un chagrin aussi profond que celui de ma mère, je devais le connaître un jour, on le verra dans la suite de ce récit, mais ce n′était pas maintenant, ni ainsi que je me le figurais. Néanmoins, comme un récitant qui devrait connaître son rôle et être à sa place depuis bien longtemps mais qui est arrivé seulement à la dernière seconde et, n′ayant lu qu′une fois ce qu′il a à dire, sait dissimuler assez habilement, quand vient le moment où il doit donner la réplique, pour que personne ne puisse s′apercevoir de son retard, mon chagrin tout nouveau me permit, quand ma mère arriva, de lui parler comme s′il avait toujours été le même. Elle crut seulement que la vue de ces lieux où j′avais été avec ma grand′mère (et ce n′était d′ailleurs pas cela) l′avait réveillé. Pour la première fois alors, et parce que j′avais une douleur qui n′était rien à côté de la sienne, mais qui m′ouvrait les yeux, je me rendis compte avec épouvante de ce qu′elle pouvait souffrir. Pour la première fois je compris que ce regard fixe et sans pleurs (ce qui faisait que Françoise la plaignait peu) qu′elle avait depuis la mort de ma grand′mère était arrêté sur cette incompréhensible contradiction du souvenir et du néant. D′ailleurs, quoique toujours dans ses voiles noirs, plus habillée dans ce pays nouveau, j′étais plus frappé de la transformation qui s′était accomplie en elle. Ce n′est pas assez de dire qu′elle avait perdu toute gaîté; fondue, figée en une sorte d′image implorante, elle semblait avoir peur d′offenser d′un mouvement trop brusque, d′un son de voix trop haut, la présence douloureuse qui ne la quittait pas. Mais surtout, dès que je la vis entrer, dans son manteau de crêpe, je m′aperçus — ce qui m′avait échappé à Paris — que ce n′était plus ma mère que j′avais sous les yeux, mais ma grand′mère. Comme dans les familles royales et ducales, à la mort du chef le fils prend son titre et, de duc d′Orléans, de prince de Tarente ou de prince des Laumes, devient roi de France, duc de la Trémoe, duc de Guermantes, ainsi souvent, par un avènement d′un autre ordre et de plus profonde origine, le mort saisit le vif qui devient son successeur ressemblant, le continuateur de sa vie interrompue. Peut-être le grand chagrin qui suit, chez une fille telle qu′était maman, la mort de sa mère, ne fait-il que briser plus tôt la chrysalide, hâter la métamorphose et l′apparition d′un être qu′on porte en soi et qui, sans cette crise qui fait brûler les étapes et sauter d′un seul coup des périodes, ne fût survenu que plus lentement. Peut-être dans le regret de celle qui n′est plus y a-t-il une espèce de suggestion qui finit par amener sur nos traits des similitudes que nous avions d′ailleurs en puissance, et y a-t-il surtout arrêt de notre activité plus particulièrement individuelle (chez ma mère, de son bon sens, de la gaîté moqueuse qu′elle tenait de son père), que nous ne craignions pas, tant que vivait l′être bien-aimé, d′exercer, fût-ce à ses dépens, et qui contre-balançait le caractère que nous tenions exclusivement de lui. Une fois qu′elle est morte, nous aurions scrupule à être autre, nous n′admirons plus que ce qu′elle était, ce que nous étions déjà, mais mêlé à autre chose, et ce que nous allons être désormais uniquement. C′est dans ce sens-là (et non dans celui si vague, si faux où on l′entend généralement) qu′on peut dire que la mort n′est pas inutile, que le mort continue à agir sur nous. Il agit même plus qu′un vivant parce que, la véritable réalité n′étant dégagée que par l′esprit, étant l′objet d′une opération spirituelle, nous ne connaissons vraiment que ce que nous sommes obligés de recréer par la pensée, ce que nous cache la vie de tous les jours . . . Enfin dans ce culte du regret pour nos morts, nous vouons une idolâtrie à ce qu′ils ont aimé. Non seulement ma mère ne pouvait se séparer du sac de ma grand′mère, devenu plus précieux que s′il eût été de saphirs et de diamants, de son manchon, de tous ces vêtements qui accentuaient encore la ressemblance d′aspect entre elles deux, mais même des volumes de Mme de Sévigné que ma grand′mère avait toujours avec elle, exemplaires que ma mère n′eût pas changés contre le manuscrit même des lettres. Elle plaisantait autrefois ma grand′mère qui ne lui écrivait jamais une fois sans citer une phrase de Mme de Sévigné ou de Mme de Beausergent. Dans chacune des trois lettres que je reçus de maman avant son arrivée à Balbec, elle me cita Mme de Sévigné comme si ces trois lettres eussent été non pas adressées par elle à moi, mais par ma grand′mère adressées à elle. Elle voulut descendre sur la digue voir cette plage dont ma grand′mère lui parlait tous les jours en lui écrivant. Tenant à la main l′«en tous cas» de sa mère, je la vis de la fenêtre s′avancer toute noire, à pas timides, pieux, sur le sable que des pieds chéris avaient foulé avant elle, et elle avait l′air d′aller à la recherche d′une morte que les flots devaient ramener. Pour ne pas la laisser dîner seule, je dus descendre avec elle. Le premier président et la veuve du bâtonnier se firent présenter à elle. Et tout ce qui avait rapport à ma grand′mère lui était si sensible qu′elle fut touchée infiniment, garda toujours le souvenir et la reconnaissance de ce que lui dit le premier président, comme elle souffrit avec indignation de ce qu′au contraire la femme du bâtonnier n′eût pas une parole de souvenir pour la morte. En réalité, le premier président ne se souciait pas plus d′elle que la femme du bâtonnier. Les paroles émues de l′un et le silence de l′autre, bien que ma mère mît entre eux une telle différence, n′étaient qu′une façon diverse d′exprimer cette indifférence que nous inspirent les morts. Mais je crois que ma mère trouva surtout de la douceur dans les paroles où, malgré moi, je laissai passer un peu de ma souffrance. Elle ne pouvait que rendre maman heureuse (malgré toute la tendresse qu′elle avait pour moi), comme tout ce qui assurait à ma grand′mère une survivance dans les coeurs. Tous les jours suivants ma mère descendit s′asseoir sur la plage, pour faire exactement ce que sa mère avait fait, et elle lisait ses deux livres préférés, les Mémoires de Mme de Beausergent et les Lettres de Mme de Sévigné. Elle, et aucun de nous, n′avait pu supporter qu′on appelât cette dernière la «spirituelle marquise», pas plus que La Fontaine «le Bonhomme». Mais quand elle lisait dans les lettres ces mots: «ma fille», elle croyait entendre sa mère lui parler. Un pesar tan hondo como el de mi madre, debía conocerlo un día, ya se verá en la continuación de este relato, pero no ahora ni como me lo imaginaba. Sin embargo -como un recitador que debiera conocer su papel y ocupar su lugar desde hace mucho tiempo, pero que sólo llega a último momento y no ha leído más que una vez lo que tiene que decir, sabe disimular con la suficiente habilidad cuando le llega el momento, para que nadie pueda advertir su atraso, mi pena completamente nueva me permitió hablarle a mi madre, cuando llegó, como si siempre hubiera sido la misma. Sólo creyó que esos lugares en que había estado con mi abuela (y además no era eso) la habían despertado. Entonces por primera vez, y porque mi dolor era insignificante al lado del suyo, pero me abría los ojos, comprendí con espanto lo que podía sufrir. Por primera vez comprendí que esa mirada fija y sin lágrimas (lo que hacía que Francisca la compadeciera escasamente) que tenía desde la muerte de mi abuela, estaba detenida sobre la incomprensible contradicción del recuerdo y de la nada. Por otra parte aunque envuelta siempre en sus negros velos, más vestida en esa nueva región, me chocaba más la transformación que en ella se llevara a cabo. No bastaba decir que había perdido toda alegría; fundida, congelada en una especie de imagen implorante, parecía tener miedo de ofender con un movimiento demasiado brusco, con un timbre de voz demasiado alto, la presencia dolorosa que no la abandonaba. Pero especialmente desde que la vi entrar con su tapado de crespón, advertí - lo que se me había escapado en París que no era mi madre la que tenía bajo los ojos, sino mi abuela. Así como en las familias reales y ducales, a la muerte del jefe, el hijo toma su título, y de duque de Orleáns, de príncipe de Tarento o de príncipe de Laumes, se convierte en rey de Francia, duque de la Trémoille, duque de Guermantes, a menudo por un acontecimiento de otro orden y más hondo origen, el muerto atrapa al vivo, que se hace su sucesor parecido y continuador de su vida interrumpida. Quizás la inmensa pena que para una mujer tal como mamá sigue a la muerte de su madre, no hace más que romper la crisálida antes que apresurar la metamorfosis yla aparición del ser que uno lleva en sí yque sin esa crisis que hace quemar etapas y saltar de golpe los períodos hubiese sobrevenido más lentamente. Tal vez en el remordimiento de la que ya no está, hay una suerte de sugestión que acaba por traer a nuestros rasgos similitudes que teníamos en potencia, por otra parte, y se detiene nuestra actividad más particularmente individual (en mi madre, su buen sentido, la burlona alegría que tenía de su padre), que no temíamos ejercer mientras vivía el ser muy querido, así fuera a sus expensas y que equilibraba el carácter que teníamos exclusivamente de él.. Una vez muerta, tendríamos escrúpulos de ser otro, ya no admiramos más que lo que era, lo que ya éramos, pero incorporado a otra cosa y lo que vamos a ser en adelante únicamente. Es en ese sentido (y no en aquel tan vago y tan falso que se acepta generalmente) que puede decirse que la muerte no es inútil y que el muerto continúa obrando sobre nosotros. Y obra más que un vivo, porque ya que la verdadera realidad no se desprende más que del espíritu, y como es objeto de una operación espiritual, no conocemos verdaderamente más que lo que estamos obligados a recrear con el pensamiento, lo que nos oculta la vida de todos los días... En fin, dedicamos en ese culto del pesar por nuestros muertos una idolatría a lo que han querido. No sólo no podía separarse mi madre de la cartera de mi abuela, más preciosa para ella que si fuera de zafiros y diamantes; de su manguito, de toda esa ropa que acentuaba más el parecido entre ambas, sino de los volúmenes de Mme. de Sevigné que mi abuela tenía siempre consigo, ejemplares que mi madre no cambiara por el mismo manuscrito de las cartas. Antes le daba bromas a mi abuela porque nunca le escribía sin citar una frase de Mme. de Sévigné o de la señora de Beausargent. En cada una de las tres cartas que recibí de mamá antes de su llegada a Balbec, me citó a Mme. de Sévigné, como si esas tres cartas no me las hubiese dirigido a mí, sino que mi abuela se las hubiese dirigido a ella. Quiso bajar al dique para ver la playa de que le hablaba mi abuela todos los días al escribirle. Teniendo en la mano el en tous cas de su madre, la vi avanzar desde la ventana vestida de negro, con pasos tímidos y piadosos, sobre la arena que antes que ella hollaran pies queridos y parecía ir en búsqueda de una muerte que debían volver a traer las aguas. Para no dejarla cenar sola, tuve que bajar con ella. El presidente primero y la viuda del presidente del Colegio de Abogados se hicieron presentar. Y todo lo que se relacionaba con mi abuela le era tan sensible que la conmovió infinitamente y guardó siempre el recuerdo y el agradecimiento de lo que dijo el presidente primero, y cómo sufrió con indignación porque, al contrario, la mujer del presidente del Colegio de Abogados no tuvo una palabra de recuerdo para la muerta. En realidad, al presidente primero le importaba tanto como a la mujer del presidente del Colegio de Abogados. Las palabras conmovidas de uno y el silencio de la otra, aunque mi madre hiciese entre ellos tal diferencia, no eran más que una manera distinta de expresar esa indiferencia que nos inspiran los muertos. Pero creo que mi madre encontró una especial dulzura en las palabras que, a pesar de mí mismo, dejaban traslucir un poco de mi sufrimiento. No podía dejar de hacer feliz a mamá (a pesar de la ternura que sentía por mí), como todo lo que le aseguraba a mi abuela una supervivencia en los corazones. Los días siguientes mi madre bajó a la playa para sentarse, para hacer exactamente lo que hacía su madre, yleer sus dos libros favoritos: las Memorias de la señora de Beausargent ylas Cartas de la señora de Sévigné. Ella yninguno de nosotros pudo soportar que se llamase a esta última la “marquesa ingeniosa”, como el “buen hombre”, a La Fontaine. Pero cuando leía en las cartas esas palabras: “mi hija”, creía oír que su madre le hablaba.
Elle eut la mauvaise chance, dans un de ces pèlerinages où elle ne voulait pas être troublée, de rencontrer sur la plage une dame de Combray, suivie de ses filles. Je crois que son nom était Mme Poussin. Mais nous ne l′appelions jamais entre nous que «Tu m′en diras des nouvelles», car c′est par cette phrase perpétuellement répétée qu′elle avertissait ses filles des maux qu′elles se préparaient, par exemple en disant à l′une qui se frottait les yeux: «Quand tu auras une bonne ophtalmie, tu m′en diras des nouvelles.» Elle adressa de loin à maman de longs saluts éplorés, non en signe de condoléance, mais par genre d′éducation. Elle eût fait de même si nous n′eussions pas perdu ma grand′mère et n′eussions eu que des raisons d′être heureux. Vivant assez retirée à Combray, dans un immense jardin, elle ne trouvait jamais rien assez doux et faisait subir des adoucissements aux mots et aux noms mêmes de la langue française. Elle trouvait trop dur d′appeler «cuiller» la pièce d′argenterie qui versait ses sirops, et disait en conséquence «cueiller»; elle eût eu peur de brusquer le doux chantre de Télémaque en l′appelant rudement Fénelon — comme je faisais moi-même en connaissance de cause, ayant pour ami le plus cher l′être le plus intelligent, bon et brave, inoubliable à tous ceux qui l′ont connu, Bertrand de Fénelon — et elle ne disait jamais que «Fénélon» trouvant que l′accent aigu ajoutait quelque mollesse. Le gendre, moins doux, de cette Mme Poussin, et duquel j′ai oublié le nom, étant notaire à Combray, emporta la caisse et fit perdre à mon oncle, notamment, une assez forte somme. Mais la plupart des gens de Combray étaient si bien avec les autres membres de la famille qu′il n′en résulta aucun froid et qu′on se contenta de plaindre Mme Poussin. Elle ne recevait pas, mais chaque fois qu′on passait devant sa grille on s′arrêtait à admirer ses admirables ombrages, sans pouvoir distinguer autre chose. Elle ne nous gêna guère à Balbec où je ne la rencontrai qu′une fois, à un moment où elle disait à sa fille en train de se ronger les ongles: «Quand tu auras un bon panaris, tu m′en diras des nouvelles.» Tuvo la mala suerte, en una de esas peregrinaciones en que no queda ser molestada, de encontrar por la playa a una señora de Combray seguida por sus hijas. Creo que se llamaba señora de Poussin. Pero entre nosotros no la llamábamos de otra manera que “Ya me darás noticias”, porque con esa frase permanentemente repetida advertía a sus hijas los males que se preparaban; por ejemplo, diciéndole a una que se frotaba los ojos: “Cuando tengas una buena oftalmía, ya me darás noticias”. Le dirigía de lejos a mamá largos saludos llorosos, no en señal de condolencia, sino por sentido de educación. Aunque no hubiésemos perdido a mi abuela y no tuviésemos más que motivos de ser felices. Vivía bastante retirada en Combray, en un jardín inmenso; nada le parecía lo bastante suave, y suavizaba los nombres y las palabras del idioma francés. Le parecía muy duro llamar “cuiller” (cuchara) a la pieza de platería con que tomaba sus jarabes, y pronunciaba, en consecuencia, “cuilier” le hubiera asustado tratar con excesiva brusquedad al dulce sochantre de Telémaco llamándolo con rudeza Fénelon -como hacía yo mismo con conocimiento de causa, ya que mi amigo más querido, el ser más inteligente, bueno y valiente, inolvidable para todos lo que lo conocieron, era Bertrán de Fénelon-, y no decía nunca sino “Fénélon”, suponiendo que el acento agudo le agregaba alguna blandura. El yerno menos suave de esa señora Poussin -cuyo nombre he olvidado, era escribano en Combray, huyó con la caja e hizo perder a mi tío, entre otros, una suma bastante crecida. Pero la mayor parte de la gente de Combray estaba en tan buenas relaciones con los otros miembros de la familia que no hubo ningún enfriamiento, y cada cual se conformó compadeciendo a la señora de Poussin. Ella no recibía, pera cada vez que uno pasaba ante su reja, se detenía para admirar sus hermosos árboles de sombra, sin poder distinguir otra cosa. No nos molestó para nada en Balbec, donde no la encontré más que una vez, mientras le decía a su hija, que se estaba comiendo las uñas: “Cuando tengas un buen panadizo, ya me darás noticias”.
Pendant que maman lisait sur la plage je restais seul dans ma chambre. Je me rappelais les derniers temps de la vie de ma grand′mère et tout ce qui se rapportait à eux, la porte de l′escalier qui était maintenue ouverte quand nous étions sortis pour sa dernière promenade. En contraste avec tout cela, le reste du monde semblait à peine réel et ma souffrance l′empoisonnait tout entier. Enfin ma mère exigea que je sortisse. Mais, à chaque pas, quelque aspect oublié du Casino, de la rue où en l′attendant, le premier soir, j′étais allé jusqu′au monument de Duguay–Trouin, m′empêchait, comme un vent contre lequel on ne peut lutter, d′aller plus avant; je baissais les yeux pour ne pas voir. Et après avoir repris quelque force, je revenais vers l′hôtel, vers l′hôtel où je savais qu′il était désormais impossible que, si longtemps dussé-je attendre, je retrouvasse ma grand′mère, que j′avais retrouvée autrefois, le premier soir d′arrivée. Comme c′était la première fois que je sortais, beaucoup de domestiques que je n′avais pas encore vus me regardèrent curieusement. Sur le seuil même de l′hôtel, un jeune chasseur ôta sa casquette pour me saluer et la remit prestement. Je crus qu′Aimé lui avait, selon son expression, «passé la consigne» d′avoir des égards pour moi. Mais je vis au même moment que, pour une autre personne qui rentrait, il l′enleva de nouveau. La vérité était que, dans la vie, ce jeune homme ne savait qu′ôter et remettre sa casquette, et le faisait parfaitement bien. Ayant compris qu′il était incapable d′autre chose et qu′il excellait dans celle-là, il l′accomplissait le plus grand nombre de fois qu′il pouvait par jour, ce qui lui valait de la part des clients une sympathie discrète mais générale, une grande sympathie aussi de la part du concierge à qui revenait la tâche d′engager les chasseurs et qui, jusqu′à cet oiseau rare, n′avait pas pu en trouver un qui ne se fît renvoyer en moins de huit jours, au grand étonnement d′Aimé qui disait: «Pourtant, dans ce métier-là, on ne leur demande guère que d′être poli, ça ne devrait pas être si difficile.» Le directeur tenait aussi à ce qu′ils eussent ce qu′il appelait une belle «présence», voulant dire qu′ils restassent là, ou plutôt ayant mal retenu le mot prestance. L′aspect de la pelouse qui s′étendait derrière l′hôtel avait été modifié par la création de quelques plates-bandes fleuries et l′enlèvement non seulement d′un arbuste exotique, mais du chasseur qui, la première année, décorait extérieurement l′entrée par la tige souple de sa taille et la coloration curieuse de sa chevelure. Il avait suivi une comtesse polonaise qui l′avait pris comme secrétaire, imitant en cela ses deux aînés et sa soeur dactylographe, arrachés à l′hôtel par des personnalités de pays et de sexe divers, qui s′étaient éprises de leur charme. Seul demeurait leur cadet, dont personne ne voulait parce qu′il louchait. Il était fort heureux quand la comtesse polonaise et les protecteurs des deux autres venaient passer quelque temps à l′hôtel de Balbec. Mientras mamá leía en la playa, yo me quedaba solo en mi cuarto. Recordaba los últimos tiempos de la vida de mi abuela y todo lo que con ellos se relacionaba, hasta la puerta de la escalera que dejara abierta cuando habíamos salido para su último paseo. En contraste con todo ello, el resto del mundo apenas me parecía real y mi sufrimiento lo envenenaba por completo. Por fin, mi madre exigió que saliese. Pero a cada paso, algún aspecto olvidado del casino o de la calle donde, al esperarla la primera noche, había ido hasta el monumento de Duguay-Trouin, me impedía seguir más adelante, como un viento contra el cual no se puede luchar, y bajaba los ojos para no ver. Después de haber recuperado algunas fuerzas, volvía al hotel, hacia el hotel donde sabía que ya era imposible que por más que esperase volviese a encontrar a mi abuela, que encontrara antaño la primera noche de la llegada. Como era la primera vez que salía, muchos sirvientes que no había visto aún me miraron con curiosidad. En el mismo umbral del hotel, un joven botones se sacó la gorra para saludarme y se la volvió a poner rápidamente. Creí que Aimé le había “pasado la consigna” de tener miramientos conmigo, según su propia expresión. Pero al instante vi que se la quitaba de nuevo ante otra persona que entraba. La verdad era que ese joven no sabía hacer otra cosa en la vida que sacarse yponerse la gorra, ylo hacía a la perfección. Había comprendido que era incapaz de algo más; descollaba en eso, y lo cumplía la mayor cantidad posible de veces por día, lo que le valía por parte de los clientes una simpatía discreta pero general, una gran simpatía también por parte del portero, a quien le correspondía la tarea de emplear los botones y que hasta que llegó este pájaro raro no había podido encontrar uno solo que no se hiciese echar antes de los ocho días, con gran asombro de Aimé, que decía: “-Sin embargo, en ese oficio no se les pide sino que sean educados; no debe ser tan difícil”. El director insistía también en que tuviesen lo que llamaba una buena presencia, que riendo decir que se quedasen ahí o mejor habiendo retenido mal la palabra aspecto. El aspecto del césped que se extendía detrás del hotel había sido modificado con la creación de algunos arriates florecidos, suprimiendo no sólo un arbusto exótico, sino el botones que el primer año decoraba exteriormente la entrada con el tallo flexible de su estatura y la curiosa coloración de su cabellera. Había ido tras una condesa polaca que lo tomó como secretario, imitando en ello a sus dos hermanos mayores y a su hermana dactilógrafa, sacados del hotel por personalidades de nacionalidad y sexos variados, que se habían enamorado de sus encantos. Sólo quedaba su hermano menor, que nadie quería por bizco. Se sentía muy feliz cuando la condesa polaca y los protectores de los otros iban a pasar una temporada en el hotel de Balbec.
Car, malgré qu′il enviât ses frères, il les aimait et pouvait ainsi, pendant quelques semaines, cultiver des sentiments de famille. L′abbesse de Fontevrault n′avait-elle pas l′habitude, quittant pour cela ses moinesses, de venir partager l′hospitalité qu′offrait Louis XIV à cette autre Mortemart, sa maîtresse, Mme de Montespan? Pour lui, c′était la première année qu′il était à Balbec; il ne me connaissait pas encore, mais ayant entendu ses camarades plus anciens faire suivre, quand ils me parlaient, le mot de Monsieur de mon nom, il les imita dès la première fois avec l′air de satisfaction, soit de manifester son instruction relativement à une personnalité qu′il jugeait connue, soit de se conformer à un usage qu′il ignorait il y a cinq minutes, mais auquel il lui semblait qu′il était indispensable de ne pas manquer. Je comprenais très bien le charme que ce grand palace pouvait offrir à certaines personnes. Il était dressé comme un théâtre, et une nombreuse figuration, l′animait jusque dans les plinthes. Bien que le client ne fût qu′une sorte de spectateur, il était mêlé perpétuellement au spectacle, non même comme dans ces théâtres où les acteurs jouent une scène dans la salle, mais comme si la vie du spectateur se déroulait au milieu des somptuosités de la scène. Le joueur de tennis pouvait rentrer en veston de flanelle blanche, le concierge s′était mis en habit bleu galonné d′argent pour lui donner ses lettres. Si ce joueur de tennis ne voulait pas monter à pied, il n′était pas moins mêlé aux acteurs en ayant à côté de lui pour faire monter l′ascenseur le lift aussi richement costumé. Les couloirs des étages dérobaient une fuite de caméristes et de couturières, belles sur la mer et jusqu′aux petites chambres desquelles les amateurs de la beauté féminine ancillaire arrivaient par de savants détours. En bas, c′était l′élément masculin qui dominait et faisait de cet hôtel, à cause de l′extrême et oisive jeunesse des serviteurs, comme une sorte de tragédie judéo-chrétienne ayant pris corps et perpétuellement représentée. Aussi ne pouvais-je m′empêcher de me dire à moi-même, en les voyant, non certes les vers de Racine qui m′étaient venus à l′esprit chez la princesse de Guermantes tandis que M. de Vaugoubert regardait de jeunes secrétaires d′ambassade saluant M. de Charlus, mais d′autres vers de Racine, cette fois-ci non plus d′Esther, mais d′Athalie: car dès le hall, ce qu′au XVII^e siècle on appelait les Portiques, «un peuple florissant» de jeunes chasseurs se tenait, surtout à l′heure du goûter, comme les jeunes Israélites des choeurs de Racine. Mais je ne crois pas qu′un seul eût pu fournir même la vague réponse que Joas trouve pour Athalie quand celle-ci demande au prince enfant: «Quel est donc votre emploi?» car ils n′en avaient aucun. Tout au plus, si l′on avait demandé à n′importe lequel d′entre eux, comme la nouvelle Reine: «Mais tout ce peuple enfermé dans ce lieu, à quoi s′occupe-t-il?», aurait-il pu dire: «Je vois l′ordre pompeux de ces cérémonies et j′y contribue.» Parfois un des jeunes figurants allait vers quelque personnage plus important, puis cette jeune beauté rentrait dans le choeur, et, à moins que ce ne fût l′instant d′une détente contemplative, tous entrelaçaient leurs évolutions inutiles, respectueuses, décoratives et quotidiennes. Car, sauf leur «jour de sortie», «loin du monde élevés» et ne franchissant pas le parvis, ils menaient la même existence ecclésiastique que les lévites dans Athalie, et devant cette «troupe jeune et fidèle» jouant aux pieds des degrés couverts de tapis magnifiques, je pouvais me demander si je pénétrais dans le grand hôtel de Balbec ou dans le temple de Salomon. Porque a pesar de envidiar a sus hermanos, los quería y podía así cultivar sentimientos de familia durante algunas semanas. ¿Acaso la abadesa de Fontevrault no tenía la costumbre, dejando para ello a sus monjas, de compartir la hospitalidad que ofrecía Luis XIV a esa otra Mortemart, su amante, la señora de Montespan? En cuanto a él, era el primer año que estaba en Balbec. No me conocía aún; pero, como oyera que cuando me hablaban sus compañeros más antiguos hacían seguir mi apellido a la palabra señor, los imitó desde la primera vez con el aire satisfecho de demostrar ya su instrucción con respecto a una personalidad que estimaba conocida, ya el de conformarse a una costumbre que ignoraba cinco minutos antes, pero que le parecía indispensable no transgredir. Yo comprendía muy bien qué encanto podía ofrecer ese gran Palace a ciertas personas. Estaba organizado corro un teatro y lo animaba una figuración numerosa hasta en los plintos. Aunque el cliente no fuese más que algo así como un espectador, estaba incorporado permanentemente al espectáculo, no como en esos teatros en que los actores representan en la sala, sino como si la vida del espectador se desarrollase en medio de las suntuosidades de la escena. Aunque el jugador de tenis entrara con sacó de franela blanca, el portero se había trajeado de azul con galones de plata para entregarle sus cartas. Si ese jugador de tenis no quería subir a pie, no por eso dejaba de estar con los actores teniendo a su lado, para que manejará el ascensor, al ascensorista tan ricamente vestido. Los corredores de los pisos sustraían una fuga de camareras ymensajeras, hermosas en el mar yhasta los pequeños cuartos a los que llegaban los aficionados a la belleza femenina de la servidumbre, por sabios rodeos. Abajo, el que predominaba era el elemento monto masculino, yhacía de ese hotel, con motivo de la extremada yociosa juventud de los servidores, una especie de tragedia judeo-cristiana que había tomado cuerpo y se representaba perpetuamente. Por eso al verlos no podía dejar de recordar dar, no ciertamente los verso: de Racine que me habían acudido a la memoria en casa de la princesa de Guermantes mientras el señor de Vaugoubert saludaba al señor de Charlus mirando a los jóvenes secretarios de embajada, sino otros versos de Racine, esta vez ya no de Esther, sino de Athalie: porque desde el hall, lo que se llamaba en el siglo XVII “Los Pórticos”, “un pueblo floreciente de jóvenes botones estaba, sobre todo a la hora del té, como los jóvenes israelitas de los coros de Racine. Pero no creo que uno solo pudiese haber proporcionado ni siquiera la vaga contestación que Joas tiene para Athalie, cuando esta pregunta al príncipe niño: “-¿Cuál es, pues, vuestra ocupación?”, porque no tenían ninguna. A lo sumo, si se le hubiese preguntado a cualquiera de ellos, como la nuera reina: ¿¿Pero toda esa gente encerrada en esos lugares, en qué se ocupa?”, podía haber dicho: “-Y en el orden pomposo de esas ceremonias y contribuyo a ellas”. A veces uno de los jóvenes figurantes iba hacia algún personaje más importante, y luego esa joven belleza regresaba al coro; y a menos que fuese el momento de un estatismo contemplativo, todos entrelazaban sus evoluciones inútiles respetuosas, decorativas y cotidianas. Porque, salvo su “día de salida”, “lejos del elevado mundo” y sin franquear el atrio, llevaban la misma existencia eclesiástica de los levitas en “Athalie”, y ante ese “tropel joven y fiel” que jugaba en las gradas cubiertas de alfombras magnificas, podía preguntarme si estaba penetrando en el gran hotel de Balbec o en el templo de Salomón.
Je remontais directement à ma chambre. Mes pensées étaient habituellement attachées aux derniers jours de la maladie de ma grand′mère, à ces souffrances que je revivais, en les accroissant de cet élément, plus difficile encore à supporter que la souffrance même des autres et auxquelles il est ajouté par notre cruelle pitié; quand nous croyons seulement recréer les douleurs d′un être cher, notre pitié les exagère; mais peut-être est-ce elle qui est dans le vrai, plus que la conscience qu′ont de ces douleurs ceux qui les souffrent, et auxquels est cachée cette tristesse de leur vie, que la pitié, elle, voit, dont elle se désespère. Toutefois ma pitié eût dans un élan nouveau dépassé les souffrances de ma grand′mère si j′avais su alors ce que j′ignorai longtemps, que ma grand′mère, la veille de sa mort, dans un moment de conscience et s′assurant que je n′étais pas ià, avait pris la main de maman et, après y avoir collé ses lèvres fiévreuses, lui avait dit: «Adieu, ma fille, adieu pour toujours.» Et c′est peut-être aussi ce souvenir-là que ma mère n′a plus jamais cessé de regarder si fixement. Puis les doux souvenirs me revenaient. Elle était ma grand′mère et j′étais son petit-fils. Les expressions de son visage semblaient écrites dans une langue qui n′était que pour moi; elle était tout dans ma vie, les autres n′existaient que relativement à elle, au jugement qu′elle me donnerait sur eux; mais non, nos rapports ont été trop fugitifs pour n′avoir pas été accidentels. Elle ne me connaît plus, je ne la reverrai jamais. Nous n′avions pas été créés uniquement l′un pour l′autre, c′était une étrangère. Cette étrangère, j′étais en train d′en regarder la photographie par Saint–Loup. Maman, qui avait rencontré Albertine, avait insisté pour que je la visse, à cause des choses gentilles qu′elle lui avait dites sur grand′mère et sur moi. Je lui avais donc donné rendez-vous.-Je prévins le directeur pour qu′il la fît attendre au salon. Il me dit qu′il la connaissait depuis bien longtemps, elle et ses amies, bien avant qu′elles eussent atteint «l′âge de la pureté», mais qu′il leur en voulait de choses qu′elles avaient dites de l′hôtel. Il faut qu′elles ne soient pas bien «illustrées» pour causer ainsi. A moins qu′on ne les ait calomniées. Je compris aisément que pureté était dit pour «puberté». En attendant l′heure d′aller retrouver Albertine, je tenais mes yeux fixés, comme sur un dessin qu′on finit par ne plus voir à force de l′avoir regardé, sur la photographie que Saint–Loup avait faite, quand tout d′un coup, je pensai de nouveau: «C′est grand′mère, je suis son petit-fils», comme un amnésique retrouve son nom, comme un malade change de personnalité. Françoise entra me dire qu′Albertine était là, et voyant la photographie: «Pauvre Madame, c′est bien elle, jusqu′à son bouton de beauté sur la joue; ce jour que le marquis l′a photographiée, elle avait été bien malade, elle s′était deux fois trouvée mal. «Surtout, Françoise, qu′elle m′avait dit, il ne faut pas que mon petit-fils le sache.» Et elle le cachait bien, elle était toujours gaie en société. Seule, par exemple, je trouvais qu′elle avait l′air par moments d′avoir l′esprit un peu monotone. Mais ça passait vite. Et puis elle me dit comme ça: «Si jamais il m′arrivait quelque chose, il faudrait qu′il ait un portrait de moi. Je n′en ai jamais fait faire un seul. «. Alors elle m′envoya dire à M. le marquis, en lui recommandant de ne pas raconter à Monsieur que c′était elle qui l′avait demandé, s′il ne pourrait pas lui tirer sa photographie. Mais quand je suis revenue lui dire que oui, elle ne voulait plus parce qu′elle se trouvait trop mauvaise figure. «C′est pire encore, qu′elle me dit, que pas de photographie du tout.» Mais comme elle n′était pas bête, elle finit pas s′arranger si bien, en mettant un grand chapeau rabattu, qu′il n′y paraissait plus quand elle n′était pas au grand jour. Elle en était bien contente de sa photographie, parce qu′en ce moment-là elle ne croyait pas qu′elle reviendrait de Balbec. J′avais beau lui dire: «Madame, il ne faut pas causer comme ça, j′aime pas entendre Madame causer comme ça», c′était dans son idée. Et dame, il y avait plusieurs jours qu′elle ne pouvait pas manger. C′est pour cela qu′elle poussait Monsieur à aller dîner très loin avec M. le marquis. Alors au lieu d′aller à table elle faisait semblant de lire et, dès que la voiture du marquis était partie, elle montait se coucher. Des jours elle voulait prévenir Madame d′arriver pour la voir encore. Et puis elle avait peur de la surprendre, comme elle ne lui avait rien dit. «Il vaut mieux qu′elle reste avec son mari, voyez-vous Françoise.» Françoise, me regardant, me demanda tout à coup si je me «sentais indisposé». Je lui dis que non; et elle: «Et puis vous me ficelez là à causer avec vous. Votre visite est peut-être déjà arrivée. Il faut que je descende. Ce n′est pas une personne pour ici. Et avec une allant vite comme elle, elle pourrait être repartie. Elle n′aime pas attendre. Ah! maintenant. Mademoiselle Albertine» c′est quelqu′un. Regresaba directamente a mi cuarto. Mis pensamientos estaban habitualmente ligados a los últimos días de la enfermedad de mi abuela, sufrimientos que revivía, acreciéndolos con ese elemento, más difícil todavía de soportar que el mismo sufrimiento de los demás y a los que se agrega nuestra cruel compasión; cuando creemos únicamente recrear los dolores de un ser querido, nuestra compasión los exagera; pero quizás sea ella la que esté en lo cierto, más que la conciencia que tienen de esos dolores los que los sufren y para los cuales queda oculta esa tristeza de su vida, que ve la compasión, y por la que se desespera. Sin embargo, en un nuevo impulso mi compasión hubiese llegado más allá de los sufrimientos de mi abuela, si supiera entonces lo que ignoré mucho tiempo: que mi abuela, la víspera de su muerte, en un momento de conciencia y asegurándose de que yo no estaba, había tomado la mano de mamá y después de pegar en ella sus labios afiebrados, le había dicho: “-Adiós, hija mía, adiós para siempre”. Y quizás es ese recuerdo también el que mi madre ya no dejó de contemplar con tanta fijeza. Y luego me volvían los dulces recuerdos. Ella era mi abuela y yo era su nieto. Las expresiones de su rostro parecían escritas en un lenguaje que no existía más que para mí; lo era todo en mi vida, pues los otros no existían sino en relación a ella y al juicio que me daría acerca de ellos; pero no, nuestras relaciones fueron demasiado huidizas para no haber sido accidentales. Ella no me reconoce, ya no la volveré a ver nunca. No habíamos sido creados únicamente el uno para el otro, era una extraña. Yo estaba mirando la foto de esa extraña hecha por Saint-Loup. Mamá, que encontrara a Albertina, había insistido en que yo la viese por las cosas amables que le dijo acerca de mi abuela y de mí. Entonces la había citado. Avisé al director para que la hiciese esperar en el salón. Me dijo que la conocía desde hacía mucho tiempo, a ella y sus amigas, mucho antes de que hubiesen alcanzado la edad de la pureza16 pero que les guardaba cierto rencor por las cosas que dijeran del hotel. No deben ser muy ilustradas para hablar de ese modo. A menos que las hayan calumniado. Comprendí fácilmente que pureza quedaba dicho en lugar de pubertad. Mientras esperaba la hora de encontrarme con Albertina, tenía fijos mis ojos, como en un dibujo que uno acaba ya por no ver a fuerza de haberlo mirado, en la fotografía que había hecho Saint-Loup, cuando de golpe pensé de nuevo: "Es mi abuela, soy su nieto", como un amnésico vuelve a encontrar su nombre, como un enfermo cambia su personalidad. Francisca entró para decirme que Albertina estaba esperando, y al ver la fotografía: "-¡Pobre señora! De veras, es ella. Hasta su lunar en la mejilla. El día que la retrató el marqués, había estado muy enferma, se desmayó dos veces. Sobre todo, Francisca me dijo-, es necesario que no lo sepa mi nieto" Y lo ocultaba bien, siempre estaba alegre en sociedad. Sola, por ejemplo, me parecía que tenía por momentos el espíritu decaído. Pero eso pasaba pronto. Y además me dijo así: -Si alguna vez me sucediera algo, necesitaría un retrata mío. Nunca me hice sacar ninguna. Entonces me mandó que le dijese al señor marqués -recomendándole que no le contara al señor que ella se lo había pedido- si podría sacarle una fotografía. Pero cuando volví a decirle que sí, ya no quería, porque le parecía tener muy mala cara. Es-peor-todavía -me dijo- que ninguna fotografía. Pero, como no era para tanto, acabó por arreglarse tan bien, tocándose con un gran sombrero volcado, que ya no aparentaba nada a menos de ponerse a plena luz. Estaba muy contenta de su fotografia, porque en ese momento no creía que pudiera volver de Balbec. Por más que le dijese: "Señora no hay que hablar en esta forma, no me gusta oír hablar así a la señora, estaba dentro de sus ideas. Y, vaya, hacía varios días que no podía comer. Por eso es que invitaba al señor a que comiera tan lejos con el señor marqués. Entonces, en lugar de ir a la mesa, hacía como que lela, y en cuanto salía el coche del marqués, subía para acostarse. Algunas veces quería avisar a la señora, para verla una vez más. Y después le asustaba sorprenderla, ya que no le había dicho nada. Mejor es que se quede con su marido, ¿sabe usted, Francisca?”. Francisca me miró yme preguntó de pronto si no me sentía indispuesto. Le dije que no; yentonces ella: “-Y usted me está reteniendo aquí para conversar con usted. A lo mejor ya ha llegado su visita. Tengo que bajar. No es una persona para este lugar. Y una apresurada como ella, a lo mejor ya se ha ido. No le gusta esperar. ¡Ah!, ahora la señorita Albertina es alguien”.
— Vous vous trompez, Françoise, elle est assez bien, trop bien pour ici. Mais allez la prévenir que je ne pourrai pas la voir aujourd′hui.» Quelles déclamations apitoyées j′aurais éveillées en Françoise si elle m′avait vu pleurer. Soigneusement je me cachai. Sans cela j′aurais eu sa sympathie. Mais je lui donnai la mienne. Nous ne nous mettons pas assez dans le coeur de ces pauvres femmes de chambre qui ne peuvent pas nous voir pleurer, comme si pleurer nous faisait mal; ou peut-être leur faisait mal, Françoise m′ayant dit quand j′étais petit: «Ne pleurez pas comme cela, je n′aime pas vous voir pleurer comme cela.» Nous n′aimons pas les grandes phrases, les attestations, nous avons tort, nous fermons ainsi notre coeur au pathétique des campagnes, à la légende que la pauvre servante, renvoyée, peut-être injustement, pour vol, toute pâle, devenue subitement plus humble comme si c′était un crime d′être accusée, déroule en invoquant l′honnêteté de son père, les principes de sa mère, les conseils de l′ale. Certes ces mêmes domestiques qui ne peuvent supporter nos larmes nous feront prendre sans scrupule une fluxion de poitrine parce que la femme de chambre d′au-dessous aime les courants d′air et que ce ne serait pas poli de les supprimer. Car il faut que ceux-là mêmes qui ont raison, comme Françoise, aient tort aussi, pour faire de la Justice une chose impossible. Même les humbles plaisirs des servantes provoquent ou le refus ou la raillerie de leurs maîtres. Car c′est toujours un rien, mais niaisement sentimental, anti-hygiénique. Aussi peuvent-elles dire: «Comment, moi qui ne demande que cela dans l′année, on ne me l′accorde pas.» Et pourtant les maîtres accorderont beaucoup plus, qui ne fût pas stupide et dangereux pour elles — ou pour eux. Certes, à l′humilité de la pauvre femme de chambre, tremblante, prête à avouer ce qu′elle n′a pas commis, disant «je partirai ce soir s′il le faut», on ne peut pas résister. Mais il faut savoir aussi ne pas rester insensibles, malgré la banalité solennelle et menaçante des choses qu′elle dit, son héritage maternel et la dignité du «clos», devant une vieille cuisinière drapée dans une vie et une ascendance d′honneur, tenant le balai comme un sceptre, poussant son rôle au tragique, l′entrecoupant de pleurs, se redressant avec majesté. Ce jour-là je me rappelai ou j′imaginai de telles scènes, je les rapportai à notre vieille servante, et, depuis lors, malgré tout le mal qu′elle put faire à Albertine, j′aimai Françoise d′une affection, intermittente il est vrai, mais du genre le plus fort, celui qui a pour base la pitié. “-Usted se equivoca; Albertina está bastante bien, demasiado bien para este lugar. Pero vaya a avisarle que no podré verla hoy.” ¡Qué frases compasivas hubiese despertado en Francisca el verme llorar! Me oculté cuidadosamente. Sin eso hubiera tenido su simpatía. Pero yo le daba la mía. No nos ubicamos lo suficiente en el corazón de esas pobres mucamas que no pueden vernos llorar, como si llorar nos causara daño; o quizás les hiciera daño, ya que Francisca me habla dicho cuando yo era pequeño: ‘No llore, no me gusta verlo llorar así”. No nos gustan las grandes frases ylos testimonios, yobramos mal; cerramos así nuestro corazón a lo patético de los campos, a la leyenda que la pobre sirvienta, despechada, quizás injustamente, por robo, muy pálida, súbitamente más humilde, como si fuese una crimen ser acusada, desarrolla, invocando la honradez de su padre, los principios de su madre, los consejos de la abuela. Es verdad que esos mismos sirvientes que no pueden soportar lágrimas nos harán atrapar una pulmonía sin escrúpulos, porque a la mucama de arriba le gustan las corrientes de aire, y no sería conveniente suprimirlas. Porque es necesario que los mismos que tienen razón, como Francisca, también se equivoquen para hacer de la Justicia una cosa imposible. Aun los humildes placeres de las sirvientas provocan la negativa o la burla de sus amos. Siempre es poca cosa, pero tontamente sentimental, antihigiénica. Por eso pueden decir: “-¡Cómo! ¿Yo no pido más que eso en todo el año y no me lo conceden?” Y sin embargo, los amos concederían mucho más siempre que no fuese estúpido y peligroso para ellas, o para ellos. Es verdad que no se puede resistir la humildad de la pobre mucama, temblorosa, dispuesta a confesar lo que no ha cometido, diciendo “me iré esta noche si es necesario”. Pero hay que saber también no permanecer insensible, a pesar de la trivialidad solemne y amenazadora de las cosas que dice, su herencia materna yla dignidad del campito, ante una vieja cocinera envuelta -en una vida y una ascendencia de honor, que levanta la escoba como un cetro, llevando su papel hasta lo trágico, entrecortándolo de sollozos, irguiéndose con majestad. Ese día recordé o imaginé tales escenas, las relacionadas con nuestra vieja sirvienta, y desde entonces, a pesar de todo el daño que pudo hacerle a Albertina, quería a Francisca con un afecto intermitente, es verdad, pero más fuerte por su índole pues se apoya en la compasión.
Certes, je souffris toute la journée en restant devant la photographie de ma grand′mère. Elle me torturait. Moins pourtant que ne fit le soir la visite du directeur. Comme je lui parlais de ma grand′mère et qu′il me renouvelait ses condoléances, je l′entendis me dire (car il aimait employer les mots qu′il prononçait mal): «C′est comme le jour où Madame votre grand′mère avait eu cette symecope, je voulais vous en avertir, parce qu′à cause de la clientèle, n′est-ce pas, cela aurait pu faire du tort à la maison. Il aurait mieux valu qu′elle parte le soir même. Mais elle me supplia de ne rien dire et me promit qu′elle n′aurait plus de symecope, ou qu′à la première elle partirait. Le chef de l′étage m′a pourtant rendu compte qu′elle en a eu une autre. Mais, dame, vous étiez de vieux clients qu′on cherchait à contenter, et du moment que personne ne s′est plaint:» Ainsi ma grand′mère avait des syncopes et me les avait cachées. Peut-être au moment où j′étais le moins gentil pour elle, où elle était obligée, tout en souffrant, de faire attention à être de bonne humeur pour ne pas m′irriter et à paraître bien portante pour ne pas être mise à la porte de l′hôtel. «Simecope» c′est un mot que, prononcé ainsi, je n′aurais jamais imaginé, qui m′aurait peut-être, s′appliquant à d′autres, paru ridicule, mais qui dans son étrange nouveauté sonore, pareille à celle d′une dissonance originale, resta longtemps ce qui était capable d′éveiller en moi les sensations les plus douloureuses. Cierto que sufrí todo el día al quedarme frente a la fotografía de mi abuela. Me torturaba. Menos, sin embargo, de lo que lo hizo la visita del director, por la noche. Como yo le hablaba de mi abuela y me renovaba sus condolencias, le oí decirme (porque le gustaba emplear las palabras que pronunciaba mal): “-Es como el día en que su señora abuela tuvo ese simecope; yo quería hacérselo saber, ¿verdad?, porque a causa de la clientela podía haber perjudicado a la casa. Mejor hubiera sido que partiera esa misma noche. Pero me suplicó que no le dijese nada yme prometió no tener más simecopes, y que al primero se iría. El encargado del piso me contó, sin embargo, que tuvo otro. Pero, vaya, ustedes eran antiguos clientes a los que trataba de complacerse, y ya que nadie se quejó..” De modo que mi abuela había tenido sincopes y me lo había ocultado. Quizás en momentos en que yo era menos amable con ella, en que estaba obligada mientras sufría a cuidar su buen humor para no irritarme y aparentar salud para que no la echaran del hotel. “Simecope” es una palabra que así pronunciada no hubiese imaginado nunca, que me hubiese parecido ridícula al aplicarse a otros, pero que en su extraña novedad sonora, semejante a una original disonancia, permaneció mucho tiempo en mí como algo capaz de despertar las más dolorosas sensaciones.
Le lendemain j′allai, à la demande de maman, m′étendre un peu sur le sable, ou plutôt dans les dunes, là où on est caché par leurs replis, et où je savais qu′Albertine et ses amies ne pourraient pas me trouver. Mes paupières, abaissées, ne laissaient passer qu′une seule lumière, toute rose, celle des parois intérieures des yeux. Puis elles se fermèrent tout à fait. Alors ma grand′mère m′apparut assise dans un fauteuil. Si faible, elle avait l′air de vivre moins qu′une autre personne. Pourtant je l′entendais respirer; parfois un signe montrait qu′elle avait compris ce que nous disions, mon père et moi. Mais j′avais beau l′embrasser, je ne pouvais pas arriver à éveiller un regard d′affection dans ses yeux, un peu de couleur sur ses joues. Absente d′elle-même, elle avait l′air de ne pas m′aimer, de ne pas me connaître, peut-être de ne pas me voir. Je ne pouvais deviner le secret de son indifférence, de son abattement, de son mécontentement silencieux. J′entraînai mon père à l′écart. «Tu vois tout de même, lui dis-je, il n′y a pas à dire, elle a saisi exactement chaque chose. C′est l′illusion complète de la vie. Si on pouvait faire venir ton cousin qui prétend que les morts ne vivent pas! Voilà plus d′un an qu′elle est morte et, en somme, elle vit toujours. Mais pourquoi ne veut-elle pas m′embrasser? — Regarde, sa pauvre tête retombe. — Mais elle voudrait aller aux Champs–Elysées tantôt. — C′est de la folie! — Vraiment, tu crois que cela pourrait lui faire mal, qu′elle pourrait mourir davantage? Il n′est pas possible qu′elle ne m′aime plus. J′aurai beau l′embrasser, est-ce qu′elle ne me sourira plus jamais? — Que veux-tu, les morts sont les morts.» Al día siguiente, a pedido de mamá, fui a tirarme un poco en la arena, o mejor en las dunas, ahí donde uno se oculta en sus repliegues y donde sabía que ni Albertina ni sus amigas podrían encontrarme. Mis párpados caídos dejaban pasar una luz única, muy rosada, la de las paredes interiores de mis ojos. Luego se cerraron por completo. Entonces se me apareció mi abuela, sentada en un sillón. Tan débil que parecía vivir menos que nadie. Sin embargo, la ola respirar; a veces una seña nos indicaba que había comprendido lo que decíamos mi padre y yo. Pero, por más que la abrazara, no podía llegar á despertar una mirada de afecto en sus ojos, algún color en sus mejillas. Ausente de sí misma, parecía no quererme; no conocerme, quizás ni siquiera verme. No podía adivinar el secreto de su indiferencia, dé su abatimiento, de su descontento silencioso. Aparté a mi padre. “-Lo ves, sin embargo -le dije-; no hay que hacerle, ha sorprendido exactamente cada cosa. Es la completa apariencia de la vida. Si pudiéramos llamar a tu primo, que pretende que los muertos no viven... Hace -más de un año que se murió y en resumen vive siempre. Pero, ¿por qué no querrá abrazarme? -Mira, su pobre cabeza vuelve a caer-. Pero quisiera irse a los Campos Elíseos, lo antes posible: -Es una locura. - Verdaderamente, ¿crees que eso podría perjudicarla, que podría morir aún más? No es posible que ya no me quiera. Por más que la abrace, ¿ya no me sonreirá nunca?” “¡Qué quieres los muertos son los muertos...”.
Quelques jours plus tard la photographie qu′avait faite Saint–Loup m′était douce à regarder; elle ne réveillait pas le souvenir de ce que m′avait dit Françoise parce qu′il ne m′avait plus quitté et je m′habituais à lui. Mais, en regard de l′idée que je me faisais de son état si grave, si douloureux ce jour-là, la photographie, profitant encore des ruses qu′avait eues ma grand′mère et qui réussissaient à me tromper même depuis qu′elles m′avaient été dévoilées, me la montrait si élégante, si insouciante, sous le chapeau qui cachait un peu son visage, que je la voyais moins malheureuse et mieux portante que je ne l′avais imaginée. Et pourtant ses joues, ayant à son insu une expression à elles, quelque chose de plombé, de hagard, comme le regard d′une bête qui se sentirait déjà choisie et désignée, ma grand′mère avait un air de condamnée à mort, un air involontairement sombre, inconsciemment tragique, qui m′échappait mais qui empêchait maman de regarder jamais cette photographie, cette photographie qui lui paraissait, moins une photographie de sa mère que de la maladie de celle-ci, d′une insulte que cette maladie faisait au visage brutalement souffleté de grand′mère. Algunos días más tarde la fotografía que habla hecho Saint-Loup me resultaba dulce; no despertaba el recuerdo de lo que me dijera Francisca porque no me había dejado y me acostumbraba a él. Pero, ante la ideó de su estado tan grave, tan doloroso de ese día, la fotografía aprovechaba las astucias que desplegara mi abuela y acertaban a engañarme a pesar de haberme sido reveladas; me la mostraba tan elegante, tan despreocupada, bajo el sombrero que escondía un poco su rostro, que la veía menos desgraciada y con mejor salud de lo que me supusiera. Y a pesar de sus mejillas, que tenían una expresión propia, algo plomizo, azorado, como la mirada de un animal que ya se sintiese elegido y designado, mi abuela parecía una condenada a muerte, involuntariamente sombría, inconscientemente trágica, que se me escapaba, pero que siempre le impedía a mamá mirar la fotografía, esa fotografía que no le parecía tanto una fotografía de su madre como de su enfermedad, un insulto que esa enfermedad le infería al rostro brutalmente cacheteado de mi abuela.
Puis un jour, je me décidai à faire dire à Albertine que je la recevrais prochainement. C′est qu′un matin de grande chaleur prématurée, les mille cris des enfants qui jouaient, des baigneurs plaisantant, des marchands de journaux, m′avaient décrit en traits de feu, en flammèches entrelacées, la plage ardente que les petites vagues venaient une à une arroser de leur fraîcheur; alors avait commencé le concert symphonique mêlé au clapotement de l′eau, dans lequel les violons vibraient comme un essaim d′abeilles égaré sur la mer. Aussitôt j′avais désiré de réentendre le rire d′Albertine, de revoir ses amies, ces jeunes filles se détachant sur les flots, et restées dans mon souvenir le charme inséparable, la flore caractéristique de Balbec; et j′avais résolu d′envoyer par Françoise un mot à Albertine, pour la semaine prochaine, tandis que, montant doucement, la mer, à chaque déferlement de lame, recouvrait complètement de coulées de cristal la mélodie dont les phrases apparaissaient séparées les unes des autres, comme ces anges luthiers qui, au faîte de la cathédrale italienne, s′élèvent entre les crêtes de porphyre bleu et de jaspe écumant. Mais le jour où Albertine vint, le temps s′était de nouveau gâté et rafraîchi, et d′ailleurs je n′eus pas l′occasion d′entendre son rire; elle était de fort mauvaise humeur. «Balbec est assommant cette année, me dit-elle. Je tâcherai de ne pas rester longtemps. Luego, un día, decidí comunicarle a Albertina que próximamente la recibiría. En una mañana de calor prematuro, los mil gritos de los niños que jugaban, los bañistas que bromeaban, los vendedores de diarios, me habían descrito en rasgos de fuego, en chispas entrelazadas la playa ardiente que refrescaban con su frescura, una a una, las olas pequeñas; entonces empezó el concierto sinfónico mezclado al chapoteo del agua, en la que vibraban los violines como un enjambre -extraviado sobre el mar. Enseguida quise volver a escuchar la risa de Albertina, volver a ver a sus amigas, esas jóvenes que se destacaban en las aguas y que quedaron en mi recuerdo como un encanto inseparable, como la flora característica de Balbec; y resolví enviar por medio de Francisca unas líneas a Albertina, para la semana próxima, mientras el mar, subiendo apenas al batir de cada ola, recubría completamente con sus coladas de cristal la melodía cuyas frases aparecían separadas unas de las otras como esos ángeles laudistas que se levantan en la cima de las catedrales italianas entre las crestas de pórfido azul y de jaspe espumoso. Pero el día en que llegó Albertina, el tiempo se había descompuesto yrefrescado de nuevo, y, por otra parte, no tuve oportunidad de oír su risa; estaba de muy mal humor. “- Balbec está insoportable este año -me dijo-. Trataré de no quedarme mucho tiempo.
Vous savez que je suis ici depuis Pâques, cela fait plus d′un mois. Il n′y a personne. Si vous croyez que c′est folichon.» Malgré la pluie récente et le ciel changeant à toute minute, après avoir accompagné Albertine jusqu′à Egreville, car Albertine faisait, selon son expression, la «navette» entre cette petite plage, où était la villa de Mme Bontemps, et Incarville où elle avait été «prise en pension» par les parents de Rosemonde, je partis me promener seul vers cette grande route que prenait la voiture de Mme de Villeparisis quand nous allions nous promener avec ma grand′mère; des flaques d′eau, que le soleil qui brillait n′avait pas séchées, faisaient du sol un vrai marécage, et je pensais à ma grand′mère qui jadis ne pouvait marcher deux pas sans se crotter. Mais, dès que je fus arrivé à la route, ce fut un éblouissement. Là où je n′avais vu, avec ma grand′mère, au mois d′août, que les feuilles et comme l′emplacement des pommiers, à perte de vue ils étaient en pleine floraison, d′un luxe inouíª les pieds dans la boue et en toilette de bal, ne prenant pas de précautions pour ne pas gâter le plus merveilleux satin rose qu′on eût jamais vu et que faisait briller le soleil; l′horizon lointain de la mer fournissait aux pommiers comme un arrière-plan d′estampe japonaise; si je levais la tête pour regarder le ciel entre les fleurs, qui faisaient paraître son bleu rasséréné, presque violent, elles semblaient s′écarter pour montrer la profondeur de ce paradis. Sous cet azur, une brise légère mais froide faisait trembler légèrement les bouquets rougissants. Des mésanges bleues venaient se poser sur les branches et sautaient entre les fleurs, indulgentes, comme si c′eût été un amateur d′exotisme et de couleurs qui avait artificiellement créé cette beauté vivante. Mais elle touchait jusqu′aux larmes parce que, si loin qu′on allai dans ses effets d′art raffiné, on sentait qu′elle était naturelle, que ces pommiers étaient là en pleine campagne comme des paysans, sur une grande route de France. Puis aux rayons du soleil succédèrent subitement ceux de la pluie; ils zébrèrent tout l′horizon, enserrèrent la file des pommiers dans leur réseau gris. Mais ceux-ci continuaient à dresser leur beauté, fleurie et rose, dans le vent devenu glacial sous l′averse qui tombait: c′était une journée de printemps. Usted sabe que estoy aquí desde Pascuas, hace más de un mes. No hay nadie. ¡Si le parece divertido!...” A pesar de la lluvia reciente y del cielo tornadizo a cada instante, después de haber acompañado a Albertina hasta Epreville, porque Albertina hacía, según su expresión, de lanzadera entre esa pequeña playa donde estaba la casa de veraneo de la señora de Bontemps e Incarville, donde vivía en pensión en casa de los padres de Rosemonde, me fui a pasear solo por ese camino grande que recorría el coche de la señora de Villeparisis cuando íbamos a pasear con mi abuela; charcas de agua que afín, no evaporara el sol brillante, hacían del suelo un verdadero pantano, y pensaba en mi abuela, que antaño no podía dar un paso sin enfangarse. Pero en cuanto llegué al camino fue un deslumbramiento. Ahí, donde no observara en el mes de agosto, con mi abuela, más que las hojas y como el emplazamiento de los manzanos, estaban hasta perderse de vista en plena floración, con un lujo extraordinario, con los pies en el barro y en traje de fiesta, sin tomar precauciones para no estropear el satén rosado más maravilloso que se viera jamás y que hacía brillar el sol; el horizonte lejano del mar proporcionaba a los manzanos algo así como un segundo plano de estampa japonesa; si levantaba la cabeza para mirar al cielo entre flores que serenaban su azul, casi violento, parecían apartarse para enseñar la profundidad de ese paraíso. Bajo ese azul, una brisa ligera pero fría hacía temblar ligeramente los ramos ruborizados. Paros azules venían a posarse sobre las ramas y saltaban entre las flores, indulgentes, como si el que creara esa belleza viva hubiese sido aficionado al exotismo y loa colores. Pero emocionaba hasta las lágrimas, porque, tan lejos como se remontara uno en sus efectos de arte refinado, se advertía que era natural, que esos manzanos estaban en pleno campo como campesinos, sobre un gran camino de Francia. Luego, a los rayos del sol sucedieron de pronto los de la lluvia; marcaron el horizonte con rayas como de cebra y oprimieron la hilera de manzanos en su red gris. Pero éstos seguían irguiendo su belleza, florecida y rosada, en el viento que heló el chaparrón: era un día de primavera.





II. Chapitre Deuxième

CAPÍTULO III

Les mystères d′Albertine. — Les jeunes filles qu′elle voit dans la glace. — La dame inconnue. — Le liftier. — Madame de Cambremer. — Les plaisirs de M. Nissim Bernard. — Première esquisse du caractère étrange de Morel. — M. de Charlus dîne chez les Verdurin.
Los misterios de Albertina. Las muchachas que ve en el espejo. La dama desconocida. El ascensorista. La señora de Cambremer. Los placeres del señor Nissim Bernard. Primer boceto del extraño carácter de Moral. El señor de Charlus cena en casa de los Verdurin
Dans ma crainte que le plaisir trouvé dans cette promenade solitaire n′affaiblît en moi le souvenir de ma grand′mère, je cherchais à le raviver en pensant à telle grande souffrance morale qu′elle avait eue; à mon appel cette souffrance essayait de se construire dans mon coeur, elle y élançait ses piliers immenses; mais mon coeur, sans doute, était trop petit pour elle, je n′avais la force de porter une douleur si grande, mon attention se dérobait au moment où elle se reformait tout entière, et ses arches s′effondraient avant de s′être rejointes, comme avant d′avoir parfait leur voûte s′écroulent les vagues. Cependant, rien que par mes rêves quand j′étais endormi, j′aurais pu apprendre que mon chagrin de la mort de ma grand′mère diminuait, car elle y apparaissait moins opprimée par l′idée que je me faisais de son néant. Je la voyais toujours malade, mais en voie de se rétablir, je la trouvais mieux. Et si elle faisait allusion à ce qu′elle avait souffert, je lui fermais la bouche avec mes baisers et je l′assurais qu′elle était maintenant guérie pour toujours. J′aurais voulu faire constater aux sceptiques que la mort est vraiment une maladie dont on revient. Seulement je ne trouvais plus chez ma grand′mère la riche spontanéité d′autrefois. Ses paroles n′étaient qu′une réponse affaiblie, docile, presque un simple écho de mes paroles; elle n′était plus que le reflet de ma propre pensée. Temiendo que el placer de ese paseo solitario debilitare el recuerdo de mi abuela, traté de reavivarlo pensando en el sufrimiento moral tan grande que había experimentado; a mi conjuro, este sufrimiento trataba de construirse en mi corazón; iba echando sus inmensos pilares; pero sin duda mi corazón era demasiado chico y no podía soportar tan inmenso dolor; mi intención se esquivaba en el momento en que estaba a punto de darle cima, y sus arcos se desmoronaban sin haberse juntado, como antes de haber perfeccionado su bóveda se deshacen las olas. Sin embargo, nada más que por mis sueños al quedarme dormido, podía saber que disminuía mi pesar por la muerte de mi abuela, porque parecía menos oprimida por la idea que me hacía yo de su nada. La veis siempre enferma, pero en vías de restablecerse; la encontraba mejor. Y si ella aludía a lo que había sufrido, le cerraba la boca con mis besos y le aseguraba que ahora estaba curada para siempre. Quisiera que los escépticos comprobaran que la muerte es verdaderamente una enfermedad de la que se vuelve. Sólo que no encontraba en mi abuela la rica espontaneidad de antaño. Sus palabras no eran más que una contestación debilitada, dócil, casi un simple eco de mis palabras; no eran sino el reflejo de mi propio pensamiento.
Incapable comme je l′étais encore d′éprouver à nouveau un désir physique, Albertine recommençait cependant à m′inspirer comme un désir de bonheur. Certains rêves de tendresse partagée, toujours flottants en nous, s′allient volontiers, par une sorte d′affinité, au souvenir (à condition que celui-ci soit déjà devenu un peu vague) d′une femme avec qui nous avons eu du plaisir. Ce sentiment me rappelait des aspects du visage d′Albertine, plus doux, moins gais, assez différents de ceux que m′eût évoqués le désir physique; et comme il était aussi moins pressant que ne l′était ce dernier, j′en eusse volontiers ajourné la réalisation à l′hiver suivant sans chercher à revoir Albertine à Balbec avant son départ. Mais, même au milieu d′un chagrin encore vif, le désir physique renaît. De mon lit où on me faisait rester longtemps tous les jours à me reposer, je souhaitais qu′Albertine vînt recommencer nos jeux d′autrefois. Ne voit-on pas, dans la chambre même où ils ont perdu un enfant, des époux, bientôt de nouveau entrelacés, donner un frère au petit mort? J′essayais de me distraire de ce désir en allant jusqu′à la fenêtre regarder la mer de ce jour-là. Comme la première année, les mers, d′un jour à l′autre, étaient rarement les mêmes. Mais d′ailleurs elles ne ressemblaient guère à celles de cette première année, soit parce que maintenant c′était le printemps avec ses orages, soit parce que, même si j′étais venu à la même date que la première fois, des temps différents, plus changeants, auraient pu déconseiller cette côte à certaines mers indolentes, vaporeuses et fragiles que j′avais vues pendant des jours ardents dormir sur la plage en soulevant imperceptiblement leur sein bleuâtre, d′une molle palpitation, soit surtout parce que mes yeux, instruits par Elstir à retenir précisément les éléments que j′écartais volontairement jadis, contemplaient longuement ce que la première année ils-ne savaient pas voir. Cette opposition qui alors me frappait tant entre les promenades agrestes que je faisais avec Mme de Villeparisis et ce voisinage fluide, inaccessible et mythologique, de l′Océan éternel n′existait plus pour moi. Et certains jours la mer me semblait, au contraire, maintenant presque rurale elle-même. Les jours, assez rares, de vrai beau temps, la chaleur avait tracé sur les eaux, comme à travers champs, une route poussiéreuse et blanche derrière laquelle la fine pointe d′un bateau de pêche dépassait comme un clocher villageois. Un remorqueur, dont on ne voyait que la cheminée, fumait au loin comme une usine écartée, tandis que seul à l′horizon un carré blanc et bombé, peint sans doute par une voile, mais qui semblait compact et comme calcaire, faisait penser à l′angle ensoleillé de quelque bâtiment isolé, hôpital ou école. Et les nuages et le vent, les jours où il s′en ajoutait au soleil, parachevaient sinon l′erreur du jugement, du moins l′illusion du premier regard, la suggestion qu′il éveille dans l′imagination. Car l′alternance d′espaces de couleurs nettement tranchées, comme celles qui résultent, dans la campagne, de la contigueacute; de cultures différentes, les inégalités âpres, jaunes, et comme boueuses de la surface marine, les levées, les talus qui dérobaient à la vue une barque où une équipe d′agiles matelots semblait moissonner, tout cela, par les jours orageux, faisait de l′océan quelque chose d′aussi varié, d′aussi consistant, d′aussi accidenté, d′aussi populeux, d′aussi civilisé que la terre carrossable sur laquelle j′allais autrefois et ne devais pas tarder à faire des promenades. Et une fois, ne pouvant plus résister à mon désir, au lieu de me recoucher, je m′habillai et partis chercher Albertine à Incarville. Je lui demanderais de m′accompagner jusqu′à Douville où j′irais faire à Féterne une visite à Mme de Cambremer, et à la Raspelière une visite à Mme Verdurin. Albertine m′attendrait pendant ce temps-là sur la plage et nous reviendrions ensemble dans la nuit. J′allai prendre le petit chemin de fer d′intérêt local dont j′avais, par Albertine et ses amies, appris autrefois tous les surnoms dans la région, où on l′appelait tantôt le Tortillard à cause de ses innombrables détours, le Tacot parce qu′il n′avançait pas, le Transatlantique à cause d′une effroyable sirène qu′il possédait pour que se garassent les passants, le Decauville et le Funi, bien que ce ne fût nullement un funiculaire mais parce qu′il grimpait sur la falaise, ni même à proprement parler un Decauville mais parce qu′il avait une voie de 60, le B. A. G: parce qu′il allait de Balbec à Grallevast en puissant par Angerville, le Tram et le T. S. N. parce qu′il faisait partie de la ligne des tramways du Sud de la Normandie. Je m′installai dans un wagon où j′étais seul; il faisait un soleil splendide, on étouffait; je baissai le store bleu qui ne laissa passer qu′une raie de soleil. Mais aussitôt je vis ma grand′mère, telle qu′elle était assise dans le train à notre départ de Paris à Balbec, quand, dans la souffrance de me voir prendre de la bière, elle avait préféré ne pas regarder, fermer les yeux et faire semblant de dormir. Moi qui ne pouvais supporter autrefois la souffrance qu′elle avait quand mon grand-père prenait du cognac, je lui avais infligé celle, non pas même seulement de me voir prendre, sur l′invitation d′un autre, une boisson qu′elle croyait funeste pour moi, mais je l′avais forcée à me laisser libre de m′en gorger à ma guise; bien plus, par mes colères, mes crises d′étouffement, je l′avais forcée à m′y aider, à me le conseiller, dans une résignation suprême dont j′avais devant ma mémoire l′image muette, désespérée, aux yeux clos pour ne pas voir. Un tel souvenir, comme un coup de baguette, m′avait de nouveau rendu l′âme que j′étais en train de perdre depuis quelque temps; qu′est-ce que j′aurais pu faire de Rosemonde quand mes lèvres tout entières étaient parcourues seulement par le désir désespéré d′embrasser une morte? qu′aurais-je pu dire aux Cambremer et aux Verdurin quand mon coeur battait si fort parce que s′y reformait à tout moment la douleur que ma grand′mère avait soufferte? Je ne pus rester dans ce wagon. Dès que le train s′arrêta à Maineville-la-Teinturière, renonçant à mes projets, je descendis, je rejoignis la falaise et j′en suivis les chemins sinueux. Maineville avait acquis depuis quelque temps une importance considérable et une réputation particulière, parce qu′un directeur de nombreux casinos, marchand de bien-être, avait fait construire non loin de là, avec un luxe de mauvais goût capable de rivaliser avec celui d′un palace, un établissement, sur lequel nous reviendrons, et qui était, à franc parler, la première maison publique pour gens chics qu′on eût eu l′idée de construire sur les côtes de France. C′était la seule. Chaque port a bien la sienne, mais bonne seulement pour les marins et pour les amateurs de pittoresque que cela amuse de voir, tout près de l′église immémoriale, la patronne presque aussi vieille, vénérable et moussue, se tenir devant sa porte mal famée en attendant le retour des bateaux de pêche. Incapaz aun de experimentar de nuevo un deseo físico, Albertina empezaba a inspirarme algo así como un ansia de felicidad. Algunos sueños compartidos de ternura, siempre flotantes en nosotros, se unen de buenas ganas por una especie de afinidad del recuerdo (a condición de que éste ya se haya hecho un poco vago) de una mujer con quien ya experimentamos placer. Ese sentimiento me recordaba ciertos aspectos del rostro de Albertina, más dulces, menos alegres, bastante diferentes de los que me hubiese evocado el placer físico; y como era menos urgente que ese último, habría postergado con gusto su realización hasta el próximo invierno sin tratar de volver a ver en Balbec a Albertina antes de su partida. Pero aun en medio de un pesar todavía vivo, renace el deseo físico. Desde mi lecho, en el que me hacían quedar mucho tiempo todos los días para descansar, deseaba yo que Albertina viniese para seguir con nuestros juegos de antaño. ¿Acaso, en el cuarto en que han perdido un hijo, los esposos de nuevo abrazados, no dan un hermano al pequeño muerto? Trataba de distraerme de ese deseo, yendo hasta la ventana, para mirar el mar de ese día. Como en el primer año, los mares de un día a otro eran difícilmente los mismos. Pero, por otra parte, no se parecían a los de ese primer afeo, fuese porque ahora estábamos en primavera con sus tormentas, o porque, aunque llegara en la misma época que la primera vez, tiempos distintos y más cambiantes podían indicar que evitaran esas cosas a ciertos mares indolentes, vaporosos y frágiles que vi dormir en días ardorosos sobre la playa, levantando imperceptiblemente su seno azulado, con una blanda palpitación, o sobre todo porque mis ojos instruidos por Elstir en retener precisamente los elementos que apartaba antaño a voluntad, contemplaban largamente lo que no sabían ver el primer año. Esa oposición que entonces me chocaba tanto entre los paseos agrestes con la señora de Villeparisis y ese vecindario fluido, inaccesible y mitológico del océano eterno, ya no existían para mí. Y algunos días el mar mismo parecía, por el contrario, casi rural. En los días, bastante escasos, de verdadero tiempo bueno, el calor trazaba sobre las aguas, como a través de los campos, un sendero polvoriento y blanco tras el cual sobresalía la fina punta de un barco de pesca igual que un campanario aldeano. Un remolcador del que no se veis más que la chimenea humeaba a lo lejos como una usina apartada, mientras, solitario en el horizonte, un cuadrado blanco y henchido, pintado sin duda por una vela, pero aparentemente compacto y calcáreo, sugería el ángulo asoleado de algún establecimiento aislado, hospital o escuela. Y las nubes y el viento; los días en que se sumaban al sol, perfeccionaban, ya que no el error del juicio, por lo menos la ilusión de la primera mirada, lo que surtiere la imaginación. Porque la alternación de espacios de colores nítidamente separados como los que resultan en el campo por la proximidad de distintos cultivos, las desigualdades ásperas, amarillas y como barrosas de la superficie marina, las cosechas, los taludes que escamoteaban a la vista una barca donde un equipo de ágiles marineros parecía recoger las mieses, todo eso hacia del océano en los días de tormenta algo tan variado, tan consistente, tan accidentado, tan populoso, tan civilizado como la carretera sobre la que andaba antaño y donde no debía tardar en pasear: Y una vez, sin poder resistir ya mi deseo, en lugar de volver a acostarme, me vestí para buscar a Albertina por Incarville. Le pedida que me acompañara hasta Douvflle, donde visitaría a la señora de Cambremer en Féterne y en la Raspèliere a la señora de Verdurin. Albertina podía esperarme mientras tanto en la playa y volveríamos juntos por la noche. Iba a tomar el pequeño ferrocarril local, cuyos sobrenombres regionales conocía por Albertina ysus amigas, a causa de sus innumerables desvíos; y lo llamaban ya el Tortuoso ya el Lento, porque no adelantaba nada; el Transatlántico, a causa de una espantosa sirería que poseía para que se guareciesen los transeúntes; el Decduville y el Fun, aunque no fuese de ninguna manera un funicular, sino por que trepaba por el acantilado, ni siquiera un Becauville, hablando con propiedad, sino porque tenía una vía de 60; el B. A. G., porque iba de Balbec a Grallevast, pasando por Angerville; el Trarn. y el T. S. N., porque formaba parte de la línea de tranvías del sur de Normandía. Me instalé en un coche en el que estaba solo; hacia un sol espléndido y asfixiante; bajé la cortinilla azul, que sólo dejó pasar una raya de sol. Pero enseguida vi a mi abuela tal como estaba sentada en el tren a nuestra partida de París a Balbec, cuando, sufriendo porque me veis beber cerveza, había preferido no mirar, cerrar los ojos y fingir que dormía. Yo, que antes no podía soportar su sufrimiento cuando mi abuelo bebía coñac, no sólo le había causado el de verme beber a invitación de otro una bebida que creía funesta, sino que la obligué a que me dejara libre de beberla a. voluntad; mucho más: con mis cóleras y mis ataques de asfixia, la habla obligado a ayudarme, a aconsejarme, en una resignación suprema cuya imagen muda y desesperada tenía ante la memoria con los ojos cerrados para no verla. Tal recuerdo, como un golpe de varita mágica, me había devuelto el alma que estaba perdiendo desde hacía un tiempo; ¿qué hubiera podido hacer de Rosamunda cuando todos mis labios sólo estaban recorridos por el deseo desesperado de abrazar a una muerta? ¿Qué hubiera podido decir a los Cambremer y a los Verdurin cuando mi corazón latía tan fuerte porque variaba a cada instante el dolor que soportara mi abuela? No pude quedarme en ese coche. En cuanto se detuvo el tren en Maineville-la-Teinturiére, renunciando a mis proyectos, descendí, alcancé el acantilado y seguí sus senderos sinuosos. Mafneville había adquirido desde hacía algún tiempo una considerable importancia y una reputación particular, porque un director de numerosos casinos, mercader de bienestar, había hecho construir no lejos de allí, con un lujo de mal gusto capaz de rivalizar con el de un palote, un establecimiento del que volveremos a ocuparnos y que era, hablando con franqueza, la primera casa pública para gente elegante que se decidió construir en las costas de Francia. Era la única. Cada puerto tiene la suya, pero adecuada únicamente para los marinos y para los aficionados a lo pintoresco, a los que divierte ver, junto a la iglesia inmemorial, la patrona casi tan vieja, venerable y musgosa, que espera ante su puerta mal afamada la vuelta de los barcos pesqueros.
M′écartant de l′éblouissante maison de «plaisir», insolemment dressée là malgré les protestations des familles inutilement adressées au maire, je rejoignis la falaise et j′en suivis les chemins sinueux dans la direction de Balbec. J′entendis sans y répondre l′appel des aubépines. Voisines moins cossues des fleurs de pommiers, elles les trouvaient bien lourdes, tout en reconnaissant le teint frais qu′ont les filles, aux pétales roses, de ces gros fabricants de cidre. Elles savaient que, moins richement dotées, on les recherchait cependant davantage et qu′il leur suffisait, pour plaire, d′une blancheur chiffonnée. Apartándome de la deslumbradora casa de “placer”, erguida Insolentemente a pesar de las protestas que las familias dirigieron inútilmente al alcalde, alcancé de nuevo el acantilado y seguí sus senderos sinuosos en dirección a Balbec. Oí sin contestarlo el llamado de los espinos blancos. Vecinas menos ricas de las flores del manzano, les parecían demasiado pesadas, a pesar de reconocer el cutis fresco que tienen las hijas de pétalos rosados de esos importantes fabricantes de sidra. Sabían que, aunque dotadas de menos riqueza, las requerían mucho más sin embargo y les bastaba para gustar su arrugada blancura.
Quand je rentrai, le concierge de l′hôtel me remit une lettre de deuil où faisaient part le marquis et la marquise de Gonneville, le vicomte et la vicomtesse d′Amfreville, le comte et la comtesse de Berneville, le marquis et la marquise de Graincourt, le comte d′Amenoncourt, la comtesse de Maineville, le comte et la comtesse de Franquetot, la comtesse de Chaverny née d′Aigleville, et de laquelle je compris enfin pourquoi elle m′était envoyée quand je reconnus les noms de la marquise de Cambremer née du Mesnil La Guichard, du marquis et de la marquise de Cambremer, et que je vis que la morte, une cousine des Cambremer, s′appelait Éléonore-Euphrasie–Humbertine de Cambremer, comtesse de Criquetot. Dans toute l′étendue de cette famille provinciale, dont le dénombrement remplissait des lignes fines et serrées, pas un bourgeois, et d′ailleurs pas un titre connu, mais tout le ban et l′arrière-ban des nobles de la région qui faisaient chanter leurs noms — ceux de tous les lieux intéressants du pays — aux joyeuses finales en ville, en court, parfois plus sourdes (en tôt). Habillés des tuiles de leur château ou du crépi de leur église, la tête branlant dépassant à peine la voûte ou le corps de logis, et seulement pour se coiffer du lanternon normand ou des colombages du toit en poivrière, ils avaient l′air d′avoir sonné le rassemblement de tous les jolis villages échelonnés ou dispersés à cinquante lieues à la ronde et de les avoir disposés en formation serrée, sans une lacune, sans un intrus, dans le damier compact et rectangulaire de l′aristocratique lettre bordée de noir. Cuando volví, el portero del hotel me entregó una carta de luto en que participaban el marqués y la marquesa de Gonneville, el vizconde yla vizcondesa de Amfreville, el conde yla condesa de Berneville, el marqués y la marquesa de Graincourt, el conde de Amonon, la condesa de Maineville, el conde y la condesa de Franquetot, la condesa de Chaverny, nacida Aigleville, y que pude explicarme cuando reconocí los nombres de la marquesa de Cambremer, nacida du Mesnil la Guichard; del marqués y la marquesa de Cambremer, y cuando vi que la muerta, una prima de los Cambremer, se llamaba Leonorh-Jufrasia-Humbertina de Cambremer, condesa de Criquetot. En la nómina de esa familia provinciana, cuyos apellidos llenaban renglones apretados y finos, no figuraba ni un burgués y, por otra parte, ni un título conocido; pero si, en cambio, toca la retahíla de nobles de la región que hacían cantar sus nombres -los de todos los lugares interesantes de la zona- con los alegres finales en ville, en court, a veces más sordos (en tot). Vestidos con las tejas de su castillo o con un revoque de su iglesia, sobresaliendo apenas con la cabeza temblorosa de la bóveda o del cuerpo de edificio y sólo para cubrirse con la farol normanda o los armazones del techo en pimentera, parecían haber convocado a todas las lindas aldeas escalonadas o dispersas en cincuenta leguas a la redonda y dispuesto en formación cerrada, sin una laguna, sin un intruso, en el damero compacto y rectangular de la aristocrática carta orlada de negro.
Ma mère était remontée dans sa chambre, méditant cette phrase de Mme de Sévigné: «Je ne vois aucun de ceux qui veulent me divertir de vous; en paroles couvertes c′est qu′ils veulent m′empêcher de penser à vous et cela m′offense», parce que le premier président lui avait dit qu′elle devrait se distraire. A moi il chuchota: «C′est la princesse de Parme.» Ma peur se dissipa en voyant que la femme que me montrait le magistrat n′avait aucun rapport avec Son Altesse Royale. Mais comme elle avait fait retenir une chambre pour passer la nuit en revenant de chez Mme de Luxembourg, la nouvelle eut pour effet sur beaucoup de leur faire prendre toute nouvelle dame arrivée pour la princesse de Parme — et pour moi, de me faire monter m′enfermer dans mon grenier. Mi madre había subido a su cuarto, meditando esta frase de la señora de Sévigné: “No veo a ninguno de los que quieren distraerme de vos; con palabras encubiertas tratan de impedir que os recuerde, y eso me ofende”, porque el presidente primero le había dicho que debía distraerse. A mí me cuchicheó: “-Es la princesa de Parma”. Se desvaneció mi temor al ver que la mujer que me señalaba el magistrado no tenía ninguna relación con Su Alteza Real. Pero, como había reservado un cuarto para pasar la noche al volver de casa de la señora de Luxemburgo, la noticia hizo que muchos confundieran a cualquier recién llegada con la princesa de Parma y que yo subiese a encerrarme en mi buhardilla.
Je n′aurais pas voulu y rester seul. Il était à peine quatre heures. Je demandai à Françoise d′aller chercher Albertine pour qu′elle vînt passer la fin de l′après-midi avec moi. No hubiera querido quedarme solo. Apenas eran las cuatro. Le pedí a Francisca que la llamara a Albertina, para que pasara conmigo el final de la tarde.
Je crois que je mentirais en disant que commença déjà la douloureuse et perpétuelle méfiance que devait m′inspirer Albertine, à plus forte raison le caractère particulier, surtout gomorrhéen, que devait revêtir cette méfiance. Certes, dès ce jour-là— mais ce n′était pas le premier — mon attente fut un peu anxieuse. Françoise, une fois partie, resta si longtemps que je commençai à désespérer. Je n′avais pas allumé de lampe. Il ne faisait plus guère jour. Le vent faisait claquer le drapeau du Casino. Et, plus débile encore dans le silence de la grève, sur laquelle la mer montait, et comme une voix qui aurait traduit et accru le vague énervant de cette heure inquiète et fausse, un petit orgue de Barbarie arrêté devant l′hôtel jouait des valses viennoises. Enfin Françoise arriva, mais seule. «Je suis été aussi vite que j′ai pu mais elle ne voulait pas venir à cause qu′elle ne se trouvait pas assez coiffée. Si elle n′est pas restée une heure d′horloge à se pommader, elle n′est pas restée cinq minutes. Ça va être une vraie parfumerie ici. Elle vient, elle est restée en arrière pour s′arranger devant la glace. Je croyais la trouver là.» Le temps fut long encore avant qu′Albertine arrivât. Mais la gaieté, la gentillesse qu′elle eut cette fois dissipèrent ma tristesse. Elle m′annonça (contrairement à ce qu′elle avait dit l′autre jour) qu′elle resterait la saison entière, et me demanda si nous ne pourrions pas, comme la première année, nous voir tous les jours. Je lui dis qu′en ce moment j′étais trop triste et que je la ferais plutôt chercher de temps en temps, au dernier moment, comme à Paris. «Si jamais vous vous sentez de la peine ou que le coeur vous en dise, n′hésitez pas, me dit-elle, faites-moi chercher, je viendrai en vitesse, et si vous ne craignez pas que cela fasse scandale dans l′hôtel, je resterai aussi longtemps que vous voudrez.» Françoise avait, en la ramenant, eu l′air heureuse comme chaque fois qu′elle avait pris une peine pour moi et avait réussi à me faire plaisir. Mais Albertine elle-même n′était pour rien dans cette joie et, dès le lendemain, Françoise devait me dire ces paroles profondes: «Monsieur ne devrait pas voir cette demoiselle. Je vois bien le genre de caractère qu′elle a, elle vous fera des chagrins.» En reconduisant Albertine, je vis, par la salle à manger éclairée, la princesse de Parme. Je ne fis que la regarder en m′arrangeant à n′être pas vu. Mais j′avoue que je trouvai une certaine grandeur dans la royale politesse qui m′avait fait sourire chez les Guermantes. C′est un principe que les souverains sont partout chez eux, et le protocole le traduit en usages morts et sans valeur, comme celui qui veut que le maître de la maison tienne à la main son chapeau, dans sa propre demeure, pour montrer qu′il n′est plus chez lui mais chez le Prince. Or cette idée, la princesse de Parme ne se la formulait peut-être pas, mais elle en était tellement imbue que tous ses actes, spontanément inventés pour les circonstances, la traduisaient. Quand elle se leva de table elle remit un gros pourboire à Aimé comme s′il avait été là uniquement pour elle et si elle récompensait, en quittant un château, un maître d′hôtel affecté à son service. Elle ne se contenta d′ailleurs pas du pourboire, mais avec un gracieux sourire lui adressa quelques paroles aimables et flatteuses, dont sa mère l′avait munie. Un peu plus, elle lui aurait dit qu′autant l′hôtel était bien tenu, autant était florissante la Normandie, et qu′à tous les pays du monde elle préférait la France. Une autre pièce glissa des mains de la princesse pour le sommelier qu′elle avait fait appeler et à qui elle tint à exprimer sa satisfaction comme un général qui vient de passer une revue. Le lift était, à ce moment, venu lui donner une réponse; il eut aussi un mot, un sourire et un pourboire, tout cela mêlé de paroles encourageantes et humbles destinées à leur prouver qu′elle n′était pas plus que l′un d′eux. Comme Aimé, le sommelier, le lift et les autres crurent qu′il serait impoli de ne pas sourire jusqu′aux oreilles à une personne qui leur souriait, elle fut bientôt entourée d′un groupe de domestiques avec qui elle causa bienveillamment; ces façons étant inaccoutumées dans les palaces, les personnes qui passaient sur la place, ignorant son nom, crurent qu′ils voyaient une habituée de Balbec, qui, à cause d′une extraction médiocre ou dans un intérêt professionnel (c′était peut-être la femme d′un placier en Champagne), était moins différente de la domesticité que les clients vraiment chics. Pour moi je pensai au palais de Parme, aux conseils moitié religieux, moitié politiques donnés à cette princesse, laquelle agissait avec le peuple comme si elle avait dû se le concilier pour régner un jour, bien plus, comme si elle régnait déjà. Creo que mentiría si dijera que ya comenzó la dolorosa y perpetua desconfianza que debía inspirarme Albertina, con mayor motivo el carácter particular, especialmente gomórreo, que revestiría esa desconfianza. En verdad, desde ese día pero no era el primero mi espera fue un poco ansiosa. Una vez que se fue Francisca, tardó tanto tiempo en volver que comencé a desesperarme. El viento hacía flamear la bandera del casino. Y más débil aún en el silencio de la grava sobre la que iba trepando el mar, como una voz que tradujese y acreciese la vaga nerviosidad de esa hora inquieta y falsa, un organito tocaba valses vieneses, frente al hotel. Por fin llegó Francisca, pero sola. “-Fui tan pronto pude; pero ella no quería venir porque no estaba bastante peinada. Si no estuvo una hora reloj en mano para ponerse pomada, no tardó cinco minutos. Esto va a ser una verdadera perfumería. Ya viene; se ha retrasado por arreglarse frente al espejo. Creí encontrarla aquí”. Pasó bastante tiempo todavía hasta que llegara Albertina. Pero la alegría y la gentileza que derrochó en esa oportunidad disiparon mi pena. Me anunció (al contrario de lo que había dicho días pasados) que se quedaría durante toda la estación y me preguntó si no sería posible vernos todos los días como el primer año. Le dije que en esos momentos estaba demasiado triste y que más bien la mandaría llamar de tiempo en tiempo a último momento, como en París. “-Si siente alguna pena o se lo dicta el corazón, no vacile -me dijo-, hágame llamar, que vendré al instante, y si no teme escandalizar al hotel, me quedaré tanto como lo quiera”. Francisca parecía tan feliz al traerla como cada vez que se molestaba por mí y me conseguía un placer. Pero la misma Albertina no intervenía para nada en esa alegría, y a partir del día siguiente Francisca debía decirme estas palabras profundas: “-El señor no debiera ver a esa señorita. Yo sé cuál es su carácter; le causará disgustos”. Al acompañar a Albertina, vi a la princesa de Parma a través del comedor iluminado. No hice más que mirarla, componiéndomelas para que no me viese. Pero confieso que descubrí cierta grandeza en esa cortesía real que me hiciera sonreír en casa de los Guermantes. Es un principio que los soberanos están en todas partes como en su casa, y el protocolo lo traduce en costumbres muertas y sin valor, como esa que quiere que el dueño de casa tenga su sombrero en la mano, en su propio hogar, para indicar que ya no está en su casa, sino en la del príncipe. Esta idea quizá no se la formulara la princesa de Parma, pero estaba tan imbuida de ella, que la traducían todos sus actos espontáneamente inventados para las circunstancias. Cuando se levantó de la mesa entregó una generosa propina a Aimé, como si estuviese ahí únicamente para ella y si recompensara a un maître afectado a su servicio, al dejar un castillo. No se contentó, por otra parte, con la propina, sino que, con una graciosa sonrisa, le dirigió algunas palabras amables y halagadoras, de las que la proveyera su madre. Por poco le hubiera dicho que el hotel estaba tan bien llevado, cuánto florecía la Normandía y que prefería Francia a todos los países del mundo. Otra moneda se deslizó desde las manos de la princesa hasta el sumiller, a quien había mandado llamar y a quien quiso expresar su satisfacción como un general que acaba de pasar revista. El ascensorista llegó en ese momento para darle una respuesta; tuvo también una frase, una sonrisa y una propina, todo eso con palabras humildes y de aliento destinadas a probarles que no era más que ninguno de ellos. Como Aimé, el sumiller, el ascensorista y los otros creyeron que sería descortés no sonreír hasta las orejas a una persona que les sonreía, se vio rodeada muy pronto por un grupo de sirvientes, con los que conversó con la mayor benevolencia; como esos modales eran desacostumbrados en los palaces, las personas que pasaban por el lugar e ignoraban su nombre creyeron ver a una cliente habitual de Balbec que a causa de un origen mediocre, o por un interés profesional (sería, quizás, la mujer de un corredor de champaña) se distinguía menos de los domésticos que los clientes verdaderamente elegantes. En cuanto a mí, pensé en el palacio de Parma, en los consejos semirreligiosos, semipolíticos dados a esta princesa, que obraba con el pueblo como si hubiera debido conciliárselo para reinar algún día. Mucho más, como si ya reinase.
Je remontais dans ma chambre, mais je n′y étais pas seul. J′entendais quelqu′un jouer avec moelleux des morceaux de Schumann. Certes il arrive que les gens, même ceux que nous aimons le mieux, se saturent de la tristesse ou de l′agacement qui émane de nous. Il y a pourtant quelque chose qui est capable d′un pouvoir d′exaspérer où n′atteindra jamais une personne: c′est un piano. Subí a mi cuarto, pero no estaba solo. Oía a alguien tocar a Schumann. En verdad, sucede que la gente, aun la que más queremos, se satura con la tristeza o el fastidio que emana de nosotros. Hay, algo sin embargo que es capaz de irritar o no alcanzará nunca a una persona: y es un piano.
Albertine m′avait fait prendre en note les dates où elle devait s′absenter et aller chez des amies pour quelques jours, et m′avait fait inscrire aussi leur adresse pour si j′avais besoin d′elle un de ces soirs-là, car aucune n′habitait bien loin. Cela fit que, pour la trouver, de jeune fille en jeune fille, se nouèrent tout naturellement autour d′elle des liens de fleurs. J′ose avouer que beaucoup de ses amies — je ne l′aimais pas encore — me donnèrent, sur une plage ou une autre, des instants de plaisir. Ces jeunes camarades bienveillantes ne me semblaient pas très nombreuses. Mais dernièrement j′y ai repensé, leurs noms me sont revenus. Je comptai que, dans cette seule saison, douze me donnèrent leurs frêles faveurs. Un nom me revint ensuite, ce qui fit treize. J′eus alors comme une cruauté enfantine de rester sur ce nombre. Hélas, je songeais que j′avais oublié la première, Albertine qui n′était plus et qui fit la quatorzième. Albertina me había hecho anotar las fechas en que debía ausentarse e ir a casa de sus amigas por algunos días, y me había hecho anotar también su dirección, por si la necesitaba una de esas noches, porque ninguna habitaba demasiado lejos. Por eso, para encontrarla de muchacha en muchacha, se anudaron naturalmente en torno a ella lazos de flores. Me atrevo a confesar que muchas de sus amigas -aún no la quería- me brindaron en una playa u otra momentos de placer. Esas jóvenes compañeras benevolentes no me parecían muy numerosas. Pero últimamente he vuelto a pensar y sus nombres tornaron a mi memoria. Contaba que en esa sola estación, doce me concedieron sus frágiles favores. Un nombre se me apareció luego, lo que hizo trece. Tuve entonces algo como una crueldad infantil al detenerme en ese número. ¡Ay!, pensaba que había olvidado a la primera, Albertina, que ya no estaba y era la decimocuarta.
J′avais, pour reprendre le fil du récit, inscrit les noms et les adresses des jeunes filles chez qui je la trouverais tel jour où elle ne serait pas à Incarville, mais de ces jours-là j′avais pensé que je profiterais plutôt pour aller chez Mme Verdurin. D′ailleurs nos désirs pour différentes femmes n′ont pas toujours la même force. Tel soir nous ne pouvons nous passer d′une qui, après cela, pendant un mois ou deux, ne nous troublera guère. Et puis les causes d′alternance, que ce n′est pas le lieu d′étudier ici, après les grandes fatigues charnelles, font que la femme dont l′image hante notre sénilité momentanée est une femme qu′on ne ferait presque que baiser sur le front. Quant à Albertine, je la voyais rarement, et seulement les soirs, fort espacés, où je ne pouvais me passer d′elle. Si un tel désir me saisissait quand elle était trop loin de Balbec pour que Françoise pût aller jusque-là, j′envoyais le lift à Egreville, à la Sognê, à Saint–Frichoux, en lui demandant de terminer son travail un peu plus tôt. Il entrait dans ma chambre, mais en laissait la porte ouverte car, bien qu′il fît avec conscience son «boulot», lequel était fort dur, consistant, dès cinq heures du matin, en nombreux nettoyages, il ne pouvait se résoudre à l′effort de fermer une porte et, si on lui faisait remarquer qu′elle était ouverte, il revenait en arrière et, aboutissant à son maximum d′effort, la poussait légèrement. Avec l′orgueil démocratique qui le caractérisait et auquel n′atteignent pas dans les carrières libérales les membres de professions un peu nombreuses, avocats, médecins, hommes de lettres appelant seulement un autre avocat, homme de lettres ou médecin: «Mon confrère», lui, usant avec raison d′un terme réservé aux corps restreints, comme les académies par exemple, il me disait, en parlant d′un chasseur qui était lift un jour sur deux: «Je vais voir à me faire remplacer par mon collègue.» Cet orgueil ne l′empêchait pas, dans le but d′améliorer ce qu′il appelait son traitement, d′accepter pour ses courses des rémunérations, qui l′avaient fait prendre en horreur à Françoise: «Oui, la première fois qu′on le voit on lui donnerait le bon Dieu sans confession, mais il y a des jours où il est poli comme une porte de prison. Tout ça c′est des tire-sous.» Cette catégorie où elle avait si souvent fait figurer Eulalie et où, hélas, pour tous les malheurs que cela devait un jour amener, elle rangeait déjà Albertine, parce qu′elle me voyait souvent demander à maman, pour mon amie peu fortunée, de menus objets, des colifichets, ce que Françoise trouvait inexcusable, parce que Mme Bontemps n′avait qu′une bonne à tout faire. Bien vite, le lift, ayant retiré ce que j′eusse appelé sa livrée et ce qu′il nommait sa tunique, apparaissait en chapeau de paille, avec une canne, soignant sa démarche et le corps redressé, car sa mère lui avait recommandé de ne jamais prendre le genre «ouvrier» ou «chasseur». Había anotado los nombres y las direcciones de las muchachas en cuya casa podía encontrarla tal día que no estuviese en Incarnaville, para volver a tomar el hilo del relato, pero pensé que podía aprovechar más bien esos días para ir a casa de la señora de Verdurin. Por otra parte, nuestros deseos respecto a distintas mujeres no siempre tienen la misma fuerza. Una noche no podemos vivir sin una, y después de eso, durante uno o dos meses no nos turbará en lo mínimo. Además, las causas de alternación que aquí no es el lugar adecuado para estudiar, después de las grandes fatigas carnales; la mujer cuya imagen obsesiona nuestra momentánea senilidad es una mujer a la que apenas besaríamos en la frente. En cuanto a Albertina, la veía apenas solamente las noches muy espaciadas en que no podía pasarme sin ella. Si tal deseo se apoderaba de mí cuando estaba demasiado lejos de Balbec para que Francisca pudiese llegar hasta allá, enviaba al ascensorista a Egreville, a la Sogne, a Sainti Richoux, pidiéndole que terminara su trabajo un poco antes. Entraba en el cuarto, pero dejaba la puerta abierta, porque, aunque atendiese concienzudamente su trabajo, que era muy duro, pues consistía en fregar y fregar desde las cinco de la mañana, no podía decidirse al esfuerzo de cerrar una puerta, y si uno le hacía notar que estaba abierta, se volvía y, haciendo un máximo esfuerzo, la empujaba levemente. Con el orgullo democrático que lo caracterizaba y al que no llegan en las carreras liberales los miembros de profesiones algo numerosas , abogados, médicos, hombres de letras que llaman solamente a otro abogado, hombre de letras o médico: “Mi cofrade”, él, usando con razón un término reservado a los cuerpos restringidos como las academias, por ejemplo, me decía al hablar de un botones que trabajaba, día por medio, de ascensorista: “-Voy a ver si me reemplaza mi colega”. Ese orgullo no le impedía aceptar remuneraciones para mejorar lo que llamada su estipendio, por sus diligencias, lo que lo había hecho odiar por Francisca: “-Sí; la primera vez que lo ve uno le daría a Dios sin confesión; pero hay días en que es tan educado como una puerta de presidio. Son todos unos aprovechadores”, categoría en la que había clasificado tan a menudo a Eulalia y donde, ¡ay!, por todas las desgracias que debía acarrear algún día, ya clasificaba a Albertina, porque me veía pedirle a mamá, para mi amiga poco afortunada chucherías y tonterías; lo que Francisca consideraba inexcusable, porque la señora de Bontemps no tenía más que una sirvienta para todo quehacer. Pronto, el ascensorista que se había sacado lo que yo hubiese llamado su librea y él llamaba su túnica, aparecían con sombrero de paja ybastón, cuidando su andar yel cuero erguido, porque su madre le había recomendado que no tomara nunca el estilo obrero o botones.
De même que, grâce aux livres, la science l′est à un ouvrier qui n′est plus ouvrier quand il a fini son travail, de même, grâce au canotier et à la paire de gants, l′élégance devenait accessible au lift qui, ayant cessé, pour la soirée, de faire monter les clients, se croyait, comme un jeune chirurgien qui a retiré sa blouse, ou le maréchal des logis Saint–Loup sans uniforme, devenu un parfait homme du monde. Il n′était pas d′ailleurs sans ambition, ni talent non plus pour manipuler sa cage et ne pas vous arrêter entre deux étages. Mais son langage était défectueux. Je croyais à son ambition parce qu′il disait en parlant du concierge, duquel il dépendait: «Mon concierge», sur le même ton qu′un homme possédant à Paris ce que le chasseur eût appelé «un hôtel particulier» eût parlé de son portier. Quant au langage du liftier, il est curieux que quelqu′un qui entendait cinquante fois par jour un client appeler: «Ascenseur», ne dît jamais lui-même qu′«accenseur». Certaines choses étaient extrêmement agaçantes chez ce liftier: quoi que je lui eusse dit il m′interrompait par une locution «Vous pensez!» ou «Pensez!» qui semblait signifier ou bien que ma remarque était d′une telle évidence que tout le monde l′eût trouvée, ou bien reporter sur lui le mérite comme si c′était lui qui attirait mon attention là-dessus. «Vous pensez!» ou «Pensez!», exclamé avec la plus grande énergie, revenait toutes les deux minutes dans sa bouche, pour des choses dont il ne se fût jamais avisé, ce qui m′irritait tant que je me mettais aussitôt à dire le contraire pour lui montrer qu′il n′y comprenait rien. Mais à ma seconde assertion, bien qu′elle fût inconciliable avec la première, il ne répondait pas moins: «Vous pensez!», comme si ces mots étaient inévitables. Je lui pardonnais difficilement aussi qu′il employât certains termes de son métier, et qui eussent, à cause de cela, été parfaitement convenables au propre, seulement dans le sens figuré, ce qui leur donnait une intention spirituelle assez bébête, par exemple le verbe pédaler. Jamais il n′en usait quand il avait fait une course à bicyclette. Mais si, à pied, il s′était dépêché pour être à l′heure, pour signifier qu′il avait marché vite il disait: «Vous pensez si on a pédalé!» Le liftier était plutôt petit, mal bâti et assez laid. Cela n′empêchait pas que chaque fois qu′on lui parlait d′un jeune homme de taille haute, élancée et fine, il disait: «Ah! oui, je sais, un qui est juste de ma grandeur.» Et un jour que j′attendais une réponse de lui, comme on avait monté l′escalier, au bruit des pas j′avais par impatience ouvert la porte de ma chambre et j′avais vu un chasseur beau comme Endymion, les traits incroyablement parfaits, qui venait pour une dame que′je ne connaissais pas. Por lo mismo que, gracias a los libros, la ciencia es accesible a un obrero que ya no es obrero cuando ha terminado su trabajo, la elegancia, gracias a su sombrero de paja y al par de guantes, se hacía accesible al ascensorista, que ya que no conducía más clientes por la noche, se creía como el joven cirujano que se ha quitado su blusa o el sargento de caballería Saint-Loup sin uniforme, convertido en un perfecto hombre de mundo. No dejaba, por otra parte, de tener ambiciones ni tampoco talento pare manejar su jaula y no dejarlo a uno entre dos pisos. Pero su lenguaje era defectuoso. Creía en su ambición, porque al hablar del portero, de quien dependía, decía: “Mi portero”, con el mismo tono que un hombre que poseyera en París lo que el botones hubiese llamado “un hotel particular”, hablaría de su portero. En cuanto al lenguaje del ascensorista, es curioso que alguien que oía llamar a los clientes cincuenta veces por día: “Ascensor”, no dijese nunca sino accensor. Algunas cosas de ese ascensorista eran sumamente fastidiosas; aunque se lo hubiese dicho, me interrumpía con una locución: “¡No me diga!” o “¿Se da cuenta?”, que parecía significar, o bien que mi observación era tan evidente que cualquiera la hallada, o bien que todo el mérito recala sobre él, como si fuera él quien atrajese mi atención. “¡No me diga!” o “¿Se da cuenta”, dichos con la mayor energía, volvían cada dos minutos a su boca, por cosas que no hubiera sospechado nunca, lo que me irritaba tanto que inmediatamente me ponía a decir lo contrario para demostrarle que no entendía nada. Pero a mi segundo aserto, aunque inconciliable con el primero, no dejaba de contestar: “¡No me diga!” “¿Se da cuenta?”, como si esas palabras fuesen inevitables. Le perdonaba difícilmente que emplease ciertos términos de su oficio que por eso hubiesen sido muy convenientes al propio, sólo que en sentido figurado, lo que les daba una intención ingeniosa bastante tonta, por ejemplo, el verbo pedalear. Nunca lo usaba cuando había hecho una diligencia en bicicleta. Pero si yendo a pie se había apurado para llegar puntualmente, al significar que había andado ligero, me decía: “-¡Usted se imagina si habrá pedaleado uno!”. El ascensorista era más bien pequeño, mal constituido y bastante feo, lo que no impedía que cada vez que se le hablaba de un joven alto, esbelto y fino, dijese: “-¡Ah, sí, ya sé! Uno que tiene mi altura”. Y un día que esperaba una contestación suya, cuando subieron por la escalera al oír ruido de pasos, había abierto con impaciencia la puerta de mi cuarto y visto un botones hermoso como Endimión, con rasgos increíblemente perfectos, que venía en busca de una señora que yo no conocía.
Quand le liftier était rentré, en lui disant avec quelle impatience j′avais attendu sa réponse, je lui avais raconté que j′avais cru qu′il montait niais que c′était un chasseur de l′hôtel de Normandie. «Ah! oui, je sais lequel, me dit-il, il n′y en a qu′un, un garçon de ma taille. Comme figure aussi il me ressemble tellement qu′on pourrait nous prendre l′un pour l′autre, on dirait tout à fait mon frangin.» Enfin il voulait paraître avoir tout compris dès la première seconde, ce qui faisait que, dès qu′on lui recommandait quelque chose, il disait: «Oui, oui, oui, oui, oui, je comprends très bien», avec une netteté et un ton intelligent qui me firent quelque temps illusion; mais les personnes, au fur et à mesure qu′on les connaît, sont comme un métal plongé dans un mélange altérant, et on les voit peu à peu perdre leurs qualités (comme parfois leurs défauts). Avant de lui faire mes recommandations, je vis qu′il avait laissé la porte ouverte; je le lui fis remarquer, j′avais peur qu′on ne nous entendît; il condescendit à mon désir et revint ayant diminué l′ouverture. «C′est pour vous faire plaisir. Mais il n′y a plus personne à l′étage que nous deux.» Aussitôt j′entendis passer une, puis deux, puis trois personnes. Cela m′agaçait à cause de l′indiscrétion possible:, mais surtout parce que je voyais que cela ne l′étonnait nullement et que c′était un va-et-vient normal. «Oui, c′est la femme de chambre d′à côté qui va chercher ses affaires. Oh! c′est sans importance, c′est le sommelier qui remonte ses clefs. Non, non, ce n′est rien, vous pouvez parler, c′est mon collègue qui va prendre son service.» Et comme les raisons que tous les gens avaient de passer ne diminuaient pas mon ennui qu′ils pussent m′entendre, sur mon ordre formel, il alla, non pas fermer la porte, ce qui était au-dessus des forces de ce cycliste qui désirait une «moto», mais la pousser un peu plus. «Comme ça nous sommes bien tranquilles.» Nous l′étions tellement qu′une Américaine entra et se retira en s′excusant de s′être trompée de chambre. «Vous allez me ramener cette jeune fille, lui dis-je, après avoir fait claquer moi-même la porte de toutes mes forces (ce qui amena un autre chasseur s′assurer qu′il n′y avait pas de fenêtre ouverte). Vous vous rappelez bien: Mlle Albertine Simonet. Du reste, c′est sur l′enveloppe. Vous n′avez qu′à lui dire que cela vient de moi. Elle viendra très volontiers, ajoutai-je pour l′encourager et ne pas trop m′humilier. — Vous pensez! — Mais non, au contraire, ce n′est pas du tout naturel qu′elle vienne volontiers. C′est très incommode de venir de Berneville ici. Cuando volvió el ascensorista, al decirle con qué impaciencia esperaba su respuesta, le conté que creí que él era quien subía, pero que resultó ser un botones del hotel de Normandía. “-¡Ah, sí!, ya sé quién es -me dijo-; no hay más que uno: un muchacho de mi estatura. De cara también se me parece tanto, que podrían confundirnos; parece mi hermano, por completo”. En fin, quería aparentar haber comprendido todo desde el primer segundo, lo que hacía que apenas le recomendaba uno alguna cosa, dijese: -Sí, sí, si; sí, sí, comprendo perfectamente”, con una nitidez y un tono inteligente que me ilusionaron algún tiempo; pero las personas, a medica que uno las conoce, son como un metal sumergido en una mezcla corrosiva, y uno les ve perder poco a poco sus cualidades (como así también sus defectos). Antes de hacerle mis recomendaciones, vi que habla dejado abierta la puerta; se lo hice notar temiendo que nos hubieran oído; accedió a mi deseo y volvió una vez que hubo disminuido la abertura. “-Es para complacerlo, pero en el piso no hay nadie más que nosotros”. Enseguida oí pasar, una, luego dos, luego tres personas. Eso me molestaba a causa de la posible indiscreción; pero, sobre todo, porque veía que no lo asombraba en lo mínimo y que lo suponía un vaivén normal. “-Sí, es la mucama de al lado, que viene a buscar sus cosas. ¡Oh, no tiene importancia! Es el sumiller que sube las llaves. No, no, no es nada, puede usted hablar; es mi colega que toma servicio”. Y como los motivos que tenían todos para pasar no disminuían mi fastidio porque me escuchasen, ante una orden formal fue, no a cerrar la puerta lo que hubiese estado más allá de las fuerzas de ese ciclista que deseaba una moto, sino a entornarla algo más. “-Así estamos perfectamente tranquilos”. Tanto lo estábamos, que una americana entró y se retiró disculpándose por haberse equivocado de cuarto. “-Usted va a traerme a esa muchacha -le dije después de haber golpeado yo mismo la puerta con todas mis fuerzas (lo que acercó a otro botones que se cercioró si no había alguna ventana abierta)-. Recuerde bien: la señorita Albertina Simonet. Por otra parte, está en el sobre. No tiene más que decirle que viene de parte mía. Vendrá con gusto”, agregué para alentarlo y no humillarme demasiado. “-¡No me diga!” “-Pero no, al contrario, no es nada natural que venga de buena gana. Es muy incómodo llegar hasta aquí desde Berneville”.
— Je comprends! — Vous lui direz de venir avec vous. — Oui, oui, oui, oui, je comprends très bien, répondait-il de ce ton précis et fin qui depuis longtemps avait cessé de me faire «bonne impression» parce que je savais qu′il était presque mécanique et recouvrait sous sa netteté apparente beaucoup de vague et de bêtise. — A quelle heure serez-vous revenu? — J′ai pas pour bien longtemps, disait le lift qui, poussant à l′extrême la règle édictée par Bélise d′éviter la récidive du pas avec le ne, se contentait toujours d′une seule négative. Je peux très bien y aller. Justement les sorties ont été supprimées ce tantôt parce qu′il y avait un salon de 20 couverts pour le déjeuner. Et c′était mon tour de sortir le tantôt. C′est bien juste si je sors un peu ce soir. Je prends n′avec moi mon vélo. Comme cela je ferai vite.» Et une heure après il arrivait en me disant: «Monsieur a bien attendu, mais cette demoiselle vient n′avec moi. Elle est en bas. — Ah! merci, le concierge ne sera pas fâché contre moi? — Monsieur Paul? Il sait seulement pas où je suis été. Même le chef de la porte n′a rien à dire.» Mais une fois où je lui avais dit: «Il faut absolument que vous la rameniez», il me dit en souriant: «Vous savez que je ne l′ai pas trouvée. Elle n′est pas là. Et j′ai pas pu rester plus longtemps; j′avais peur d′être comme mon collègue qui a été envoyé de l′hôtel (car le lift qui disait rentrer pour une profession où on entre pour la première fois, «je voudrais bien rentrer dans les postes», pour compensation, ou pour adoucir la chose s′il s′était agi de lui, ou l′insinuer plus doucereusement et perfidement s′il s′agissait d′un autre supprimait l′r et disait: «Je sais qu′il a été envoyé»). Ce n′était pas par méchanceté qu′il souriait, mais à cause de sa timidité. Il croyait diminuer l′importance de sa faute en la prenant en plaisanterie. De même s′il m′avait dit: «Vous savez que je ne l′ai pas trouvée», ce n′est pas qu′il crût qu′en effet je le susse déjà. Au contraire il ne doutait pas que je l′ignorasse, et surtout il s′en effrayait. Aussi disait-il «vous le savez» pour s′éviter à lui-même les affres qu′il traverserait en prononçant les phrases destinées à me l′apprendre. On ne devrait jamais se mettre en colère contre ceux qui, pris en faute par nous, se mettent à ricaner. Ils le font non parce qu′ils se moquent, mais tremblent que nous puissions être mécontents. Témoignons une grande pitié, montrons une grande douceur à ceux qui rient. Pareil à une véritable attaque, le trouble du lift avait amené chez lui non seulement une rougeur apoplectique mais une altération du langage, devenu soudain familier. Il finit par m′expliquer qu′Albertine n′était pas à Egreville, qu′elle devait revenir seulement à 9 heures et que, si des fois, ce qui voulait dire par hasard, elle rentrait plus tôt, on lui ferait la commission, et qu′elle serait en tout cas chez moi avant une heure du matin. “-Ya entiendo”. “-Usted le dirá que venga con usted”. “-Sí, sí, sí, sí, comprendo perfectamente”, contestó con ese tono fino y preciso que había dejado hace ya tiempo de causarme buena impresión, porque yo sabía que era casi mecánico y encubría bajo su aparente nitidez, mucha vaguedad y tontería. “-¿A qué hora volverá?”. “-No tardaré mucho tiempo -decía el ascensorista, que, llevando al extremo la regla promulgada por Bélise de evitar la reiteración de partículas negativas, se contentaba siempre con una sola negativa. Puedo ir sin ninguna dificultad. Precisamente han sido suprimidas las salidas hace un rato porque había un salón de veinte cubiertos para un almuerzo. Y ahora me tocaba sacar a relucir el hace un rato. Es justo que salga un poco esta noche. Tomo la bici. Así volveré más pronto”. Y una hora después llegaba diciendo: “-El señor ha esperado bastante, pero esa señorita viene conmigo. Está abajo”. -¡Ah, gracias! El portero no se enfadará conmigo”. “-¿El señor Pablo? Ni siquiera sabe adónde he ido. Ni el jefe de puerta tiene nada que decir”. Pero una vez que le había dicho: “-Es necesario, de todas maneras, que la traiga usted”, me dije sonriendo: “-Usted sabe que no la encontré. No está ahí. Y no pude quedarme más tiempo; temía ser como mi colega, a quien despidieron del hotel (porque el ascensorista que decía volver a entrar para una profesión en que se entra por primera vez, me gustaría volver a entrar en los correos, por compensación o para suavizar la cosa si se trataba de él o insinuarlo más suave o más pérfidamente si se trataba de otro, suprimía la reiteración y decía; “-Sé que ha sido despachado".) No sonreía por maldad, sino a causa de su timidez. Creía aminorar la importancia de su falta tomándola en broma. Lo mismo, si me había dicho: "-Usted sabe que no la he encontrado", no es porque creyese que ya lo supiera. Al contrario, no dudaba de que yo lo ignoraba, y eso especialmente lo espantaba. Por eso decía usted lo sabe, para evitarse a sí mismo las angustias que sufriría al pronunciar las frases destinadas a hacérmelo saber. Uno no debiera nunca enojarse contra aquellos que, sorprendidos en falta por nosotros se ponen sarcásticos. Lo hacen, no porque se burlen, sino porque los aterra que pudiéramos estar descontentos. Demostremos una gran compasión; atestigüemos una gran dulzura a los que se ríen. Semejante a un verdadero ataque, la turbación del ascensorista le había acarreado, no solamente una rojez apoplética, sino una alteración del lenguaje convertido súbitamente en familiar. Terminó por explicarme que Albertina no estaba en Egreville, que no iba a volver hasta las nueve yque si a veces -lo que quería significar por casualidad-, volvía más temprano, le darían la nota y estaría conmigo, en todo caso, antes de la una de la mañana.
Ce ne fut pas ce soir-là encore, d′ailleurs, que commença à prendre consistance ma cruelle méfiance. Non, pour le dire tout de suite, et bien que le fait ait eu lieu seulement quelques semaines après, elle naquit d′une remarque de Cottard. Albertine et ses amies avaient voulu ce jour-là m′entraîner au casino d′Incarville et, pour ma chance, je ne les y eusse pas rejointes (voulant aller faire une visite à Mme Verdurin qui m′avait invité plusieurs fois), si je n′eusse été arrêté à Incarville même par une panne de tram qui allait demander un certain temps de réparation. Marchant de long en large en attendant qu′elle fût finie, je me trouvai tout à coup face à face avec le docteur Cottard venu à Incarville en consultation. J′hésitai presque à lui dire bonjour comme il n′avait répondu à aucune de mes lettres. Mais l′amabilité ne se manifeste pas chez tout le monde de la même façon. N′ayant pas été astreint par l′éducation aux mêmes règles fixes de savoir-vivre que les gens du monde, Cottard était plein de bonnes intentions qu′on ignorait, qu′on niait, jusqu′au jour où il avait l′occasion de les manifester. Il s′excusa, avait bien reçu mes lettres, avait signalé ma présence aux Verdurin, qui avaient grande envie de me voir et chez qui il me conseillait d′aller. Il voulait même m′y emmener le soir même, car il allait reprendre le petit chemin de fer d′intérêt local pour y aller dîner. Comme j′hésitais et qu′il avait encore un peu de temps pour son train, la panne devant être assez longue, je le fis entrer dans le petit Casino, un de ceux qui m′avaient paru si tristes le soir de ma première arrivée, maintenant plein du tumulte des jeunes filles qui, faute de cavaliers, dansaient ensemble. Andrée vint à moi en faisant des glissades, je comptais repartir dans un instant avec Cottard chez les Verdurin, quand je refusai définitivement son offre, pris d′un désir trop vif de rester avec Albertine. C′est que je venais de l′entendre rire. Et ce rire évoquait aussi les roses carnations, les parois parfumées contre lesquelles il semblait qu′il vînt de se frotter et dont, âcre, sensuel et révélateur comme une odeur de géranium, il semblait transporter avec lui quelques particules presque pondérables, irritantes et secrètes. Por otra parte, no fue la noche en que comenzó a tomar cuerpo mi cruel desconfianza. No, para decirlo de una vez, y aunque el hecho sólo tuviese lugar algunas semanas más tarde, se originó en una observación de Cottard. Ese día Albertina y sus amigas me querían arrastrar al casino de Incarville, y para suerte mía no me hubiese reunido con ellas (ya que deseaba visitar a la señora de Verdurin, que me había invitado en distintas oportunidades) de no detenerme en el mismo Incarville una avería del tranvía, para cuya reparación se necesitaría cierto tiempo. Caminando de largo a largo mientras esperaba que se obviase el inconveniente, me encontré de manos a boca con el doctor Cottard, que había venido a Ingarville para una consulta. Como no contestara ninguna de mis cartas, casi vacilé al saludarlo. Pero la amabilidad no se manifiesta del mismo modo en todas las personas. Ya que la educación no lo sujetara a las mismas reglas fija: de cortesía de la gente de sociedad, Cottard estaba lleno de buenas intenciones que uno ignoraba y negaba hasta el día en que tenía oportunidad de manifestarlas. Se disculpó; había recibido efectivamente mis cartas y señalado mi presencia a los Verdurin, que tenían muchas ganas de verme y a quienes me aconsejaba visitara. Hasta quería acompañarme esa misma noche, porque volvería a tomar el trencito local para cenar con ellos. Como yo vacilaba y él tenía aún para rato con su tren, y ya el desperfecto era bastante largo de arreglar, lo hice entrar en el pequeño casino, uno de los que me habían parecido tan tristes la noche de mi primera llegada, lleno ahora con el bullicio de las muchachas, que, a falta de compañeros, bailaban entre ellas. Andrea se me acercó resbalando, y lo estaba a punto de partir al instante con Cottard, hacia la casa de los Verdurin, cuando de pronto rechacé definitivamente su ofrecimiento debido al muy vivo deseo de quedarme con Albertina. Es que acababa de oír su risa. Y esa risa evocaba las rosadas encarnaciones, los perfumados tabiques contra los cuales parecía que acabara de restregarse y de los que, acre, sensual y revelador como el perfume del geranio, se dijera que llevaba con él algunas partículas casi ponderables, irritantes y secretas.
Une des jeunes filles que je ne connaissais pas se mit au piano, et Andrée demanda à Albertine de valser avec elle. Heureux, dans ce petit Casino, de penser que j′allais rester avec ces jeunes filles, je fis remarquer à Cottard comme elles dansaient bien. Mais lui, du point de vue spécial du médecin, et avec une mauvaise éducation qui ne tenait pas compte de ce que je connaissais ces jeunes filles, à qui il avait pourtant dû me voir dire bonjour, me répondit: «Oui, mais les parents sont bien imprudents qui laissent leurs filles prendre de pareilles habitudes. Je ne permettrais certainement pas aux miennes de venir ici. Sont-elles jolies au moins? Je ne distingue pas leurs traits. Tenez, regardez, ajouta-t-il en me montrant Albertine et Andrée qui valsaient lentement, serrées l′une contre l′autre, j′ai oublié mon lorgnon et je ne vois pas bien, mais elles sont certainement au comble de la jouissance. On ne sait pas assez que c′est surtout par les seins que les femmes l′éprouvent. Et, voyez, les leurs se touchent complètement.» En effet, le contact n′avait pas cessé entre ceux d′Andrée et ceux d′Albertine. Je ne sais si elles entendirent ou devinèrent la réflexion de Cottard, mais elles se détachèrent légèrement l′une de l′autre tout en continuant à valser. Andrée dit à ce moment un mot à Albertine et celle-ci rit du même rire pénétrant et profond que j′avais entendu tout à l′heure. Mais le trouble qu′il m′apporta cette fois ne me fut plus que cruel; Albertine avait l′air d′y montrer, de faire constater à Andrée quelque frémissement voluptueux et secret. Il sonnait comme les premiers ou les derniers accords d′une fête inconnue. Je repartis avec Cottard, distrait en causant avec lui, ne pensant que par instants à la scène que je venais de voir. Ce n′était pas que la conversation de Cottard fût intéressante. Elle était même en ce moment devenue aigre car nous venions d′apercevoir le docteur du Boulbon, qui ne nous vit pas. Il était venu passer quelque temps de l′autre côté de la baie de Balbec, où on le consultait beaucoup. Or, quoique Cottard eût l′habitude de déclarer qu′il ne faisait pas de médecine en vacances, il avait espéré se faire, sur cette côte, une clientèle de choix, à quoi du Boulbon se trouvait mettre obstacle. Una de las muchachas que yo no conocía se sentó al piano, y Andrea le pidió a Albertina que valsara con ella. Feliz al pensar que me quedaría con ellas en el pequeño casino, le hice notar a Cottard lo bien que bailaban. Pero él, desde el punto de vista específico del médico y con una descortesía que no tomaba en cuenta que conocía yo a esas muchachas, a las que sin embargo, debió verme saludar, me contestó: “-Sí, pero son muy imprudentes esos padres que dejan adquirir a sus hijas semejantes costumbres. En verdad, no permitiría a las mías que vinieran aquí. ¿Son bonitas por lo menos? No veo sus rasgos. En efecto, mire -agregó, indicándome a Albertina y Andrea, que valsaban lentamente apretadas entre síer, he olvidado mis anteojos y no veo muy bien, pero están seguramente en pleno goce. No se sabe hasta qué punto las mujeres lo experimenta particularmente en los senos. Y vea usted, los de ellas se rozan por completo”. Efectivamente, no había cesado el contacto entre los de Andrea y Albertina. No sé si oyeron o adivinaron la observación de Cottard, pero se desprendieron levemente, aunque siguieron valsando. Andrea le dijo en ese momento unas palabras a Albertina, y ésta se rió con la misma risa profunda y penetrante que acababa de oír. Pero la turbación que me comunicó ahora no fue sino más cruel; Albertina parecía enseñar yhacerle comprobar a Andrea cierto estremecimiento voluptuoso ysecreto. Sonaba como los primeros o los últimos acordes de una fiesta desconocida. Volví a partir con Cottard, conversando distraídamente con él y pensando sólo a ratos en la escena que acababa de ver. Y no es que me interesara la conversación de Cottard. Hasta se había agriado en ese instante, porque acabábamos de advertir al doctor du Boulbon, que no nos vio. Había venido a pasar una temporada del otro lado de la bahía de Balbec, donde muy a menudo se lo consultaba. Y, aunque Cottard solía afirmar que no practicaba la medicina durante las vacaciones, pensó procurarse en esa costa una clientela seleccionada, a lo que ponía obstáculos du Boulbon.
Certes le médecin de Balbec ne pouvait gêner Cottard. C′était seulement un médecin très consciencieux, qui savait tout et à qui on ne pouvait parler de la moindre démangeaison sans qu′il vous indiquât aussitôt, dans une formule complexe, la pommade, lotion ou liniment qui convenait. Comme disait Marie Gineste dans son joli langage, il savait «charmer» les blessures et les plaies. Mais il n′avait pas d′illustration. Il avait bien causé un petit ennui à Cottard. Celui-ci, depuis qu′il voulait troquer sa chaire contre celle de thérapeutique, s′était fait une spécialité des intoxications. Les intoxications, périlleuse innovation de la médecine, servant à renouveler les étiquettes des pharmaciens dont tout produit est déclaré nullement toxique, au rebours des drogues similaires, et même désintoxiquant. C′est la réclame à la mode; à peine s′il survit en bas, en lettres illisibles, comme une faible trace d′une mode précédente, l′assurance que le produit a été soigneusement antiseptisé. Les intoxications servent aussi à rassurer le malade, qui apprend avec joie que sa paralysie n′est qu′un malaise toxique. Or un grand-duc étant venu passer quelques jours à Balbec et ayant un oeil extrêmement enflé avait fait venir Cottard lequel, en échange de quelques billets de cent francs (le professeur ne se dérangeait pas à moins), avait imputé comme cause à l′inflammation un état toxique et prescrit un régime désintoxiquant. L′oeil ne désenflant pas, le grand-duc se rabattit sur le médecin ordinaire de Balbec, lequel en cinq minutes retira un grain de poussière. Le lendemain il n′y paraissait plus. Un rival plus dangereux pourtant était une célébrité des maladies nerveuses. C′était un homme rouge, jovial, à la fois parce que la fréquentation de la déchéance nerveuse ne l′empêchait pas d′être très bien portant, et aussi pour rassurer ses malades par le gros rire de son bonjour et de son au revoir, quitte à aider de ses bras d′athlète à leur passer plus tard la camisole de force. Néanmoins, dès qu′on causait avec lui dans le monde, fût-ce de politique ou de littérature, il vous écoutait avec une bienveillance attentive, d′un air de dire: «De quoi s′agit-il?», sans se prononcer tout de suite comme s′il s′était agi d′une consultation. Mais enfin celui-là, quelque talent qu′il eût, était un spécialiste. Aussi toute la rage de Cottard était-elle reportée sur du Boulbon. Je quittai du reste bientôt, pour rentrer, le professeur ami des Verdurin, en lui promettant d′aller les voir. Naturalmente, el médico de Balbec no podía molestar a Cottard. Sólo era un médico muy concienzudo que lo sabía todo y a quien no podía hablársele de la menor picazón sin que enseguida le indicase a uno, con una fórmula complicada, la pomada, loción o linimento que convenía. Como decía María Gineste en su lindo lenguaje; sabía encantar las heridas y las llagas. Pero no tenía ninguna cultura. Le había causado un efectivo pequeño disgusto a Cottard. Desde que quiso cambiar su cátedra por la de terapéutica, éste se había especializado en intoxicaciones. Las intoxicaciones, peligrosa innovación de la medicina que sirve para renovar las etiquetas de los farmacéuticos cuyos productos se declaran de ningún modo tóxicos y aun antitóxicos, al contrario de las drogas similares. Es la propaganda de moda; apenas si sobrevive, debajo y en letras ilegibles, como rastro de una moda anterior, la seguridad de que el producto ha sido cuidadosamente esterilizado. Las intoxicaciones también sirven para tranquilizar al enfermo, que se entera con alegría de que su parálisis no es más que un malestar tóxico. Sucedió que un gran duque había ido a pasar algunos días en Baibec, y como se le hinchó extraordinariamente un ojo, llamó a Cottard, quien a cambio de varios billetes de cien francos (el profesor no se molestaba por menos) señaló como causa de la inflamación un estado tóxico e indicó un régimen antitóxico. Como el ojo no se desinflamaba el gran duque recurrió al médico habitual de Balbec, que en cinco minutos le extrajo una mota de polvo. Al día siguiente no había ni rastros. Un rival más peligroso, sin embargo, era una eminencia en enfermedades nerviosas. Hombre rubicundo y alegre, tanto porque la frecuentación de la decadencia nerviosa de los demás no le impedía tener una salud a toda prueba, para tranquilizar a sus enfermos con la risa estrepitosa de sus buenos días y su hasta luego, aunque más tarde sus brazos de atleta ayudaran a colocarles el chaleco de fuerza. Sin embargo, en cuanto se conversaba con él en sociedad, así fuese de politice o de literatura, lo escuchaba a uno con atenta benevolencia, pareciendo decir: “-¿De qué se trata?”, sin definirse enseguida, como si se refiriese a una consulta. Pero, en resumidas cuentas, sea cual fuere su talento, era un especialista. Por lo que toda la ira de Cottard recaía sobre du Boulbon. Por otra parte, pronto me alejé del profesor amigo de los Verdurin para volver a él prometiéndole visitarlos cuanto antes.
Le mal que m′avaient fait ses paroles concernant Albertine et Andrée était profond, mais les pires souffrances n′en furent pas senties par moi immédiatement, comme il arrive pour ces empoisonnements qui n′agissent qu′au bout d′un certain temps. El daño que me causaran sus palabras con respecto a Albertina y Andrea era profundo, pero no experimenté los peores sufrimientos al principio, como sucede con esos envenenamientos que no obran sino al tiempo.
Albertine, le soir où le lift était allé la chercher, ne vint pas, malgré les assurances de celui-ci. Certes les charmes d′une personne sont une cause moins fréquente d′amour qu′une phrase du genre de celle-ci: «Non, ce soir je ne serai pas libre.» On ne fait guère attention à cette phrase si on est avec des amis; on est gai toute la soirée, on ne s′occupe pas d′une certaine image; pendant ce temps-là elle baigne dans le mélange nécessaire; en rentrant on trouve le cliché, qui est développé et parfaitement net. On s′aperçoit que la vie n′est plus la vie qu′on aurait quittée pour un rien la veille, parce que, si on continue à ne pas craindre la mort, on n′ose plus penser à la séparation. A pesar de las seguridades del ascensorista Albertina no había venido esa noche en que él la fuera a buscar. Es verdad que los encantos de una persona son un motivo menos frecuente del amor que una frase por el estilo: “-No, no estaré desocupada esta noche”. Uno, si está con amigos, ni escucha esa frase; sigue alegre durante toda la tarde y no se ocupa de cierta imagen; mientras tanto está sumergida en la mezcla necesaria; encuentra al volver el clisé revelado y perfectamente claro. Se advierte que la vida ya no es esa vida que hubiéramos abandonado la víspera por una insignificancia, porque si bien se sigue sin temor a la muerte; ya no se atreve a pensar uno, en la separación.
Du reste, à partir, non d′une heure du matin (heure que le liftier avait fixée), mais de trois heures, je n′eus plus comme autrefois la souffrance de sentir diminuer mes chances qu′elle apparût. La certitude qu′elle ne viendrait plus m′apporta un calme complet, une fraîcheur; cette nuit était tout simplement une nuit comme tant d′autres où je ne la voyais pas, c′est de cette idée que je partais. Et dès lors la pensée que je la verrais le lendemain ou d′autres jours, se détachant sur ce néant accepté, devenait douce. Quelquefois, dans ces soirées d′attente, l′angoisse est due à un médicament qu′on a pris. Faussement interprété par celui qui souffre, il croit être anxieux à cause de celle qui ne vient pas. L′amour naît dans ce cas comme certaines maladies nerveuses de l′explication inexacte d′un malaise pénible. Explication qu′il n′est pas utile de rectifier, du moins en ce qui concerne l′amour, sentiment qui (quelle qu′en soit la cause) est toujours erroné. Por otra parte, a partir, no de la una de la mañana (hora determinada por el ascensorista), sino de las tres, ya no tuve como antes el sufrimiento de sentir que disminuían mis probabilidades de que llegara. La certeza de que ya no llegaría me trajo frescura y una calma completa; esa noche era sencillamente una noche como tantas en que no la veía; de ahí arrancaba. Y entonces, destacándose sobre ese aniquilamiento aceptado, se me hacía dulce pensar que la vería al día siguiente o en otros días. A veces, en esas noches de espera la angustia se debe a un medicamento que uno ha tomado. Interpretado erróneamente por el que sufre, cree sentir ansiedad por la que no llega. El amor nace en tales ocasiones como algunas enfermedades nerviosas se originan en la explicación inexacta de un penoso malestar. Explicación que no conviene rectificar, por lo menos en lo que concierne al amor, sentimiento que (sea cual fuere su causa) es siempre equivocado.
Le lendemain, quand Albertine m′écrivit qu′elle venait seulement de rentrer à Egreville, n′avait donc pas eu mon mot à temps, et viendrait, si je le permettais, me voir le soir, derrière les mots de sa lettre comme derrière ceux qu′elle m′avait dits une fois au téléphone, je crus sentir la présence de plaisirs, d′êtres, qu′elle m′avait préférés. Encore une fois je fus agité tout entier par la curiosité douloureuse de savoir ce qu′elle avait pu faire, par l′amour latent qu′on porte toujours en soi; je pus croire un moment qu′il allait m′attacher à Albertine, mais il se contenta de frémir sur place et ses dernières rumeurs s′éteignirent sans qu′il se fût mis en marche. Al día siguiente, cuando me escribiera Albertina que acababa de volver a Epreville -no había recibido, por consiguiente, mi carta a tiempo y vendría a verme por la noche, si yo lo permitía-, tras las palabras de su carta, como detrás de las que me dijera cierta vez por teléfono, creí advertir la presencia de placeres y seres que me habían suplantado. Una vez más me agitó por entero la dolorosa curiosidad de saber qué habla podido hacer, y por el amor latente que uno lleva siempre en sí, crol por un momento que me ataría a Albertina, pero se conformó con estremecerse ahí mismo y sus últimos rumores se apagaron sin que se hubiera puesto en marcha.
J′avais mal compris, dans mon premier séjour à Balbec — et peut-être bien Andrée avait fait comme moi — le caractère d′Albertine. J′avais cru que c′était frivolité, mais ne savais si toutes nos supplications ne réussiraient pas à la retenir et lui faire manquer une garden-party, une promenade à ânes, un pique-nique. Dans mon second séjour à Balbec, je soupçonnai que cette frivolité n′était qu′une apparence, la garden-party qu′un paravent, sinon une invention. Il se passait sous des formes diverses la chose suivante (j′entends la chose vue par moi, de mon côté du verre, qui n′était nullement transparent, et sans que je puisse savoir ce qu′il y avait de vrai de l′autre côté). Albertine me faisait les protestations de tendresse les plus passionnées. Elle regardait l′heure parce qu′elle devait aller faire une visite à une dame qui recevait, paraît-il, tous les jours à cinq heures, à Infreville. Tourmenté d′un soupçon et me sentant d′ailleurs souffrant, je demandais à Albertine, je la suppliais de rester avec moi. C′était impossible (et même elle n′avait plus que cinq minutes à rester) parce que cela fâcherait cette dame, peu hospitalière et susceptible, et, disait Albertine, assommante. «Mais on peut bien manquer une visite. — Non, ma tante m′a appris qu′il fallait être polie avant tout. — Mais je vous ai vue si souvent être impolie. — Là, ce n′est pas la même chose, cette dame m′en voudrait et me ferait des histoires avec ma tante. Je ne suis déjà pas si bien que cela avec elle. Elle tient à ce que je sois allée une fois la voir. — Mais puisqu′elle reçoit tous les jours.» Là, Albertine sentant qu′elle s′était «coupée», modifiait la raison. «Bien entendu elle reçoit tous les jours. Mais aujourd′hui j′ai donné rendez-vous chez elle à des amies. Había comprendido equivocadamente durante mi primera permanencia en Balbec el carácter de Albertina, y quizás Andrea hiciera como yo. Había creído en la frivolidad, pero no sabía si todas nuestras súplicas bastarían para retenerla yhacerle abandonar un garden-party, un paseo en burro, o un picnic. En mi segunda estada en Balbec, sospeché que esa frivolidad no era más que apariencia y el garden-party otra cosa que un biombo, ya que no un invento. Bajo distintas formas sucedía lo siguiente (entiendo las cosas vistas por mí, del lado mío del vidrio que no era absolutamente trasparente y sin que pudiese saber cuánta verdad había en el otro lado): Albertina me prodigaba las más apasionadas protestas de ternura. Miraba la hora porque debía visitar a una señora que, según parece, recibía diariamente en Infreville a las cinco. Atormentado por una sospecha y sintiéndome, por otra parte, indispuesto, le pedía a Albertina, le suplicaba que se quedara conmigo. Era imposible (y no tenía ya ni cinco minutos libres) porque se disgustarla esa señora poco hospitalaria, susceptible y fastidiosa, según Albertina. “-Pero uno puede dejar de hacer una visita por una vez”. “-No, mi tía me enseñó que ante todo había que ser educada”. “-¡La he visto tantas veces desatenta!...” “-Vaya, no es lo mismo; esa señora me guardada rencor y me causaría disgustos con mi tía. No estoy en tan buenas relaciones con ella como para eso. Insiste en que vaya a verla una vez”. “-Pero si recibe todos los días”. Ahí, Albertina advertía que sé había cortado y modificaba el motivo. “- Se entiende que recibe todos los días; pero hoy me he citado en su casa con unas amigas.
Comme cela on s′ennuiera moins. — Alors, Albertine, vous préférez la dame et vos amies à moi, puisque, pour ne pas risquer de faire une visite un peu ennuyeuse, vous préférez de me laisser seul, malade et désolé? — Cela me serait bien égal que la visite fût ennuyeuse. Mais c′est par dévouement pour elles. Je les ramènerai dans ma carriole. Sans cela elles n′auraient plus aucun moyen de transport.» Je faisais remarquer à Albertine qu′il y avait des trains jusqu′à 10 heures du soir, d′Infreville. «C′est vrai, mais, vous savez, il est possible qu′on nous demande de rester à dîner. Elle est très hospitalière. — Hé bien, vous refuserez. — Je fâcherais encore ma tante. — Du reste, vous pouvez dîner et prendre le train de 10 heures. — C′est un peu juste. — Alors je ne peux jamais aller dîner en ville et revenir par le train. Mais tenez, Albertine, nous allons faire une chose bien simple: je sens que l′air me fera du bien; puisque vous ne pouvez lâcher la dame, je vais vous accompagner jusqu′à Infreville. Ne craignez rien, je n′irai pas jusqu′à la tour Élisabeth (la villa de la dame), je ne verrai ni la dame, ni vos amies.» Albertine avait l′air d′avoir reçu un coup terrible. Sa parole était entrecoupée. Elle dit que les bains de mer ne lui réussissaient pas. «Si ça vous ennuie que je vous accompagne? — Mais comment pouvez-vous dire cela, vous savez bien que mon plus grand plaisir est de sortir avec vous.» Un brusque revirement s′était opéré. «Puisque nous allons nous promener ensemble, me dit-elle, pourquoi n′irions-nous pas de l′autre côté de Balbec, nous dînerions ensemble. Ce serait si gentil. Au fond, cette côte-là est bien plus jolie. Je commence à en avoir soupé d′Infreville et du reste, tous ces petits coins vert-épinard. — Mais l′amie de votre tante sera fâchée si vous n′allez pas la voir. — Hé bien, elle se défâchera. — Non, il ne faut pas fâcher les gens. — Mais elle ne s′en apercevra même pas, elle reçoit tous les jours; que j′y aille demain, après-demain, dans huit jours, dans quinze jours, cela fera toujours l′affaire. — Et vos amies? — Oh! elles m′ont assez souvent plaquée. C′est bien mon tour. — Mais du côté que vous me proposez, il n′y a pas de train après neuf heures. — Hé bien, la belle affaire! neuf heures c′est parfait. Et puis il ne faut jamais se laisser arrêter par les questions du retour. On trouvera toujours une charrette, un vélo, à défaut on a ses jambes. — On trouve toujours, Albertine, comme vous y allez! Du côté d′Infreville, où les petites stations de bois sont collées les unes à côtés des autres, oui. Mais du côté de . . . ce n′est pas la même chose. — Même de ce côté-là. Je vous promets de vous ramener sain et sauf.» Je sentais qu′Albertine renonçait pour moi à quelque chose d′arrangé qu′elle ne voulait pas me dire, et qu′il y avait quelqu′un qui serait malheureux comme je l′étais. Voyant que ce qu′elle avait voulu n′était pas possible, puisque je voulais l′accompagner, elle renonçait franchement. Elle savait que ce n′était pas irrémédiable. Car, comme toutes les femmes qui ont plusieurs choses dans leur existence, elle avait ce point d′appui qui ne faiblit jamais: le doute et la jalousie. Certes elle ne cherchait pas à les exciter, au contraire. Mais les amoureux sont si soupçonneux qu′ils flairent tout de suite le mensonge. De sorte qu′Albertine n′était pas mieux qu′une autre, savait par expérience (sans deviner le moins du monde qu′elle le devait à la jalousie) qu′elle était toujours sûre de retrouver les gens qu′elle avait plaqués un soir. La personne inconnue qu′elle lâchait pour moi souffrirait, l′en aimerait davantage (Albertine ne savait pas que c′était pour cela), et, pour ne pas continuer à souffrir, reviendrait de soi-même vers elle, comme j′aurais fait. Mais je ne voulais ni faire de la peine, ni me fatiguer, ni entrer dans la voie terrible des investigations, de la surveillance multiforme, innombrable. «Non, Albertine, je ne veux pas gâter votre plaisir, allez chez votre dame d′Infreville, ou enfin chez la personne dont elle est le porte-nom, cela m′est égal. La vraie raison pour laquelle je ne vais pas avec vous, c′est que vous ne le désirez pas, que la promenade que vous feriez avec moi n′est pas celle que vous vouliez faire, la preuve en est que vous vous êtes contredite plus de cinq fois sans vous en apercevoir.» La pauvre Albertine craignit que ses contradictions, qu′elle n′avait pas aperçues, eussent été plus graves. Ne sachant pas exactement les mensonges qu′elle avait faits: «C′est très possible que je me sois contredite. Así nos aburriremos menos”. “-Entonces, Albertina, ¿prefiere a la señora y sus amigas en mi lugar, ya que para no arriesgar una visita algo aburrida prefiere dejarme solo, enfermo y desalentado?” “-Me daría lo mismo que la visita fuera aburrida; pero es por ellas. Las traeré en mi carricoche. Sin eso no tendrían ningún medio de trasporte”. Le hacía notar a Albertina que había en Infreville trenes hasta las 10 de la noche. “-Es verdad. Pero, ¿sabe usted?, es probable que nos pidan que nos quedemos a cenar. Es muy hospitalaria”. “ Y bueno, rechace usted”. “-Volveré a disgustar a mi tía”. “-Por otra parte, usted puede cenar y tomar el tren de las diez”. “-Es un poco demasiado justo”. “-Entonces nunca podría cenar afuera y volver con el tren. Pero mire, Albertina, vamos a hacer una cosa muy sencilla, siento que el aire me hará bien: ya que usted no puede dejar a la señora, voy a acompañarla hasta Infreville. No tema nada: no llegaré hasta la torre de Isabel (la casa de la señora), no veré a la señora ni a sus amigas”. Albertina parecía haber recibido un golpe tremendo. Se le entrecortaba la voz. Dijo que los baños de mar no la favorecían. “-¿Le molesta que la acompañe?”. “-¿Pero cómo puede decir semejante cosa? Demasiado sabe que mi mayor placer consiste en salir con usted”. Se había producido un brusco viraje. “- Ya que iremos a pasear -me dijo ella-, ¿por qué no vamos del otro lado de Balbec? Cenaríamos juntos. ¡Sería tan lindo! En el fondo, esta costa es mucho más hermosa. Ya empieza a aburrirme Infreville y, por otra parte, todos esos rinconcitos de color espinaca”. “-Pero se le enojará la amiga de su tía, si usted no va a verla”, “-Y bueno, tendrá que desenojarse”. “-No, no conviene disgustar a la gente”. “-Ni se dará cuenta; recibe todos los días; aunque vaya mañana pasado mañana, dentro de ocho días o dentro de quince, siempre estará bien”. “-¿Y sus amigas?” “-¡Oh! bastante me han hecho esperar. Ahora me toca a mí”. “-Pero del lado que me propone usted, ya no hay tren después de las nueve”. “¿Y qué tiene? Las nueve; perfecto. Además, no hay que dejarse detener nunca por la vuelta. Siempre podré encontrar un coche, una bicicleta, y a falta de todo, para eso tenemos piernas”. “-Siempre se encuentra, Albertina, si le parece. Todavía del lado de Infreville, donde las pequeñas estaciones de madera están pegadas unas a otras. Pero del lado de... ya no es lo mismo”. “-Aun de ese lado. Prometo traerlo a usted sano y salvo”. Advertía que Albertina estaba renunciando por mí “a algo ya planeado que no quería decirme, y alguien sufriría como yo. Al ver que ya no era posible lo que había querido, puesto que deseaba acompañarla, renunciaba francamente. Sabía que no era irremediable. Porque, como todas las mujeres que tienen varias cosas en su existencia, poseía ese punto de apoyo que nunca falla: la duda y los celos. Es verdad que no trataba de excitarlos; al contrario. Pero los enamorados son tan desconfiados que perciben muy pronto la mentira. De manera que Albertina no era mejor que otra y sabía por experiencia (sin adivinar para nada que eso se lo deba a los celos) que podía estar segura de volver a encontrar a aquella gente que hubiera abandonado una noche. La persona desconocida que había dejado por mí, sufriría; la amaría aún más (Albertina no sabía que era por eso), y para no seguir sufriendo volvería por propio impulso hacia ella, como lo hubiera hecho yo. Pero no quería ni apenar, ni cansarme, ni entrar por la vía terrible de las investigaciones, de la vigilancia multiforme e innumerable. “-No, Albertina; no quiero echar a perder sus diversiones; vaya usted a visitar a esa señora de Infreville o a casa de la persona que oculta, me da lo mismo. La verdadera causa por la que no la acompaño es que usted no lo desea, y el paseo que daría conmigo no es el que quisiera hacer. La prueba es que se contradijo usted más de cinco veces sin advertirlo”. La pobre Albertina temió que sus contradicciones, que no había reparado, fuesen más graves. No sabiendo exactamente cuáles habían sido sus mentiras: “-Es muy posible que me haya contradicho.
L′air de la mer m′ôte tout raisonnement. Je dis tout le temps les noms les uns pour les autres.» Et (ce qui me prouva qu′elle n′aurait pas eu besoin, maintenant, de beaucoup de douces affirmations pour que je la crusse) je ressentis la souffrance d′une blessure en entendant cet aveu de ce que je n′avais que faiblement supposé. «Hé bien, c′est entendu, je pars, dit-elle d′un ton tragique, non sans regarder l′heure afin de voir si elle n′était pas en retard pour l′autre, maintenant que je lui fournissais le prétexte de ne pas passer la soirée avec moi. Vous êtes trop méchant. Je change tout pour passer une bonne soirée avec vous et c′est vous qui ne voulez pas, et vous m′accusez de mensonge. Jamais je ne vous avais encore vu si cruel. La mer sera mon tombeau. Je ne vous reverrai jamais. (Mon coeur battit à ces mots, bien que je fusse sûr qu′elle reviendrait le lendemain, ce qui arriva.) Je me noierai, je me jetterai à l′eau. — Comme Sapho. — Encore une insulte de plus; vous n′avez pas seulement des doutes sur ce que je dis mais sur ce que je fais. — Mais, mon petit, je ne mettais aucune intention, je vous le jure, vous savez que Sapho s′est précipitée dans la mer. —-Si, si, vous n′avez aucune confiance en moi.» Elle vit qu′il était moins vingt à la pendule; elle craignit de rater ce qu′elle avait à faire, et, choisissant l′adieu le plus bref (dont elle s′excusa, du reste, en me venant voir le lendemain; probablement, ce lendemain-là, l′autre personne n′était pas libre), elle s′enfuit au pas de course en criant: «Adieu pour jamais», d′un air désolé. Et peut-être était-elle désolée. Car sachant ce qu′elle faisait en ce moment mieux que moi, plus sévère et plus indulgente à la fois à elle-même que je n′étais pour elle, peut-être avait-elle tout de même un doute que je ne voudrais plus la recevoir après la façon dont elle m′avait quitté. Or, je crois qu′elle tenait à moi, au point que l′autre personne était plus jalouse que moi-même. El aire del mar me quita todo razonamiento. A cada rato digo un nombre por otro. Y (lo que me probó que no hubiera necesitado ahora muchas dulces afirmaciones para que la creyese) experimenté el sufrimiento de una herida al oír esa confesión de lo que apenas había supuesto. “-Y bueno, de acuerdo, me voy -dijo ella con un tono trágico, sin dejar de mirar para saber si estaba atrasada con el otro, ahora que yo le proporcionaba el pretexto de no quedarse conmigo durante esa velada-. Usted es demasiado malo. Lo cambio todo para pasar una buena velada con usted yes usted el que no quiere, yme señala mentiras. Nunca lo había visto tan cruel hasta ahora. El mar será mi tumba. No volveré a verlo nunca. (Al oír estas palabras latió mi corazón aunque estuviese seguro de que volvería al día siguiente, como sucedió). Me ahogaré, me arrojaré al agua”. “Como Safo”. “-Un insulto más: ya no sólo duda de lo que digo, sino de lo que hago”. “-Pero, hijita, le juro que no ponía ninguna intención; usted sabe que Safo se precipitó al mar”. “-Sí, sí, ya no me tiene usted ninguna confianza”. Vio que eran menos veinte en el reloj; temió no llegar a tiempo para lo que tenía que hacer, y eligiendo el más breve de los adioses (del que se disculpó, por otra parte, viniendo al día siguiente; tal vez al día siguiente la otra persona no estaba libre), huyó a la carrera gritando: “-Adiós para siempre”, desesperadamente. Y quizás estaba desesperada. Porque como en ese momento sabía lo que estaba haciendo mejor que yo, más severa y más indulgente a la vez para ella misma de lo que yo lo era, puede que de cualquier manera dudase si no quisiera volver a recibirla después de la manera como me había dejado. Y creo que tenía tal apego por mí al extremo que la otra persona era más celosa que yo mismo.
Quelques jours après, à Balbec, comme nous étions dans la salle de danse du Casino, entrèrent la soeur et la cousine de Bloch, devenues l′une et l′autre fort jolies, mais que je ne saluais plus à cause de mes amies, parce que la plus jeune, la cousine, vivait, au su de tout le monde, avec l′actrice dont elle avait fait la connaissance pendant mon premier séjour. Andrée, sur une allusion qu′on fit à mi-voix à cela, me dit: «Oh! là-dessus je suis comme Albertine, il n′y a rien qui nous fasse horreur à toutes les deux comme cela.» Quant à Albertine, se mettant à causer avec moi sur le canapé où nous étions assis, elle avait tourné le dos aux deux jeunes filles de mauvais genre. Et pourtant j′avais remarqué qu′avant ce mouvement, au moment où étaient apparues Mlle Bloch et sa cousine, avait passé dans les yeux de mon amie cette attention brusque et profonde qui donnait parfois au visage de l′espiègle jeune fille un air sérieux, même grave, et la laissait triste après. Mais Albertine avait aussitôt détourné vers moi ses regards restés pourtant singulièrement immobiles et rêveurs. Mlle Bloch et sa cousine ayant fini par s′en aller après avoir ri très fort et poussé des cris peu convenables, je demandai à Albertine si la petite blonde (celle qui était l′amie de l′actrice) n′était pas la même qui, la veille, avait eu le prix dans la course pour les voitures de fleurs. «Ah! je ne sais pas, dit Albertine, est-ce qu′il y en a une qui est blonde? Je vous dirai qu′elles ne m′intéressent pas beaucoup, je ne les ai jamais regardées. Est-ce qu′il y en a une qui est blonde?» demanda-t-elle d′un air interrogateur et détaché à ses trois amies. S′appliquant à des personnes qu′Albertine rencontrait tous les jours sur la digue, cette ignorance me parut bien excessive pour ne pas être feinte. «Elles n′ont pas l′air de nous regarder beaucoup non plus, dis-je à Albertine, peut-être dans l′hypothèse, que je n′envisageais pourtant pas d′une façon consciente, où Albertine eût aimé les femmes, de lui ôter tout regret en lui montrant qu′elle n′avait pas attiré l′attention de celles-ci, et que d′une façon générale il n′est pas d′usage, même pour les plus vicieuses, de se soucier des jeunes filles qu′elles ne connaissent pas. — Elles ne nous ont pas regardées? me répondit étourdiment Albertine. Elles n′ont pas fait autre chose tout le temps. — Mais vous ne pouvez pas le savoir, lui dis-je, vous leur tourniez le dos. — Eh bien, et cela?» me répondit-elle en me montrant, encastrée dans le mur en face de nous, une grande glace que je n′avais pas remarquée, et sur laquelle je comprenais maintenant que mon amie, tout en me parlant, n′avait pas cessé de fixer ses beaux yeux remplis de préoccupation. Algunos días más tarde, en Balbec, cuando estábamos en la sala de baile del casino, entraron la hermana y la prima de Bloch, que se habían puesto muy bonitas ambas, pero a las que ya no saludaba debido a mis amigas, porque la menor, la prima, vivía a sabiendas de todos con la actriz que conociera durante mi primera permanencia. A una alusión que yo hiciera a media voz sobre el asunto, Andrea me dijo: “-¡Oh!, en cuanto a eso yo soy como Albertina: nada nos horroriza tanto”. En cuanto a Albertina, empezando a conversar conmigo en el sofá en que estábamos sentados, había vuelto la espalda a las dos muchachas mal afamadas. Sin embargo, yo había notado que antes de ese movimiento, cuando aparecieron la señorita Bloch y su prima, pasó por los ojos de mi amiga esa atención brusca y profunda que a veces daba un aspecto serio al rostro de la traviesa muchacha; hasta grave, y la dejaba luego entristecida. Pero Albertina había desviado enseguida hasta mí sus miradas, que continuaron, sin embargo, singularmente inmóviles ysoñadoras. La señorita Bloch ysu prima acabaron por irse después de haber reído fuerte y gritado en forma muy poco conveniente, y le pregunté a Albertina si la rubiecita (la amiga de la actriz) no era la misma que premiaran el día anterior en la carrera para coches de flores. “-¡Ah!, no sé -dijo Albertina-. ¿Hay una rubia? Le diré que no me interesan mucho, no las he mirado nunca. “-¿Acaso hay una rubia?”, preguntó con un tono interrogativo y despejado a sus tres amigas. Refiriéndose a personas que Albertina encontraba a diario en el dique, esa ignorancia me pareció excesiva para no ser fingida. “-No parecen mirarnos mucho a la verdad”, dije a Albertina, quizás en el supuesto de que no encaraba, sin embargo, de manera consciente que Albertina amase a las mujeres, para sacarle todo remordimiento al demostrarle que no habla despertado la atención de éstas y que, en términos generales, no es lo habitual, aun para las más viciosas, que se preocupen de las muchachas que no conocen”. “-¡No nos han mirado! - contestó aturdidamente Albertina-. No han hecho otra cosa en todo el tiempo”. “-Pero no puede saberlo -le dije-; les daba usted la espalda”. “-¡Ah, sí ! ¿y esto?”, me contestó enseñándome un espejo grande embutido en la pared de enfrente que yo no advirtiera y sobre el cual comprendía ahora que mi amiga no había dejado de fijar sus hermosos ojos llenos de preocupaciones, mientras me hablaba.
A partir du jour où Cottard fut entré avec moi dans le petit casino d′Incarville, sans partager l′opinion qu′il avait émise, Albertine ne me sembla plus la même; sa vue me causait de la colère. Moi-même j′avais changé tout autant qu′elle me semblait autre. J′avais cessé de lui vouloir du bien; en sa présence, hors de sa présence quand cela pouvait lui être répété, je parlais d′elle de la façon la plus blessante. Il y avait des trêves cependant. Un jour j′apprenais qu′Albertine et Andrée avaient accepté toutes deux une invitation chez Elstir. Ne doutant pas que ce fût en considération de ce qu′elles pourraient, pendant le retour, s′amuser, comme des pensionnaires, à contrefaire les jeunes filles qui ont mauvais genre, et y trouver un plaisir inavoué de vierges qui me serrait le coeur, sans m′annoncer, pour les gêner et priver Albertine du plaisir sur lequel elle comptait, j′arrivai à l′improviste chez Elstir. Mais je n′y trouvai qu′Andrée. Albertine avait choisi un autre jour où sa tante devait y aller. Alors je me disais que Cottard avait dû se tromper; l′impression favorable que m′avait produite la présence d′Andrée sans son amie se prolongeait et entretenait en moi des dispositions plus douces à l′égard d′Albertine. Mais elles ne duraient pas plus longtemps que la fragile bonne santé de ces personnes délicates sujettes à des mieux passagers, et qu′un rien suffit à faire retomber malades. Albertine incitait Andrée à des jeux qui, sans aller bien loin, n′étaient peut-être pas tout à fait innocents; souffrant de ce soupçon, je finissais par l′éloigner. A peine j′en étais guéri qu′il renaissait sous une autre forme. Je venais de voir Andrée, dans un de ces mouvements gracieux qui lui étaient particuliers, poser câlinement sa tête sur l′épaule d′Albertine, l′embrasser dans le cou en fermant à demi les yeux; ou bien elles avaient échangé un coup d′oeil; une parole avait échappé à quelqu′un qui les avait vues seules ensemble et allant se baigner, petits riens tels qu′il en flotte d′une façon habituelle dans l′atmosphère ambiante où la plupart des gens les absorbent toute la journée sans que leur santé en souffre ou que leur humeur s′en altère, mais qui sont morbides et générateurs de souffrances nouvelles pour un être prédisposé. Parfois même, sans que j′eusse revu Albertine, sans que personne m′eût parlé d′elle, je retrouvais dans ma mémoire une pose d′Albertine auprès de Gisèle et qui m′avait paru innocente alors; elle suffisait maintenant pour détruire le calme que j′avais pu retrouver, je n′avais même plus besoin d′aller respirer au dehors des germes dangereux, je m′étais, comme aurait dit Cottard, intoxiqué moi-même. Je pensais alors à tout ce que j′avais appris de l′amour de Swann pour Odette, de la façon dont Swann avait été joué toute sa vie. Au fond, si je veux y penser, l′hypothèse qui me fit peu à peu construire tout le caractère d′Albertine et interpréter douloureusement chaque moment d′une vie que je ne pouvais pas contrôler entière, ce fut le souvenir, l′idée fixe du caractère de Mme Swann, tel qu′on m′avait raconté qu′il était. Ces récits contribuèrent à faire que, dans l′avenir, mon imagination faisait le jeu de supposer qu′Albertine aurait pu, au lieu d′être une jeune fille bonne, avoir la même immoralité, la même faculté de tromperie qu′une ancienne grue, et je pensais à toutes les souffrances qui m′auraient attendu dans ce cas si j′avais jamais dû l′aimer. A partir del día en que Cottard entrara conmigo en el pequeño casino de Incarville, sin compartir la opinión que había emitido, Albertina ya no me pareció la misma; su presencia me encolerizaba. Hasta yo había cambiado al punto de parecerme distinta. Había dejado de quererla; en su presencia y fuera de su presencia cuando se lo pudieran contar, hablaba de ella del modo más sangriento. Había treguas, sin embargo. Un día yo supe que Albertina y Andrea habían aceptado una invitación a casa de Elstir. Seguro de que fuese en consideración a lo que podrían divertirse a la vuelta como colegialas imitando a las muchachas poco recomendables para encontrar en ello un placer inconfesado de vírgenes que me apenaba, sin anunciarme, para molestarlas y privar a Albertina del placer con que contaba, llegué de improviso a lo de Elstir. Pero no encontré más que a Andrea. Albertina había elegido un día en que fuera su tía. Entonces me decía que Cottard debió equivocarse; se prolongaba la impresión favorable que me produjera la presencia de Andrea sin su amiga y mantenía en mí disposiciones más dulces frente a Albertina. Pero no duraban mucho más que la frágil salud de esas personas delicadas capaces de mejorías transitorias y que por cualquier cosa vuelven a enfermarse. Albertina incitaba a Andrea a juegos que, sin ir muy lejos, no eran quizás del todo inocentes; sufría yo con esa sospecha y acababa por alejarla. Apenas estaba curado, renacía bajo otra forma. Acababa de ver a Andrea en uno de esos graciosos movimientos que le eran propios: poner mimosamente su cabeza en el hombro de Albertina y besarla en el cuello entrecerrando los ojos; o habían cambiado una mirada; se le había escapado una palabra a alguien que las había visto yendo a bañarse solas, pequeñas insignificancias como las que flotan habitualmente en la atmósfera ambiente, donde la mayor parte de la gente las absorbe durante todo el día sin que sufra por ello su salud o se altere su humor, pero que son mórbidas y generadoras de sufrimientos para un ser predispuesto. A veces, aun gin haber vuelto a ver a Albertina, sin que nadie me hubiese hablaba de ella, encontraba en mi memoria una actitud de Albertina junto a Gisela, que entonces me pareciera inocente; bastaba ahora para destruir la tranquilidad que había podido encontrar; ya no necesitaba respirar afuera gérmenes peligrosos, como hubiera dicho Cottard: me había intoxicado yo mismo. Pensaba entonces en todo lo que supe del amor de Swann por Odette, y de qué manera Swann había sido engañado toda su vida. En el fondo, si quiero pensar en ello, fue el recuerdo y la idea fija del carácter de la señora de Swann, tal como me lo habían contado, la hipótesis que poco a poco me hizo reconstruir todo el carácter de Albertina e interpretar dolorosamente cada instante de una vida que no podía controlar por entero. Esos relatos contribuyeron a que en el porvenir mi imaginación hiciese el juego de suponer que Albertina, en lugar de ser una joven buena, pudiese tener la misma inmoralidad y la misma facultad de engaño que una antigua mujer de mala vida y pensaba en todos los sufrimientos que me esperaban en ese caso si hubiera debido amarla.
Un jour, devant le Grand-Hôtel où nous étions réunis sur la digue, je venais d′adresser à Albertine les paroles les plus dures et les plus humiliantes, et Rosemonde disait: «Ah! ce que vous êtes changé tout de même pour elle, autrefois il n′y en avait que pour elle, c′était elle qui tenait la corde, maintenant elle n′est plus bonne à donner à manger aux chiens.» J′étais en train, pour faire ressortir davantage encore mon attitude à l′égard d′Albertine, d′adresser toutes les amabilités possibles à Andrée qui, si elle était atteinte du même vice, me semblait plus excusable parce qu′elle était souffrante et neurasthénique, quand nous vîmes déboucher au petit trot de ses deux chevaux, dans la rue perpendiculaire à la digue à l′angle de laquelle nous nous tenions, la calèche de Mme de Cambremer. Le premier président qui, à ce moment, s′avançait vers nous, s′écarta d′un bond, quand il reconnut la voiture, pour ne pas être vu dans notre société; puis, quand il pensa que les regards de la marquise allaient pouvoir croiser les siens, s′inclina en lançant un immense coup de chapeau. Mais la voiture, au lieu de continuer, comme il semblait probable, par la rue de la Mer, disparut derrière l′entrée de l′hôtel. Il y avait bien dix minutes de cela lorsque le lift, tout essoufflé, vint me prévenir: «C′est la marquise de Camembert qui vient n′ici pour voir Monsieur. Je suis monté à la chambre, j′ai cherché au salon de lecture, je ne pouvais pas trouver Monsieur. Heureusement que j′ai eu l′idée de regarder sur la plage.» Il finissait à peine son récit que, suivie de sa belle-fille et d′un monsieur très cérémonieux, s′avança vers moi la marquise, arrivant probablement d′une matinée ou d′un thé dans le voisinage et toute voûtée sous le poids moins de la vieillesse que de la foule d′objets de luxe dont elle croyait plus aimable et plus digne de son rang d′être recouverte afin de paraître le plus «habillé» possible aux gens qu′elle venait voir. C′était, en somme, à l′hôtel, ce «débarquage» des Cambremer que ma grand′mère redoutait si fort autrefois quand elle voulait qu′on laissât ignorer à Legrandin que nous irions peut-être à Balbec. Alors maman riait des craintes inspirées par un événement qu′elle jugeait impossible. Voici qu′enfin il se produisait pourtant, mais par d′autres voies et sans que Legrandin y fût pour quelque chose. «Est-ce que je peux rester, si je ne vous dérange pas, me demanda Albertine (dans les yeux de qui restaient, amenées par les choses cruelles que je venais de lui dire, quelques larmes que je remarquai sans paraître les voir, mais non sans en être réjoui), j′aurais quelque chose à vous dire.» Un chapeau à plumes, surmonté lui-même d′une épingle de saphir, était posé n′importe comment sur la perruque de Mme de Cambremer, comme un insigne dont l′exhibition est nécessaire, mais suffisante, la place indifférente, l′élégance conventionnelle, et l′immobilité inutile. Malgré la chaleur, la bonne dame avait revêtu un mantelet de jais pareil à une dalmatique, par-dessus lequel pendait une étole d′hermine dont le port semblait en relation non avec la température et la saison, mais avec le caractère de la cérémonie. Et sur la poitrine de Mme de Cambremer un tortil de baronne relié à une chaînette pendait à la façon d′une croix pectorale. Le Monsieur était un célèbre avocat de Paris, de famille nobiliaire, qui était venu passer trois jours chez les Cambremer. C′était un de ces hommes à qui leur expérience professionnelle consommée fait un peu mépriser leur profession et qui disent par exemple: «Je sais que je plaide bien, aussi cela ne m′amuse plus de plaider», ou: «Cela ne m′intéresse plus d′opérer; je sais que j′opère bien.» Intelligents, artistes, ils voient autour de leur maturité, fortement rentée par le succès, briller cette «intelligence», cette nature d′«artiste» que leurs confrères leur reconnaissent et qui leur confère un à-peu-près de goût et de discernement. Ils se prennent de passion pour la peinture non d′un grand artiste, mais d′un artiste cependant très distingué, et à l′achat des oeuvres duquel ils emploient les gros revenus que leur procure leur carrière. Le Sidaner était l′artiste élu par l′ami des Cambremer, lequel était, du reste, très agréable. Il parlait bien des livres, mais non de ceux des vrais maîtres, de ceux qui se sont maîtrisés. Le seul défaut gênant qu′offrît cet amateur était qu′il employait certaines expressions toutes faites d′une façon constante, par exemple: «en majeure partie», ce qui donnait à ce dont il voulait parler quelque chose d′important et d′incomplet. Mme de Cambremer avait profité, me dit-elle, d′une matinée que des amis à elle avaient donnée ce jour-là à côté de Balbec, pour venir me voir, comme elle l′avait promis à Robert de Saint–Loup. «Vous savez qu′il doit bientôt venir passer quelques jours dans le pays. Son oncle Charlus y est en villégiature chez sa belle-soeur, la duchesse de Luxembourg, et M. de Saint–Loup profitera de l′occasion pour aller à la fois dire bonjour à sa tante et revoir son ancien régiment, où il est très aimé, très estimé. Nous recevons souvent des officiers qui nous parlent tous de lui avec des éloges infinis. Comme ce serait gentil si vous nous faisiez le plaisir de venir tous les deux à Féterne.» Je lui présentai Albertine et ses amies. Mme de Cambremer nous nomma à sa belle-fille. Celle-ci, qui se montrait glaciale avec les petits nobliaux que le voisinage de Féterne la forçait à fréquenter, si pleine de réserve de crainte de se compromettre, me tendit au contraire la main avec un sourire rayonnant, mise comme elle était en sûreté et en joie devant un ami de Robert de Saint–Loup et que celui-ci, gardant plus de finesse mondaine qu′il ne voulait le laisser voir, lui avait dit très lié avec les Guermantes. Telle, au rebours de sa belle-mère, Mme de Cambremer avait-elle deux politesses infiniment différentes. C′est tout au plus la première, sèche, insupportable, qu′elle m′eût concédée si je l′avais connue par son frère Legrandin. Mais pour un ami des Guermantes elle n′avait pas assez de sourires. La pièce la plus commode de l′hôtel pour recevoir était le salon de lecture, ce lieu jadis si terrible où maintenant j′entrais dix fois par jour, ressortant librement, en maître, comme ces fous peu atteints et depuis si longtemps pensionnaires d′un asile que le médecin leur en a confié la clef. Aussi offris-je à Mme de Cambremer de l′y conduire. Et comme ce salon ne m′inspirait plus de timidité et ne m′offrait plus de charme parce que le visage des choses change pour nous comme celui des personnes, c′est sans trouble que je lui fis cette proposition. Mais elle la refusa, préférant rester dehors, et nous nous assîmes en plein air, sur la terrasse de l′hôtel. J′y trouvai et recueillis un volume de Mme de Sévigné que maman n′avait pas eu le temps d′emporter dans sa fuite précipitée, quand elle avait appris qu′il arrivait des visites pour moi. Autant que ma grand′mère elle redoutait ces invasions d′étrangers et, par peur de ne plus pouvoir s′échapper si elle se laissait cerner, elle se sauvait avec une rapidité qui nous faisait toujours, à mon père et à moi, nous moquer d′elle. Mme de Cambremer tenait à la main, avec la crosse d′une ombrelle, plusieurs sacs brodés, un vide-poche, une bourse en or d′où pendaient des fils de grenats, et un mouchoir en dentelle. Il me semblait qu′il lui eût été plus commode de les poser sur une chaise; mais je sentais qu′il eût été inconvenant et inutile de lui demander d′abandonner les ornements de sa tournée pastorale et de son sacerdoce mondain. Nous regardions la mer calme où des mouettes éparses flottaient comme des corolles blanches. A cause du niveau de simple «médium» où nous abaisse la conversation mondaine, et aussi notre désir de plaire non à l′aide de nos qualités ignorées de nous-mêmes, mais de ce que nous croyons devoir être prisé par ceux qui sont avec nous, je me mis instinctivement à parler à Mme de Cambremer, née Legrandin, de la façon qu′eut pu faire son frère, «Elles ont, dis-je, en parlant des mouettes, une immobilité et une blancheur de nymphéas.» Et en effet elles avaient l′air d′offrir un but inerte aux petits flots qui les ballottaient au point que ceux-ci, par contraste, semblaient, dans leur poursuite, animés d′une intention, prendre de la vie. Un día nos habíamos reunido sobre el dique, ante el Gran Hotel; acababa de dirigirle las palabras más duras y humillantes a Albertina, y Rosamunda decía: “-¡Vaya que ha cambiado usted con ella! Antes todo era para ella, ella era la que tenía las riendas, y ahora no sirve ni para que se la coman los perros”. Yo, para hacer resaltar aún más mi actitud frente a Albertina estaba dirigiendo todas las amabilidades posibles a Andrea, la que, si bien atacada por el mismo vicio, me parecía más disculpable, porque estaba enferma y neurasténica en momento en que vimos desembocar la calesa de la señora de Cambremer al trotecito de sus dos caballos, por la calle perpendicular al dique en cuyo ángulo estábamos situados. El presidente primero, que se adelantaba hacia nosotros en ese momento, se apartó de un salto para que no lo vieran en nuestra compañía; luego, cuando creyó que las miradas de la marquesa podían cruzarse con las suyas, se inclinó con un inmenso sombrerazo. Pero el coche, en lugar de continuar como parecía probable, desapareció tras la entrada del hotel. Habrían transcurrido unos diez minutos cuando el ascensorista, sofocado, vino a avisarme: “-Es la marquesa de Camembert que viene a verlo al señor. Subí al cuarto, busqué en el salón de lectura y no podía encontrarlo al señor. Por suerte se me ocurrió mirar en la playa”. Apenas acababa su relato cuando, seguida por su nuera y un señor muy ceremonioso, la marquesa se adelantó hasta mí, volviendo seguramente de una reunión o de un té en la vecindad y menos agobiada por el peso de la vejez que por la cantidad de objetos de lujo con los que creía más amable y más digno de su rango cubrirse para parecerle lo más vestida posible a la gente que venía a verla. Era, en resumen, ese desembarco de los Cambremer que tanto temía mi abuela antes cuando quería que no le hiciéramos saber a Legrandin que iríamos quizás a Balbec. Entonces mamá se reía de los temores inspirados por un acontecimiento imposible según ella. Y he aquí que se producía, sin embargo, pero por otros caminos y sin que interviniese Legrandin en absoluto. “-¿Puedo quedarme, si no lo molesto? -me preguntó Albertina, en cuyos ojos apuntaban algunas lágrimas debido a las cosas crueles que acababa de decirle, lo que noté no sin regocijo, aunque disimulándolo-. Tendría que decirle algo”. Un sombrero de plumas con un alfiler de zafiros estaba puesto de cualquier modo sobre la peluca de la señora de Cambremer, como una insignia cuya exhibición era necesaria pero suficiente; la elegancia convencional y la inmovilidad inútil. A pesar del calor, la buena señora se había revestido con una mantilla de azabache, semejante a una dalmática, por encima de la que colgaba una estola de armiño cuyo aspecto parecía vincularse, no a la temperatura y la estación, sino al carácter de la ceremonia. Y sobre el pecho de la señora de Cambremer, una corona de baronesa colgada de una cadenita pendía a la manera de una cruz pectoral. El señor era un célebre abogado de París, de familia nobiliaria, que había ido a pasar tres días en casa de los Cambremer. Era uno de esos hombres a quienes su consumada experiencia profesional hace despreciar un poco su profesión y que dicen, por ejemplo: “-Yo sé que actúo bien, por eso ya no me divierten mis defensas”; o bien: “-Ya no me interesa operar; sé que opero bien”. Inteligentes, artistas, ven brillar en torno a su madurez vigorosamente rentada por el éxito, esa inteligencia, esa naturaleza de artista que les reconocen sus colegas yque les concede una aproximación de gusto y discernimiento. Se apasionan por la pintura, no de un gran artista, sino de un artista sin embargo muy distinguido y en la compra de cuyas obras emplean las grandes ganancias que les procura su carrera. El Sidaner era el artista elegido por el amigo de los Cambremer, quien, por otra parte, resultaba muy agradable. Hablaba bien de los libros, pero no de los que escribieran los verdaderos maestros, de los que se han domado. El único defecto molesto que ofrecía ese aficionado era que empleaba algunas frases hechas de un modo permanente; por ejemplo: “en la mayor parte”, lo que daba a aquello de que quería hablar un tono importante e incompleto. La señora de Cambremer había aprovechado -me dijo- una reunión que algunos amigos ofrecieran cerca de Balbec para venir a verme como me lo prometiera Roberto de Saint-Loup. “-Usted sabe que pronto llegará para pasar unos días. Su tío Charlus está de vacaciones en casa de su cuñada, la duquesa de Luxemburgo yel señor de Saint-Loup para saludar a su tía ya la vez volver a ver su antiguo regimiento donde lo quieren y lo estiman mucho. Recibimos a menudo a oficiales que nos hablan de él con infinitos elogios. ¡Qué amable sería si los dos nos dieran el gusto de venir a Féterne!”. Le presenté a Albertina y sus amigas. La señora de Cambremer nos nombró a su nuera. Ésta, helada con los pequeños nobles que le obligaba a frecuentar la vecindad de Féterne, tan llena de reserva por temor a comprometerse, me extendió, al contrario, la mano con una sonrisa radiante, segura y alegre ante un amigo de Roberto de Saint-Loup, de quien éste que conservaba más fineza mundana de lo que deseaba trasparentar- le había dicho estaba muy ligado con los Guermantes. Así, al contrario de su suegra la señora de Cambremer, tenía dos cortesías infinitamente distintas. Me hubiese concedido a lo sumo la primera, seca e insoportable, de haberla conocido por intermedio pie su hermano Legrandin. Pero para un amigo de los Guermantes no le alcanzaban las sonrisas. La pieza del hotel más cómoda para recibo era el salón de lectura ese lugar antaño tan terrible en el que entraba ahora diez veces por día, saliendo con desenvoltura, como un amo, como esos locos pacíficos y pensionistas por tanto tiempo de un asilo, que el médico acaba por entregarles la llave. Por eso ofrecí acompañar a la señora de Cambremer. Y como ese salón ya no me inspiraba timidez ni me ofrecía encanto porque, el rostro de las cosas cambia para nosotros como el de las personas, le hice esa propuesta sin ninguna turbación. Pero la rechazó, prefiriendo permanecer afuera, y nos sentamos al aire libre, en la terraza del hotel. Encontré y recogí un volumen de Madame de Sévigné que mamá no había tenido tiempo de llevar en su fuga precipitada, cuando supo que me llegaban visitas. Temía tanto como mi abuela esas invasiones de extraños, y por temor a no saber escaparse si la asediaban, huía con una rapidez que nos inspiraba burlas a mi padre y a mí. La señora de Cambremer tenía en la mano, junto con el mango de su sombrilla, varias bolsas bordadas, un cofrecito, un bolso de oro del que colgaban hilos de granates y un pañuelo de puntillas. Me parecía que le hubiese resultado más cómodo dejarlos sobre una silla; pero yo advertía que era poco conveniente e inútil pedirle que abandonara los ornamentos de su jira pastoral y su sacerdocio mundano. Mirábamos el mar tranquilo en el que flotaban gaviotas dispersas como blancas corolas. A causa del nivel de simple medium a que nos rebaja la conversación mundana y también nuestro deseo de gustar no con nuestras cualidades ignoradas por nosotros mismos, sino con lo que creemos preferirán los que están con nosotros, me puse instintivamente a hablar a la señora de Cambremer, originariamente Legrandin, como pudiera haberlo hecho su hermano. “-Tienen -dije al hablar de las gaviotass una inmovilidad y una blancura de ninfeas”. Y efectivamente, parecían ofrecer un blanco inerte a las pequeñas correntadas que las hamacaban a tal punto que éstas, por contraste, parecían perseguirlas con alguna intención y cobrar vida.
La marquise douairière ne se lassait pas de célébrer la superbe vue de la mer que nous avions à Balbec, et m′enviait, elle qui de la Raspelière (qu′elle n′habitait du reste pas cette année) ne voyait les flots que de si loin. Elle avait deux singulières habitudes qui tenaient à la fois à son amour exalté pour les arts (surtout pour la musique) et à son insuffisance dentaire. Chaque fois qu′elle parlait esthétique, ses glandes salivaires, comme celles de certains animaux au moment du rut, entraient dans une phase d′hypersécrétion telle que la bouche édentée de la vieille dame laissait passer, au coin des lèvres légèrement moustachues, quelques gouttes dont ce n′était pas la place. Aussitôt elle les ravalait avec un grand soupir, comme quelqu′un qui reprend sa respiration. Enfin, s′il s′agissait d′une trop grande beauté musicale, dans son enthousiasme elle levait les bras et proférait quelques jugements sommaires, énergiquement mastiqués et au besoin venant du nez. Or je n′avais jamais songé que la vulgaire plage de Balbec pût offrir en effet une «vue de mer», et les simples paroles de Mme de Cambremer changeaient mes idées à cet égard. En revanche, et je le lui dis, j′avais toujours entendu célébrer le coup d′oeil unique de la Raspelière, située au faîte de la colline et où, dans un grand salon à deux cheminées, toute une rangée de fenêtres regarde, au bout des jardins, entre les feuillages, la mer jusqu′au delà de Balbec, et l′autre rangée, la vallée. «Comme vous êtes aimable et comme c′est bien dit: la mer entre les feuillages. C′est ravissant, on dirait . . . un éventail.» Et je sentis à une respiration profonde destinée à rattraper la salive et à assécher la moustache, que le compliment était sincère. Mais la marquise, née Legrandin, resta froide pour témoigner de son dédain non pas pour mes paroles mais pour celles de sa belle-mère. D′ailleurs elle ne méprisait pas seulement l′intelligence de celle-ci, mais déplorait son amabilité, craignant toujours que les gens n′eussent pas une idée suffisante des Cambremer. «Et comme le nom est joli, dis-je. La marquesa anciana no se cansaba de alabar la espléndida vista del mar que teníamos en Balbec, y me envidiaba; ella, que desde la Raspeliére (que, por otra parte, no habitaba este año) no veía las aguas sino de muy lejos. Tenía dos costumbres singulares que participaban a la vez de su amor exaltado por las artes (especialmente la música) y de su insuficiencia dentaría. Cada vez que hablaba de estética, sus glándulas salivares -como las de algunos animales en el momento del celo- entraban en tal estado de hipersecreción que la desdentada boca de la anciana dejaba pasar por las comisuras de los labios, apenas cubiertos de bozo, algunas gotas que no estaban en su sitio. Enseguida las volvía a absorber con un gran suspiro, como alguien que recobra el ritmo de su respiración. En fin, si se trataba de una muy grande belleza musical, en su entusiasmo levantaba los brazos y profería algunos juicios sumarios, masticados enérgicamente y en caso necesario, nasales. Yo, efectivamente, no había pensado nunca que la vulgar playa de Balbec pudiese ofrecer una vista del mar, y las sencillas palabras de la señora de Cambremer cambiaban mis ideas a ese respecto. En cambio y se lo dije, siempre oí alabar el golpe de vista único de la Raspeliére, situada en la cima de una colina y en la que -en un gran salón con dos estufas- toda una hilera de ventanas mira, al fondo de los jardines, al mar hasta más allá de Balbec y la otra hilera al valle. “-¡Qué amable es usted y qué bien dicho!: el mar entre las hojas. Es encantador, parecería... un abanico”. Y yo oía por la respiración profunda- destinada a tragar la saliva y secar el bigote, que el cumplido era sincero. Pero la marquesa originariamente Legrandin, se quedó fría para demostrar su desdén no por mis palabras, sino por las de su suegra. Por otra parte, no sólo despreciaba la inteligencia de ésta, sino que lamentaba su amabilidad, temiendo continuamente que la gente no se hiciera una idea cabal de los Cambremer. “-¡Y qué lindo es el nombre! -dije-.
On aimerait savoir l′origine de tous ces noms-là. — Pour celui-là je peux vous le dire, me répondit avec douceur la vieille dame. C′est une demeure de famille, de ma grand′mère Arrachepel, ce n′est pas une famille illustre, mais c′est une bonne et très ancienne famille de province. — Comment, pas illustre? interrompit sèchement sa belle-fille. Tout un vitrail de la cathédrale de Bayeux est rempli par ses armes, et la principale église d′Avranches contient leurs monuments funéraires. Si ces vieux noms vous amusent, ajouta-t-elle, vous venez un an trop tard. Nous avions fait nommer à la cure de Criquetot, malgré toutes les difficultés qu′il y a à changer de diocèse, le doyen d′un pays où j′ai personnellement des terres, fort loin d′ici, à Combray, où le bon prêtre se sentait devenir neurasthénique. Malheureusement l′air de la mer n′a pas réussi à son grand âge; sa neurasthénie s′est augmentée et il est retourné à Combray. Mais il s′est amusé, pendant qu′il était notre voisin, à aller consulter toutes les vieilles chartes, et il a fait une petite brochure assez curieuse sur les noms de la région. Cela l′a d′ailleurs mis en goût, car il paraît qu′il occupe ses dernières années à écrire un grand ouvrage sur Combray et ses environs. Je vais vous envoyer sa brochure sur les environs de Féterne. C′est un vrai travail de Bénédictin. Vous y lirez des choses très intéressantes sur notre vieille Raspelière dont ma belle-mère parle beaucoup trop modestement. — En tout cas, cette année, répondit Mme de Cambremer douairière, la Raspelière n′est plus nôtre et ne m′appartient pas. Mais on sent que vous avez une nature de peintre; vous devriez dessiner, et j′aimerais tant vous montrer Féterne qui est bien mieux que la Raspelière.» Car depuis que les Cambremer avaient loué cette dernière demeure aux Verdurin, sa position dominante avait brusquement cessé de leur apparaître ce qu′elle avait été pour eux pendant tant d′années, c′est-à-dire donnant l′avantage, unique dans le pays, d′avoir vue à la fois sur la mer et sur la vallée, et en revanche leur avait présenté tout à coup — et après coup — l′inconvénient qu′il fallait toujours monter et descendre pour y arriver et en sortir. Bref, on eût cru que si Mme de Cambremer l′avait louée, c′était moins pour accroître ses revenus que pour reposer ses chevaux. Et elle se disait ravie de pouvoir enfin posséder tout le temps la mer de si près, à Féterne, elle qui pendant si longtemps, oubliant les deux mois qu′elle y passait, ne l′avait vue que d′en haut et comme dans un panorama. «Je la découvre à mon âge, disait-elle, et comme j′en jouis! Ça me fait un bien! Je louerais la Raspelière pour rien afin d′être contrainte d′habiter Féterne.» A uno le gustaría saber el origen de todos esos nombres”. “-En cuanto a ése, puedo decírselo -me contestó con dulzura, la anciana-. Se trata de una vivienda familiar de mi abuela Arrachepel. No es una familia ilustre, pero es una buena y muy antigua familia provinciana”. “-¡Cómo, poco ilustre! -interrumpió secamente su nuera-. Todo un vitral de la catedral de Bayeux contiene sus armas y la iglesia principal de Avranches encierra sus monumentos funerarios. Si esos nombres viejos lo divierten, llega usted con un año de atraso. Habíamos hecho designar para el curato de Criquetot, a pesar de todas las dificultades de un cambio de diócesis, al decano de una zona en la que personalmente tengo tierras, en Combray, muy lejos de aquí, donde el buen sacerdote sentía que se estaba poniendo neurasténico. Desgraciadamente el aire del mar no sentó a su mucha edad; aumentó su neurastenia y debió volver a Combray. Pero se entretuvo, mientras era vecino nuestro, consultando todas las antiguas cartas y escribió un folleto bastante curioso acerca de los nombres de la región. Además, eso le hizo tomar la mano, ya que, según parece, está ocupando sus últimos años en la redacción de una gran obra acerca de Combray y sus alrededores. Voy a enviarle su folleto acerca de los alrededores de Féterne. Un verdadero trabajo de benedictino. Leerá usted cosas muy interesantes sobre nuestra vieja Raspeliére, de la que mi suegra habla con excesiva modestia”. “-En todo caso -contestó la anciana señora de Cambremer-, este año ya no nos pertenece la Raspeliére; y no es nuestra. Pero uno advierte que usted tiene una naturaleza de pintor; debería dibujar y me gustaría sobremanera enseñarle a Féterne, que es mucho mejor que la Raspeliére”. Porque desde que los Cambremer hablan alquilado esta última vivienda a los Verdurin, su posición dominante había dejado bruscamente de parecerles lo que había sido para ellos durante tantos años, es decir, con la ventaja única en la región de tener vista a un tiempo sobre el mar yel valle yen cambio les había proporcionado de golpe -y de contragolpe- el inconveniente de subir y bajar siempre para entrar y salir. En resumen, podía creerse que si la señora de Cambremer la alquilara, no era tanto para aumentar sus rentas como para que descansaran sus caballos. Y se declaraba encantada de poder poseer al fin por todo el tiempo el mar tan cerca, en Féterne; ella, que durante tanto tiempo, olvidando los dos meses que pasaba ahí, no lo veía sino desde lo alto y como en un panorama. “-Lo descubro a mi edad -decía- ¡y cómo gozo! Me hace mucho bien. Alquilaría la Raspeliére gratis, con tal de verme obligada a habitar en Féterne”.
— Pour revenir à des sujets plus intéressants, reprit la soeur de Legrandin qui disait: «Ma mère» à la vieille marquise, mais, avec les années, avait pris des façons insolentes avec elle, vous parliez de nymphéas: je pense que vous connaissez ceux que Claude Monet a peints. Quel génie! Cela m′intéresse d′autant plus qu′auprès de Combray, cet endroit où je vous ai dit que j′avais des terres . . . Mais elle préféra ne pas trop parler de Combray. «Ah! c′est sûrement la série dont nous a parlé Elstir, le plus grand des peintres contemporains, s′écria Albertine qui n′avait rien dit jusque-là. — Ah! on voit que Mademoiselle aime les arts, s′écria Mme de Cambremer qui, en poussant une respiration profonde, résorba un jet de salive. — Vous me permettrez de lui préférer Le Sidaher, Mademoiselle», dit l′avocat en souriant d′un air connaisseur. Et, comme il avait goûté, ou vu goûter, autrefois certaines «audaces» d′Elstir, il ajouta: «Elstir était doué, il a même fait presque partie de l′avant-garde, mais je ne sais pas pourquoi il a cessé de suivre, il a gâché sa vie.» Mme de Cambremer donna raison à l′avocat en ce qui concernait Elstir, mais, au grand chagrin de son invité, égala Monet à Le Sidaner. On ne peut pas dire qu′elle fût bête; elle débordait d′une intelligence que je sentais m′être entièrement inutile. -Para volver a temas más interesantes -repuso la hermana de Legrandin, que le decía mi madre a la vieja marquesa, aunque con los años tomara modales insolentes con ella-, usted hablaba de nenúfares: supongo que conoce los que ha pintado Claudio Monet. ¡Qué genio! Me interesan tanto más que cerca de Combray, ese lugar donde ya le dije que tengo tierras...” Pero prefirió no hablar demasiado de Combray. “-¡Ah!, seguramente es la serie de la que nos habló Elstir, el más grande de los pintores contemporáneos”, exclamó Albertina, que no había dicho nada hasta entonces. “-¡Ah!, se ve que la señorita ama el arte” exclamó la señora de Cambremer, que, al lanzar un profundo suspiro, reabsorbió un chorro de saliva. “-Usted me permitirá que prefiera Le Sidaner, señorita -dijo el abogado sonriendo con aire de entendido. Y como había gustado o visto gustar antaño ciertas audacias de Elstir, agregó-: Elstir estaba bien dotado, casi llegó a formar parte de la vanguardia, pero no sé por qué no ha continuado; estropeó su vida”. La señora de Cambremer estuvo a punto de acuerdo con el abogado en lo que concernía a Elstir; pero, con gran pesar de su invitado, comparó Monet a Le Sidaner. No puede decirse que fuera tonta; desbordaba una inteligencia que yo advertía me era completamente inútil.
Justement, le soleil s′abaissant, les mouettes étaient maintenant jaunes, comme les nymphéas dans une autre toile de cette même série de Monet. Je dis que je la connaissais et (continuant à imiter le langage, du frère, dont je n′avais pas encore osé citer le nom) j′ajoutai qu′il était malheureux qu′elle n′eût pas eu plutôt l′idée de venir la veille, car à la même heure, c′est une lumière de Poussin qu′elle eût pu admirer. Devant un hobereau normand inconnu des Guermantes et qui lui eût dit qu′elle eût dû venir la veille, Mme de Cambremer–Legrandin se fût sans doute redressée d′un air offensé. Mais j′aurais pu être bien plus familier encore qu′elle n′eût été que douceur moelleuse et florissante; je pouvais, dans la chaleur de cette belle fin d′après-midi, butiner à mon gré dans le gros gâteau de miel que Mme de Cambremer était si rarement et qui remplaça le petits fours que je n′eus pas l′idée d′offrir. Mais le nom de Poussin, sans altérer l′aménité de la femme du monde, souleva les protestations de la dilettante. En entendant ce nom, à six reprises que ne séparait presque aucun intervalle, elle eut ce petit claquement de la langue contre les lèvres qui sert à signifier à un enfant qui est en train de faire une bêtise, à la fois un blâme d′avoir commencé et l′interdiction de poursuivre. «Au nom du ciel, après un peintre comme Monet, qui est tout bonnement un génie, n′allez pas nommer un vieux poncif sans talent comme Poussin. Je vous dirai tout nûment que je le trouve le plus barbifiant des raseurs. Qu′est-ce que vous voulez, je ne peux pourtant pas appeler cela de la peinture. Monet, Degas, Manet, oui, voilà des peintres! C′est très curieux, ajouta-t-elle, en fixant un regard scrutateur et ravi sur un point vague de l′espace, où elle apercevait sa propre pensée, c′est très curieux, autrefois je préférais Manet. Maintenant, j′admire toujours Manet, c′est entendu, mais je crois que je lui préfère peut-être encore Monet. Ah! les cathédrales!» Elle mettait autant de scrupules que de complaisance à me renseigner sur l′évolution qu′avait suivie son goût. Et on sentait que les phases par lesquelles avait passé ce goût n′étaient pas, selon elle, moins importantes que les différentes manières de Monet lui-même. Je n′avais pas, du reste, à être flatté qu′elle me fît confidence de ses admirations, car, même devant la provinciale la plus bornée, elle ne pouvait pas rester cinq minutes sans éprouver le besoin de les confesser. Quand une dame noble d′Avranches, laquelle n′eût pas été capable de distinguer Mozart de Wagner, disait devant Madame de Cambremer: «Nous n′avons pas eu de nouveauté intéressante pendant notre séjour à Paris, nous avons été une fois à l′Opéra-Comique, on donnait Pelléas et Mélisande, c′est affreux», Mme de Cambremer non seulement bouillait mais éprouvait le besoin de s′écrier: «Mais au contraire, c′est un petit chef-d′oeuvre», et de «discuter». C′était peut-être une habitude de Combray, prise auprès des soeurs de ma grand′mère qui appelaient cela: «Combattre pour la bonne cause», et qui aimaient les dîners où elles savaient, toutes les semaines, qu′elles auraient à défendre leurs dieux contre des Philistins. Telle Mme de Cambremer aimait à se «fouetter le sang» en se «chamaillant» sur l′art, comme d′autres sur la politique. Elle prenait le parti de Debussy comme elle aurait fait celui d′une de ses amies dont on eût incriminé la conduite. Elle devait pourtant bien comprendre qu′en disant: «Mais non, c′est un petit chef-d′oeuvre», elle ne pouvait pas improviser, chez la personne qu′elle remettait à sa place, toute la progression de culture artistique au terme de laquelle elles fussent tombées d′accord sans avoir besoin de discuter. «Il faudra que je demande à Le Sidaner ce qu′il pense de Poussin, me dit l′avocat. C′est un renfermé, un silencieux, mais je saurai bien lui tirer les vers du nez.» Justamente al bajar el sol, las gaviotas se hablan puesto amarillas ahora, como las ninfeas en otra tela de esa misma serie de Monet. Dije que la conocía y agregué (imitando aún el lenguaje del hermano cuyo nombre no me había atrevido a citar) que era una desgracia que no se le ocurriese venir la víspera, porque a la misma hora hubiera podido admirar una luz como del Poussin. Ante un hidalgüelo normando, desconocido de los Guermantes que le dijese que debía haber venido, la señora de Cambremer-Legrandin se hubiese erguido sin duda ofendida. Pero yo pude haberme comportado con más familiaridad yella continuaría con su dulzura blanda yfloreciente: podía yo cosechar como una abeja al calor de ese hermoso fin de tarde a mi voluntad en esa gran torta de miel que tan rara vez era la señora de Cambremer y que reemplazó los pastelitos que no pensé ofrecerles. Pero el nombre de Poussin, sin alterar la amenidad de la mujer de mundo, levantó las protestas de la dilettante. Al oír ese nombre, en seis oportunidades que no separaba casi ningún intervalo, produjo ese pequeño chasquido de la lengua contra los labios que sirve para indicar a un niño que está cometiendo una tontería y es a un tiempo reprimenda por haber empezado y prohibición de continuar. “-¡En nombre del cielo! Después de un pintor como Monet, que no es sino un genio, no vaya a nombrar a un viejo rutinario sin talento como Poussin. Le diré sin empacho que me parece el más aburrido de los aburridos. ¡Qué quiere!, no puedo llamarle pintura a eso. Es muy curioso -agregó fijando una mirada escrutadora y encantada en un punto vago del espacio donde advertía su propio pensamiento-, es muy curioso; antes yo prefería a Manet. Ahora siempre sigo admirando a Manet, se entiende: pero creo que todavía lo prefiero a Monet. ¡Ah, las catedrales!” Ponía tantos escrúpulos como complacencia en informarme acerca de la evolución que recorriera su gusto. Y advertía uno que las fases por lasque había pasado ese gusto no eran para ella menos importantes que las distintas maneras del mismo Monet. No tenía por qué halagarme, por otra parte, que me confesara sus admiraciones, porque ni ante la provinciana más limitada podía estarse cinco minutos sin confesarlas. Cuando una noble señora de Avranches, incapaz de distinguir entre Mozart y Wágner, decía ante la señora de Cambremer: “-No tuvimos ninguna novedad interesante cuando fuimos a París; asistimos una vez a la ópera Cómica ydaban Peléas y Melisnnde. ¡Es horrible!”, la señora de Cambremer no sólo hervía, sino que necesitaba exclamar: “-¡Pero, al contrario, es una obrita maestra!”y discutir. Era quizás una costumbre de Combray adquirida de las hermanas de mi abuela, que llamaba a eso “combatir por la buena causa”, y a las que les gustaban las comidas semanales en que sabían que tendrían que defender sus dioses contra los filisteos. Así como a la señora de Cambremer le gustaba sacudirse la sangre, peleándose por el arte, como otros por la política. Tomaba partido tanto por Debussy como por una amiga cuya conducta fuese criticada. Debla comprender, sin embargo, que al decir: “-¡Pero no, es una pequeña obra maestra!”, no podía improvisar, en la persona que rectificaba, toda esa progresión de cultura artística a cuyo término se hubiesen puesto de acuerdo sin necesidad de discutir. “-Tengo que preguntarle a Le Sidaner lo que opina de Poussin -me dijo el abogado. Es un reconcentrado, un silencioso, pero ya sabré arrancarle las palabras”.
— Du reste, continua Mme de Cambremer, j′ai horreur des couchers de soleil, c′est romantique, c′est opéra. C′est pour cela que je déteste la maison de ma belle-mère, avec ses plantes du Midi. Vous verrez, ça a l′air d′un parc de Monte–Carlo. C′est pour cela que j′aime mieux votre rive. C′est plus triste, plus sincère; il y a un petit chemin d′où on ne voit pas la mer. Les jours de pluie, il n′y a que de la boue, c′est tout un monde. C′est comme à Venise, je déteste le Grand Canal et je ne connais rien de touchant comme les petites ruelles. Du reste c′est une question d′ambiance. “-Por otra parte -continuó la señora de Cambremer-, me dan náuseas los crepúsculos; eso es romántico, es ópera. Por eso odio la casa de mi suegra, con sus plantas del Mediodía. Ya verá, parece un parque de Monte Carlo. Por eso me gusta más su ribera. Es más triste, más sincera; tiene un caminito desde el cual no se ve el mar. Los días lluviosos no hay más que barro; es todo un mundo. Es como en Venecia; odio el gran canal y no conozco nada más conmovedor que las callejuelas. Por otra parte, es una cuestión de ambiente”.
— Mais, lui dis-je, sentant que la seule manière de réhabiliter Poussin aux yeux de Mme de Cambremer c′était d′apprendre à celle-ci qu′il était redevenu à la mode, M. Degas assure qu′il ne connaît rien de plus beau que les Poussin de Chantilly. — Ouais? Je ne connais pas ceux de Chantilly, me dit Mme de Cambremer, qui ne voulait pas être d′un autre avis que Degas, mais je peux parler de ceux du Louvre qui sont des horreurs. — Il les admire aussi énormément. — Il faudra que je les revoie. Tout cela est un peu ancien dans ma tête, répondit-elle après un instant de silence et comme si le jugement favorable qu′elle allait certainement bientôt porter sur Poussin devait dépendre, non de la nouvelle que je venais de lui communiquer, mais de l′examen supplémentaire, et cette fois définitif, qu′elle comptait faire subir aux Poussin du Louvre pour avoir la faculté de se déjuger. “- Pero -le dije advirtiendo que la única manera de rehabilitar a Poussin ante la señora de Cambremer era hacerle saber que se había puesto de moda nuevamente- el señor Degas asegura que no conoce nada más hermoso que los Poussin de Chantilly”. “-¿Cómo? No conozco los de Chantilly -me dijo la señora de Cambremer, que no quería opinar en forma distinta que Degas-, pero puedo hablar de los del Louvre, que son un asco”. “-Los admira también mucho”. “-Tendré que volver a verlos. Todo eso está un poco viejo en mi cabeza”, contestó ella tras un instante de silencio y como si el juicio favorable que seguramente emitida pronto acerca de Poussin dependiese, no de la noticia que acababa de comunicarle, sino del examen suplementario y esta vez definitivo a que contaba someter a los Poussin del Louvre, para poder echarse atrás.
Me contentant de ce qui était un commencement de rétractation, puisque, si elle n′admirait pas encore les Poussin, elle s′ajournait pour une seconde délibération, pour ne pas la laisser plus longtemps à la torture je dis à sa belle-mère combien on m′avait parlé des fleurs admirables de Féterne. Modestement elle parla du petit jardin de curé qu′elle avait derrière et où le matin, en poussant une porte, elle allait en robe de chambre donner à manger à ses paons, chercher les oeufs pondus, et cueillir des zinnias ou des roses qui, sur le chemin de table, faisant aux oeufs à la crème ou aux fritures une bordure de fleurs, lui rappelaient ses allées. «C′est vrai que nous avons beaucoup de roses, me dit-elle, notre roseraie est presque un peu trop près de la maison d′habitation, il y a des jours où cela me fait mal à la tête. C′est plus agréable de la terrasse de la Raspelière où le vent apporte l′odeur des roses, mais déjà moins entêtante.» Je me tournai vers la belle-fille: «C′est tout à fait Pelléas, lui dis-je, pour contenter son goût de modernisme, cette odeur de roses montant jusqu′aux terrasses. Elle est si forte, dans la partition, que, comme j′ai le hay-fever et la rose-fever, elle me faisait éternuer chaque fois que j′entendais cette scène.» Contentándome con lo que era un comienzo de retractación, ya que, si aún no admiraba los Poussin, se postergaba para una segunda deliberación, y a fin de no torturarla por más tiempo, le dije a su suegra cuánto me habían hablado de las flores admirables de Féterne. Habló modestamente del jardincillo de cura que tenía en los fondos y donde por la mañana y en bata les daba de comer a sus pavos reales buscaba los huevos frescos y recogía las zinias o las rosas que decorando la mesa, en torno a los huevos, a la crema o a las frituras, le recordaban sus senderos. “-Cierto que tenemos muchas rosas -me dijo ella-; nuestro rosedal está casi demasiado cerca de la casa-habitación; hay rifas en que me produce dolor de cabeza. Es más agradable desde la terraza de la Raspeliére, hasta donde el viento trae el perfume de las rosas, con menos obstinación”. Me volví hacia la nuera: “-Completamente Péleas -le dije para conformar su afición por el modernismo- ese perfume de rosas que sube hasta las terrazas. Es tan fuerte en la partitura, que como tengo el hayjever y la tose-fever, me hacía estornudar cada vez que escuchaba esa escena”.
«Quel chef-d′oeuvre que Pelléas! s′écria Mme de Cambremer, j′en suis férue»; et s′approchant de moi avec les gestes d′une femme sauvage qui aurait voulu me faire des agaceries, s′aidant des doigts pour piquer les notes imaginaires, elle se mit à fredonner quelque chose que je supposai être pour elle les adieux de Pelléas, et continua avec une véhémente insistance comme s′il avait été d′importance que Mme de Cambremer me rappelât en ce moment cette scène, ou peut-être plutôt me montrât qu′elle se la rappelait. «Je crois que c′est encore plus beau que Parsifal, ajouta-t-elle, parce que dans Parsifal il s′ajoute aux plus grandes beautés un certain halo de phrases mélodiques, donc caduques puisque mélodiques. — Je sais que vous êtes une grande musicienne, Madame, dis-je à la douairière. J′aimerais beaucoup vous entendre.» Mme de Cambremer–Legrandin regarda la mer pour ne pas prendre part à la conversation. Considérant que ce qu′aimait sa belle-mère n′était pas de la musique, elle considérait le talent, prétendu selon elle, et des plus remarquables en réalité, qu′on lui reconnaissait comme une virtuosité sans intérêt. Il est vrai que la seule élève encore vivante de Chopin déclarait avec raison que la manière de jouer, le «sentiment», du Maître, ne s′était transmis, à travers elle, qu′à Mme de Cambremer; mais jouer comme Chopin était loin d′être une référence pour la soeur de Legrandin, laquelle ne méprisait personne autant que le musicien polonais. «Oh! elles s′envolent, s′écria Albertine en me montrant les mouettes qui, se débarrassant pour un instant de leur incognito de fleurs, montaient toutes ensemble vers le soleil. — Leurs ailes de géants les empêchent de marcher, dit Mme de Cambremer, confondant les mouettes avec les albatros. — Je les aime beaucoup, j′en voyais à Amsterdam, dit Albertine. Elles sentent la mer, elles viennent la humer même à travers les pierres des rues. — Ah! vous avez été en Hollande, vous connaissez les Ver Meer?» demanda impérieusement Mme de Cambremer et du ton dont elle aurait dit: «Vous connaissez les Guermantes?», car le snobisme en changeant d′objet ne change pas d′accent. “-¿Qué obra maestra, Peleas! -exclamó la señora de Cambremer-. Estoy amartelada”; y acercándoseme con los gestos de una mujer salvaje que hubiese querido hacerme melindres, ayudándose con los dedos para picar las notas imaginarias, se puso a tararear algo que supuse debía ser para ella los adioses de Péleas, y continuó con una insistencia vehemente, como si fuese importante que me recordara la escena en ese momento o mejor, me demostrase que la recordaba. “Creo que es más hermoso aún que Parsifal - agregó-, porque en Parsifal, junto a grandes bellezas se encuentra un halo de frases melódicas; por consiguiente, caducas ya que melódicas”. “-Sé que es usted muy música, señora -le dije a la dueña-. Me agradaría mucho poder oiría”. La señora de Cambremer- Legrandin miró el mar para no participar en la conversación. Considerando que lo que le gustaba a su suegra no era música, estimaba su talento, supuesto para ella y de los más notables en realidad, como un virtuosismo sin interés. Es verdad que la sola discípula aún viva de Chopin declaraba con motivos que la manera de tocar yel sentimiento del Maestro no se habían trasmitido a través de ella más que a la señora de Cambremer, pero tocar como Chopin estaba lejos de ser una referencia para la hermana de Legrandin, que a nadie despreciaba tanto como al músico polaco. “-¡Oh, se van!”, exclamó Albertina señalándome las gaviotas que se desprendían por un momento de su incógnito de flores y subían juntas hacia el sol. “-Sus alas de gigante les impiden caminar”, dijo la señora de Cambremer, confundiendo a las gaviotas con los albatros.17 “-Me gustan mucho; las veía en Amsterdam -dijo Albertina-. Huelen a mar; van a olerlo hasta en las piedras de la calle”. “-¡Ah!, ¿usted estuvo en Holanda? ¿Conoce los Ver Meer?”, preguntó imperiosamente la señora de Cambremer y con el tono con que hubiera dicho: “-Usted conoce a los Guermantes”, porque el snobismo, al cambiar su objeto, no trueca su acento.
Albertine répondit non: elle croyait que c′étaient des gens vivants. Mais il n′y parut pas. «Je serais très heureuse de vous faire de la musique, me dit Mme de Cambremer. Mais, vous savez, je ne joue que des choses qui n′intéressent plus votre génération. J′ai été élevée dans le culte de Chopin», dit-elle à voix basse, car elle redoutait sa belle-fille et savait que celle-ci, considérant que Chopin n′était pas de la musique, le bien jouer ou le mal jouer étaient des expressions dénuées de sens. Elle reconnaissait que sa belle-mère avait du mécanisme, perlait les traits. «Jamais on ne me fera dire qu′elle est musicienne», concluait Mme de Cambremer–Legrandin. Parce qu′elle se croyait «avancée» et (en art seulement) «jamais assez à gauche», disait-elle, elle se représentait non seulement que la musique progresse, mais sur une seule ligne, et que Debussy était en quelque sorte un sur-Wagner, encore un peu plus avancé que Wagner. Elle ne se rendait pas compte que si Debussy n′était pas aussi indépendant de Wagner qu′elle-même devait le croire dans quelques années, parce qu′on se sert tout de même des armes conquises pour achever de s′affranchir de celui qu′on a momentanément vaincu, il cherchait cependant, après la satiété qu′on commençait à avoir des oeuvres trop complètes, où tout est exprimé, à contenter un besoin contraire. Des théories, bien entendu, étayaient momentanément cette réaction, pareilles à celles qui, en politique, viennent à l′appui des lois contre les congrégations, des guerres en Orient (enseignement contre nature, péril jaune, etc., etc.). On disait qu′à une époque de hâte convenait un art rapide, absolument comme on aurait dit que la guerre future ne pouvait pas durer plus de quinze jours, ou qu′avec les chemins de fer seraient délaissés les petits coins chers aux diligences et que l′auto pourtant devait remettre en honneur. On recommandait de ne pas fatiguer l′attention de l′auditeur, comme si nous ne disposions pas d′attentions différentes dont il dépend précisément de l′artiste d′éveiller les plus hautes. Car ceux qui bâillent de fatigue après dix lignes d′un article médiocre avaient refait tous les ans le voyage de Bayreuth pour entendre la Tétralogie. D′ailleurs le jour devait venir où, pour un temps, Debussy serait déclaré aussi fragile que Massenet et les tressautements de Mélisande abaissés au rang de ceux de Manon. Car les théories et les écoles, comme les microbes et les globules, s′entre-dévorent et assurent, par leur lutte, la continuité de la vie. Mais ce temps n′était pas encore venu. Albertina contestó que no, y creyó que era gente viva. Pero no lo pareció. “-Me gustada mucho hacerle música -le dijo la señora de Cambremer-; pero, ¿sabe usted?, no toco sino esas cosas que ya no interesan a su generación. He sido educada en el culto de Chopin”, agregó en voz baja, porque temía a su nuera y sabía que, como ésta consideraba que Chopin no era música, tocarlo bien o tocarlo mal eran expresiones sin sentido. Reconocía que su suegra tenía mecanismo y perlaba las notas. “-Nunca me obligarán a decir que es música”, concluía la señora de Cambremer-Legrandin. Porque se creía avanzada y (únicamente en arte) nunca demasiado a la izquierda, decía. Se imaginaba que la música no sólo progresa, sino que lo hace en una sola línea y Debussy era en alguna forma algo más que Wágner y un poco más avanzado que Wágner. No advertía que si Debussy no era tan independiente de Wágner de lo que lo creería ella misma dentro de algunos años, porque uno utiliza, a pesar de todo, las armas conquistadas para concluir de libertarse del que hemos vencido momentáneamente, trataba, sin embargo, de conformar una necesidad contraria, después de la saturación que empezaba a tenerse de las obras demasiado completas en que todo está expresado. Es verdad que había teorías que apuntalaban momentáneamente esa reacción, semejantes a las que en política acuden en auxilio de las leyes contra las congregaciones, de las guerras de Oriente (enseñanza contra natura, peligro amarillo, etc.). Se decía que en una época apresurada correspondía un arte rápido, absolutamente en la misma forma como pudiera decirse que la guerra futura no duraría más de quince días o que con los ferrocarriles se abandonarían los rinconcitos caros a las diligencias y que sin embargo el automóvil volvería a ponerse de moda. Recomendaban no cansar la atención del oyente, como si no dispusiéramos de distintas atenciones de las que depende precisamente del artista saber despertar las más elevadas. Porque los que bostezan de aburrimiento después de diez líneas de un articulo mediocre, volvían todos los años a viajar hasta Bayreuth, para oír la Tetralogía. Por otra parte, ya llegaría el día en que por un tiempo se declarara a Debussy tan endeble como Massenet y los estremecimientos de Mélisande rebajados a la categoría de los de Manon. Porque las teorías ylas escuelas, como los microbios ylos glóbulos, se devoran entre sí y aseguran por su lucha la continuidad de la vida. Pero aún no había llegado ese tiempo.
Comme à la Bourse, quand un mouvement de hausse se produit, tout un compartiment de valeurs en profitent, un certain nombre d′auteurs dédaignés bénéficiaient de la réaction, soit parce qu′ils ne méritaient pas ce dédain, soit simplement — ce qui permettait de dire une nouveauté en les prônant — parce qu′ils l′avaient encouru. Et on allait même chercher, dans un passé isolé, quelques talents indépendants sur la réputation de qui ne semblait pas devoir influer le mouvement actuel, mais dont un des maîtres nouveaux passait pour citer le nom avec faveur. Souvent c′était parce qu′un maître, quel qu′il soit, si exclusive que doive être son école, juge d′après son sentiment original, rend justice au talent partout où il se trouve, et même moins qu′au talent, à quelque agréable inspiration qu′il a goûtée autrefois, qui se rattache à un moment aimé de son adolescence. D′autres fois parce que certains artistes d′une autre époque ont, dans un simple morceau, réalisé quelque chose qui ressemble à ce que le maître peu à peu s′est rendu compte que lui-même avait voulu faire. Alors il voit en cet ancien comme un précurseur; il aime chez lui, sous une tout autre forme, un effort momentanément, partiellement fraternel. Il y a des morceaux de Turner dans l′oeuvre de Poussin, une phrase de Flaubert dans Montesquieu. Et quelquefois aussi ce bruit de la prédilection du Maître était le résultat d′une erreur, née on ne sait où et colportée dans l′école. Mais le nom cité bénéficiait alors de la firme sous la protection de laquelle il était entré juste à temps, car s′il y a quelque liberté, un goût vrai, dans le choix du maître, les écoles, elles, ne se dirigent plus que suivant la théorie. C′est ainsi que l′esprit, suivant son cours habituel qui s′avance par digression, en obliquant une fois dans un sens, la fois suivante dans le sens contraire, avait ramené la lumière d′en haut sur un certain nombre d′oeuvres auxquelles le besoin de justice, ou de renouvellement, ou le goût de Debussy, ou son caprice, ou quelque propos qu′il n′avait peut-être pas tenu, avaient ajouté celles de Chopin. Prônées par les juges en qui on avait toute confiance, bénéficiant de l′admiration qu′excitait Pelléas, elles avaient retrouvé un éclat nouveau, et ceux mêmes qui ne les avaient pas réentendues étaient si désireux de les aimer qu′ils le faisaient malgré eux, quoique avec l′illusion de la liberté. Mais Mme de Cambremer–Legrandin restait une partie de l′année en province. Même à Paris, malade, elle vivait beaucoup dans sa chambre. Il est vrai que l′inconvénient pouvait surtout s′en faire sentir dans le choix des expressions que Mme de Cambremer croyait à la mode et qui eussent convenu plutôt au langage écrit, nuance qu′elle ne discernait pas, car elle les tenait plus de la lecture que de la conversation. Celle-ci n′est pas aussi nécessaire pour la connaissance exacte des opinions que des expressions nouvelles. Pourtant ce rajeunissement des «nocturnes» n′avait pas encore été annoncé par la critique. La nouvelle s′en était transmise seulement par des causeries de «jeunes». Il restait ignoré de Mme de Cambremer–Legrandin. Je me fis un plaisir de lui apprendre, mais en m′adressant pour cela à sa belle-mère, comme quand, au billard, pour atteindre une boule on joue par la bande, que Chopin, bien loin d′être démodé, était le musicien préféré de Debussy. «Tiens, c′est amusant», me dit en souriant finement la belle-fille, comme si ce n′avait été là qu′un paradoxe lancé par l′auteur de Pelléas. Néanmoins il était bien certain maintenant qu′elle n′écouterait plus Chopin qu′avec respect et même avec plaisir. Así como en la Bolsa, al producirse un movimiento de alza, se beneficia toda una categoría de valores, cierta cantidad de autores desdeñados aprovechaban esa reacción, ya sea porque no se merecían tal desdén, ya sea más sencillamente -lo que permitía asegurar una novedad al exaltarlos porque lo habían arriesgado. Y hasta se llegaba á buscar, en un pasado aislado, algunos talentos independientes sobre cuya reputación no pareciera deber influir el actual movimiento, pero del cual uno de los nuevos maestros parecía citar su nombre con beneplácito. A menudo porque un maestro, sea cual fuere, por exclusiva que resulte su escuela, juzga de acuerdo con su sentimiento original yhace justicia al talento dondequiera se encuentre yaún menos que al talento, a alguna agradable inspiración que antaño ha gustado, y que se vincula a un momento querido de su adolescencia. Otras veces porque algunos artistas de otra época en un solo trozo han realizado algo similar a lo que el maestro poco a poco se ha dado cuenta que él mismo quería hacer. Entonces ve algo así como a un precursor en ese antiguo; gusta en él, bajo forma completamente distinta, un esfuerzo momentáneamente, parcialmente fraterno. Hay trozos de Turner en la obra de Poussin una frase de Flaubert en Montesquieu. Y a veces también ese rumor de la predilección del Maestro era resultado de un error, nacido no se sabe dónde y trasportado a la escuela. Pero el nombre citado se aprovechaba entonces de la firma bajo cuya protección había entrado precisamente a tiempo, porque si hay alguna libertad y un gusto verdadero en la elección del maestro, las escuelas, en cambio, no se manejan sino por la teoría. Así es como el espíritu, siguiendo su curso habitual que adelanta por un atajo a veces en un sentido y a veces en el contrario, había vuelto a traer la luz de arriba sobre cierta cantidad de obras para las cuales la necesidad de justicia, o de renovación, o el gusto de Debussy, o su capricho, o algún pensamiento que quizás no hubiese tenido, había agregado las de Chopin. Exaltados por los jueces en quienes se tenía amplia confianza, aprovechando la admiración que excitaba Péleas, volvieron a encontrar un nuevo brillo, yaun aquellos que no habían vuelto a oirías, tanto deseaban gustar de ellas, que lo hacían a su pesar, aunque con una ilusión de libertad. Pero la señora de Cambremer-Legrandin permanecía parte del año en provincias. Aun en París, ya que estaba enferma, vivía mucho en su cuarto. Es verdad que el inconveniente podía advertirse especialmente en la elección de expresiones que la señora de Cambremer creía de moda y que más convinieran al lenguaje escrito, matiz que no discernía, ya que las había adquirido más por la lectura que en la conversación. Ésta no es tan necesaria para el conocimiento exacto de las opiniones, como las expresiones nuevas. Sin embargo, ese rejuvenecimiento de los nocturnos aún no había sido anunciado por la crítica. Sólo se trasmitió la noticia a través de las conversaciones de los jóvenes. Lo ignoraba la señora de Cambremer-Legrandin. Me complugo hacerle saber, pero dirigiéndome para ello a su suegra, como en el billar se juega por bandas para alcanzar una bola, que Chopin, lejos de ser anticuado, era el músico preferido de Debussy. “-¡Vaya, qué divertido!” -me dijo sonriendo finamente la nuera, como si eso no hubiese sido más que una paradoja lanzada por el autor de Péleas. Sin embargo, ahora era seguro que ya no escucharía sino con respeto a Chopin y hasta con placer.
Aussi mes paroles, qui venaient de sonner l′heure de la délivrance pour la douairière, mirent-elles dans sa figure une expression de gratitude pour moi, et surtout de joie. Ses yeux brillèrent comme ceux de Latude dans la pièce appelée Latude ou Trente-cinq ans de captivité et sa poitrine huma l′air de la mer avec cette dilatation que Beethoven a si bien marquée dans Fidelio, quand ses prisonniers respirent enfin «et air qui vivifie». Quant à la douairière, je crus qu′elle allait poser sur ma joue ses lèvres moustachues. «Comment, vous aimez Chopin? Il aime Chopin, il aime Chopin», s′écria-t-elle dans un nasonnement passionné; elle aurait dit: «Comment, vous connaissez aussi Mme de Franquetot?» avec cette différence que mes relations avec Mme de Franquetot lui eussent été profondément indifférentes, tandis que ma connaissance de Chopin la jeta dans une sorte de délire artistique. L′hyper-sécrétion salivaire ne suffit plus. N′ayant même pas essayé de comprendre le rôle de Debussy dans la réinvention de Chopin, elle sentit seulement que mon jugement était favorable. L′enthousiasme musical la saisit. «Élodie! Élodie! il aime Chopin»; ses seins se soulevèrent et elle battit l′air de ses bras. «Ah! j′avais bien senti que vous étiez musicien, s′écria-t-elle. Je comprends, artiste comme vous êtes, que vous aimiez cela. C′est si beau!» Et sa voix était aussi caillouteuse que si, pour m′exprimer son ardeur pour Chopin, elle eût, imitant Démosthène, rempli sa bouche avec tous les galets de la plage. Enfin le reflux vint, atteignant jusqu′à la voilette qu′elle n′eut pas le temps de mettre à l′abri et qui fut transpercée, enfin la marquise essuya avec son mouchoir brodé la bave d′écume dont le souvenir de Chopin venait de tremper ses moustaches. Por eso mis palabras, que acababan de tocar a liberación para la anciana, pusieron en su cara una expresión de gratitud hacia mí y sobre todo de alegría. Sus ojos relucieron como los de Latude en la pieza que se llama Latude o Treinta y cinco años de cautiverio, y su pecho aspiró el aire marino con esa dilatación que tan bien señaló Beethoven en Fidelio cuando sus prisioneros respiran por fin “ese aire que revive”. En cuanto a la dueña, creí que iba a posar sobre mis mejillas sus labios bigotudos. “-¿Cómo? ¿Le gusta Chopin? ¡Le gusta Chopin, le gusta Chopin!”, exclamó ella gangoseando apasionadamente; tal como si hubiera dicho: “¿Cómo? ¿Conoce usted también a la señora de Franquetot?”, con la diferencia de que mis relaciones con la señora de Franquetot le serían profundamente indiferentes, mientras que mi conocimiento de Chopin la echó en una suerte de delirio artístico. Ya no bastó la hipersecreción salivar. Sin tratar de comprender siquiera el papel de Debussy en la resurrección de Chopin, sólo advirtió que mi juicio era favorable. La sobrecogió el entusiasmo musical. “-¡Elodia, Elodia! Le gusta Chopin -se alzaron sus senos y golpeó el aire con sus brazos. ¡Ah, ya me había parecido que era músico! - exclamó-. Comprendo, hartista como es, que le guste. ¡Es tan hermoso!...” Y su voz era tan pedregosa como si para expresarme su ardor por Chopin se hubiese llenado la boca con todas las chinitas de la playa, imitando a Demóstenes. Por fin llegó el reflujo, que alcanzó hasta el velo que no tuvo tiempo de proteger y que fue traspasado; por fin la marquesa secó con su pañuelo bordado la baba de espuma con la que el recuerdo de Chopin acababa de empapar sus bigotes.
«Mon Dieu, me dit Mme de Cambremer–Legrandin, je crois que ma belle-mère s′attarde un peu trop, elle oublie que nous avons à dîner mon oncle de Ch′nouville. Et puis Cancan n′aime pas attendre.» Cancan me resta incompréhensible, et je pensai qu′il s′agissait peut-être d′un chien. Mais pour les cousins de Ch′nouville, voilà. Avec l′âge s′était amorti chez la jeune marquise le plaisir qu′elle avait à prononcer leur nom de cette manière. Et cependant c′était pour le goûter qu′elle avait jadis décidé son mariage. Dans d′autres groupes mondains, quand on parlait des Chenouville, l′habitude était (du moins chaque fois que la particule était précédée d′un nom finissant par une voyelle, car dans le cas contraire on était bien obligé de prendre appui sur le de, la langue se refusant à prononcer Madam′ d′ Ch′nonceaux) que ce fût l′e muet de la particule qu′on sacrifiât. On disait: «Monsieur d′Chenouville». Chez les Cambremer la tradition était inverse, mais aussi impérieuse. C′était l′e muet de Chenouville que, dans tous les cas, on supprimait. Que le nom fût précédé de mon cousin ou de ma cousine, c′était toujours de «Ch′nouville» et jamais de Chenouville. (Pour le père de ces Chenouville on disait notre oncle, car on n′était pas assez gratin à Féterne pour prononcer notre «onk», comme eussent fait les Guermantes, dont le baragouin voulu, supprimant les consonnes et nationalisant les noms étrangers, était aussi difficile à comprendre que le vieux français ou un moderne patois.) Toute personne qui entrait dans la famille recevait aussitôt, sur ce point des Ch′nouville, un avertissement dont Mlle Legrandin–Cambremer n′avait pas eu besoin. Un jour, en visite, entendant une jeune fille dire: «ma tante d′Uzai», «mon onk de Rouan», elle n′avait pas reconnu immédiatement les noms illustres qu′elle avait l′habitude de prononcer: Uzès et Rohan; elle avait eu l′étonnement, l′embarras et la honte de quelqu′un qui a devant lui à table un instrument nouvellement inventé dont il ne sait pas l′usage et dont il n′ose pas commencer à manger. Mais, la nuit suivante et le lendemain, elle avait répété avec ravissement: «ma tante d′Uzai» avec cette suppression de l′s finale, suppression qui l′avait stupéfaite la veille, mais qu′il lui semblait maintenant si vulgaire de ne pas connaître qu′une de ses amies lui ayant parlé d′un buste de la duchesse d′Uzès, Mlle Legrandin lui avait répondu avec mauvaise humeur, et d′un ton hautain: «Vous pourriez au moins prononcer comme il faut: Mame d′Uzai.» Dès lors elle avait compris qu′en vertu de la transmutation des matières consistantes en éléments de plus en plus subtils, la fortune considérable et si honorablement acquise qu′elle tenait de son père, l′éducation complète qu′elle avait reçue, son assiduité à la Sorbonne, tant aux cours de Caro qu′à ceux de Brunetière, et aux concerts Lamoureux, tout cela devait se volatiliser, trouver sa sublimation dernière dans le plaisir de dire un jour: «ma tante d′Uzai». Il n′excluait pas de son esprit qu′elle continuerait à fréquenter, au moins dans les premiers temps qui suivraient son mariage, non pas certaines amies qu′elle aimait et qu′elle était résignée à sacrifier, mais certaines autres qu′elle n′aimait pas et à qui elle voulait pouvoir dire (puisqu′elle se marierait pour cela): «Je vais vous présenter à ma tante d′Uzai», et quand elle vit que cette alliance était trop difficile: «Je vais vous présenter à ma tante de Ch′nouville» et: «Je vous ferai dîner avec les Uzai.» Son mariage avec M. de Cambremer avait procuré à Mlle Legrandin l′occasion de dire la première de ces phrases mais non la seconde, le monde que fréquentaient ses beaux-parents n′étant pas celui qu′elle avait cru et duquel elle continuait à rêver. Aussi, après m′avoir dit de Saint–Loup (en adoptant pour cela une expression de Robert, car si, pour causer, j′employais avec elle ces expressions de Legrandin, par une suggestion inverse elle me répondait dans le dialecte de Robert, qu′elle ne savait pas emprunté à Rachel), en rapprochant le pouce de l′index et en fermant à demi les yeux comme si elle regardait quelque chose d′infiniment délicat qu′elle était parvenue à capter: «Il a une jolie qualité d′esprit»; elle fit son éloge avec tant de chaleur qu′on aurait pu croire qu′elle était amoureuse de lui (on avait d′ailleurs prétendu qu′autrefois, quand il était à Doncières, Robert avait été son amant), en réalité simplement pour que je le lui répétasse et pour aboutir à: «Vous êtes très lié avec la duchesse de Guerrnantes. Je suis souffrante, je ne sors guère, et je sais qu′elle reste confinée dans un cercle d′amis choisis, ce que je trouve très bien, aussi je la connais très peu, mais je sais que c′est une femme absolument supérieure.» “-¡Dios mío! -me dijo la señora de Cambremer-Legrandin-, creo que mi suegra se está atrasando un poco; olvida que viene a cenar nuestro tío de Chenouville. Además, a Cancan no le gusta esperar”. Cancan me fué incomprensible, y supuse que quizás se tratara de un perro. Pero en cuanto a los primos de Chenouville, sí. Con la edad, a la joven marquesa se le había amortiguado el placer de pronunciar su nombre de esa manera. Y sin embargo para probarlo decidió antaño su casamiento. En otros grupos sociales, cuando se hablaba de los Chenouville, era costumbre que se sacrificase la e muda de la partícula (por lo menos cada vez que antes de la partícula había un nombre que terminaba en vocal, porque en caso contrario uno estaba obligado a apoyar sobre el de, ya que la lengua se rehusaba a pronunciar Madam´ d′ Ch′ nonceaux). Se decía: “el señor d′Chenouville”. Entre los Cambremer la tradición era igualmente imperiosa, pero a la inversa. La e muda de Chenouville era la que se suprimía en todos los casos. Aunque se antepusiese al nombre mi primo o mi prima, siempre era de Ch′nouville y nunca de Chenouville. (En cuanto al padre de esos Chenouville se decía “nuestro tío”, porque en Féterne no eran lo suficientemente elegantes como para pronunciar “nuestro tío”18 como lo harían los Guermantes, cuya voluntaria jerigonza, al suprimir las consonantes y al nacionalizar los nombres extranjeros, era tan difícil de comprender como el francés antiguo o un dialecto moderno). Todo aquel que ingresaba en la familia recibía inmediatamente una advertencia que no había necesitado la señorita Legrandin-Cambremer. Un día de visita, al oír a una joven que decía “mi tía de Uzai”, “mi tío de Rouan”19 no había reconocido de inmediato los nombres ilustres que acostumbraba pronunciar: Uzés yRohan, ysufrió el asombro, la turbación yla vergüenza del que tiene en la mesa frente a sí un instrumento recientemente inventado y con el que no se atreve a empezar a comer. Pero a la noche siguiente y al otro día había repetido encantada: “mi tía Uzai” con esa supresión de la s final, supresión que la asombrara la víspera, pero cuyo desconocimiento le parecía ahora tan vulgar que cuando una amiga suya le habló del busto de la duquesa de Uzés, la señorita Legrandin le contestó con mal humor y un tono altivo: “-Podría usted por lo menos pronunciar como se debe: Mame d′Uzai”. Había comprendido desde entonces que, por virtud de la transmutación de las materias consistentes en elementos cada vez más sutiles, la fortuna considerable y tan honestamente adquirida que heredaba de su padre, la educación prolija que había recibido, su asiduidad ala Sorbona, tanto a los cursos de Caro como a los de la Brunetiére y a los conciertos Lamoureux, todo eso debía volatilizarse y hallar su última sublimación en el placer de decir algún día: “Mi tía d′Uzai”. No excluía de su espíritu que seguiría frecuentando, por lo menos en los primeros tiempos después de su casamiento, ya no a ciertas amigas que quería yestaba resignada a sacrificar, sino a algunas otras que no quería y a quienes poder decirles (ya que para eso se casaba): “-Voy a presentarles a mi tía d′Uzai”, y cuando vio que esa alianza era muy difícil: “-Voy a presentarles a mi tía de Ch′nouville” y “Cenaremos en lo de Uzai”. Su casamiento con el señor de Cambremer le había dado a la señorita Legrandin la oportunidad de decir la primera frase, pero no la segunda, ya que la gente que frecuentaban sus suegros no era la que creía y con la que continuaba soñando. Por eso, después de haberme dicho de Saint-Loup (adoptando para ello una expresión de Roberto porque si para conversar yo empleaba con ella esas expresiones de Legrandin, por una sugestión inversa ella me contestaba con el dialecto de Roberto, que no sabía era prestado de Raquel), acercando el pulgar al índice y cerrando a medias los ojos, como si mirase algo infinitamente delicado que consiguiera captar: “Tiene una hermosa cualidad de espíritu”, hizo su elogio con tanto entusiasmo que pudiera creerse que estaba enamorada de él (por otra parte, se aseguraba que, antes, cuando estuvo en Doncières, Roberto había sido su amante), pero en realidad sencillamente, para que se lo repitiese y llegar a: “Usted está muy ligado a la duquesa de Guermantes. Estoy indispuesta, casi no salgo y sé que está confinada en un círculo de amigos selectos y que me parecen muy bien, por eso la conozco muy poco; pero sé que es una mujer absolutamente superior”.
Sachant que Mme de Cambremer la connaissait à peine, et pour me faire aussi petit qu′elle, je glissai sur ce sujet et répondis à la marquise que j′avais connu surtout son frère, M. Legrandin. A ce nom, elle prit le même air évasif que j′avais eu pour Mme de Guermantes, mais en y joignant une expression de mécontentement, car elle pensa que j′avais dit cela pour humilier non pas moi, mais elle. Était-elle rongée par le désespoir d′être née Legrandin? C′est du moins ce que prétendaient les soeurs et belles-soeurs de son mari, dames nobles de province qui ne connaissaient personne et ne savaient rien, jalousaient l′intelligence de Mme de Cambremer, son instruction, sa fortune, les agréments physiques qu′elle avait eus avant de tomber malade. «Elle ne pense pas à autre chose, c′est cela qui la tue», disaient ces méchantes dès qu′elles parlaient de Mme de Cambremer à n′importe qui, mais de préférence à un roturier, soit, s′il était fat et stupide, pour donner plus de valeur, par cette affirmation de ce qu′a de honteux la roture, à l′amabilité qu′elles marquaient pour lui, soit, s′il était timide et fin et s′appliquait le propos à soi-même, pour avoir le plaisir, tout en le recevant bien, de lui faire indirectement une insolence. Mais si ces dames croyaient dire vrai pour leur belle-soeur, elles se trompaient. Celle-ci souffrait d′autant moins d′être née Legrandin qu′elle en avait perdu le souvenir. Elle fut froissée que je le lui rendisse et se tut comme si elle n′avait pas compris, ne jugeant pas nécessaire d′apporter une précision, ni même une confirmation aux miens. Sabiendo que la señora de Cambremer apenas la conocía y para achicar me tanto como ella, pronto dejé ese tema y le contesté a la marquesa que había conocido especialmente a su hermano, el señor Legrandin. Al oír ese nombre, tomó el mismo aspecto evasivo que había tenido yo para la señora de Guermantes, pero añadiéndole una expresión de descontento, porque pensó que no lo había dicho para humillarme, sino para humillarla. ¿La roía la desesperación por haber nacido Legrandin? Es lo que pretendían al menos las hermanas y cuñadas de su marido, señoras nobles de provincia que no conocían a nadie y nada sabían; celaban la inteligencia de la señora de Cambremer, su instrucción, su fortuna y los encantos físicos que tenía antes de enfermar. “-No piensa en otra cosa, eso la mata”, decían esas malvadas en cuanto hablaban de la señora de Cambremer con cualquiera, pero preferentemente a un rústico, ya si fuese fatuo y estúpido, para valorizar más esa afirmación en lo que de vergonzoso poseen la rusticidad y la amabilidad que le demostraban, ya si fuese tímido yfino yse aplicaba el propósito a sí mismo para tener el placer, aunque lo recibieran bien, de inferirle indirectamente una insolencia. Pero si esas señoras creían decir verdad por su cuñada, se equivocaban. A ésta le importaba tan poco haber nacido Legrandin que hasta había perdido ya su recuerdo. Le molestó que se lo recordase y se calló como si no comprendiese, no juzgando necesaria una mayor precisión ni siquiera una confirmación a los míos.
«Nos parents ne sont pas la principale cause de l′écourtement de notre visite, me dit Mme de Cambremer douairière, qui était probablement plus blasée que sa belle-fille sur le plaisir qu′il y a à dire: «Ch′nouville». Mais, pour ne pas vous fatiguer de trop de monde, Monsieur, dit-elle en montrant l′avocat, n′a pas osé faire venir jusqu′ici sa femme et son fils. Ils se promènent sur la plage en nous attendant et doivent commencer à s′ennuyer.» Je me les fis désigner exactement et courus les chercher. La femme avait une figure ronde comme certaines fleurs de la famille des renonculacées, et au coin de l′oeil un assez large signe végétal. Et les générations des hommes gardant leurs caractères comme une famille de plantes, de même que sur la figure flétrie de la mère, le même signe, qui eût pu aider au classement d′une variété, se gonflait sous l′oeil du fils. Mon empressement auprès de sa femme et de son fils toucha l′avocat. Il montra de l′intérêt au sujet de mon séjour à Balbec. «Vous devez vous trouver un peu dépaysé, car il y a ici, en majeure partie, des étrangers.» Et il me regardait tout en me parlant, car n′aimant pas les étrangers, bien que beaucoup fussent de ses clients, il voulait s′assurer que je n′étais pas hostile à sa xénophobie, auquel cas il eût battu en retraite en disant: «Naturellement, Mme X . . . peut être une femme charmante. C′est une question de principes.» Comme je n′avais, à cette époque, aucune opinion sur les étrangers, je ne témoignai pas de désapprobation, il se sentit en terrain sûr. Il alla jusqu′à me demander de venir un jour chez lui, à Paris, voir sa collection de Le Sidaner, et d′entraîner avec moi les Cambremer, avec lesquels il me croyait évidemment intime. «Je vous inviterai avec Le Sidaner, me dit-il, persuadé que je ne vivrais plus que dans l′attente de ce jour béni. Vous verrez quel homme exquis. Et ses tableaux vous enchanteront. Bien entendu, je ne puis pas rivaliser avec les grands collectionneurs, mais je crois que c′est moi qui ai le plus grand nombre de ses toiles préférées. Cela vous intéressera d′autant plus, venant de Balbec, que ce sont des marines, du moins en majeure partie.» La femme et le fils, pourvus du caractère végétal, écoutaient avec recueillement. On sentait qu′à Paris leur hôtel était une sorte de temple du Le Sidaner. Ces sortes de temples ne sont pas inutiles. Quand le dieu a des doutes sur lui-même, il bouche aisément les fissures de son opinion sur lui-même par les témoignages irrécusables d′êtres qui ont voué leur vie à son oeuvre. “-Nuestros parientes no son la causa principal de la brevedad de nuestra visita -me dijo la señora de Cambremer mayor, que estaba posiblemente más cansada que su nuera del placer que proporciona decir Ch′nouvillee-. Pero para no cansarlos con tanta gente, el señor -dijo, señalándome al abogado- no se atrevió a hacer venir a su mujer ysu hijo. Se están paseando en la playa mientras tanto y ya deben empezar a aburrirse”. Me los hice señalar con exactitud y corrí a buscarlos. La mujer tenía una cara redonda como ciertas flores de la familia de las ranunculáceas y en un ángulo del ojo, un signo vegetal bastante amplio. Y como las generaciones de los hombres conservan sus caracteres como una familia de plantas, igual que en la cara marchita de la madre se hinchaba el mismo signo bajo el ojo del hijo. Mi cortesía con su mujer y su hijo emocionó al abogado. Se mostró interesado por mi permanencia en Balbec. “-Debe usted sentirse un poco aislado, porque aquí la mayoría es extranjera”. Y me miraba al hablar, porque, como no quería a los extranjeros, aunque muchos fuesen clientes suyos, deseaba estar seguro de que yo no era hostil a su xenofobia, en cuyo caso se hubiera batido en retirada diciendo: “Naturalmente la señora X... puede ser una mujer encantadora. Es una cuestión de principios”. Como no tenía en esa época ninguna opinión acerca de los extranjeros, no demostré desaprobación, y se sintió en terreno firme. Llegó hasta pedirme que fuera algún día a su casa de París para ver su colección de Le Sidaner y llevar conmigo a los Cambremer, con los que evidentemente me creía intimo. “-Lo invitaré con Le Sidaner me dijo convencido de que ya no viviría sino a la espera de ese día bendito-. Verá qué hombre exquisito. Y le encantarán sus cuadros. Se entiende que no puedo rivalizar con los grandes coleccionistas, pero creo poseer la mayor cantidad de sus telas favoritas. Le interesarán tanto más a la vuelta de Balbec, porque son marinas por lo menos en la mayor parte”. La mujer y el hijo provisto de carácter vegetal escuchaban con recogimiento. Se adivinaba que en París su casa era algo así como un templo de Le Sidaner. Esta clase de templos no son inútiles. Cuando el dios tiene dudas sobre sí mismo, obtura fácilmente las hendiduras de su opinión sobre sí mismo con las pruebas irrefutables de los seres que han consagrado su vida a su obra.
Sur un signe de sa belle-fille, Mme de Cambremer allait se lever et me disait: «Puisque vous ne voulez pas vous installer à Féterne, ne voulez-vous pas au moins venir déjeuner, un jour de la semaine, demain par exemple?» Et, dans sa bienveillance, pour me décider elle ajouta: «Vous retrouverez le comte de Crisenoy» que je n′avais nullement perdu, pour la raison que je ne le connaissais pas. Elle commençait à faire luire à mes yeux d′autres tentations encore, mais elle s′arrêta net. Le premier président, qui, en rentrant, avait appris qu′elle était à l′hôtel, l′avait sournoisement cherchée partout, attendue ensuite et, feignant de la rencontrer par hasard, il vint lui présenter ses hommages. Je compris que Mme de Cambremer ne tenait pas à étendre à lui l′invitation à déjeuner qu′elle venait de m′adresser. Il la connaissait pourtant depuis bien plus longtemps que moi, étant depuis des années un de ces habitués des matinées de Féterne que j′enviais tant durant mon premier séjour à Balbec. Mais l′ancienneté ne fait pas tout pour les gens du monde. Et ils réservent plus volontiers les déjeuners aux relations nouvelles qui piquent encore leur curiosité, surtout quand elles arrivent précédées d′une prestigieuse et chaude recommandation comme celle de Saint–Loup. Mme de Cambremer supputa que le premier président n′avait pas entendu ce qu′elle m′avait dit, mais pour calmer les remords qu′elle éprouvait, elle lui tint les plus aimables propos. Dans l′ensoleillement qui noyait à l′horizon la côte dorée, habituellement invisible, de Rivebelle, nous discernâmes, à peine séparées du lumineux azur, sortant des eaux, roses, argentines, imperceptibles, les petites cloches de l′angélus qui sonnaient aux environs de Féterne. «Ceci est encore assez Pelléas, fis-je remarquer à Mme de Cambremer–Legrandin. Voué savez la scène que je veux dire. — Je crois bien que je sais»; mais «je ne sais pas du tout» était proclamé par sa voix et son visage, qui ne se moulaient à aucun souvenir, et par son sourire sans appui, en l′air. La douairière ne revenait pas de ce que les cloches portassent jusqu′ici et se leva en pensant à l′heure: «Mais en effet, dis-je, d′habitude, de Balbec, on ne voit pas cette côte, et on ne l′entend pas non plus. Il faut que le temps ait changé et ait doublement élargi l′horizon. A moins qu′elles ne viennent vous chercher puisque je vois qu′elles vous font partir; elles sont pour vous la cloche du dîner.» Le premier président, peu sensible aux cloches, regardait furtivement la digue qu′il se désolait de voir ce soir aussi dépeuplée. «Vous êtes un vrai poète, me dit Mme de Cambremer. On vous sent si vibrant, si artiste; venez, je vous jouerai du Chopin», ajouta-t-elle en levant les bras d′un air extasié et en prononçant les mots d′une voix rauque qui avait l′air de déplacer des galets. Puis vint la déglutition de la salive, et la vieille dame essuya instinctivement la légère brosse, dite à l′américaine, de sa moustache avec son mouchoir. Le premier président me rendit sans le vouloir un très grand service en empoignant la marquise par le bras pour la conduire à sa voiture, une certaine dose de vulgarité, de hardiesse et de goût pour l′ostentation dictant une conduite que d′autres hésiteraient à assurer, et qui est loin de déplaire dans le monde. Il en avait d′ailleurs, depuis tant d′années, bien plus l′habitude que moi. Tout en le bénissant je n′osai l′imiter et marchai à côté de Mme de Cambremer–Legrandin, laquelle voulut voir le livre que je tenais à la main. Le nom de Mme de Sévigné lui fit faire la moue; et, usant d′un mot qu′elle avait lu dans certains journaux, mais qui, parlé et mis au féminin, et appliqué à un écrivain du XVIIe siècle, faisait un effet bizarre, elle me demanda: «La trouvez-vous vraiment talentueuse?» La marquise donna au valet de pied l′adresse d′un pâtissier où elle avait à s′en aller avant de repartir sur la route, rose de la poussière du soir, où bleuissaient en forme de croupes les falaises échelonnées. Elle demanda à son vieux cocher si un de ses chevaux, qui était frileux, avait eu assez chaud, si le sabot de l′autre ne lui faisait pas mal. «Je vous écrirai pour ce que nous devons convenir, me dit-elle à mi-voix. J′ai vu que vous causiez littérature avec ma belle-fille, elle est adorable», ajouta-t-elle, bien qu′elle ne le pensât pas, mais elle avait pris l′habitude — gardée par bonté— de le dire pour que son fils n′eût pas l′air d′avoir fait un mariage d′argent. «Et puis, ajouta-t-elle dans un dernier mâchonnement enthousiaste, elle est si hartthhisstte!» Puis elle monta en voiture, balançant la tête, levant la crosse de son ombrelle, et repartit par les rues de Balbec, surchargée des ornements de son sacerdoce, comme un vieil évêque en tournée de confirmation. Ante un signo de su nuera, la señora de Cambremer se levantó y me dijo: “-Ya que no piensa instalarse en Féterne, ¿no quiere por lo menos venir a almorzar un día de la semana, mañana por ejemplo?” Y para decidirme, en su benevolencia, agregó: “-Volverá a encontrarse con el Conde de Crisenoy”, que no habla perdido para nada por la sencilla razón de que no lo conocía. Comenzaba a hacer brillar a mis ojos nuevas tentaciones, pero se detuvo. El presidente primero supo al volver, que estaba en el hotel; la había buscado por todos lados solapadamente yesperado luego yfingiendo encontrarla por casualidad, vino a ofrecerle sus respetos. Comprendí que la señora de Cambremer no tenía ningún interés en hacerle extensiva la invitación a almorzar que acababa de formularme. La conocía, sin embargo, desde muchos años más que yo, ya que era de tiempo atrás uno de esos infaltables de las reuniones de Féterne que tanto envidiaba durante mi primera permanencia en Balbec. Pero la antigüedad no lo es todo para la gente de mundo. Y reservan con más gusto los almuerzos para las nuevas relaciones que todavía despiertan su curiosidad, sobre todo cuando llegan precedidas por una recomendación cálida y prestigiosa como la de Saint-Loup. La señora de Cambremer descontó que el presidente primero no oyese lo que me había dicho; pero, para calmar los remordimientos que experimentaba, le dirigió los términos más amables. Discerníamos, en la iluminación del sol que inundaba en el horizonte la cesta dorada y habitualmente invisible de Rivebelle, y apenas separadas del azul luminoso, emergiendo de las aguas, rosadas, argentinas, imperceptibles, las campanitas del Angelus, que tintineaban en los alrededores de Féterne. “-Esto también es bastante Péleas le hice notar a la señora de Cambremer-Legrandin-. Usted sabe a qué escena me refiero”. “Creo que sí sé” pero no sé nada era lo que proclamaban su voz ysu rostro, que no sé adaptaban a ningún recuerdo, y su sonrisa, que estaba en el aire y sin apoyo. La dueña no volvía del asombro porque las campanas llegasen hasta aquí y se levantó pensando en la hora: “En efecto, desde Balbec no se ve esta costa ni se oye tampoco. Tiene que haber cambiado el tiempo y ampliado doblemente el horizonte. A menos que no vengan a buscarlo, ya que, según veo, lo hacen partir; para usted son lo que la campana de la cena”. El presidente primero, poco sensible a las campanas, miraba furtivamente el dique, que le desesperaba ver tan despoblado esa noche. “-Usted es un verdadero poeta -me dijo la señora de Cambremer-. Uno lo advierte tan vibrante, tan artista... Venga, le tocaré Chopin”, agregó levantando los brazos con un aspecto de éxtasis y pronunciando las palabras con una voz ronca que parecía desplazar las piedras. Luego vino la deglución de la saliva y la anciana enjugó instintivamente el ligero cepillo, llamado a la americana de su bigote con el pañuelo. El presidente primero, sin querer, me hizo un gran favor tomando a la marquesa por el brazo para acompañarla hasta su coche, y a que una cierta dosis de vulgaridad, audacia y afición a lo ostentoso dicta una conducta que otros vacilarían en seguir y que está muy lejos de disgustar a la gente. Tenía, por otra parte, desde hacía tantos años, mucha más costumbre que yo. A pesar de bendecirlo, no me atreví a imitarlo y caminé al lado de la señora de Cambremer- Legrandin, que quiso ver el libro que llevaba en la mano. El nombre de Madame de Sévigné le hizo hacer una mueca; y usando una palabra que había leído en algunos diarios, pero que dicha ypuesta en femenino yaplicada a un escritor del siglo XVII hacia un curioso efecto, me preguntó: “-¿La encuentra usted verdaderamente talentosa?” La marquesa dio al lacayo la dirección de un pastelero por donde debían pasar antes de volver al camino, rosado por el polvo nocturno, donde se azulaban como grupas los acantilados graduales. Le preguntó a su viejo cochero si uno de los caballos, que era friolento, estaba bien abrigado, y si no le dolía el vaso al otro”. “-Le escribiré para aquello de que tenemos que ponernos de acuerdo -me dijo a media vozy. He visto que hablaba de literatura con mi nuera, es adorable -agregó, aunque no lo pensara, pero había tomado esa costumbre conservada por bondad- de decirlo para que no pareciese que su hijo había hecho un matrimonio de interés. “Y además -agregó en un último mascullar de entusiasmo-, es tan hartthisstta”. Luego subió al coche, balanceando la cabeza, y levantando el mango de su sombrilla, partió a través de las calles de Balbec, recargada con los ornamentos de su sacerdocio como un viejo obispo en viaje de confirmación.
«Elle vous a invité à déjeuner, me dit sévèrement le premier président quand la voiture se fut éloignée et que je rentrai avec mes amies. Nous sommes en froid. Elle trouve que je la néglige. Dame, je suis facile à vivre. Qu′on ait besoin de moi, je suis toujours là pour répondre: «Présent.» Mais ils ont voulu jeter le grappin sur moi. Ah! alors, cela, ajouta-t-il d′un air fin et en levant le doigt comme quelqu′un qui distingue et argumente, je ne permets pas ça. C′est attenter à la liberté de mes vacances. J′ai été obligé de dire: «Halte-là». Vous paraissez fort bien avec elle. Quand vous aurez mon âge, vous verrez que c′est bien peu de chose, le monde, et vous regretterez d′avoir attaché tant d′importance à ces riens. Allons, je vais faire un tour avant dîner. Adieu les enfants», cria-t-il à la cantonade, comme s′il était déjà éloigné de cinquante pas. “-Lo invitó a almorzar -me dijo severamente el presidente primero cuando el coche se alejó y volví con mis amigas-. Estamos un poco fríos. Le parece que la descuido. Vaya, yo soy de buen vivir. En cuanto me necesitan, siempre estoy ahí para contestar: Presente. Pero me han querido echar el garfio. ¡Ah!, entonces, eso -agregó finamente ylevantando el dedo, como alguien que distingue yargumenta-, eso sí que no lo permito. Eso es atentar a la libertad de mis vacaciones. Me vi obligado a decir: Alto. Usted parece en muy buenas relaciones con ella. Cuando tenga mi edad, verá que el mundo social es muy poca cosa y lamentará haberle atribuido tanta importancia a esas insignificancias. Vamos, voy a dar una vuelta antes de la cena. ¡Adiós, jóvenes!”, gritó entre bastidores, como si ya estuviese a unos cincuenta pasos.
Quand j′eus dit au revoir à Rosemonde et à Gisèle, elles virent avec étonnement Albertine arrêtée qui ne les suivait pas. «Hé bien, Albertine, qu′est-ce que tu fais, tu sais l′heure? — Rentrez, leur répondit-t-elle avec autorité. J′ai à causer avec lui», ajouta-t-elle en me montrant d′un air soumis. Rosemonde et Gisèle me regardaient, pénétrées pour moi d′un respect nouveau. Je jouissais de sentir que, pour un moment du moins, aux yeux mêmes de Rosemonde et de Gisèle, j′étais pour Albertine quelque chose de plus important que l′heure de rentrer, que ses amies, et pouvais même avoir avec elle de graves secrets auxquels il était impossible qu′on les mêlât. «Est-ce que nous ne te verrons pas ce soir? — Je ne sais pas, ça dépendra de celui-ci. En tout cas à demain. — Montons dans ma chambre», lui dis-je, quand ses amies se furent éloignées. Nous prîmes l′ascenseur; elle garda le silence devant le lift. L′habitude d′être obligé de recourir à l′observation personnelle et à la déduction pour connaître les petites affaires des maîtres, ces gens étranges qui causent entre eux et ne leur parlent pas, développe chez les «employés» (comme le lift appelle les domestiques) un plus grand pouvoir de divination que chez les «patrons». Les organes s′atrophient ou deviennent plus forts ou plus subtils selon que le besoin qu′on a d′eux croît ou diminue. Depuis qu′il existe des chemins de fer, la nécessité de ne pas manquer le train nous a appris à tenir compte des minutes, alors que chez les anciens Romains, dont l′astronomie n′était pas seulement plus sommaire mais aussi la vie moins pressée, la notion, non pas de minutes, mais même d′heures fixes, existait à peine. Aussi le lift avait-il compris et comptait-il raconter à ses camarades que nous étions préoccupés, Albertine et moi. Mais il nous parlait sans arrêter parce qu′il n′avait pas de tact. Cependant je voyais se peindre sur son visage, substitué à l′impression habituelle d′amitié et de joie de me faire monter dans son ascenseur, un air d′abattement et d′inquiétude extraordinaires. Comme j′en ignorais la cause, pour tâcher de l′en distraire, et quoique plus préoccupé d′Albertine, je lui dis que la dame qui venait de partir s′appelait la marquise de Cambremer et non de Camembert. A l′étage devant lequel nous posions alors, j′aperçus, portant un traversin, une femme de chambre affreuse qui me salua avec respect, espérant un pourboire au départ. J′aurais voulu savoir si c′était celle que j′avais tant désirée le soir de ma première arrivée à Balbec, mais je ne pus jamais arriver à une certitude. Le lift me jura, avec la sincérité de la plupart des faux témoins, mais sans quitter son air désespéré, que c′était bien sous le nom de Camembert que la marquise lui avait demandé de l′annoncer. Et, à vrai dire, il était bien naturel qu′il eût entendu un nom qu′il connaissait déjà. Puis, ayant sur la noblesse et la nature des noms avec lesquels se font les titres les notions fort vagues qui sont celles de beaucoup de gens qui ne sont pas liftiers, le nom de Camembert lui avait paru d′autant plus vraisemblable que, ce fromage étant universellement connu, il ne fallait point s′étonner qu′on eût tiré un marquisat d′une renommée aussi glorieuse, à moins que ce ne fût celle du marquisat qui eût donné sa célébrité au fromage. Néanmoins, comme il voyait que je ne voulais pas avoir l′air de m′être trompé et qu′il savait que les maîtres aiment à voir obéis leurs caprices les plus futiles et acceptés leurs mensonges les plus évidents, il me promit, en bon domestique, de dire désormais Cambremer. Il est vrai qu′aucun boutiquier de la ville ni aucun paysan des environs, où le nom et la personne des Cambremer étaient parfaitement connus, n′auraient jamais pu commettre l′erreur du lift. Mais le personnel du «grand hôtel de Balbec» n′était nullement du pays. Il venait de droite ligne, avec tout le matériel, de Biarritz, Nice et Monte–Carlo, une partie ayant été dirigée sur Deauville, une autre sur Dinard et la troisième réservée à Balbec. Cuando me despedí de Rosamunda y Gisela, éstos vieron con asombro que no las seguía Albertina. “-Y bueno, Albertina, ¿qué haces? ¿Sabes la hora?” “-Vuelvan les dijo con autoridad-. Tengo que hablar con él”, agregó mirándome con un aspecto sometido. Rosamunda y Gisela me miraban penetradas por un respeto de nuevo cuño. Yo gozaba al sentir que por un momento al menos, a los mismos ojos de Rosamunda y Gisela, era para Albertina algo más importante que la hora de la vuelta, que sus amigas, y podía hasta tener graves secretos a los que resultaba imposible mezclarlas. “-¿Te veremos esta noche?” “-No sé, depende de éste. En todo caso, hasta mañana”. “Subamos a mi cuarto”, le dije una vez que se alejaron sus amigas. Tomamos el ascensor; guardó silencio frente al ascensorista. La costumbre de tener que echar mano a la observación individual y a la deducción para conocer los pequeños asuntos de los amos, esa gente extraña que conversa entre sí y no les habla, desarrolla en los empleados (como llama el ascensorista a los domésticos) un mayor poder de adivinación que el de los patrones. Los órganos se atrofian, se vigorizan o se hacen sutiles según crezca o disminuya la necesidad que uno tenga de ellos. Desde que existen los trenes, la necesidad de no perder el tren nos ha enseñado a tener en cuenta los minutos, mientras que entre los antiguos romanos, cuya astronomía era no sólo sumaria, sino que su vida era también menos apresurada, la noción, no ya de minutos, sino de horas fijas, apenas existía. Por eso el ascensorista había comprendido y esperaba contar a sus compañeros que Albertina y yo estábamos preocupados. Pero nos hablaba sin cesar porque no tenía tacto. Sin embargo, veía pintarse en su cara una expresión abatida y de extraordinaria inquietud que sustituía a la habitual de amistad y de alegría por hacerme subir en su ascensor. Como ignoraba el motivo, para tratar de distraerlo y aunque más preocupado que Albertina, le dije que la señora que acababa de partir se llamaba la marquesa de Cambremer y no de Camembert. En el piso por el que entonces pasábamos percibí llevando un cojín a una horrorosa mucama que me saludó respetuosamente, esperando una propina a la partida. Hubiera querido saber si era la que tanto sabía deseado la noche de mi primera llegada a Balbec, pero nunca pude llegar a una certeza. El ascensorista me juró con la sinceridad de la mayor parte de los testigos falsos, pero sin abandonar su aspecto desesperado, que efectivamente la marquesa pidió que la anunciara con el nombre de Camembert. Y a decir verdad, era muy natural que hubiese oído un nombre que ya conocía. Además, como tenía acerca de la nobleza y la naturaleza de los nombres con los que se hacen títulos las nociones muy vagas que son la de mucha gente que no es ascensorista, el apellido Camembert le había parecido tanto más verosímil cuanto que ese queso es universalmente conocido, y no había que extrañarse de que se sacara un marquesado de tan gloriosa fama, a menos que fuese la del marquesado la que prestara su celebridad al queso. Sin embargo, al ver que no quería parecer equivocado y como sabía que los amos gustan de ver obedecidos sus más fútiles caprichos y aceptadas sus más evidentes mentiras, me prometió decir en adelante, Cambremer, como buen sirviente. Es verdad que ningún comerciante de la ciudad ni campesino alguno de los alrededores, donde el nombre y la persona de los Cambremer eran perfectamente conocidos, hubiese podido cometer nunca el error del ascensorista. Pero el personal del “gran hotel de Balbec” no pertenecía en absoluto a la región. Venía en línea recta, con todo el material, de Biárritz, Niza y Monte-Carlo; una parte había sido despachada a Deauville, la otra a Dinard y la tercera reservada a Balbec.
Mais la douleur anxieuse du lift ne fit que grandir. Pour qu′il oubliât ainsi de me témoigner son dévouement par ses habituels sourires, il fallait qu′il lui fût arrivé quelque malheur. Peut-être avait-il été «envoyé». Je me promis dans ce cas de tâcher d′obtenir qu′il restât, le directeur m′ayant promis de ratifier tout ce que je déciderais concernant son personnel. «Vous pouvez toujours faire ce que vous voulez, je rectifie d′avance.» Tout à coup, comme je venais de quitter l′ascenseur, je compris la détresse, l′air atterré du lift. A cause de la présence d′Albertine je ne lui avais pas donné les cent sous que j′avais l′habitude de lui remettre en montant. Et cet imbécile, au lieu de comprendre que je ne voulais pas faire devant des tiers étalage de pourboires, avait commencé à trembler, supposant que c′était fini une fois pour toutes, que je ne lui donnerais plus jamais rien. Il s′imaginait que j′étais tombé dans la «dèche» (comme eût dit le duc de Guermantes), et sa supposition ne lui inspirait aucune pitié pour moi, mais une terrible déception égoî²´e. Je me dis que j′étais moins déraisonnable que ne trouvait ma mère quand je n′osais pas ne pas donner un jour la somme exagérée mais fiévreusement attendue que j′avais donnée la veille. Mais aussi la signification donnée jusque-là par moi, et sans aucun doute, à l′air habituel de joie, où je n′hésitais pas à voir un signe d′attachement, me parut d′un sens moins assuré. En voyant le liftier prêt, dans son désespoir, à se jeter des cinq étages, je me demandais si, nos conditions sociales se trouvant respectivement changées, du fait par exemple d′une révolution, au lieu de manoeuvrer gentiment pour moi l′ascenseur, le lift, devenu bourgeois, ne m′en eût pas précipité, et s′il n′y a pas, dans certaines classes du peuple, plus de duplicité que dans le monde où, sans doute, l′on réserve pour notre absence les propos désobligeants, mais où l′attitude à notre égard ne serait pas insultante si nous étions malheureux. Pero el dolor ansioso del ascensorista no hizo sino aumentar. Para que se olvidase así de demostrarme su abnegación con sus sonrisas habituales, era preciso que hubiese sucedido alguna desgracia. Quizás lo hubieran despachado. En ese caso me prometí tratar de conseguir que se quedase, ya que el director me había prometido ratificar todo lo que yo decidiera con respecto a su personal. “-Puede hacer lo que guste, rectifico desde ya”. De pronto, al salir del ascensor, comprendí la desesperación y el aspecto aterrorizado del ascensorista. Debido a la presencia de Albertina, no le había dado los cinco francos que solía darle al subir. Y este imbécil, en lugar de comprender que no deseaba hacer ostentación de propinas ante terceros, había empezado a temblar suponiendo que mi costumbre terminara de una vez para siempre y que nunca le daría más nada. Se imaginaba que estaba en la mala (como dijera el duque de Guermantes), y su suposición no le inspiraba ninguna compasión por mí sino una tremenda desilusión egoísta. Me dije que era menos irrazonable de lo que le parecía a mi madre cuando no me atrevía un solo día a no dar la suma exagerada pero esperada afiebradamente que había dado el día anterior. Pero también la significación dada por mí hasta entonces y sin ninguna duda al aspecto habitual de alegría en que no vacilaba en ver un signo de vinculación, me pareció tener un sentido menos seguro. Al ver al ascensorista, que parecía dispuesto en su desesperación a arrojarse de los cinco pisos, me pregunté si estuvieran cambiadas nuestras condiciones sociales, por el hecho, por ejemplo, de una revolución; si en lugar de manejar amablemente el ascensor para mí, el ascensorista, convertido en burgués, no me hubiese arrojado de él y si en algunas clases populares no hay más doblez que en la sociedad, donde sin duda reservan para nuestra ausencia los términos desatentos, pero cuya actitud a nuestro respecto no sería insultante si fuésemos desgraciados.
On ne peut pourtant pas dire qu′à l′hôtel de Balbec, le lift fût le plus intéressé. A ce point de vue le personnel se divisait en deux catégories: d′une part ceux qui faisaient des différences entre les clients, plus sensibles au pourboire raisonnable d′un vieux noble (d′ailleurs en mesure de leur éviter 28 jours en les recommandant au général de Beautreillis) qu′aux largesses inconsidérées d′un rasta qui décelait par là même un manque d′usage que, seulement devant lui, on appelait de la bonté. D′autre part ceux pour qui noblesse, intelligence, célébrité, situation, manières, étaient inexistantes, recouvertes par un chiffre. Il n′y avait pour ceux-là qu′une hiérarchie, l′argent qu′on a, ou plutôt celui qu′on donne. Peut-être Aimé lui-même, bien que prétendant, à cause du grand nombre d′hôtels où il avait servi, à un grand savoir mondain, appartenait-il à cette catégorie-là. Tout au plus donnait-il un tour social et de connaissance des familles à ce genre d′appréciation, en disant de la princesse de Luxembourg par exemple; «Il y a beaucoup d′argent là dedans?» (le point d′interrogation étant afin de se renseigner, ou de contrôler définitivement les renseignements qu′il avait pris, avant de procurer à un client un «chef» pour Paris, ou de lui assurer une table à gauche, à l′entrée, avec vue sur la mer, à Balbec), Malgré cela, sans être dépourvu d′intérêt, il ne l′eût pas exhibé avec le sot désespoir du lift. Au reste, la naîµ¥té de celui-ci simplifiait peut-être les choses. C′est la commodité d′un grand hôtel, d′une maison comme était autrefois celle de Rachel; c′est que, sans intermédiaires, sur la face jusque-là glacée d′un employé ou d′une femme, la vue d′un billet de cent francs, à plus forte raison de mille, même donné, pour cette fois-là, à un autre, amène un sourire et des offres. Au contraire, dans la politique, dans les relations d′amant à maîtresse, il y a trop de choses placées entre l′argent et la docilité. Tant de choses que ceux-là mêmes chez qui l′argent éveille finalement le sourire sont souvent incapables de suivre le processus interne qui les relie, se croient, sont plus délicats. Et puis cela décante la conversation polie des «Je sais ce qui me reste à faire, demain on me trouvera à la Morgue.» Aussi rencontre-t-on dans la société polie peu de romanciers, de poètes, de tous ces êtres sublimes qui parlent justement de ce qu′il ne faut pas dire. No puede decirse, sin embargo, que el ascensorista fuera el más interesado del hotel de Balbec. Desde ese punto de vista, el personal se dividía en dos categorías: por una parte los que establecían diferencias entre los clientes, más sensibles a la moderada propina de un anciano noble (que, por otra parte, podía evitarle los 28 días20 al recomendarlos al general de Beautreillis) que al dispendio desconsiderado de un rastacuero que por eso mismo revelaba una falta de roce que únicamente se llamaba bondad delante de él. Por otra parte, aquellos para los que no existían nobleza, inteligencia, celebridad, situación y modales, recubierto todo por una cifra. Para ésos no había más que una jerarquía: el dinero que se tiene, o mejor dicho, el que se da. Quizás el mismo Aimé perteneciera a esa categoría, aunque aspirara, debido a la gran cantidad de hoteles donde había trabajado, a una gran sabiduría mundana. A lo sumo, a manera de apreciaciones, le daba un giro social y de conocimiento de las familias, diciendo de la princesa de Luxemburgo, por ejemplo: “-¿Hay mucho dinero ahí?” (El signo de interrogación servía para informarse o controlar definitivamente los informes que había tomado, antes de conseguirle un cocinero a un cliente para París o reservarle una mesa a la izquierda, a la entrada y con vista al mar en Balbec). A pesar de ello, sin dejar de ser interesado, no lo hubiese exhibido con la torpe desesperación del ascensorista. Por otra parte, su candidez simplificaba tal vez las cosas. Es la comodidad de un hotel grande, de una casa como era antiguamente, la de Rachel; y es que sin intermediarios, la sola vista de un billete de cien francos, a mayor razón de uno de mil, aunque sea dado por esta vez a otro, acarrea una sonrisa y ofrecimientos en la cara hasta entonces helada de un empleado o una mujer. Al contrario, en política y en las relaciones de amante a querida, hay demasiadas cosas interpuestas entre el dinero y la docilidad. Tantas cosas que aun para aquellos a quienes el dinero despierta finalmente la sonrisa, les resulta imposible seguir el proceso interno que los liga yse creen yson más delicados. Lo que depura además a la conversación educada de los “Ya sé lo que debo hacer, mañana me encontrarán en la Morgue”. Por eso se encuentran en la sociedad educada pocos novelistas ypoetas ytodos aquellos seres sublimes que hablan precisamente de lo que no debe decirse.
Aussitôt seuls et engagés dans le corridor, Albertine me dit: «Qu′est-ce que vous avez contre moi?» Ma dureté avec elle m′avait-elle été pénible à moi-même? N′était-elle de ma part qu′une ruse inconsciente se proposant d′amener vis-à-vis de moi mon amie à cette attitude de crainte et de prière qui me permettrait de l′interroger, et peut-être d′apprendre laquelle des deux hypothèses que je formais depuis longtemps sur elle était la vraie? Toujours est-il que, quand j′entendis sa question, je me sentis soudain heureux comme quelqu′un qui touche à un but longtemps désiré. Avant de lui répondre je la conduisis jusqu′à ma porte. Celle-ci en s′ouvrant fit refluer la lumière rose qui remplissait la chambre et changeait la mousseline blanche des rideaux tendus sur le soir en lampas aurore. J′allai jusqu′à la fenêtre; les mouettes étaient posées de nouveau sur les flots; mais maintenant elles étaient roses. Je le fis remarquer à Albertine: «Ne détournez pas la conversation, me dit-elle, soyez franc comme moi.» Je mentis. Je lui déclarai qu′il lui fallait écouter un aveu préalable, celui d′une grande passion que j′avais depuis quelque temps pour Andrée, et je le lui fis avec une simplicité et une franchise dignes du théâtre, mais qu′on n′a guère dans la vie que pour les amours qu′on ne ressent pas. Reprenant le mensonge dont j′avais usé avec Gilberte avant mon premier séjour à Balbec, mais le variant, j′allai, pour me faire mieux croire d′elle quand je lui disais maintenant que je ne l′aimais pas, jusqu′à laisser échapper qu′autrefois j′avais été sur le point d′être amoureux d′elle, mais que trop de temps avait passé, qu′elle n′était plus pour moi qu′une bonne camarade et que, l′eussé-je voulu, il ne m′eût plus été possible d′éprouver de nouveau à son égard des sentiments plus ardents. D′ailleurs, en appuyant ainsi devant Albertine sur ces protestations de froideur pour elle, je ne faisais —à cause d′une circonstance et en vue d′un but particuliers — que rendre plus sensible, marquer avec plus de force, ce rythme binaire qu′adopte l′amour chez tous ceux qui doutent trop d′eux-mêmes pour croire qu′une femme puisse jamais les aimer, et aussi qu′eux-mêmes puissent l′aimer véritablement. Ils se connaissent assez pour savoir qu′auprès des plus différentes, ils éprouvaient les mêmes espoirs, les mêmes angoisses, inventaient les mêmes romans, prononçaient les mêmes paroles, pour s′être rendu ainsi compte que leurs sentiments, leurs actions, ne sont pas en rapport étroit et nécessaire avec la femme aimée, mais passent à côté d′elle, l′éclaboussent, la circonviennent comme le flux qui se jette le long des rochers, et le sentiment de leur propre instabilité augmente encore chez eux la défiance que cette femme, dont ils voudraient tant être aimés, ne les aime pas. Pourquoi le hasard aurait-il fait, puisqu′elle n′est qu′un simple accident placé devant le jaillissement de nos désirs, que nous fussions nous-mêmes le but de ceux qu′elle a? Aussi, tout en ayant besoin d′épancher vers elle tous ces sentiments, si différents des sentiments simplement humains que notre prochain nous inspire, ces sentiments si spéciaux que sont les sentiments amoureux, après avoir fait un pas en avant, en avouant à celle que nous aimons notre tendresse pour elle, nos espoirs, aussitôt craignant de lui déplaire, confus aussi de sentir que le langage que nous lui avons tenu n′a pas été formé expressément pour elle, qu′il nous a servi, nous servira pour d′autres, que si elle ne nous aime pas elle ne peut pas nous comprendre, et que nous avons parlé alors avec le manque de goût, l′impudeur du pédant adressant à des ignorants des phrases subtiles qui ne sont pas pour eux, cette crainte, cette honte, amènent le contre-rythme, le reflux, le besoin, fût-ce en reculant d′abord, en retirant vivement la sympathie précédemment confessée, de reprendre l′offensive et de ressaisir l′estime, la domination; le rythme double est perceptible dans les diverses périodes d′un même amour, dans toutes les périodes correspondantes d′amours similaires, chez tous les êtres qui s′analysent mieux qu′ils ne se prisent haut. S′il était pourtant un peu plus vigoureusement accentué qu′il n′est d′habitude, dans ce discours que j′étais en train de faire à Albertine, c′était simplement pour me permettre de passer plus vite et plus énergiquement au rythme opposé que scanderait ma tendresse. Tan pronto solos y ya en el corredor, Albertina me dijo: “-¿Qué tiene conmigo?” ¿Me había resultado a mí mismo cruel mi dureza hacia ella? ¿No sería acaso por mi parte una astucia inconsciente que se proponía traerla a mi amiga hasta esa actitud de súplica y temor que me permitiría interrogarla ysaber quizás cuál de las dos hipótesis que me estaba formando sobre ella desde tiempo atrás era la verdadera? Así fue como, al oír su pregunta, me sentí feliz como quien alcanza una meta largo tiempo deseada. Antes de contestarle, la llevé hasta mi puerta. Cuando ésta se abrió, refluyó la luz rosada que llenaba el cuarto y cambiaba la muselina blanca de las cortinas tensas sobre la noche, ese lampatán de color de alba. Fui hasta la ventana; las gaviotas estaban de nuevo sobre las aguas; pero ahora eran rosadas. Se lo hice notar a Albertina. “-No desvíe la conversación -me dijo-; sea sincero como yo”. Mentí. Le declaré que ante todo debía escuchar una confesión previa, la de una gran pasión que experimentaba hacía un tiempo por Andrea, y lo hice con una franqueza y una sencillez dignas del teatro, pero que en vida uno no tiene sino con los amores que no siente. Volviendo a utilizar la mentira que usara con Gilberta antes de mi primera permanencia en Balbec, pero modificándola, para que me creyera mejor al decirle ahora que no la quería, llegué hasta dejar escapar que había estado antes a punto de enamorarme de ella, pero que transcurrió demasiado tiempo; ya no era para mí sino una buena compañera y aunque lo quisiera, ya no me sería posible experimentar de nuevo por ella sentimientos más ardientes. Por otra parte, al insistir así delante de Albertina en esas protestas de frialdad para con ella, no hacía sino -debido a una circunstancia y en vista de una meta particular tornar más sensible y marcar más fuertemente ese ritmo binario que adopta el amor en todos aquellos que dudan demasiado de sí mismos, no creen que una mujer pueda quererlos nunca y tampoco que puedan quererla de veras. Se conocen lo bastante para saber que con las más distintas experimentaban las mismas esperanzas, las mismas angustias, inventaban las mismas novelas, pronunciaban las mismas palabras, para advertir que sus sentimientos y sus acciones no están en relación necesaria y estrecha con la mujer amada, sino que pasan junto a ella, la salpican y la rodean como la marejada que se echa sobre las rocas y el sentimiento de su propio desequilibrio aumenta aún más la duda en ellos de si esa mujer, por la que tanto quisieran ser amados, los anta. ¿Por qué había de hacer el azar que fuésemos la meta de los deseos que tiene, si ella no es más que un accidente frente al surgir de los nuestros? Por eso, aunque necesitamos canalizar hacia ella todos esos sentimientos, tan distintos de los sentimientos simplemente humanos esos sentimientos tan especiales como son los de amor, después de haber dado un paso adelante confesando nuestra ternura y nuestras esperanzas a la que amamos, enseguida tememos disgustarla confundidos al sentir que el lenguaje que hemos expresado no se formó especialmente para ella, pues ya nos ha servido y nos servirá para otras; si no nos ama, no puede comprendernos, y entonces habremos hablado con el mal gusto y el escaso pudor del pedante que se dirige a los que ignoran las frases sutiles que no les están destinadas; ese temor y esa vergüenza acarrean el contrarritmo, el reflujo, la necesidad, aunque fuese retrocediendo de primera intención -retirando prestamente la simpatía anteriormente confesada-, de volver a tomar la ofensiva yde conquistar de nuevo estima ydominio; el doble ritmo se percibe en los distintos períodos de un mismo amor, en todos los periodos correspondientes de amores similares, en todos aquellos seres que, en lugar de sobreestimarse, se analizan. Sin embargo, si era algo más acentuado que de costumbre en ese discurso que le estaba haciendo a Albertina, era simplemente para permitirme pasar más rápida y enérgicamente al ritmo opuesto, que escanciaría mi ternura.
Comme si Albertine avait dû avoir de la peine à croire ce que je lui disais de mon impossibilité de l′aimer de nouveau, à cause du trop long intervalle, j′étayais ce que j′appelais une bizarrerie de mon caractère d′exemples tirés de personnes avec qui j′avais, par leur faute ou la mienne, laissé passer l′heure de les aimer, sans pouvoir, quelque désir que j′en eusse, la retrouver après. J′avais ainsi l′air à la fois de m′excuser auprès d′elle, comme d′une impolitesse, de cette incapacité de recommencer à l′aimer, et de chercher à lui en faire comprendre les raisons psychologiques comme si elles m′eussent été particulières. Mais en m′expliquant de la sorte, en m′étendant sur le cas de Gilberte, vis-à-vis de laquelle en effet avait été rigoureusement vrai ce qui le devenait si peu, appliqué à Albertine, je ne faisais que rendre mes assertions aussi plausibles que je feignais de croire qu′elles le fussent peu. Sentant qu′Albertine appréciait ce qu′elle croyait mon «franc parler» et reconnaissait dans mes déductions la clarté de l′évidence, je m′excusai du premier, lui disant que je savais bien qu′on déplaisait toujours en disant la vérité et que celle-ci d′ailleurs devait lui paraître incompréhensible. Elle me remercia, au contraire, de ma sincérité et ajouta qu′au surplus elle comprenait à merveille un état d′esprit si fréquent et si naturel. Como si le costara creer a Albertina lo que le decía acerca de la imposibilidad de amarla de nuevo, debido al intervalo demasiado largo, desplegué lo que llamé una extravagancia de mi carácter, con ejemplos extraídos de personas con quienes, por culpa de ellas o mía, había dejado pasar el momento de amarlas, sin poder volver a encontrarlo, aunque lo deseara. Parecía así y a un tiempo disculparme de esa incapacidad de volver a quererla, como si fuera una descortesía y tratar de hacerle comprender los motivos psicológicos, como si me fuesen particulares. Pero, al explicarme en esa forma, extendiéndome en el caso de Gilberta, frente a la cual, en efecto, había sido rigurosamente cierto lo que casi no lo era aplicado al de Albertina, no hacía sino legitimar mis asertos, de tal manera plausibles que fingía creer que lo fuesen escasamente. Sabiendo que Albertina apreciaba lo que creía mi “franca manera de hablar” y reconocía en mis deducciones la claridad de la evidencia, me disculpé de lo primero diciéndole que ya sabía que siempre causamos disgusto al decir la verdad y que, además, ésta debía parecerle incomprensible. Por el contrario, me agradeció la sinceridad y agregó que, a lo sumo, comprendía perfectamente un estado de espíritu tan frecuente y tan natural.
Cet aveu fait à Albertine d′un sentiment imaginaire pour Andrée, et pour elle-même d′une indifférence que, pour paraître tout à fait sincère et sans exagération, je lui assurai incidemment, comme par un scrupule de politesse, ne pas devoir être prise trop à la lettre, je pus enfin, sans crainte, qu′Albertine y soupçonnât de l′amour, lui parler avec une douceur que je me refusais depuis si longtemps et qui me parut délicieuse. Je caressais presque ma confidente; en lui parlant de son amie que j′aimais, les larmes me venaient aux yeux. Mais, venant au fait, je lui dis enfin qu′elle savait ce qu′était l′amour, ses susceptibilités, ses souffrances, et que peut-être, en amie déjà ancienne pour moi, elle aurait à coeur de faire cesser les grands chagrins qu′elle me causait, non directement puisque ce n′était pas elle que j′aimais, si j′osais le redire sans la froisser, mais indirectement en m′atteignant dans mon amour pour Andrée. Je m′interrompis pour regarder et montrer à Albertine un grand oiseau solitaire et hâtif qui, loin devant nous, fouettant l′air du battement régulier de ses ailes, passait à toute vitesse au-dessus de la plage tachée ça et là de reflets pareils à des petits morceaux de papier rouge déchirés et la traversait dans toute sa longueur, sans ralentir son allure, sans détourner son attention, sans dévier de son chemin, comme un émissaire qui va porter bien loin un message urgent et capital. «Lui, du moins, va droit au but! me dit Albertine d′un air de reproche. — Vous me dites cela parce que vous ne savez pas ce que j′aurais voulu vous dire. Mais c′est tellement difficile que j′aime mieux y renoncer; je suis certain que je vous fâcherais; alors cela n′aboutira qu′à ceci: je ne serai en rien plus heureux avec celle que j′aime d′amour et j′aurai perdu une bonne camarade. — Mais puisque je vous jure que je ne me fâcherai pas.» Elle avait l′air si doux, si tristement docile et d′attendre de moi son bonheur, que j′avais peine à me contenir et à ne pas embrasser, presque avec le même genre de plaisir que j′aurais eu à embrasser ma mère, ce visage nouveau qui n′offrait plus la mine éveillée et rougissante d′une chatte mutine et perverse au petit nez rose et levé, mais semblait dans la plénitude de sa tristesse accablée, fondu, à larges coulées aplaties et retombantes, dans de la bonté. Faisant abstraction de mon amour comme d′une folie chronique sans rapport avec elle, me mettant à sa place, je m′attendrissais devant cette brave fille habituée à ce qu′on eût pour elle des procédés aimables et loyaux, et que le bon camarade qu′elle avait pu croire que j′étais pour elle poursuivait, depuis des semaines, de persécutions qui étaient enfin arrivées à leur point culminant. C′est parce que je me plaçais à un point de vue purement humain, extérieur à nous deux et d′où mon amour jaloux s′évanouissait, que j′éprouvais pour Albertine cette pitié profonde, qui l′eût moins été si je ne l′avais pas aimée. Du reste, dans cette oscillation rythmée qui va de la déclaration à la brouille (le plus sûr moyen, le plus efficacement dangereux pour former, par mouvements opposés et successifs, un noeud qui ne se défasse pas et nous attache solidement à une personne), au sein du mouvement de retrait qui constitue l′un des deux éléments du rythme, à quoi bon distinguer encore les reflux de la pitié humaine, qui, opposés à l′amour, quoique ayant peut-être inconsciemment la même cause, produisent en tout cas les mêmes effets? En se rappelant plus tard le total de tout ce qu′on a fait pour une femme, on se rend compte souvent que les actes inspirés par le désir de montrer qu′on aime, de se faire aimer, de gagner des faveurs, ne tiennent guère plus de place que ceux dus au besoin humain de réparer les torts envers l′être qu′on aime, par simple devoir moral, comme si on ne l′aimait pas. «Mais enfin qu′est-ce que j′ai pu faire?» me demanda Albertine. On frappa; c′était le lift; la tante d′Albertine, qui passait devant l′hôtel en voiture, s′était arrêtée à tout hasard pour voir si elle n′y était pas et la ramener. Albertine fit répondre qu′elle ne pouvait pas descendre, qu′on dînât sans l′attendre, qu′elle ne savait pas à quelle heure elle rentrerait. «Mais votre tante sera fâchée? — Pensez-vous! Elle comprendra très bien.» Ainsi donc, en ce moment, du moins, tel qu′il n′en reviendrait peut-être pas, un entretien avec moi se trouvait, par suite des circonstances, être aux yeux d′Albertine une chose d′une importance si évidente qu′on dût le faire passer avant tout, et à laquelle, se reportant sans doute instinctivement à une jurisprudence familiale, énumérant telles conjonctures où, quand la carrière de M. Bontemps était en jeu, on n′avait pas regardé à un voyage, mon amie ne doutait pas que sa tante trouvât tout naturel de voir sacrifier l′heure du dîner. Cette heure lointaine qu′elle passait sans moi, chez les siens, Albertine l′ayant fait glisser jusqu′à moi me la donnait; j′en pouvais user à ma guise. Je finis par oser lui dire ce qu′on m′avait raconté de son genre de vie, et que, malgré le profond dégoût que m′inspiraient les femmes atteintes du même vice, je ne m′en étais pas soucié jusqu′à ce qu′on m′eût nommé sa complice, et qu′elle pouvait comprendre facilement, au point où j′aimais Andrée, quelle douleur j′en avais ressentie. Il eût peut-être été plus habile de dire qu′on m′avait cité aussi d′autres femmes, mais qui m′étaient indifférentes. Mais la brusque et terrible révélation que m′avait faite Cottard était entrée en moi me déchirer, telle quelle, tout entière, mais sans plus. Et de même qu′auparavant je n′aurais jamais eu de moi-même l′idée qu′Albertine aimait Andrée, ou du moins pût avoir des jeux caressants avec elle, si Cottard ne m′avait pas fait remarquer leur pose en valsant, de même je n′avais pas su passer de cette idée à celle, pour moi tellement différente, qu′Albertine pût avoir avec d′autres femmes qu′Andrée des relations dont l′affection n′eût même pas été l′excuse. Albertine, avant même de me jurer que ce n′était pas vrai, manifesta, comme toute personne à qui on vient d′apprendre qu′on a ainsi parlé d′elle, de la colère, du chagrin et, à l′endroit du calomniateur inconnu, la curiosité rageuse de savoir qui il était et le désir d′être confrontée avec lui pour pouvoir le confondre. Mais elle m′assura qu′à moi du moins, elle n′en voulait pas. Esa confesión de un sentimiento imaginario por Andrea hecho a Albertina y en cuanto a ella de una indiferencia que, para aparentar totalmente sincera y sin exageraciones, le aseguré al pasar, como por escrúpulos de cortesía, no debía tomar al pie de la letra, me permitió, por fin, sin temer que Albertina sospechase amor, hablarle con una dulzura que evitaba hacía tanto tiempo y que me pareció deliciosa. Por poco acaricié a mi confidente; al hablar de la amiga que yo amaba, me brotaban las lágrimas. Pero, yendo al hecho, le dije por fin que sabía qué era el amor, sus susceptibilidades, sus sufrimientos y quizás, como amiga ya antigua, le agradaría evitar las grandes penas que me causaba, no directamente, ya que no la amaba a ella, si me atrevía a repetirlo sin herirla, pero sí en forma indirecta, ya que me alcanzaba en mi amor por Andrea. Me interrumpí para mirar y señalarle a Albertina un pájaro enorme, solitario ypresuroso que pasaba lejos de nosotros, golpeando el aire con el latido regular de sus alas, sobre la playa manchada aquí y allá con reflejos que parecían trocitos de papel desgarrado y la atravesaba en toda su longitud, sin disminuir su velocidad, sin desviar su atención y sin apartarse de su camino, como un emisario que lleva muy lejos algún mensaje urgente y capital. “-Ah, por lo menos va derecho a su objeto”, me dijo Albertina con expresión de reproche”. “-Usted me lo dice porque no sabe lo que hubiera querido decirle. Pero es tan difícil, que prefiero renunciar; estoy seguro de que la enojaría; lo que no daría más resultado que perder una buena compañera y no ser ni un poco más feliz con la que quiero”. “-Pero si le juro que no me voy a enojar”. Parecía tan dulce, tan tristemente dócil y esperando de mí su felicidad, que me costaba contenerme y no besar, casi con un placer de la misma índole con que hubiera besado a mi madre, ese rostro nuevo que ya no ofrecía la carita despierta y ruborosa de une gata revoltosa yperversa, con la naricita rosada yrespingada, sino que parecía, en la plenitud de su agobiada tristeza, disuelto en amplias coladas achatadas y caídas por la bondad. Haciendo abstracción de mi amor, como si fuese una crónica locura que no se relacionara con ella y poniéndome en su lugar, me enternecía ante esta buena muchacha acostumbrada a los procedimientos amables yleales yque el buen compañero que me creyera continuaba durante semanas enteras unas persecuciones que habían llegado a su punto culminante. Experimentaba por Albertina una profunda compasión, que fuera menor si no la amara, porque me colocaba en un punto de vista puramente humano, ajeno a los dos y desde donde se esfumaba mi amor celoso. Por otra parte, en esa oscilación rítmica que va desde la declaración a la ruptura (el medio más seguro, el más eficazmente peligroso para formar con movimientos opuestos y sucesivos un nudo que no se desate y nos vincule indisolublemente a alguien, dentro de un movimiento de retraimiento que constituye uno de los dos elementos del ritmo) ¿para qué distinguir todavía los reflujos de la humana compasión que, opuestos al amor aunque tengan inconscientemente una misma causa, producen el mismo efecto en todos los casos? Al recordar más tarde todo lo que se ha hecho por una mujer, uno advierte a menudo que los actos que inspira el deseo de indicar que se ama, yhacerse amar yalcanzar favores, no ocupan mucho más lugar que los que se deben a la humana necesidad de reparar los daños que se han hecho al ser que ama uno, por simple deber moral y como si uno no lo amara. “-Pero, en definitiva ¿qué he podido hacer?”, me preguntó Albertina. Llamaron; era el ascensorista: la tía de Albertina pasaba casualmente frente al hotel y se había detenido por las dudas para acompañarla. Albertina ordenó que le contestaran que no podía bajar, que no la esperasen para cenar y que no sabía la hora de su regreso. “-¿Pero su tía se enojará?” “-Ni lo piense. Comprenderá perfectamente”. Así es corno en ese momento, por lo menos en una forma que ya no volvería quizás nunca, una entrevista conmigo resultaba para Albertina, a consecuencia de los acontecimientos, algo de tan evidente importancia que debía pasar antes que nada y frente a lo cual mi amiga no dudaba por un momento que a su tía le pareciera muy lógico que sacrificara la hora de cenar, lo que se refería sin duda instintivamente a una jurisprudencia familiar que enumeraba tales posibilidades; como cuando no se había vacilado en un viaje al estar en juego la carrera del señor Bontemps. Esa hora lejana que pasaba sin mí entre los suyos, Albertina me la entregaba y la hacía deslizar hasta mí; podía usarla como quería. Terminé por atreverme a decirle lo que me habían contado de su manera de vivir y que, a pesar de la profunda repugnancia que me inspiraban las mujeres atacadas por el mismo vicio, no me preocupó hasta que me señalaran su cómplice, y podía comprender fácilmente, por lo que amaba yo a Andrea, cuál era mi dolor. Quizás hubiera sido más hábil decir que me habían citado también otras mujeres, que me resultaban indiferentes. Pero la revelación brusca y terrible que me hiciera Cottard había penetrado en mí para desgarrarme tal cual, integra, pero sin más. Y en la misma forma que nunca hubiera tenido por mí mismo la idea de que Albertina amara a Andrea o por lo menos tuviese con ella juegos de caricias, si Cottard no me hubiese hecho notar sus actitudes al bailar, tampoco había sabido pasar de esa idea a aquella otra, tan distinta para mí, de que Albertina pudiese tener con otras mujeres que no fuese Andrea relaciones que ni siquiera disculpara el afecto. Antes de jurarme que no era verdad, Albertina manifestó, como toda persona a la que se le hace saber que se ha hablado en esa forma de ella, ira, pena y frente al desconocido calumniador, la curiosidad rabiosa de saber de quién se trataba y el deseo de un careo para poder confundirlo. Pero me aseguró que por lo menos a mí no me guardaba rencor.
«Si cela avait été vrai, je vous l′aurais avoué. Mais Andrée et moi nous avons aussi horreur l′une que l′autre de ces choses-là. Nous ne sommes pas arrivées à notre âge sans voir des femmes aux cheveux courts, qui ont des manières d′hommes et le genre que vous dites, et rien ne nous révolte autant.» Albertine ne me donnait que sa parole, une parole péremptoire et non appuyée de preuves. Mais c′est justement ce qui pouvait le mieux me calmer, la jalousie appartenant à cette famille de doutes maladifs que lève bien plus l′énergie d′une affirmation que sa vraisemblance. C′est d′ailleurs le propre de l′amour de nous rendre à la fois plus défiants et plus crédules, de nous faire soupçonner, plus vite que nous n′aurions fait une autre, celle que nous aimons, et d′ajouter foi plus aisément à ses dénégations. Il faut aimer pour prendre souci qu′il n′y ait pas que des honnêtes femmes, autant dire pour s′en aviser, et il faut aimer aussi pour souhaiter, c′est-à-dire pour s′assurer qu′il y en a. Il est humain de chercher la douleur et aussitôt à s′en délivrer. Les propositions qui sont capables d′y réussir nous semblent facilement vraies, on ne chicane pas beaucoup sur un calmant qui agit. Et puis, si multiple que soit l′être que nous aimons, il peut en tout cas nous présenter deux personnalités essentielles, selon qu′il nous apparaît comme nôtre ou comme tournant ses désirs ailleurs que vers nous. La première de ces personnalités possède la puissance particulière qui nous empêche de croire à la réalité de la seconde, le secret spécifique pour apaiser les souffrances que cette dernière a causées. L′être aimé est successivement le mal et le remède qui suspend et aggrave le mal. Sans doute j′avais été depuis longtemps, par la puissance qu′exerçait sur mon imagination et ma faculté d′être ému l′exemple de Swann, préparé à croire vrai ce que je craignais au lieu de ce que j′aurais souhaité. Aussi la douceur apportée par les affirmations d′Albertine faillit-elle en être compromise un moment parce que je me rappelai l′histoire d′Odette. Mais je me dis que, s′il était juste de faire sa part au pire, non seulement quand, pour comprendre les souffrances de Swann, j′avais essayé de me mettre à la place de celui-ci, mais maintenant qu′il s′agissait de moi-même, en cherchant la vérité comme s′il se fût agi d′un autre, il ne fallait cependant pas que, par cruauté pour moi-même, soldat qui choisit le poste non pas où il peut être le plus utile mais où il est le plus exposé, j′aboutisse à l′erreur de tenir une supposition pour plus vraie que les autres, à cause de cela seul qu′elle était la plus douloureuse. N′y avait-il pas un abîme entre Albertine, jeune fille d′assez bonne famille bourgeoise, et Odette, cocotte vendue par sa mère dès son enfance? La parole de l′une ne pouvait être mise en comparaison avec celle de l′autre. D′ailleurs Albertine n′avait en rien à me mentir le même intérêt qu′Odette à Swann. Et encore à celui-ci Odette avait avoué ce qu′Albertine venait de nier. J′aurais donc commis une faute de raisonnement aussi grave — quoique inverse — que celle qui m′eût incliné vers une hypothèse parce que celle-ci m′eût fait moins souffrir que les autres, en ne tenant pas compte de ces différences de fait dans les situations, et en reconstituant la vie réelle de mon amie uniquement d′après ce que j′avais appris de celle d′Odette. J′avais devant moi une nouvelle Albertine, déjà entrevue plusieurs fois, il est vrai, vers la fin de mon premier séjour à Balbec, franche, bonne, une Albertine qui venait, par affection pour moi, de me pardonner mes soupçons et de tâcher à les dissiper. Elle me fit asseoir à côté d′elle sur mon lit. Je la remerciai de ce qu′elle m′avait dit, je l′assurai que notre réconciliation était faite et que je ne serais plus jamais dur avec elle. Je dis à Albertine qu′elle devrait tout de même rentrer dîner. Elle me demanda si je n′étais pas bien comme cela. Et attirant ma tête pour une caresse qu′elle ne m′avait encore jamais faite et que je devais peut-être à notre brouille finie, elle passa légèrement sa langue sur mes lèvres, qu′elle essayait d′entr′ouvrir. Pour commencer je ne les desserrai pas. «Quel grand méchant vous faites!» me dit-elle. “-Si fuese cierto, se lo confesaría. Pero esas cosas nos dan náuseas tanto a Andrea como a mí. No hemos llegado a nuestra edad sin dejar de ver mujeres con el cabello corto que tienen modales de hombres yel estilo que usted dice, ynada nos indigna tanto”. Albertina no me daba más que su palabra, una palabra perentoria y que no se apoyaba en pruebas. Sin embargo, era precisamente lo que más podía calmarla, ya que los celos pertenecen a esa familia de sospechas enfermizas que se lava mucho mejor con la energía de una afirmación que con su verosimilitud. Por otra parte, es una característica del amor hacernos a la vez más desconfiados y más crédulos, hacernos sospechar de la que amamos más pronto de lo que haríamos con otra y hacerle fe más holgadamente a sus negaciones. Hay que amar para preocuparse de que no existan sólo mujeres honestas y hay que amar también para desear, es decir para asegurarse que las hay. Es tan humano buscar el dolor como librarse de él. Las proposiciones que pueden resultar nos parecen fácilmente verdaderas; uno no chicanea mucho acerca de un calmante que obra. Además, por múltiple que sea el ser que amamos, puede presentarnos dos personalidades esenciales, según se nos aparezca como nuestro o retrayendo sus deseos en alguien que no sea nosotros. La primera de esas personalidades posee ese poder particular que nos impide creer en la realidad de la segunda, el secreto especifico para mitigar los sufrimientos que ha causado esta última. El ser amado es sucesivamente la enfermedad y el remedio que conjura yagrava la enfermedad. Sin duda, había estado preparado durante mucho tiempo para creer verdadero lo que temía en lugar de lo que había deseado, debido al poder que ejercía sobre mi imaginación y mi facultad de conmoverme el ejemplo de Swann. Por eso la dulzura que me proporcionaran las afirmaciones de Albertina estuvo a punto de comprometerse un instante cuando recordé la historia de Odette. Pero pensé que si era justo atribuirle su parte a lo peor, no solamente al ponerme en el lugar de Swann para comprender sus sufrimientos, sino ahora cuando se trataba de mí mismo, buscando la verdad como si fuese otro, no debía llegar, sin embargo, por crueldad hacia mí mismo - soldado que elige el lugar más peligroso, en lugar de aquel en que pueda ser más útil-, al error de estimar una suposición más verdadera que otra, por lo mismo que era la más dolorosa. ¿Acaso no había un abismo entre Albertina, muchacha de bastante buena familia, y Odette, cortesana vendida por su madre desde la infancia? No podía compararse la palabra de una con la de la otra. Además, Albertina no tenía el mismo interés que Odette para mentirle a Swann. Y más aún, Odette le había confesado a aquél lo que acababa de negar Albertina. Hubiera cometido, pues, una falta de razonamiento tan grave –aunque inversa- como la que me inclinara hacia una hipótesis porque ésta me hiciese sufrir menos que las otras, no teniendo en cuenta esas diferencias de hecho en las situaciones y reconstruyendo la vida real de mi amiga únicamente por lo que había sabido de la de Odette. Tenía ante mí a una nueva Albertina, ya entrevista varias veces, es verdad, hacia el final de mi primera permanencia en Balbec; sincera y buena; una Albertina que, por afecto hacia mí, acababa de perdonar mis sospechas y trataba de disiparlas. Me hizo sentar a su lado en la cama. Le agradecí lo que me dijera, le aseguré que nuestra reconciliación estaba lograda y que ya no volvería a ser violento con ella. Le dije a Albertina que, sin embargo, debía volver a cenar. Me preguntó si así no me sentía bien. Y acercando mi cabeza para una caricia que aún no me hiciera y que quizás le debía a nuestro enojo liquidado, pasó ligeramente su lengua por mis labios que trataba de entreabrir. Para empezar, no los abrí. “-¡Vaya un malo!”, me dijo.
J′aurais dû partir ce soir-là sans jamais la revoir. Je pressentais dès lors que, dans l′amour non partagé— autant dire dans l′amour, car il est des êtres pour qui il n′est pas d′amour partagé— on peut goûter du bonheur seulement ce simulacre qui m′en était donné à un de ces moments uniques dans lesquels la bonté d′une femme, ou son caprice, ou le hasard, appliquent sur nos désirs, en une coî­£idence parfaite, les mêmes paroles, les mêmes actions, que si nous étions vraiment aimés. La sagesse eût été de considérer avec curiosité, de posséder avec délices cette petite parcelle de bonheur, à défaut de laquelle je serais mort sans avoir soupçonné ce qu′il peut être pour des coeurs moins difficiles ou plus favorisés; de supposer qu′elle faisait partie d′un bonheur vaste et durable qui m′apparaissait en ce point seulement; et, pour que le lendemain n′inflige pas un démenti à cette feinte, de ne pas chercher à demander une faveur de plus après celle qui n′avait été due qu′à l′artifice d′une minute d′exception. J′aurais dû quitter Balbec, m′enfermer dans la solitude, y rester en harmonie avec les dernières vibrations de la voix que j′avais su rendre un instant amoureuse, et de qui je n′aurais plus rien exigé que de ne pas s′adresser davantage à moi; de peur que, par une parole nouvelle qui n′eût pu désormais être que différente, elle vînt blesser d′une dissonance le silence sensitif où, comme grâce à quelque pédale, aurait pu survivre longtemps en moi la tonalité du bonheur. Debía haber partido esa misma noche sin volver a verla. Ya presentía desde entonces que en el amor no compartido -tanto da decir amor, porque hay seres para los que no existe el amor compartido- puede uno gustar de la felicidad sólo ese simulacro que se me daba en uno de esos momentos únicos en los que la bondad de una mujer, o su capricho, o la casualidad, aplican a nuestros deseos las mismas palabras, las mismas acciones en una coincidencia perfecta, como si fuéramos verdaderamente amados. La sabiduría debió haber consistido en considerar con curiosidad y poseer con deleite esa pequeña parcela de felicidad sin la cual me habría muerto sin sospechar en qué puede consistir para corazones menos difíciles o más favorecidos; suponer que formaba parte de una felicidad amplia y duradera, que sólo se me aparecía en ese momento; y para que el día siguiente no desmienta esa ficción: la de no pedir un solo favor más después del que se debía al artificio de un minuto excepcional. Debí haber abandonado Balbec, encerrarme en la soledad y conservarme en armonía con las últimas vibraciones de la voz que por un instante había sabido hacer enamorada y de la que ya no habría exigido nada más, como no fuese dirigirse a mí; de miedo a que con una nueva palabra que, en adelante, no podía ser sino diferente, viniese a herir con una disonancia el silencio sensitivo en el que hubiese podido sobrevivir para mí mucho tiempo el tono de la felicidad, como si se debiera a algún pedal.
Tranquillisé par mon explication avec Albertine, je recommençai à vivre davantage auprès de ma mère. Elle aimait à me parler doucement du temps où ma grand′mère était plus jeune. Craignant que je ne me fisse des reproches sur les tristesses dont j′avais pu assombrir la fin de cette vie, elle revenait volontiers aux années où mes premières études avaient causé à ma grand′mère des satisfactions que jusqu′ici on m′avait toujours cachées. Nous reparlions de Combray. Ma mère me dit que là-bas du moins je lisais, et qu′à Balbec je devrais bien faire de même, si je ne travaillais pas. Je répondis que, pour m′entourer justement des souvenirs de Combray et des jolies assiettes peintes, j′aimerais relire les Mille et une Nuits. Comme jadis à Combray, quand elle me donnait des livres pour ma fête, c′est en cachette, pour me faire une surprise, que ma mère me fit venir à la fois les Mille et une Nuits de Galland et les Mille et une Nuits de Mardrus. Mais, après avoir jeté un coup d′oeil sur les deux traductions, ma mère aurait bien voulu que je m′en tinsse à celle de Galland, tout en craignant de m′influencer, à cause du respect qu′elle avait de la liberté intellectuelle, de la peur d′intervenir maladroitement dans la vie de ma pensée, et du sentiment qu′étant une femme, d′une part elle manquait, croyait-elle, de la compétence littéraire qu′il fallait, d′autre part qu′elle ne devait pas juger d′après ce qui la choquait les lectures d′un jeune homme. En tombant sur certains contes, elle avait été révoltée par l′immoralité du sujet et la crudité de l′expression. Mais surtout, conservant précieusement comme des reliques, non pas seulement la broche, l′en-tout-cas, le manteau, le volume de Mme de Sévigné, mais aussi les habitudes de pensée et de langage de sa mère, cherchant en toute occasion quelle opinion celle-ci eût émise, ma mère ne pouvait douter de la condamnation que ma grand′mère eût prononcée contre le livre de Mardrus. Elle se rappelait qu′à Combray, tandis qu′avant de partir marcher du côté de Méséglise je lisais Augustin Thierry, ma grand′mère, contente de mes lectures, de mes promenades, s′indignait pourtant de voir celui dont le nom restait attaché à cet hémistiche: «Puis règne Mérovée» appelé Merowig, refusait de dire Carolingiens pour les Carlovingiens, auxquels elle restait fidèle. Enfin je lui avais raconté ce que ma grand′mère avait pensé des noms grecs que Bloch, d′après Leconte de Lisle, donnait aux dieux d′Homère, allant même, pour les choses les plus simples, à se faire un devoir religieux, en lequel il croyait que consistait le talent littéraire, d′adopter une orthographe grecque. Ayant, par exemple, à dire dans une lettre que le vin qu′on buvait chez lui était un vrai nectar, il écrivait un vrai nektar, avec un k, ce qui lui permettait de ricaner au nom de Lamartine. Or si une Odyssée d′où étaient absents les noms d′Ulysse et de Minerve n′était plus pour elle l′Odyssée, qu′aurait-elle dit en voyant déjà déformé sur la couverture le titre de ses Mille et Une Nuits, en ne retrouvant plus, exactement transcrits comme elle avait été de tout temps habituée à les dire, les noms immortellement familiers de Sheherazade, de Dinarzade, où, débaptisés eux-mêmes, si l′on ose employer le mot pour des contes musulmans, le charmant Calife et les puissants Génies se reconnaissaient à peine, étant appelés l′un le «Khalifat», les autres les «Gennis»? Pourtant ma mère me remit les deux ouvrages, et je lui dis que je les lirais les jours où je serais trop fatigué pour me promener. Tranquilizado por mi explicación con Albertina, volvía vivir más tiempo junto a mi madre. Le gustaba hablarme suavemente de lo: tiempos en que mi abuela era más joven. Temiendo que yo mismo no me reprochase las tristezas con las que pude ensombrecer el final de esa vida, volvía voluntariamente a los años en que mis primeros estudios le habían causado a mi abuela unas satisfacciones que hasta entonces siempre me ocultaran. Volvimos a hablar de Combray. Mi madre me dijo que allá por lo menos yo leía y que debía hacer lo mismo en Balbec; ya que no trabajaba. Le contesté que para rodearme precisamente de los recuerdos de Combray y de los lindos platos pintados, me gustaría volver a leer Las Mil y Una Noches. A escondidas, para sorprenderme, como antaño, en Combray, cuando me regalaba libros para mi cumpleaños, mi madre mandó pedir a un tiempo Las Mil yUna Noches, de Galland, y Las Mil y Una Noches, de Mardrus. Pero, después de haber ojeado las dos traducciones, mi madre hubiese querido que me atuviese a la de Galland, al mismo tiempo que temía influirme debido al respeto que tenía por la libertad intelectual, no queriendo intervenir torpemente en la vida de mi pensamiento y con el sentimiento de que siendo mujer, por una parte, le faltaba, según creía, la competencia intelectual necesaria y, por la otra, que no debía juzgar las lecturas de un joven de acuerdo con lo que le chocaba. Al caer sobre ciertos cuentos, la habían rebelado la inmoralidad del tema y la crudeza de expresión. Pero, sobre todo, conservando precisamente como reliquias,, no sólo el broche, el “en-tout-cas”, el manto, el volumen de Madame de Sévigné, sino también las costumbres de pensamiento y lenguaje de su madre, buscando en toda ocasión cuál hubiera sido la opinión de ésta, mi madre no podía dudar de la condenación que hubiese pronunciado mi abuela contra el libro de Mardrus. Recordaba que cuando leía a Agustín Thierry, en Combray, antes de caminar del lado de Méséglise, mi abuela, contenta con mis lecturas y mis paseos, se indignaba, sin embargo, al ver a aquel cuyo nombre quedaba vinculado a ese hemistiquio: “Luego reina Meroveo”, llamado Merowig, y rehusaba decir carolingios en vez de carlovingios, a los que seguía fiel. Por fin, le había contado lo que pensaba mi abuela de los nombres griegos que Bloch, según Leconte de Lisle, le daba a los dioses de Hornero, yendo hasta para las cosas más simples a hacerse un deber religioso en adoptar una ortografía griega, lo que para él constituía el talento literario. Por ejemplo, si tenía que decir en una carta que el vino que se bebía en su casa era un verdadero néctar, escribía un verdadero néktar, con k, lo que permitía sarcasmos con Lamartine. Y si una Odisea de la que faltaban los nombres de Ulises yMinerva ya no era para ella la Odisea, ¿qué hubiera dicho al ver ya deformado sobre la cubierta del libro el título de sus Mil y Una Noches, no encontrando ya transcriptos exactamente, como estaba acostumbrada en todo tiempo a decirlos, los nombres inmortalmente familiares de Scheherazada, de Dinarzada, en que hasta desbautizados -si se atreve uno a emplear la palabra para cuentos musulmanes, el encantador Califa y los poderosos Genios se reconocían apenas, llamados uno el Khalifat, los otros los Gennis? Sin embargo, mi madre me entregó las dos obras y le dije que las leería los días en que me sintiera demasiado cansado para pasear.
Ces jours-là n′étaient pas très fréquents d′ailleurs. Nous allions goûter comme autrefois «en bande», Albertine, ses amies et moi, sur la falaise ou à la ferme Marie–Antoinette. Mais il y avait des fois où Albertine me donnait ce grand plaisir. Elle me disait: «Aujourd′hui je veux être un peu seule avec vous, ce sera plus gentil de se voir tous les deux.» Alors elle disait qu′elle avait à faire, que d′ailleurs elle n′avait pas de comptes à rendre, et pour que les autres, si elles allaient tout de même sans nous se promener et goûter, ne pussent pas nous retrouver, nous allions, comme deux amants, tout seuls à Bagatelle ou à la Croix d′Heulan, pendant que la bande, qui n′aurait jamais eu l′idée de nous chercher là et n′y allait jamais, restait indéfiniment, dans l′espoir de nous voir arriver, à Marie–Antoinette. Je me rappelle les temps chauds qu′il faisait alors, où du front des garçons de ferme travaillant au soleil une goutte de sueur tombait verticale, régulière, intermittente, comme la goutte d′eau d′un réservoir, et alternait avec la chute du fruit mûr qui se détachait de l′arbre dans les «clos» voisins; ils sont restés, aujourd′hui encore, avec ce mystère d′une femme cachée, la part la plus consistante de tout amour qui se présente pour moi. Une femme dont on me parle et à laquelle je ne songerais pas un instant, je dérange tous les rendez-vous de ma semaine pour la connaître, si c′est une semaine où il fait un de ces temps-là, et si je dois la voir dans quelque ferme isolée. J′ai beau savoir que ce genre de temps et de rendez-vous n′est pas d′elle, c′est l′appât, pourtant bien connu de moi, auquel je me laisse prendre et qui suffit pour m′accrocher. Je sais que cette femme, par un temps froid, dans une ville, j′aurais pu la désirer, mais sans accompagnement de sentiment romanesque, sans devenir amoureux; l′amour n′en est pas moins fort une fois que, grâce à des circonstances, il m′a enchaîné— il est seulement plus mélancolique, comme le deviennent dans la vie nos sentiments pour des personnes, au fur et à mesure que nous nous apercevons davantage de la part de plus en plus petite qu′elles y tiennent et que l′amour nouveau que nous souhaiterions si durable, abrégé en même temps que notre vie même, sera le dernier. Esos días no eran muy frecuentes, por otra parte íbamos a tomar la merienda como antaño en grupo, Albertina, sus amigas y yo, sobre el acantilado o en la granja de María Antonieta. Pero había veces en que Albertina me daba ese gran placer. Me decía: “-Hoy quiero estar un poco a solas con usted; será mejor vernos los dos”. Entonces afirmaba estar ocupada; por otra parte, no tenía por qué rendir cuentas y para que las demás, si a pesar de todo iban a merendar y a pasear, no pudiesen encontrarnos, nos íbamos como dos amantes, solitos a Bagatelle o a la Cruz de Heulan, mientras el grupo, que nunca hubiera pensado en buscarnos ahí y no iba nunca, se quedaba indefinidamente en María Antonieta con la esperanza de vernos llegar. Recuerdo los tiempos calurosos de aquel entonces, cuando de la frente de los peones de granja que trabajaban al sol caía vertical, regular e intermitente una gota de sudor como la gota de agua de un depósito y alternaba con la caída del fruto maduro que se desprendía del árbol en los cercados vecinos; han seguido siendo hasta ahora, junto con ese misterio de una mujer oculta, la parte más consistente de todo amor que se me presenta. En una semana en que se produce ese tiempo para una mujer de la que me hablan y en la que no pensaría ni por un momento, postergo todas las citas sobre todo si debo verla en alguna granja aislada. Por más que sepa que ese tiempo y esa cita no son suyos, sin embargo es el cebo tan conocido por mí el que basta para atraparme y al que me dejo arrastrar. Sé que a esa mujer por un tiempo frío y en una ciudad hubiera podido desearla, pero sin acompañamiento de sentimiento romántico y sin enamorarme; el amor no deja de ser fuerte una vez que gracias a circunstancias me ha encadenado; es solamente más melancólico, como se hacen en la vida nuestros sentimientos hacia ciertas personas a medida que advertimos el lugar cada vez más chico que ocupan y que el amor nuevo que desearíamos tan durable -abreviado al mismo tiempo que nuestra vida misma- sea el último.
Il y avait encore peu de monde à Balbec, peu de jeunes filles. Quelquefois j′en voyais telle ou telle arrêtée sur la plage, sans agrément, et que pourtant bien des coî­£idences semblaient certifier être la même que j′avais été désespéré de ne pouvoir approcher au moment où elle sortait avec ses amies du manège ou de l′école de gymnastique. Si c′était la même (et je me gardais d′en parler à Albertine), la jeune fille que j′avais crue enivrante n′existait pas. Mais je ne pouvais arriver à une certitude, car le visage de ces jeunes filles n′occupait pas sur la plage une grandeur, n′offrait pas une forme permanente, contracté, dilaté, transformé qu′il était par ma propre attente, l′inquiétude de mon désir ou un bien-être qui se suffit à lui-même, les toilettes différentes qu′elles portaient, la rapidité de leur marche ou leur immobilité. De tout près pourtant, deux ou trois me semblaient adorables. Chaque fois que je voyais une de celles-là, j′avais envie de l′emmener dans l′avenue des Tamaris, ou dans les dunes, mieux encore sur la falaise. Mais bien que dans le désir, par comparaison avec l′indifférence, il entre déjà cette audace qu′est un commencement, même unilatéral, de réalisation, tout de même, entre mon désir et l′action que serait ma demande de l′embrasser, il y avait tout le «blanc» indéfini de l′hésitation, de la timidité. Alors j′entrais chez le pâtissier-limonadier, je buvais l′un après l′autre sept à huit verres de porto. Aussitôt, au lieu de l′intervalle impossible à combler entre mon désir et l′action, l′effet de l′alcool traçait une ligne qui les conjoignait tous deux. Plus de place pour l′hésitation ou la crainte. Il me semblait que la jeune fille allait voler jusqu′à moi. J′allais jusqu′à elle, d′eux-mêmes sortaient de mes lèvres: «J′aimerais me promener avec vous. Vous ne voulez pas qu′on aille sur la falaise, on n′y est dérangé par personne derrière le petit bois qui protège du vent la maison démontable actuellement inhabitée?» Toutes les difficultés de la vie étaient aplanies, il n′y avait plus d′obstacles à l′enlacement de nos deux corps. Plus d′obstacles pour moi du moins. Car ils n′avaient pas été volatilisés pour elle qui n′avait pas bu de porto. L′eût-elle fait, et l′univers eût-il perdu quelque réalité à ses yeux, le rêve longtemps chéri qui lui aurait alors paru soudain réalisable n′eût peut-être pas été du tout de tomber dans mes bras. Había poca gente aún en Balbec y pocas muchachas. A veces la veía a tal o cual en la playa, sin placer, y sin embargo muchas coincidencias parecían certificar que era la misma a la que me desesperaba no poder acercarme cuando salía con sus amigas del picadero o de la escuela de gimnasia. Si era la misma (y me cuidaba de hablar de ella a Albertina), la muchacha que había creído embriagadora ya no existía. Pero no podía llegar a una certeza porque el rostro de esas muchachas no ocupaba una magnitud en la playa, no ofrecía una forma permanente, contraído, dilatado, transformado como lo estaba por mi propia espera, la inquietud de mi deseo o un bienestar que se basta a sí mismo sus distintos vestidos, la rapidez de su andar o su inmovilidad. De cerca, sin embargo, dos o tres me parecían adorables. Cada vez que veía a una de ésas, tenía ganas de llevarla a la avenida de los Tamarindos o a las dunas; mejor aún sobre el acantilado. Pero aunque en el deseo, por comparación con la indiferencia, intervenga ya esa audacia que es un comienzo mismo de realización, sin embargo, entre mi deseo y la acción que sería mi pedido de besarla, existía todo el blanco indefinido de la timidez. Entonces entraba en casa del pastelero yvendedor de limonada, ybebía uno tras otro siete u ocho vasos de oporto. Enseguida, en lugar del intervalo imposible de llenar entre mi deseo y la acción, el efecto del alcohol trazaba una línea que los unía a ambos. Ya no quedaba lugar entre la vacilación o el temor. Me parecía que la muchacha volaría hasta mí. Iba hasta ella, y las palabras salían por sí solas de mis labios: “-Me gustaría pasear con usted. ¿No quiere que vayamos hasta el acantilado? Nadie puede molestarnos detrás del bosquecito que protege a la casita desmontable del viento y está actualmente deshabitada?” Se eliminaban todas las dificultades de la vida, ya no había obstáculos para el contacto de nuestros dos cuerpos. No más obstáculos por lo menos para mí. Porque no se habían volatilizado para ella, que no habla bebido oporto. Lo hubiese hecho, y el universo perdiera a sus ojos alguna realidad; el sueño largo tiempo acariciado que entonces le pareciera realizable, no hubiese sido en lo mínimo, quizás, caer en mis brazos.
Non seulement les jeunes filles étaient peu nombreuses, mais, en cette saison qui n′était pas encore «la saison», elles restaient peu. Je me souviens d′une au teint roux de colaeus, aux yeux verts, aux deux joues rousses et dont la figure double et légère ressemblait aux graines ailées de certains arbres. Je ne sais quelle brise l′amena à Balbec et quelle autre la remporta. Ce fut si brusquement que j′en eus pendant plusieurs jours un chagrin que j′osai avouer à Albertine quand je compris qu′elle était partie pour toujours. No sólo eran escasas las muchachas, sino que se quedaban poco tiempo en esa estación, que no alcanzaba a serlo. Recuerdo una, con tez rojiza de colaeus, con los ojos verdes, y ambas mejillas rojizas, ycuya figura doble yligera se parecía a las semillas aladas de ciertos árboles. No sé qué brisa la trajo a Balbec, ni cuál se la llevó. Sucedió tan bruscamente que por vanos Mas tuve un pesar que me atreví a confesarle a Albertina cuando comprendí que se había ido para siempre.
Il faut dire que plusieurs étaient ou des jeunes filles que je ne connaissais pas du tout, ou que je n′avais pas vues depuis des années. Souvent, avant de les rencontrer, je leur écrivais. Si leur réponse me faisait croire à un amour possible, quelle joie! On ne peut pas, au début d′une amitié pour une femme, et même si elle ne doit pas se réaliser par la suite, se séparer de ces premières lettres reçues. On les veut avoir tout le temps auprès de soi, comme de belles fleurs reçues, encore toutes fraîches, et qu′on ne s′interrompt de regarder que pour les respirer de plus près. La phrase qu′on sait par coeur est agréable à relire et, dans celles moins littéralement apprises, on veut vérifier le degré de tendresse d′une expression. A-t-elle écrit: «Votre chère lettre?» Petite déception dans la douceur qu′on respire, et qui doit être attribuée soit à ce qu′on a lu trop vite, soit à l′écriture illisible de la correspondante; elle n′a pas mis: «Et votre chère lettre», mais: «En voyant cette lettre». Mais le reste est si tendre. Oh! que de pareilles fleurs viennent demain. Puis cela ne suffit plus, il faudrait aux mots écrits confronter les regards, la voix. On prend rendez-vous, et — sans qu′elle ait changé peut-être — là où on croyait, sur la description faite ou le souvenir personnel, rencontrer la fée Viviane, on trouve le Chat botté. On lui donne rendez-vous pour le lendemain quand même, car c′est tout de même elle et ce qu′on désirait, c′est elle. Or ces désirs pour une femme dont on a rêvé ne rendent pas absolument nécessaire la beauté de tel trait précis. Ces désirs sont seulement le désir de tel être; vagues comme des parfums, comme le styrax était le désir de Prothyra le safran le désir éthéré, les aromates le désir d′Héra, la myrrhe le parfum des mages, la manne le désir de Nikè, l′encens le parfum de la mer. Mais ces parfums que chantent les Hymnes orphiques sont bien moins nombreux que les divinités qu′ils chérissent. La myrrhe est le parfum des mages, mais aussi de Protogonos, de Neptune, de Nérée, de Leto; l′encens est le parfum de la mer, mais aussi de la belle Diké, de Thémis, de Circé, des neuf Muses, d′Eos, de Mnémosyne, du Jour, de Dikaunè. Pour le styrax, la manne et les aromates, on n′en finirait pas de dire les divinités qui les inspirent, tant elles sont nombreuses. Amphiétès a tous les parfums excepté l′encens, et Garejette uniquement les fèves et les aromates. Ainsi en était-il de ces désirs de jeunes filles que j′avais. Moins nombreux qu′elles n′étaient, ils se changeaient en des déceptions et des tristesses assez semblables les unes aux autres. Je n′ai jamais voulu de la myrrhe. Je l′ai réservée pour Jupien et pour la princesse de Guermantes, car elle est le désir de Protogonos «aux deux sexes, ayant le mugissement du taureau, aux nombreuses orgies, mémorable, inénarrable, descendant, joyeux, vers les sacrifices des Orgiophantes». Hay que decir que algunas eran muchachas que no conocía en absoluto o que no había visto por muchos años. A menudo, antes de encontrarlas, les escribía. Si su respuesta me dejaba creer en un amor posible, ¡cuánta alegría! Uno no puede al comienzo de una amistad con una mujer y aun si no debe realizarse posteriormente, desprenderse de esas primeras cartas que ha recibido. Uno quiere tenerlas permanentemente junto a sí como hermosas flores regaladas, todavía frescas y á las que no deja de mirar sino para olerlas de cerca. La frase que uno se sabe de memoria es encantadora para releer, y en la que uno ha aprendido menos literalmente, se quiere verificar el grado de ternura de una expresión. ¿Escribió ella acaso: “Su querida carta”? Pequeña desilusión para la ternura que se respira y que debe atribuirse ya a que uno haya leído demasiado ligero, ya a la letra ilegible de la corresponsal; no ha puesto: “Y su querida carta”, sino: “Al ver esta carta”. Pero el resto es tan tierno... ¡Oh, que vengan mañana semejantes flores! Y luego eso ya no basta; habría que comparar las palabras escritas con las miradas yla voz. Se concierta una cita, y-sin que haya siquiera cambiado- ahí donde uno quería encontrar el hada Viviana de acuerdo a la descripción u al recuerdo personal, se encuentra uno al Gato con botas. A pesar He ello, la cita es para el día siguiente porque después de todo es ella, y ella es lo que uno deseaba. Y esos deseos para una mujer que se ha soñado, no hacen absolutamente necesaria la belleza de semejante precisión. Esos deseos son sólo el deseo de semejante ser; vagos como perfumes, así como el estoraque era el deseo de Protirea, el azafrán el deseo etéreo las especias el deseo de Hera, la mirra el perfume de los magos, el maná el deseo de Nica, el incienso el perfume del mar. Pero esos perfumes que cantan los Himnos Orficos son mucho menos numerosos que las divinidades que adoran. La mirra es el perfume de los magos, y también el de Protogono, de Neptuno, de Nereo, de Leteo; el incienso es el perfume del mar y también el de la hermosa Dica, de Temis, de Circe, de las nueve Musas, de Eos, de Mnemosina, del día, de Dikaiosuné. En cuanto al estoraque, el maná y las especias, no acabaríamos de enumerar las divinidades que los inspiran, a tal punto son numerosas. Anfietes tiene todos los perfumes, con excepción del incienso, y Gea rechaza únicamente las habas ylas especias. Así sucedía con esos deseos de las muchachas que tenía. Menos numerosos que ellas, se trocaban en desilusiones y tristezas bastante parecidas unas a otras. Nunca quise mirra. La reservé para Júpiter y para la princesa de Guermantes, porque ella es el deseo de Protogono, “de dos sexos, con el mugido del toro, las orgías innumerables, memorable, inenarrable, descendiendo alegre hacia los sacrificios de las Orgiofantes”.
Mais bientôt la saison battit son plein; c′était tous les jours une arrivée nouvelle, et à la fréquence subitement croissante de mes promenades, remplaçant la lecture charmante des Mille et Une Nuits, il y avait une cause dépourvue de plaisir et qui les empoisonnait tous. La plage était maintenant peuplée de jeunes filles, et l′idée que m′avait suggérée Cottard m′ayant, non pas fourni de nouveaux soupçons, mais rendu sensible et fragile de ce côté, et prudent à ne pas en laisser se former en moi, dès qu′une jeune femme arrivait à Balbec, je me sentais mal à l′aise, je proposais à Albertine les excursions les plus éloignées, afin qu′elle ne pût faire la connaissance et même, si c′était possible, pût ne pas recevoir la nouvelle venue. Je redoutais naturellement davantage encore celles dont on remarquait le mauvais genre ou connaissait la mauvaise réputation; je tâchais de persuader à mon amie que cette mauvaise réputation n′était fondée sur rien, était calomnieuse, peut-être sans me l′avouer par une peur, encore inconsciente, qu′elle cherchât à se lier avec la dépravée ou qu′elle regrettât de ne pouvoir la chercher, à cause de moi, ou qu′elle crût, par le nombre des exemples, qu′un vice si répandu n′est pas condamnable. En le niant de chaque coupable je ne tendais pas à moins qu′à prétendre que le saphisme n′existe pas. Albertine adoptait mon incrédulité pour le vice de telle et telle: «Non, je crois que c′est seulement un genre qu′elle cherche à se donner, c′est pour faire du genre.» Mais alors je regrettais presque d′avoir plaidé l′innocence, car il me déplaisait qu′Albertine, si sévère autrefois, pût croire que ce «genre» fût quelque chose d′assez flatteur, d′assez avantageux, pour qu′une femme exempte de ces goûts eût cherché à s′en donner l′apparence. J′aurais voulu qu′aucune femme ne vînt plus à Balbec; je tremblais en pensant que, comme c′était à peu près l′époque où Mme Putbus devait arriver chez les Verdurin, sa femme de chambre, dont Saint–Loup ne m′avait pas caché les préférences, pourrait venir excursionner jusqu′à la plage, et, si c′était un jour où je n′étais pas auprès d′Albertine, essayer de la corrompre. J′arrivais à me demander, comme Cottard ne m′avait pas caché que les Verdurin tenaient beaucoup à moi, et, tout en ne voulant pas avoir l′air, comme il disait, de me courir après, auraient donné beaucoup pour que j′allasse chez eux, si je ne pourrais pas, moyennant les promesses de leur amener à Paris tous les Guermantes du monde, obtenir de Mme Verdurin que, sous un prétexte quelconque, elle prévînt Mme Putbus qu′il lui était impossible de la garder chez elle et la fît repartir au plus vite. Malgré ces pensées, et comme c′était surtout la présence d′Andrée qui m′inquiétait, l′apaisement que m′avaient procuré les paroles d′Albertine persistait encore un peu; — je savais d′ailleurs que bientôt j′aurais moins besoin de lui, Andrée devant partir avec Rosemonde et Gisèle presque au moment où tout le monde arrivait, et n′ayant plus à rester auprès d′Albertine que quelques semaines. Pendant celles-ci d′ailleurs, Albertine sembla combiner tout ce qu′elle faisait, tout ce qu′elle disait, en vue de détruire mes soupçons s′il m′en restait, ou de les empêcher de renaître. Elle s′arrangeait à ne jamais rester seule avec Andrée, et insistait, quand nous rentrions, pour que je l′accompagnasse jusqu′à sa porte, pour que je vinsse l′y chercher quand nous devions sortir. Andrée cependant prenait de son côté une peine égale, semblait éviter de voir Albertine. Et cette apparente entente entre elles n′était pas le seul indice qu′Albertine avait dû mettre son amie au courant de notre entretien et lui demander d′avoir la gentillesse de calmer mes absurdes soupçons. Pero pronto la estación llegó a su punto culminante; todos los días llegaba alguien más; y en la frecuencia súbitamente acrecida de mis paseos que reemplazaba la encantadora lectura de Las Mil y Una Noches había una causa sin placer yque los envenenaba a todos. La playa estaba poblada ahora de muchachas, y la idea que me sugiriera Cottard no me proporcionó nuevas dudas, pero me había sensibilizado yfragilizado por esa parte y precavido para que no se me formasen; en cuanto llegaba una mujer joven a Balbec, yo me sentía incómodo y le proponía las más lejanas excursiones a Albertina para que no pudiera conocerla y aun, si era posible, para que no advirtiese a la recién llegada. Temía, naturalmente, más a aquellas cuya mala conducta era notable o notoria su mala reputación; trataba de convencer a mi amiga de que esa mala reputación no se apoyaba en nada y era una calumnia, quizás sin confesármelo, por un temor aún inconsciente de que tratase de vincularse a la depravada o que lamentara no poder buscarla por mi causa o que creyese, debido a la gran cantidad de ejemplos, que un vicio tan difundido no es condenable. Negándoselo a cada culpable, no tendía a nada menos que a pretender que el safismo no existe, Albertina adoptaba mi incredulidad por el vicio de tal o cual: “-No creo que sólo quiera adoptar un estilo: es para darse tono”. Pero entonces lamentaba casi haber defendido la inocencia, porque me disgustaba que Albertina, antes tan severa, pudiese creer que ese estilo fuese algo tan halagüeño y lo bastante favorecedor como para que una mujer exenta de esas aficiones tratara de aparentarlo. Yo hubiese querido que ninguna mujer llegara a Balbec; temblaba al pensar que era aproximadamente el momento en que debía llegar la señora Putbus a casa de los Verdurin y su mucama, de la que Saint-Loup no me había ocultado las preferencias, pudiese excursionar hasta la playa y si era un día en que yo no estaba con Albertina, tratar de corromperla. Llegaba a preguntarme -como Cottard no me había ocultado que los Verdurin tenían mucho afecto por mí y aunque aparentaba que no quería correr, como decía, tras de mí, hubiesen dado cualquier cosa para que yo fuese a su casa no podría conseguir, asegurándoles que les llevaría a París a todos los Guermantes del mundo, que la señora de Verdurin, bajo un pretexto cualquiera, avisara a la señora de Putbus que le era imposible guardarla en su casa y la despachara cuanto antes. A pesar de esos pensamientos y como era especialmente la presencia de Andrea la que me inquietaba, el apaciguamiento que me habían procurado las palabras de Albertina aún persistía un poco. Yo sabía, además, que pronto lo necesitaría mucho menos, ya que Andrea iba a partir con Rosamunda y Gisela, casi en momentos en que todos llegaban y no tenía que pasar junto a Albertina más que algunas semanas. Durante éstas, por otra parte, Albertina pareció combinar todo lo que hacía y todo lo que decía con vistas a destruir mis sospechas si me quedaba alguna o impedir que renacieran. Se las arreglaba para no quedarse sola con Andrea e insistía cuando volvíamos para que fuese a buscarla si debíamos salir. Andrea, sin embargo, por su parte, se tomaba buscarla trabajo análogo y parecía evitarla a Albertina. Y ese aparente acuerdo no era el único indicio que pareciera indicarme que Albertina debió poner a su amiga al corriente de nuestra entrevista y solicitarle que tuviera la gentileza de calmar mis absurdas sospechas.
Vers cette époque se produisit au Grand-Hôtel de Balbec un scandale qui ne fut pas pour changer la pente de mes tourments. La soeur de Bloch avait depuis quelque temps, avec une ancienne actrice, des relations secrètes qui bientôt ne leur suffirent plus. Être vues leur semblait ajouter de la perversité à leur plaisir, elles voulaient faire baigner leurs dangereux ébats dans les regards de tous. Cela commença par des caresses, qu′on pouvait en somme attribuer à une intimité amicale, dans le salon de jeu, autour de la table de baccara. Puis elles s′enhardirent. Et enfin un soir, dans un coin pas même obscur de la grande salle de danses, sur un canapé, elles ne se gênèrent pas plus que si elles avaient été dans leur lit. Deux officiers, qui étaient non loin de là avec leurs femmes, se plaignirent au directeur. On crut un moment que leur protestation aurait quelque efficacité. Mais ils avaient contre eux que, venus pour un soir de Netteholme, où ils habitaient, à Balbec, ils ne pouvaient en rien être utiles au directeur. Tandis que, même à son insu, et quelque observation que lui fît le directeur, planait sur Mlle Bloch la protection de M. Nissim Bernard. Il faut dire pourquoi. M. Nissim Bernard pratiquait au plus haut point les vertus de famille. Tous les ans il louait à Balbec une magnifique villa pour son neveu, et aucune invitation n′aurait pu le détourner de rentrer dîner dans son chez lui, qui était en réalité leur chez eux. Mais jamais il ne déjeunait chez lui. Tous les jours il était à midi au Grand-Hôtel. C′est qu′il entretenait, comme d′autres, un rat d′opéra, un: «commis», assez pareil à ces chasseurs dont nous avons parlé, et qui nous faisaient penser aux jeunes israélites d′Esther et d′Athalie. A vrai dire, les quarante années qui séparaient M. Nissim Bernard du jeune commis auraient dû préserver celui-ci d′un contact peu aimable. Mais, comme le dit Racine avec tant de sagesse dans les mêmes choeurs: Hacia esa época se produjo en el gran hotel de Balbec un escándalo que contribuyó a cambiar la pendiente de mis tormentos. La hermana de Bloch tenía desde tiempo atrás relaciones secretas con una antigua actriz y pronto no les bastaron. El hecho de que las vieran parecía agregar perversidad a sus placeres y querían sumergir sus peligrosas expansiones en las miradas de todos. Eso empezó con caricias, que en resumen podían atribuirse a una amistosa intimidad, en el salón de juego, alrededor de la mesa de baccará. Luego se hicieron más audaces. Y por fin una noche, sobre un diván, en un rincón ni siquiera oscuro de la gran sala de baile, apenas se molestaron más que si estuviesen en su cama. Dos oficiales que estaban con sus mujeres no lejos de ahí se quejaron al director. Pudo creerse por un momento que su protesta habría tenido alguna eficacia. Pero tenían en su contra haber venido por una noche desde Tettegolme, donde habitaban, hasta Balbec y no podían ser útiles en lo mínimo al director. Mientras que aún a espaldas suyas y por más observaciones que el director le hiciese planeaba sobre la señorita Bloch la protección del señor Nissim Bernard. Hay que explicar el porqué. El señor Nissim Bernard practicaba en el más alto grado las virtudes de familia. Todos los años alquilaba en Balbec una casa magnifica para su sobrino, y ninguna invitación podía apartarlo de la cena en casa de él, que en realidad era la casa de ellos. Pero nunca almorzaba en su casa. Todos los días, a mediodía estaba en el Grand-Hotel. Es que él mantenía, como tantos otros, a un estudiante de ópera, un empleado bastante parecido a esos botones de los que hemos hablado yque nos hacían pensar en los jóvenes israelitas de Esther y de Athalie. A decir verdad, los cuarenta años que separaban al señor Nissim Bernard del joven empleado, debían haberlo preservado de un contacto poco amable. Pero, como lo dice Racine con tanta sabiduría en los mismos coros:
Mon Dieu, qu′une vertu naissante,
Parmi tant de périls marche à pas incertains!
Qu′une âme qui te cherche et veut être innocente, Trouve d′obstacle à ses desseins.
¡Dios mío! ¡Cómo una naciente virtud,
entre tantos peligros, anda con pasos inseguros!
¡Qué obstáculos halla para sus designios
un alma que te busca y quiere ser inocente!
Le jeune commis avait eu beau être «loin du monde élevé», dans le Temple–Palace de Balbec, il n′avait pas suivi le conseil de Joad: Por más que el joven empleado “educado lejos del mundo” estuviese en el Templo- Palace de Balbec, no había seguido el consejo de Joad:
Sur la richesse et l′or ne mets point ton appui.
No te apoyes en la riqueza ni en el oro.
Il s′était peut-être fait une raison en disant: «Les pécheurs couvrent la terre.» Quoi qu′il en fût, et bien que M. Nissim Bernard n′espérât pas un délai aussi court, dès le premier jour,
Et soit frayeur encor ou pour le caresser,
De ses bras innocents il se sentit presser.
Se había dado quizás a sí mismo un motivo diciéndose: “La tierra está cubierta de pecadores”. Por más que así fuese y aunque el señor Nissin Bernard no esperase un plazo tan corto, desde el primer día,
Y aunque fuese aún terror o para acariciarlo
se sintió apresado entre sus brazos inocentes.
Et dès le deuxième jour, M. Nissim Bernard promenant le commis, «l′abord contagieux altérait son innocence». Dès lors la vie du jeune enfant avait changé. Il avait beau porter le pain et le sel, comme son chef de rang le lui commandait, tout son visage chantait: Se había dado quizás a sí mismo un motivo diciéndose: “La tierra está cubierta de pecadores”. Por más que así fuera y aunque el señor Nissim Bernard no esperase un plazo tan corto, desde el primer día,
De fleurs en fleurs, de plaisirs en plaisirs
Promenons nos désirs.
De nos ans passagers le nombre est incertain
Hâtons-nous aujourd′hui de jouir de la vie!
. . . L′honneur et les emplois
Sont le prix d′une aveugle et basse obéissance.
Pour la triste innocence
Qui voudrait élever la voix!
De flores en flores, de placeres en placeres,
paseemos nuestros deseos.
El número de nuestros años pasajeros es inseguro.
Apresurémonos a gozar la vida.
El honor y los empleos,
son el precio de una ciega y dulce obediencia.
Para la triste inocencia,
quién elevaría la voz.
Depuis ce jour-là, M. Nissim Bernard n′avait jamais manqué de venir occuper sa place au déjeuner (comme l′eût fait à l′orchestre quelqu′un qui entretient une figurante, une figurante celle-là d′un genre fortement caractérisé, et qui attend encore son Degas). C′était le plaisir de M. Nissim Bernard de suivre dans la salle à manger, et jusque dans les perspectives lointaines où, sous son palmier, trônait la caissière, les évolutions de l′adolescent empressé au service, au service de tous, et moins de M. Nissim Bernard depuis que celui-ci l′entretenait, soit que le jeune enfant de choeur ne crût pas nécessaire de témoigner la même amabilité à quelqu′un de qui il se croyait suffisamment aimé, soit que cet amour l′irritât ou qu′il craignît que, découvert, il lui fît manquer d′autres occasions. Mais cette froideur même plaisait à M. Nissim Bernard par tout ce qu′elle dissimulait; que ce fût par atavisme hébraî°µe ou par profanation du sentiment chrétien, il se plaisait singulièrement, qu′elle fût juive ou catholique, à la cérémonie racinienne. Si elle eût été une véritable représentation d′Esther ou d′Athalie M. Bernard eût regretté que la différence des siècles ne lui eût pas permis de connaître l′auteur, Jean Racine, afin d′obtenir pour son protégé un rôle plus considérable. Desde ese día el señor Nissim Bernard no había dejado de ocupar su lugar en el almuerzo (como lo hubiese hecho en la platea alguien que mantiene a una corista, corista esta de un estilo fuertemente característico y que aún espera su Degas). Era un placer para el señor Nissim Bernard seguir en el comedor y hasta las lejanas perspectivas en que dominaba la cajera bajo su palmera, las evoluciones del adolescente presuroso en el servicio, al servicio de todos y menos del señor Nissim Bernard desde que éste lo mantenía, sea que el joven monaguillo no creyese necesario probar la misma amabilidad a alguien de quien se creía suficientemente amado, sea que ese amor lo irritase o temiese que al ser descubierto le hiciera perder otras oportunidades. Pero esa misma frialdad gustaba al señor Nissim Bernard, por todo lo que disimulaba y ya fuese por atavismo hebraico o por profanación del sentimiento cristiano, se complacía singularmente en la ceremonia raciniana, judía o católica. De ser una verdadera representación de Esther o de Athalie, el señor Bernard habría lamentado que la diferencia de siglos no le permitiese conocer a Juan Racine, su autor, y conseguir para su protegido un papel más importante.
Mais la cérémonie du déjeuner n′émanant d′aucun écrivain, il se contentait d′être en bons termes avec le directeur et avec Aimé pour que le «jeune Israélite» fût promu aux fonctions souhaitées, ou de demi-chef, ou même de chef de rang. Celles du sommelier lui avaient été offertes. Mais M. Bernard l′obligea à les refuser, car il n′aurait plus pu venir chaque jour le voir courir dans la salle à manger verte et se faire servir par lui comme un étranger. Or ce plaisir était si fort que tous les ans M. Bernard revenait à Balbec et y prenait son déjeuner hors de chez lui, habitudes où M. Bloch voyait, dans la première un goût poétique pour la belle lumière, les couchers de soleil de cette côte préférée à toute autre; dans la seconde, une manie invétérée de vieux célibataire. Pero la ceremonia del almuerzo no emanaba de ningún escritor y se contentaba, por ende, manteniéndose en buenas relaciones con el director y con Aimé, por quien el “joven israelita” fuera promovido a las deseadas funciones de jefe segundo o de jefe de fila. Le habían ofrecido las de sumiller. Pero el señor Bernard lo obligó a rechazarlas porque ya no hubiese podido venir cada día a verlo corretear por el comedor verde, a que lo sirviera como un extraño. Y ese placer era tan fuerte que todos los años volvía el señor Bernard de Balbec y tomaba su almuerzo fuera de casa; costumbres en las que el señor Bloch veía, en la primera una afición poética por la hermosa luz y los crepúsculos de esa costa preferida a cualquier otra; en la segunda, una manía inveterada de viejo solterón.
A vrai dire, cette erreur des parents de M. Nissim Bernard, lesquels ne soupçonnaient pas la vraie raison de son retour annuel à Balbec et ce que la pédante Mme Bloch appelait ses découchages en cuisine, cette erreur était une vérité plus profonde et du second degré. Car M. Nissim Bernard ignorait lui-même ce qu′il pouvait entrer d′amour de la plage de Balbec, de la vue qu′on avait, du restaurant, sur la mer, et d′habitudes maniaques, dans le goût qu′il avait d′entretenir comme un rat d′opéra d′une autre sorte, à laquelle il manque encore un Degas, l′un de ses servants qui étaient encore des filles. Aussi M. Nissim Bernard entretenait-il avec le directeur de ce théâtre qu′était l′hôtel de Balbec, et avec le metteur en scène et régisseur Aimé— desquels le rôle en toute cette affaire n′était pas des plus limpides — d′excellentes relations. On intriguerait un jour pour obtenir un grand rôle, peut-être une place de maître d′hôtel. En attendant, le plaisir de M. Nissim Bernard, si poétique et calmement contemplatif qu′il fût, avait un peu le caractère de ces hommes à femmes qui savent toujours — Swann jadis, par exemple — qu′en allant dans le monde ils vont retrouver leur maîtresse. A peine M. Nissim Bernard serait-il assis qu′il verrait l′objet de ses voeux s′avancer sur la scène portant à la main des fruits ou des cigares sur un plateau. Aussi tous les matins, après avoir embrassé sa nièce, s′être inquiété des travaux de mon ami Bloch et donné à manger à ses chevaux des morceaux de sucre posés dans sa paume tendue, avait-il une hâte fébrile d′arriver pour le déjeuner au Grand-Hôtel. Il y eût eu le feu chez lui, sa nièce eût eu une attaque, qu′il fût sans doute parti tout de même. Aussi craignait-il comme la peste un rhume pour lequel il eût gardé le lit — car il était hypocondriaque — et qui eût nécessité qu′il fît demander à Aimé de lui envoyer chez lui, avant l′heure du goûter, son jeune ami. A decir verdad, ese error de los padres del señor Nissin Bernard, que no sospechaban la verdadera razón de su regreso anual a Balbec y lo que la pedante señora Bloch llamaba sus calaveradas de cocina, ese error era una verdad más profunda y de segundo grado. Porque el mismo señor Nissim Bernard ignoraba lo que su gusto de mantener a uno de sus sirvientes al que aún le faltaba su Degas podía contener de amor por la playa de Balbec, por la vista del mar que se tenía desde el restaurante y de costumbres maniáticas. Por eso el señor Nissim Bernard mantenía con el director de ese teatro que era el hotel de Balbec ycon el director escénico yrégisseur Aimé -cuyos papeles en todo este asunto no eran precisamente muy limpios excelentes relaciones. Algún día se hartan intrigas para obtener un gran papel, quizás un puesto de maître.21 Mientras tanto, el placer del señor Nissim Bernard, por poético y tranquilamente contemplativo que fuera, tenía algo de la característica de esos mujeriegos que siempre saben -el Swann de antaño por ejemplo que yendo por el mundo van a encontrar su amante. Apenas se sentara, el señor Nissim BerLibrodot Sodoma y Gomorra Marcel Proust nard vería que el objeto de sus anhelos avanzaba por el escenario llevando frutas en la mano o cigarros en una bandeja. Por eso todas las mañanas, después de besar a su sobrina, haberse preocupado por los trabajos de mi amigo Bloch y ofrecido a sus caballos terrones de azúcar en la palma de la mano, tenía una prisa febril por llegar al almuerzo del Gran Hotel. Aunque estallase un incendio en su casa o su sobrina sufriera un ataque, sin duda partiera lo mismo. Por eso temía tanto como a la peste a un resfrío que le hiciese guardar cama -porque era hipocondríaco-, y eso lo hubiese obligado a pedirle a Aimé que le mandara a su casa a su joven amigo antes de la hora de la merienda.
Il aimait d′ailleurs tout le labyrinthe de couloirs, de cabinets secrets, de salons, de vestiaires, de garde-manger, de galeries qu′était l′hôtel de Balbec. Par avatisme d′Oriental il aimait les sérails et, quand il sortait le soir, on le voyait en explorer furtivement les détours. Le gustaba, por otra parte, todo ese laberinto de pasillos, piezas secretas, salones, vestuarios, alacenas y galerías que era el hotel de Balbec. Por atavismo oriental, amaba los serrallos y cuando salía de noche se le veía explorar furtivamente los alrededores.
Tandis que, se risquant jusqu′aux sous-sols et cherchant malgré tout à ne pas être vu et à éviter le scandale, M. Nissim Bernard, dans sa recherche des jeunes lévites, faisait penser à ces vers de la Juive: Mientras, arriesgándose hasta los subsuelos y buscando, a pesar de todo, que no lo vieran para evitar así el escándalo, el señor Nissim Bernard, en su búsqueda de los jóvenes levitas, hacía pensar en estos versos de la Juive:
O Dieu de nos pères, Parmi nous descends, Cache nos mystères A l′oeil des méchants! ¡Oh, Dios de nuestros padres, desciende entre nosotros y oculta nuestros misterios a los ojos de los malvados!
Je montais au contraire dans la chambre de deux soeurs qui avaient accompagné à Balbec, comme femmes de chambre, une vieille dame étrangère. C′était ce que le langage des hôtels appelait deux courrières et celui de Françoise, laquelle s′imaginait qu′un courrier ou une courrière sont là pour faire des courses, deux «coursières». Les hôtels, eux, en sont restés, plus noblement, au temps où l′on chantait: «C′est un courrier de cabinet.» Yo subía, por el contrario, al cuarto de dos hermanas que hablan acompañado hasta Balbec como mucamas a una anciana extranjera. Era lo que en el lenguaje de los hoteles se llamaban dos mensajeras y en el de Francisca, que suponía que un mensajero o una mensajera están ahí para hacer mandados, dos mandaderas. Los hoteles, en cambio, se estacionaron con más nobleza en los tiempos en que se cantaba: “Es un mensajero de gabinete”.
Malgré la difficulté qu′il y avait pour un client à aller dans des chambres de courrières, et réciproquement, je m′étais très vite lié d′une amitié très vive, quoique très pure, avec ces deux jeunes personnes, Mlle Marie Gineste et Mme Céleste Albaret. Nées au pied des hautes montagnes du centre de la France, au bord de ruisseaux et de torrents (l′eau passait même sous leur maison de famille où tournait un moulin et qui avait été dévastée plusieurs fois par l′inondation), elles semblaient en avoir gardé la nature. Marie Gineste était plus régulièrement rapide et saccadée, Céleste Albaret plus molle et languissante, étalée comme un lac, mais avec de terribles retours de bouillonnement où sa fureur rappelait le danger des crues et des tourbillons liquides qui entraînent tout, saccagent tout. Elles venaient souvent, le matin, me voir quand j′étais encore couché. Je n′ai jamais connu de personnes aussi volontairement ignorantes, qui n′avaient absolument rien appris à l′école, et dont le langage eût pourtant quelque chose de si littéraire que, sans le naturel presque sauvage de leur ton, on aurait cru leurs paroles affectées. Avec une familiarité que je ne retouche pas, malgré les éloges (qui ne sont pas ici pour me louer, mais pour louer le génie étrange de Céleste) et les critiques, également fausses, mais très sincères, que ces propos semblent comporter à mon égard, tandis que je trempais des croissants dans mon lait, Céleste me disait: «Oh! petit diable noir aux cheveux de geai, ô profonde malice! je ne sais pas à quoi pensait votre mère quand elle vous a fait, car vous avez tout d′un oiseau. Regarde, Marie, est-ce qu′on ne dirait pas qu′il se lisse ses plumes, et tourne son cou avec une souplesse, il a l′air tout léger, on dirait qu′il est en train d′apprendre à voler. Ah! vous avez de la chance que ceux qui vous ont créé vous aient fait naître dans le rang des riches; qu′est-ce que vous seriez devenu, gaspilleur comme vous êtes. Voilà qu′il jette son croissant parce qu′il a touché le lit. Allons bon, voilà qu′il répand son lait, attendez que je vous mette une serviette car vous ne sauriez pas vous y prendre, je n′ai jamais vu quelqu′un de si bête et de si maladroit que vous.» On entendait alors le bruit plus régulier de torrent de Marie Gineste qui, furieuse, faisait des réprimandes à sa soeur: «Allons, Céleste, veux-tu te taire? Es-tu pas folle de parler à Monsieur comme cela?» Céleste n′en faisait que sourire; et comme je détestais qu′on m′attachât une serviette: «Mais non, Marie, regarde-le, bing, voilà qu′il s′est dressé tout droit comme un serpent. Un vrai serpent, je te dis.» Elle prodiguait, du reste, les comparaisons zoologiques, car, selon elle, on ne savait pas quand je dormais, je voltigeais toute la nuit comme un papillon, et le jour j′étais aussi rapide que ces écureuils, «tu sais, Marie, comme on voit chez nous, si agiles que même avec les yeux on ne peut pas les suivre. — Mais, Céleste, tu sais qu′il n′aime pas avoir une serviette quand il mange. — Ce n′est pas qu′il n′aime pas ça, c′est pour bien dire qu′on ne peut pas lui changer sa volonté. C′est un seigneur et il veut montrer qu′il est un seigneur. On changera les draps dix fois s′il le faut, mais il n′aura pas cédé. Ceux d′hier avaient fait leur course, mais aujourd′hui ils viennent seulement d′être mis, et déjà il faudra les changer. Ah! j′avais raison de dire qu′il n′était pas fait pour naître parmi les pauvres. Regarde, ses cheveux se hérissent, ils se boursouflent par la colère comme les plumes des oiseaux. Pauvre ploumissou!» Ici ce n′était pas seulement Marie qui protestait, mais moi, car je ne me sentais pas seigneur du tout. A pesar de las dificultades que tenía un cliente para ir a los cuartos de las mensajeras y viceversa, me había vinculado rápida jóvenes, la señorita María Gineste y la señora Celeste Albaret. Nacidas al pie de las altas montañas del centro de Francia, al borde de los arroyos y los torrentes (el agua llegaba a pasar debajo de sus casas natales, donde giraba un molino y lo destrozara varias veces una inundación), parecían haber conservado su naturaleza. María Gineste era más regularmente rápida y jadeante, Celeste Albaret, más blanda y más lánguida, desparramada como un lago, pero con unos terribles retornos de barboteo en que su furor recordaba el peligro de las crecidas yde los líquidos torbellinos que todo lo arrastran ytodo lo saquean. Venían a menudo a verme por la mañana cuando estaba aún acostado. Nunca he conocido a personas más voluntariosamente ignorantes que no habían aprendido nada en absoluto en la escuela y cuyo lenguaje tuviese, sin embargo, algo tan literario que sin la naturalidad casi salvaje de su tono pudiera suponerse que sus palabras eran afectadas. Con una familiaridad que no retoco, a pesar de los elogios (que no están aquí para alabarme a mí, sino al extraño genio de Celeste) y las críticas igualmente falsas pero muy sinceras que esos conceptos parecían merecerme, mientras mojaba medialunas en la leche, Celeste me decía: “-¡Oh diablito negro de cabellos de arrendajo, oh profunda malicia! No sé en qué pensaba su madre cuando lo hacía, porque lo tiene todo de un pájaro. Mira, María: ¿no parece que se está alisando las plumas y gira su cuello con elasticidad? Parece liviano y uno diría que está por aprender a volar. ¡Ah!, usted tiene suerte que los que lo han criado lo hayan hecho nacer entre los ricos; qué hubiera sido de usted, derrochador como lo es. Ahí tira su medialuna porque ha tocado la cama. Vamos, ahora derrama la leche y espera que le ponga una servilleta, porque no sabrá arreglárselas; nunca vi a nadie tan tonto y tan torpe como usted.” Se oía entonces el ruido más regular de torrente de María Gineste, que furiosa reprimía a su hermana: “-Vamos, Celeste, ¿vas a callarte? ¿No estás loca de hablarle así al señor?” Celeste no hacía sino sonreír; y como detesto que me pongan servilleta: “-Pero no, María; míralo, ¡bing!, ahora se ha erguido, recto como una serpiente. Una verdadera serpiente, te digo”. Prodigaba, por otra parte, las comparaciones zoológicas, porque según ella no se sabía cuándo dormía, revoloteaba toda la noche como una mariposa y durante el día era tan veloz como una ardilla. “-¿Sabes, María? Como las que se ven por casa, tan ágiles que ni con los ojos puede uno seguirlas”. “-Pero, Celeste, ya sabes que no le gusta tener una servilleta cuando come.” “-No es que no le guste; es para asegurar que no se le tuerce la voluntad. Es un señor, y quiere demostrar que es un señor. Le cambiarán diez veces las sábanas si es necesario, pero no cederá. Las de ayer ya hablan hecho lo suyo, pero hoy acaban de ponerlas y ya habrá que cambiarlas. ¡Ah, yo tenía razón al decir que no ha sido hecho para nacer entre los pobres! Mira, se le erizan los cabellos y se le hinchan de indignación como plumas de ave. Pobre ploumissou. Aquí ya no era María quien protestaba, sino yo, porque no me sentía señor en absoluto.
Mais Céleste ne croyait jamais à la sincérité de ma modestie et, me coupant la parole: «Ah! sac à ficelles, ah! douceur, ah! perfidie! rusé entre les rusés, rosse des rosses! Ah! Molière!» (C′était le seul nom d′écrivain qu′elle connût, mais elle me l′appliquait, entendant par là quelqu′un qui serait capable à la fois de composer des pièces et de les jouer.) «Céleste!» criait impérieusement Marie qui, ignorant le nom de Molière, craignait que ce ne fût une injure nouvelle. Céleste se remettait à sourire: «Tu n′as donc pas vu dans son tiroir sa photographie quand il était enfant? Il avait voulu nous faire croire qu′on l′habillait toujours très simplement. Et là, avec sa petite canne, il n′est que fourrures et dentelles, comme jamais prince n′a eues. Mais ce n′est rien à côté de son immense majesté et de sa bonté encore plus profonde. — Alors, grondait le torrent Marie, voilà que tu fouilles dans ses tiroirs maintenant.» Pour apaiser les craintes de Marie je lui demandais ce qu′elle pensait de ce que M. Nissim Bernard faisait. «Ah! Monsieur, c′est des choses que je n′aurais pas pu croire que ça existait: il a fallu venir ici» et, damant pour une fois le pion à Céleste par une parole plus profonde: «Ah! voyez-vous, Monsieur, on ne peut jamais savoir ce qu′il peut y avoir dans une vie.» Pour changer le sujet, je lui parlais de celle de mon père, qui travaillait nuit et jour. «Ah! Monsieur, ce sont des vies dont on ne garde rien pour soi, pas une minute, pas un plaisir; tout, entièrement tout est un sacrifice pour les autres, ce sont des vies données. — Regarde, Céleste, rien que pour poser sa main sur la couverture et prendre son croissant, quelle distinction! il peut faire les choses les plus insignifiantes, on dirait que toute la noblesse de France, jusqu′aux Pyrénées, se déplace dans chacun de ses mouvements.» Pero Celeste nunca creía en la sinceridad de mi modestia y cortándome la palabra: “-¡Ah pícaro, ah dulzura, ah perfidia, astuto entre los astutos, canalla entre los canallas! ¡Ah, Molière!” (Era el único nombre de escritor que conocía, pero me lo aplicaba entendiendo por él a alguien capaz de componer piezas y representarlas a un tiempo) “-¡Celeste!, gritaba imperiosamente María, que ignoraba el nombre de Molière y temía que fuese una nueva injuria. Celeste volvía a sonreír: “-No has visto en su cajón su fotografía cuando chico. Había querido hacernos creer que lo vestían siempre muy sencillamente. Y ahí, con su bastoncito, no es más que pieles y puntillas, como nunca las tuvo príncipe alguno. Pero no es nada al lado de su inmensa majestad y su bondad aún más profunda”. “- Entonces -gruñía el torrente- María, ahora le hurgas los cajones.” Para apaciguar los temores de María, le preguntaba su opinión acerca de lo que hacía el señor Nissim Bernard... “-¡Ah, señor!, son cosas que no podía creer que existieran: hemos tenido que venir aquí -y birlándole el peón por una vez a Celeste con una palabra más honda-: ¡Ah!, vea usted, señor, nunca podrá saberse lo que puede haber en una vida.” Para cambiar de tema, le hablaba de la de mi padre, que trabajaba noche y día. “-¡Ah, señor!, son vidas que no guardan nada para sí, ni un minuto, ni un placer; todo enteramente todo, es un sacrificio para los demás; son vidas donadas.” “-Mira, Celeste; sólo para poner la mano sobre su frazada y tomar su medialuna, ¡qué distinción! Puede hacer las cosas más insignificantes: parece que toda la nobleza de Francia hasta los Pirineos, se desplaza en cada uno de sus movimientos.”
Anéanti par ce portrait si peu véridique, je me taisais; Céleste voyait là une ruse nouvelle: «Ah! front qui as l′air si pur et qui caches tant de choses, joues amies et fraîches comme l′intérieur d′une amande, petites mains de satin tout pelucheux, ongles comme des griffes», etc. «Tiens, Marie, regarde-le boire son lait avec un recueillement qui me donne envie de faire ma prière. Quel air sérieux! On devrait bien tirer son portrait en ce moment. Il a tout des enfants. Est-ce de boire du lait comme eux qui vous a conservé leur teint clair? Ah! jeunesse! ah! jolie peau! Vous ne vieillirez jamais. Vous avez de la chance, vous n′aurez jamais à lever la main sur personne car vous avez des yeux qui savent imposer leur volonté. Et puis le voilà en colère maintenant. Il se tient debout, tout droit comme une évidence.» Aniquilado por ese retrato tan poco verídico, yo me callaba; Celeste veía en ello una nueva astucia: “-¡Ah!, frente que pareces tan pura yocultas tantas cosas, mejillas amigas yfrescas como el interior de una almendra, pequeñas manos de satén peludo, uñas como garras, etc. Mira, María, cómo bebe su leche con un recogimiento que me dan ganas de rezar. ¡Qué seriedad! Deberían retratarlo en este momento. Tiene todo de los niños. ¿Será por beber leche como ellos que ha conservado su tez clara? ¡Ah, juventud! ¡Ah, bella piel! Nunca envejecerá. Tiene suerte usted: nunca tendrá que alzarle la mano a nadie porque tiene ojos que saben imponer su voluntad. Y ahora se ha enojado. Está de pie, erguido como una evidencia.”
Françoise n′aimait pas du tout que celles qu′elle appelait les deux enjôleuses vinssent ainsi tenir conversation avec moi. Le directeur, qui faisait guetter par ses employés tout ce qui se passait, me fit même observer gravement qu′il n′était pas digne d′un client de causer avec des courrières. Moi qui trouvais les «enjôleuses» supérieures à toutes les clientes de l′hôtel, je me contentai de lui éclater de rire au nez, convaincu qu′il ne comprendrait pas mes explications. Et les deux soeurs revenaient. «Regarde, Marie, ses traits si fins. O miniature parfaite, plus belle que la plus précieuse qu′on verrait sous une vitrine, car il a les mouvements, et des paroles à l′écouter des jours et des nuits.» A Francisca no le gustaba para nada que aquellas a quienes llamaba las dos zalameras viniesen a conversar en esa forma conmigo. El director, que hacía vigilar todo lo que sucedía por sus empleados, hasta llenó a observarme gravemente que no era digno de un cliente conversar con mensajeras. Yo, a quien las zalameras parecían superiores a todas las clientas del hotel, me contenté con reírle en las barbas, convencido de que no comprendería mis explicaciones. Y las dos hermanas volvían. “-Mira, María, ¡qué rasgos tan finos! ¡Oh, perfecta miniatura, más hermosa que la más preciosa conservada bajo vidrio, porque tiene los movimientos ypalabras para oírlo los días ylas noches!”
C′est miracle qu′une dame étrangère ait pu les emmener, car, sans savoir l′histoire ni la géographie, elles détestaient de confiance les Anglais, les Allemands, les Russes, les Italiens, la «vermine» des étrangers et n′aimaient, avec des exceptions, que les Français. Leur figure avait tellement gardé l′humidité de la glaise malléable de leurs rivières, que, dès qu′on parlait d′un étranger qui était dans l′hôtel, pour répéter ce qu′il avait dit Céleste et Marie appliquaient sur leurs figures sa figure, leur bouche devenait sa bouche, leurs yeux ses yeux, on aurait voulu garder ces admirables masques de théâtre. Céleste même, en faisant semblant de ne redire que ce qu′avait dit le directeur, ou tel de mes amis, insérait dans son petit récit des propos feints où étaient peints malicieusement tous les défauts de Bloch, ou du premier président, etc., sans en avoir l′air. C′était, sous la forme de compte rendu d′une simple commission dont elle s′était obligeamment chargée, un portrait inimitable. Elles ne lisaient jamais rien, pas même un journal. Un jour pourtant, elles trouvèrent sur mon lit un volume. C′étaient des poèmes admirables mais obscurs de Saint-Léger Léger. Céleste lut quelques pages et me dit: «Mais êtes-vous bien sûr que ce sont des vers, est-ce que ce ne serait pas plutôt des devinettes?» Évidemment pour une personne qui avait appris dans son enfance une seule poésie: Ici-bas tous les lilas meurent, il y avait manque de transition. Je crois que leur obstination à ne rien apprendre tenait un peu à leur pays malsain. Elles étaient pourtant aussi douées qu′un poète, avec plus de modestie qu′ils n′en ont généralement. Car si Céleste avait dit quelque chose de remarquable et que, ne me souvenant pas bien, je lui demandais de me le rappeler, elle assurait avoir oublié. Elles ne liront jamais de livres, mais n′en feront jamais non plus. Es un milagro que una dama extranjera hubiese podido llevarlas, porque sin saber historia ni geografía, odiaban en confianza a los ingleses, los alemanes, los rusos, los italianos y la gentuza de los extranjeros y no querían, con excepciones, sino a los franceses. Sus rostros hablan conservado a tal punto la humedad de la maleable arcilla de sus arroyos que en cuanto se hablaba de un extranjero que estaba en el hotel, para repetir lo que había dicho, Celeste y María aplicaban su cara a las suyas, su boca se convertía en su boca,, sus ojos en sus ojos. Uno hubiera querido conservar tan admirables máscaras teatrales. La misma Celeste, al fingir que sólo repetía lo que había dicho el director o alguno de mis amigos, insertaba en su pequeño relato conceptos fingidos en los que se encontraban maliciosamente pintados todos los defectos de Bloch o los del presidente primero etc., sin aparentarlo. Bajo la apariencia del resumen de un sencillo menester de que se había hecho cargo amablemente, era un retrato inimitable. Nunca leían nada ni siquiera un diario. Un día, sin embargo, me encontraron un volumen sobre la cama. Eran poemas admirables, pero oscuros, de Saint-Léger Léger. Celeste leyó algunas páginas, y me dijo: “-¿Está seguro de que son versos? ¿No serán más bien adivinanzas?” Evidentemente, para una persona que en su infancia había aprendido una sola poesía: Aquí abajo se mueren todas las lilas, faltaba cierta transición. Creo que su obstinación en no aprender nada dependía de su terruño insalubre. Estaban, sin embargo, tan dotadas como un poeta, con más modestia de la que tienen en general. Porque si dijera Celeste algo notable y al no recordarlo bien, le pedía yo que lo repitiera, aseguraba que lo había olvidado. Nunca leerán libros, pero tampoco los escribirán.
Françoise fut assez impressionnée en apprenant que les deux frères de ces femmes si simples avaient épousé, l′un la nièce de l′archevêque de Tours, l′autre une parente de l′évêque de Rodez. Au directeur, cela n′eût rien dit. Céleste reprochait quelquefois à son mari de ne pas la comprendre, et moi je m′étonnais qu′il pût la supporter. Car à certains moments, frémissante, furieuse, détruisant tout, elle était détestable. On prétend que le liquide salé qu′est notre sang n′est que la survivance intérieure de l′élément marin primitif. Je crois de même que Céleste, non seulement dans ses fureurs, mais aussi dans ses heures de dépression, gardait le rythme des ruisseaux de son pays. Quand elle était épuisée, c′était à leur manière; elle était vraiment à sec. Rien n′aurait pu alors la revivifier. Puis tout d′un coup la circulation reprenait dans son grand corps magnifique et léger. L′eau coulait dans la transparence opaline de sa peau bleuâtre. Elle souriait au soleil et devenait plus bleue encore. Dans ces moments-là elle était vraiment céleste. Francisca se impresionó bastante al saber que los dos hermanos de esas mujeres tan sencillas se habían casado, uno con la sobrina del arzobispo de Tours, el otro con una parienta del obispo de Rodez. Al director eso no le hubiese llamado la atención. Celeste le reprochaba a veces a su marido que no la comprendiera y a mí me asombraba que pudiese soportarla. Porque en ciertos momentos, estremecida, furiosa y destruyéndolo todo, era odiosa. Se asegura que el líquido salado que constituye nuestra sangre no es más que la supervivencia interior del elemento marino primitivo. Creo en la misma forma que Celeste conservaba no solamente el ritmo de los arroyos del terruño en sus furores, sino en sus horas de depresión. Cuando se agotaba, era a su modo: quedaba verdaderamente en seco. Nada hubiera podido entonces revivirla. Y de pronto la circulación volvía a su alto cuerpo magnifico y liviano. El agua corría por la trasparencia opalina de su piel azulada. En esos momentos se ponía verdaderamente celeste.
La famille de Bloch avait beau n′avoir jamais soupçonné la raison pour laquelle son oncle ne déjeunait jamais à la maison et avoir accepté cela dès le début comme une manie de vieux célibataire, peut-être pour les exigences d′une liaison avec quelque actrice, tout ce qui touchait à M. Nissim Bernard était «tabou» pour le directeur de l′hôtel de Balbec. Et voilà pourquoi, sans en avoir même référé à l′oncle, il n′avait finalement pas osé donner tort à la nièce, tout en lui recommandant quelque circonspection. Or la jeune fille et son amie qui, pendant quelques jours, s′étaient figurées être exclues du Casino et du Grand-Hôtel, voyant que tout s′arrangeait, furent heureuses de montrer à ceux des pères de famille qui les tenaient à l′écart qu′elles pouvaient impunément tout se permettre. Sans doute n′allèrent-elles pas jusqu′à renouveler la scène publique qui avait révolté tout le monde. Mais peu à peu leurs façons reprirent insensiblement. Et un soir où je sortais du Casino à demi éteint, avec Albertine, et Bloch que nous avions rencontré, elles passèrent enlacées, ne cessant de s′embrasser, et, arrivées à notre hauteur, poussèrent des gloussements, des rires, des cris indécents. Bloch baissa les yeux pour ne pas avoir l′air de reconnaître sa soeur, et moi j′étais torturé en pensant que ce langage particulier et atroce s′adressait peut-être à Albertine. Por más que la familia de Bloch nunca hubiese sospechado el motivo por el cual su tío no almorzaba nunca en casa y lo aceptara desde un principio como una manía de viejo solterón que se debía quizás a las exigencias de sus relaciones con alguna actriz, todo lo que concernía al señor Nissim Bernard era tabú para el director del hotel de Balbec. Y he aquí por qué, sin siquiera haberlo comentado con el tío, no se había atrevido finalmente a echarle la culpa ala sobrina, recomendándole, sin embargo, alguna circunspección. Y cuando la muchacha y su amiga que durante algunos rifas se habían imaginado excluidas del casino y del Grand-Hotel- vieron que todo se arreglaba, se sintieron felices al poder mostrarles a aquellos padres de familia que las hacían a un lado, que podían permitirse impunemente cualquier cosa. Sin duda, no negaron hasta repetir la escena pública que había sublevado a todos; pero poco a poco sus modales volvieron insensiblemente. Y una noche que yo salía del casino semiapagado con Albertina y Bloch, a quien habíamos encontrado, pasaron abrazadas, sin dejar de besarse, y llegando hasta donde estábamos, lanzaron cloqueos, risas y gritos indecentes. Bloch bajó la mirada para no aparentar que reconocía a su hermana y yo me torturé pensando que ese lenguaje atroz y particular se dirigía quizás a Albertina.
Un autre incident fixa davantage encore mes préoccupations du côté de Gomorrhe. J′avais vu sur la plage une belle jeune femme élancée et pâle de laquelle les yeux, autour de leur centre, disposaient des rayons si géométriquement lumineux qu′on pensait, devant son regard, à quelque constellation. Je songeais combien cette jeune femme était plus belle qu′Albertine et comme il était plus sage de renoncer à l′autre. Tout au plus le visage de cette belle jeune femme était-il passé au rabot invisible d′une grande bassesse de vie, de l′acceptation constante d′expédients vulgaires, si bien que ses yeux, plus nobles pourtant que le reste du visage, ne devaient rayonner que d′appétits et de désirs. Or, le lendemain, cette jeune femme étant placée très loin de nous au Casino, je vis qu′elle ne cessait de poser sur Albertine les feux alternés et tournants de ses regards. On eût dit qu′elle lui faisait des signes comme à l′aide d′un phare. Je souffrais que mon amie vît qu′on faisait si attention à elle, je craignais que ces regards incessamment allumés n′eussent la signification conventionnelle d′un rendez-vous d′amour pour le lendemain. Qui sait? ce rendez-vous n′était peut-être pas le premier. La jeune femme aux yeux rayonnants avait pu venir une autre année à Balbec. C′était peut-être parce qu′Albertine avait déjà cédé à ses désirs ou à ceux d′une amie que celle-ci se permettait de lui adresser ces brillants signaux. Ils faisaient alors plus que réclamer quelque chose pour le présent, ils s′autorisaient pour cela des bonnes heures du passé. Otro incidente fijó aún más mis preocupaciones del lado de Gomorra. Había visto en la playa a una hermosa joven esbelta y pálida cuyos ojos, alrededor de su centro, disponían de rayos tan geométricamente luminosos que ante su mirada uno pensaba en una constelación. Pensaba que esa muchacha era más hermosa que Albertina y que sería mucho más sensato renunciar a la obra. A lo sumo, el rostro de esa hermosa muchacha había sido pulido por la garlopa invisible de una vida sumamente baja, por la permanente aceptación de recursos vulgares a tal punto que sus ojos más nobles sin embargo que el resto del semblante, no debían irradiar sino apetitos y deseos. Y al día siguiente, puesto que esa muchacha estaba ubicada en el casino muy lejos de nosotros, vi que no dejaba de posar sobre Albertina los fuegos alternados y giratorios de sus miradas. Parecía que le hacía señales, como quien utiliza un faro. Sufría al pensar que mi amiga pudiese advertir que le hacían tanto caso y temía que esas miradas incesantemente encendidas no tuviesen el significado convencional de una cita de amor para el día siguiente. ¿Quién sabe? A lo mejor, esa cita era la primera. La joven de los ojos radiantes pudo haber venido otro año a Balbec. Era quizás porque Albertina ya cediera a sus deseos o a los de una amiga que ésta se permitía dirigirle tan brillantes señales. Hacían entonces algo más que reclamar algo para el presente; se autorizaban para ello por los buenos momentos del pasado.
Ce rendez-vous, en ce cas, ne devait pas être le premier, mais la suite de parties faites ensemble d′autres années. Et, en effet, les regards ne disaient pas: «Veux-tu?» Dès que la jeune femme avait aperçu Albertine, elle avait tourné tout à fait la tête et fait luire vers elle des regards chargés de mémoire, comme si elle avait eu peur et stupéfaction que mon amie ne se souvînt pas. Albertine, qui la voyait très bien, resta flegmatiquement immobile, de sorte que l′autre, avec le même genre de discrétion qu′un homme qui voit son ancienne maîtresse avec un autre amant, cessa de la regarder et de s′occuper plus d′elle que si elle n′avait pas existé. En tal caso esa cita no debía ser la primera, sino la continuación de reuniones realizadas juntas en años anteriores. Y efectivamente, las miradas no decían: “¿Quieres?” En cuanto la joven advirtió a Albertina, había girado del todo su cabeza y hecho relucir ante ella miradas cargadas de recuerdo, como si temiese y le asombrase que su amiga no recordara. Albertina, que la veía muy bien, permaneció flemáticamente inmóvil, de manera que la otra con la misma clase de discreción de un hombre que ve a su antigua querida con otro amante, deja de mirarla y después ya no se ocupa de ella, como si no hubiese existido.
Mais quelques jours après, j′eus la preuve des goûts de cette jeune femme et aussi de la probabilité qu′elle avait connu Albertine autrefois. Souvent, quand, dans la salle du Casino, deux jeunes filles se désiraient, il se produisait comme un phénomène lumineux, une sorte de traînée phosphorescente allant de l′une à l′autre. Disons en passant que c′est à l′aide de telles matérialisations, fussent-elles impondérables, par ces signes astraux enflammant toute une partie de l′atmosphère, que Gomorrhe, dispersée, tend, dans chaque ville, dans chaque village, à rejoindre ses membres séparés, à reformer la cité biblique tandis que, partout, les mêmes efforts sont poursuivis, fût-ce en vue d′une reconstruction intermittente, par les nostalgiques, par les hypocrites, quelquefois par les courageux exilés de Sodome. Pero algunos días después tuve la prueba de las aficiones de esta joven y también de la probabilidad de que antes hubiera conocido a Albertina. A menudo, cuando dos muchachas se deseaban, en la sala del casino se producía algo así como un fenómeno luminoso, una especie de rastro fosforescente que iba de una a otra. Digamos de paso que es por medio de semejantes materializaciones, aunque imponderables; por esos signos astrales que inflamaban toda una porción de la atmósfera, que Gomorra, dispersa, tiende en cada ciudad yen cada aldea a reunir sus miembros separados yreformar la ciudad bíblica, mientras que en todas partes persiguen los mismos esfuerzos, aunque sea en vista de una reconstrucción intermitente, los nostálgicos, los hipócritas y a veces los valientes exilados de Sodoma.
Une fois je vis l′inconnue qu′Albertine avait eu l′air de ne pas reconnaître, juste à un moment où passait la cousine de Bloch. Les yeux de la jeune femme s′étoilèrent, mais on voyait bien qu′elle ne connaissait pas la demoiselle israélite. Elle la voyait pour la première fois, éprouvait un désir, guère de doutes, nullement la même certitude qu′à l′égard d′Albertine, Albertine sur la camaraderie de qui elle avait dû tellement compter que, devant sa froideur, elle avait ressenti la surprise d′un étranger habitué de Paris mais qui ne l′habite pas et qui, étant revenu y passer quelques semaines, à la place du petit théâtre où il avait l′habitude de passer de bonnes soirées, voit qu′on a construit une banque. Una vez vi a la desconocida que Albertina había aparentado desconocer en el preciso momento en que pasaba la prima de Bloch. Los ojos de la joven se estrellaron, pero ya se veía que no conocía a la señorita judía. La veía por primera vez; experimentaba un deseo, ninguna duda, de ninguna manera la misma certidumbre que con respecto a Albertina; Albertina, acerca de cuya camaradería había debido contar a tal punto que ante su frialdad experimentara la sorpresa de un extranjero habituado a París pero que no lo habita y que al volver a pasar algunas semanas, en lugar del teatrito donde tenía costumbre de pasar buenas veladas, comprueba que han construido un banco.
La cousine de Bloch alla s′asseoir à une table où elle regarda un magazine. Bientôt la jeune femme vint s′asseoir d′un air distrait à côté d′elle. Mais sous la table on aurait pu voir bientôt se tourmenter leurs pieds, puis leurs jambes et leurs mains qui étaient confondues. Les paroles suivirent, la conversation s′engagea, et le namari de la jeune femme, qui la cherchait partout, fut étonné de la trouver faisant des projets pour le soir même avec une jeune fille qu′il ne connaissait pas. Sa femme lui présenta comme une amie d′enfance la cousine de Bloch, sous un nom inintelligible, car elle avait oublié de lui demander comment elle s′appelait. Mais la présence du mari fit faire un pas de plus à leur intimité, car elles se tutoyèrent, s′étant connues au couvent, incident dont elles rirent fort plus tard, ainsi que du mari berné, avec une gaieté qui fut une occasion de nouvelles tendresses. La prima de Bloch fue a sentarse a una mesa, donde hojeó un magazine. Pronto la joven se sentó distraídamente junto a ella. Pero podían haberse visto, bajo la mesa, sus pies que se atormentaban, luego las piernas y las manos que se confundían. Siguieron las palabras, se trabó la conversación, y el cándido marido de la joven, que la estaba buscando por todos lados, se extrañó al encontrarla haciendo proyectos para esa misma noche con una muchacha que él no conocía. Su mujer le presentó a la prima de Bloch, como una amiga de infancia, bajo un nombre ininteligible, porque se habla olvidado de preguntarle cómo se llamaba. Pero la presencia del marido le hizo avanzar un paso a su intimidad, porque se tutearon, ya que se habían conocido en el convento, incidente del que más tarde se rieron mucho, así como del marido tonto, con una alegría que fue motivo de nuevas ternuras.
Quant à Albertine, je ne peux pas dire que nulle part, au Casino, sur la plage, elle eût avec une jeune fille des manières trop libres. Je leur trouvais même un excès de froideur et d′insignifiance qui semblait plus que de la bonne éducation, une ruse destinée à dépister les soupçons. A telle jeune fille, elle avait une façon rapide, glacée et décente, de répondre à très haute voix: «Oui, j′irai vers cinq heures au tennis. Je prendrai mon bain demain matin vers huit heures», et de quitter immédiatement la personne à qui elle venait de dire cela — qui avait un terrible air de vouloir donner le change, et soit de donner un rendez-vous, soit plutôt, après l′avoir donné bas, de dire fort cette phrase, en effet insignifiante, pour ne pas «se faire remarquer». Et quand ensuite je la voyais prendre sa bicyclette et filer à toute vitesse, je ne pouvais m′empêcher de penser qu′elle allait rejoindre celle à qui elle avait à peine parlé. En cuanto a Albertina, no puedo decir que sus modales fueran demasiado libres con alguna muchacha, en ninguna parte, en la playa o el casino. Hasta eran tan excesivamente fríos e insignificantes que antes que buena educación parecían una astucia destinada a disipar sospechas. Tenía una manera de contestarle a una determinada muchacha en voz muy alta, rápida, helada y decentemente: “-Sí, iré al tenis a eso de las cinco. Me bañaré mañana por la mañana a eso de las ocho”, abandonando inmediatamente la persona a la que acababa de decirle eso, a quien parecía querer despistar terriblemente y ya sea concertar una cita, ya sea más bien después de haberla concertado en voz baja, decir en voz alta esta frase, efectivamente insignificante para no hacerse notar. Y cuando la veía tomar luego su bicicleta ycorrer a toda velocidad, no podía dejar de pensar que iba a reunirse con aquella a quien apenas hablara.
Tout au plus, lorsque quelque belle jeune femme descendait d′automobile au coin de la plage, Albertine ne pouvait-elle s′empêcher de se retourner. Et elle expliquait aussitôt: «Je regardais le nouveau drapeau qu′ils ont mis devant les bains. Ils auraient pu faire plus de frais. L′autre était assez miteux. Mais je crois vraiment que celui-ci est encore plus moche.» A lo sumo, cuando alguna hermosa joven bajaba del automóvil en un rincón de la playa, Albertina no podía dejar de darse vuelta. Y explicaba enseguida: “-Estaba mirando la nueva bandera que han puesto delante de los baños. Podían haber hecho algo mejor. La otra estaba bastante apolillada. Pero me parece que en verdad esa está bastante mal”.
Une fois Albertine ne se contenta pas de la froideur et je n′en fus que plus malheureux. Elle me savait ennuyé qu′elle pût quelquefois rencontrer une amie de sa tante, qui avait «mauvais genre» et venait quelquefois passer deux ou trois jours chez Mme Bontemps. Gentiment, Albertine m′avait dit qu′elle ne la saluerait plus. Et quand cette femme venait à Incarville, Albertine disait: A propos, vous savez qu′elle est ici. Est-ce qu′on vous l′a dit?» comme pour me montrer qu′elle ne la voyait pas en cachette. Un jour qu′elle me disait cela elle ajouta: «Oui je l′ai rencontrée sur la plage et exprès, par grossièreté, je l′ai presque frôlée en passant, je l′ai bousculée.» Quand Albertine me dit cela il me revint à la mémoire une phrase de Mme Bontemps à laquelle je n′avais jamais repensé, celle où elle avait dit devant moi à Mme Swann combien sa nièce Albertine était effrontée, comme si c′était une qualité, et comment elle avait dit à je ne sais plus quelle femme de fonctionnaire que le père de celle-ci avait été marmiton. Mais une parole de celle que nous aimons ne se conserve pas longtemps dans sa pureté; elle se gâte, elle se pourrit. Un ou deux soirs après, je repensai à la phrase d′Albertine, et ce ne fut plus la mauvaise éducation dont elle s′enorgueillissait — et qui ne pouvait que me faire sourire — qu′elle me sembla signifier, c′était autre chose, et qu′Albertine, même peut-être sans but précis, pour irriter les sens de cette dame ou lui rappeler méchamment d′anciennes propositions, peut-être acceptées autrefois, l′avait frôlée rapidement, pensait que je l′avais appris peut-être, comme c′était en public, et avait voulu d′avance prévenir une interprétation défavorable. Cierta vez no le bastó a Albertina la frialdad, y eso no me hizo sino más desgraciado. Me sabía fastidiado porque encontraba a veces a una amiga de su tía que tenía mala apariencia y solfa pasar dos o tres días en casa de la señora de Bontemps. Amablemente, Albertina me había dicho que no volvería a saludarla. Y cuando esa mujer iba a Incarville, Albertina decía: “-A propósito, usted debe saber que está aquí. ¿Se lo han dicho?”, como para probarme que no la veía a hurtadillas. Un día, al decírmelo, agregó: “-Sí, la he encontrado en la playa y ex profeso, por pura grosería, casi la rocé empujándola al pasar.” Cuando Albertina me dijo eso, volvió a mi memoria una frase de la señora de Bontemps, en la que nunca había vuelto a pensar, cuando dijera delante de mí a la señora Swann, hasta qué punto era desvergonzada Albertina, como si fuese una cualidad y como le había dicho a no recuerdo ya qué esposa de funcionario, que el padre de ésta había sido marmitón. Pero una palabra de la que amamos no se conserva mucho tiempo en su pureza; se gasta y se pudre. Una o dos noches después, volví a pensar en la frase de Albertina, y ya no fue más esa mala educación que la enorgullecía y que no podía sino hacerme sonreír. Lo que pareció significarme, era otra cosa, y es que Albertina, tal vez sin objeto fijo, para exacerbar los sentidos de esa dama, o recordarle con inquina antiguas propuestas, posiblemente aceptadas otrora, la rozó rápidamente y pensaba que lo había quizás sabido, ya que era en público y quiso prevenir de antemano una interpretación desfavorable.
Au reste, ma jalousie causée par les femmes qu′aimait peut-être Albertine allait brusquement cesser. Por otra parte, iban a cesar bruscamente mis celos causados por las mujeres que quizá amaba Albertina.
Â… Â…
Nous étions, Albertine et moi, devant la station Balbec du petit train d′intérêt local. Nous nous étions fait conduire par l′omnibus de l′hôtel, à cause du mauvais temps. Non loin de nous était M. Nissim Bernard, lequel avait un oeil poché. Il trompait depuis peu l′enfant des choeurs d′Athalie avec le garçon d′une ferme assez achalandée du voisinage, «Aux Cerisiers». Ce garçon rouge, aux traits abrupts, avait absolument l′air d′avoir comme tête une tomate. Une tomate exactement semblable servait de tête à son frère jumeau. Pour le contemplateur désintéressé, il y a cela d′assez beau, dans ces ressemblances parfaites de deux jumeaux, que la nature, comme si elle s′était momentanément industrialisée, semble débiter des produits pareils. Malheureusement, le point de vue de M. Nissim Bernard était autre et cette ressemblance n′était qu′extérieure. La tomate n° 2 se plaisait avec frénésie à faire exclusivement les délices des dames, la tomate n° 1 ne détestait pas condescendre aux goûts de certains messieurs. Or chaque fois que, secoué, ainsi que par un réflexe, par le souvenir des bonnes heures passées avec la tomate n° 1, M. Bernard se présentait «Aux Cerisiers», myope (et du reste la myopie n′était pas nécessaire pour les confondre), le vieil Israélite, jouant sans le savoir Amphitryon, s′adressait au frère jumeau et lui disait: «Veux-tu me donner rendez-vous pour ce soir.» Il recevait aussitôt une solide «tournée». Elle vint même à se renouveler au cours d′un même repas, où il continuait avec l′autre les propos commencés avec le premier. A la longue elle le dégoûta tellement, par association d′idées, des tomates, même de celles comestibles, que chaque fois qu′il entendait un voyageur en commander à côté de lui, au Grand-Hôtel, il lui chuchotait: «Excusez-moi, Monsieur, de m′adresser à vous, sans vous connaître. Mais j′ai entendu que vous commandiez des tomates. Elles sont pourries aujourd′hui. Je vous le dis dans votre intérêt car pour moi cela m′est égal, je n′en prends jamais.» L′étranger remerciait avec effusion ce voisin philanthrope et désintéressé, rappelait le garçon, feignait de se raviser: «Non, décidément, pas de tomates.» Aimé, qui connaissait la scène, en riait tout seul et pensait: «C′est un vieux malin que Monsieur Bernard, il a encore trouvé le moyen de faire changer la commande.» M. Bernard, en attendant le tram en retard, ne tenait pas à nous dire bonjour, à Albertine et à moi, à cause de son oeil poché. Nous tenions encore moins à lui parler. C′eût été pourtant presque inévitable si, à ce moment-là, une bicyclette n′avait fondu à toute vitesse sur nous; le lift en sauta, hors d′haleine. Mme Verdurin avait téléphoné un peu après notre départ pour que je vinsse dîner, le surlendemain; on verra bientôt pourquoi. Puis après m′avoir donné les détails du téléphonage, le lift nous quitta, et comme ces «employés» démocrates, qui affectent l′indépendance à l′égard des bourgeois, et entre eux rétablissent le principe d′autorité, voulant dire que le concierge et le voiturier pourraient être mécontents s′il était en retard, il ajouta: «Je me sauve à cause de mes chefs.» Estábamos Albertina y yo ante la estación del pequeño tren local. Debido al mal tiempo, habíamos tomado el ómnibus del hotel. No lejos de nosotros se hallaba el señor Nissim Bernard, con un ojo en compota. Engañaba desde hacía poco al niño de los coros de Athalie con el peoncito de una granja bastante acreditada de la vecindad: “Los Cerezos”. Ese mozo rojizo, con rasgos abruptos, parecía tener precisamente un tomate en lugar de cabeza. Un tomate exactamente igual le servia de cabeza a su hermano gemelo. Para el contemplador desinteresado tiene cierta belleza el perfecto parecido de dos mellizos, como si la naturaleza se industrializara por un momento para despachar productos parecidos. Desgraciadamente, el punto de vista del señor Nassim Bernard era distinto, y ese parecido no era sino superficial. El tomate Nº 2 se complacía con frenesí en hacer exclusivamente las delicias de las señoras y el tomate N° 1 no llegaba hasta odiar la aceptación de las aficiones de ciertos señoree. Y cada vez que el señor Bernardo se presentaba en “Los Cerezos” sacudido como por un reflejo debido al recuerdo de los buenos momentos pasados con el tomate Nº 1, miope (y por otra parte no era necesaria la miopía para confundirlos), el viejo israelita que representaba sin saberlo a Anfitrión, se dirigía al hermano mellizo y le decía: “-¿Quieres que nos veamos esta noche?” Recibía enseguida una enérgica corrección. Hasta llegó a renovarse en el transcurso de una misma comida en que continuaba con el otro los propósitos empezados con el primero. A la larga, se asqueó de tal manera, por asociación de ideas de los tomates, aun de los comestibles, que cada vez que se los oía encargara un pasajero próximo a él en el Gran Hotel, le susurraba: “-Discúlpeme, señor, si me dirijo a usted, sin conocerlo. Pero he oído que encargaba tomates. Hoy están podridos. Se lo digo en interés suyo, porque a mí tanto me da; yo no los como nunca”. El extraño agradecía efusivamente a ese vecino filantrópico ydesinteresado, volvía a llamar al mozo yfingía arrepentirse: “-No, decididamente, tomates no”. Aimée, que conocía la escena, se reía solo y pensaba: “Este señor Bernard es un viejo vivo; ha sabido encontrar de nuevo la manera de cambiar el encargo”. Mientras esperaba el tranvía, el señor Bernard no tenía interés en saludarnos a Albertina y a mí debido a su ojo en compota. Y nosotros aún menos en hablarle. Hubiese sido casi inevitable, sin embargo, si en ese momento no se precipitara sobre nosotros una bicicleta a toda velocidad y saltara de ella el ascensorista, sin aliento. La señora de Verdurin había telefoneado poco después de nuestra partida para que yo fuese a cenar dos días después; se verá pronto el porqué. Después de haberme dado los detalles de la telefoneada, el ascensorista nos abandonó, ycomo esos empleados democráticos que hacen ostentación de independencia frente a los burgueses y restablecen el principio de autoridad entre ellos, en lugar de decir que el portero y el carretero podían disgustarse si llegara tarde, agregó: “-Me escapo por mis jefes.”
Les amies d′Albertine étaient parties pour quelque temps. Je voulais la distraire. A supposer qu′elle eût éprouvé du bonheur à passer les après-midi rien qu′avec moi, à Balbec, je savais qu′il ne se laisse jamais posséder complètement et qu′Albertine, encore à l′âge (que certains ne dépassent pas) où on n′a pas découvert que cette imperfection tient à celui qui éprouve le bonheur non à celui qui le donne, eût pu être tentée de faire remonter à moi la cause de sa déception. J′aimais mieux qu′elle l′imputât aux circonstances qui, par moi combinées, ne nous laisseraient pas la facilité d′être seuls ensemble, tout en l′empêchant de rester au Casino et sur la digue sans moi. Aussi je lui avais demandé ce jour-là de m′accompagner à Doncières où j′irais voir Saint–Loup. Dans ce même but de l′occuper, je lui conseillais la peinture, qu′elle avait apprise autrefois. En travaillant elle ne se demanderait pas si elle était heureuse ou malheureuse. Je l′eusse volontiers emmenée aussi dîner de temps en temps chez les Verdurin et chez les Cambremer qui, certainement, les uns et les autres, eussent volontiers reçu une amie présentée par moi, mais il fallait d′abord que je fusse certain que Mme Putbus n′était pas encore à la Raspelière. Ce n′était guère que sur place que je pouvais m′en rendre compte, et comme je savais d′avance que, le surlendemain, Albertine était obligée d′aller aux environs avec sa tante, j′en avais profité pour envoyer une dépêche à Mme Verdurin lui demandant si elle pourrait me recevoir le mercredi. Si Mme Putbus était là, je m′arrangerais pour voir sa femme de chambre, m′assurer s′il y avait un risque qu′elle vînt à Balbec, en ce cas savoir quand, pour emmener Albertine au loin ce jour-là. Le petit chemin de fer d′intérêt local, faisant une boucle qui n′existait pas quand je l′avais pris avec ma grand′mère, passait maintenant à Doncières-la-Goupil, grande station d′où partaient des trains importants, et notamment l′express par lequel j′étais venu voir Saint–Loup, de Paris, et y étais rentré. Et à cause du mauvais temps, l′omnibus du Grand-Hôtel nous conduisit, Albertine et moi, à la station de petit tram, Balbec-plage. Las amigas de Albertina se habían ido por un tiempo. Quise distraerla. Suponiendo que hubiese sentido alguna felicidad pasando las tardes sólo conmigo, en Balbec, sabía que ésta no se entregaba nunca por completo y que Albertina, hasta en la edad (que algunos no sobrepasan) en que aún no se ha descubierto que esa imperfección depende del que experimenta la felicidad y no de quien la da, pudo sentirse tentada de hacer remontar hasta mí el motivo de su desilusión. Preferí que se lo imputase a las circunstancias que, combinadas por mí, no nos dejarían la facilidad de estar a solas, a tiempo que le impedía quedarse sin mí en el casino y el muelle. Por eso le había pedido que me acompañara ese día a Doncières, para ver a Saint-Loup. Con esa misma intención de ocuparla, le aconsejé la pintura que había aprendido antaño. Mientras trabajara ya no se preguntada si era feliz o desgraciada. La hubiese llevado de buena gana a cenar de tiempo en tiempo a casa de los Verdurin y los Cambremer, que seguramente recibirían unos y otros a una amiga mía, pero ante todo necesitaba estar seguro de que la señora Putbus no se hallaba aún en la Raspeliére. No era sino en el mismo sitio que podía cerciorarme, y como sabía de antemano que dos días después Albertina debía llegarse hasta los alrededores con su tía, aproveché para enviar un telegrama ala señora de Verdurin preguntándole si podía recibirme el miércoles. Si la señora Putbus estaba ahí, ya me las arreglada para ver a su mucama, comprobar si resultaba arriesgado hacerla ir a Balbec, y en ese caso saber en qué momento, para alejar a Albertina ese día. El trencito local, haciendo un rodeo que no existía cuando lo tomara con mi abuela, pasaba ahora por Doncières-la-Goupil, gran estación de donde partían trenes importantes y especialmente el expreso con el que había venido a visitar a Saint-Loup desde París y había vuelto. Y con mal tiempo, el ómnibus del Grand Hotel nos llevó a Albertina y a mí a la estación del pequeño tranvía: Playa Balbec.
Le petit chemin de fer n′était pas encore là, mais on voyait, oisif et lent, le panache de fumée qu′il avait laissé en route, et qui maintenant, réduit à ses seuls moyens de nuage peu mobile, gravissait lentement les pentes vertes de la falaise de Criquetot. Enfin le petit tram, qu′il avait précédé pour prendre une direction verticale, arriva à son tour, lentement. Les voyageurs qui allaient le prendre s′écartèrent pour lui faire place, mais sans se presser, sachant qu′ils avaient affaire à un marcheur débonnaire, presque humain et qui, guidé comme la bicyclette d′un débutant, par les signaux complaisants du chef de gare, sous la tutelle puissante du mécanicien, ne risquait de renverser personne et se serait arrêté où on aurait voulu. No estaba aún el trencito, pero se veía, ocioso y lento, el penacho de humo que dejara por el camino y que reducido ahora a sus únicos recursos de nube casi inmóvil, trepaba lentamente las verdes pendientes del acantilado de Criquetot. Por fin, el pequeño tranvía, al que se había anticipado para tomar una dirección vertical, llegó lentamente, a su vez. Los viajeros que iban a tomarlo, se apartaron para dejarle lugar, pero sin apresurarse, sabiendo que trataban con un andarín tolerante, casi humano y que, guiado como la bicicleta de un debutante por las señales complacientes del jefe de estación y bajo la tutela poderosa del maquinista, no se arriesgaba a voltear a nadie y podía detenerse donde uno quisiera.
Ma dépêche expliquait le téléphonage des Verdurin et elle tombait d′autant mieux que le mercredi (le surlendemain se trouvait être un mercredi) était jour de grand dîner pour Mme Verdurin, à la Raspelière comme à Paris, ce que j′ignorais. Mme Verdurin ne donnait pas de «dîners», mais elle avait des «mercredis». Les mercredis étaient des oeuvres d′art. Tout en sachant qu′ils n′avaient leurs pareils nulle part, Mme Verdurin introduisait entre eux des nuances. «Ce dernier mercredi ne valait pas le précédent, disait-elle. Mais je crois que le prochain sera un des plus réussis que j′aie jamais donnés.» Elle allait parfois jusqu′à avouer: «Ce mercredi-ci n′était pas digne des autres. En revanche, je vous réserve une grosse surprise pour le suivant.» Dans les dernières semaines de la saison de Paris, avant de partir pour la campagne, la Patronne annonçait la fin des mercredis. C′était une occasion de stimuler les fidèles: «Il n′y a plus que trois mercredis, il n′y en a plus que deux, disait-elle du même ton que si le monde était sur le point de finir. Vous n′allez pas lâcher mercredi prochain pour la clôture.» Mais cette clôture était factice, car elle avertissait: «Maintenant, officiellement il n′y a plus de mercredis. C′était le dernier pour cette année. Mais je serai tout de même là le mercredi. Nous ferons mercredi entre nous; qui sait? ces petits mercredis intimes, ce seront peut-être les plus agréables.» A la Raspelière, les mercredis étaient forcément restreints, et comme, selon qu′on avait rencontré un ami de passage, on l′avait invité tel ou tel soir, c′était presque tous les jours mercredi. «Je ne me rappelle pas bien le nom des invités, mais je sais qu′il y a Madame la marquise de Camembert», m′avait dit le lift; le souvenir de nos explications relatives aux Cambremer n′était pas arrivé à supplanter définitivement celui du mot ancien, dont les syllabes familières et pleines de sens venaient au secours du jeune employé quand il était embarrassé pour ce nom difficile, et étaient immédiatement préférées et réadoptées par lui, non pas paresseusement et comme un vieil usage indéracinable, mais à cause du besoin de logique et de clarté qu′elles satisfaisaient. Mi telegrama explicaba el llamado telefónico de los Verdurin y era tanto más oportuno cuanto que el miércoles (dos días después era miércoles precisamente) era día de cena de gala para la señora Verdurin, tanto en la Raspeliére como en París, cosa que yo ignoraba. La señora de Verdurin no ofrecía cenas, pero tenía miércoles. Los miércoles eran unas obras de arte. Aun a sabiendas de que no tenían similares en ninguna parte la señora de Verdurin les introducía ciertos matices. “-Ese último miércoles no valía lo que el anterior -decía ella-. Pero creo que el próximo será uno de los mejores que haya dado nunca”. Llegaba a veces hasta a confesar: “-Este miércoles no es digno de los demás. En cambio, les reservo una gran sorpresa para el siguiente”. En las últimas semanas de la estación de París, antes de partir para el campo, la patrona anunciaba el fin de los miércoles. Era una oportunidad de estimular a los fieles: “-Ya no quedan más que tres miércoles; ya no quedan más que dos -decía ella, con el mismo tono que si el mundo estuviese a punto de concluir-. No irá usted a faltar el próximo miércoles, para la clausura”. Pero esa clausura era ficticia, porque advertía: “-Ahora oficialmente ya no hay miércoles. Es el último de este año; pero, de cualquier manera, me quedaré en casa el miércoles Haremos un miércoles entre nosotros. ¿Quién sabe? A lo mejor esos pequeños miércoles íntimos serán los más agradables”. En la Raspeliére los miércoles eran forzosamente restringidos, y como, según hubiera uno encontrado a un amigo de paso, lo invitara tal o cual noche, casi todos los días eran miércoles. “-No recuerdo bien el nombre de los invitados, pero sé que esta la señora marquesa de Camembert”, me había dicho el ascensorista; el recuerdo de nuestras explicaciones relativas a los Cambremer no había llegado a suplantar definitivamente el antiguo nombre, cuyas sílabas familiares y llenas de sentido venían en auxilio del joven empleado cuando lo perturbaba ese nombre difícil, prefiriéndolas y readaptándolas inmediatamente, no por pereza ycomo un antiguo uso intransferible, sino a causa de la necesidad de lógica y de claridad que ellas satisfacían.
Nous nous hâtâmes pour gagner un wagon vide où je pusse embrasser Albertine tout le long du trajet. N′ayant rien trouvé nous montâmes dans un compartiment où était déjà installée une dame à figure énorme, laide et vieille, à l′expression masculine, très endimanchée, et qui lisait la Revue des Deux–Mondes. Malgré sa vulgarité, elle était prétentieuse dans ses goûts, et je m′amusai à me demander à quelle catégorie sociale elle pouvait appartenir; je conclus immédiatement que ce devait être quelque tenancière de grande maison de filles, une maquerelle en voyage. Sa figure, ses manières le criaient. J′avais ignoré seulement jusque-là que ces dames lussent la Revue des Deux–Mondes. Albertine me la montra, non sans cligner de l′oeil en me souriant. La dame avait l′air extrêmement digne; et comme, de mon côté, je portais en moi la conscience que j′étais invité pour le lendemain, au point terminus de la ligne du petit chemin de fer, chez la célèbre Mme Verdurin, qu′à une station intermédiaire j′étais attendu par Robert de Saint–Loup, et qu′un peu plus loin j′aurais fait grand plaisir à Mme de Cambremer en venant habiter Féterne, mes yeux pétillaient d′ironie en considérant cette dame importante qui semblait croire qu′à cause de sa mise recherchée, des plumes de son chapeau, de sa Revue des Deux–Mondes, elle était un personnage plus considérable que moi. J′espérais que la dame ne resterait pas beaucoup plus que M. Nissim Bernard et qu′elle descendrait au moins à Toutainville, mais non. Le train s′arrêta à Evreville, elle resta assise. De même à Montmartin-sur-Mer, à Parville-la-Bingard, à Incarville, de sorte que, de désespoir, quand le train eut quitté Saint–Frichoux, qui était la dernière station avant Doncières, je commençai à enlacer Albertine sans m′occuper de la dame. Nos apresuramos para alcanzar un vagón vacío en el que pudiera besarla a Albertina durante todo el trayecto. Al no encontrarlo, subimos a un compartimiento en el que ya estaba instalada una señora de cara enorme, fea y vieja, con expresión masculina, muy endomingada yque leía la Revista de Ambos Mundos23 A pesar de su vulgaridad, tenía gustos presuntuosos y me divertía adivinar a qué categoría social podía pertenecer. Llegué a la conclusión inmediata de que debía ser la regente de una gran casa pública; una tratante de viaje. Su cara y sus modales lo proclamaban a gritos. Sólo que hasta entonces ignoraba yo que esas señoras leyesen la Revista de Ambos Mundos. Albertina me la señaló no sin dejar de guiñarme el ojo, con una sonrisa. La señora parecía extremadamente digna; y como, por mi parte, llevaba en mí la conciencia de estar invitado para el día siguiente en el punto terminal de la línea del ferrocarril, en casa de la célebre señora de Verdurin; que en una estación intermedia me esperaba Roberto de Saint-Loup y que, algo más lejos, hubiera complacido mucho a la señera de Cambremer yendo a habitar Féterne, mis ojos chispeaban irónicos al considerar a esa señora importante que parecía creer que por su apariencia atildada, las plumas de su sombrero y su Revista de Ambos Mundos era un personaje más considerable que yo. Esperaba que la señora no se quedase más tiempo que el señor Nissim Bernard y que se bajase, por lo menos, en Toutainville; pero no fue así. El tren se detuvo en Evreville y se quedó sentada. Lo mismo en Montmartin-sur-Mer, en Parville-la-Bingard, en Incarville, de manera que, ya desesperado, en cuanto el tren abandonó Saint-Frichoux, que era la última estación antes de Doncières, comencé a abrazar a Albertina, sin ocuparme de la señora.
A Doncières, Saint–Loup était venu m′attendre à la gare, avec les plus grandes difficultés, me dit-il, car, habitant chez sa tante, mon télégramme ne lui était parvenu qu′à l′instant et il ne pourrait, n′ayant pu arranger son temps d′avance, me consacrer qu′une heure. Cette heure me parut, hélas! bien trop longue car, à peine descendus du wagon, Albertine ne fit plus attention qu′à Saint–Loup. Elle ne causait pas avec moi, me répondait à peine si je lui adressais la parole, me repoussa quand je m′approchai d′elle. En revanche, avec Robert, elle riait de son rire tentateur, elle lui parlait avec volubilité, jouait avec le chien qu′il avait, et, tout en agaçant la bête, frôlait exprès son maître. Je me rappelai que, le jour où Albertine s′était laissé embrasser par moi pour la première fois, j′avais eu un sourire de gratitude pour le séducteur inconnu qui avait amené en elle une modification si profonde et m′avait tellement simplifié la tâche. Je pensais à lui maintenant avec horreur. Robert avait dû se rendre compte qu′Albertine ne m′était pas indifférente, car il ne répondit pas à ses agaceries, ce qui la mit de mauvaise humeur contre moi; puis il me parla comme si j′étais seul, ce qui, quand elle l′eût remarqué, me fit remonter dans son estime. Robert me demanda si je ne voulais pas essayer de trouver, parmi les amis avec lesquels il me faisait dîner chaque soir à Doncières quand j′y avais séjourné, ceux qui y étaient encore. Et comme il donnait lui-même dans le genre de prétention agaçante qu′il réprouvait: «A quoi ça te sert-il d′avoir fait du charme pour eux avec tant de persévérance si tu ne veux pas les revoir?» je déclinai sa proposition, car je ne voulais pas risquer de m′éloigner d′Albertine, mais aussi parce que maintenant j′étais détaché d′eux. D′eux, c′est-à-dire de moi. Nous désirons passionnément qu′il y ait une autre vie où nous serions pareils à ce que nous sommes ici-bas. Mais nous ne réfléchissons pas que, même sans attendre cette autre vie, dans celle-ci, au bout de quelques années, nous sommes infidèles à ce que nous avons été, à ce que nous voulions rester immortellement. Même sans supposer que la mort nous modifiât plus que ces changements qui se produisent au cours de la vie, si, dans cette autre vie, nous rencontrions le moi que nous avons été, nous nous détournerions de nous comme de ces personnes avec qui on a été lié mais qu′on n′a pas vues depuis longtemps — par exemple les amis de Saint–Loup qu′il me plaisait tant chaque soir de retrouver au Faisan Doré et dont la conversation ne serait plus maintenant pour moi qu′importunité et que gêne. A cet égard, parce que je préférais ne pas aller y retrouver ce qui m′y avait plu, une promenade dans Doncières aurait pu me paraître préfigurer l′arrivée au paradis. On rêve beaucoup du paradis, ou plutôt de nombreux paradis successifs, mais ce sont tous, bien avant qu′on ne meure, des paradis perdus, et où l′on se sentirait perdu. En Doncières había ido a esperarme Saint-Loup a la estación, con las mayores dificultades, me dijo, porque, como habitaba en casa de su tía, mi telegrama no le había llegado sino poco antes y no podía consagrarme más que una hora, ya que no había podido distribuir su tiempo con anticipación. Esa hora, ¡ay de mí! me pareció demasiado larga, porque apenas bajamos del vagón Albertina ya no hizo caso sino a Saint-Loup. No hablaba conmigo: contestaba apenas si le dirigía la palabra y me rechazó cuándo me acerqué. En cambio, con Roberto se reía con su risa tentadora, le hablaba volublemente, jugaba con su perro y, mientras fastidiaba al animal, rozaba intencionalmente a su amo. Recordaba que el día que Albertina se dejó besar por mí, tuve una sonrisa de gratitud para el desconocido seductor que le había ocasionado una modificación tan profunda y me simplificara en tal forma la tarea. Yo pensaba ahora en él con horror. Roberto había debido darse cuenta que Albertina no me era indiferente, porque no contestó a sus truecas, lo que la puso de mal humor en mi contra; luego me habló como si yo estuviera solo, lo que al advertirlo ella volvió a aumentar su estima. Roberto me preguntó si no quería tratar de encontrarme con los amigos que aún estaban, con los cuales cenábamos cada noche en Doncières durante mi permanencia allí. Y como él mismo iba a parar a ese estilo de pretensión fastidiosa que reprobaba: “-¿Para qué te sirve tener encanto con ellos, con tanta perseverancia, si no quieres volver a verlos?”. Decliné su propuesta, porque no quería correr el riesgo de alejarme de Albertina y también porque ahora me sentía alejado de ellos. De ellos, es decir, de mí. Deseamos apasionadamente que haya otra existencia en la que seríamos iguales a lo que somos aquí. Pero no pensamos que aún sin alcanzar esa otra vida, en esta misma y al cabo de algunos años somos infieles a lo que hemos sido y a lo que queríamos ser eternamente. Aun sin suponer que la muerte nos modificase más que esos cambios que se producen en curso de la vida, si en esa otra vida encontráramos el yo que hemos sido, nos apartaríamos de él como de esas personas con las que se ha estado ligado, pero que uno no ha visto por mucho tiempo -por ejemplo, los amigos de Saint-Loup, que tanto me gustaba encontrar cada noche en el Faisán Doradoo- y cuya conversación ya no sería ahora para mí sino molestia e inoportunidad. A ese respecto y porque prefería no ir al encuentro de lo que me había gustado, un paseo por Doncières podía haberme parecido algo así como la prefiguración de la llegada al Paraíso. Uno sueña mucho con el Paraíso o mejor dicho con numerosos paraísos sucesivos, pero todos son, mucho antes que uno se muera, paraísos perdidos y donde uno estaría perdido.
Il nous laissa à la gare. «Mais tu peux avoir près d′une heure à attendre, me dit-il. Si tu la passes ici tu verras sans doute mon oncle Charlus qui reprend tantôt le train pour Paris, dix minutes avant le tien. Je lui ai déjà fait mes adieux parce que je suis obligé d′être rentré avant l′heure de son train. Je n′ai pu lui parler de toi puisque je n′avais pas encore eu ton télégramme.» Aux reproches que je fis à Albertine quand Saint–Loup nous eut quittés, elle me répondit qu′elle avait voulu, par sa froideur avec moi, effacer à tout hasard l′idée qu′il avait pu se faire si, au moment de l′arrêt du train, il m′avait vu penché contre elle et mon bras passé autour de sa taille. Il avait, en effet, remarqué cette pose (je ne l′avais pas aperçu, sans cela je me fusse placé plus correctement à côté d′Albertine) et avait eu le temps de me dire à l′oreille: «C′est cela, ces jeunes filles si pimbêches dont tu m′as parlé et qui ne voulaient pas fréquenter Mlle de Stermaria parce qu′elles lui trouvaient mauvaise façon?» J′avais dit, en effet, à Robert, et très sincèrement, quand j′étais allé de Paris le voir à Doncières et comme nous reparlions de Balbec, qu′il n′y avait rien à faire avec Albertine, qu′elle était la vertu même. Et maintenant que, depuis longtemps, j′avais, par moi-même, appris que c′était faux, je désirais encore plus que Robert crût que c′était vrai. Il m′eût suffi de dire à Robert que j′aimais Albertine. Il était de ces êtres qui savent se refuser un plaisir pour épargner à leur ami des souffrances qu′ils ressentiraient encore si elles étaient les leurs. «Oui, elle est très enfant. Mais tu ne sais rien sur elle? ajoutai-je avec inquiétude. — Rien, sinon que je vous ai vus posés comme deux amoureux.» Nos dejó en la estación. “-Pero tienes casi una hora disponible -me dijo-. Si la pasas aquí, verás, sin duda, a mi tío Charlus, que dentro de un rato tomará el tren rumbo a París Yo me he despedido de él, porque tengo que volver antes de la hora de su tren. No he podido hablarle de ti porque aún no había recibido tu telegrama.” Cuando le reproché a Albertina, una vez que nos dejara Saint-Loup, me contestó que con su frialdad conmigo había querido borrar a todo azar la idea que pudo haberse hecho si en el momento en que el tren se detuvo me había visto reclinado contra ella y con mi brazo alrededor de su cintura. Había advertido, en efecto, esa actitud (yo no me había dado cuenta, pues, de lo contrario me hubiese sentado más correctamente al lado de Albertina) y había tenido tiempo de decirme al oído: “-¿Son ésas las muchachas tan timoratas de las que me hablaste y que no querían tratar a la señorita de Stermaria porque le encontraban feos modales?” Le había dicho, en efecto, a Roberto y muy sinceramente cuando fuera para verlo desde París hasta Doncières y al hablar de Balbec, que no había nada que hacer con Albertina, porque era la virtud personificada. Y ahora que desde hacía mucho tiempo sabía por mí mismo que eso era falso, deseaba aún más que Roberto lo creyese verosímil. Me hubiese bastado decirle a Roberto que yo amaba a Albertina. Era uno de esos seres que saben evitar un placer con tal de ahorrarle a un amigo los sufrimientos que seguirían experimentando si fueran suyos. “-Sí, es muy niña. Pero, ¿no sabes nada de ella”, agregué con inquietud. “-Nada, sino que los he visto como dos enamorados.”
«Votre attitude n′effaçait rien du tout, dis-je à Albertine quand Saint–Loup nous eut quittés. — C′est vrai, me dit-elle, j′ai été maladroite, je vous ai fait de la peine, j′en suis bien plus malheureuse que vous. Vous verrez que jamais je ne serai plus comme cela; pardonnez-moi», me dit-elle en me tendant la main d′un air triste. A ce moment, du fond de la salle d′attente où nous étions assis, je vis passer lentement, suivi à quelque distance d′un employé qui portait ses valises, M. de Charlus. “-Su actitud no borraba nada”, le dije a Albertina en cuanto nos dejó Saint-Loup. “-Es verdad -convino ella-, he sido muy torpe; lo he apenado y me siento más desgraciada que usted mismo. Ya verá que nunca volveré a proceder así; perdóneme”, me dijo dándome la mano con expresión triste. En ese momento, desde el fondo de la sala de espera en que estábamos sentados; vi pasar lentamente al señor de Charlus, seguido a cierta distancia por un mozo de cordel que le llevaba las valijas.
A Paris, où je ne le rencontrais qu′en soirée, immobile, sanglé dans un habit noir, maintenu dans le sens de la verticale par son fier redressement, son élan pour plaire, la fusée de sa conversation, je ne me rendais pas compte à quel point il avait vieilli. Maintenant, dans un complet de voyage clair qui le faisait paraître plus gros, en marche et se dandinant, balançant un ventre qui bedonnait et un derrière presque symbolique, la cruauté du grand jour décomposait sur les lèvres, en fard, en poudre de riz fixée par le cold cream, sur le bout du nez, en noir sur les moustaches teintes dont la couleur d′ébène contrastait avec les cheveux grisonnants, tout ce qui aux lumières eût semblé l′animation du teint chez un être encore jeune. No me daba cuenta hasta qué punto había envejecido en París, donde no lo encontraba sino en fiestas, inmóvil, ceñido en su frac, conservado en el sentido de la vertical por su orgullosa tiesura, su impulso de gustar y el chisporroteo de su conversación. Ahora, con un ambo claro de viaje que lo hacía más grueso, caminando y balanceándose, moviendo un vientre abultado y un trasero casi simbólico, la crueldad de la luz cruda descomponía sobre los labios en colorete, en polvo de arroz fijado por el cold-cream sobre la punta de la nariz, en negro sobre los bigotes teñidos, cuyo color ébano contrastaba con los cabellos cenicientos, todo aquello que a la luz artificial hubiese parecido la animación del cutis en un ser aún joven.
Tout en causant avec lui, mais brièvement, à cause de son train, je regardais le wagon d′Albertine pour lui faire signe que je venais. Quand je détournai la tête vers M. de Charlus, il me demanda de vouloir bien appeler un militaire, parent à lui, qui était de l′autre côté de la voie exactement comme s′il allait monter dans notre train, mais en sens inverse, dans la direction qui s′éloignait de Balbec. «Il est dans la musique du régiment, me dit M. de Charlus. Vous avez la chance d′être assez jeune, moi, l′ennui d′être assez vieux pour que vous puissiez m′éviter de traverser et d′aller jusque-là.» Je me fis un devoir d′aller vers le militaire désigné, et je vis, en effet, aux lyres brodées sur son col qu′il était de la musique. Mais au moment où j′allais m′acquitter de ma commission, quelle ne fut pas ma surprise, et je peux dire mon plaisir, en reconnaissant Morel, le fils du valet de chambre de mon oncle et qui me rappelait tant de choses. J′en oubliai de faire la commission de M. de Charlus. «Comment, vous êtes à Doncières? — Oui et on m′a incorporé dans la musique, au service des batteries.» Mais il me répondit cela d′un ton sec et hautain. Il était devenu très «poseur» et évidemment ma vue, en lui rappelant la profession de son père, ne lui était pas agréable. Tout d′un coup je vis M. de Charlus fondre sur nous. Mon retard l′avait évidemment impatienté. «Je désirerais entendre ce soir un peu de musique, dit-il à Morel sans aucune entrée en matière, je donne 500 francs pour la soirée, cela pourrait peut-être avoir quelque intérêt pour un de vos amis, si vous en avez dans la musique.» J′avais beau connaître l′insolence de M. de Charlus, je fus stupéfait qu′il ne dît même pas bonjour à son jeune ami. Le baron ne me laissa pas, du reste, le temps de la réflexion. Me tendant affectueusement la main: «Au revoir, mon cher», me dit-il pour me signifier que je n′avais qu′à m′en aller. Je n′avais, du reste, laissé que trop longtemps seule ma chère Albertine. Conversando con él, pero brevemente debido al tren, miraba el vagón de Albertina, para hacerle señas de que ya iba. Cuando desvié la cabeza hacia el señor de Charlus, me pidió que por favor llamara a un militar pariente suyo que estaba del otro lado de la vía, exactamente como si fuera a subir a nuestro tren, pero en sentido inverso, en la dirección que se alejaba de Balbec. “-Está en la sección musical del regimiento -me dijo el señor Charluss-. ¡Qué suerte ser tan joven como usted, así me evita el fastidio de atravesar e ir hasta ella.” Me hice un deber en ir hasta el militar designado, y vi, en efecto, por las liras bordadas de su cuello, que pertenecía a la música. Pero, en momentos en que iba a liquidar mi encargo, cuál no fue mi sorpresa y, puedo decir, mi placer al reconocer a Moret, el hijo del mucamo de mi tío, que me recordaba tantas cosas. Por ello olvidé el encargo del señor de Charlus. “-¿Cómo, está en Doncières?” “-Sí, y me incorporaron a la banda, al servicio de las baterías”. Pero me contestó con un tono seco y altivo. Se había puesto muy afectado y, evidentemente, mi presencia, al recordarle la profesión de su padre, no le resultaba muy agradable. De golpe vi que caía sobre nosotros el señor de Charlus. Mi atraso lo había impacientado a ojos vistas. “-Desearía oír un poco de música esta noche- le dije a Moret, sin entrar previamente en materia-. Ofrezco quinientos francos por la noche. Eso quizás podría tener algún interés para un amigo suyo, si los tiene en la sección musical.” Por más que conociera yo la insolencia del señor de Charlus, me asombró ver que ni siquiera saludase a su joven amigo. El barón, por otra parte, no me dio tiempo a meditar. Tendiéndome afectuosamente la mano: “-Hasta luego, querido”, me dijo, para indicarme que no tenía más que irme. Por otra parte, la había dejado a Albertina demasiado tiempo sola.
«Voyez-vous, lui dis-je en remontant dans le wagon, la vie de bains de mer et la vie de voyage me font comprendre que le théâtre du monde dispose de moins de décors que d′acteurs et de moins d′acteurs que de «situations». — A quel propos me dites-vous cela? — Parce que M. de Charlus vient de me demander de lui envoyer un de ses amis, que juste, à l′instant, sur le quai de cette gare, je viens de reconnaître pour l′un des miens.» Mais, tout en disant cela, je cherchais comment le baron pouvait connaître la disproportion sociale à quoi je n′avais pas pensé. L′idée me vint d′abord que c′était par Jupien, dont la fille, on s′en souvient, avait semblé s′éprendre du violoniste. Ce qui me stupéfiait pourtant, c′est que, avant de partir pour Paris dans cinq minutes, le baron demandât à entendre de la musique. Mais revoyant la fille de Jupien dans mon souvenir, je commençais à trouver que les «reconnaissances» exprimeraient au contraire une part importante de la vie, si on savait aller jusqu′au romanesque vrai, quand tout d′un coup j′eus un éclair et compris que j′avais été bien na M. de Charlus ne connaissait pas le moins du monde Morel, ni Morel M. de Charlus, lequel, ébloui mais aussi intimidé par un militaire qui ne portait pourtant que des lyres, m′avait requis, dans son émotion, pour lui amener celui qu′il ne soupçonnait pas que je connusse. En tout cas l′offre des 500 francs avait dû remplacer pour Morel l′absence de relations antérieures, car je les vis qui continuaient à causer sans penser qu′ils étaient à. côté de notre tram. Et me rappelant la façon dont M. de Charlus était venu vers Morel et moi, je saisissais sa ressemblance avec certains de ses parents quand ils levaient une femme dans la rue. Seulement l′objet visé avait changé de sexe. A partir d′un certain âge, et même si des évolutions différentes s′accomplissent en nous, plus on devient soi, plus les traits familiaux s′accentuent. Car la nature, tout en continuant harmonieusement le dessin de sa tapisserie, interrompt la monotonie de la composition grâce à la variété des figures interceptées. Au reste, la hauteur avec laquelle M. de Charlus avait toisé le violoniste est relative selon le point de vue auquel on se place. Elle eût été reconnue par les trois quarts des gens du monde, qui s′inclinaient, non pas par le préfet de police qui, quelques années plus tard, le faisait surveiller. “-¿Ve usted? -le dijo volviendo a subir al vagón-. La vida de los baños de mar y la vida de viaje me hacen comprender que el teatro del mundo dispone de menos decorados que actores y menos actores que situaciones”. “-Por qué me dice usted eso?” “-Porque el señor de Charlus acaba de pedirme que vaya en busca de un amigo suyo que en ese mismo instante y en el andén de esta estación reconozco como a uno de los míos”. Pero, mientras decía eso, reflexionaba acerca de cómo podía conocer el barón la desproporción social en que yo no había pensado. Primero se me ocurrió que fuese por Jupien, cuya hija, se recuerda, pareció enamorarse del violinista. Lo que me asombraba, sin embargo, es que cinco minutos antes de partir hacia París el barón quisiese oír música. Pero, al volver a ver en mi recuerdo a la hija de Jupien, empecé a creer que los reconocimientos expresarían por el contrario, una parte importante de la vida, si se supiese llegar hasta lo verdaderamente romántico, cuando de golpe tuve un destello y comprendí que había sido muy ingenuo. El señor de Charlus no conocía en lo mínimo a Morel ni Morel al señor de Charlus, quien, deslumbrado y a la vez intimidado por un militar que no llevaba, sin embargo, más que liras, me había requerido en su emoción para que le consiguiera a quien ignoraba que yo conocía. En todo caso, el ofrecimiento de los 500 francos había debido reemplazar para Morel relaciones anteriores, porque vi que seguían conversando, sin pensar que estaban al lado de nuestro tranvía. Y recordando cómo había venido el señor de Charlus hasta Morel y yo, identifiqué su parecido con algunos parientes suyos cuando levantaban a una mujer de la calle. Sólo que el objeto apuntado cambiaba su sexo. A partir de cierta edad, y aunque se cumplan en nosotros distintas evoluciones, los rasgos familiares se acentúan y uno se convierte más en sí mismo. Porque la naturaleza, contribuyendo armoniosamente al dibujo de su tapicería, interrumpe la monotonía de su composición gracias a la variedad de las figuras interceptadas. Por otra parte, la altivez con que el señor de Charlus interpelara al violinista es relativa de acuerdo con el punto de vista en que uno se coloque. La hubiesen reconocido las tres cuartas partes de la gente de mundo que se inclinaba ante él y no el prefecto de policía que algunos años más tarde lo hacía vigilar.
«Le train de Paris est signalé, Monsieur», dit l′employé qui portait les valises. «Mais je ne prends pas le train, mettez tout cela en consigne, que diable!» dit M. de Charlus en donnant vingt francs à l′employé stupéfait du revirement et charmé du pourboire. Cette générosité attira aussitôt une marchande de fleurs. «Prenez ces oeillets, tenez, cette belle rose, mon bon Monsieur, cela vous portera bonheur.» M. de Charlus, impatienté, lui tendit quarante sous, en échange de quoi la femme offrit ses bénédictions et derechef ses fleurs. «Mon Dieu, si elle pouvait nous laisser tranquilles, dit M. de Charlus en s′adressant d′un ton ironique et gémissant, et comme un homme énervé, à Morel à qui il trouvait quelque douceur de demander appui, ce que nous avons à dire est déjà assez compliqué.» Peut-être, l′employé de chemin de fer n′étant pas encore très loin, M. de Charlus ne tenait-il pas à avoir une nombreuse audience, peut-être ces phrases incidentes permettaient-elles à sa timidité hautaine de ne pas aborder trop directement la demande de rendez-vous. Le musicien, se tournant d′un air franc, impératif et décidé vers la marchande de fleurs, leva vers elle une paume qui la repoussait et lui signifiait qu′on ne voulait pas de ses fleurs et qu′elle eût à fiche le camp au plus vite. M. de Charlus vit avec ravissement ce geste autoritaire et viril, manié par la main gracieuse pour qui il aurait dû être encore trop lourd, trop massivement brutal, avec une fermeté et une souplesse précoces qui donnaient à cet adolescent encore imberbe l′air d′un jeune David capable d′assumer un combat contre Goliath. L′admiration du baron était involontairement mêlée de ce sourire que nous éprouvons à voir chez un enfant une expression d′une gravité au-dessus de son âge. «Voilà quelqu′un par qui j′aimerais être accompagné dans mes voyages et aidé dans mes affaires. Comme il simplifierait ma vie», se dit M. de Charlus. “-Señalan el tren de París, señor”, dijo el que llevaba las valijas”. “-Pero ya no lo tomo. Consigne todo eso; ¡qué demonios!”, repuso el señor de Charlus dándole veinte francos al mozo, encantado de la propina y estupefacto por el cambio. Esa generosidad atrajo enseguida a una vendedora de flores. “-Tenga usted estos claveles, tenga esta hermosa rosa, señor; le traerán suerte”. Impaciente, el señor de Charlus le alcanzó dos francos a cambio de los cuales la mujer ofreció sus bendiciones y de nuevo sus flores. “-¡Dios mío!, si pudiera dejarnos en paz, exclamó el señor de Charlus, dirigiéndose con tono irónico yquejumbroso ycomo un hombre fastidiado a Morel, en cuyo apoyo encontraba cierta dulzura. “-Lo que tenemos que decir es bastante complicado de por sí.” Quizás el señor de Charlus no tenía interés en un numeroso auditorio, ya que el peón del ferrocarril no estaba muy lejos y quizás esas frases incidentales le permitirían a su altiva timidez no encarar demasiado directamente la solicitud de una cita. El músico, volviéndose con aspecto franco, imperativo y decidido hacia la florista, levantó hacia ella una mano que rechazaba yle indicaba que no se tenía interés en sus flores yque se fuese lo antes posible. El señor de Charlus vio, encantado, ese gesto autoritario y viril, manejado por la mano graciosa para quien debía ser aún más pesado, más macizamente brutal, con una firmeza y una elasticidad precoces, que le daba a ese adolescente imberbe el aspecto de un joven David capaz de afrontar un combate contra Goliat. A la admiración del barón se incorporaba involuntariamente esa sonrisa que experimentamos cuando vemos en un niño una expresión grave que no corresponde a su edad. “He aquí alguien que me gustaría para compañía de mis viajes y ayuda de mis asuntos. ¡Cómo simplificaría mi vida!”, se dijo el señor de Charlus.
Le train de Paris (que le baron ne prit pas) partit. Puis nous montâmes dans le nôtre, Albertine et moi, sans que j′eusse su ce qu′étaient devenus M. de Charlus et Morel. «Il ne faut plus jamais nous fâcher, je vous demande encore pardon, me redit Albertine en faisant allusion à l′incident Saint–Loup. Il faut que nous soyons toujours gentils tous les deux, me dit-elle tendrement. Quant à votre ami Saint–Loup, si vous croyez qu′il m′intéresse en quoi que ce soit vous vous trompez bien. Ce qui me plaît seulement en lui, c′est qu′il a l′air de tellement vous aimer. — C′est un très bon garçon, dis-je en me gardant de prêter à Robert des qualités supérieures imaginaires, comme je n′aurais pas manqué de faire par amitié pour lui si j′avais été avec toute autre personne qu′Albertine. C′est un être excellent, franc, dévoué, loyal, sur qui on peut compter pour tout.» En disant cela je me bornais, retenu par ma jalousie, à dire au sujet de Saint–Loup la vérité, mais aussi c′était bien la vérité que je disais. Or elle s′exprimait exactement dans les mêmes termes dont s′était servie pour me parler de lui Mme de Villeparisis, quand je ne le connaissais pas encore, l′imaginais si différent, si hautain et me disais: «On le trouve bon parce que c′est un grand seigneur.» De même quand elle m′avait dit: «Il serait si heureux», je me figurai, après l′avoir aperçu devant l′hôtel, prêt à mener, que les paroles de sa tante étaient pure banalité mondaine, destinées à me flatter. Et je m′étais rendu compte ensuite qu′elle l′avait dit sincèrement, en pensant à ce qui m′intéressait, à mes lectures, et parce qu′elle savait que c′était cela qu′aimait Saint–Loup, comme il devait m′arriver de dire sincèrement à quelqu′un faisant une histoire de son ancêtre La Rochefoucauld, l′auteur des Maximes, et qui eût voulu aller demander des conseils à Robert: «Il sera si heureux.» C′est que j′avais appris à le connaître. Mais, en le voyant la première fois, je n′avais pas cru qu′une intelligence parente de la mienne pût s′envelopper de tant d′élégance extérieure de vêtements et d′attitude. Sur son plumage je l′avais jugé d′une autre espèce. C′était Albertine maintenant qui, peut-être un peu parce que Saint–Loup, par bonté pour moi, avait été si froid avec elle, me dit ce que j′avais pensé autrefois: «Ah! il est si dévoué que cela! Je remarque qu′on trouve toujours toutes les vertus aux gens quand ils sont du faubourg Saint–Germain.» Or, que Saint–Loup fût du faubourg Saint–Germain, c′est à quoi je n′avais plus songé une seule fois au cours de ces années où, se dépouillant de son prestige, il m′avait manifesté ses vertus. Changement de perspective pour regarder les êtres, déjà plus frappant dans l′amitié que dans les simples relations sociales, mais combien plus encore dans l′amour, où le désir a une échelle si vaste, grandit à des proportions telles les moindres signes de froideur, qu′il m′en avait fallu bien moins que celle qu′avait au premier abord Saint–Loup pour que je me crusse tout d′abord dédaigné d′Albertine, que je m′imaginasse ses amies comme des êtres merveilleusement inhumains, et que je n′attachasse qu′à l′indulgence qu′on a pour la beauté et pour une certaine élégance le jugement d′Elstir quand il me disait de la petite bande, tout à fait dans le même sentiment que Mme de Villeparisis de Saint–Loup: «Ce sont de bonnes filles.» Or ce jugement, n′est-ce pas celui que j′eusse volontiers porté quand j′entendais Albertine dire: «En tout cas, dévoué ou non, j′espère bien ne plus le revoir puisqu′il a amené de la brouille entre nous. Il ne faut plus se fâcher tous les deux. Ce n′est pas gentil?» Je me sentais, puisqu′elle avait paru désirer Saint–Loup, à peu près guéri pour quelque temps de l′idée qu′elle aimait les femmes, ce que je me figurais inconciliable. Et, devant le caoutchouc d′Albertine, dans lequel elle semblait devenue une autre personne, l′infatigable errante des jours pluvieux, et qui, collé, malléable et gris en ce moment, semblait moins devoir protéger son vêtement contre l′eau qu′avoir été trempé par elle et s′attacher au corps de mon amie comme afin de prendre l′empreinte de ses formes pour un sculpteur, j′arrachai cette tunique qui épousait jalousement une poitrine désirée, et attirant Albertine à moi: «Mais toi, ne veux-tu pas, voyageuse indolente, rêver sur mon épaule en y posant ton front?» dis-je en prenant sa tête dans mes mains et en lui montrant les grandes prairies inondées et muettes qui s′étendaient dans le soir tombant jusqu′à l′horizon fermé sur les chaînes parallèles de vallonnements lointains et bleuâtres. El tren de París (que no tomó el barón) partió. Luego subimos al nuestro Albertina y yo, sin saber qué había sido del señor de Charlus y de Morel. “-No debemos volver a enojarnos, le pido perdón una vez más -volvió a decirme Albertina aludiendo al incidente Saint-Loup-. Tenemos que ser amables siempre -me dijo con ternura-. En cuanto a su amigo Saint-Loup, si usted cree que me interesa así sea un poquito, se equivoca de medio a medio. Lo único que me gusta en él es que parece quererlo mucho.” “-Es un excelente muchacho -dije, cuidando de atribuirle a Roberto cualidades superiores imaginarias, como no hubiera dejado de hacerlo por amistad hacia él si estuviese con cualquiera menos con Albertina. Es un ser excelente, franco, abnegado, leal, con quien puede Montar uno para todo.” Al decir eso, me limitaba, frenado por los celos, a decir la verdad; pero en cambio, era la verdad lo que decía. Y me expresaba exactamente en los mismos términos que había utilizado la señora de Villeparisis para hablarme de él cuando aún no lo conocía ylo suponía tan distinto ytan altivo yme decía: “-Les parece bueno porque es un gran señor”. Lo mismo cuando me había dicho ella: “-¡Sería tan feliz!...”, me figuraba, después de haberlo visto frente al hotel, listo para conducir, que las palabras de su tía eran pura insignificancia mundana destinada a halagarme. Y me había dado cuenta posteriormente de que lo había dicho con sinceridad, pensando en lo que me interesaba, en mis lecturas y porque sabía que eso era lo que le gustaba a Saint-Loup, como debía sucederme decir sinceramente a alguien que contaba una historia de su antepasado La Rochefoucauld, el autor de las Máximas, y que hubiese querido pedir consejos a Roberto: “-¡Sería tan feliz!” Es que había aprendido a conocerlo. Pero al verlo por primera vez no había podido creer que una inteligencia atingente a la mía pudiese envolverse en tanta elegancia exterior de ropa y actitudes. De acuerdo con su plumaje, lo había juzgado de manera distinta. Ahora era Albertina quien me dijo lo que yo había pensado antaño, quizás un poco debido a que Saint-Loup, por bondad hacia mí, había sido tan frío con ella: “-¡Ah, es tan abnegado!... Advierto que se le adjudican a la gente todas las virtudes, cuando pertenecen al barrio de Saint-Germain”. Y el hecho de que Saint-Loup perteneciese al barrio de Saint-Germain es algo en lo que no había pensado una sola vez en el transcurso de esos años en que, despojándose de su prestigio, me había manifestado sus virtudes. Cambio de perspectiva para mirar los seres, ya más notable en la amistad que en las simples relaciones sociales, pero mucho más en el amor, en que el deseo en tan vasta escala aumenta tanto los menores síntomas de frialdad, que había necesitado mucho menos que la que tenía de entrada Saint-Loup para que me creyese en un principio desdeñado por Albertina; que imaginase a sus amigas como seres maravillosamente inhumanos y que no vinculase el juicio de Elstir más que a la indulgencia que se tiene por la belleza y por cierta elegancia, cuando me decía acerca de la pequeña banda, con el mismo sentimiento que la señora de Villeparisis de Saint-Loup: “-Son unas buenas muchachas”. Y ese juicio no es el que hubiese manifestado voluntariamente cuando le oía decir a Albertina: “-En todo caso, abnegado o no, espero no volver a verlo, ya que nos acarreó un disgusto. No tenemos que volver a enojarnos. No está bien”. Ya que había aparentado desear a Saint-Loup, me sentía más o menos curado por algún tiempo de la idea de que le gustaban las mujeres, lo que suponía inconciliable. Y ante el impermeable de Albertina, con el que parecía haberse convertido en otra persona, la infatigable errante de los días lluviosos, y que, moldeado, gris y maleable, parecía en ese momento no tanto proteger su traje del agua, como estar empapado por ella y adherido al cuerpo de mi amiga, como para tomar las impresione de sus formas para un escultor, arranqué esa túnica que ceñía celosamente su pecho deseado y atrayendo hacia mí a Albertina: “-Pero, ¿acaso no quieres, viajera indolente, soñar sobre mi hombro, apoyando tu frente?”, dije tomando su cabeza entre mis manos y señalándole las grandes praderas inundadas y mudas que se extendían por la noche, cayendo hasta el horizonte cerrado por las cadenas paralelas de los valles lejanos y azulencos.

FIN DU VOL. I

Â…
Le lendemain, le fameux mercredi, dans ce même petit chemin de fer que je venais de prendre à Balbec, pour aller dîner à la Raspelière, je tenais beaucoup à ne pas manquer Cottard à Graincourt–Saint-Vast où un nouveau téléphonage de Mme Verdurin m′avait dit que je le retrouverais. Il devait monter dans mon train et m′indiquerait où il fallait descendre pour trouver les voitures qu′on envoyait de la Raspelière à la gare. Aussi, le petit train ne s′arrêtant qu′un instant à Graincourt, première station après Doncières, d′avance je m′étais mis à la portière tant j′avais peur de ne pas voir Cottard ou de ne pas être vu de lui. Craintes bien vaines! Je ne m′étais pas rendu compte à quel point le petit clan ayant façonné tous les «habitués» sur le même type, ceux-ci, par surcroît en grande tenue de dîner, attendant sur le quai, se laissaient tout de suite reconnaître à un certain air d′assurance, d′élégance et de familiarité, à des regards qui franchissaient comme un espace vide, où rien n′arrête l′attention, les rangs pressés du vulgaire public, guettaient l′arrivée de quelque habitué qui avait pris le train à une station précédente et pétillaient déjà de la causerie prochaine. Ce signe d′élection, dont l′habitude de dîner ensemble avait marqué les membres du petit groupe, ne les distinguait pas seulement quand, nombreux, en force, ils étaient massés, faisant une tache plus brillante au milieu du troupeau des voyageurs — ce que Brichot appelait le «pecus»— sur les ternes visages desquels ne pouvait se lire aucune notion relative aux Verdurin, aucun espoir de jamais dîner à la Raspelière. D′ailleurs ces voyageurs vulgaires eussent été moins intéressés que moi si devant eux on eût prononcé— et malgré la notoriété acquise par certains — les noms de ces fidèles que je m′étonnais de voir continuer à dîner en ville, alors que plusieurs le faisaient déjà, d′après les récits que j′avais entendus, avant ma naissance, à une époque à la fois assez distante et assez vague pour que je fusse tenté de m′en exagérer l′éloignement. Le contraste entre la continuation non seulement de leur existence, mais du plein de leurs forces, et l′anéantissement de tant d′amis que j′avais déjà vus, ici ou là, disparaître, me donnait ce même sentiment que nous éprouvons quand, à la dernière heure des journaux, nous lisons précisément la nouvelle que nous attendions le moins, par exemple celle d′un décès prématuré et qui nous semble fortuit parce que les causes dont il est l′aboutissant nous sont restées inconnues. Ce sentiment est celui que la mort n′atteint pas uniformément tous les hommes, mais qu′une lame plus avancée de sa montée tragique emporte une existence située au niveau d′autres que longtemps encore les lames suivantes épargneront. Nous verrons, du reste, plus tard la diversité des morts qui circulent invisiblement être la cause de l′inattendu spécial que présentent, dans les journaux, les nécrologies. Puis je voyais qu′avec le temps, non seulement des dons réels, qui peuvent coexister avec la pire vulgarité de conversation, se dévoilent et s′imposent, mais encore que des individus médiocres arrivent à ces hautes places, attachées dans l′imagination de notre enfance à quelques vieillards célèbres, sans songer que le seraient, un certain nombre d′années plus tard, leurs disciples devenus maîtres et inspirant maintenant le respect et la crainte qu′ils éprouvaient jadis. Mais si les noms des fidèles n′étaient pas connus du «pecus», leur aspect pourtant les désignait à ses yeux. Dos días después, el miércoles famoso, en ese mismo trencito que acababa de tomar en Balbec para ir a cenar a la Raspeliére, tenía especial interés en no perderlo a Cottard en Graincourt-Saint-Vast, donde un nuevo llamado telefónico de la señora de Verdurin me había indicado que lo encontraría. Debía subir a mi tren e indicarme dónde hallar los coches que se mandaban a la estación, desde la Raspeliére. Por eso, como el trencito no se detenía más que un instante en Graincourt, primera estación después de Doncières, me ubiqué de antemano en la portezuela, a tal punto temía no verlo a Cottard o que no me viera. ¡Vanos temores! No había advertido hasta dónde el pequeño clan moldeaba a sus miembros conforme a un mismo tipo; éstos además, esperaban en el andén en gran traje de gala y se reconocían enseguida por cierta expresión de seguridad, elegancia y familiaridad, con miradas que franqueaban las filas apretadas del público vulgar, como un espacio libre y sin obstáculos a la vista, acechaban la llegada de algún cofrade que había tomado el tren en la estación anterior y chispeaban ya por la próxima conversación. Ese signo de selección que ya había marcado a los miembros del pequeño grupo, por la costumbre de comer juntos, no sólo los distinguía cuando eran numerosos yconstituían una fuerza, agrupados yformando una mancha más brillante en medio del tropel de los pasajeros -lo que Brichot llamaba el Pecus-, sobre cuyos rostros opacos no podía leerse ninguna noción relativa a los Verdurin, ninguna esperanza de cenar jamás en la Raspeliére. Por otra parte, esos pasajeros vulgares se hubiesen interesado menos que yo si delante de ellos se pronunciaran -y a pesar de la notoriedad adquirida por algunoss los nombres de esos fieles que me asombraba ver seguían cenando fuera de su casa; siendo así que varios ya lo hacían desde antes de mi nacimiento, según los relatos que había oído, en una época a la vez lo suficientemente vaga y distante para que me tentara exagerar su alejamiento. El contraste entre la continuación no sólo de su existencia, sino de la plenitud de sus fuerzas y el aniquilamiento de tantos amigos que ya había visto desaparecer aquí o allá, me daba esa misma sensación que experimentamos cuando en la ultima hora de los diarios leemos precisamente la noticia que menos esperábamos, por ejemplo la de un fallecimiento prematuro y que nos parece fortuito porque los motivos resultantes nos son desconocidos. Ese sentimiento es que la muerte no alcanza uniformemente a todos los hombres, pero que una ola más avanzada de su trágica creciente arrastra una existencia situada al nivel de otras que por mucho más tiempo perdonarán las olas sucesivas. Veremos, por otra parte, más tarde, la diversidad de los muertos que circulan invisiblemente y son la causa de lo inesperado especial que presentan las necrologías de los diarios. Además, veía que con el tiempo no sólo se revelan y se imponen dones reales que puedan coexistir con la peor vulgaridad de conversación, sino que hasta individuos mediocres llegan a esos altos lugares, vinculados en la imaginación de nuestra infancia a algunos ancianos célebres sin pensar que lo serían, cierto número de años más tarde, sus discípulos convertidos en maestros y que ahora inspiran el respeto y el temor que experimentaban antes. Pero si los nombres de los fieles no eran conocidos del petos, su aspecto, sin embargo, se los hacía muy visibles.
Même dans le train (lorsque le hasard de ce que les uns et les autres d′entre eux avaient eu à faire dans la journée les y réunissait tous ensemble), n′ayant plus à cueillir à une station suivante qu′un isolé, le wagon dans lequel ils se trouvaient assemblés, désigné par le coude du sculpteur Ski, pavoisé par le «Temps» de Cottard, fleurissait de loin comme une voiture de luxe et ralliait, à la gare voulue, le camarade retardataire. Le seul à qui eussent pu échapper, à cause de sa demi-cécité, ces signes de promission était Brichot. Mais aussi l′un des habitués assurait volontairement à l′égard de l′aveugle les fonctions de guetteur et, dès qu′on avait aperçu son chapeau de paille, son parapluie vert et ses lunettes bleues, on le dirigeait avec douceur et hâte vers le compartiment d′élection. De sorte qu′il était sans exemple qu′un des fidèles, à moins d′exciter les plus graves soupçons de bamboche, ou même de ne pas être venu «par le train», n′eût pas retrouvé les autres en cours de route. Quelquefois l′inverse se produisait: un fidèle avait dû aller assez loin dans l′après-midi et, en conséquence, devait faire une partie du parcours seul avant d′être rejoint par le groupe; mais, même ainsi isolé, seul de son espèce, il ne manquait pas le plus souvent de produire quelque effet. Le Futur vers lequel il se dirigeait le désignait à la personne assise sur la banquette d′en face, laquelle se disait: «Ce doit être quelqu′un», discernait, fût-ce autour du chapeau mou de Cottard ou du sculpteur Ski, une vague auréole, et n′était qu′à demi étonnée quand, à la station suivante, une foule élégante, si c′était leur point terminus, accueillait le fidèle à la portière et s′en allait avec lui vers l′une des voitures qui attendaient, salués tous très bas par l′employé de Doville, ou bien, si c′était à une station intermédiaire, envahissait le compartiment. C′est ce que fit, et avec précipitation, car plusieurs étaient arrivés en retard, juste au moment où le train déjà en gare allait repartir, la troupe que Cottard mena au pas de course vers le wagon à la fenêtre duquel il avait vu mes signaux. Brichot, qui se trouvait parmi ces fidèles, l′était devenu davantage au cours de ces années qui, pour d′autres, avaient diminué leur assiduité. Sa vue baissant progressivement l′avait obligé, même à Paris, à diminuer de plus en plus les travaux du soir. D′ailleurs il avait peu de sympathie pour la Nouvelle Sorbonne où les idées d′exactitude scientifique, à l′allemande, commençaient à l′emporter sur l′humanisme. Il se bornait exclusivement maintenant à son cours et aux jurys d′examen; aussi avait-il beaucoup plus de temps à donner à la mondanité. C′est-à-dire aux soirées chez les Verdurin, ou à celles qu′offrait parfois aux Verdurin tel ou tel fidèle, tremblant d′émotion. Il est vrai qu′à deux reprises l′amour avait manqué de faire ce que les travaux ne pouvaient plus: détacher Brichot du petit clan. Mais Mme Verdurin, qui «veillait au grain», et d′ailleurs, en ayant pris l′habitude dans l′intérêt de son salon, avait fini par trouver un plaisir désintéressé dans ce genre de drames et d′exécutions, l′avait irrémédiablement brouillé avec la personne dangereuse, sachant, comme elle le disait, «mettre bon ordre à tout» et «porter le fer rouge dans la plaie». Cela lui avait été d′autant plus aisé pour l′une des personnes dangereuses que c′était simplement la blanchisseuse de Brichot, et Mme Verdurin, ayant ses petites entrées dans le cinquième du professeur, écarlate d′orgueil quand elle daignait monter ses étages, n′avait eu qu′à mettre à la porte cette femme de rien. «Comment, avait dit la Patronne à Brichot, une femme comme moi vous fait l′honneur de venir chez vous, et vous recevez une telle créature?» Brichot n′avait jamais oublié le service que Mme Verdurin lui avait rendu en empêchant sa vieillesse de sombrer dans la fange, et lui était de plus en plus attaché, alors qu′en contraste avec ce regain d′affection, et peut-être à cause de lui, la Patronne commençait à se dégoûter d′un fidèle par trop docile et de l′obéissance de qui elle était sûre d′avance. Mais Brichot tirait de son intimité chez les Verdurin un éclat qui le distinguait entre tous ses collègues de la Sorbonne. Ils étaient éblouis par les récits qu′il leur faisait de dîners auxquels on ne les inviterait jamais, par la mention, dans des revues, ou par le portrait exposé au Salon, qu′avaient fait de lui tel écrivain ou tel peintre réputés dont les titulaires des autres chaires de la Faculté des Lettres prisaient le talent mais n′avaient aucune chance d′attirer l′attention, enfin par l′élégance vestimentaire elle-même du philosophe mondain, élégance qu′ils avaient prise d′abord pour du laisser-aller jusqu′à ce que leur collègue leur eût bienveillamment expliqué que le chapeau haute forme se laisse volontiers poser par terre, au cours d′une visite, et n′est pas de mise pour les dîners à la campagne, si élégants soient-ils, où il doit être remplacé par le chapeau mou, fort bien porté avec le smoking. Pendant les premières secondes où le petit groupe se fut engouffré dans le wagon, je ne pus même pas parler à Cottard, car il était suffoqué, moins d′avoir couru pour ne pas manquer le train, que par l′émerveillement de l′avoir attrapé si juste. Il en éprouvait plus que la joie d′une réussite, presque l′hilarité d′une joyeuse farce. Aun en el tren (cuando el azar de lo que unos y otros hablan podido hacer en el día los reunía a todos), no teniendo que recoger en la estación siguiente más que un solitario, el vagón en el que se encontraban juntos, designado por el codo del escultor Ski, adornado por el Tiempo de Cottard, florecía de lejos como un coche de lujo y recogía en la estación requerida al compañero atrasado. El único al que se le hubiesen podido escapar esos signos de promisión, debido a su semiceguera, era Brichot. Pero también uno de los cofrades aseguraba voluntariamente a favor del ciego las funciones de vigilante, y en cuanto uno había advertido su sombrero de paja, su paraguas verde ysus anteojos verdes, lo encaminaba con prisa ydulzura hacia el compartimiento elegido. De tal suerte que no había ejemplo de que uno de los fieles extraviara a los otros en el curso del camino, a menos de provocar las más graves sospechas de jarana o aun de no haber viajado con el tren.. A veces se producía lo inverso: un fiel había debido alejarse bastante, en la tarde y, por consiguiente, hacer solo parte del recorrido, antes de que lo alcanzara el grupo; pero aun aislado en esa forma, y único en su especie, no dejaba de producir, lo más a menudo, algún efecto. El futuro hacía el cual se dirigía lo designaba a la persona sentada en el banco de enfrente, la que se decía: “-Debe ser alguien”, distinguía una vaga aureola ya en torno al sombrero flexible de Cottard o del escultor Ski, y no se asombraba sino a medias cuando, en la estación siguiente, una muchedumbre elegante, si era su punto terminal, recibía al fiel en la portezuela y lo acompañaba hacia uno de los coches que esperaban, saludados todos hasta el suelo por el empleado de Doville, o invadía el compartimiento si era una estación intermedia. Es lo que hizo y precipitadamente, porque algunos habían llegado con atraso justo en el momento en que el tren, ya en la estación, se disponía a salir de nuevo, el tropel que Cottard condujo a paso redoblado hasta el vagón en cuyas ventanas había visto mis señales. Brichot, que se encontraba entre esos fieles, lo era mucho más en el curso de esos años, en que otros habían disminuido su asiduidad. Su vista se debilitaba progresivamente, y lo había obligado, aun en París, a disminuir cada vez más los trabajos nocturnos. Por otra parte, poca simpatía tenía por la Nueva Sorbona, en que las ideas de exactitud científica a la alemana empezaban a triunfar sobre el humanismo. Se limitaba ahora exclusivamente a su curso y a las mesas de examen; por eso tenía mucho más tiempo disponible para la vida mundana. Es decir, a las veladas de los Verdurin o a las que ofrecía a veces a los Verdurin tal o cual de los fieles, tembloroso de emoción. Es verdad que en dos oportunidades el amor había estado a punto de hacer lo que ya no podían hacer los trabajos, es decir, deslizar a Brichot del pequeño clan. Pero la señora de Verdurin, que cuidaba la semilla y, por otra parte, en interés de su salón, había llegado a cobrar una afición desinteresada a ese género de dramas y ejecuciones, lo disgustó sin remedio con la persona peligrosa, sabiendo, como decía ella misma, “poner orden en todo” y “llevar el hierro candente a la llaga”. Eso le había resultado particularmente fácil con respecto a una de las personas peligrosas, que era simplemente la lavandera de Brichot, y la señora de Verdurin, que tenía entrada libre en el quinto piso del profesor, enrojecida de orgullo cuando se dignaba subir sus pisos, no había tenido más que poner de patitas en la calle a esa mujer que no valía nada. “¿Cómo? -le había dicho la patrona a Brichott . ¿Una mujer como yo le hace el honor de visitarlo y usted recibe a semejante criatura?” Brichot no había olvidado nunca el favor que le prestara la señora de Verdurin al impedir que su vejez naufragara en el fango y cada vez le era más adicto, mientras que, en contraste con ese aumento del afecto y quizás por él mismo, la Patrona empezaba a sentir náuseas de un fiel tan dócil y por esa obediencia que descontaba. Pero Brichot extraía de su intimidad con los Verdurin un brillo que lo señalaba entre todos sus colegas de la Sorbona. Los deslumbraba con sus relatos de cenas a las que nunca los invitarían, con la mención en las revistas o con el retrato -expuesto en el Salón que habían hecho de él tal o cual escritor o pintor reputados, de aquellos cuyo talento estimaban los titulares de las otras cátedras de la Facultad de Letras, pero de cuya atención no tenía ninguna probabilidad; en fin, por la elegancia de la misma ropa del filósofo mundano, elegancia que habían confundido primeramente con descuido hasta que su colega les explicara con benevolencia que el sombrero de copa puede dejarse en el suelo, durante una visita, y no se lleva para una cena campestre por elegantes que sean, debiendo reemplazarse por el fieltro, que acompaña muy bien al smoking. Durante los primeros segundos en que el pequeño grupo se hubo embutido en el vagón ni siquiera pude hablarle a Cottard, porque estaba sofocado, no tanto por haber corrido para no perder el tren, como por lo que le encantaba haberlo alcanzado tan a tiempo. Experimentaba algo más que la alegría de un éxito, casi la hilaridad de una alegre broma.
«Ah! elle est bien bonne! dit-il quand il se fut remis. Un peu plus! nom d′une pipe, c′est ce qui s′appelle arriver à pic!» ajouta-t-il en clignant de l′oeil, non pas pour demander si l′expression était juste, car il débordait maintenant d′assurance, mais par satisfaction. Enfin il put me nommer aux autres membres du petit clan. Je fus ennuyé de voir qu′ils étaient presque tous dans la tenue qu′on appelle à Paris smoking. J′avais oublié que les Verdurin commençaient vers le monde une évolution timide, ralentie par l′affaire Dreyfus, accélérée par la musique «nouvelle», évolution d′ailleurs démentie par eux, et qu′ils continueraient de démentir jusqu′à ce qu′elle eût abouti, comme ces objectifs militaires qu′un général n′annonce que lorsqu′il les a atteints, de façon à ne pas avoir l′air battu s′il les manque. Le monde était d′ailleurs, de son côté, tout préparé à aller vers eux. Il en était encore à les considérer comme des gens chez qui n′allait personne de la société mais qui n′en éprouvent aucun regret. Le salon Verdurin passait pour un Temple de la Musique. C′était là, assurait-on, que Vinteuil avait trouvé inspiration, encouragement. Or si la Sonate de Vinteuil restait entièrement incomprise et à peu près inconnue, son nom, prononcé comme celui du plus grand musicien contemporain, exerçait un prestige extraordinaire. Enfin certains jeunes gens du faubourg s′étant avisés qu′ils devaient être aussi instruits que des bourgeois, il y en avait trois parmi eux qui avaient appris la musique et auprès desquels la Sonate de Vinteuil jouissait d′une réputation énorme. Ils en parlaient, rentrés chez eux, à la mère intelligente qui les avait poussés à se cultiver. Et s′intéressant aux études de leurs fils, au concert les mères regardaient avec un certain respect Mme Verdurin, dans sa première loge, qui suivait la partition. Jusqu′ici cette mondanité latente des Verdurin ne se traduisait que par deux faits. D′une part, Mme Verdurin disait de la princesse de Caprarola: «Ah! celle-là est intelligente, c′est une femme agréable. Ce que je ne peux pas supporter, ce sont les imbéciles, les gens qui m′ennuient, ça me rend folle.» Ce qui eût donné à penser à quelqu′un d′un peu fin que la princesse de Caprarola, femme du plus grand monde, avait fait une visite à Mme Verdurin. Elle avait même prononcé son nom au cours d′une visite de condoléances qu′elle avait faite à Mme Swann après la mort du mari de celle-ci, et lui avait demandé si elle les connaissait. «Comment dites-vous? avait répondu Odette d′un air subitement triste. — Verdurin. “-¡Ah!, está bueno -dijo cuando se repuso-. Un poco más, ¡rediez!, eso es lo que se llama llegar a punto”, agregó guiñando el ojo, no para preguntar si la expresión era justa, porque ahora desbordaba seguridad, sino por satisfacción. Por fin pudo enumerarme a los otros miembros del pequeño clan. Me fastidió comprobar que casi todos estaban vestidos con lo que se llama smoking. Había olvidado que los Verdurin empezaban una tímida evolución hacia la sociedad frenada por el asunto Dreyfus yacelerada por la música nueva, evolución desmentida, por otra parte, por ellos y que continuarían desmintiendo hasta llegar a un resultado, como esos objetivos militares que sólo anuncia un general cuando se han alcanzado, para no aparentar una derrota si fracasan. El mundo, por lo demás, estaba de su lado, preparado para ir hacia ellos. Estaban todavía en ese grado de consideración en que pasaban como gente cuya casa no frecuentaba nadie de la sociedad, pero que no experimentan por ello ningún remordimiento. El salón Verdurin era reputado ser el templo de la Música. Ahí, según se aseguraba, había encontrado Vinteuil inspiración y aliento. Y si la sonata de Vinteuil seguía siendo íntegramente incomprendida y su nombre más o menos desconocido, aunque se pronunciara como el del más grande contemporáneo, ejercía un prestigio extraordinario. En fin, algunos jóvenes del barrio habían pensado que debían ser tan instruidos como los burgueses y tres de ellos habían aprendido música, por lo que la Sonata de Vinteuil gozaba en su circulo de una reputación enorme. Hablaban de ello de regreso a sus casas a la madre inteligente que los impulsara al estudio. Interesándose por los estudios de sus hijos, en los conciertos, las madres miraban con cierto respeto a la señora de Verdurin, que seguía la partitura en su primer palco. Hasta ahora esa latente sociabilidad de los Verdurin sólo se traducía en dos hechos. Por una parte, la señora de Verdurin decía de la princesa de Caprarola: “-¡Ah, ésa es inteligente! Es una mujer agradable. A quienes no puedo soportar es a los imbéciles, la gente que me aburre y me vuelve loca”. Lo que hubiese hecho pensar a una persona sutil que la princesa de Caprarola, mujer de la más alta sociedad, había visitado a la señora de Verdurin. Llegó hasta pronunciar su nombre en el transcurso de una visita de pésame que le hiciera a la señora de Swann, después de la muerte de su marido y le había preguntado si los conocía. “-¿Cómo dice?”, había contestado Odette repentinamente triste. “ Verdurin”.
— Ah! alors je sais, avait-elle repris avec désolation, je ne les connais pas, ou plutôt je les connais sans les connaître, ce sont des gens que j′ai vus autrefois chez des amis, il y a longtemps, ils sont agréables.» La princesse de Caprarola partie, Odette aurait bien voulu avoir dit simplement la vérité. Mais le mensonge immédiat était non le produit de ses calculs, mais la révélation de ses craintes, de ses désirs. Elle niait non ce qu′il eût été adroit de nier, mais ce qu′elle aurait voulu qui ne fût pas, même si l′interlocuteur devait apprendre dans une heure que cela était en effet. Peu après elle avait repris son assurance et avait même été au-devant des questions en disant, pour ne pas avoir l′air de les craindre: «Mme Verdurin, mais comment, je l′ai énormément connue», avec une affectation d′humilité comme une grande dame qui raconte qu′elle a pris le tramway. «On parle beaucoup des Verdurin depuis quelque temps», disait Mme de Souvré. Odette, avec un dédain souriant de duchesse, répondait: «Mais oui, il me semble en effet qu′on en parle beaucoup. De temps en temps il y a comme cela des gens nouveaux qui arrivent dans la société», sans penser qu′elle était elle-même une des plus nouvelles. «La princesse de Caprarola y a dîné, reprit Mme de Souvré. — Ah! répondit Odette en accentuant son sourire, cela ne m′étonne pas. C′est toujours par la princesse de Caprarola que ces choses-là commencent, et puis il en vient une autre, par exemple la comtesse Molé.» Odette, en disant cela, avait l′air d′avoir un profond dédain pour les deux grandes dames qui avaient l′habitude d′essuyer les plâtres dans les salons nouvellement ouverts. On sentait à son ton que cela voulait dire qu′elle, Odette, comme Mme de Souvré, on ne réussirait pas à les embarquer dans ces galères-là. “-¡Ah, ya sé! -repuso con desesperación-; pero no los conozco, o mejor dicho, los conozco sin conocerlos: personas que vi hace tiempo en casa de amigos; son agradables”. Una vez que partió la princesa de Caprarola, Odette quisiera haber dicho sencillamente la verdad; la mentira inmediata no era el producto de sus cálculos, sino la revelación de sus temores y deseos. No negaba lo que fuera hábil negar, sino lo que querría no existiese, aunque el interlocutor se enterase una hora más tarde de que se trataba de eso en efecto. Poco después recobró su seguridad y hasta se adelantó a las preguntas diciendo, para no aparentar que las temía: “-La señora de Verdurin; claro, la he conocido muchísimo”, con la afectación de humildad propia de una gran señora que cuenta que ha viajado en tranvía. “-Se habla mucho de los Verdurin desde hace algún tiempo”, decía la señora de Souvré. Odette contestaba con un sonriente desdén de duquesa: “-Sí, efectivamente, me parece que hablan mucho de ellos. De vez en cuando sucede que llega gente nueva a la sociedad en esa forma”, sin pensar que ella misma era una de las más nuevas. “-La princesa de Caprarola cenó con ellos”, repuso la señora de Souvré. “-¡Ah! -repuso Odette, acentuando su sonrisa-, no me asombra. Esas cosas comienzan siempre por la princesa de Caprarola y luego llega otra, por ejemplo la condesa de Molé”. Al decir eso Odette aparentaba un profundo desdén por las dos grandes señoras que tenían la costumbre de inaugurar los salones recién abiertos. Uno advertía por su tono, que a ella, Odette, como a la señora de Souvré no las embarcarían en esas galeras.
Après l′aveu qu′avait fait Mme Verdurin de l′intelligence de la princesse de Caprarola, le second signe que les Verdurin avaient conscience du destin futur était que (sans l′avoir formellement demandé, bien entendu) ils souhaitaient vivement qu′on vînt maintenant dîner chez eux en habit du soir; M. Verdurin eût pu maintenant être salué sans honte par son neveu, celui qui était «dans les choux». Después de lo que confesara la señora de Verdurin acerca de la inteligencia de la princesa de Caprarola, el segundo síntoma de que los Verdurin tenían conciencia de su futuro destino era que ahora deseaban que uno fuera a cenar a su casa, de frac (sin solicitarlo formalmente, se entiende); al señor Verdurin podía saludarlo ahora sin vergüenza su sobrino, el que frecuentaba las altas esferas.
Parmi ceux qui montèrent dans mon wagon à Graincourt se trouvait Saniette, qui jadis avait été chassé de chez les Verdurin par son cousin Forcheville, mais était revenu. Ses défauts, au point de vue de la vie mondaine, étaient autrefois — malgré des qualités supérieures — un peu du même genre que ceux de Cottard, timidité, désir de plaire, efforts infructueux pour y réussir. Mais si la vie, en faisant revêtir à Cottard (sinon chez les Verdurin, où il était, par la suggestion que les minutes anciennes exercent sur nous quand nous nous retrouvons dans un milieu accoutumé, resté quelque peu le même, du moins dans sa clientèle, dans son service d′hôpital, à l′Académie de Médecine) des dehors de froideur, de dédain, de gravité qui s′accentuaient pendant qu′il débitait devant ses élèves complaisants ses calembours, avait creusé une véritable coupure entre le Cottard actuel et l′ancien, les mêmes défauts s′étaient au contraire exagérés chez Saniette, au fur et à mesure qu′il cherchait à s′en corriger. Sentant qu′il ennuyait souvent, qu′on ne l′écoutait pas, au lieu de ralentir alors, comme l′eût fait Cottard, de forcer l′attention par l′air d′autorité, non seulement il tâchait, par un ton badin, de se faire pardonner le tour trop sérieux de sa conversation, mais pressait son débit, déblayait, usait d′abréviations pour paraître moins long, plus familier avec les choses dont il parlait, et parvenait seulement, en les rendant inintelligibles, à sembler interminable. Son assurance n′était pas comme celle de Cottard qui glaçait ses malades, lesquels aux gens qui vantaient son aménité dans le monde répondaient: «Ce n′est plus le même homme quand il vous reçoit dans son cabinet, vous dans la lumière, lui à contre-jour et les yeux perçants.» Elle n′imposait pas, on sentait qu′elle cachait trop de timidité, qu′un rien suffirait à la mettre en fuite. Saniette, à qui ses amis avaient toujours dit qu′il se défiait trop de lui-même, et qui, en effet, voyait des gens qu′il jugeait avec raison fort inférieurs obtenir aisément les succès qui lui étaient refusés, ne commençait plus une histoire sans sourire de la drôlerie de celle-ci, de peur qu′un air sérieux ne fît pas suffisamment valoir sa marchandise. Quelquefois, faisant crédit au comique que lui-même avait l′air de trouver à ce qu′il allait dire, on lui faisait la faveur d′un silence général. Mais le récit tombait à plat. Un convive doué d′un bon coeur glissait parfois à Saniette l′encouragement, privé, presque secret, d′un sourire d′approbation, le lui faisant parvenir furtivement, sans éveiller l′attention, comme on vous glisse un billet. Mais personne n′allait jusqu′à assumer la responsabilité, à risquer l′adhésion publique d′un éclat de rire. Longtemps après l′histoire finie et tombée, Saniette, désolé, restait seul à se sourire à lui-même, comme goûtant en elle et pour soi la délectation qu′il feignait de trouver suffisante et que les autres n′avaient pas éprouvée. Quant au sculpteur Ski, appelé ainsi à cause de la difficulté qu′on trouvait à prononcer son nom polonais, et parce que lui-même affectait, depuis qu′il vivait dans une certaine société, de ne pas vouloir être confondu avec des parents fort bien posés, mais un peu ennuyeux et très nombreux, il avait, à quarante-cinq ans et fort laid, une espèce de gaminerie, de fantaisie rêveuse qu′il avait gardée pour avoir été jusqu′à dix ans le plus ravissant enfant prodige du monde, coqueluche de toutes les dames. Mme Verdurin prétendait qu′il était plus artiste qu′Elstir. Il n′avait d′ailleurs avec celui-ci que des ressemblances purement extérieures. Entre los que subieron en Graincourt a mi vagón se encontraba Saniette, que antaño fuera echado de casa de los Verdurin por su primo Forcheville, pero había vuelto. Sus defectos eran antes -desde el punto de vista de la vida social, a pesar de sus cualidades superiores algo por el estilo de los de Cottard: timidez, deseo de gustar y esfuerzos infructuosos para conseguirlo. Pero si la vida le hacía revestir a Cottard apariencias de frialdad, desdén y gravedad que se acentuaban mientras despachaba sus chistes entre alumnos complacientes -cosa que no hacía en casa de los Verdurin, donde seguía siendo el mismo por la sugestión que los antiguos minutos ejercen sobre nosotros cuando nos volvemos a encontrar en un ambiente familiar, aunque si por lo menos con su clientela, en su servicio hospitalario o en la Academia de Medicina, lo que había producido una verdadera separación entre el Cottard antiguo y el actual-, en cambio, los mismos defectos se exageraban, por el contrario, en Saniette a medida que trataba de corregírselos. Advirtiendo que a menudo aburría y no lo escuchaban, en lugar de andar más despacio, como hubiese hecho Cottard, y forzar la atención por su expresión de autoridad, no sólo trataba de hacerse perdonar el giro demasiado serio de su conversación, por su tono baladí, sino que apresuraba su despacho, eliminaba, usaba abreviaturas para ser menos largo ymás familiar con las cosas de que hablaba ysólo conseguía resultar interminable, haciéndolas ininteligibles. Su seguridad no era como la de Cottard, que congelaba a sus enfermos, quienes contestaban a la gente que alababa su amenidad en tertulia: “-No es el mismo cuando lo recibe a uno en el consultorio; usted en plena luz y él a contraluz con sus ojos profundos”. No imponía: uno sentía que ocultaba una timidez excesiva y que bastara una insignificancia para ponerlo en fuga. Saniette, a quien sus amigos habían dicho siempre que desconfiaba demasiado de sí mismo y, efectivamente, veta gente a la que estimaba con razón muy inferior conseguir fácilmente los éxitos que le eran negados, ya no empezaba un relato sin sonreír por su gracia, temiendo que un aspecto serio no valorizase lo suficiente su mercadería. A veces, dándole crédito a lo cómico que él mismo parecía suponer en lo que iba a decir, le hacían el favor de un silencio general. Pero el relato caía por su propio peso. Un invitado de buen corazón le deslizaba a veces el aliento a Saniette, haciéndoselo llegar furtivamente, sin despertar la atención, como quien desliza una carta. Pero nadie llegaba hasta asumir la responsabilidad ni arriesgar la adhesión pública como para lanzar una carcajada. Mucho después de terminar la historia y caída ésta, Saniette, desesperado se quedaba solo para sonreírse a sí mismo, como gustando en ella ypara sí el deleite que fingía estimar suficiente yque los demás no habían experimentado. En cuanto al escultor Ski, llamado así debido a la dificultad que causaba la pronunciación de su nombre polaco y porque él mismo desde que vivía entre cierta gente afectaba no querer que lo confundiesen con parientes muy encumbrados pero algo fastidiosos e innumerables, tenía a los cuarenta y cinco años -y era muy feo-una especie de chiquillería, de fantasía soñadora que había conservado por ser hasta los diez años el niño prodigio más encantador del mundo, verdadera chochera de todas las señoras. La señora de Verdurin pretendía que era más artista que Elstir. No tenía, por otra parte, sino parecidos puramente exteriores con éste.
Elles suffisaient pour qu′Elstir, qui avait une fois rencontré Ski, eût pour lui la répulsion profonde que nous inspirent, plus encore que les êtres tout à fait opposés à nous, ceux qui nous ressemblent en moins bien, en qui s′étale ce que nous avons de moins bon, les défauts dont nous nous sommes guéris, nous rappelant fâcheusement ce que nous avons pu paraître à certains avant que nous fussions devenus ce que nous sommes. Mais Mme Verdurin croyait que Ski avait plus de tempérament qu′Elstir parce qu′il n′y avait aucun art pour lequel il n′eût de la facilité, et elle était persuadée que cette facilité il l′eût poussée jusqu′au talent s′il avait eu moins de paresse. Celle-ci paraissait même à la Patronne un don de plus, étant le contraire du travail, qu′elle croyait le lot des êtres sans génie. Ski peignait tout ce qu′on voulait, sur des boutons de manchette ou sur des dessus de porte. Il chantait avec une voix de compositeur, jouait de mémoire, en donnant au piano l′impression de l′orchestre, moins par sa virtuosité que par ses fausses basses signifiant l′impuissance des doigts à indiquer qu′ici il y a un piston que, du reste, il imitait avec la bouche. Cherchant ses mots en parlant pour faire croire à une impression curieuse, de la même façon qu′il retardait un accord plaqué ensuite en disant: «Ping», pour faire sentir les cuivres, il passait pour merveilleusement intelligent, mais ses idées se ramenaient en réalité à deux ou trois, extrêmement courtes. Ennuyé de sa réputation de fantaisiste, il s′était mis en tête de montrer qu′il était un être pratique, positif, d′où chez lui une triomphante affectation de fausse précision, de faux bon sens, aggravés parce qu′il n′avait aucune mémoire et des informations toujours inexactes. Ses mouvements de tête, de cou, de jambes, eussent été gracieux s′il eût eu encore neuf ans, des boucles blondes, un grand col de dentelles et de petites bottes de cuir rouge. Arrivés en avance avec Cottard et Brichot à la gare de Graincourt, ils avaient laissé Brichot dans la salle d′attente et étaient allés faire un tour. Quand Cottard avait voulu revenir, Ski avait répondu: «Mais rien ne presse. Aujourd′hui ce n′est pas le train local, c′est le train départemental». Ravi de voir l′effet que cette nuance dans la précision produisait sur Cottard, il ajouta, parlant de lui-même: «Oui, parce que Ski aime les arts, parce qu′il modèle la glaise, on croit qu′il n′est pas pratique. Personne ne connaît la ligne mieux que moi». Néanmoins ils étaient revenus vers la gare, quand tout d′un coup, apercevant la fumée du petit train qui arrivait, Cottard, poussant un hurlement, avait crié: «Nous n′avons qu′à prendre nos jambes à notre cou.» Bastaban para que Elstir, que había encontrado una vez a Ski, tuviese por él esa repulsión profunda que nos inspiran, mucho más que los seres completamente opuestos a nosotros, aquellos que se nos parecen en una versión menos ajustada, en los que se despliega lo peor de nosotros, los defectos que hemos curado y que nos recuerdan fastidiosamente lo que debimos parecer antes de ser lo que somos. Pero la señora de Verdurin creía que Ski tenía más temperamento que Elstir porque no había arte para el que no tuviese facilidad y estaba convencida de que esa facilidad lo hubiera llevado hasta el talento, de haber sido menos perezoso. Esta misma parecía un don a la Patrona y además, como era lo contrario del trabajo que creía propio de los seres sin genio, Ski pintaba todo lo que se quería sobre gemelos para puño o en los paneles de las puertas. Cantaba con voz de compositor; tocaba de memoria dando con el piano la sensación de la orquesta, menos por su virtuosismo que por sus bajos falsos, que significaban la impotencia de los dedos para indicar el lugar de un pistón que, por otra parte, imitaba con la boca. Buscando sus palabras al hablar para hacer creer en una curiosa impresión, del mismo modo que atrasaba un acorde producido luego diciendo: “Ping”, para que se oyeran los cobres, pasaba por maravillosamente inteligente; pero, en realidad, sus ideas se limitaban a dos o tres sumamente reducidas. Fastidiado por su reputación de fantasista, se le había metido en la cabeza demostrar que era un ser práctico y positivo, de lo que extraía una afectación triunfante de falsa precisión yfalso buen sentido, agravados por su ninguna memoria y sus informaciones siempre inexactas. Sus movimientos de cabeza, cuello y piernas hubiesen sido graciosos de haber tenido todavía nueve años, rizos rubios, un gran cuello de encajes y botitas de cuero rojo. Llegados antes con Cottard y Brichot a la estación de Graincourt, habían dejado a Brichot en la sala de espera, para dar una vuelta. Cuando Cottard quiso volver, Ski respondió: “-No hay ninguna prisa. El de hoy no es el tren local, sino el departamental”. Encantado de ver el efecto que producía sobre Cottard ese matiz de precisión, agregó hablando de sí mismo: “-Sí, porque a Ski le gusta el arte y porque modela la arcilla creen que no es práctico. Nadie conoce la línea mejor que yo”. Sin embargo, volvían a la estación cuando, al advertir de pronto el humo del trencito que llegaba, Cottard había gritado lanzando un alarido: “Corramos todo lo que podamos”.
Ils étaient en effet arrivés juste, la distinction entre le train local et départemental n′ayant jamais existé que dans l′esprit de Ski. «Mais est-ce que la princesse n′est pas dans le train?» demanda d′une voix vibrante Brichot, dont les lunettes énormes, resplendissantes comme ces réflecteurs que les laryngologues s′attachent au front pour éclairer la gorge de leurs malades, semblaient avoir emprunté leur vie aux yeux du professeur, et, peut-être à cause de l′effort qu′il faisait pour accommoder sa vision avec elles, semblaient, même dans les moments les plus insignifiants, regarder elles-mêmes avec une attention soutenue et une fixité extraordinaire. D′ailleurs la maladie, en retirant peu à peu la vue à Brichot, lui avait révélé les beautés de ce sens, comme il faut souvent que nous nous décidions à nous séparer d′un objet, à en faire cadeau par exemple, pour le regarder, le regretter, l′admirer. «Non, non, la princesse a été reconduire jusqu′à Maineville des invités de Mme Verdurin qui prenaient le train de Paris. Il ne serait même pas impossible que Mme Verdurin, qui avait affaire à Saint–Mars, fût avec elle! Comme cela elle voyagerait avec nous et nous ferions route tous ensemble, ce serait charmant. Il s′agira d′ouvrir l′oeil à Maineville, et le bon! Ah! ça ne fait rien, on peut dire que nous avons bien failli manquer le coche. Quand j′ai vu le train j′ai été sidéré. C′est ce qui s′appelle arriver au moment psychologique. Voyez-vous ça que nous ayions manqué le train? Mme Verdurin s′apercevant que les voitures revenaient sans nous? Tableau! ajouta le docteur qui n′était pas encore remis de son émoi. Voilà une équipée qui n′est pas banale. Dites donc, Brichot, qu′est-ce que vous dites de notre petite escapade? demanda le docteur avec une certaine fierté. — Par ma foi, répondit Brichot, en effet, si vous n′aviez plus trouvé le train, c′eût été, comme eût parlé feu Villemain, un sale coup pour la fanfare!» Mais moi, distrait dès les premiers instants par ces gens que je ne connaissais pas, je me rappelai tout d′un coup ce que Cottard m′avait dit dans la salle de danse du petit Casino, et, comme si un chaînon invisible eût pu relier un organe et les images du souvenir, celle d′Albertine appuyant ses seins contre ceux d′Andrée me faisait un mal terrible au coeur. Ce mal ne dura pas: l′idée de relations possibles entre Albertine et des femmes ne me semblait plus possible depuis l′avant-veille, où les avances que mon amie avait faites à Saint–Loup avaient excité en moi une nouvelle jalousie qui m′avait fait oublier la première. Habían llegado, en efecto, con el tiempo justo, ya que la distinción entre tren local y departamental nunca había existido sino en la imaginación de Ski. “-Pero, ¿acaso no está la princesa en el tren?”, preguntó con voz vibrante Brichot, cuyos enormes anteojos, relucientes como esos reflectores que los laringólogos se sujetan a la frente para iluminar la garganta de sus pacientes, parecieron haber pedido prestada su vitalidad a los ojos del profesor y quizás, por el esfuerzo que hacía para acomodar su visión con ellos, parecían, aun en los momentos más insignificantes, mirar por sí mismos con una atención sostenida y una extraordinaria fijeza. Por otra parte, a tiempo que la enfermedad le retiraba poco a poco la vista a Brichot, le había revelado las bellezas de ese sentido, así como a menudo debemos decidirnos a separarnos de un objeto yregalarlo, por ejemplo, para mirarlo, lamentarlo yadmirarlo. “-No, no; la princesa acompañó hasta Maineville a unos invitados de la señora de Verdurin que tomaban el tren de París. No sería improbable que la señora de Verdurin, que tenía algo que hacer en Saint-Mars, estuviese con ella. Así, viajaría con nosotros y haríamos el camino juntos; sería encantador. Se trata de abrir el ojo, y el bueno, en Maineville. ¡Ah, no importa! Pero puede decirse que por poco perdemos el tren. Cuando vi el tren, me quedé galvanizado. Es lo que se llama llegar en el momento psicológico. ¡Mire usted si perdíamos el tren, y la señora de Verdurin viera que los coches volvían sin nosotros! ¡Tableau24 -agregó el doctor, no repuesto aún de su emoción Ésta no es una partida corriente. Dígame, Brichot: ¿qué opina de nuestra escapadita?”, preguntó con cierto orgullo. “-A fe mía -contestó Brichot , si no hubiese usted alcanzado el tren efectivamente, como dijera el difunto Villemain, ¡qué mala jugada para la charanga!”. Pero yo, distraído desde los primeros momentos por esa gente que no conocía, recordé de pronto lo que me dijera Cottard en la sala de baile del pequeño casino y como si un eslabón invisible pudiese ligar un órgano con las imágenes del recuerdo, la de Albertina apoyando sus senos contra los de Andrea me provocaba un daño terrible en el corazón. Ese dolor no duró: la idea de posibles relaciones entre Albertina y otras mujeres ya no me parecía posible desde la antevíspera, en que las fintas de mi amiga a Saint-Loup me excitaran unos nuevos celos que me hicieran olvidar los anteriores.
J′avais la naîµ¥té des gens qui croient qu′un goût en exclut forcément un autre. A Harambouville, comme le tram était bondé, un fermier en blouse bleue, qui n′avait qu′un billet de troisième, monta dans notre compartiment. Le docteur, trouvant qu′on ne pourrait pas laisser voyager la princesse avec lui, appela un employé, exhiba sa carte de médecin d′une grande compagnie de chemin de fer et força le chef de gare à faire descendre le fermier. Cette scène peina et alarma à un tel point la timidité de Saniette que, dès qu′il la vit commencer, craignant déjà, à cause de la quantité de paysans qui étaient sur le quai, qu′elle ne prît les proportions d′une jacquerie, il feignit d′avoir mal au ventre, et pour qu′on ne pût l′accuser d′avoir sa part de responsabilité dans la violence du docteur, il enfila le couloir en feignant de chercher ce que Cottard appelait les «water». N′en trouvant pas, il regarda le paysage de l′autre extrémité du tortillard. «Si ce sont vos débuts chez Mme Verdurin, Monsieur, me dit Brichot, qui tenait à montrer ses talents à un «nouveau», vous verrez qu′il n′y a pas de milieu où l′on sente mieux la «douceur de vivre», comme disait un des inventeurs du dilettantisme, du je m′enfichisme, de beaucoup de mots en «isme» à la mode chez nos snobinettes, je veux dire M. le prince de Talleyrand.» Car, quand il parlait de ces grands seigneurs du passé, il trouvait spirituel, et «couleur de l′époque» de faire précéder leur titre de Monsieur et disait Monsieur le duc de La Rochefoucauld, Monsieur le cardinal de Retz, qu′il appelait aussi de temps en temps: «Ce struggle for lifer de Gondi, ce «boulangiste» de Marsillac.» Et il ne manquait jamais, avec un sourire, d′appeler Montesquieu, quand il parlait de lui: «Monsieur le Président Secondat de Montesquieu.» Un homme du monde spirituel eût été agacé de ce pédantisme, qui sent l′école. Mais, dans les parfaites manières de l′homme du monde, en parlant d′un prince, il y a un pédantisme aussi qui trahit une autre caste, celle où l′on fait précéder le nom Guillaume de «l′Empereur» et où l′on parle à la troisième personne à une Altesse. Tenía el candor de la gente que cree que una afición excluye obligadamente a otra. En Harabonville, como que estaba repleto el tranvía, un granjero de blusa azul que tenía boleto de tercera subió a nuestro compartimiento. El doctor, creyendo que no podía permitirse que la princesa viajara con él, llamó a un guarda, mostró su credencial de médico de una gran compañía de ferrocarriles y obligó al jefe de estación a que hiciera bajar al granjero. Esa escena apenó y alarmó a tal grado la timidez de Saniette que al punto fingió un dolor de vientre, temiendo que, debido a la cantidad de campesinos que había en el andén, eso tomase las características de una sublevación popular y para que no pudiesen achacarle una participación en la responsabilidad de la violencia del doctor, enfiló por el corredor buscando lo que Cottard llamaba los water. Al no encontrarlos, miró el paisaje desde el otro extremo del pasadizo. “-Si esos son sus comienzos con la señora de Verdurin, señor -me dijo Brichot, que tenía especial interés en demostrar sus talentos a un novicio-, usted verá que no existe un medio donde mejor se experimente la dulzura de vivir, como decía uno de los inventores del dilettantismo del manfichismo y de muchas palabras en ismo de moda entre nuestras snobs; quiero decir el señor príncipe de Talleyrand”. Porque, cuando hablaba de esos grandes señores del pasado, le parecía ingenioso y “con color de época” mencionar su título ante poniéndole el señor, y decía así el señor duque de La Rochefoucauld, el señor cardenal de Retz, que llamaba también de cuando en cuando: “Ese strugler for lifer de Gondi”;25 ese boulangista de Marsillac. Y no dejaba nunca de llamar a Montesquieu, cuando hablaba de él: “El señor presidente Secondat de Montesquieu”. A un hombre de mundo ingenioso le hubiera aburrido esa pedantería que huele a colegio; pero en los modales correctísimos de un hombre de mundo que habla de un príncipe también hay una pedantería que revela otra casta, aquella en la que se antepone al Emperador el nombre de Guillermo ydónde se habla a una Alteza en tercera persona.
«Ah! celui-là, reprit Brichot, en parlant de «Monsieur le prince de Talleyrand», il faut le saluer chapeau bas. C′est un ancêtre. — C′est un milieu charmant, me dit Cottard, vous trouverez un peu de tout, car Mme Verdurin n′est pas exclusive: des savants illustres comme Brichot de la haute noblesse comme, par exemple, la princesse Sherbatoff, une grande dame russe, amie de la grande-duchesse Eudoxie qui même la voit seule aux heures où personne n′est admis.» En effet, la grande-duchesse Eudoxie, ne se souciant pas que la princesse Sherbatoff, qui depuis longtemps n′était plus reçue par personne, vînt chez elle quand elle eût pu y avoir du monde, ne la laissait venir que de très bonne heure, quand l′Altesse n′avait auprès d′elle aucun des amis à qui il eût été aussi désagréable de rencontrer la princesse que cela eût été gênant pour celle-ci. Comme depuis trois ans, aussitôt après avoir quitté, comme une manucure, la grande-duchesse, Mme Sherbatoff partait chez Mme Verdurin, qui venait seulement de s′éveiller, et ne la quittait plus, on peut dire que la fidélité de la princesse passait infiniment celle même de Brichot, si assidu pourtant à ces mercredis, où il avait le plaisir de se croire, à Paris, une sorte de Chateaubriand à l′Abbaye-aux-Bois et où, à la campagne, il se faisait l′effet de devenir l′équivalent de ce que pouvait être chez Mme du Châtelet celui qu′il nommait toujours (avec une malice et une satisfaction de lettré): «M. de Voltaire.» “-¡Ah!, a éste -repuso Brichot al hablar del señor príncipe de Talleyrand- hay que saludarlo hasta el suelo. Es un antepasado”. “-Es un ambiente encantador -me dijo Cottardd-; algo mezclado, porque la señora de Verdurin no es exclusiva. Sabios ilustres como Brichot; alta nobleza como, por ejemplo, la princesa Sherbatoff; una gran dama rusa, amiga de la gran duquesa Eudoxia, que hasta la ve a solas en las horas en que no admite a nadie”. En efecto, la princesa Eudoxia, a la que no le interesaba que viniese a su casa la princesa Sherbatoff cuando había alguien, la recibía muy temprano, cuando la Alteza no tenía a su lado a ninguno de aquellos amigos a los que les resultara tan desagradable encontrar a la princesa como molesto para ésta. Como desde hacía tres años -tan pronto hizo a un lado, como a una manicura, a la gran duquesa- la señora Sherbatoff se iba a lo de la señora de Verdurin, que acababa de despertar y ya no la dejaba, puede decirse que la fidelidad de la princesa sobrepasaba infinitamente aún a la de Brichot, tan asiduo, sin embargo, en esos miércoles, donde tenía el gusto de creerse en París una especie de Cháteaubriand en l′Abbayeaux-Bois, y en el campo, donde creía convertirse en el equivalente de lo que podía ser en casa de la señora de Chátelet aquel que nombraba siempre (con malicia y satisfacción de letrado), “el señor de Voltaire”.
Son absence de relations avait permis à la princesse Sherbatoff de montrer, depuis quelques années, aux Verdurin une fidélité qui faisait d′elle plus qu′une «fidèle» ordinaire, la fidèle type, l′idéal que Mme Verdurin avait longtemps cru inaccessible et, qu′arrivée au retour d′âge, elle trouvait enfin incarné en cette nouvelle recrue féminine. De quelque jalousie qu′en eût été torturée la Patronne, il était sans exemple que les plus assidus de ses fidèles ne l′eussent «lâchée» une fois. Les plus casaniers se laissaient tenter par un voyage; les plus continents avaient eu une bonne fortune; les plus robustes pouvaient attraper la grippe, les plus oisifs être pris par leurs vingt-huit jours, les plus indifférents aller fermer les yeux à leur mère mourante. Et c′était en vain que Mme Verdurin leur disait alors, comme l′impératrice romaine, qu′elle était le seul général à qui dût obéir sa légion, comme le Christ ou le Kaiser, que celui qui aimait son père et sa mère autant qu′elle et n′était pas prêt à les quitter pour la suivre n′était pas digne d′elle, qu′au lieu de s′affaiblir au lit ou de se laisser berner par une grue, ils feraient mieux de rester près d′elle, elle, seul remède et seule volupté. Su ausencia de relaciones le había permitido a la princesa Sherbatoff demostrar desde algunos años atrás a los Verdurin una fidelidad que hacía de ella, más que una fiel ordinaria, la fiel-tipo el ideal que durante mucho tiempo creyera la señora de Verdurin inaccesible y que en la edad critica había hallado por fin encarnado en esa nueva recluta femenina. No había ejemplo, por más que los celos torturaran a la Patrona, en que los más fieles no hubiesen fallado por lo menos una vez. Los más caseros se dejaban seducir por un viaje; los más abstemios tenían una aventura; los más robustos podían enfermarse de gripe; los más ociosos, estar ocupados por sus veintiocho días26 los más indiferentes, ir a cerrarles los ojos a su madre moribunda. Y era en vano que la señora de Verdurin les dijese entonces, como la emperatriz romana, que ella era el único general a quien debía obedecer su legión, como el Cristo o el Káiser y que aquel que amaba a su padre y a su madre tanto como a ella yno estaba dispuesto a dejarlos para seguirla, no era digno de ella. Que en lugar de debilitarse en la cama o dejarse engañar por una perdida, harían mejor en quedarse junto a ella, único remedio y única voluptuosidad.
Mais la destinée, qui se plaît parfois à embellir la fin des existences qui se prolongent tard, avait fait rencontrer à Mme Verdurin la princesse Sherbatoff. Brouillée avec sa famille, exilée de son pays, ne connaissant plus que la baronne Putbus et la grande-duchesse Eudoxie, chez lesquelles, parce qu′elle n′avait pas envie de rencontrer les amies de la première, et parce que la seconde n′avait pas envie que ses amies rencontrassent la princesse, elle n′allait qu′aux heures matinales où Mme Verdurin dormait encore, ne se souvenant pas d′avoir gardé la chambre une seule fois depuis l′âge de douze ans, où elle avait eu la rougeole, ayant répondu, le 31 décembre, à Mme Verdurin qui, inquiète d′être seule, lui avait demandé si elle ne pourrait pas rester coucher à l′improviste, malgré le jour de l′an: «Mais qu′est-ce qui pourrait m′en empêcher n′importe quel jour? D′ailleurs, ce jour-là, on reste en famille et vous êtes ma famille», vivant dans une pension et changeant de «pension» quand les Verdurin déménageaient, les suivant dans leurs villégiatures, la princesse avait si bien réalisé pour Mme Verdurin le vers de Vigny: Pero el destino, que se complace a veces embelleciendo el final de las existencias que se prolongan, había hecho que la princesa Sherbatof se encontrara con la señora de Verdurin. Disgustada con su familia, exilada de su país, sin conocer a nadie más que a la baronesa Putbus y a la gran duquesa Eudoxia, cuyas casas frecuentaba únicamente por la mañana, porque no tenía ganas de encontrarse con las amigas de la primera y porque la segunda no deseaba que sus amigas se encontrasen con la princesa, horas en que aún dormía la señora de Verdurin; no recordando haber guardado cama una sola vez desde la edad de doce años, en que había tenido el sarampión y que había contestado el 31 de diciembre a la señora de Verdurin, que, intranquila ante la perspectiva de quedarse sola, le pidiera si no podía quedarse a dormir de improviso a pesar del Año Nuevo: “-Pero, qué podía impedírmelo cualquier día? Por otra parte, ese día se queda uno con la familia, y ustedes son mi familia”; viviendo en una pensión, cambiando la pensión cuando se mudaban los Verdurin y siguiéndolos en sus veraneos, la princesa había cumplido tan bien para la señora de Verdurin el verso de Vigny:
Toi seule me parus ce qu′on cherche toujours
Tú sola me pareciste lo que siempre se busca,
que la Présidente du petit cercle, désireuse de s′assurer une «fidèle» jusque dans la mort, lui avait demandé que celle des deux qui mourrait la dernière se fît enterrer à côté de l′autre. Vis-à-vis des étrangers — parmi lesquels il faut toujours compter celui à qui nous mentons le plus parce que c′est celui par qui il nous serait le plus pénible d′être méprisé: nous-même — la princesse Sherbatoff avait soin de représenter ses trois seules amitiés — avec la grande-duchesse, avec les Verdurin, avec la baronne Putbus — comme les seules, non que des cataclysmes indépendant de sa volonté eussent laissé émerger au milieu de la destruction de tout le reste, mais qu′un libre choix lui avait fait élire de préférence à toute autre, et auxquelles un certain goût de solitude et de simplicité l′avait fait se borner. «Je ne vois personne d′autre», disait-elle en insistant sur le caractère inflexible de ce qui avait plutôt l′air d′une règle qu′on s′impose que d′une nécessité qu′on subit. Elle ajoutait: «Je ne fréquente que trois maisons», comme les auteurs qui, craignant de ne pouvoir aller jusqu′à la quatrième, annoncent que leur pièce n′aura que trois représentations. Que M. et Mme Verdurin ajoutassent foi ou non à cette fiction, ils avaient aidé la princesse à l′inculquer dans l′esprit des fidèles. Et ceux-ci étaient persuadés à la fois que la princesse, entre des milliers de relations qui s′offraient à elle, avait choisi les seuls Verdurin, et que les Verdurin, sollicités en vain par toute la haute aristocratie, n′avaient consenti à faire qu′une exception, en faveur de la princesse. que la presidenta del círculo, deseosa de asegurarse una fiel hasta la muerte, le había pedido que la que muriese última se hiciese enterrar al lado de la otra. Frente a los extraños -entre los que hay que contar al que más mentimos, porque es aquel cuyo desprecio nos resultaría más penoso: nosotros mismoso, la princesa Sherbatoff tenía mucho cuidado de representar sus tres únicas amistades -con la gran duquesa, con los Verdurin y con la baronesa Putbus- como las únicas, no porque cataclismos independientes de su voluntad les hubiesen permitido subsistir en medio de la destrucción de todo lo restante, sino como fruto de su libre elección, personas cuyo cierto gusto por la soledad yla sencillez prefiriera. “No veo a nadie más -decía insistiendo acerca del carácter inflexible de lo que más parecía una regla que uno mismo se impone que una necesidad que se soporta. Y agregaba-: “Sólo frecuento tres casas”, como esos autores que, temiendo no llegar a la cuarta representación, anuncian que su obra sólo se representará tres veces. Aunque el señor y la señora de Verdurin no creyesen en esa ficción, habían ayudado a la princesa a inculcarla en el espíritu de los fieles. Y éstos a la vez estaban convencidos de que la princesa, entre los miles de relaciones que se les ofrecían, había elegido únicamente a los Verdurin, y que los Verdurin, solicitados inútilmente por toda la alta aristocracia, no habían aceptado sino una sola excepción en favor de la princesa.
A leurs yeux, la princesse, trop supérieure à son milieu d′origine pour ne pas s′y ennuyer, entre tant de gens qu′elle eût pu fréquenter ne trouvait agréables que les seuls Verdurin, et réciproquement ceux-ci, sourds aux avances de toute l′aristocratie qui s′offrait à eux, n′avaient consenti à faire qu′une seule exception, en faveur d′une grande dame plus intelligente que ses pareilles, la princesse Sherbatoff. Para ellos, la princesa, demasiado superior a su medio original para no aburrirse en él, entre tanta gente que podía haber frecuentado, no hallaba agradables sino a los Verdurin, y recíprocamente, éstos, sordos a las tentativas de toda la aristocracia que se les ofrecía, no habían aceptado sino una única excepción en favor de una gran señora más inteligente que sus iguales: la princesa Sherbatoff.
La princesse était fort riche; elle avait à toutes les premières une grande baignoire où, avec l′autorisation de Mme Verdurin, elle emmenait les fidèles et jamais personne d′autre. On se montrait cette personne énigmatique et pâle, qui avait vieilli sans blanchir, et plutôt en rougissant comme certains fruits durables et ratatinés des haies. On admirait à la fois sa puissance et son humilité, car, ayant toujours avec elle un académicien, Brichot, un célèbre savant, Cottard, le premier pianiste du temps, plus tard M. de Charlus, elle s′efforçait pourtant de retenir exprès la baignoire la plus obscure, restait au fond, ne s′occupait en rien de la salle, vivait exclusivement pour le petit groupe, qui, un peu avant la fin de la représentation, se retirait en suivant cette souveraine étrange et non dépourvue d′une beauté timide, fascinante et usée. Or, si Mme Sherbatoff ne regardait pas la salle, restait dans l′ombre, c′était pour tâcher d′oublier qu′il existait un monde vivant qu′elle désirait passionnément et ne pouvait pas connaître; la «coterie» dans une «baignoire» était pour elle ce qu′est pour certains animaux l′immobilité quasi cadavérique en présence du danger. Néanmoins, le goût de nouveauté et de curiosité qui travaille les gens du monde faisait qu′ils prêtaient peut-être plus d′attention à cette mystérieuse inconnue qu′aux célébrités des premières loges, chez qui chacun venait en visite. On s′imaginait qu′elle était autrement que les personnes qu′on connaissait; qu′une merveilleuse intelligence, jointe à une bonté divinatrice, retenaient autour d′elle ce petit milieu de gens éminents. La princesse était forcée, si on lui parlait de quelqu′un ou si on lui présentait quelqu′un, de feindre une grande froideur pour maintenir la fiction de son horreur du monde. Néanmoins, avec l′appui de Cottard ou de Mme Verdurin, quelques nouveaux réussissaient à la connaître, et son ivresse d′en connaître un était telle qu′elle en oubliait la fable de l′isolement voulu et se dépensait follement pour le nouveau venu. S′il était fort médiocre, chacun s′étonnait. «Quelle chose singulière que la princesse, qui ne veut connaître personne, aille faire une exception pour cet être si peu caractéristique.» Mais ces fécondantes connaissances étaient rares, et la princesse vivait étroitement confinée au milieu des fidèles. La princesa era muy rica; tenía en todos los estrenos un gran palco al que, con la autorización de la señora de Verdurin, llevaba a todos los fieles ynunca a otro. Señalaban a esa persona enigmática ypálida que había envejecido sin encanecer, o más bien enrojeciendo como ciertos frutos perennes y achicharrados de los setos. Se admiraba a la vez su poder y su humildad, porqué, teniendo siempre a su lado a un académico como Brichot, a un sabio como Cottard, al mejor pianista de la época, más tarde al señor de Charlus, se esforzaba ex profeso en reservar el palco más oscuro, se quedaba en el fondo, se despreocupaba de la sala y vivía exclusivamente para el pequeño grupo, que poco antes de finalizar la representación se retiraba siguiendo a esta extraña soberana, no desprovista de una belleza tímida, fascinante y gastada. Y si la señora de Sherbatoff no miraba a la sala y se quedaba en sombras, era para tratar de olvidar que existía un mundo vivo al que deseaba apasionadamente y no podía conocer: el corrillo en el palco era para ella lo que para ciertos animales conocidos la inmovilidad casi cadavérica frente al peligró. Sin embargo, la afición por la novedad y la curiosidad que inquieta a la gente de mundo hacían que prestaran quizás más atención a esa misteriosa desconocida que a las celebridades de los primeros palcos a las que visitaba cada cual. Se la imaginaban distinta a las personas conocidas y suponían que una arcana inteligencia, unida a una bondad adivinadora, conservaba a su alrededor ese reducido grupo de personas eminentes. La princesa se veía obligada a fingir una gran frialdad si le hablaban de alguien o si se lo presentaban, para conservar la ficción de su horror por el mundo. Sin embargo, con el apoyo de Cottard o de la señora de Verdurin, algunos nuevos llegaban a conocerla, y su embriaguez por tratar a uno más era tal que olvidaba la fábula del aislamiento voluntario y se prodigaba descabelladamente con el recién llegado. Si se trataba de alguien muy mediocre, todos se asombraban. “-¡Qué cosa extraña que la princesa, que no quiere conocer a nadie, haga una excepción con ese ser tan poco caracterizado!” Pero estas relaciones fecundantes eran raras, y la princesa vivía estrechamente confinada en medio de los fieles.
Cottard disait beaucoup plus souvent: «Je le verrai mercredi chez les Verdurin», que: «Je le verrai mardi à l′Académie.» Il parlait aussi des mercredis comme d′une occupation aussi importante et aussi inéluctable. D′ailleurs Cottard était de ces gens peu recherchés qui se font un devoir aussi impérieux de se rendre à une invitation que si elle constituait un ordre, comme une convocation militaire ou judiciaire. Il fallait qu′il fût appelé par une visite bien importante pour qu′il «lâchât» les Verdurin le mercredi, l′importance ayant trait, d′ailleurs, plutôt à la qualité du malade qu′à la gravité de la maladie. Car Cottard, quoique bon homme, renonçait aux douceurs du mercredi non pour un ouvrier frappé d′une attaque, mais pour le coryza d′un ministre. Encore, dans ce cas, disait-il à sa femme: «Excuse-moi bien auprès de Mme Verdurin. Préviens que j′arriverai en retard. Cette Excellence aurait bien pu choisir un autre jour pour être enrhumée.» Un mercredi, leur vieille cuisinière s′étant coupé la veine du bras, Cottard, déjà en smoking pour aller chez les Verdurin, avait haussé les épaules quand sa femme lui avait timidement demandé s′il ne pourrait pas panser la blessée: «Mais je ne peux pas, Léontine, s′était-il écrié en gémissant; tu vois bien que j′ai mon gilet blanc.» Pour ne pas impatienter son mari, Mme Cottard avait fait chercher au plus vite le chef de clinique. Celui-ci, pour aller plus vite, avait pris une voiture, de sorte que la sienne entrant dans la cour au moment où celle de Cottard allait sortir pour le mener chez les Verdurin, on avait perdu cinq minutes à avancer, à reculer. Mme Cottard était gênée que le chef de clinique vît son maître en tenue de soirée. Cottard pestait du retard, peut-être par remords, et partit avec une humeur exécrable qu′il fallut tous les plaisirs du mercredi pour arriver à dissiper. Cottard decía mucho más a menudo: “Lo veré el miércoles en lo de Verdurin” que: “Lo veré el martes en la Academia”. Hablaba también de los miércoles como de una ocupación importante e impostergable. Por otra parte, Cottard era uno de esos individuos poco buscados a quienes les parece un deber tan imperioso responder a una invitación como si constituyese una orden, como una convocatoria militar o judicial. Tenía que verse detenido por una visita muy importante para que les fallara un miércoles a los Verdurin, yla importancia se refería más bien a la calidad del enfermo que a la gravedad de la dolencia. Porque Cottard, aunque buen hombre, renunciaba a las dulzuras del miércoles, no por el ataque de un obrero, sino por la coriza de un ministro. Y aun en ese caso le decía a su mujer: “-Discúlpame ante la señora de Verdurin. Avisa que llegaré atrasado. Esta Excelencia pudo haber elegido otro día para resfriarse”. Un miércoles que su anciana cocinera se había cortado la vena de un brazo, Cottard, ya de smoking para ir a casa de los Verdurin, había alzado los hombros cuando su mujer tímidamente le preguntó si no podía curar la herida: “-¡Pero no puedo, Leontina! -había exclamado con un gemido-. Ya ves que ya me he puesto el chaleco blanco”. Para no impacientar a su marido, la señora Cottard mandó llamar urgentemente al jefe de la clínica. Éste, para llegar más pronto tomó un coche, de manera que al entrar el suyo en el patio en momentos en que salía el de Cottard para llevarlo a lo de los Verdurin, se habían perdido cinco minutos en avanzar y en retroceder. A la señora de Cottard le molestó que el jefe de la clínica viera a su jefe en traje de fiesta. Cottard maldecía por el atraso, quizás con remordimientos, y se fue con un humor detestable, que para disiparse necesitó todos los placeres del miércoles.
Si un client de Cottard lui demandait: «Rencontrez-vous quelquefois les Guermantes?» c′est de la meilleure foi du monde que le professeur répondait: «Peut-être pas justement les Guermantes, je ne sais pas. Mais je vois tout ce monde-là chez des amis à moi. Vous avez certainement entendu parler des Verdurin. Ils connaissent tout le monde. Et puis eux, du moins, ce ne sont pas des gens chics décatis. Il y a du répondant. On évalue généralement que Mme Verdurin est riche à trente-cinq millions. Dame, trente-cinq millions, c′est un chiffre. Aussi elle n′y va pas avec le dos de la cuiller. Vous me parliez de la duchesse de Guermantes. Je vais vous dire la différence: Mme Verdurin c′est une grande dame, la duchesse de Guermantes est probablement une purée. Vous saisissez bien la nuance, n′est-ce pas? En tout cas, que les Guermantes aillent ou non chez Mme Verdurin, elle reçoit, ce qui vaut mieux, les d′Sherbatoff, les d′Forcheville, et tutti quanti, des gens de la plus haute volée, toute la noblesse de France et de Navarre, à qui vous me verriez parler de pair à compagnon. D′ailleurs ce genre d′individus recherche volontiers les princes de la science», ajoutait-il avec un sourire d′amour-propre béat, amené à ses lèvres par la satisfaction orgueilleuse, non pas tellement que l′expression jadis réservée aux Potain, aux Charcot, s′appliquât maintenant à lui, mais qu′il sût enfin user comme il convenait de toutes celles que l′usage autorise et, qu′après les avoir longtemps piochées, il possédait à fond. Aussi, après m′avoir cité la princesse Sherbatoff parmi les personnes que recevait Mme Verdurin, Cottard ajoutait en clignant de l′oeil: «Vous voyez le genre de la maison, vous comprenez ce que je veux dire?» Il voulait dire ce qu′il y a de plus chic. Or, recevoir une dame russe qui ne connaissait que la grande-duchesse Eudoxie, c′était peu. Mais la princesse Sherbatoff eût même pu ne pas la connaître sans qu′eussent été amoindries l′opinion que Cottard avait relativement à la suprême élégance du salon Verdurin et sa joie d′y être reçu. La splendeur dont nous semblent revêtus les gens que nous fréquentons n′est pas plus intrinsèque que celle de ces personnages de théâtre pour l′habillement desquels il est bien inutile qu′un directeur dépense des centaines de mille francs à acheter des costumes authentiques et des bijoux vrais qui ne feront aucun effet, quand un grand décorateur donnera une impression de luxe mille fois plus somptueuse en dirigeant un rayon factice sur un pourpoint de grosse toile semé de bouchons de verre et sur un manteau en papier. Tel homme a passé sa vie au milieu des grands de la terre qui n′étaient pour lui que d′ennuyeux parents ou de fastidieuses connaissances, parce qu′une habitude contractée dès le berceau les avait dépouillés à ses yeux de tout prestige. Mais, en revanche, il a suffi que celui-ci vînt, par quelque hasard, s′ajouter aux personnes les plus obscures, pour que d′innombrables Cottard aient vécu éblouis par des femmes titrées dont ils s′imaginaient que le salon était le centre des élégances aristocratiques, et qui n′étaient même pas ce qu′étaient Mme de Villeparisis et ses amies (des grandes dames déchues que l′aristocratie qui avait été élevée avec elles ne fréquentait plus); non, celles dont l′amitié a été l′orgueil de tant de gens, si ceux-ci publiaient leurs mémoires et y donnaient les noms de ces femmes et de celles qu′elles recevaient, personne, pas plus Mme de Cambremer que Mme de Guermantes, ne pourrait les identifier. Si un cliente de Cottard le preguntaba: “-¿Se encuentra a veces con los Guermantes?”, el profesor contestaba con la mayor buena fe del mundo: “-Quizás no sé si precisamente los Guermantes; pero veo a toda esa gente en casa de amigos míos. Usted habrá oído hablar, seguramente, de los Verdurin. Conocen a todo el mundo. Además, ellos, por lo menos, no son esa gente elegante deslustrada. Hay solvencia. Se estima en general que la señora de Verdurin tiene unos treinta ycinco millones. Y treinta ycinco millones son una cifra. Usted me hablaba de la duquesa de Guermantes. Voy a decirle la diferencia: la señora de Verdurin es una gran señora, la duquesa de Guermantes es probablemente una pobretona. Advierte bien el matiz, ¿verdad? En todo caso, que los Guermantes vayan o no a lo de la señora de Verdurin, ella recibe, lo que es mucho mejor, a los Sherbatoff, los de Forcheville y tutti quanti, gente de lo más alto, toda la nobleza de Francia y de Navarra, a quienes me veda usted hablar de igual a igual. Por otra parte, esa clase de gente busca habitualmente a los príncipes de la ciencia”, agregaba con una sonrisa de beato amor propio que traía hasta sus labios la satisfacción orgullosa, y no precisamente porque la expresión antaño reservada a los Potain y los Charcot se le aplicase ahora, sino porque sabía usar como conviene todas las que el uso autoriza y que, después de haberlas practicado largo rato, poseía a fondo. Por eso, tras de citarme a la princesa Sherbatoff entre las personas que recibía la señora de Verdurin, Cottard agregó guiñando el ojo: “- Usted ve el estilo de la casa. ¿Se da cuenta lo que quiero decirle?” Quería significar lo más elegante que existe. Y recibir a una señora rusa que no conocía a nadie más que a la gran duquesa Eudoxia era poco. Pero, aunque la princesa Sherbatoff no la conociese, no hubiese disminuido la opinión que Cottard tenía respecto a la suprema elegancia del salón Verdurin y su alegría porque en él lo recibieran. El esplendor que vemos en las personas que frecuentamos no es más intrínseco que el de esos personajes teatrales para cuyo vestuario es inútil que un director gaste centenares de miles de francos en la adquisición de trajes auténticos y verdaderas joyas que no harán ningún efecto, ya que un gran decorador producirá una impresión de lujo mil veces más suntuosa proyectando un rayo ficticio sobre una casaca de tela burda constelada de tapones de vidrio y sobre un manto de papel. Un hombre habrá pasado su vida entre los grandes de la tierra que no eran para él sino fastidiosos parientes o aburridos conocidos, porque un hábito contraído desde la cuna los había despojado a sus ojos de todo prestigio. Pero, en cambio, bastó que ése se agregase, por cualquier contingencia, a las personas más oscuras, para que innumerables Cottard se hayan sentido deslumbrados por mujeres con título cuyo salón suponían el centro de las elegancias aristocráticas y que no alcanzaban a ser lo que eran la señora de Villeparisis y sus amigas (grandes damas caducas que ya no frecuentaba la aristocracia que fuera educada con ellas); no, nadie podría identificar, ni la señora de Cambremer ni la señora de Guermantes, a aquellos cuya amistad fué el orgullo de tanta gente, si éstos publicaran sus memorias y propalasen el nombre de esas mujeres y de los que recibían.
Mais qu′importe! Un Cottard a ainsi sa marquise, laquelle est pour lui la «baronne», comme, dans Marivaux, la baronne dont on ne dit jamais le nom et dont on n′a même pas l′idée qu′elle en a jamais eu un. Cottard croit d′autant plus y trouver résumée l′aristocratie — laquelle ignore cette dame — que plus les titres sont douteux plus les couronnes tiennent de place sur les verres, sur l′argenterie, sur le papier à lettres, sur les malles. De nombreux Cottard, qui ont cru passer leur vie au coeur du faubourg Saint–Germain, ont eu leur imagination peut-être plus enchantée de rêves féodaux que ceux qui avaient effectivement vécu parmi des princes, de même que, pour le petit commerçant qui, le dimanche, va parfois visiter des édifices «du vieux temps», c′est quelquefois dans ceux dont toutes les pierres sont du nôtre, et dont les voûtes ont été, par des élèves de Viollet-le-Duc, peintes en bleu et semées d′étoiles d′or, qu′ils ont le plus la sensation du moyen âge. «La princesse sera à Maineville. Elle voyagera avec nous. Mais je ne vous présenterai pas tout de suite. Il vaudra mieux que ce soit Mme Verdurin qui fasse cela. A moins que je ne trouve un joint. Comptez alors que je sauterai dessus. — De quoi parliez-vous, dit Saniette, qui fit semblant d′avoir été prendre l′air. — Je citai à Monsieur, dit Brichot, un mot que vous connaissez bien de celui qui est à mon avis le premier des fins de siècle (du siècle 18 s′entend), le prénommé Charles–Maurice, abbé de Périgord. Il avait commencé par promettre d′être un très bon journaliste. Mais il tourna mal, je veux dire qu′il devint ministre! La vie a de ces disgrâces. Politicien peu scrupuleux au demeurant, qui, avec des dédains de grand seigneur racé, ne se gênait pas de travailler à ses heures pour le roi de Prusse, c′est le cas de le dire, et mourut dans la peau d′un centre gauche.» Pero, ¡qué importa! Un Cottard tiene su marquesa en esa forma, que para él es la baronesa como en Marivaux, la baronesa cuyo nombre no se dice en ningún momento y de la que ni siquiera se tiene idea que pueda tenerlo. Cottard cree encontrar tanto más resumida la aristocracia que ignora esa dama- cuanto los títulos son dudosos y las coronas ocupan su lugar en vidrios, platería, papel de cartas y baúles. Numerosos Cottard, que creyeron pasar su vida en el corazón del barrio de Saint-Germain han encantado quizás más su imaginación de sueños feudales, que aquellos que efectivamente habían vivido entre príncipes, lo mismo que para el comerciante minorista que visita a veces en día domingo los edificios del “tiempo de antaño”, aquellos cuyas piedras pertenecen a nuestra época ycuyas bóvedas fueron pintadas de azul yconsteladas de estrellas de oro por discípulos de Viollet-le-buc, son los que más les producen la sensación de la Edad Media. “-La princesa estará en Maineville. Viajará con nosotros. Pero no lo presentaré enseguida. Es mejor que la señora de Verdurin sea quien lo haga. A menos que encuentre un recurso. Cuente usted entonces con que sabré aprovecharlo”. “-¿De qué hablaba usted?”, dijo Saniette, que hizo como que había ido a tomar aire. “-Le citaba al señor - dijo Brichot- una frase que usted conoce perfectamente de aquel que según creo es el primero de los finales del siglo (del siglo XVIII se entiende), el llamado Carlos Mauricio, abate de Périgord. Había empezado prometiendo ser un muy buen periodista. Pero terminó mal, quiero decir que se hizo ministro. La vida tiene esas desgracias. Político poco escrupuloso, en resumen, que con desdenes de gran señor de raza no se molestaba en trabajar a sus horas por el rey de Prusia, cabe decirlo, y murió como centro-derecha”.
A Saint–Pierre-des-Ifs monta une splendide jeune fille qui, malheureusement, ne faisait pas partie du petit groupe. Je ne pouvais détacher mes yeux de sa chair de magnolia, de ses yeux noirs, de la construction admirable et haute de ses formes. Au bout d′une seconde elle voulut ouvrir une glace, car il faisait un peu chaud dans le compartiment, et ne voulant pas demander la permission à tout le monde, comme seul je n′avais pas de manteau, elle me dit d′une voix rapide, fraîche et rieuse: «Ça ne vous est pas désagréable, Monsieur, l′air?» J′aurais voulu lui dire: «Venez avec nous chez les Verdurin», ou: «Dites-moi votre nom et votre adresse.» Je répondis: «Non, l′air ne me gêne pas, Mademoiselle.» Et après, sans se déranger de sa place: «La fumée, ça ne gêne pas vos amis?» et elle alluma une cigarette. A la troisième station elle descendit d′un saut. Le lendemain, je demandai à Albertine qui cela pouvait être. Car, stupidement, croyant qu′on ne peut aimer qu′une chose, jaloux de l′attitude d′Albertine à l′égard de Robert, j′étais rassuré quant aux femmes. Albertine me dit, je crois très sincèrement, qu′elle ne savait pas. «Je voudrais tant la retrouver, m′écriai-je. — Tranquillisez-vous, on se retrouve toujours», répondit Albertine. Dans le cas particulier elle se trompait; je n′ai jamais retrouvé ni identifié la belle fille à la cigarette. On verra du reste pourquoi, pendant longtemps, je dus cesser de la chercher. Mais je ne l′ai pas oubliée. Il m′arrive souvent en pensant à elle d′être pris d′une folle envie. Mais ces retours du désir nous forcent à réfléchir que, si on voulait retrouver ces jeunes filles-là avec le même plaisir, il faudrait revenir aussi à l′année, qui a été suivie depuis de dix autres pendant lesquelles la jeune fille s′est fanée. On peut quelquefois retrouver un être, mais non abolir le temps. Tout cela jusqu′au jour imprévu et triste comme une nuit d′hiver, où on ne cherche plus cette jeune fille-là, ni aucune autre, où trouver vous effraierait même. Car on ne se sent plus assez d′attraits pour plaire, ni de force pour aimer. Non pas, bien entendu, qu′on soit, au sens propre du mot, impuissant. Et quant à aimer, on aimerait plus que jamais. Mais on sent que c′est une trop grande entreprise pour le peu de forces qu′on garde. Le repos éternel a déjà mis des intervalles où l′on ne peut sortir, ni parler. Mettre un pied sur la marche qu′il faut, c′est une réussite comme de ne pas manquer le saut périlleux. Être vu dans cet état par une jeune fille qu′on aime, même si l′on a gardé son visage et tous ses cheveux blonds de jeune homme! On ne peut plus assumer la fatigue de se mettre au pas de la jeunesse. Tant pis si le désir charnel redouble au lieu de s′amortir! On fait venir pour lui une femme à qui l′on ne se souciera pas de plaire, qui ne partagera qu′un soir votre couche et qu′on ne reverra jamais. Al llegar a Saint-Pierre-des-Ifs, subió una espléndida joven que por desgracia no formaba parte del pequeño grupo. No podía despegar mis ojos de su carne de magnolia, sus ojos negros y la construcción alta y admirable de sus formas. Al cabo de un segundo quiso levantar una ventanilla, porque hacía algo de calor en el compartimiento, ycomo no quería pedir permiso a todos y yo era el único que no tenía abrigo, me dijo con una voz rápida, fresca y reidora: “-¿El aire le desagrada, señor?” Hubiera querido decirle: “- Véngase con nosotros a casa de los Verdurin”, o “-Dígame su nombré y sus señas”. Le contesté: “-No, no me molesta el aire, señorita”. Y luego, sin moverse de su asiento: “- ¿El humo no molestará a sus amigos?” y encendió un cigarrillo. A la tercera estación se bajó de un salto. Al día siguiente le pregunté a Albertina quién podía ser. Porque estúpidamente y creyendo que no puede amarse más que una cosa, celoso por la actitud de Albertina con Roberto, estaba tranquilizado en cuanto a las mujeres. “-¡Me gustaría tanto encontrarla!...”, exclamé. “-Tranquilícese; siempre se encuentra uno”, contestó Albertina. Se equivocaba en este caso particular, pues nunca encontré ni pude identificar a la hermosa muchacha del cigarrillo. Se verá, por otra parte, por qué durante mucho tiempo debí dejar de buscarla. Pero no la olvidé. Me sucede a menudo al pensar en ella que se apodera de mí un deseo descabellado. Pero esos vaivenes del deseo nos obligan a pensar que si uno quisiera encontrarse con esas muchachas y el mismo placer, habría que volver también a ese año al que le siguieron otros diez durante los cuales se marchitó la muchacha. A veces uno puede volver a encontrara un ser, pero no abolir el tiempo. Todo esto hasta el día triste e imprevisto como noche de invierno en que ya no se busca a esa muchacha ni a ninguna, y encontrarla, casi lo espantaría a uno porque ya no nos sentimos con atractivos bastantes como para gustar ni fuerzas para amar. Y no es que uno sea impotente, en el sentido preciso del término. Y en cuanto a amar, amarla más que nunca. Pero se sabe que es una empresa demasiado grande para las escasas fuerzas que se conservan. El reposo eterno ha colocado ya intervalos, en los que uno no puede salir ni hablar. Poner un pie en el escalón adecuado es una suerte como la de acertar el salto mortal. Que nos vea una muchacha que amamos aunque hayamos conservado la cara y los cabellos rubios de un hombre joven. No puede acometerse la fatiga de seguir el paso de la juventud. Tanto peor si el deseo carnal se duplica en lugar de amortiguarse. Llamamos para él a una mujer a quien no habría por qué gustar, que compartirá nuestra cama una sola noche y a la que no volveremos a ver.
Â… Â…
«On doit être toujours sans nouvelles du violoniste», dit Cottard. L′événement du jour, dans le petit clan, était en effet le lâchage du violoniste favori de Mme Verdurin. Celui-ci, qui faisait son service militaire près de Doncières, venait trois fois par semaine dîner à la Raspelière, car il avait la permission de minuit. Or, l′avant-veille, pour la première fois, les fidèles n′avaient pu arriver à le découvrir dans le tram. On avait supposé qu′il l′avait manqué. Mais Mme Verdurin avait eu beau envoyer au tram suivant, enfin au dernier, la voiture était revenue vide. «Il a été sûrement fourré au bloc, il n′y a pas d′autre explication de sa fugue. Ah! dame, vous savez, dans le métier militaire, avec ces gaillards-là, il suffit d′un adjudant grincheux. — Ce sera d′autant plus mortifiant pour Mme Verdurin, dit Brichot, s′il lâche encore ce soir, que notre aimable hôtesse reçoit justement à dîner pour la première fois les voisins qui lui ont loué la Raspelière, le marquis et la marquise de Cambremer. — Ce soir, le marquis et la marquise de Cambremer! s′écria Cottard. Mais je n′en savais absolument rien. Naturellement je savais comme vous tous qu′ils devaient venir un jour, mais je ne savais pas que ce fût si proche. Sapristi, dit-il en se tournant vers moi, qu′est-ce que je vous ai dit: la princesse Sherbatoff, le marquis et la marquise de Cambremer.» Et après avoir répété ces noms en se berçant de leur mélodie: «Vous voyez que nous nous mettons bien, me dit-il. N′importe, pour vos débuts, vous mettez dans le mille. Cela va être une chambrée exceptionnellement brillante.» Et se tournant vers Brichot, il ajouta: «La Patronne doit être furieuse. "-Todavía no debe haber noticias del violinista", dijo Cottard. En efecto, el acontecimiento del día en el pequeño clan era la desaparición del violinista favorito de la señora de Verdurin. Aquél, que hacía su servicio militar en Doncières, iba tres veces por semana a cenar en la Raspeliére, porque tenía permisos nocturnos. Y la antevíspera, por primera vez, los fieles no hablan podido descubrirlo en el tranvía. Pensaron que lo habla perdido. Pero, aunque la señora de Verdurin mandara su coche al tranvía siguiente y al último siempre había vuelto vacío. "-Seguramente lo habrán castigado. No se explica de otra manera su fuga. ¡Ah, vaya!; en ese oficio militar basta un sargento malhumorado...". "-Le será tanto más mortificante a la señora de Verdurin dijo Brichot- si falla también esta noche porque nuestra amable dueña de casa recibe precisamente por primera vez a cenar a los vecinos que le alquilaron la Raspeliére: el marqués y la marquesa de Cambremer". "-¿Esta noche?, ¿el marqués y la marquesa de Cambremer? -exclamó Cottard-. No sabía una palabra. Naturalmente, sabía como todos que debían venir algún día, pero no que fuera tan pronto. ¡Demonios! -expresó volviéndose hacia mes, ¿qué le dije?: la princesa Sherbatoff, el marqués y la marquesa de Cambremer. -Y después de haber repetido esos nombres, arrullándose con su melodía: “-Ya ve usted que empezamos bien. No importa, por ser sus comienzos apunta usted al mil. Va a ser una hornada excepcionalmente brillante”. -Y dirigiéndose a Brichot, agregó: La Patrona debe estar furiosa.
Il n′est que temps que nous arrivions lui prêter main forte.» Depuis que Mme Verdurin était à la Raspelière, elle affectait vis-à-vis des fidèles d′être, en effet, dans l′obligation, et au désespoir d′inviter une fois ses propriétaires. Elle aurait ainsi de meilleures conditions pour l′année suivante, disait-elle, et ne le faisait que par intérêt. Mais elle prétendait avoir une telle terreur, se faire un tel monstre d′un dîner avec des gens qui n′étaient pas du petit groupe, qu′elle le remettait toujours. Il l′effrayait, du reste, un peu pour les motifs qu′elle proclamait, tout en les exagérant, si par un autre côté il l′enchantait pour des raisons de snobisme qu′elle préférait taire. Elle était donc à demi sincère, elle croyait le petit clan quelque chose de si unique au monde, un de ces ensembles comme il faut des siècles pour en constituer un pareil, qu′elle tremblait à la pensée d′y voir introduits ces gens de province, ignorants de la Tétralogie et des «Maîtres», qui ne sauraient pas tenir leur partie dans le concert de la conversation générale et étaient capables, en venant chez Mme Verdurin, de détruire un des fameux mercredis, chefs-d′oeuvre incomparables et fragiles, pareils à ces verreries de Venise qu′une fausse note suffit à briser. «De plus, ils doivent être tout ce qu′il y a de plus anti, et galonnards, avait dit M. Verdurin. — Ah! ça, par exemple, ça m′est égal, voilà assez longtemps qu′on en parle de cette histoire-là», avait répondu Mme Verdurin qui, sincèrement dreyfusarde, eût cependant voulu trouver dans la prépondérance de son salon dreyfusiste une récompense mondaine. Or le dreyfusisme triomphait politiquement, mais non pas mondainement. Labori, Reinach, Picquart, Zola, restaient, pour les gens du monde, des espèces de traîtres qui ne pouvaient que les éloigner du petit noyau. Aussi, après cette incursion dans la politique, Mme Verdurin tenait-elle à rentrer dans l′art. D′ailleurs d′Indy, Debussy, n′étaient-ils pas «mal» dans l′Affaire? «Pour ce qui est de l′Affaire, nous n′aurions qu′à les mettre à côté de Brichot, dit-elle (l′universitaire étant le seul des fidèles qui avait pris le parti de l′État-Major, ce qui l′avait fait beaucoup baisser dans l′estime de Mme Verdurin). On n′est pas obligé de parler éternellement de l′affaire Dreyfus. Non, la vérité, c′est que les Cambremer m′embêtent.» Quant aux fidèles, aussi excités par le désir inavoué qu′ils avaient de connaître les Cambremer, que dupes de l′ennui affecté que Mme Verdurin disait éprouver à les recevoir, ils reprenaient chaque jour, en causant avec elle, les vils arguments qu′elle donnait elle-même en faveur de cette invitation, tâchaient de les rendre irrésistibles. «Décidez-vous une bonne fois, répétait Cottard, et vous aurez les concessions pour le loyer, ce sont eux qui paieront le jardinier, vous aurez la jouissance du pré. Tout cela vaut bien de s′ennuyer une soirée. Je n′en parle que pour vous», ajoutait-il, bien que le coeur lui eût battu une fois que, dans la voiture de Mme Verdurin, il avait croisé celle de la vieille Mme de Cambremer sur la route, et surtout qu′il fût humilié pour les employés du chemin de fer, quand, à la gare, il se trouvait près du marquis. De leur côté, les Cambremer, vivant bien trop loin du mouvement mondain pour pouvoir même se douter que certaines femmes élégantes parlaient avec quelque considération de Mme Verdurin, s′imaginaient que celle-ci était une personne qui ne pouvait connaître que des bohèmes, n′était même peut-être pas légitimement mariée, et, en fait de gens «nés», ne verrait jamais qu′eux. Ils ne s′étaient résignés à y dîner que pour être en bons termes avec une locataire dont ils espéraient le retour pour de nombreuses saisons, surtout depuis qu′ils avaient, le mois précédent, appris qu′elle venait d′hériter de tant de millions. C′est en silence et sans plaisanteries de mauvais goût qu′ils se préparaient au jour fatal. Les fidèles n′espéraient plus qu′il vînt jamais, tant de fois Mme Verdurin en avait déjà fixé devant eux la date, toujours changée. Ces fausses résolutions avaient pour but, non seulement de faire ostentation de l′ennui que lui causait ce dîner, mais de tenir en haleine les membres du petit groupe qui habitaient dans le voisinage et étaient parfois enclins à lâcher. Non que la Patronne devinât que le «grand jour» leur était aussi agréable qu′à elle-même, mais parce que, les ayant persuadés que ce dîner était pour elle la plus terrible des corvées, elle pouvait faire appel à leur dévouement. «Vous n′allez pas me laisser seule en tête à tête avec ces Chinois-là! Il faut au contraire que nous soyons en nombre pour supporter l′ennui. Naturellement nous ne pourrons parler de rien de ce qui nous intéresse. Ce sera un mercredi de raté, que voulez-vous!» Llegamos a tiempo para darle una mano. Desde que la señora de Verdurin estaba en la Raspeliére afectaba frente a sus fieles la obligación y la desesperación de invitar una vez a sus propietarios. Obtendría así mejores condiciones para el año siguiente, decía ella y no lo hacía más que por interés. Pero pretendía tener tal terror, se hacía tal pesadilla con la cena para esa gente que no pertenecía al grupo, que siempre la postergaba. La asustaba algo, por una parte, por razones que proclamaba aún exagerándolas, aunque le encantaba, por otra; por motivos de snobismo que prefería callar. Era, pues, sincera a medias y creía que el pequeño clan era algo tan único en el mundo, un conjunto de esos para los que se necesitan siglos antes de constituir uno parecido, que temblaba ante la idea de introducir a esas gentes de provincia que ignoraban la Tetralogía y los Maestros, que no sabrían tocar su partitura en el concierto de la conversación general y que eran capaces, al ir a casa de la señora de Verdurin, de destruir uno de los famosos miércoles, obra maestra incomparable yfrágil, semejante a esas cristalerías venecianas a las que para quebrarlas basta una nota en falso. “-Además, deben ser de lo más anti y militaristas”, había dicho el señor Verdurin. “-¡Ah!, eso sí que me da lo mismo; hace demasiado tiempo que se habla de ese asunto” contestó la señora de Verdurin, que, dreyfusista sincera, hubiese querido, sin embargo, hallar en la preponderancia de un salón dreyfusista una recompensa social Y el dreyfusismo triunfaba en política, pero no socialmente. Labori, Reinach, Picquart y Zola seguían siendo para la gente de sociedad algo así como traidores que no podían acercarse al núcleo. Por eso, después de esa incursión por la política, la señora de Verdurin quería volver al arte. Por otra parte, ¿acaso D′Indy y Debussy no estaban mal en el asunto? “-En lo que concierne al asunto, no tenemos más que colocarlos junto a Brichot -dijo ella (ya que el universitario era el único de los fieles que se había inclinado por el Estado Mayor, cosa que lo rebajara bastante en la estima de la señora de Verdurin)- . No está obligado uno a hablar siempre del asunto Dreyfus. No; la verdad es que los Cambremer me aburren”. En cuanto a los fieles, tan excitados por su deseo inconfesado de conocer a los Cambremer como víctimas crédulas del aburrimiento afectado que la señora de Verdurin parecía experimentar al recibirlos, cada día, al conversar con ella, volvían a los viles argumentos que ella misma daba a favor de esa invitación, tratando de hacerlos irresistibles. “-Decídase de una buena vez -decía Cottard- y tendrá las concesiones que quiera para el alquiler; ellos pagarán el jardinero y además podrá usar el prado. Todo eso bien vale aburrirse una noche. No pienso, además, sino en usted”, agregó, aunque le latiera el corazón una vez que hubo cruzado por el camino el coche de la señora de Verdurin con el de la anciana señora de Cambremer y sobre todo se sentía humillado debido a los empleados del ferrocarril, cuando se encontraba con el marqués en la estación. Por su lado, los Cambremer, que vivían muy alejados de todo movimiento social para sospechar siquiera que algunas mujeres elegantes hablaban con consideración de la señora de Verdurin, suponían que ésta era una persona que no conocería sino a bohemios, no estaría quizás legítimamente casada y en cuanto a gente nacida nunca los vería sino a ellos. No se habían resignado a cenar más que para seguir en buenas relaciones con una inquilina cuyo regreso esperaban para numerosas estaciones, sobre todo desde que sabían, desde el mes anterior, que acababa de heredar tantos millones. Se preparaban para el día fatal silenciosamente y sin bromas de mal gusto. Los fieles ya no esperaban que viniesen; tantas eran las veces que delante de ellos la señora de Verdurin había fijado una fecha siempre aplazada. Esas falsas resoluciones tenían por objeto no sólo ostentar el fastidio que le causaba esa comida, sino mantener interesados a los miembros del pequeño grupo que habitaban en las cercanías y a veces eran propensos a fallar. Y no porque la Patrona no adivinase que el gran día les era tan agradable como a ella misma, sino porque al haberlos convencido de que esa comida era para ella la carga más terrible, podía hacer un llamado a su abnegación. “-No me irán a dejar sola con esos chinos. Al contrario, tenemos que ser numerosos para soportar el aburrimiento. Naturalmente, no podremos hablar de nada que nos interese. Será un miércoles fracasado, qué quieren ustedes”.
— En effet, répondit Brichot, en s′adressant à moi, je crois que Mme Verdurin, qui est très intelligente et apporte une grande coquetterie à l′élaboration de ses mercredis, ne tenait guère à recevoir ces hobereaux de grande lignée mais sans esprit. Elle n′a pu se résoudre à inviter la marquise douairière, mais s′est résignée au fils et à la belle-fille. “En efecto -contestó Brichot dirigiéndose a mí-, creo que la señora de Verdurin, que es muy inteligente y despliega gran coquetería en la elaboración de sus miércoles, no tenía ningún interés en recibir a esos hidalgüelos de gran alcance, pero sin espíritu. No pudo resolverse a invitar a la vieja marquesa, pero se ha resignado al hijo y a la nuera”.
— Ah! nous verrons la marquise de Cambremer? dit Cottard avec un sourire où il crut devoir mettre de la paillardise et du marivaudage, bien qu′il ignorât si Mme de Cambremer était jolie ou non. Mais le titre de marquise éveillait en lui des images prestigieuses et galantes. «Ah! je la connais, dit Ski, qui l′avait rencontrée, une fois qu′il se promenait avec Mme Verdurin. — Vous ne la connaissez pas au sens biblique, dit, en coulant un regard louche sous son lorgnon, le docteur, dont c′était une des plaisanteries favorites. — Elle est intelligente, me dit Ski. Naturellement, reprit-il en voyant que je ne disais rien et appuyant en souriant sur chaque mot, elle est intelligente et elle ne l′est pas, il lui manque l′instruction, elle est frivole, mais elle a l′instinct des jolies choses. Elle se taira, mais elle ne dira jamais une bêtise. Et puis elle est d′une jolie coloration. Ce serait un portrait qui serait amusant à peindre», ajouta-t-il en fermant à demi les yeux comme s′il la regardait posant devant lui. Comme je pensais tout le contraire de ce que Ski exprimait avec tant de nuances, je me contentai de dire qu′elle était la soeur d′un ingénieur très distingué, M. Legrandin. «Hé bien, vous voyez, vous serez présenté à une jolie femme, me dit Brichot, et on ne sait jamais ce qui peut en résulter. Cléopâtre n′était même pas une grande dame, c′était la petite femme, la petite femme inconsciente et terrible de notre Meilhac, et voyez les conséquences, non seulement pour ce jobard d′Antoine, mais pour le monde antique. — J′ai déjà été présenté à Mme de Cambremer, répondis-je. “-¡Ah!, ¿veremos a la marquesa de Cambremer?” dijo Cottard con una sonrisa en la que creyó necesario poner picardea y discreteo, aunque ignorase si la señora de Cambremer era bonita o no. Pero el título de marquesa le despertaba imágenes prestigiosas y galantes. “-¡Ah, la conozco!”, dijo Ski, que la había encontrado una vez que se paseaba con la señora de Verdurin. “-No la conoce en el sentido bíblico”, repuso el doctor deslizando una mirada turbia bajo sus anteojos, en una broma que le era habitual. “-Es inteligente - me dijo Skii . Naturalmente -agregó al ver que yo no decía nada yapoyando con una sonrisa cada palabra-, es inteligente yno lo es: le falta instrucción. Y es frívola, pero tiene el instinto de las cosas hermosas. Se callará, pero nunca dirá una tontería. Además, tiene un lindo color. Sería un retrato divertido”, concluyó, entrecerrando los ojos, como si la mirase posando para él. Como yo pensaba todo lo contrario de lo que Ski expresaba con tantos matices, me conformé diciendo que era la hermana de un ingeniero muy distinguido, el señor Legrandin. “-Y bueno, ya lo ve, le presentarán a una mujer bonita - me dijo Brichott, y nunca se sabe lo que puede resultar. Cleopatra no era siquiera una gran señora: era la mujercita, la mujercita inconsecuente yterrible, de nuestro Meilhac, y vea las consecuencias, no sólo para ese tonto de Antonio, sino para el mundo antiguo.
— Ah! mais alors vous allez vous trouver en pays de connaissance. — Je serai d′autant plus heureux de la voir, répondis-je, qu′elle m′avait promis un ouvrage de l′ancien curé de Combray sur les noms de lieux de cette région-ci, et je vais pouvoir lui rappeler sa promesse. Je m′intéresse à ce prêtre et aussi aux étymologies. — Ne vous fiez pas trop à celles qu′il indique, me répondit Brichot; l′ouvrage, qui est à la Raspelière et que je me suis amusé à feuilleter, ne me dit rien qui vaille; il fourmille d′erreurs. Je vais vous en donner un exemple. Le mot Bricq entre dans la formation d′une quantité de noms de lieux de nos environs. Le brave ecclésiastique a eu l′idée passablement biscornue qu′il vient de Briga, hauteur, lieu fortifié. Il le voit déjà dans les peuplades celtiques, Latobriges, Nemetobriges, etc., et le suit jusque dans les noms comme Briand, Brion, etc . . . Pour en revenir au pays que nous avons le plaisir de traverser en ce moment avec vous, Bricquebosc signifierait le bois de la hauteur, Bricqueville l′habitation de la hauteur, Bricquebec, où nous nous arrêterons dans un instant avant d′arriver à Maineville, la hauteur près du ruisseau. Or ce n′est pas du tout cela, pour la raison que bricq est le vieux mot norois qui signifie tout simplement: un pont. De même que fleur, que le protégé de Mme de Cambremer se donne une peine infinie pour rattacher tantôt aux mots scandinaves floi, flo, tantôt au mot irlandais ae et aer, est au contraire, à n′en point douter, le fiord des Danois et signifie: port. De même l′excellent prêtre croit que la station de Saint–Martin-le-Vêtu, qui avoisine la Raspelière, signifie Saint–Martin-le-Vieux (vetus). Il est certain que le mot de vieux a joué un grand rôle dans la toponymie de cette région. ¡Ah!, pero entonces va a estar usted en territorio conocido”. “-Me alegrará tanto más verla contesté porque me había prometido una obra del antiguo cura de Combray, acerca de los nombres lugareños de esta región, y voy a poder recordarle su promesa. Me interesa ese sacerdote y también esas etimologías”. “No confíe mucho en las que él indica contestó Brichott. La obra que está en la Raspeliére y me entretuve en hojear no me ha enseñado nada que valga la pena; está llena de errores. Le voy a dar un ejemplo. La palabra Bricq entra en la formación de una cantidad de toponímicos de los alrededores. El buen sacerdote ha tenido la idea pasablemente singular de que proviene de Briga, altura, lugar fortificado. Ya lo ve en las poblaciones célticas: Latobriges, Nemetobriges, etc., y lo sigue hasta en nombres como Briand, Brion, etc. Para volver al lugar que tenemos el gusto de atravesar en este momento con usted, Bricquebose significaría el bosque de la altura; Bricqueville la habitación de la altura; Bricquebec, donde nos detendremos dentro de un instante, antes de llegar a Maineville, la altura junto al arroyo. Y no es eso en absoluto, por la razón de que bricq es una palabra del antiguo escandinavo, que significa sencillamente puente Lo mismo que flor -que el protegido de la señora de Cambremer se toma un trabajo infinito en relacionar tan pronto con las palabras escandinavas floi, flo, tan pronto con las irlandesas ae y aer es, por el contrario ysin duda, el fiordo de los daneses, ysignifica puerto. Asimismo el excelente sacerdote cree que la estación de Saint-Martin-le-Vetu, que se avecina a la Raspeliére, significa Saint-Martin-le-Vieux27 (Vetus). Es verdad que la palabra viejo ha desempeñado un gran papel en la toponimia de esta región.
Vieux vient généralement de vadum et signifie un gué, comme au lieu dit: les Vieux. C′est ce que les Anglais appelaient «ford» (Oxford, Hereford). Mais, dans le cas particulier, vieux vient non pas de vetus, mais de vastatus, lieu dévasté et nu. Vous avez près d′ici Sottevast, le vast de Setold; Brillevast, le vast de Berold. Je suis d′autant plus certain de l′erreur du curé, que Saint–Martin-le-Vieux s′est appelé autrefois Saint–Martin-du-Gast et même Saint–Martin-de-Terregate. Or le v et le g dans ces mots sont la même lettre. On dit: dévaster mais aussi: gâcher. Jachères et gâtines (du haut allemand wastinna) ont ce même sens: Terregate c′est donc terra vastata. Quant à Saint–Mars, jadis (honni soit qui mal y pense) Saint–Merd, c′est Saint–Medardus, qui est tantôt Saint-Médard, Saint–Mard, Saint–Marc, Cinq–Mars, et jusqu′à Dammas. Il ne faut du reste pas oublier que, tout près d′ici, des lieux, portant ce même nom de Mars, attestent simplement une origine pane (le dieu Mars) restée vivace en ce pays, mais que le saint homme se refuse à reconnaître. Les hauteurs dédiées aux dieux sont en particulier fort nombreuses, comme la montagne de Jupiter (Jeumont). Votre curé n′en veut rien voir et, en revanche, partout où le christianisme a laissé des traces, elles lui échappent. Il a poussé son voyage jusqu′à Loctudy, nom barbare, dit-il, alors que c′est Locus sancti Tudeni, et n′a pas davantage, dans Sammarçoles, deviné Sanctus Martialis. Votre curé, continua Brichot, en voyant qu′il m′intéressait, fait venir les mots en hon, home, holm, du mot holl (hullus), colline, alors qu′il vient du norois holm, île, que vous connaissez bien dans Stockholm, et qui dans tout ce pays-ci est si répandu, la Houlme. Engohomme, Tahoume, Robehomme, Néhomme, Quettehon, etc.» Ces noms me firent penser au jour où Albertine avait voulu aller à Amfreville-la-Bigot (du nom de deux de ses seigneurs successifs, me dit Brichot), et où elle m′avait ensuite proposé de dîner ensemble à Robehomme. Quant à Montmartin, nous allions y passer dans un instant. «Est-ce que Néhomme, demandai-je, n′est pas près de Carquethuit et de Clitourps? — Parfaitement, Néhomme c′est le holm, l′île ou presqu′île du fameux vicomte Nigel dont le nom est resté aussi dans Néville. Carquethuit et Clitourps, dont vous me parlez, sont, pour le protégé de Mme de Cambremer, l′occasion d′autres erreurs. Sans doute il voit bien que carque, c′est une église, la Kirche des Allemands. Vous connaissez Querqueville, sans parler de Dunkerque. Car mieux vaudrait alors nous arrêter à ce fameux mot de Dun qui, pour les Celtes, signifiait une élévation. Et cela vous le retrouverez dans toute la France. Votre abbé s′hypnotisait devant Duneville repris dans l′Eure-et-Loir; il eût trouvé Châteaudun, Dun-le-Roi dans le Cher; Duneau dans la Sarthe; Dun dans l′Ariège; Dune-les-Places dans la Nièvre, etc., etc. Ce Dun lui fait commettre une curieuse erreur en ce qui concerne Doville, où nous descendrons et où nous attendent les confortables voitures de Mme Verdurin. Doville, en latin donvilla, dit-il. Viejo viene generalmente de vadum y significa un vado, como en el lugar llamado los Viejos. Es lo que los ingleses llamaban un ford (Oxford Hereford). Pero, en este caso particular, viejo no proviene de vetus, sino de vastatus, lugar desnudo ydesprovisto. Por aquí cerca tiene usted a Sottevast, el vast de Setold; Brillevast, el vast de Berold. Estoy tanto más seguro del error del cura cuanto que San-Martín-el-Viejo se ha llamado antes San-Martín-del-Gast y aún San Martín de Terregate. Y la v y la g en esas palabras son una misma letra. Se dice dévaster (asolar), pero también gácher (estropear). Jachéres y gatines (del alto alemán wastinna) tienen ese mismo sentido: Terregate es, pues, terra vasta. En cuanto a Saint-Mars, antiguamente (honni soit qui mal y pense)28 Saint-Merd, es San Me Meardus, que tan pronto es San Medardo Saint-Mard, Cinq-Mars y hasta Dammas. No hay que olvidar, por otra parte, que muy cerca de aquí, lugares que llevan ese mismo nombre de Mars, demuestran simplemente un origen pagano (el dios Marte) que ha quedado vivo en esa región, pero que el santo varón se niega a reconocer. Las alturas dedicadas a los dioses son particularmente muy numerosas, como la montaña de Júpiter (Jeumont). Su cura no quiere saber nada y en cambio, donde el cristianismo ha dejado rastros, se le escapan todos. Ha llevado su viaje hasta Loctudy, nombre bárbaro según él, siendo así que es Locus sancti Tudeni, y tampoco adivinó en Sammarcoles, Sanctus Martialis. Su cura -continuó Brichot, viendo que me interesaba- deriva las palabras en hon, honre, holm, de la palabra holl (hullus), colina, aunque provienen del antiguo escandinavo holm, isla, que bien se evidencia en Stockholm y que está tan divulgado en este lugar: la Houlme, Engohomme, Tahoume, Robehomme, Néhomme, Quettehon, etc.”. Esos nombres me hicieron recordar el día en que Albertina quiso ir a Amfreville-la-Bigot (del nombre de sus dos señores sucesivos, me dijo Brichot) y donde luego me había propuesto cenar juntos en Robehomme . En cuanto a Montmartin, íbamos a pasar dentro de un instante. “-¿Nehomme -le pregunté- no está cerca de Carquethuit y Clitourps?” “-Perfectamente; Néhomme es el holm, la isla o península del famoso vizconde Nigel, cuyo nombre se prolonga también en Néville. Carquethuit y Clitourps, de que me habla usted, son otros tantos motivos de errores para el protegido de la señora de Cambremer. Sin duda bien ve que carque es iglesia, la Kirshe de los alemanes. Usted conoce Querqueville, sin hablar de Dunkerque. Porque más nos convendría entonces detenernos en esa famosa palabra de Dun, que para los celtas significa una elevación. Y eso lo volverá a encontrar usted en toda Francia. Su abad se hipnotizaba ante Duneville, de vuelta por Dun-le-Roi, en el Cher; Duneau en el Sarthe; Dun en el Ariége; Dune-les- Places en la Niévre; etc. Ese Dun le hace cometer un error curioso en lo que se refiere a Douville, adonde bajaremos y donde nos esperan los cómodos coches de la señora de Verdurin. Douville, en latín donvilla, dice él.
En effet Doville est au pied de grandes hauteurs. Votre curé, qui sait tout, sent tout de même qu′il a fait une bévue. Il a lu, en effet, dans un ancien Fouillé Domvilla. Alors il se rétracte; Douville, selon lui, est un fief de l′Abbé, Domino Abbati, du mont Saint–Michel. Il s′en réjouit, ce qui est assez bizarre quand on pense à la vie scandaleuse que, depuis le Capitulaire de Saint–Clair-sur-Epte, on menait au mont Saint–Michel, et ce qui ne serait pas plus extraordinaire que de voir le roi de Danemark suzerain de toute cette côte où il faisait célébrer beaucoup plus le culte d′Odin que celui du Christ. D′autre part, la supposition que l′n a été changée en m ne me choque pas et exige moins d′altération que le très correct Lyon qui, lui aussi, vient de Dun (Lugdunum). Mais enfin l′abbé se trompe. Douville n′a jamais été Douville, mais Doville, Eudonis Villa, le village d′Eudes. Douville s′appelait autrefois Escalecliff, l′escalier de la pente. Vers 1233, Eudes le Bouteiller, seigneur d′Escalecliff, partit pour la Terre–Sainte; au moment de partir il fit remise de l′église à l′abbaye de Blanchelande. Échange de bons procédés: le village prit son nom, d′où actuellement Douville. Mais j′ajoute que la toponymie, où je suis d′ailleurs fort ignare, n′est pas une science exacte; si nous n′avions ce témoignage historique, Douville pourrait fort bien venir d′Ouville, c′est-à-dire: les Eaux. Les formes en ai (Aigues–Mortes), de aqua, se changent fort souvent en eu, en ou. Or il y avait tout près de Douville des eaux renommées, Carquebut. Vous pensez que le curé était trop content de trouver là quelque trace chrétienne, encore que ce pays semble avoir été assez difficile à évangéliser, puisqu′il a fallu que s′y reprissent successivement saint Ursal, saint Gofroi, saint Barsanore, saint Laurent de Brèvedent, lequel passa enfin la main aux moines de Beaubec. Mais pour tuit l′auteur se trompe, il y voit une forme de toft, masure, comme dans Criquetot, Ectot, Yvetot, alors que c′est le thveit, essart, défrichement, comme dans Braquetuit, le Thuit, Regnetuit, etc. De même, s′il reconnaît dans Clitourps le thorp normand, qui veut dire: village, il veut que la première partie du nom dérive de clivus, pente, alors qu′elle vient de cliff, rocher. Mais ses plus grosses bévues viennent moins de son ignorance que de ses préjugés. Si bon Français qu′on soit, faut-il nier l′évidence et prendre Saint–Laurent-en-Bray pour le prêtre romain si connu, alors qu′il s′agit de saint Lawrence Toot, archevêque de Dublin? Mais plus que le sentiment patriotique, le parti pris religieux de votre ami lui fait commettre des erreurs grossières. Ainsi vous avez non loin de chez nos hôtes de la Raspelière deux Montmartin, Montmartin-sur-Mer et Montmartin-en-Graignes. Pour Graignes, le bon curé n′a pas commis d′erreur, il a bien vu que Graignes, en latin Grania, en grec crêné, signifie: étangs, marais; combien de Cresmays, de Croen, de Gremeville, de Lengronne, ne pourrait-on pas citer? Mais pour Montmartin, votre prétendu linguiste veut absolument qu′il s′agisse de paroisses dédiées à saint Martin. En efecto, Douville está al pie de grandes alturas. Su cura, que todo lo sabe, siente, sin embargo, que se ha equivocado. En efecto, ha leído en un antiguo Pouillé, Domvilla. Entonces se retracta; Douville, según él, es un feudo del Abad, Domino Abbati, del monte Saint-Michel. Se alegra de ello, lo que es bastante extraño cuando se piensa en la vida escandalosa que desde el Capitular de Santa Clara sobre el Epte se llevaba en el monte Saint-Michel, lo que no sería más extraordinario que ver al rey de Dinamarca soberano de toda esa costa, donde hacía celebrar mucho más el culto de Odín que el de Cristo. Por otra parte, la suposición de que se cambió la n por m no me choca yexige menos alteración que el muy correcto Lyon, que también proviene de Dun (Lugdunum). Pero a la postre se equivoca el abate. Douville nunca ha sido Douville, sino Doville, Eudonis Villa, la aldea de Eudes. Douville se llamaba antaño Escalecliff, la escalera de la pendiente. Hacia 1233, Eudes le Bouteiller, señor de Escalecliff, partió para Tierra Santa; en el momento de partir entregó la iglesia a la abadía de Blanchelande. Intercambio de buenos procedimientos, la aldea tomó su nombre, de donde actualmente Douville. Pero agrego que la topografía, en la que, por otra parte, soy muy ignorante, no es una ciencia exacta; si no tuviésemos ese testimonio histórico, Douville podría muy bien originarse en d′Ouville, es decir las Aguas. Las formas en ai (Aigues-Mortes) de a qua se cambian muy a menudo en eu o en ou. Había termas muy acreditadas cerca de Douville: las de Carquebut. Usted se imagina que el cura estaba muy contento de encontrar ahí algún rastro cristiano, aunque esa región haya sido, por lo visto, bastante difícil de evangelizar, ya que debieron insistir sucesivamente San Ursal, San Gofroi, San Barsanore, San Lorenzo de Brévedent, quien pasó por fin la mano a los monjes de Beaubec. Pero en tuit se equivoca el autor; él ve una forma de taft, casucha, como en Cricquetot, Ectot, Yvetot, mientras que es el thveit, desmonte, roturar; como en Bracquetuit, le Thuit, Regnetuit, etc. Lo mismo que si reconoce en Clitourps el thorp normando, que significa aldea, quiere que la primera parte del nombre derive de clivus, pendiente, siendo así que deriva de cliff, roca. Pero sus mayores errores más se originan en sus prejuicios que en sus ignorancias. Por buen francés que uno sea, ¿debe negarse la evidencia y confundir a San Lorenzo en Bray con el sacerdote romano tan conocido, siendo que se trata de Saint-Lawrence Toot, arzobispo de Dublín? Pero, más que el sentimiento patriótico, el prejuicio religioso de su amigo le hace cometer errores groseros. Así es como tiene usted, no muy lejos de nuestros dueños de casa de la Raspeliére, dos Montmartin: Montmartin-sur-Mer y Monmartin-en-Graignes. En cuanto a Graignes, el buen cura no ha cometido errores. Ha visto claramente que Graignes, en latín Grania, en griego crêné, significa estanque, pantano. ¡Cuántos Cresmays, Croen, Gremeville, Lengronne no podrían citarse! Pero respecto a Montmartin, su pretendido lingüista quiere absolutamente que se trate de parroquias dedicadas a San Martín.
Il s′autorise de ce que le saint est leur patron, mais ne se rend pas compte qu′il n′a été pris pour tel qu′après coup; ou plutôt il est aveuglé par sa haine du paganisme; il ne veut pas voir qu′on aurait dit Mont–Saint-Martin comme on dit le mont Saint–Michel, s′il s′était agi de saint Martin, tandis que le nom de Montmartin s′applique, de façon beaucoup plus pane, à des temples consacrés au dieu Mars, temples dont nous ne possédons pas, il est vrai, d′autres vestiges, mais que la présence incontestée, dans le voisinage, de vastes camps romains rendrait des plus vraisemblables même sans le nom de Montmartin qui tranche le doute. Vous voyez que le petit livre que vous allez trouver à la Raspelière n′est pas des mieux faits.» J′objectai qu′à Combray le curé nous avait appris souvent des étymologies intéressantes. «Il était probablement mieux sur son terrain, le voyage en Normandie l′aura dépaysé. — Et ne l′aura pas guéri, ajoutai-je, car il était arrivé neurasthénique et est reparti rhumatisant. — Ah! c′est la faute à la neurasthénie. Il est tombé de la neurasthénie dans la philologie, comme eût dit mon bon maître Pocquelin. Dites donc, Cottard, vous semble-t-il que la neurasthénie puisse avoir une influence fâcheuse sur la philologie, la philologie une influence calmante sur la neurasthénie, et la guérison de la neurasthénie conduire au rhumatisme? — Parfaitement, le rhumatisme et la neurasthénie sont deux formes vicariantes du neuro-arthritisme. On peut passer de l′une à l′autre par métastase. — L′éminent professeur, dit Brichot, s′exprime, Dieu me pardonne, dans un français aussi mêlé de latin et de grec qu′eut pu le faire M. Purgon lui-même, de moliéresque mémoire! A moi, mon oncle, je veux dire notre Sarcey national . . . » Arguye que el santo es su patrono, pero no advierte que ha sido tomado como tal posteriormente; o más bien, esté cegado por su odio al paganismo; no quiere ver que se habría dicho Monte Saint-Martín, como se dice el Monte Saint-Michel, si se hubiese tratado de Saint-Martín, mientras que el nombre de Montmartin se aplica mucho más paganamente a templos consagrados al, dios Marte, templos de los que no tenemos, en verdad, otros vestigios, pero que la presencia innegable de vastos campamentos romanos haría mucho más verosímiles aun sin el nombre de Montmartin, que elimina toda duda. Usted ve que el librito que va a encontrar en la Raspeliére no es de los mejores”. Objeté que en Combray el cura nos había enseñado a menudo interesantes etimologías. “-Estaba probablemente mejor en su terreno; el viaje a la Normandía lo habrá descentrado”. “-Y no lo habrá curado -agregué yo-, porque se fue neurasténico y volvió reumático”. “-¡Ah!, eso es culpa de la neurastenia. Cayó de la neurastenia a la filología, como hubiese dicho mi buen maestro Pocquelin.29 Dígame, Cottard: ¿le parece que la neurastenia puede tener alguna influencia enojosa sobre la filología, la filología una influencia calmante sobre la neurastenia y la cura de la neurastenia conducir al reumatismo?”. “-Perfectamente, la neurastenia y el reumatismo son dos variedades del neuroartritismo. Puede pasarse de una a otra por metástasis”. “-El eminente profesor -dijo Brichot- se expresa, Dios me perdone, en un francés tan mezclado de latín y griego como pudiese hacerlo el mismo señor Purgon, de molieresco recuerdo. A mi tío, quiero decir nuestro Sarcey nacional...
Mais il ne put achever sa phrase. Le professeur venait de sursauter et de pousser un hurlement: «Nom de d′là, s′écria-t-il en passant enfin au langage articulé, nous avons passé Maineville (hé! hé!) et même Renneville.» Il venait de voir que le train s′arrêtait à Saint–Mars-le-Vieux, où presque tous les voyageurs descendaient. «Ils n′ont pas dû pourtant brûler l′arrêt. Nous n′aurons pas fait attention en parlant des Cambremer. —Écoutez-moi, Ski, attendez, je vais vous dire «une bonne chose», dit Cottard qui avait pris en affection cette expression usitée dans certains milieux médicaux. La princesse doit être dans le train, elle ne nous aura pas vus et sera montée dans un autre compartiment. Allons à sa recherche. Pourvu que tout cela n′aille pas amener de grabuge!» Et il nous emmena tous à la recherche de la princesse Sherbatoff. Il la trouva dans le coin d′un wagon vide, en train de lire la Revue des Deux–Mondes. Elle avait pris depuis de longues années, par peur des rebuffades, l′habitude de se tenir à sa place, de rester dans son coin, dans la vie comme dans le train, et d′attendre pour donner la main qu′on lui eût dit bonjour. Elle continua à lire quand les fidèles entrèrent dans son wagon. Je la reconnus aussitôt; cette femme, qui pouvait avoir perdu sa situation mais n′en était pas moins d′une grande naissance, qui en tout cas était la perle d′un salon comme celui des Verdurin, c′était la dame que, dans le même train, j′avais cru, l′avant-veille, pouvoir être une tenancière de maison publique. Sa personnalité sociale, si incertaine, me devint claire aussitôt quand je sus son nom, comme quand, après avoir peiné sur une devinette, on apprend enfin le mot qui rend clair tout ce qui était resté obscur et qui, pour les personnes, est le nom. Apprendre le surlendemain quelle était la personne à côté de qui on a voyagé dans le train sans parvenir à trouver son rang social est une surprise beaucoup plus amusante que de lire dans la livraison nouvelle d′une revue le mot de l′énigme proposée dans la précédente livraison. Les grands restaurants, les casinos, les «tortillards» sont le musée des familles de ces énigmes sociales. “Pero no pudo concluir la frase. El profesor acababa de estremecerse y lanzar un alarido: “-Nombre de... -exclamó pasando por fin al lenguaje articulado-, hemos dejado atrás Maineville (¡eh!, ¡eh!) y aun Renneville”. Acababa de ver que el tren se detenía en Saint-Mars-le-Vieux, donde bajaban casi todos los pasajeros. “-No deben haber apurado la espera, sin embargo. No habremos hecho caso, mientras hablábamos de los Cambremer”. “-Escúcheme, Ski, espere; voy a decirle una cosa buena -dijo Cottard, que le había tomado cariño a esa expresión utilizada en algunos ambientes medicoso. La princesa debe estar en el tren; no nos habrá visto y habrá subido a otro compartimiento. Vamos a buscarla. Con tal de que todo eso no traiga complicaciones...” Y nos llevó a todos a buscar a la princesa Sheratoff. La encontró en un ángulo de un vagón desocupado leyendo la Revista de Ambos Mundos. Había tomado desde hacía muchos años, por temor a una mala acogida, la costumbre de mantenerse en su lugar, permaneciendo en un rincón, en la vida yen el tren yesperando, para dar la mano, que la saludasen. Continuó leyendo cuando los fieles entraron en el vagón. La reconocí enseguida; esa señora que pudo haber perdido su situación, pero no por eso dejaba de tener un gran origen, que en todo caso era la perla de un salón como el de los Verdurin, era la señora que en el mismo tren había confundido dos días antes con una regente de casa pública. Su personalidad social tan insegura se me aclaró tan pronto supe su nombre, igual que cuando uno ha cavilado ante una adivinanza, descubre por fin la palabra que aclara todo lo que seguía oscuro, y que para las personas es el nombre. Saber dos días después cómo se llama quien ha viajado junto a uno en el tren sin llegar a descubrir su rango social es una sorpresa mucho más divertida que leer en la última entrega de una revista la palabra del jeroglífico propuesto en la entrega anterior. Los grandes restaurantes, los casinos, los corredores son el museo de las familias de esos enigmas sociales.
«Princesse, nous vous aurons manquée à Maineville! Vous permettez que nous prenions place dans votre compartiment? — Mais comment donc», fit la princesse qui, en entendant Cottard lui parler, leva seulement alors de sur sa revue des yeux qui, comme ceux de M. de Charlus, quoique plus doux, voyaient très bien les personnes de la présence de qui elle faisait semblant de ne pas s′apercevoir. Cottard, réfléchissant à ce que le fait d′être invité avec les Cambremer était pour moi une recommandation suffisante, prit, au bout d′un moment, la décision de me présenter à la princesse, laquelle s′inclina avec une grande politesse, mais eut l′air d′entendre mon nom pour la première fois. «Cré nom, s′écria le docteur, ma femme a oublié de faire changer les boutons de mon gilet blanc. Ah! les femmes, ça ne pense à rien. Ne vous mariez jamais, voyez-vous», me dit-il. Et comme c′était une des plaisanteries qu′il jugeait convenables quand on n′avait rien à dire, il regarda du coin de l′oeil la princesse et les autres fidèles, qui, parce qu′il était professeur et académicien, sourirent en admirant sa bonne humeur et son absence de morgue. La princesse nous apprit que le jeune violoniste était retrouvé. “-Princesa, no la hemos encontrado en Maineville. ¿Permite usted que nos sentemos en su compartimiento?” “-¡Pero cómo no!”, dijo la princesa, que, al oír que le hablaba Cottard, sólo entonces levantó la mirada de su revista, con ojos que, como los del señor de Charlus, aunque más dulces, veían muy bien a aquellas personas cuya presencia aparentaba no advertir. Cottard, pensando que el hecho de ser yo un invitado de los Cambremer era para mí una recomendación suficiente, se decidió al cabo de un instante a presentarme a la princesa, quien se inclinó con gran cortesía, pero pareció oír mi nombre por primera vez. “-¡Rediez! -exclamó el doctor-, mi mujer se olvidó de hacerme cambiar los botones del chaleco blanco. ¡Ah!, las mujeres no piensan en nada. No vaya a casarse nunca, vea usted”, me dijo. Y como era una de las bromas que estimaba convenientes cuando no había nada que decir, miró con el rabillo del ojo a la princesa y a los otros fieles, que, como era profesor y académico, sonrieron admirando su buen humor y su falta de empaque. La princesa nos hizo saber que habían encontrado al joven violinista.
Il avait gardé le lit la veille à cause d′une migraine, mais viendrait ce soir et amènerait un vieil ami de son père qu′il avait retrouvé à Doncières. Elle l′avait su par Mme Verdurin avec qui elle avait déjeuné le matin, nous dit-elle d′une voix rapide où le roulement des r, de l′accent russe, était doucement marmonné au fond de la gorge, comme si c′étaient non des r mais des l. «Ah! vous avez déjeuné ce matin avec elle, dit Cottard à la princesse; mais en me regardant, car ces paroles avaient pour but de me montrer combien la princesse était intime avec la Patronne. Vous êtes une fidèle, vous! — Oui, j′aime ce petit celcle intelligent, agléable, pas méchant, tout simple, pas snob et où on a de l′esplit jusqu′au bout des ongles. — Nom d′une pipe, j′ai dû perdre mon billet, je ne le retrouve pas», s′écria Cottard sans s′inquiéter d′ailleurs outre mesure. Il savait qu′à Douville, où deux landaus allaient nous attendre, l′employé le laisserait passer sans billet et ne s′en découvrirait que plus bas afin de donner par ce salut l′explication de son indulgence, à savoir qu′il avait bien reconnu en Cottard un habitué des Verdurin. «On ne me mettra pas à la salle de police pour cela, conclut le docteur. — Vous disiez, Monsieur, demandai-je à Brichot, qu′il y avait près d′ici des eaux renommées; comment le sait-on? — Le nom de la station suivante l′atteste entre bien d′autres témoignages. Elle s′appelle Fervaches. — Je ne complends pas ce qu′il veut dil», grommela la princesse, d′un ton dont elle m′aurait dit par gentillesse: «Il nous embête, n′est-ce pas?» «Mais, princesse, Fervaches veut dire, eaux chaudes, fervidae aquae . . . Mais à propos du jeune violoniste, continua Brichot, j′oubliais, Cottard, de vous parler de la grande nouvelle. Saviez-vous que notre pauvre ami Dechambre, l′ancien pianiste favori de Mme Verdurin, vient de mourir? C′est effrayant. — Il était encore jeune, répondit Cottard, mais il devait faire quelque chose du côté du foie, il devait avoir quelque saleté de ce côté, il avait une fichue tête depuis quelque temps. Había guardado cama el día anterior debido a una jaqueca, pero iría esa noche y llevaría a un viejo amigo de su padre que encontrara en Doncières. Lo supo por la señora de Verdurin, con quien había almorzado esa mañana, nos dijo con una voz rápida en la que el rodar de las r, de timbre ruso, murmuraba suavemente en el fondo de la garganta, corno si fuesen L en lugar de r. “-¡Ah!, almorzó usted con ella esta mañana dijo Cottard a la princesa, pero mirándome, porque esas palabras estaban destinadas a indicarme hasta qué punto la princesa era íntima de la patrona-. Usted es una fiel, vaya.” “-Sí, me gusta ese pequeño círculo inteligente, agradable, nada malvado, sencillo, sin snobismo y donde sobra ingenio.” “-¡Rediez!, he debido perder mi boleto; no lo encuentro -dijo Cottard, no sin inquietarse, por otra parte, más allá de toda medida. Sabía que en Douville, donde nos esperarían dos landós, el empleado lo dejaría pasar sin boleto y lo mismo le haría una reverencia hasta el suelo con el objeto de dar con ese saludo la explicación de su indulgencia, es decir que había reconocido en Cottard a un asiduo de los Verdurin. “-No me pondrán preso por eso”, concluyó el doctor.” “-¿Usted decía, señor -le pregunté a Brichot-Brichos, que por aquí cerca había termas afamadas? ¿Cómo se sabe? “-El nombre de la estación siguiente lo comprueba entre muchos otros testimonios. Se llama Fervaches.” “-No comprendo qué quiere decir”, murmuró la princesa con el tono en que me hubiese dicho, por gentileza: “¿Nos fastidia, verdad?” “-¡Pero princesa! Fervaches quiere decir aguas calientes: Fervidae aquae.” “-Con respecto al joven violinista - continuó Brichott , me olvidaba, Cottard, de hablarle de la gran noticia. ¿Sabía usted que nuestro pobre amigo Dechambre, el antiguo pianista preferido de la señora de Verdurin, acaba de morir? Es horrible.” “-Era joven todavía -contestó Cottardd-, pero debió hacer algo por el hígado, debía tener alguna porquería por ese lado; su semblante no me gustaba nada desde hacía un tiempo.”
— Mais il n′était pas si jeune, dit Brichot; du temps où Elstir et Swann allaient chez Mme Verdurin, Dechambre était déjà une notoriété parisienne, et, chose admirable, sans avoir reçu à l′étranger le baptême du succès. Ah! il n′était pas un adepte de l′Évangile selon saint Barnum, celui-là. — Vous confondez, il ne pouvait aller chez Mme Verdurin à ce moment-là, il était encore en nourrice. — Mais, à moins que ma vieille mémoire ne soit infidèle, il me semblait que Dechambre jouait la sonate de Vinteuil pour Swann quand ce cercleux, en rupture d′aristocratie, ne se doutait guère qu′il serait un jour le prince consort embourgeoisé de notre Odette nationale. — C′est impossible, la sonate de Vinteuil a été jouée chez Mme Verdurin longtemps après que Swann n′y allait plus», dit le docteur qui, comme les gens qui travaillent beaucoup et croient retenir beaucoup de choses qu′ils se figurent être utiles, en oublient beaucoup d′autres, ce qui leur permet de s′extasier devant la mémoire de gens qui n′ont rien à faire. «Vous faites tort à vos connaissances, vous n′êtes pourtant pas ramolli», dit en souriant le docteur. Brichot convint de son erreur. Le train s′arrêta. C′était la Sogne. Ce nom m′intriguait. «Comme j′aimerais savoir ce que veulent dire tous ces noms, dis-je à Cottard. — Mais demandez à M. Brichot, il le sait peut-être. — Mais la Sogne, c′est la Cicogne, Siconia», répondit Brichot que je brûlais d′interroger sur bien d′autres noms. “Pero no era tan joven -repuso Brichott . Cuando Elstir y Swann ya iban a lo de la señora de Verdurin, Dechambre era una notabilidad parisiense, y, cosa admirable, sin haber recibido el bautismo del éxito en el extranjero. ¡Ah!, ése no era un adepto del Evangelio según San Barnum.” “-Usted se confunde: no podía ir a lo de la señora de Verdurin, pues en ese entonces estaba todavía en pañales”: “-Pero, a menos que mi vieja memoria me sea infiel, creo que Dechambre tocaba la sonata de Vinteuil para Swann cuando ese clubman en ruptura de aristocracia no adivinaba aún que llegaría a ser el príncipe consorte aburguesado de nuestra Odette nacional.” “-Es imposible. La sonata de Vinteuil fue tocada en casa de la señora de Verdurin mucho después que Swann dejara de ir -objetó el doctor, tal como la gente que trabaja mucho y cree recordar muchas cosas que supone útiles, se olvida de otras tantas, lo que le permite extasiarse ante la memoria de la gente que no tiene nada que hacer-. Usted perjudica a sus relaciones; sin embargo, no está reblandecido”, agregó, sonriendo, el doctor. Brichot reconoció su error. El tren se detuvo. Era la Sogne. Ese nombre me intrigaba. “- ¡Cómo me gustaría saber el significado de todos esos nombres!”, le dije a Cottard. “-Pero pregúntele a Brichot, quizás lo sepa.” “-Pero la Sogne es la Cigüeña, Siconia”, repuso Brichot, a quien yo ardía en deseos de interrogar sobre muchos otros nombres.
Oubliant qu′elle tenait à son «coin», Mme Sherbatoff m′offrit aimablement de changer de place avec moi pour que je pusse mieux causer avec Brichot à qui je voulais demander d′autres étymologies qui m′intéressaient, et elle assura qu′il lui était indifférent de voyager en avant, en arrière, debout, etc . . . Elle restait sur la défensive tant qu′elle ignorait les intentions des nouveaux venus, mais quand elle avait reconnu que celles-ci étaient aimables, elle cherchait de toutes manières à faire plaisir à chacun. Enfin le train s′arrêta à la station de Doville-Féterne, laquelle étant située à peu près à égale distance du village de Féterne et de celui de Doville, portait, à cause de cette particularité, leurs deux noms. «Saperlipopette, s′écria le docteur Cottard, quand nous fûmes devant la barrière où on prenait les billets et feignant seulement de s′en apercevoir, je ne peux pas retrouver mon ticket, j′ai dû le perdre.» Mais l′employé, ôtant sa casquette, assura que cela ne faisait rien et sourit respectueusement. La princesse (donnant des explications au cocher, comme eût fait une espèce de dame d′honneur de Mme Verdurin, laquelle, à cause des Cambremer, n′avait pu venir à la gare, ce qu′elle faisait du reste rarement) me prit, ainsi que Brichot, avec elle dans une des voitures. Dans l′autre montèrent le docteur, Saniette et Ski. Olvidando que le gustaba su rincón, la señora Sherbatoff me ofreció amablemente cambiar su lugar conmigo para que pudiese conversar mejor con Brichot, pues yo quería pedirle otras etimologías que me interesaban y aseguró que le era indiferente viajar hacia adelante, hacia atrás, de pie, etc. Se quedaba a la defensiva mientras ignoraba las intenciones de los recién llegados; pero, en cuanto reconocía que éstas eran amables, trataba de todos modos de complacer a cada uno. Por fin el tren se detuvo en la estación de Doville-Féterne, la que, a causa de estar a igual distancia de la aldea de Féterne y de la de Doville, llevaba sus dos nombres. “-¡Demonios! -exclamó el doctor Cottard cuando estuvimos frente a la barrera donde recogían los boletos y fingiendo que acababa de advertirlo-, no puedo encontrar mi boleto; debo haberlo perdido.” Pero el empleado, quitándose la gorra, aseguró que no tenía importancia y sonrió respetuosamente. La princesa (que daba explicaciones al cochero, como lo hubiese hecho una especie de dama de honor de la señora de Verdurin, quien no había podido ir a la estación, por causa de los Cambremer, cosa que, por otra parte, hacía rara vez), me llevó, así como a Brichot, en uno de los coches. En el otro subieron el doctor, Saniette y Ski.
Le cocher, bien que tout jeune, était le premier cocher des Verdurin, le seul qui fût vraiment cocher en titre; il leur faisait faire, dans le jour, toutes leurs promenades car il connaissait tous les chemins, et le soir allait chercher et reconduire ensuite les fidèles. Il était accompagné d′extras (qu′il choisissait) en cas de nécessité. C′était un excellent garçon, sobre et adroit, mais avec une de ces figures mélancoliques où le regard, trop fixe, signifie qu′on se fait pour un rien de la bile, même des idées noires. Mais il était en ce moment fort heureux car il avait réussi à placer son frère, autre excellente pâte d′homme, chez les Verdurin. Nous traversâmes d′abord Doville. Des mamelons herbus y descendaient jusqu′à la mer en amples pâtés auxquels la saturation de l′humidité et du sel donnent une épaisseur, un moelleux, une vivacité de tons extrêmes. Les îlots et les découpures de Rivebelle, beaucoup plus rapprochés ici qu′à Balbec, donnaient à cette partie de la mer l′aspect nouveau pour moi d′un plan en relief. Nous passâmes devant de petits chalets loués presque tous par des peintres; nous prîmes un sentier où des vaches en liberté, aussi effrayées que nos chevaux, nous barrèrent dix minutes le passage, et nous nous engageâmes dans la route de la corniche. «Mais, par les dieux immortels, demanda tout à coup Brichot, revenons à ce pauvre Dechambre; croyez-vous que Mme Verdurin sache? Lui a-t-on dit?» Mme Verdurin, comme presque tous les gens du monde, justement parce qu′elle avait besoin de la société des autres, ne pensait plus un seul jour à eux après qu′étant morts, ils ne pouvaient plus venir aux mercredis, ni aux samedis, ni dîner en robe de chambre. Et on ne pouvait pas dire du petit clan, image en cela de tous les salons, qu′il se composait de plus de morts que de vivants, vu que, dès qu′on était mort, c′était comme si on n′avait jamais existé. Mais pour éviter l′ennui d′avoir à parler des défunts, voire de suspendre les dîners, chose impossible à la Patronne, à cause d′un deuil, M. Verdurin feignait que la mort des fidèles affectât tellement sa femme que, dans l′intérêt de sa santé, il ne fallait pas en parler. D′ailleurs, et peut-être justement parce que la mort des autres lui semblait un accident si définitif et si vulgaire, la pensée de la sienne propre lui faisait horreur et il fuyait toute réflexion pouvant s′y rapporter. Quant à Brichot, comme il était très brave homme et parfaitement dupe de ce que M. Verdurin disait de sa femme, il redoutait pour son amie les émotions d′un pareil chagrin. «Oui, elle sait tout depuis ce matin, dit la princesse, on n′a pas pu lui cacher. — Ah! mille tonnerres de Zeus, s′écria Brichot, ah! ça a dû être un coup terrible, un ami de vingt-cinq ans! En voilà un qui était des nôtres! —Évidemment, évidemment, que voulez-vous, dit Cottard. Ce sont des circonstances toujours pénibles; mais Mme Verdurin est une femme forte, c′est une cérébrale encore plus qu′une émotive. — Je ne suis pas tout à fait de l′avis du docteur, dit la princesse, à qui décidément son parler rapide, son accent murmuré, donnait l′air à la fois boudeur et mutin. Mme Verdurin, sous une apparence froide, cache des trésors de sensibilité. M. Verdurin m′a dit qu′il avait eu beaucoup de peine à l′empêcher d′aller à Paris pour la cérémonie; il a été obligé de lui faire croire que tout se ferait à la campagne. — Ah! diable, elle voulait aller à Paris. Mais je sais bien que c′est une femme de coeur, peut-être de trop de coeur même. Pauvre Dechambre! Comme le disait Mme Verdurin il n′y a pas deux mois: «A côté de lui Planté, Paderewski, Risler même, rien ne tient.» Ah! il a pu dire plus justement que ce m′as-tu vu de Néron, qui a trouvé le moyen de rouler la science allemande elle-même: «Qualis artifex pereo!» Mais lui, du moins, Dechambre, a dû mourir dans l′accomplissement du sacerdoce, en odeur de dévotion beethovenienne; et bravement, je n′en doute pas; en bonne justice, cet officiant de la musique allemande aurait mérité de trépasser en célébrant la messe en . Mais il était, au demeurant, homme à accueillir la camarde avec un trille, car cet exécutant de génie retrouvait parfois, dans son ascendance de Champenois parisianisé, des crâneries et des élégances de garde-française.» El cochero, aunque muy joven, era el primer cochero de los Verdurin, el único que fuese verdaderamente cochero por título; los llevaba de paseo durante el día, porque conocía todos los caminos, y por la noche iba a buscar y a traer a los fieles. Lo acompañaban suplentes (que escogía en caso necesario). Era un excelente muchacho, sobrio y diestro; pero con una de esas caras melancólicas cuya mirada demasiado fija significa que por cualquier motivo uno tiene ideas negras y se hace bilis. En ese momento era muy feliz, porque había logrado colocar a su hermano, otro hombre de excelente pasta, en casa de los Verdurin. Atravesamos primeramente Doville. Pequeñas colinas herbosas bajaban hasta el mar, como enormes pasteles a los que la saturación de humedad ysal da un espesor, una blandura yuna extrema vivacidad de tonos. Los islotes y los recortes de Rivebelle, mucho más cerca de aquí que de Balbec, le daban a esta parte del mar el aspecto, nuevo para mí, de un plano en relieve. Pasamos ante pequeños chalets, casi todos alquilados por pintores; tomamos un sendero por el que unas vacas sueltas, tan asustadas como nuestros caballos nos obstruyeron diez minutos el paso y nos metimos por el camino de cornisa. “-Pero, por los dioses inmortales -dijo de golpe Brichot- Brichos, , volviendo a ese pobre Dechambre, ¿cree usted que la señora de Verdurin lo sabe? ¿Se lo han dicho?” La señora de Verdurin, como casi toda la gente de sociedad, justamente porque necesitaba la compañía de los demás, no pensaba un solo día más en ellos; después de muertos, ya no asistirían a los miércoles, ni a los sábados, ni a cenar en bata. Y no podía decirse del pequeño clan, reflejo en eso de todos los salones, que se componía de más muertos que vivos, ya que desde que se moría uno era como si nunca hubiese existido. Pero, para evitar el aburrimiento de tener que hablar de difuntos y hasta suspender las comidas, cosa imposible para la patrona a causa de un duelo, el señor Verdurin fingía que la muerte de los fieles afectaba a tal punto a su mujer que, en interés de su salud, no debía hablársele de ello. Por otra parte, y precisamente porque la muerte de los demás le parecía un accidente tan definitivo y tan vulgar, el pensamiento de la suya le causaba horror y rehuía todo pensamiento que pudiera vinculársele. En cuanto a Brichot, como era muy buena persona y creía perfectamente lo que decía el señor Verdurin de su mujer, temía las emociones de semejante disgusto para su amiga. “-Sí, sabe todo, desde esta mañana -dijo la princesa-; no ha podido ocultársele nada.” “-¡Ah, mil rayos de Zeus! -exclamó Brichott . Debe haber sido un golpe terrible: un amigo de veinticinco años. Ese sí que era uno de los nuestros.” “-Evidentemente, evidentemente, ¿qué quiere usted? -dijo Cottard-. Son circunstancias siempre penosas, pero la señora de Verdurin es una mujer fuerte; es más cerebral aún que emotiva.” “-No opino exactamente lo mismo que el doctor -refutó la princesa, a quien, decididamente, su hablar rápido y su acento murmurante daban a la vez una apariencia de enojada y rebelde-. La señora de Verdurin oculta bajo su aspecto frío tesoros de sensibilidad. El señor Verdurin me dijo que le había costado mucho impedirle que fuera a París para la ceremonia; se vio obligado a hacerle creer que todo se realizaría en el campo.” “-¡Ah, diablos!, quería ir a París. Pero ya sé que es una mujer de corazón, demasiado corazón quizás. ¡Pobre Dechambre! Como decía la señora de Verdurin, no hace aún dos meses: A su lado, ni Planté, ni Padereerski, ni Risler mismo se sostienen. ¡Ah!, él ha podido decir con más precisión que ese poca cosa de Nerón, que encontró la manera de despistar hasta a la misma ciencia alemana: Qualis artifex pereo. Pero, por lo menos, Dechambre ha debido morir en el cumplimiento del sacerdocio, en olor de devoción beethoveniana; y de buena manera, no lo dudo; en justicia, ese oficiante de música alemana mereció morirse celebrando la misa en Re. Por otra parte, era hombre de acoger la muerte con un trino, porque ese genial ejecutante encontraba a veces en su ascendencia parisianizada de la Champagne audacias y elegancias de guardia francés.”
De la hauteur où nous étions déjà, la mer n′apparaissait plus, ainsi que de Balbec, pareille aux ondulations de montagnes soulevées, mais, au contraire, comme apparaît d′un pic, ou d′une route qui contourne la montagne, un glacier bleuâtre, ou une plaine éblouissante, situés à une moindre altitude. Le déchiquetage des remous y semblait immobilisé et avoir dessiné pour toujours leurs cercles concentriques; l′émail même de la mer, qui changeait insensiblement de couleur, prenait vers le fond de la baie, où se creusait un estuaire, la blancheur bleue d′un lait où de petits bacs noirs qui n′avançaient pas semblaient empêtrés comme des mouches. Il ne me semblait pas qu′on pût découvrir de nulle part un tableau plus vaste. Mais à chaque tournant une partie nouvelle s′y ajoutait, et quand nous arrivâmes à l′octroi de Doville, l′éperon de falaise qui nous avait caché jusque-là une moitié de la baie rentra, et je vis tout à coup à ma gauche un golfe aussi profond que celui que j′avais eu jusque-là devant moi, mais dont il changeait les proportions et doublait la beauté. L′air à ce point si élevé devenait d′une vivacité et d′une pureté qui m′enivraient. J′aimais les Verdurin; qu′ils nous eussent envoyé une voiture me semblait d′une bonté attendrissante. J′aurais voulu embrasser la princesse. Je lui dis que je n′avais jamais rien vu d′aussi beau. Elle fit profession d′aimer aussi ce pays plus que tout autre. Mais je sentais bien que, pour elle comme pour les Verdurin, la grande affaire était non de le contempler en touristes, mais d′y faire de bons repas, d′y recevoir une société qui leur plaisait, d′y écrire des lettres, d′y lire, bref d′y vivre, laissant passivement sa beauté les baigner plutôt qu′ils n′en faisaient l′objet de leur préoccupation. Desde la altura en que estábamos, el mar no era más como en Balbec, semejante a las ondulaciones de las montañas, sino, al contrario, como se aparece, desde un pico o desde un camino que bordea la montaña, un glaciar azulado o una llanura deslumbrante situados a menor altura. El desgarramiento de los remolinos parecía inmovilizado y haber dibujado para siempre sus círculos concéntricos; el mismo esmalte del mar, que mudaba insensiblemente el color, adoptaba hacia el fondo de la bahía, allí donde se cavaba un estuario, el blanco azulado de la leche, donde unos estanquecitos negros que no avanzaban, parecían arapados como moscas. No creía que desde ningún sitio pudiese descubrirse más amplio panorama. Pero a cada vuelta se agregaba una parte nueva; así, cuando llegamos a la administración aduanera de Doville, el espolón del acantilado que hasta entonces nos había ocultado la mitad de la bahía volvió a entrar y vi de pronto, a mi izquierda, un golfo tan profundo como el que había tenido hasta entonces ante mí, pero que cambiaba las proporciones y duplicaba su belleza. El aire en ese punto tan alto adquiría una vivacidad y una pureza que me embriagaban. En ese momento los quería a los Verdurin; y el hecho de que nos mandasen el coche me parecía propio de una enternecedora bondad. Hubiera deseado besar a la princesa. Le dije que nunca había visto nada tan hermoso. Declaró que también le gustaba esa región como ninguna otra. Pero yo comprendía perfectamente que, para ella como para los Verdurin, lo más importante no era contemplarla como turistas, sino realizar buenas comidas, recibir a una sociedad que les gustaba, escribir cartas, vivir, en una palabra, dejando que su belleza los inundara pasivamente, antes que hacer e ella el objeto de sus preocupaciones.
De l′octroi, la voiture s′étant arrêtée pour un instant à une telle hauteur au-dessus de la mer que, comme d′un sommet, la vue du gouffre bleuâtre donnait presque le vertige, j′ouvris le carreau; le bruit distinctement perçu de chaque flot qui se brisait avait, dans sa douceur et dans sa netteté, quelque chose de sublime. N′était-il pas comme un indice de mensuration qui, renversant nos impressions habituelles, nous montre que les distances verticales peuvent être assimilées aux distances horizontales, au contraire de la représentation que notre esprit s′en fait d′habitude; et que, rapprochant ainsi de nous le ciel, elles ne sont pas grandes; qu′elles sont même moins grandes pour un bruit qui les franchit, comme faisait celui de ces petits flots, car le milieu qu′il a à traverser est plus pur? Et, en effet, si on reculait seulement de deux mètres en arrière de l′octroi, on ne distinguait plus ce bruit de vagues auquel deux cents mètres de falaise n′avaient pas enlevé sa délicate, minutieuse et douce précision. Je me disais que ma grand′mère aurait eu pour lui cette admiration que lui inspiraient toutes les manifestations de la nature ou de l′art dans la simplicité desquelles on lit la grandeur. Mon exaltation était à son comble et soulevait tout ce qui m′entourait. J′étais attendri que les Verdurin nous eussent envoyé chercher à la gare. Je le dis à la princesse, qui parut trouver que j′exagérais beaucoup une si simple politesse. Je sais qu′elle avoua plus tard à Cottard qu′elle me trouvait bien enthousiaste; il lui répondit que j′étais trop émotif et que j′aurais eu besoin de calmants et de faire du tricot. Je faisais remarquer à la princesse chaque arbre, chaque petite maison croulant sous ses roses, je lui faisais tout admirer, j′aurais voulu la serrer elle-même contre mon coeur. Elle me dit qu′elle voyait que j′étais doué pour la peinture, que je devrais dessiner, qu′elle était surprise qu′on ne me l′eût pas encore dit. Et elle confessa qu′en effet ce pays était pittoresque. Nous traversâmes, perché sur la hauteur, le petit village d′Englesqueville (Engleberti Villa), nous dit Brichot. «Mais êtes-vous bien sûr que le dîner de ce soir a lieu, malgré la mort de Dechambre, princesse? ajouta-t-il sans réfléchir que la venue à la gare des voitures dans lesquelles nous étions était déjà une réponse. Desde la administración, el coche se había detenido por un instante a tal altura por encima del mar que la vista del precipicio azulado, como desde una cima, casi producía el vértigo; abrí la ventanilla; el ruido nítidamente percibido de cada onda que se quebraba tenía algo sublime en su dulzura y su nitidez. No era, acaso, como un índice de medida que, derribando nuestras impresiones habituales, nos demuestra que las distancias verticales pueden asimilarse a las distancias horizontales, al contrario de la representación que se ha hecho nuestro espíritu; y que acercando en esa forma al cielo, no son grandes; que hasta son menores, por un ruido que las atraviesa, como lo hacía el de las pequeñas ondas, porque el medio que debe recorrer es más puro. En efecto, si sólo se retrocedía dos metros más allá de la administración, ya no se percibía ese ruido de olas, al que doscientos metros de acantilado no le habían quitado su delicada, minuciosa y dulce precisión. Me decía yo que mi abuela hubiera tenido por él esa admiración que le inspiraban todas las manifestaciones de la naturaleza o el arte, en cuya simplicidad se puede advertir grandeza. Mi exaltación llegaba al máximo y soliviaba todo lo que me rodeaba. Me enternecía que los Verdurin nos hubiesen mandado buscar a la estación. Se lo dije a la princesa, a quien le pareció que yo exageraba tan simple cortesía. Sé que le confesó más tarde a Cottard que le parecía muy entusiasta; él le contestó que yo era demasiado emotivo yque hubiera necesitado unos calmantes ytejer calceta. Le hacía notar a la princesa cada árbol, cada casita aplastada bajo sus rosas; le hacía admirar todo; hubiera querido abrazarla a ella misma contra mi corazón. Me dijo que veía que yo estaba dotado para la pintura, que debía dibujar y que le sorprendía que aún no me lo hubieran dicho. Y confesó que efectivamente esa región era pintoresca. Atravesamos inclinados sobre la altura la pequeña aldea de Englesque-Ville (Engleberti Villa), nos dijo Brichot. “-Pero, ¿están ustedes seguros de que tendrá lugar la comida de esta noche a pesar de la muerte de Dechambre, princesa? –agregó sin reflexionar que ya era una respuesta la llegada a la estación de los coches en que estábamos.
— Oui, dit la princesse, M. Verdurin a tenu à ce qu′il ne soit pas remis, justement pour empêcher sa femme de «penser». Et puis, après tant d′années qu′elle n′a jamais manqué de recevoir un mercredi, ce changement dans ses habitudes aurait pu l′impressionner. Elle est très nerveuse ces temps-ci. M. Verdurin était particulièrement heureux que vous veniez dîner ce soir parce qu′il savait que ce serait une grande distraction pour Mme Verdurin, dit la princesse, oubliant sa feinte de ne pas avoir entendu parler de moi. Je crois que vous ferez bien de ne parler de rien devant Mme Verdurin, ajouta la princesse. — Ah! vous faites bien de me le dire, répondit naîµ¥ment Brichot. Je transmettrai la recommandation à Cottard.» La voiture s′arrêta un instant. Elle repartit, mais le bruit que faisaient les roues dans le village avait cessé. Nous étions entrés dans l′allée d′honneur de la Raspelière où M. Verdurin nous attendait au perron. «J′ai bien fait de mettre un smoking, dit-il, en constatant avec plaisir que les fidèles avaient le leur, puisque j′ai des hommes si chics.» Et comme je m′excusais de mon veston: «Mais, voyons, c′est parfait. Ici ce sont des dîners de camarades. Je vous offrirais bien de vous prêter un des mes smokings mais il ne vous irait pas.» Le shake hand plein d′émotion que, en pénétrant dans le vestibule de la Raspelière, et en manière de condoléances pour la mort du pianiste, Brichot donna au Patron ne provoqua de la part de celui-ci aucun commentaire. Je lui dis mon admiration pour ce pays. «Ah! tant mieux, et vous n′avez rien vu, nous vous le montrerons. Pourquoi ne viendriez-vous pas habiter quelques semaines ici? l′air est excellent.» Brichot craignait que sa poignée de mains n′eût pas été comprise. «Hé bien! ce pauvre Dechambre! dit-il, mais à mi-voix, dans la crainte que Mme Verdurin ne fût pas loin. — C′est affreux, répondit allègrement M. Verdurin. — Si jeune», reprit Brichot. “-Sí -dijo la princesa-. El señor Veldulin ha insistido para que no se postergase justamente para impedir que se preocupase su mujer. Después de tantos años que no ha dejado de recibir los miércoles, ese cambio en sus costumbres pudiera impresionarla. Está muy nerviosa en estos tiempos. El señor Veldulin se alegraba particularmente de que viniese usted a la cena de esta noche, porque sabía que sería una gran distracción para la señora de Veldulin ---dijo la princesa, olvidando que fingiera no haber oído hablar de mí- . Creo que usted hará bien si no habla de nada delante de la señora de Veldulin”, agregó la princesa. “-¡Ah!, hizo usted bien en decírmelo -contestó cándidamente Brichott . Trasmitiré la recomendación a Cottard.” El coche se detuvo por un instante. Volvió a andar, pero ya había cesado el ruido que producían sus ruedas en la aldea. Habíamos entrado en el camino de honor de la Raspeliére, donde nos esperaba el señor Verdurin en la escalinata. “-He tenido razón de ponerme el smoking ---dijo al comprobar, complacido, que los fieles tenían el suyo-, ya que recibo a hombres tan elegantes.” Y como yo me disculpara por mi saco: “-Pero vamos, si está perfectamente. Estas son cenas de compañeros. Le propondría prestarle uno de mis smokings, pero no le sentaría.” El shakehand lleno de emoción .que dio Brichot al patrón, al entrar en el vestíbulo de la Raspeliére y a manera de pésame por la muerte del pianista, no provocó por parte de aquél ningún comentario. Le dije mi admiración por ese lugar. “-¡Ah!, tanto mejor, y eso que no ha visto usted nada; ya se lo enseñaremos. ¿No vendría usted por unas semanas? El aire es excelente.” Brichot temió que no fuese comprendido su apretón de manos. “-Y bueno, ese pobre Dechambre”, dijo pero a media voz temiendo que la señora de Verdurin no estuviese muy lejos. “-Es atroz”, contestó alegremente el señor Verdurin. “-Tan joven”, repuso Brichot.
Agacé de s′attarder à ces inutilités, M. Verdurin répliqua d′un ton pressé et avec un gémissement suraigu, non de chagrin, mais d′impatience irritée: «Hé bien oui, mais qu′est-ce que vous voulez, nous n′y pouvons rien, ce ne sont pas nos paroles qui le ressusciteront, n′est-ce pas?» Et la douceur lui revenant avec la jovialité: «Allons, mon brave Brichot, posez vite vos affaires. Nous avons une bouillabaisse qui n′attend pas. Surtout, au nom du ciel, n′allez pas parler de Dechambre à Mme Verdurin! Vous savez qu′elle cache beaucoup ce qu′elle ressent, mais elle a une véritable maladie de la sensibilité. Non, mais je vous jure, quand elle a appris que Dechambre était mort, elle a presque pleuré», dit M. Verdurin d′un ton profondément ironique. A l′entendre on aurait dit qu′il fallait une espèce de démence pour regretter un ami de trente ans, et d′autre part on devinait que l′union perpétuelle de M. Verdurin avec sa femme n′allait pas, de la part de celui-ci, sans qu′il la jugeât toujours et qu′elle l′agaçât souvent. «Si vous lui en parlez elle va encore se rendre malade. C′est déplorable, trois semaines après sa bronchite. Dans ces cas-là, c′est moi qui suis le garde-malade. Vous comprenez que je sors d′en prendre. Affligez-vous sur le sort de Dechambre dans votre coeur tant que vous voudrez. Pensez-y, mais n′en parlez pas. J′aimais bien Dechambre, mais vous ne pouvez pas m′en vouloir d′aimer encore plus ma femme. Tenez, voilà Cottard, vous allez pouvoir lui demander.» Et en effet, il savait qu′un médecin de la famille sait rendre bien des petits services, comme de prescrire par exemple qu′il ne faut pas avoir de chagrin. Fastidiado por atrasarse en semejantes futesas, el señor Verdurin replicó con tono urgido y con un gemido sobreagudo, no de pesar, sino de impaciencia irritada: “-Y bueno, sí; pero, qué quiere usted, nada podemos, y no serán nuestras palabras las que lo resucitarán, ¿verdad? -Y como le volvía la dulzura junto con el buen humor-: Vamos, mi buen Brichot: deposite pronto sus cosas. Tenemos una bouillabaisse30 que no espera. Sobre todo, ¡en nombre del cielo!, no vaya a hablarle de Dechambre a la señora de Verdurin. Usted sabe que oculta muchísimo lo que siente, pero tiene una verdadera enfermedad de la sensibilidad. No, pero se lo juro, cuando supo que Dechambre se había muerto, casi se puso a llorar”, dijo el señor Verdurin con una entonación profundamente irónica. Al oírlo se hubiera dicho que se necesitara una suerte de demencia para lamentar a un amigo de treinta años y, además, se adivinaba que la unión perpetua del señor Verdurin con su mujer no impedía que, por su parte, éste la juzgase siempre y que lo fastidiara muy a menudo. “-Si le habla usted, se va a enfermar. Es lamentable, tres semanas después de su bronquitis. En esos casos, yo soy el enfermero. Aflíjase por la suerte de Dechambre tanto como quiera en su corazón. Piense, pero no hable. Quería mucho a Dechambre, pero no puede usted guardarme rencor si quiero más a mi mujer. Vea, ahí está Cottard; usted se lo puede preguntar.” Y en efecto, sabía que un médico de la familia sabe proporcionar muchos pequeños servicios, como por ejemplo recetar que no debe tenerse pena.
Cottard, docile, avait dit à la Patronne: «Bouleversez-vous comme ça et vous me ferez demain 39 de fièvre», comme il aurait dit à la cuisinière: «Vous me ferez demain du ris de veau.» La médecine, faute de guérir, s′occupe à changer le sens des verbes et des pronoms. Dócilmente Cottard le había dicho a la Patrona: “-Sacúdase usted en esa forma y mañana me proporcionará 89 de fiebre”, como si le dijese a la cocinera: “-Mañana me hará usted molleja de ternera.” La medicina, a falta de curar, se ocupa en cambiar el sentido de los verbos y los pronombres.
M. Verdurin fut heureux de constater que Saniette, malgré les rebuffades que celui-ci avait essuyées l′avant-veille, n′avait pas déserté le petit noyau. En effet, Mme Verdurin et son mari avaient contracté dans l′oisiveté des instincts cruels à qui les grandes circonstances, trop rares, ne suffisaient plus. On avait bien pu brouiller Odette avec Swann, Brichot avec sa maîtresse. On recommencerait avec d′autres, c′était entendu. Mais l′occasion ne s′en présentait pas tous les jours. Tandis que, grâce à sa sensibilité frémissante, à sa timidité craintive et vite affolée, Saniette leur offrait un souffre-douleur quotidien. Aussi, de peur qu′il lâchât, avait-on soin de l′inviter avec des paroles aimables et persuasives comme en ont au lycée les vétérans, au régiment les anciens pour un bleu qu′on veut amadouer afin de pouvoir s′en saisir, à seules fins alors de le chatouiller et de lui faire des brimades quand il ne pourra plus s′échapper. «Surtout, rappela Cottard à Brichot qui n′avait pas entendu M. Verdurin, motus devant Mme Verdurin. — Soyez sans crainte, ô Cottard, vous avez affaire à un sage, comme dit Théocrite. D′ailleurs M. Verdurin a raison, à quoi servent nos plaintes, ajouta-t-il, car, capable d′assimiler des formes verbales et les idées qu′elles amenaient en lui, mais n′ayant pas de finesse, il avait admiré dans les paroles de M. Verdurin le plus courageux stosme. N′importe, c′est un grand talent qui disparaît. — Comment, vous parlez encore de Dechambre? dit M. Verdurin qui nous avait précédés et qui, voyant que nous ne le suivions pas, était revenu en arrière. Écoutez, dit-il à Brichot, il ne faut d′exagération en rien. Ce n′est pas une raison parce qu′il est mort pour en faire un génie qu′il n′était pas. Il jouait bien, c′est entendu, il était surtout bien encadré ici; transplanté, il n′existait plus. Ma femme s′en était engouée et avait fait sa réputation. Vous savez comme elle est. Je dirai plus, dans l′intérêt même de sa réputation il est mort au bon moment, à point, comme les demoiselles de Caen, grillées selon les recettes incomparables de Pampille, vont l′être, j′espère (à moins que vous ne vous éternisiez par vos jérémiades dans cette kasbah ouverte à tous les vents). Vous ne voulez tout de même pas nous faire crever tous parce que Dechambre est mort et quand, depuis un an, il était obligé de faire des gammes avant de donner un concert, pour retrouver momentanément, bien momentanément, sa souplesse. Du reste, vous allez entendre ce soir, ou du moins rencontrer, car ce mâtin-là délaisse trop souvent après dîner l′art pour les cartes, quelqu′un qui est un autre artiste que Dechambre, un petit que ma femme a découvert (comme elle avait découvert Dechambre, et Paderewski et le reste): Morel. Il n′est pas encore arrivé, ce bougre-là. Je vais être obligé d′envoyer une voiture au dernier train. Il vient avec un vieil ami de sa famille qu′il a retrouvé et qui l′embête à crever, mais sans qui il aurait été obligé, pour ne pas avoir de plaintes de son père, de rester sans cela à Doncières à lui tenir compagnie: le baron de Charlus.» Les fidèles entrèrent. M. Verdurin, resté en arrière avec moi pendant que j′ôtais mes affaires, me prit le bras en plaisantant, comme fait à un dîner un maître de maison qui n′a pas d′invitée à vous donner à conduire. «Vous avez fait bon voyage? — Oui, M. Brichot m′a appris des choses qui m′ont beaucoup intéressé», dis-je en pensant aux étymologies et parce que j′avais entendu dire que les Verdurin admiraient beaucoup Brichot. «Cela m′aurait étonné qu′il ne vous eût rien appris, me dit M. Verdurin, c′est un homme si effacé, qui parle si peu des choses qu′il sait.» Ce compliment ne me parut pas très juste. «Il a l′air charmant, dis-je. — Exquis, délicieux, pas pion pour un sou, fantaisiste, léger, ma femme l′adore, moi aussi!» répondit M. Verdurin sur un ton d′exagération et de réciter une leçon. Alors seulement je compris que ce qu′il m′avait dit de Brichot était ironique. Et je me demandai si M. Verdurin, depuis le temps lointain dont j′avais entendu parler, n′avait pas secoué la tutelle de sa femme. El señor Verdurin se alegró al comprobar que Saniette, a pesar de los desaires que había soportado dos días antes, no había desertado del pequeño núcleo. En efecto, la señora de Verdurin y su marido habían contraído en la ociosidad unos instintos crueles a los que las grandes circunstancias, demasiado escasas, ya no bastaban. Por más que hubiesen disgustado a Odette con Swann y a Brichot con su querida. Se volvería a empezar con otros, quedaba entendido. Pero no se presentaba una oportunidad a diario. Mientras, gracias a su sensibilidad estremecida y a su temerosa timidez, pronto enloquecida, Saniette les servía como súfre-lo-todo cotidiano. De ahí que, por temor a que los dejase tenían cuidado de invitarlo con palabras amables y persuasivas como las que tienen en los liceos los antiguos y en el regimiento los veteranos para con un novicio que se desea cebar para poderlo atrapar luego con el único objeto de hacerle cosquillas y por último bromas pesadas cuando ya no pueda huir. “-Sobre todo -recordó Brichot a Cottard, que no había oído al señor Verdurin-, silencio ante la señora de Verdurin.” “-No temáis, oh Cottard! Tenéis que habérosla con un sabio, como dice Teócrito. Por otra parte, le sobra razón al señor Verdurin: de nada sirven nuestras quejas”, agregó, porque, capaz de admirar formas verbales y las ideas que le despertaban, pero carente de fineza, había admirado en las palabras del señor Verdurin el estoicismo más, valiente. No importa es un gran talento el que desaparece. “-¡Cómo! ¿Todavía siguen hablando de Dechambre? - dijo el señor Verdurin, que nos había antecedido y que, al ver que no lo seguíamos, volvió sobre sus pasos. “-Escuche -le objetó a Brichot: no hay que exagerar en nada. Que haya muerto no es un motivo para erigirlo en un genio que no era. Tocaba bien, de acuerdo; estaba sobre todo bien encuadrado aquí; trasplantado, ya no existía. A mi mujer le había encantado, y ella le fabricó su reputación. Ya saben ustedes cómo es. Diré más aún: en el mismo interés de su reputación se ha muerto en el momento propicio, como van a serlo las señoritas de Caen, tostadas de acuerdo con las incomparables recetas de Pampille, me imagino (a menos que os eternicéis con vuestras lamentaciones en esta kasbah abierta a todos los vientos). No querrá usted, sin embargo, que reventemos todos porque se ha muerto Dechambre y cuando desde hace un año estaba obligado a hacer escalas antes de dar un concierto, para volver a encontrar momentáneamente, muy momentáneamente, su elasticidad. Por otra parte, oirán ustedes, o por lo menos encontrarán, porque ese pícaro abandona demasiado a menudo, después de cenar, el arte por los naipes, a alguien mucho más artista que Dechambre, un muchacho a quien descubrió mi mujer (como lo había descubierto a Dechambre, a Paderewsky y demás) Morel. No ha llegado todavía ese canalla. Voy a tener que mandarle un coche al último tren. Viene con un viejo amigo de familia que ha encontrado y que lo aburre a muerte, pero sin el cual lo hubieran obligado, para no oír los lamentos de su padre, a quedarse en Doncières a hacerle compañía: el barón de Charlus.” Los fieles entraron. El señor Verdurin, que se había quedado atrás conmigo, mientras yo sacaba mis cosas, me tomó el brazo bromeando, como lo hace en una cena un dueño de casa que no puede, proporcionarnos una invitada como acompañante. “-¿Tuvo usted buen viaje?” “-Sí, el señor Brichot me hizo conocer cosas que me han interesado mucho”, respondí pensando en las etimologías y porque había oído que los Verdurin lo admiraban mucho. “-Me hubiera asombrado que no le enseñara algo -me dijo el señor Verdurin-. Es un hombre tan apagado, que habla tan poco de las cosas que sabe.” Ese cumplido no me pareció muy preciso. “-Me parece encantador”, le dije. “-Exquisito, delicioso, nada dómine, fantasista, ligero; mi mujer lo adora y yo también”, continuó el señor Verdurin en un tuno exagerado y como quien recita una lección. Sólo entonces comprendí que lo que me había dicho de Brichot era irónico. Y me pregunté si el señor Verdurin desde el tiempo lejano en que había oído hablar no habría sacudido ya el yugo de su mujer.
Le sculpteur fut très étonné d′apprendre que les Verdurin consentaient à recevoir M. de Charlus. Alors que dans le faubourg Saint–Germain, où M. de Charlus était si connu, on ne parlait jamais de ses moeurs (ignorées du plus grand nombre, objet de doute pour d′autres, qui croyaient plutôt à des amitiés exaltées, mais platoniques, à des imprudences, et enfin soigneusement dissimulées par les seuls renseignés, qui haussaient les épaules quand quelque malveillante Gallardon risquait une insinuation), ces moeurs, connues à peine de quelques intimes, étaient au contraire journellement décriées loin du milieu où il vivait, comme certains coups de canon qu′on n′entend qu′après l′interférence d′une zone silencieuse. D′ailleurs dans ces milieux bourgeois et artistes où il passait pour l′incarnation même de l′inversion, sa grande situation mondaine, sa haute origine, étaient entièrement ignorées, par un phénomène analogue à celui qui, dans le peuple roumain, fait que le nom de Ronsard est connu comme celui d′un grand seigneur, tandis que son oeuvre poétique y est inconnue. Bien plus, la noblesse de Ronsard repose en Roumanie sur une erreur. De même, si dans le monde des peintres, des comédiens, M. de Charlus avait si mauvaise réputation, cela tenait à ce qu′on le confondait avec un comte Leblois de Charlus, qui n′avait même pas la moindre parenté avec lui, ou extrêmement lointaine, et qui avait été arrêté, peut-être par erreur, dans une descente de police restée fameuse. En somme, toutes les histoires qu′on racontait sur M. de Charlus s′appliquaient au faux. Beaucoup de professionnels juraient avoir eu des relations avec M. de Charlus et étaient de bonne foi, croyant que le faux Charlus était le vrai, et le faux peut-être favorisant, moitié par ostentation de noblesse, moitié par dissimulation de vice, une confusion qui, pour le vrai (le baron que nous connaissons), fut longtemps préjudiciable, et ensuite, quand il eut glissé sur sa pente, devint commode, car à lui aussi elle permit de dire: «Ce n′est pas moi.» Actuellement, en effet, ce n′était pas de lui qu′on parlait. Enfin, ce qui ajoutait, à la fausseté des commentaires d′un fait vrai (les goûts du baron), il avait été l′ami intime et parfaitement pur d′un auteur qui, dans le monde des théâtres, avait, on ne sait pourquoi, cette réputation et ne la méritait nullement. Quand on les apercevait à une première ensemble, on disait: «Vous savez», de même qu′on croyait que la duchesse de Guermantes avait des relations immorales avec la princesse de Parme; légende indestructible, car elle ne se serait évanouie qu′à une proximité de ces deux grandes dames où les gens qui la répétaient n′atteindraient vraisemblablement jamais qu′en les lorgnant au théâtre et en les calomniant auprès du titulaire du fauteuil voisin. Des moeurs de M. de Charlus le sculpteur concluait, avec d′autant moins d′hésitation, que la situation mondaine du baron devait être aussi mauvaise, qu′il ne possédait sur la famille à laquelle appartenait M. de Charlus, sur son titre, sur son nom, aucune espèce de renseignement. De même que Cottard croyait que tout le monde sait que le titre de docteur en médecine n′est rien, celui d′interne des hôpitaux quelque chose, les gens du monde se trompent en se figurant que tout le monde possède sur l′importance sociale de leur nom les mêmes notions qu′eux-mêmes et les personnes de leur milieu. El escultor se asombró mucho al saber que los Verdurin admitían al señor de Charlus. Siendo así que en el barrio de Saint-Germain, donde era tan conocido el señor de Charlus, no se hablaba nunca de sus costumbres (ignoradas por la mayor parte, tema de dudas para otros, que creían más bien en exaltadas amistades, aunque platónicas; en imprudencias y, en fin, eran cuidadosamente disimuladas por los únicos informados, que alzaban los hombros cuando alguna malevolente Gallardon arriesgaba insinuar algo); esas costumbres, conocidas apenas por algunos íntimos, eran, por el contrario, diariamente voceadas lejos del medio en que vivía, como ciertos cañonazos que no se oyen sino después de la interferencia de una zona de silencio. Por otra parte, en esos medios burgueses y artistas, donde pasaba por la misma encarnación de la pederastia, su gran situación social, su alto origen eran ignorados por completo debido a un fenómeno análogo al que en el pueblo romano hace que el nombre de Ronsard sea conocido como el de un gran señor, mientras que su obra poética le es desconocida. Aún más, la nobleza de Ronsard descansa sobre un error en Rumania. Por lo mismo, si en el mundo de los pintores y los cómicos tenía el señor de Charlus tan mala reputación, eso dependía de que lo confundían con un conde Leblois de Charlus, que no tenía el menor parentesco con él o sumamente lejano y que había sido detenido, quizás por error, en un allanamiento que se hizo célebre. En resumen, todas las historias que se contaban del señor de Charlus se referían al apócrifo. Muchos profesionales juraban haber tenido relaciones con el señor de Charlus y eran de buena fe, creyendo que el supuesto Charlus era el verdadero y el falso, que quizás favorecía, mitad por ostentación de nobleza, mitad por disimulación de vicio, una confusión que para el verdadero (el barón que conocemos) fue durante mucho tiempo perjudicial, y luego, cuando se hubo deslizado por la pendiente, se le hizo cómoda, porque a él también le permitió decir: “No soy yo”. Actualmente, en efecto, no hablaban de él. En fin, lo que acrecía la falsedad de los comentarios de un hecho verdadero (las aficiones del barón) era que había sido íntimo amigo y perfectamente puro de un autor que en el mundo teatral tenía esa reputación no se sabe cómo y no la merecía en lo más mínimo. Cuando los veían juntos en un estreno, decían: “-Ustedes saben”, por lo mismo que se creía que la duquesa de Guermantes tenía relaciones inmorales con la princesa de Parma; leyenda indestructible, porque no se desvanecería más que con la proximidad de esas dos grandes señoras a la que no alcanzaría la gente que la repetían verosímilmente más que mirándolas en el teatro y calumniándolas junto con el titular de la platea vecina. De las costumbres del señor de Charlus el escultor deducía con tanta menor vacilación que la situación social del barón debía ser tan mala que no poseía acerca de la familia a la que pertenecía el señor de Charlus, su título o su nombre ninguna suerte de información. Por lo mismo que Cottard creía que todos saben que el título de doctor en medicina no es nada, y el de interno de hospitales, algo, la gente de mundo se equivoca al imaginarse que todos posen respecto a la importancia social de sus nombres las mismas nociones que ellos y las personas de su medio
Le prince d′Agrigente passait pour un «rasta» aux yeux d′un chasseur de cercle à qui il devait vingt-cinq louis, et ne reprenait son importance que dans le faubourg Saint–Germain où il avait trois soeurs duchesses, car ce ne sont pas sur les gens modestes, aux yeux de qui il compte peu, mais sur les gens brillants, au courant de ce qu′il est, que fait quelque effet le grand seigneur. M. de Charlus allait, du reste, pouvoir se rendre compte, dès le soir même, que le Patron avait sur les plus illustres familles ducales des notions peu approfondies. Persuadé que les Verdurin allaient faire un pas de clerc en laissant s′introduire dans leur salon si «select» un individu taré, le sculpteur crut devoir prendre à part la Patronne. «Vous faites entièrement erreur, d′ailleurs je ne crois jamais ces choses-là, et puis, quand ce serait vrai, je vous dirai que ce ne serait pas très compromettant pour moi!» lui répondit Mme Verdurin, furieuse, car, Morel étant le principal élément des mercredis, elle tenait avant tout à ne pas le mécontenter. Quant à Cottard il ne put donner d′avis, car il avait demandé à monter un instant «faire une petite commission» dans le «buen retiro» et à écrire ensuite dans la chambre de M. Verdurin une lettre très pressée pour un malade. El príncipe de Agrigento pasaba por ser un rastacuero frente a un botones del círculo a quien le debía quinientos francos, yno readquiría su importancia más que en el barrio de Saint-Germain, donde tenía tres hermanas duquesas, porque el gran señor produce algún efecto, no sobre la gente modesta, frente a la cual cuenta poco, sino sobre la gente brillante, al corriente de lo que sucede. El señor de Charlus iba, por otra parte, a darse cuenta desde esa misma noche de que el patrón tenía acerca de las más ilustres familias ducales nociones poco profundas. Convencido de que los Verdurin darían un paso en falso al dejar introducir en su salón tan selecto a un individuo señalado, el escultor creyó tener que llamar aparte a la Patrona. “-Usted se equivoca de medio a medio. Además, no creo nunca en esas cosas, y aunque fuera cierto, yo le diría que no sería muy comprometedor”, le contestó, furiosa, la señora de Verdurin, airada porque ya que Morel era el principal elemento de los miércoles, le interesaba ante que nada no disgustarlo. En cuanto a Cottard, no pudo notificarla, porque había solicitado permiso para subir un instante “para hacer una diligencia” en el “buen retiro”31 y escribir luego en el cuarto del señor Verdurin una carta muy urgente para un enfermo.
Un grand éditeur de Paris venu en visite, et qui avait pensé qu′on le retiendrait, s′en alla brutalement, avec rapidité, comprenant qu′il n′était pas assez élégant pour le petit clan. C′était un homme grand et fort, très brun, studieux, avec quelque chose de tranchant. Il avait l′air d′un couteau à papier en ébène. Un gran editor de París que había llegado de visita y que supuso lo retendrían , se fue bruscamente y con brutalidad, al comprender que no era lo bastante elegante para el pequeño clan. Era un hombre alto ycorpulento, muy morocho, estudioso ycon algo tajante. Parecía un cortapapel de ébano.
Mme Verdurin qui, pour nous recevoir dans son immense salon, où des trophées de graminées, de coquelicots, de fleurs des champs, cueillis le jour même, alternaient avec le même motif peint en cama, deux siècles auparavant, par un artiste d′un goût exquis, s′était levée un instant d′une partie qu′elle faisait avec un vieil ami, nous demanda la permission de la finir en deux minutes et tout en causant avec nous. D′ailleurs, ce que je lui dis de mes impressions ne lui fut qu′à demi agréable. D′abord j′étais scandalisé de voir qu′elle et son mari rentraient tous les jours longtemps avant l′heure de ces couchers de soleil qui passaient pour si beaux, vus de cette falaise, plus encore de la terrasse de la Raspelière, et pour lesquels j′aurais fait des lieues. «Oui, c′est incomparable, dit légèrement Mme Verdurin en jetant un coup d′oeil sur les immenses croisées qui faisaient porte vitrée. Nous avons beau voir cela tout le temps, nous ne nous en lassons pas», et elle ramena ses regards vers ses cartes. Or, mon enthousiasme même me rendait exigeant. Je me plaignais de ne pas voir du salon les rochers de Darnetal qu′Elstir m′avait dit adorables à ce moment où ils réfractaient tant de couleurs. «Ah! vous ne pouvez pas les voir d′ici, il faudrait aller au bout du parc, à la «Vue de la baie». Du banc qui est là-bas vous embrassez tout le panorama. Mais vous ne pouvez pas y aller tout seul, vous vous perdriez. Je vais vous y conduire, si vous voulez, ajouta-t-elle mollement. — Mais non, voyons, tu n′as pas assez des douleurs que tu as prises l′autre jour, tu veux en prendre de nouvelles. Il reviendra, il verra la vue de la baie une autre fois.» Je n′insistai pas, et je compris qu′il suffisait aux Verdurin de savoir que ce soleil couchant était, jusque dans leur salon ou dans leur salle à manger, comme une magnifique peinture, comme un précieux émail japonais, justifiant le prix élevé auquel ils louaient la Raspelière toute meublée, mais vers lequel ils levaient rarement les yeux; leur grande affaire ici était de vivre agréablement, de se promener, de bien manger, de causer, de recevoir d′agréables amis à qui ils faisaient faire d′amusantes parties de billard, de bons repas, de joyeux goûters. Je vis cependant plus tard avec quelle intelligence ils avaient appris à connaître ce pays, faisant faire à leurs hôtes des promenades aussi «inédites» que la musique qu′ils leur faisaient écouter. Le rôle que les fleurs de la Raspelière, les chemins le long de la mer, les vieilles maisons, les églises inconnues, jouaient dans la vie de M. Verdurin était si grand, que ceux qui ne le voyaient qu′à Paris et qui, eux, remplaçaient la vie au bord de la mer et à la campagne par des luxes citadins, pouvaient à peine comprendre l′idée que lui-même se faisait de sa propre vie, et l′importance que ses joies lui donnaient à ses propres yeux. Cette importance était encore accrue du fait que les Verdurin étaient persuadés que la Raspelière, qu′ils comptaient acheter, était une propriété unique au monde. Cette supériorité que leur amour-propre leur faisait attribuer à la Raspelière justifia à leurs yeux mon enthousiasme qui, sans cela, les eût agacés un peu, à cause des déceptions qu′il comportait (comme celles que l′audition de la Berma m′avait jadis causées) et dont je leur faisais l′aveu sincère. La señora de Verdurin, que para recibirnos en su inmenso salón -donde alternaban, trofeos de gramíneas, amapolas y flores de los campos recogidas el mismo día, con el mismo motivo pintado en pintura monocroma, dos siglos antes, por un artista de exquisito gusto había abandonado por un instante un partido que jugaba con un viejo amigo, nos pidió autorización para terminarlo en dos minutos, mientras charlaba con nosotros. Primero me escandalizó ver que ella y su marido regresaban cada día mucho antes de la hora del crepúsculo, que se decía tan hermoso visto desde ese acantilado y para el que yo hubiese andado leguas. “-Sí, es incomparable -dijo ligeramente la señora de Verdurin, echando un vistazo por las inmensas ventanas que formaban una puerta de cristaless. Por más que lo veamos todo el día no nos cansa”, y volvió las miradas a sus naipes. Y mi entusiasmó mismo me hacía exigente. Me quejé por no ver desde el salón las rocas de Darnetal que Elstir me había dicho eran adorables en ese momento en que reflejaban tantos colores. “-¡Ah!, no puede verlas desde aquí. Habría que ir al extremo del parque, en la “Vista de la bahía”. Desde el banco que allá ve, usted abarcará todo el panorama. Pero no podrá ir solo, porque se perdería. Lo acompañaré, si usted quiere, me dijo desganadamente. “-Pero no, ¡vamos! ¿No te bastan los dolores que atrapaste días pasados? ¿Quieres otros más? Volverá y verá otra vez la vista de la bahía”. No insistí y comprendí que a los Verdurin les bastaba saber que ese sol poniente era hasta en su salón o en su comedor algo como una pintura magnífica, como un precioso esmalte japonés que justificaba el elevado precio por el que alquilaban la Raspeliére completamente amueblada, pero hacia el cual levantaban rara vez sus ojos: su gran preocupación era vivir agradablemente, pasearse, comer bien, charlar, recibir a amigos agradables con los que jugaban divertidos partidos de billar, buenas comidas y alegres meriendas. Vi, sin embargo, más tarde, con qué inteligencia habían aprendido a conocer esa región, haciéndoles dar a sus invitados paseos tan inéditos como la música que les hacían escuchar. El papel que las flores de la Raspeliére, los senderos a lo largo del mar, las casas viejas y las iglesias desconocidas desempeñaban en la vida del señor Verdurin era tan importante que los que no lo veían sino en París y reemplazaban la vida al borde del mar y en el campo por lujos ciudadanos apenas podían comprender la idea que se hacía él mismo de su propia vida y la importancia que esas alegrías le daban a sus propios ojos. Esa importancia se acrecentaba aún por el hecho de que los Verdurin estaban convencidos de que la Raspeliére, que contaban comprar, era una propiedad única en el mundo. La superioridad que su amor propio les hacía atribuir a la Raspeliére justificó a sus ojos mi entusiasmo, que sin ello los hubiera fastidiado un poco, a causa de las desilusiones que encerraba (como las que antaño me había causado la audición de la Berma) y de las que les hacía la sincera confesión.
«J′entends la voiture qui revient», murmura tout à coup la Patronne. Disons en un mot que Mme Verdurin, en dehors même des changements inévitables de l′âge, ne ressemblait plus à ce qu′elle était au temps où Swann et Odette écoutaient chez elle la petite phrase. Même quand on la jouait, elle n′était plus obligée à l′air exténué d′admiration qu′elle prenait autrefois, car celui-ci était devenu sa figure. Sous l′action des innombrables névralgies que la musique de Bach, de Wagner, de Vinteuil, de Debussy lui avait occasionnées, le front de Mme Verdurin avait pris des proportions énormes, comme les membres qu′un rhumatisme finit par déformer. Ses tempes, pareilles à deux belles sphères brûlantes, endolories et laiteuses, où roule immortellement l′Harmonie, rejetaient, de chaque côté, des mèches argentées, et proclamaient, pour le compte de la Patronne, sans que celle-ci eût besoin de parler: «Je sais ce qui m′attend ce soir.» Ses traits ne prenaient plus la peine de formuler successivement des impressions esthétiques trop fortes, car ils étaient eux-mêmes comme leur expression permanente dans un visage ravagé et superbe. Cette attitude de résignation aux souffrances toujours prochaines infligées par le Beau, et du courage qu′il y avait eu à mettre une robe quand on relevait à peine de la dernière sonate, faisait que Mme Verdurin, même pour écouter la plus cruelle musique, gardait un visage dédaigneusement impassible et se cachait même pour avaler les deux cuillerées d′aspirine. “Oigo el coche”, murmuró de pronto la Patrona. Digamos, en una palabra, que la señora de Verdurin, aun fuera de los cambios inevitables de la edad, ya no se parecía a lo que era en tiempos en que Swann y Odette escuchaban alguna frasecita en su casa. Aun cuando la ejecutaban, ya no se veía obligada a esa expresión cansada de admiración que tomaba antaño, porque ésa se había convertido en su rostro. Bajo el influjo de las innumerables neuralgias que le había proporcionado la música de Bach, Wágner, Vinteuil y Debussy, la frente de la señora de Verdurin adquirió enormes proporciones, como esos miembros que acaba por deformar el reumatismo. Sus sienes, como dos hermosas esferas ardientes, dolientes y lechosas en que gira inmortalmente la Armonía echaban a cada lado mechas plateadas yproclamaban por cuenta de la Patrona ysin necesidad de que ésta hablara: “- Ya sé lo que me espera esta noche.” Sus rasgos no se tomaban ya el trabajo de expresar sucesivamente impresiones estéticas demasiado fuertes, porque ellos, mismos eran como su expresión permanente en un rostro soberbio y arruinado. Esa actitud de resignación frente a los sufrimientos siempre próximos que infligía lo Bello y del valor que se necesitaba para ponerse un vestido cuando apenas se levantaba uno de la última sonata hacía que, hasta para oír la música más cruel, la señora de Verdurin conservase un rostro desdeñosamente impasible y se ocultara aun para tragar las dos cucharadas de aspirina.
«Ah! oui, les voici», s′écria M. Verdurin avec soulagement en voyant la porte s′ouvrir sur Morel suivi de M. de Charlus. Celui-ci, pour qui dîner chez les Verdurin n′était nullement aller dans le monde, mais dans un mauvais lieu, était intimidé comme un collégien qui entre pour la première fois dans une maison publique et a mille respects pour la patronne. Aussi le désir habituel qu′avait M. de Charlus de paraître viril et froid fut-il dominé (quand il apparut dans la porte ouverte) par ces idées de politesse traditionnelles qui se réveillent dès que la timidité détruit une attitude factice et fait appel aux ressources de l′inconscient. Quand c′est dans un Charlus, qu′il soit d′ailleurs noble ou bourgeois, qu′agit un tel sentiment de politesse instinctive et atavique envers des inconnus, c′est toujours l′âme d′une parente du sexe féminin, auxiliatrice comme une déesse ou incarnée comme un double, qui se charge de l′introduire dans un salon nouveau et de modeler son attitude jusqu′à ce qu′il soit arrivé devant la maîtresse de maison. Tel jeune peintre, élevé par une sainte cousine protestante, entrera la tête oblique et chevrotante, les yeux au ciel, les mains cramponnées à un manchon invisible, dont la forme évoquée et la présence réelle et tutélaire aideront l′artiste intimidé à franchir sans agoraphobie l′espace creusé d′abîmes qui va de l′antichambre au petit salon. Ainsi la pieuse parente dont le souvenir le guide aujourd′hui entrait il y a bien des années, et d′un air si gémissant qu′on se demandait quel malheur elle venait annoncer quand, à ses premières paroles, on comprenait, comme maintenant pour le peintre, qu′elle venait faire une visite de digestion. En vertu de cette même loi, qui veut que la vie, dans l′intérêt de l′acte encore inaccompli, fasse servir, utilise, dénature, dans une perpétuelle prostitution, les legs les plus respectables, parfois les plus saints, quelquefois seulement les plus innocents du passé, et bien qu′elle engendrât alors un aspect différent, celui des neveux de Mme Cottard qui affligeait sa famille par ses manières efféminées et ses fréquentations faisait toujours une entrée joyeuse, comme s′il venait vous faire une surprise ou vous annoncer un héritage, illuminé d′un bonheur dont il eût été vain de lui demander la cause qui tenait à son hérédité inconsciente et à son sexe déplacé. Il marchait sur les pointes, était sans doute lui-même étonné de ne pas tenir à la main un carnet de cartes de visites, tendait la main en ouvrant la bouche en coeur comme il avait vu sa tante le faire, et son seul regard inquiet était pour la glace où il semblait vouloir vérifier, bien qu′il fût nu-tête, si son chapeau, comme avait un jour demandé Mme Cottard à Swann, n′était pas de travers. Quant à M. de Charlus, à qui la société où il avait vécu fournissait, à cette minute critique, des exemples différents, d′autres arabesques d′amabilité, et enfin la maxime qu′on doit savoir dans certains cas, pour de simples petits bourgeois, mettre au jour et faire servir ses grâces les plus rares et habituellement gardées en réserve, c′est en se trémoussant, avec mièvrerie et la même ampleur dont un enjuponnement eût élargi et gêné ses dandinements, qu′il se dirigea vers Mme Verdurin, avec un air si flatté et si honoré qu′on eût dit qu′être présenté chez elle était pour lui une suprême faveur. Son visage à demi incliné, où la satisfaction le disputait au comme il faut, se plissait de petites rides d′affabilité. On aurait cru voir s′avancer Mme de Marsantes, tant ressortait à ce moment la femme qu′une erreur de la nature avait mise dans le corps de M. de Charlus. Certes cette erreur, le baron avait durement peiné pour la dissimuler et prendre une apparence masculine. Mais à peine y était-il parvenu que, ayant pendant le même temps gardé les mêmes goûts, cette habitude de sentir en femme lui donnait une nouvelle apparence féminine, née celle-là non de l′hérédité, mais de la vie individuelle. Et comme il arrivait peu à peu à penser, même les choses sociales, au féminin, et cela sans s′en apercevoir, car ce n′est pas qu′à force de mentir aux autres, mais aussi de se mentir à soi-même, qu′on cesse de s′apercevoir qu′on ment, bien qu′il eût demandé à son corps de rendre manifeste (au moment où il entrait chez les Verdurin) toute la courtoisie d′un grand seigneur, ce corps, qui avait bien compris ce que M. de Charlus avait cessé d′entendre, déploya, au point que le baron eût mérité l′épithète de lady-like, toutes les séductions d′une grande dame. Au reste, peut-on séparer entièrement l′aspect de M. de Charlus du fait que les fils, n′ayant pas toujours la ressemblance paternelle, même sans être invertis et en recherchant des femmes, consomment dans leur visage la profanation de leur mère? Mais laissons ici ce qui mériterait un chapitre à part: les mères profanées. “-¡Ah, helos aquí!”, exclamó con alivio el señor Verdurin al ver que la puerta se abría sobre Morel, al que seguía el señor de Charlus. Éste, para quien comer con los Verdurin no era en absoluto ir en sociedad, sino frecuentar un lugar de mala fama, estaba intimidado como un colegial que entra por primera vez en una casa pública y demuestra mil respetos por la Patrona. Por eso el deseo habitual que tenía el señor de Charlus de parecer viril y frío se vio dominado (cuando apareció en la puerta abierta) por esas ideas de cortesía tradicionales que se despiertan en cuanto la timidez destruye uña actitud ficticia y hace un llamado a los recursos del inconsciente. Cuando semejante sentimiento de cortesía instintivo y atávico para los desconocidos obra en un Charlus, sea noble o burgués, siempre es el alma de un pariente del sexo femenino, auxiliadora como una diosa o encarnada como un doble, la que se encarga de introducirlos en un nuevo salón y moldear su actitud hasta que haya llegado ante la dueña de casa. Determinado pintor joven, educado por una santa prima protestante, entrará con la cabeza oblicua y vacilante los ojos al cielo, las manos engarabitadas en un manguito invisible cuya forma evocada y cuya presencia real ytutelar ayudarán al artista intimidado para franquear sin agorafobia el espacio sembrado de abismos que va desde la antecámara hasta el saloncito. Así, la piadosa parienta cuyo recuerdo lo guía hoy, entraba hacía muchos años y con expresión tan compungida que se preguntaba uno qué desgracia iría a anunciar cuando a las primeras palabras comprendía uno, como ahora con el pintor, que venía para una visita digestiva. En virtud de esta misma ley que quiere que la vida, en interés del acto aún incumplido, haga servir, utilice ydesnaturalice los más respetables legados ya veces los más santos, cuando no los más inocentes, en una perpetua prostitución y aunque ahora engendrase un aspecto distinto, ese sobrino de la señora Cottard que afligía a la familia con sus modales afeminados y sus vinculaciones, hacía siempre una alegre entrada, como si llegara para darle una sorpresa a uno o anunciar una herencia, iluminado con una felicidad cuya causa hubiera sido inútil preguntarle, ya que se relacionaba con su herencia inconsciente y su sexo desviado. Andaba de puntillas, se asombraba quizás él mismo por no llevar tarjetas de visita en la mano, extendía la diestra poniendo la boca como un corazón, como viera hacerlo a su tía y su única mirada inquieta era para el espejo, en que parecía querer comprobar, aunque llegase en cabeza, si su sombrero no estaba torcido, como se lo había preguntado un día a Swann la señora de Cottard. En cuanto al señor de Charlus -a quien en este minuto crítico la sociedad en que había vivido proporcionaba distintos ejemplos, otros arabescos de amabilidad y por fin la máxima que en determinados casos debe uno sacar a la luz y utilizar sus gracias más extrañas habitualmente conservadas en reserva, zarandeándose amaneradamente y con la misma amplitud con que un revuelo de polleras hubiese ampliado y trabado sus contoneoso, se dirigió hacia la señora de Verdurin con una expresión tan halagada y tan honrada que pudo haberse supuesto que serle presentado a ella era un favor supremo para él. Su rostro, semiinclinado, en el que la satisfacción se disputaba a lo decente, se plegaba con arruguitas de afabilidad. Pareciera que se adelantaba la señora de Marsantes, a tal punto se revelaba en ese momento la mujer que un error de la naturaleza había puesto en el cuerpo del señor de Charlus. Es verdad que, para disimular ese error y tomar una apariencia masculina, el barón se había esforzado penosamente. Pero apenas lo había conseguido cuando, como conservara al mismo tiempo idénticas aficiones, esa costumbre de sentir como mujer le proporcionaba una nueva apariencia femenina que provenía ya no de la herencia, sino de la vida individual. Y como poco a poco llegaba a pensar aun las cosas sociales en femenino, y eso sin advertirlo, porque uno no deja de advertir que miente, no a fuerza de mentir a los demás, sino también de mentirse a sí mismo, aunque le hubiese pedido a su cuerpo que manifestase (en momentos en que entraba en casa de los Verdurin) toda la cortesía de un gran .señor, ese cuerpo, que comprendiera muy bien lo que el señor de Charlus había dejado oír, desplegó todas las seducciones de una gran señora, al punto que el barón merecería el epíteto de lady-like.32 Por otra parte, puede separarse íntegramente el aspecto del señor de Charlus del hecho de que los hijos, que no siempre conservan el parecido paterno, aun sin ser invertidos y prefiriendo a las mujeres, consumen en su rostro la Profanación de su madre. Pero dejemos aquí lo que merecería un capítulo aparte: las madres profanadas.
Bien que d′autres raisons présidassent à cette transformation de M. de Charlus et que des ferments purement physiques fissent «travailler chez lui» la matière, et passer peu à peu son corps dans la catégorie des corps de femme, pourtant le changement que nous marquons ici était d′origine spirituelle. A force de se croire malade, on le devient, on maigrit, on n′a plus la force de se lever, on a des entérites nerveuses. A force de penser tendrement aux hommes on devient femme, et une robe postiche entrave vos pas. L′idée fixe peut modifier (aussi bien que, dans d′autres cas, la santé) dans ceux-là le sexe. Morel, qui le suivait, vint me dire bonjour. Dès ce moment-là, à cause d′un double changement qui se produisit en lui, il me donna (hélas! je ne sus pas assez tôt en tenir compte) une mauvaise impression. Voici pourquoi. J′ai dit que Morel, échappé de la servitude de son père, se complaisait en général à une familiarité fort dédaigneuse. Il m′avait parlé, le jour où il m′avait apporté les photographies, sans même me dire une seule fois Monsieur, me traitant de haut en bas. Quelle fut ma surprise chez Mme Verdurin de le voir s′incliner très bas devant moi, et devant moi seul, et d′entendre, avant même qu′il eût prononcé d′autre parole, les mots de respect, de très respectueux — ces mots que je croyais impossibles à amener sous sa plume ou sur ses lèvres —à moi adressés. J′eus aussitôt l′impression qu′il avait quelque chose à me demander. Me prenant à part au bout d′une minute: «Monsieur me rendrait bien grand service, me dit-il, allant cette fois jusqu′à me parler à la troisième personne, en cachant entièrement à Mme Verdurin et à ses invités le genre de profession que mon père a exercé chez son oncle. Il vaudrait mieux dire qu′il était, dans votre famille, l′intendant de domaines si vastes, que cela le faisait presque l′égal de vos parents.» La demande de Morel me contrariait infiniment, non pas en ce qu′elle me forçait à grandir la situation de son père, ce qui m′était tout à fait égal, mais la fortune au moins apparente du mien, ce que je trouvais ridicule. Aunque otras razones presidiesen esa transformación del señor de Charlus yfermentos puramente físicos hiciesen trabajar en sí la materia y trasponer poco a poco su cuerpo a la categoría de los cuerpos de mujer el cambio que aquí señalamos tenía, sin embargo, un origen espiritual. A fuerza de creerse enfermo, uno se enferma, enflaquece, pierde las fuerzas para levantarse y tiene enteritis nerviosa. A fuerza de pensar tiernamente en los hombres, uno se transforma en mujer y un vestido postizo traba sus pasos. La idea fija puede modificar (tanto como en otros casos la salud) el sexo de éstos. Morel, que lo seguía, vino a saludarme. Desde ese momento, debido a un doble cambio que se produjo en él, me dio una mala impresión. (¡Ay!, no supe tenerla en cuenta lo bastante pronto). He aquí por qué. He dicho que Morel, escapado a la servidumbre de su padre, se complacía, por lo común, en una familiaridad muy desdeñosa. Me había hablado el día en que me trajera las fotografías, sin decirme una sola vez “señor”, tratándome de arriba abajo. Cuál no fue mi sorpresa en casa de la señora de Verdurin al verlo inclinarse tan profundamente delante de mí ydelante de mí solamente, yoír, aun antes de que pronunciara otra palabra, las palabras de respeto, esas palabras que me parecía imposible que en su pluma o en sus labios fuesen dirigidas a mí. Tuve enseguida la impresión de que quería pedirme algo. Llevándome aparte al cabo de un minuto: “-El señor me haría un señalado favor -dijo llegando esta vez a hablarme en tercera persona- si ocultara por completo a la señora de Verdurin y sus invitados qué clase de profesión ejerció mi padre en casa de su tío. Mejor sería decir que era, para su familia, el intendente de dominios tan vastos, que eso casi lo equiparaba a sus parientes”. La solicitud de Morel me contrariaba infinitamente, no en lo que me obligaba a aumentar la posición de su padre, cosa que me daba lo mismo, sino la fortuna por lo menos aparente del mío, lo que me parecía ridículo.
Mais son air était si malheureux, si urgent que je ne refusai pas. «Non, avant dîner, dit-il d′un ton suppliant, Monsieur a mille prétextes pour prendre à part Mme Verdurin.» C′est ce que je fis en effet, en tâchant de rehausser de mon mieux l′éclat du père de Morel, sans trop exagérer le «train» ni les «biens au soleil» de mes parents. Cela passa comme une lettre à la poste, malgré l′étonnement de Mme Verdurin qui avait connu vaguement mon grand-père. Et comme elle n′avait pas de tact, haî²³ait les familles (ce dissolvant du petit noyau), après m′avoir dit qu′elle avait autrefois aperçu mon arrière-grand-père et m′en avoir parlé comme de quelqu′un d′à peu près idiot qui n′eût rien compris au petit groupe et qui, selon son expression, «n′en était pas», elle me dit: «C′est, du reste, si ennuyeux les familles, on n′aspire qu′à en sortir»; et aussitôt elle me raconta sur le père de mon grand-père ce trait que j′ignorais, bien qu′à la maison j′eusse soupçonné (je ne l′avais pas connu, mais on parlait beaucoup de lui) sa rare avarice (opposée à la générosité un peu trop fastueuse de mon grand-oncle, l′ami de la dame en rose et le patron du père de Morel): «Du moment que vos grands-parents avaient un intendant si chic, cela prouve qu′il y a des gens de toutes les couleurs dans les familles. Le père de votre grand-père était si avare que, presque gâteux à la fin de sa vie — entre nous il n′a jamais été bien fort, vous les rachetez tous — il ne se résignait pas à dépenser trois sous pour son omnibus. De sorte qu′on avait été obligé de le faire suivre, de payer séparément le conducteur, et de faire croire au vieux grigou que son ami, M. de Persigny, ministre d′État, avait obtenu qu′il circulât pour rien dans les omnibus. Du reste, je suis très contente que le père de notre Morel ait été si bien. J′avais compris qu′il était professeur de lycée, ça ne fait rien, j′avais mal compris. Mais c′est de peu d′importance car je vous dirai qu′ici nous n′apprécions que la valeur propre, la contribution personnelle, ce que j′appelle la participation. Pourvu qu′on soit d′art, pourvu en un mot qu′on soit de la confrérie, le reste importe peu.» La façon dont Morel en était — autant que j′ai pu l′apprendre —était qu′il aimait assez les femmes et les hommes pour faire plaisir à chaque sexe à l′aide de ce qu′il avait expérimenté sur l′autre — c′est ce qu′on verra plus tard. Pero su aspecto era tan desgraciado y tan insistente que no pude rehusar. “-No, antes de cenar -dijo con tono suplicante-, el señor tiene mil pretextos para apartarse un poco con la señora de Verdurin.” Es lo que hice, en efecto, al tratar de realzar lo mejor que pude el brillo del padre de Morel, sin exagerar demasiado el tren ni los bienes de mis padres. Eso pasó tan fácilmente como una carta por el buzón, a pesar del asombro de la señora de Verdurin, que había conocido vagamente a mi abuelo. Y como no tenía tacto y odiaba a las familias (ese disolvente del pequeño núcleo), después de haberme dicho que antaño había conocido a mi tatarabuelo y hablado de él como de alguien más o menos idiota que nada hubiera comprendido del pequeño grupo yque, según su expresión, no estaba en eso me dijo: “-Por otra parte, las familias son tan aburridas... Uno no desea sino salir de ellas”; y enseguida aludió a un rasgo del padre de mi abuelo, que yo ignoraba, aunque en mi casa había sospechado (no lo conocí, pero me habían hablado mucho de él) su rara avaricia (opuesta a la generosidad algo demasiado fastuosa de mi tío abuelo, el amigo de la dama de rosa ypatrón del padre de Morel) yme lo contó: “-Desde el momento que sus abuelos tenían un intendente tan elegante, eso prueba que hay gente de todas clases en las familias. El padre de su abuelo era tan avaro, que casi chocho al final de su vida -entre nosotros, nunca fue muy talentoso, usted los sobrepasa a todoso, no se resignaba a gastar quince céntimos en un ómnibus. De suerte que se veían obligados a hacerlo seguir, pagar por separado al conductor y hacerle creer al viejo miserable que su amigo, el señor de Persigny, ministro de Estado, había conseguido que viajase gratuitamente en los ómnibus. Por otra parte, me alegra mucho que el padre de nuestro Morel haya sido tan bien. Me había parecido que era profesor del Liceo; no es nada, habré comprendido mal. Pero tiene poca importancia, porque le diré que aquí sólo apreciamos el propio valor, la contribución personal, lo que llamamos la participación. Basta que uno pertenezca al arte; basta, en una palabra, que pertenezca a la cofradía; el resto poco importa”. La manera como Morel pertenecía a ella -tanto como pude saberloera que le gustaban a tal punto las mujeres y los hombres como para sacar placer de cada sexo con la ayuda de lo que había experimentado con el otro, según se verá más tarde.
Mais ce qui est essentiel à dire ici, c′est que, dès que je lui eus donné ma parole d′intervenir auprès de Mme Verdurin, dès que je l′eus fait surtout, et sans retour possible en arrière, le «respect» de Morel à mon égard s′envola comme par enchantement, les formules respectueuses disparurent, et même pendant quelque temps il m′évita, s′arrangeant pour avoir l′air de me dédaigner, de sorte que, si Mme Verdurin voulait que je lui disse quelque chose, lui demandasse tel morceau de musique, il continuait à parler avec un fidèle, puis passait à un autre, changeait de place si j′allais à lui. On était obligé de lui dire jusqu′à trois ou quatre fois que je lui avais adressé la parole, après quoi il me répondait, l′air contraint, brièvement, à moins que nous ne fussions seuls. Dans ce cas-là il était expansif, amical, car il avait des parties de caractère charmantes. Je n′en conclus pas moins de cette première soirée que sa nature devait être vile, qu′il ne reculait quand il le fallait devant aucune platitude, ignorait la reconnaissance. En quoi il ressemblait au commun des hommes. Mais comme j′avais en moi un peu de ma grand′mère et me plaisais à la diversité des hommes sans rien attendre d′eux ou leur en vouloir, je négligeai sa bassesse, je me plus à sa gaieté quand cela se présenta, même à ce que je crois avoir été une sincère amitié de sa part quand, ayant fait tout le tour de ses fausses connaissances de la nature humaine, il s′aperçut (par à-coups, car il avait d′étranges retours à sa sauvagerie primitive et aveugle) que ma douceur avec lui était désintéressée, que mon indulgence ne venait pas d′un manque de clairvoyance, mais de ce qu′il appela bonté, et surtout je m′enchantai à son art, qui n′était guère qu′une virtuosité admirable mais me faisait (sans qu′il fût au sens intellectuel du mot un vrai musicien) réentendre ou connaître tant de belle musique. D′ailleurs un manager, M. de Charlus (chez qui j′ignorais ces talents, bien que Mme de Guermantes, qui l′avait connu fort différent dans leur jeunesse, prétendît qu′il lui avait fait une sonate, peint un éventail, etc . . . ), modeste en ce qui concernait ses vraies supériorités, mais de tout premier ordre, sut mettre cette virtuosité au service d′un sens artistique multiple et qu′il décupla. Qu′on imagine quelque artiste, purement adroit, des ballets russes, stylé, instruit, développé en tous sens par M. de Diaghilew. Pero lo esencial para decirse aquí es que en cuanto le hube dado mi palabra de intervenir frente a la señora de Verdurin, desde lo que hice sobre todo y sin posibilidad de retorno a lo anterior, el respeto de Morel a mi respecto se disipó como por encanto, desaparecieron las fórmulas corteses y aun, durante algún tiempo, me evitó, componiéndoselas para aparentar desdeñarme, de tal suerte que si la señora de Verdurin quería que yo le dijese algo o le pidiese tal trozo musical, continuaba hablando con un fiel, luego pasaba a otro, y cambiaba de lugar si me acercaba a él. Debían decirle tres yhasta cuatro veces que le había dirigido la palabra, después de lo cual me contestaba brevemente con expresión forzada, a menos que estuviéramos solos. En ese caso era expansivo y amistoso, porque tenía encantadores aspectos de carácter. No por eso dejé de deducir de esa primera velada que su naturaleza debía ser vil, que no retrocedía cuando era necesario ante ninguna bajeza e ignoraba la gratitud. En lo que se parecía al común de los hombres. Pero yo tenía algo de mi abuela y me gustaba la diversidad de los hombres sin esperar nada de ellos o guardarles rencor, así que pasé por alto su bajeza, me gustó su alegría cuando se presentó aun lo que creo haber sido una sincera amistad de su parte cuando, al dar toda la vuelta de sus falsos conocimientos de la naturaleza humana, advirtió (por serpenteo, porque tenía extraños retornos a su salvajismo primitivo y ciego) que mi dulzura por él era desinteresada, que mi indulgencia no provenía de falta de perspicacia, sino de lo que llamaba bondad y sobre todo me encantaba su arte, que no era más que un virtuosismo admirable, pero me hacía (aunque no fuese un gran músico en el sentido intelectual de la palabra) volver a oír o conocer tanta hermosa música. Por otra parte, un manager: el señor de Charlus (en quien ignoraba esos talentos, aunque la señora de Guermantes, que lo conociera joven, pretendía que le había compuesto una sonata pintado un abanico, etc.), modesto en cuanto a lo que concernía a sus verdaderas superioridades y talentos, pero de primer orden, supo colocar ese virtuosismo al servicio de un sentido artístico múltiple y lo decuplicó. Imagínese uno a algún artista puramente diestro de los ballets rusos con estilo e instruido y desarrollado en todo sentido por el señor de Diaghilew.
Je venais de transmettre à Mme Verdurin le message dont m′avait chargé Morel, et je parlais de Saint–Loup avec M. de Charlus, quand Cottard entra au salon en annonçant, comme s′il y avait le feu, que les Cambremer, arrivaient. Mme Verdurin, pour ne pas avoir l′air, vis-à-vis de nouveaux comme M. de Charlus (que Cottard n′avait pas vu) et comme moi, d′attacher tant d′importance à l′arrivée des Cambremer, ne bougea pas, ne répondit pas à l′annonce de cette nouvelle et se contenta de dire au docteur, en s′éventant avec grâce, et du même ton factice qu′une marquise du Théâtre-Français: «Le baron nous disait justement . . . » C′en était trop pour Cottard! Moins vivement qu′il n′eût fait autrefois, car l′étude et les hautes situations avaient ralenti son débit, mais avec cette émotion tout de même qu′il retrouvait chez les Verdurin: «Un baron! Où ça, un baron? Où ça, un baron?» s′écria-t-il en le cherchant des yeux avec un étonnement qui frisait l′incrédulité. Mme Verdurin, avec l′indifférence affectée d′une maîtresse de maison à qui un domestique vient, devant les invités, de casser un verre de prix, et avec l′intonation artificielle et surélevée d′un premier prix du Conservatoire jouant du Dumas fils, répondit, en désignant avec son éventail le protecteur de Morel: «Mais, le baron de Charlus, à qui je vais vous nommer . . . Monsieur le professeur Cottard.» Il ne déplaisait d′ailleurs pas à Mme Verdurin d′avoir l′occasion de jouer à la dame. M. de Charlus tendit deux doigts que le professeur serra avec le sourire bénévole d′un «prince de la science». Mais il s′arrêta net en voyant entrer les Cambremer, tandis que M. de Charlus m′entraînait dans un coin pour me dire un mot, non sans palper mes muscles, ce qui est une manière allemande. M. de Cambremer ne ressemblait guère à la vieille marquise. Il était, comme elle le disait avec tendresse, «tout à fait du côté de son papa». Pour qui n′avait entendu que parler de lui, ou même de lettres de lui, vives et convenablement tournées, son physique étonnait. Sans doute devait-on s′y habituer. Mais son nez avait choisi, pour venir se placer de travers au-dessus de sa bouche, peut-être la seule ligne oblique, entre tant d′autres, qu′on n′eût eu l′idée de tracer sur ce visage, et qui signifiait une bêtise vulgaire, aggravée encore par le voisinage d′un teint normand à la rougeur de pommes. Il est possible que les yeux de M. de Cambremer gardassent dans leurs paupières un peu de ce ciel du Cotentin, si doux par les beaux jours ensoleillés, où le promeneur s′amuse à voir, arrêtées au bord de la route, et à compter par centaines les ombres des peupliers, mais ces paupières lourdes, chassieuses et mal rabattues, eussent empêché l′intelligence elle-même de passer. Aussi, décontenancé par la minceur de ce regard bleu, se reportait-on au grand nez de travers. Par une transposition de sens, M. de Cambremer vous regardait avec son nez. Ce nez de M. de Cambremer n′était pas laid, plutôt un peu trop beau, trop fort, trop fier de son importance. Busqué, astiqué, luisant, flambant neuf, il était tout disposé à compenser l′insuffisance spirituelle du regard; malheureusement, si les yeux sont quelquefois l′organe où se révèle l′intelligence, le nez (quelle que soit d′ailleurs l′intime solidarité et la répercussion insoupçonnée des traits les uns sur les autres), le nez est généralement l′organe où s′étale le plus aisément la bêtise. Acababa de transmitir a la señora de Verdurin el mensaje que me había encargado Morel, y hablaba yo de Saint-Loup, con el señor de Charlus, cuando Cottard entró en el salón anunciando, como si fuera un incendio, que llegaban los Cambremer, La señora de Verdurin para no aparentar darles tanta importancia frente a unos nuevos como el señor de Charlus (que Cottard no había visto) y yo, no se movió, no contestó el anuncio de esa noticia y se conformó con decir al doctor, abanicándose graciosamente y con el mismo tono ficticio de una marquesa en el Teatro Francés: “-El barón precisamente nos decía...” Eso era demasiado para Cottard. Con menos viveza de lo que lo hubiera hecho antaño, porque el estudio y las altas posiciones habían amenguado su velocidad, pero con esa emoción, sin embargo, que encontraba de nuevo en los Verdurin: “-¿Un barón? ¿Dónde un barón? ¿Dónde un barón?”, exclamó buscándolo con los ojos y con un asombro que rayaba en la incredulidad. La señora de Verdurin, con la afectada indiferencia de una dueña de casa a la que un sirviente acaba de romper un vaso costoso delante de los invitados y con la entonación artificial y sobreaguda de un primer premio del Conservatorio representando a Dumas, hijo, contestó señalando con su abanico al protector de Morel: “-Pero el barón de Charlus, a quien voy a presentarle; el señor profesor Cottard”. Por otra parte, no le disgustaba a la señora de Verdurin tener motivo de representar a las señoras. El señor Charlus alargó dos dedos que el profesor oprimió con la benévola sonrisa de un príncipe de la ciencia. Pero se detuvo en seco al ver entrar a los Cambremer, mientras el señor de Charlus me arrastraba a un rincón para decirme una palabra, no sin palparme los músculos, lo que constituye una modalidad alemana. El señor de Cambremer no se parecía en lo mínimo a la anciana marquesa. Era, como ella decía con ternura, “por completo del lado de su papá”. Su físico asombraría a quien sólo hubiese oído hablar de él o aun de sus cartas, vivas y convenientemente redactadas. Sin duda, debía uno acostumbrarse. Pero su nariz había ido a escoger, para ubicarse torcidamente sobre su boca, quizás la única línea oblicua entre tantas otras, que nadie hubiese pensado trazar en su rostro y que significaba una tontería vulgar, agravada aún más por la proximidad de una tez normanda con rubores de manzana. Es probable que los ojos del señor de Chambremer conservasen algo de ese cielo del Cotentin, tan dulce durante los días de sol en que el paseante se entretiene al ver detenidos junto al camino y contándolas por centenares las sombras de los álamos; pero esos párpados pesados y legañosos y mal plegados hasta le hubiesen impedido el paso a la misma inteligencia. Por eso, desconcertado por la delgadez de esa mirada azul, se refería uno a la enorme y atravesada nariz. Por una transposición de los sentidos, el señor de Cambremer lo miraba a uno con las narices. Esa nariz del señor de Cambremer no era fea; quizás excesivamente hermosa, demasiado grande, por demás orgullosa de su importancia. Repulgada, lustrosa, luciente, nueva, flamante, estaba dispuesta por completo para compensar la insuficiencia espiritual de su mirada; desgraciadamente, si los ojos a veces son el órgano por el que se revela la inteligencia, la nariz (sea cual fuese, por otra parte, la íntima solidaridad y la insospechada repercusión de los rasgos entre sí) suele ser el órgano en que más fácilmente se manifiesta la tontería.
La convenance de vêtements sombres que portait toujours, même le matin, M. de Cambremer, avait beau rassurer ceux qu′éblouissait et exaspérait l′insolent éclat des costumes de plage des gens qu′ils ne connaissaient pas, on ne pouvait comprendre que la femme du premier président déclarât d′un air de flair et d′autorité, en personne qui a plus que vous l′expérience de la haute société d′Alençon, que devant M. de Cambremer on se sentait tout de suite, même avant de savoir qui il était, en présence d′un homme de haute distinction, d′un homme parfaitement bien élevé, qui changeait du genre de Balbec, un homme enfin auprès de qui on pouvait respirer. Il était pour elle, asphyxiée par tant de touristes de Balbec, qui ne connaissaient pas son monde, comme un flacon de sels. Il me sembla au contraire qu′il était des gens que ma grand′mère eût trouvés tout de suite «très mal», et, comme elle ne comprenait pas le snobisme, elle eût sans doute été stupéfaite qu′il eût réussi à être épousé par Mlle Legrandin qui devait être difficile en fait de distinction, elle dont le frère était «si bien». Tout au plus pouvait-on dire de la laideur vulgaire de M. de Cambremer qu′elle était un peu du pays et avait quelque chose de très anciennement local; on pensait, devant ses traits fautifs et qu′on eût voulu rectifier, à ces noms de petites villes normandes sur l′étymologie desquels mon curé se trompait parce que les paysans, articulant mal ou ayant compris de travers le mot normand ou latin qui les désigne, ont fini par fixer dans un barbarisme qu′on trouve déjà dans les cartulaires, comme eût dit Brichot, un contre-sens et un vice de prononciation. La vie dans ces vieilles petites villes peut d′ailleurs se passer agréablement, et M. de Cambremer devait avoir des qualités, car, s′il était d′une mère que la vieille marquise préférât son fils à sa belle-fille, en revanche, elle qui avait plusieurs enfants, dont deux au moins n′étaient pas sans mérites, déclarait souvent que le marquis était à son avis le meilleur de la famille. Pendant le peu de temps qu′il avait passé dans l′armée, ses camarades, trouvant trop long de dire Cambremer, lui avaient donné le surnom de Cancan, qu′il n′avait d′ailleurs mérité en rien. Il savait orner un dîner où on l′invitait en disant au moment du poisson (le poisson fût-il pourri) ou à l′entrée: «Mais dites donc, il me semble que voilà une belle bête.» Et sa femme, ayant adopté en entrant dans la famille tout ce qu′elle avait cru faire partie du genre de ce monde-là, se mettait à la hauteur des amis de son mari et peut-être cherchait à lui plaire comme une maîtresse et comme si elle avait jadis été mêlée à sa vie de garçon, en disant d′un air dégagé, quand elle parlait de lui à des officiers: «Vous allez voir Cancan. Cancan est allé à Balbec, mais il reviendra ce soir.» Elle était furieuse de se compromettre ce soir chez les Verdurin et ne le faisait qu′à la prière de sa belle-mère et de son mari, dans l′intérêt de la location. Mais, moins bien élevée qu′eux, elle ne se cachait pas du motif et depuis quinze jours faisait avec ses amies des gorges chaudes de ce dîner. «Vous savez que nous dînons chez nos locataires. Cela vaudra bien une augmentation. Au fond, je suis assez curieuse de savoir ce qu′ils ont pu faire de notre pauvre vieille Raspelière (comme si elle y fût née, et y retrouvât tous les souvenirs des siens). Notre vieux garde m′a encore dit hier qu′on ne reconnaissait plus rien. Je n′ose pas penser à tout ce qui doit se passer là dedans. Je crois que nous ferons bien de faire désinfecter tout, avant de nous réinstaller.» Elle arriva hautaine et morose, de l′air d′une grande dame dont le château, du fait d′une guerre, est occupé par les ennemis, mais qui se sent tout de même chez elle et tient à montrer aux vainqueurs qu′ils sont des intrus. Mme de Cambremer ne put me voir d′abord, car j′étais dans une baie latérale avec M. de Charlus, lequel me disait avoir appris par Morel que son père avait été «intendant» dans ma famille, et qu′il comptait suffisamment, lui Charlus, sur mon intelligence et ma magnanimité (terme commun à lui et à Swann) pour me refuser l′ignoble et mesquin plaisir que de vulgaires petits imbéciles (j′étais prévenu) ne manqueraient pas, à ma place, de prendre en révélant à nos hôtes des détails que ceux-ci pourraient croire amoindrissants. «Le seul fait que je m′intéresse à lui et étende sur lui ma protection a quelque chose de suréminent et abolit le passé», conclut le baron. Tout en l′écoutant et en lui promettant le silence, que j′aurais gardé même sans l′espoir de passer en échange pour intelligent et magnanime, je regardais Mme de Cambremer. Et j′eus peine à reconnaître la chose fondante et savoureuse que j′avais eue l′autre jour auprès de moi à l′heure du goûter, sur la terrasse de Balbec, dans la galette normande que je voyais, dure comme un galet, où les fidèles eussent en vain essayé de mettre la dent. Irritée d′avance du côté bonasse que son mari tenait de sa mère et qui lui ferait prendre un air honoré quand on lui présenterait l′assistance des fidèles, désireuse pourtant de remplir ses fonctions de femme du monde, quand on lui eut nommé Brichot, elle voulut lui faire faire la connaissance de son mari parce qu′elle avait vu ses amies plus élégantes faire ainsi, mais la rage ou l′orgueil l′emportant sur l′ostentation du savoir-vivre, elle dit, non comme elle aurait dû: «Permettez-moi de vous présenter mon mari», mais: «Je vous présente à mon mari», tenant haut ainsi le drapeau des Cambremer, en dépit d′eux-mêmes, car le marquis s′inclina devant Brichot aussi bas qu′elle avait prévu. Mais toute cette humeur de Mme de Cambremer changea soudain quand elle aperçut M. de Charlus, qu′elle connaissait de vue. Jamais elle n′avait réussi à se le faire présenter, même au temps de la liaison qu′elle avait eue avec Swann. Car M. de Charlus, prenant toujours le parti des femmes, de sa belle-soeur contre les maîtresses de M. de Guermantes, d′Odette, pas encore mariée alors, mais vieille liaison de Swann, contre les nouvelles, avait, sévère défenseur de la morale et protecteur fidèle des ménages, donné à Odette — et tenu — la promesse de ne pas se laisser nommer à Mme de Cambremer. Celle-ci ne s′était certes pas doutée que c′était chez les Verdurin qu′elle connaîtrait enfin cet homme inapprochable. M. de Cambremer savait que c′était une si grande joie pour elle qu′il en était lui-même attendri, et qu′il regarda sa femme d′un air qui signifiait: «Vous êtes contente de vous être décidée à venir, n′est-ce pas?» Il parlait du reste fort peu, sachant qu′il avait épousé une femme supérieure. «Moi, indigne», disait-il à tout moment, et citait volontiers une fable de La Fontaine et une de Florian qui lui paraissaient s′appliquer à son ignorance, et, d′autre part, lui permettre, sous les formes d′une dédaigneuse flatterie, de montrer aux hommes de science qui n′étaient pas du Jockey qu′on pouvait chasser et avoir lu des fables. Le malheur est qu′il n′en connaissait guère que deux. Aussi revenaient-elles souvent. Mme de Cambremer n′était pas bête, mais elle avait diverses habitudes fort agaçantes. Chez elle la déformation des noms n′avait absolument rien du dédain aristocratique. Ce n′est pas elle qui, comme la duchesse de Guermantes (laquelle par sa naissance eût dû être, plus que Mme de Cambremer, à l′abri de ce ridicule), eût dit, pour ne pas avoir l′air de savoir le nom peu élégant (alors qu′il est maintenant celui d′une des femmes les plus difficiles à approcher) de Julien de Monchâteau: «une petite Madame . . . La pulcritud de los trajes oscuros que llevaba siempre, aun por la mañana, el señor de Cambremer, por más que tranquilizase a los mismos a quienes deslumbraba e indignaba el brillo fascinante de los trajes de playa de la gente que no conocían, justificaba que la mujer del presidente primero declarase con aparente olfato y autoridad, como persona que tiene mucho más que uno la experiencia de la ala sociedad de Alegon, que ante el señor de Cambremer uno se sentía enseguida, aun antes de saber quién era, en presencia de un hombre de gran distinción, un hombre perfectamente educado, que resultaba muy distinto a los de Balbec; un hombre, por fin, junto al cual podía respirarse. Para ella, asfixiada por tantos turistas de Balbec, que no conocían su sociedad, era algo así como un frasco de sales. Me pareció, por el contrario, que había gentes a las que mi abuela calificara enseguida como muy mal, y como no comprendía el snobismo, la hubiese asombrado, sin duda, que llegara a casarse con la señora Legrandin, que debía ser exigente en punto a distinción, dado que su hermano era tan bien. A lo sumo, podía decirse, de la fealdad vulgar del señor de Cambremer, que era un poco propia de la zona y poseía algo muy remotamente local; uno pensaba ante sus rasgos defectuosos y que daban ganas de rectificarlos, en esos nombres de pequeñas ciudades normandas acerca de cuya etimología se equivocaba mi cura, porque como los campesinos articulan mal o han comprendido torcidamente la palabra normanda o latina que las designa, han acabado por fijarse en un barbarismo que ya se encuentra en los cartularios, como dijera Brichot; un contrasentido y un vicio de pronunciación. La vida en esas antiguas pequeñas ciudades puede, por otra parte, transcurrir agradablemente, y el señor de Cambremer debía tener cualidades, porque si era propio de una madre que la anciana marquesa prefiriese a su hijo en vez de su nuera, en cambio ella, que tenía hijos de los que dos por lo menos no dejaban de tener méritos, declaraba a menudo que el marqués era, según su opinión, el mejor de la familia. Durante el escaso tiempo que había pasado en el ejército sus compañeros, que estimaban demasiado largo su nombre de Cambremer, le habían dado el sobre nombre de Cancan, que, por otra parte, no mereciera para nada. Sabía adornar una cena a la que estaba invitado diciendo en el momento del pescado (aunque estuviese podrido) o en la entrada: “-Pero, oiga usted: me parece que éste es un lindo animal” Y su mujer, que había adoptado, al entrar en la familia, todo lo que estimaba formar parte del estilo de esa gente, se colocaba a la altura de los amigos de su marido y trataba quizás de gustarles como una querida y como si estuviese mezclada en su vida de soltero desde antes, diciendo con aire desenvuelto, cuando hablaba de él a los oficiales: “-Van a ver ustedes a Cancan. Cancan se ha ido a Balbec, pero volverá esta noche.” Estaba furiosa por comprometerse esa noche en casa de los Verdurin y no lo hacía sino a ruego de su suegra ysu marido, yen interés de la locación. Pero menos educada que ellos, no ocultaba el motivo y desde hacía quince días esa cena era la comidilla con sus amigas. “- Ya saben ustedes que cenamos con nuestros inquilinos. Merecemos un aumento. En el fondo tengo bastante curiosidad de saber qué habrán hecho de nuestra pobre vieja Raspeliére (como si ahí hubiese nacido y conservase en ella todos los recuerdos de los suyos). Nuestro antiguo guarda aun ayer me dijo que ya no se reconocía nada. No me atrevo a pensar en lo que pueda suceder ahí. Creo que será conveniente desinfectarlo todo antes de volver a instalarnos.” Llegó, altiva y melancólica, con el aspecto de una gran señora cuyo castillo está ocupado, a raíz de una guerra, por los enemigos, pero que, a pesar de todo, se siente como en su casa y desea mostrar a los vencedores que son intrusos. La señora de Cambremer no pudo verme en un principio, porque yo estaba en una ventana lateral con el señor de Charlus, quien me decía que había sabido por Morel que su padre fue intendente de mi familia yque contaba lo suficiente con mi inteligencia y mi magnanimidad (término común de él ySwann) como para rehusarme el innoble y mezquino placer que algunos vulgares minúsculos imbéciles (ya estaba avisado, no dejarían de gozar en lugar mío, revelando a nuestros dueños de casa detalles que pudieran parecerles humillantes. “-Por el solo hecho de interesarme yo por él y extender sobre él mi protección, cobra algo superior y termina con el pasado”, concluyó el barón. Mientras le escuchaba y le prometía el silencio que hubiera conservado aún sin esperanza de pasar, en cambio, por magnánimo e inteligente, la miré a la señora de Cambremer. Y me costó reconocer esa cosa sabrosa y dulce que había tenido cerca días pasados a la hora de la merienda, sobre la terraza de Balbec, en la galleta normanda que advertía dura como una piedra y en que los fieles hubiesen hincado en vano el diente. Irritada de antemano por el lado buenazo que su marido heredaba de la madre y que le haría tomar un aire honrado cuando le presentaran a los fieles, y deseosa, sin embargo, de llenar sus funciones de mujer de mundo, cuando le hubieron nombrado a Brichot, quiso hacérselo conocer al marido, porque así había visto que lo hacían sus amigas más elegantes; pero como la rabia o el orgullo triunfaban sobre la ostentación de los buenos modales, dijo, no como debiera haberlo dicho: “-Permítame que le presente a mi marido”, sino: “-Le presento a mi marido”, manteniendo así en alto la bandera de los Cambremer, a despecho de ellos mismos, porque el marqués se inclinó tan bajo ante Brichot como ella lo previera. Pero todo ese malhumor de la señora de Cambremer cambió de pronto cuando advirtió al señor de Charlus, que conocía de vista. Nunca había conseguido que se lo presentaran, ni siquiera en tiempos de su unión con Swann. Porque, como la señora de Charlus tomaba siempre el partido de las mujeres y de su cuñada contra las amantes del señor de Guermantes, de Odette aún no casada, pero viejo amor de Swann; contra las nuevas, como severo defensor de la moral y fiel protector de los hogares, había dado a Odette -y cumplido- la promesa de no dejarse nombrar a la señora de Cambremer. Ésta no había sospechado, seguramente, que sería en casa de los Verdurin que iba a conocer por fin a ese hombre inabordable. El señor de Cambremer sabía que eso constituía para ella tanta alegría que a él mismo lo enternecía, y miró a su mujer, como significándole: “¿Se alegra de haberse decidido a venir, verdad?” Hablaba muy poco, por otra parte, sabiendo que se había casado con una mujer superior. “Yo, indigno”, decía a cada rato ycitaba, de buena gana una fábula de La Fontaine yuna de Florian que le parecían aplicarles a su ignorancia, lo que, por lo demás, le permitía, bajo la apariencia de una desdeñosa alabanza, demostrar a los hombres de ciencia que no eran socios del Jockey que uno podía saber cazar y haber leído fábulas. La desgracia es que sólo conocía dos. Por eso volvían a menudo. La señora de Cambremer no era tonta; pero tenía varias costumbres muy fastidiosas. Para ella la deformación de los hombres nada tenía de desdén aristocrático. No sería como la duquesa de Guermantes (quien por su nacimiento debía verse preservada de ese ridículo con mayores motivos que la señora de Cambremer), que, para no aparentar que sabía el nombre escasamente elegante (que ahora es el de una de las mujeres demás difícil acceso) de Julián de Moncháteau dijera: “una pequeña señora...
Pic de la Mirandole». Non, quand Mme de Cambremer citait à faux un nom, c′était par bienveillance, pour ne pas avoir l′air de savoir quelque chose et quand, par sincérité, pourtant elle l′avouait, croyant le cacher en le démarquant. Si, par exemple, elle défendait une femme, elle cherchait à dissimuler, tout en voulant ne pas mentir à qui la suppliait de dire la vérité, que Madame une telle était actuellement la maîtresse de M. Sylvain Lévy, et elle disait: «Non . . . je ne sais absolument rien sur elle, je crois qu′on lui a reproché d′avoir inspiré une passion à un monsieur dont je ne sais pas le nom, quelque chose comme Cahn, Kohn, Kuhn; du reste, je crois que ce monsieur est mort depuis fort longtemps et qu′il n′y a jamais rien eu entre eux.» C′est le procédé semblable à celui des menteurs — et inverse du leur — qui, en altérant ce qu′ils ont fait quand ils le racontent à une maîtresse ou simplement à un ami, se figurent que l′une ou l′autre ne verra pas immédiatement que la phrase dite (de même que Cahn, Kohn, Kuhn) est interpolée, est d′une autre espèce que celles qui composent la conversation, est à double fond. Pico de la Mirándola”. No; cuando la señora de Cambremer citaba en falso un nombre, era por benevolencia, para no aparentar saber algo, y cuando, sin embargo, por sinceridad, lo confesaba, creía ocultarlo plagiándolo. Si defendía a una mujer, por ejemplo, trataba de disimular al mismo tiempo que no quería mentirle a quien le suplicaba toda la verdad, que la señora Fulana de Tal era en la actualidad la amante del señor Silvano Levy y decía: “No... no sé nada absolutamente acerca de ella; creo que le reprochan haber despertado una pasión en un señor cuyo nombre ignoro, algo así como Cahn, Kohn, Kuhn; por otra parte, me parece que ese señor ha muerto hace mucho y nunca hubo nada entre ellos”. Es un procedimiento análogo al de los mentirosos -e e inverso-, que creen que al alterar lo que han hecho cuando se lo cuentan a una querida o sencillamente a un amigo, se imaginan que ni una ni otro descubrirán inmediatamente que la frase dicha (lo mismo que Cahn, Kohn Kuhn) es interpolada y de otra especie que las que componen la conversación y resulta así de doble fondo.
Mme Verdurin demanda à l′oreille de son mari: «Est-ce que je donne le bras au baron de Charlus? Comme tu auras à ta droite Mme de Cambremer, on aurait pu croiser les politesses. — Non, dit M. Verdurin, puisque l′autre est plus élevé en grade (voulant dire que M. de Cambremer était marquis), M. de Charlus est en somme son inférieur. — Eh bien, je le mettrai à côté de la princesse.» Et Mme Verdurin présenta à M. de Charlus Mme Sherbatoff; ils s′inclinèrent en silence tous deux, de l′air d′en savoir long l′un sur l′autre et de se promettre un mutuel secret. M. Verdurin me présenta à M. de Cambremer. Avant même qu′il n′eût parlé de sa voix forte et légèrement bégayante, sa haute taille et sa figure colorée manifestaient dans leur oscillation l′hésitation martiale d′un chef qui cherche à vous rassurer et vous dit: «On m′a parlé, nous arrangerons cela; je vous ferai lever votre punition; nous ne sommes pas des buveurs de sang; tout ira bien.» Puis, me serrant la main: «Je crois que vous connaissez ma mère», me dit-il. Le verbe «croire» lui semblait d′ailleurs convenir à la discrétion d′une première présentation mais nullement exprimer un doute, car il ajouta: «J′ai du reste une lettre d′elle pour vous.» M. de Cambremer était naîµ¥ment heureux de revoir des lieux où il avait vécu si longtemps. «Je me retrouve», dit-il à Mme Verdurin, tandis que son regard s′émerveillait de reconnaître les peintures de fleurs en trumeaux au-dessus des portes, et les bustes en marbre sur leurs hauts socles. Il pouvait pourtant se trouver dépaysé, car Mme Verdurin avait apporté quantité de vieilles belles choses qu′elle possédait. A ce point de vue, Mme Verdurin, tout en passant aux yeux des Cambremer pour tout bouleverser, était non pas révolutionnaire mais intelligemment conservatrice, dans un sens qu′ils ne comprenaient pas. Ils l′accusaient aussi à tort de détester la vieille demeure et de la déshonorer par de simples toiles au lieu de leur riche peluche, comme un curé ignorant reprochant à un architecte diocésain de remettre en place de vieux bois sculptés laissés au rancart et auxquels l′ecclésiastique avait cru bon de substituer des ornements achetés place Saint–Sulpice. Enfin, un jardin de curé commençait à remplacer devant le château les plates-bandes qui faisaient l′orgueil non seulement des Cambremer mais de leur jardinier. Celui-ci, qui considérait les Cambremer comme ses seuls maîtres et gémissait sous le joug des Verdurin, comme si la terre eût été momentanément occupée par un envahisseur et une troupe de soudards, allait en secret porter ses doléances à la propriétaire dépossédée, s′indignait du mépris où étaient tenus ses araucarias, ses bégonias, ses joubarbes, ses dahlias doubles, et qu′on osât dans une aussi riche demeure faire pousser des fleurs aussi communes que des anthémis et des cheveux de Vénus. Mme Verdurin sentait cette sourde opposition et était décidée, si elle faisait un long bail ou même achetait la Raspelière, à mettre comme condition le renvoi du jardinier, auquel la vieille propriétaire au contraire tenait extrêmement. Il l′avait servie pour rien dans des temps difficiles, l′adorait; mais par ce morcellement bizarre de l′opinion des gens du peuple, où le mépris moral le plus profond s′enclave dans l′estime la plus passionnée, laquelle chevauche à son tour de vieilles rancunes inabolies, il disait souvent de Mme de Cambremer qui, en 70, dans un château qu′elle avait dans l′Est, surprise par l′invasion, avait dû souffrir pendant un mois le contact des Allemands: «Ce qu′on a beaucoup reproché à Madame la marquise, c′est, pendant la guerre, d′avoir pris le parti des Prussiens et de les avoir même logés chez elle. A un autre moment, j′aurais compris; mais en temps de guerre, elle n′aurait pas dû. C′est pas bien.» De sorte qu′il lui était fidèle jusqu′à la mort, la vénérait pour sa bonté et accréditait qu′elle se fût rendue coupable de trahison. Mme Verdurin fut piquée que M. de Cambremer prétendît reconnaître si bien la Raspelière. «Vous devez pourtant trouver quelques changements, répondit-elle. La señora de Verdurin le habló a su marido al oído: “-¿Debo darle el brazo al barón de Charlus? Como tendrás a tu derecha a la señora de Cambremer, podíamos haber cruzado las cortesías”. “-No dijo el señor Verdurin-; puesto que el otro es más elevado en grado (queriendo decir con ello que el señor de Cambremer era marqués), el señor de Charlus, en resumidas cuentas, es su inferior.” “-Y bueno, lo colocaré al lado de la princesa.” Y la señora de Verdurin presentó al señor de Charlus a la señora de Sherbatoff; se inclinaron ambos en silencio, aparentando saberlo todo el uno del otro y prometerse un mutuo secreto. El señor Verdurin me presentó al señor de Cambremer. Antes de hablarme con su voz fuerte y ligeramente tartamuda, su alta estatura y su cara coloreada manifestaban, en su oscilación, la inseguridad de un jefe que trata de tranquilizarnos y le dice a uno: “-Me han hablado, lo arreglaremos; le haré levantar el castigo; no somos bebedores de sangre; todo saldrá bien”. Luego, dándome la mano: “Creo que usted conoce a mi madre”, me dijo. El verbo creer le parecía convenir, por otra parte, a la discreción de una primera presentación, sin que expresara de ninguna manera duda alguna, porque agregó: “-Tengo precisamente una carta suya para usted”. El señor de Cambremer se sentía cándidamente feliz al volver a ver lugares donde tanto tiempo había vivido. “-Vuelvo a encontrarme” le dijo a la señora de Verdurin, mientras su mirada se encantaba reconociendo las pinturas de flores en los entrepaños y los bustos de mármol sobre sus altos zócalos. Podía, sin embargo, sentirse desorientado, porque la señora de Verdurin había traído una cantidad de cosas antiguas que poseía. Desde ese punto de vista, la señora de Verdurin, que pasaba a los ojos de los Cambremer por derribarlo todo, no era revolucionaria, sino inteligentemente conservadora, en un sentido que ellos no interpretaban. La acusaban tan equivocadamente de odiar la antigua vivienda y deshonrarla con simples telas, en lugar de su rica felpa, como un cura ignorante que le reprocha a un arquitecto diocesano que haya vuelto a colocar en su lugar antiguas tallas en madera dejadas a un lado y a las que el eclesiástico había creído conveniente sustituir con ornamentos comprados en la plaza de San Sulpicio. En fin, un jardín de cura empezaba a reemplazar los arriates que delante del castillo constituían no sólo el orgullo de los Cambremer, sino el de su jardinero. Este, que consideraba a los Cambremer como sus amos únicos y gemía bajo el yugo de los Verdurin, como si la tierra estuviese momentáneamente ocupada por un invasor y una tropa de veteranos, iba secretamente a presentarle sus condolencias a la propietaria desposeída, se indignaba por el desprecio que manifestaban por sus araucarias, sus begonias, sus jubardas, sus dalias dobles y que se atrevieran a hacer crecer en una vivienda tan rica flores tan vulgares como la manzanilla o los cabellos de Venus. La señora de Verdurin advertía esa oposición sorda y estaba decidida, si renovaba a largo plazo y aún si compraba la Raspeliére, a poner como condición el despido del jardinero, al que la anciana propietaria, en cambio, tenía tanto afecto. La había servido gratuitamente en épocas difíciles y la adoraba; pero, con ese extraño fraccionamiento de la opinión de la gente de pueblo, en que el más profundo desprecio moral se inserta en la estima más apasionada, la que cabalga a su vez viejos rencores no perimidos, decía a menudo de la señora de Cambremer que en el 70, en un castillo que tenía en el Este, sorprendida por la invasión, había debido soportar durante un mes el contacto con los alemanes: “-Lo que le han reprochado mucho a la señora marquesa es haber tomado durante la guerra el partido de los prusianos y hasta haberlos alojados en su casa. En otro momento lo comprendería, pero en tiempo de guerra no debía haberlo hecho. No está bien.” De manera que le era fiel hasta la muerte, la veneraba por su bondad y acreditaba al mismo tiempo que fuera culpable de traición. A la señora de Verdurin le molestó que el señor de Cambremer pretendiese reconocer tan bien la Raspeliére. “-Usted debe encontrar, sin embargo, algunos cambios -contestó ella-.
Il y a d′abord de grands diables de bronze de Barbedienne et de petits coquins de sièges en peluche que je me suis empressée d′expédier au grenier, qui est encore trop bon pour eux.» Après cette acerbe riposte adressée à M. de Cambremer, elle lui offrit le bras pour aller à table. Il hésita un instant, se disant: «Je ne peux tout de même pas passer avant M. de Charlus.» Mais, pensant que celui-ci était un vieil ami de la maison du moment qu′il n′avait pas la place d′honneur, il se décida à prendre le bras qui lui était offert et dit à Mme Verdurin combien il était fier d′être admis dans le cénacle (c′est ainsi qu′il appela le petit noyau, non sans rire un peu de la satisfaction de connaître ce terme). Cottard, qui était assis à côté de M. de Charlus, le regardait, pour faire connaissance, sous son lorgnon, et pour rompre la glace, avec des clignements beaucoup plus insistants qu′ils n′eussent été jadis, et non coupés de timidités. Et ses regards engageants, accrus par leur sourire, n′étaient plus contenus par le verre du lorgnon et le débordaient de tous côtés. Le baron, qui voyait facilement partout des pareils à lui, ne douta pas que Cottard n′en fût un et ne lui fît de l′oeil. Aussitôt il témoigna au professeur la dureté des invertis, aussi méprisants pour ceux à qui ils plaisent qu′ardemment empressés auprès de ceux qui leur plaisent. Sans doute, bien que chacun parle mensongèrement de la douceur, toujours refusée par le destin, d′être aimé, c′est une loi générale, et dont l′empire est bien loin de s′étendre sur les seuls Charlus, que l′être que nous n′aimons pas et qui nous aime nous paraisse insupportable. A cet être, à telle femme dont nous ne dirons pas qu′elle nous aime mais qu′elle nous cramponne, nous préférons la société de n′importe quelle autre qui n′aura ni son charme, ni son agrément, ni son esprit. Elle ne les recouvrera pour nous que quand elle aura cessé de nous aimer. En ce sens, on pourrait ne voir que la transposition, sous une forme cocasse, de cette règle universelle, dans l′irritation causée chez un inverti par un homme qui lui déplaît et le recherche. Mais elle est chez lui bien plus forte. Aussi, tandis que le commun des hommes cherche à la dissimuler tout en l′éprouvant, l′inverti la fait implacablement sentir à celui qui la provoque, comme il ne le ferait certainement pas sentir à une femme, M. de Charlus, par exemple, à la princesse de Guermantes dont la passion l′ennuyait, mais le flattait. Mais quand ils voient un autre homme témoigner envers eux d′un goût particulier, alors, soit incompréhension que ce soit le même que le leur, soit fâcheux rappel que ce goût, embelli par eux tant que c′est eux-mêmes qui l′éprouvent, est considéré comme un vice, soit désir de se réhabiliter par un éclat dans une circonstance où cela ne leur coûte pas, soit par une crainte d′être devinés, qu′ils retrouvent soudain quand le désir ne les mène plus, les yeux bandés, d′imprudence en imprudence, soit par la fureur de subir, du fait de l′attitude équivoque d′un autre, le dommage que par la leur, si cet autre leur plaisait, ils ne craindraient pas de lui causer, ceux que cela n′embarrasse pas de suivre un jeune homme pendant des lieues, de ne pas le quitter des yeux au théâtre même s′il est avec des amis, risquant par cela de le brouiller avec eux, on peut les entendre, pour peu qu′un autre qui ne leur plaît pas les regarde, dire: «Monsieur, pour qui me prenez-vous? (simplement parce qu′on les prend pour ce qu′ils sont); je ne vous comprends pas, inutile d′insister, vous faites erreur», aller au besoin jusqu′aux gifles, et, devant quelqu′un qui connaît l′imprudent, s′indigner: «Comment, vous connaissez cette horreur? Elle a une façon de vous regarder! . . . En voilà des manières!» M. de Charlus n′alla pas aussi loin, mais il prit l′air offensé et glacial qu′ont, lorsqu′on a l′air de les croire légères, les femmes qui ne le sont pas, et encore plus celles qui le sont. D′ailleurs, l′inverti, mis en présence d′un inverti, voit non pas seulement une image déplaisante de lui-même, qui ne pourrait, purement inanimée, que faire souffrir son amour-propre, mais un autre lui-même, vivant, agissant dans le même sens, capable donc de le faire souffrir dans ses amours. Aussi est-ce dans un sens d′instinct de conservation qu′il dira du mal du concurrent possible, soit avec les gens qui peuvent nuire à celui-ci (et sans que l′inverti nº 1 s′inquiète de passer pour menteur quand il accable ainsi l′inverti nº2 aux yeux de personnes qui peuvent être renseignées sur son propre cas), soit avec le jeune homme qu′il a «levé», qui va peut-être lui être enlevé et auquel il s′agit de persuader que les mêmes choses qu′il a tout avantage à faire avec lui causeraient le malheur de sa vie s′il se laissait aller à les faire avec l′autre. Pour M. de Charlus, qui pensait peut-être aux dangers (bien imaginaires) que la présence de ce Cottard, dont il comprenait à faux le sourire, ferait courir à Morel, un inverti qui ne lui plaisait pas n′était pas seulement une caricature de lui-même, c′était aussi un rival désigné. Un commerçant, et tenant un commerce rare, en débarquant dans la ville de province où il vient s′installer pour la vie, s′il voit que, sur la même place, juste en face, le même commerce est tenu par un concurrent, il n′est pas plus déconfit qu′un Charlus allant cacher ses amours dans une région tranquille et qui, le jour de l′arrivée, aperçoit le gentilhomme du lieu, ou le coiffeur, desquels l′aspect et les manières ne lui laissent aucun doute. Primeramente, hay unos demonios de bronce de Barbedienne y algunos asientitos tremendos de felpa que me apresuré a remitir al granero, qué aun me parece demasiado bueno para ellos”. Después de esa agria respuesta dirigida al señor de Cambremerr, le ofreció su brazo para ir a la mesa. Vaciló un instante, diciéndose: “No puedo, evidentemente, pasar delante del señor de Charlus”. Pero, al pensar que si éste no tenía sitio de honor sería un viejo amigo de la casa, decidió tomar el brazo ofrecido y le dijo a la señora de Verdurin hasta qué punto lo enorgullecía ser admitido en el cenáculo (así llamó al pequeño núcleo, no sin reírse un poco por la satisfacción de conocer ese término). Cottard, que estaba sentado al lado del señor de Charlus, lo miraba para trabar relación y romper el hielo, bajo sus anteojos, con guiños mucho más insistentes de lo que hubiesen sido antes y que no cortaba ninguna timidez. Y sus miradas de invitación aumentadas por su sonrisa, ya no cabían en el vidrio de los lentes y desbordaban por todos lados. El barón, que por todas partes veía semejantes, no dudó que Cottard fuese uno de los suyos y le hiciese guiños. Enseguida le demostró al profesor la dureza de los invertidos, tan desdeñosos para los que gustan de ellos como ardientemente amables junto a quienes les gustan. Sin duda, aunque cada cual hable mentirosamente de la dulzura de ser amado, siempre rehusada por el destino, es una ley general, cuyo imperio está lejos de extenderse sólo sobre los Charlus, que nos parezca insoportable el ser que no amamos y que nos ama. A ese ser, a esa mujer a la que no diremos que nos ama, pero que nos fastidia, preferimos la compañía de cualquiera otra sin su encanto, ni su atractivo ni su ingenio. No los recobrará para nosotros más que cuando haya dejado de amarnos. En ese sentido, no podría verse sino la transposición bajo una forma absurda de esa regla universal en la irritación que le causa a un invertido un hombre que lo busca y le disgusta. Aunque en él es mucho más fuerte. Así es como mientras el resto de los hombres trata de disimularla, aunque la experimente, el invertido se la hace sentir implacablemente a quien se la provoca como no se lo haría sentir efectivamente a una mujer; el señor de Charlus, por ejemplo, a la princesa de Guermantes, cuya pasión, aunque fastidiosa, lo halagaba. Pero cuando se enfrentan a otro hombre que les demuestra una afición particular, entonces, ya porque no comprendan que sea similar a la suya, ya porque les recuerda desagradablemente que esa afición, embellecida por ellos en cuanto la experimentan, se considera como un vicio, ya deseando rehabilitarse por algo evidente en una circunstancia en que nada les cuesta, ya por un temor de ser adivinados que encuentran de pronto cuando no los guía el deseo con los ojos vendados de imprudencia en imprudencia, ya por el furor de soportar por la actitud equívoca de otro el perjuicio que no temerían causarle a otro si les gustara, aquellos a quienes no les molesta seguir a un joven durante leguas, no abandonarlo con los ojos en el teatro, aun si está con amigos, arriesgando disgustarlo por eso con ellos, uno puede oírlos decir a poco que los mire alguien que no les gusta: “-Señor, ¿por quién me toma usted? (simplemente porque los toman por lo que son). No lo comprendo; es inútil que insista; usted se equivoca”, llegar en caso necesario hasta las bofetadas e indignarse ante quien conoce al imprudente: “- ¡Cómo! ¿Usted conoce a ese horror? Tiene una manera de mirar... Vayan modales”. El señor de Charlus no llegó tan lejos, pero se revistió con ese aspecto ofendido y helado que toman, cuando uno aparenta creerlas ligeras, las mujeres que no lo son y mucho más las que resultan serlo. Por otra parte, el invertido colocado frente a un invertido no sólo es una imagen desagradable puramente inanimada que no podría sino hacer sufrir su amor propio, sino otro sí mismo, viviendo, obrando en el mismo sentido y capaz, por lo tanto, de hacerlo sufrir en sus amores. Por eso, con un sentido de instinto de conservación hablará mal del posible competidor, sea con la gente que pueda perjudicarlo a éste (y sin que el invertido Nº 1 se preocupe de pasar por mentiroso cuando abruma en esa forma al invertido Nº 2 frente a personas que pueden estar informadas de su propio caso), sea con el joven que ha levantado, que quizás le arrebaten y al que se trata de convencer de que las mismas cosas que resulta conveniente hacer con él causarían la desgracia de su vida si se dejara llevar a hacerlas con el otro. Para el señor de Charlus, que pensaba, quizás, en los peligros (muy imaginarios) que la presencia de ese Cottard, cuya sonrisa interpretaba torcidamente, podía hacer correr a Morel, un invertido que no le gustaba no era sólo una caricatura de sí mismo, sino también un rival designado. Un comerciante que tenga un extraño negocio, si al llegar a la ciudad de provincia donde viene a instalarse para toda su vida, en la misma plaza y justo enfrente, ve que existe un comercio análogo de propiedad de un competidor, no se siente más desilusionado que un Charlus que va a ocultar sus amores en una región tranquila y el mismo día de la llegada advierte al gentilhombre del lugar o al peluquero, cuyo aspecto y modales no le dejan ninguna duda.
Le commerçant prend souvent son concurrent en haine; cette haine dégénère parfois en mélancolie, et pour peu qu′il y ait hérédité assez chargée, on a vu dans des petites villes le commerçant montrer des commencements de folie qu′on ne guérit qu′en le décidant à vendre son «fonds» et à s′expatrier. La rage de l′inverti est plus lancinante encore. Il a compris que, dès la première seconde, le gentilhomme et le coiffeur ont désiré son jeune compagnon. Il a beau répéter cent fois par jour à celui-ci que le coiffeur et le gentilhomme sont des bandits dont l′approche le déshonorerait, il est obligé, comme Harpagon, de veiller sur son trésor et se relève la nuit pour voir si on ne le lui prend pas. Et c′est ce qui fait sans doute, plus encore que le désir ou la commodité d′habitudes communes, et presque autant que cette expérience de soi-même, qui est la seule vraie, que l′inverti dépiste l′inverti avec une rapidité et une sûreté presque infaillibles. Il peut se tromper un moment, mais une divination rapide le remet dans la vérité. Aussi l′erreur de M. de Charlus fut-elle courte. Le discernement divin lui montra au bout d′un instant que Cottard n′était pas de sa sorte et qu′il n′avait à craindre ses avances ni pour lui-même, ce qui n′eût fait que l′exaspérer, ni pour Morel, ce qui lui eût paru plus grave. Il reprit son calme, et comme il était encore sous l′influence du passage de Vénus androgyne, par moments il souriait faiblement aux Verdurin, sans prendre la peine d′ouvrir la bouche, en déplissant seulement un coin de lèvres, et pour une seconde allumait câlinement ses yeux, lui si féru de virilité, exactement comme eût fait sa belle-soeur la duchesse de Guermantes. «Vous chassez beaucoup, Monsieur? dit Mme Verdurin avec mépris à M. de Cambremer. — Est-ce que Ski vous a raconté qu′il nous en est arrivé une excellente? demanda Cottard à la Patronne. — Je chasse surtout dans la forêt de Chantepie, répondit M. de Cambremer. — Non, je n′ai rien raconté, dit Ski. — Mérite-t-elle son nom?» demanda Brichot à M. de Cambremer, après m′avoir regardé du coin de l′oeil, car il m′avait promis de parler étymologies, tout en me demandant de dissimuler aux Cambremer le mépris que lui inspiraient celles du curé de Combray. A menudo el comerciante le cobra odio al competidor; ese odio degenera a veces en melancolía y a poco que haya una herencia bastante cargada, se ha visto en pequeñas ciudades que el comerciante demostrara unos comienzos de locura que no se disipan sino cuando lo convencen de que debe vender su comercio y cambiar de lugar. La rabia del invertido es mucho más lacerante aún. Comprende que desde el primer momento el gentilhombre o el peluquero ha deseado a su joven compañero. Por más que le repita a éste cien veces por día que el peluquero o el gentilhombre son unos bandidos cuya proximidad lo deshonraría, se ve obligado a vigilar como Harpagón su tesoro y se levanta durante la noche para ver si no se lo roban. Y es lo que hace, sin duda más que el deseo o la comodidad de hábitos comunes y casi tanto como esa experiencia de sí mismo, que es la única verdadera, que el invertido despiste al invertido con una rapidez y una seguridad casi infalibles. Puede equivocarse por un momento, pero una adivinación rápida lo vuelve a ubicar en la verdad. Por eso fue fugaz el error del señor Charlus. El discernimiento divino le demostró al cabo de un instante que Cottard no era de su estirpe y que no tenía por qué temer sus iniciativas, ni para él, a quien eso no haría sino indignar, ni para Morel, lo que le hubiese parecido más grave. Volvió a su calma y como estaba aún bajo la influencia del paso de Venus andrógina, por momentos sonreía débilmente a los Verdurin, sin tomarse el trabajo de abrir la boca, plegando solamente la comisura de los labios y durante un segundo iluminaba mimosamente sus ojos, el tan preocupado dé virilidad, igual que lo hubiese hecho su cuñada la duquesa de Guermantes. “-¿Usted caza mucho, señor?”, dijo la señora de Verdurin con desprecio al señor de Cambremer. “- ¿Acaso Ski le ha contado que nos ha sucedido algo excelente?”, preguntó Cottard a la Patrona. “Cazo especialmente en el bosque de Chantepie”33 contestó el señor Cambremer. “-No, no he contado nada”, dijo Ski. “-¿Merece su nombre?”, interrogó Brichot al señor de Cambrémer después de haberme mirado de reojo, porque me había prometido hablarme de etimologías, mientras me pedía que les disimulara a los Cambremer el desprecio que sin duda le inspiraban las del cura de Combray.
«C′est sans doute que je ne suis pas capable de comprendre, mais je ne saisis pas votre question, dit M. de Cambremer. — Je veux dire: Est-ce qu′il y chante beaucoup de pies?» répondit Brichot. Cottard cependant souffrait que Mme Verdurin ignorât qu′ils avaient failli manquer le train. «Allons, voyons, dit Mme Cottard à son mari pour l′encourager, raconte ton odyssée. — En effet, elle sort de l′ordinaire, dit le docteur qui recommença son récit. Quand j′ai vu que le train était en gare, je suis resté médusé. Tout cela par la faute de Ski. Vous êtes plutôt bizarro dans vos renseignements, mon cher! Et Brichot qui nous attendait à la gare! — Je croyais, dit l′universitaire, en jetant autour de lui ce qui lui restait de regard et en souriant de ses lèvres minces, que si vous vous étiez attardé à Graincourt, c′est que vous aviez rencontré quelque péripatéticienne. — Voulez-vous vous taire? si ma femme vous entendait! dit le professeur. La femme à moâ, il est jalouse. — Ah! ce Brichot, s′écria Ski, en qui l′égrillarde plaisanterie de Brichot éveillait la gaieté de tradition, il est toujours le même»; bien qu′il ne sût pas, à vrai dire, si l′universitaire avait jamais été polisson. Et pour ajouter à ces paroles consacrées le geste rituel, il fit mine de ne pouvoir résister au désir de lui pincer la jambe. «Il ne change pas ce gaillard-là», continua Ski, et, sans penser à ce que la quasi-cécité de l′universitaire donnait de triste et de comique à ces mots, il ajouta: «Toujours un petit oeil pour les femmes. — Voyez-vous, dit M. de Cambremer, ce que c′est que de rencontrer un savant. Voilà quinze ans que je chasse dans la forêt de Chantepie et jamais je n′avais réfléchi à ce que son nom voulait dire.» Mme de Cambremer jeta un regard sévère à son mari; elle n′aurait pas voulu qu′il s′humiliât ainsi devant Brichot. Elle fut plus mécontente encore quand, à chaque expression «toute faite» qu′employait Cancan, Cottard, qui en connaissait le fort et le faible parce qu′il les avait laborieusement apprises, démontrait au marquis, lequel confessait sa bêtise, qu′elles ne voulaient rien dire: «Pourquoi: bête comme chou? Croyez-vous que les choux soient plus bêtes qu′autre chose? Vous dites: répéter trente-six fois la même chose. Pourquoi particulièrement trente-six? Pourquoi: dormir comme un pieu? Pourquoi: Tonnerre de Brest? Pourquoi: faire les quatre cents coups?» Mais alors la défense de M. de Cambremer était prise par Brichot, qui expliquait l′origine de chaque locution. Mais Mme de Cambremer était surtout occupée à examiner les changements que les Verdurin avaient apportés à la Raspelière, afin de pouvoir en critiquer certains, en importer à Féterne d′autres, ou peut-être les mêmes. «Je me demande ce que c′est que ce lustre qui s′en va tout de traviole. J′ai peine à reconnaître ma vieille Raspelière», ajouta-t-elle d′un air familièrement aristocratique, comme elle eût parlé d′un serviteur dont elle eût prétendu moins désigner l′âge que dire qu′il l′avait vu naître. Et comme elle était un peu livresque dans son langage: «Tout de même, ajouta-t-elle à mi-voix, il me semble que, si j′habitais chez les autres, j′aurais quelque vergogne à tout changer ainsi. — C′est malheureux que vous ne soyez pas venus avec eux», dit Mme Verdurin à M. de Charlus et à Morel, espérant que M. de Charlus était de «revue» et se plierait à la règle d′arriver tous par le même train. «Vous êtes sûr que Chantepie veut dire la pie qui chante, Chochotte?» ajouta-t-elle pour montrer qu′en grande maîtresse de maison elle prenait part à toutes les conversations à la fois. «Parlez-moi donc un peu de ce violoniste, me dit Mme de Cambremer, il m′intéresse; j′adore la musique, et il me semble que j′ai entendu parler de lui, faites mon instruction.» Elle avait appris que Morel était venu avec M. de Charlus et voulait, en faisant venir le premier, tâcher de se lier avec le second. Elle ajouta pourtant, pour que je ne pusse deviner cette raison: «M. Brichot aussi m′intéresse.» Car si elle était fort cultivée, de même que certaines personnes prédisposées à l′obésité mangent à peine et marchent toute la journée sans cesser d′engraisser à vue d′oeil, de même Mme de Cambremer avait beau approfondir, et surtout à Féterne, une philosophie de plus en plus ésotérique, une musique de plus en plus savante, elle ne sortait de ces études que pour machiner des intrigues qui lui permissent de «couper» les amitiés bourgeoises de sa jeunesse et de nouer des relations qu′elle avait cru d′abord faire partie de la société de sa belle-famille et qu′elle s′était aperçue ensuite être situées beaucoup plus haut et beaucoup plus loin. Un philosophe qui n′était pas assez moderne pour elle, Leibnitz, a dit que le trajet est long de l′intelligence au coeur. Ce trajet, Mme de Cambremer n′avait pas été, plus que son frère, de force à le parcourir. Ne quittant la lecture de Stuart Mill que pour celle de Lachelier, au fur et à mesure qu′elle croyait moins à la réalité du monde extérieur, elle mettait plus d′acharnement à chercher à s′y faire, avant de mourir, une bonne position. Éprise d′art réaliste, aucun objet ne lui paraissait assez humble pour servir de modèle au peintre ou à l′écrivain. Un tableau ou un roman mondain lui eussent donné la nausée; un moujik de Tolstoíª un paysan de Millet étaient l′extrême limite sociale qu′elle ne permettait pas à l′artiste de dépasser. Mais franchir celle qui bornait ses propres relations, s′élever jusqu′à la fréquentation de duchesses, était le but de tous ses efforts, tant le traitement spirituel auquel elle se soumettait, par le moyen de l′étude des chefs-d′oeuvre, restait inefficace contre le snobisme congénital et morbide qui se développait chez elle. Celui-ci avait même fini par guérir certains penchants à l′avarice et à l′adultère, auxquels, étant jeune, elle était encline, pareil en cela à ces états pathologiques singuliers et permanents qui semblent immuniser ceux qui en sont atteints contre les autres maladies. Je ne pouvais, du reste, m′empêcher, en l′entendant parler, de rendre justice, sans y prendre aucun plaisir, au raffinement de ses expressions. C′étaient celles qu′ont, à une époque donnée, toutes les personnes d′une même envergure intellectuelle, de sorte que l′expression raffinée fournit aussitôt, comme l′arc de cercle, le moyen de décrire et de limiter toute la circonférence. Aussi ces expressions font-elles que les personnes qui les emploient m′ennuient immédiatement comme déjà connues, mais aussi passent pour supérieures, et me furent souvent offertes comme voisines délicieuses et inappréciées. “-Sin duda es porque no soy capaz de comprenderlo, pero no alcanzo su pregunta”, dijo el señor de Cambremer. “qQuiero decir: ¿cantan muchas urracas?”, contestó Brichot. A Cottard, sin embargo, le ,dolía que la señora de Verdurin ignorase que habían estado a punto de perder el tren. “-Vamos, vamos -dijo la señora de Cottard a su marido, para alentarlo-, cuenta tu odisea”. “-Efectivamente, sale de lo común -dijo el doctor, que volvió a empezar su relato-. Cuando vi que el tren estaba en la estación, me quedé fascinado. Todo por culpa de Ski. Es usted más bien singular oi de en sus datos, querido mío. Y Brichot, que nos esperaba en la estación.” “"Creía -dijo el universitario echando a su alrededor todo el resto de su mirada y sonriendo con sus delgados labios que si usted se había atrasado en Graincourt era por haberse encontrado con alguna peripatética.” “- ¿Quiere callarse? ¡Si lo oyese mi mujer!... -repuso el profesor. Mi mujer es celosa.” “¡Ah, ese Brichot! -exclamó Ski, para quien la traviesa broma de Brichot despertaba la alegría tradicional- siempre es el mismo”, aunque no supiese, a decir verdad, si el universitario había sido calavera alguna vez. Y para agregar el gesto de ritual a esas palabras consagradas, hizo como que no podía resistir a la tentación de pellizcarle la pierna. “-Ese pícaro no cambia -continuó Ski y sin pensar cómo la cuasi ceguera del universitario entristecía y hacía cómicas sus palabras, agregó: “-Siempre un ojo para las mujeres” “- Vea usted -dijo el señor de Cambremer- lo que significa encontrarse con un sabio. Hace quince años que vengo cazando en el bosque de Chantepie y nunca medité en lo que significaba su nombre.” La señora de Cambremer echó un severo vistazo a su marido; no quería que se humillase así delante de Brichot. Se disgustó aún más cuando a cada expresión ya hecha que empleaba Cancan, Cottard, que conocía su lado fuerte y su lado débil, porque las había aprendido laboriosamente, le demostraba al marqués, quien confesaba su tontería, que nada significaban: “-¿Por qué tonto como un repollo?34 ¿Cree usted que los repollos son más tontos que otras cosas? Usted dice: repetir treinta y seis veces lo mismo. ¿Por qué precisamente treinta y seis? ¿Por qué dormir como un poste? ¿Por qué rayos de Brest? ¿Por qué hacer mucha bulla?35 Pero entonces Brichot tomaba la defensa del señor Cambremer y explicaba el origen de cada locución. La señora de Cambremer se ocupaba sobre todo de examinar los cambios que habían introducido los Verdurin en la Raspeliére, para poder criticar algunos, importar otros a Féterne o quizás los mismos. “-Me pregunto qué puede hacer esa araña toda torcida. Me cuesta reconocer a mi vieja Raspeliére”, comentó con un aire familiarmente aristócrata, como si hablara de un servidor del que hubiese pretendido no tanto decir la edad como que lo habla visto nacer. Y como era un poco libresca en su vocabulario: “-Sin embargo -agregó a media vozy, me parece que si habitara en casa ajena me daría alguna vergüenza cambiarlo todo en esa forma”.36 -Es una lástima que no haya venido usted con ellos”, dijo la señora de Verdurin al señor de Charlus y a Morel, suponiendo que el señor de Charlus estuviese de revista y se doblegara a la regla de llegar con todos en el mismo tren. “-¿Está usted seguro de que Chantepie quiere decir la urraca que canta, Chochotte?”, agregó para indicar que como gran ama de casa tomaba parte a la vez en todas las conversaciones. “-Hábleme un poco de ese violinista -me dijo la señora de Cambremer-; me interesa; me gusta con locura la música y me parece haber oído hablar de él; instrúyame.” Había sabido que Morel llegara con el señor de Charlus y quería vincularse con el segundo invitando al primero. Agregó, sin embargo, para que yo no pudiese adivinar ese motivo: “-También me interesa ese señor Brichot”. Porque si era muy cultivada -en la misma forma que algunas personas predispuestas a la obesidad comen apenas y caminan todo el día sin dejar de engordar a ojos vistas a la señora de Cambremer profundizaba inútilmente, sobre todo, en Féterne una filosofía cada vez más esotérica, una música cada vez más sabía y no salía de esos estudios sino para maquinar intrigas que le permitiesen cortar las amistades burguesas de su juventud y trabar relaciones que había creído formaban parte primeramente de la sociedad de su hermosa familia y que luego advirtiera estaban situadas mucho más alto y mucho más lejos. Un filósofo que para ella no era suficientemente moderno, Leibnitz, dijo que el trayecto de la inteligencia al corazón es muy largo. Ni la señora de Cambremer ni su hermano habían tenido fuerzas para recorrer ese trayecto. Sin dejar la lectura de Stuart Mil más que por la de Lachelier, a medida que creía menos en la realidad del mundo exterior, más se encarnizaba en labrarse una buena posición en éste antes de morir. Enamorada del arte realista, ningún objeto le parecía lo bastante humilde para servirle de modelo al pintor o al escritor. Un cuadro o una novela mundana me hubiesen dado náuseas; un Mujick de Tolstoi o un campesino de Millet eran el límite extremo que no permitía sobrepasar al artista. Pero franquear las que limitaban sus propias relaciones, elevarse hasta el trato con las duquesas, era la meta de todos sus esfuerzos, a tal punto resultaba ineficaz el tratamiento espiritual al que se sometía frente al snobismo congénito ymórbido que se desarrollaba en ella. Éste había llegado a curar aun ciertas inclinaciones a la avaricia y al adulterio, a los que tendía siendo joven, semejante en ello a esos estados patológicos singulares y permanentes que parecen inmunizar contra las otras enfermedades a quienes los sufren. No podía, por otra parte, dejar de pensar al oírle hablar de hacer justicia, sin el menor placer, en el refinamiento de sus expresiones. Eran las que tienen, en un momento dado, todas las personas de similar envergadura intelectual; de manera que la expresión refinada proporcionaba enseguida, como el arco de círculo los medios de describir y limitar toda la circunferencia. Debido a ello esas expresiones hacen que las personas que las emplean me aburran inmediatamente como si fueran ya conocidas, pero también se reputen superiores y se me ofrecieran a menudo como vecinas inapreciables y deliciosas.
«Vous n′ignorez pas, Madame, que beaucoup de régions forestières tirent leur nom des animaux qui les peuplent. A côté de la forêt de Chantepie, vous avez le bois de Chantereine. — Je ne sais pas de quelle reine il s′agit, mais vous n′êtes pas galant pour elle, dit M. de Cambremer. — Attrapez, Chochotte, dit Mme. Verdurin. Et à part cela, le voyage s′est bien passé? — Nous n′avons rencontré que de vagues humanités qui remplissaient le train. Mais je réponds à la question de M. de Cambremer; reine n′est pas ici la femme d′un roi, mais la grenouille. C′est le nom qu′elle a gardé longtemps dans ce pays, comme en témoigne la station de Renneville, qui devrait s′écrire Reineville. — Il me semble que vous avez là une belle bête», dit M. de Cambremer à Mme Verdurin, en montrant un poisson. C′était là un de ces compliments à l′aide desquels il croyait payer son écot à un dîner, et déjà rendre sa politesse. («Les inviter est inutile, disait-il souvent en parlant de tels de leurs amis à sa femme. Ils ont été enchantés de nous avoir. C′étaient eux qui me remerciaient.») «D′ailleurs je dois vous dire que je vais presque chaque jour à Renneville depuis bien des années, et je n′y ai vu pas plus de grenouilles qu′ailleurs. Mme de Cambremer avait fait venir ici le curé d′une paroisse où elle a de grands biens et qui a la même tournure d′esprit que vous, à ce qu′il semble. Il a écrit un ouvrage. — Je crois bien, je l′ai lu avec infiniment d′intérêt», répondit hypocritement Brichot. La satisfaction que son orgueil recevait indirectement de cette réponse fit rire longuement M. de Cambremer. «Ah! eh bien, l′auteur, comment dirais-je, de cette géographie, de ce glossaire, épilogue longuement sur le nom d′une petite localité dont nous étions autrefois, si je puis dire, les seigneurs, et qui se nomme Pont-à-Couleuvre. Or je ne suis évidemment qu′un vulgaire ignorant à côté de ce puits de science, mais je suis bien allé mille fois à Pont-à-Couleuvre pour lui une, et du diable si j′y ai jamais vu un seul de ces vilains serpents, je dis vilains, malgré l′éloge qu′en fait le bon La Fontaine (L′Homme et la couleuvre était une des deux fables). — Vous n′en avez pas vu, et c′est vous qui avez vu juste, répondit Brichot. Certes, l′écrivain dont vous parlez connaît à fond son sujet, il a écrit un livre remarquable. — Voire! s′exclama Mme de Cambremer, ce livre, c′est bien le cas de le dire, est un véritable travail de Bénédictin. — Sans doute il a consulté quelques pouillés (on entend par là les listes des bénéfices et des cures de chaque diocèse), ce qui a pu lui fournir le nom des patrons la et des collateurs ecclésiastiques. Mais il est d′autres sources. Un de mes plus savants amis y a puisé. Il a trouvé que le même lieu était dénommé Pont-à-Quileuvre. Ce nom bizarre l′incita à remonter plus haut encore, à un texte latin où le pont que votre ami croit infesté de couleuvres est désigné: Pons cui aperit. “-Usted no ignora, señora, que muchas regiones forestales sacan su nombre de los animales que las habitan. Al lado del bosque de Chantepie tiene usted el bosque de Chantereine.” “-No sé de qué reina se trata -contestó el señor de Cambremer-; pero usted no es galante con ella.” “-Tómese esa, Chochotte -dijo la señora de Verdurin-. ¿Y aparte de eso, el viaje transcurrió bien?” “-No hemos encontrado más que algunas vagas humanidades que llenaban el tren. Pero contesto a la pregunta del señor de Cambremer: reina no es aquí la mujer del rey, sino la rana. Es el nombre que ha conservado mucho tiempo en la zona, como lo demuestra la estación de Renneville, que debería escribirse Reineville”. “-Me parece que ahí tiene usted un hermoso animal”, dijo el señor de Cambremer, señalándole un pescado a la señora de Verdurin. Era uno de los cumplidos con los que creía pagar su cuota en una comida y devolver ya la cortesía. “-Invitarlos es inútil -le decía a menudo a su mujer al hablar de tales o cuales amigos. Han quedado encantados con nosotros. Eran ellos los agradecidos.” “-Por otra parte, debo decirle que voy casi diariamente a Renneville, desde hace muchos años, y no he visto que haya allí más ranas que en otra parte. La señora de Cambremer había hecho venir al cura de una parroquia donde tiene grandes dominios y que posee el mismo giro espiritual que usted, por lo que veo. Ha escrito una obra.” “-Ya lo creo, la he leído con un interés infinito”, contestó hipócritamente Brichot. La satisfacción que su orgullo recibía indirectamente de esa respuesta hizo reír largo rato al señor de Cambremer. “-¡Ah, y bueno, el autor, cómo diré, de esa geografía, de ese glosario, ocupa un largo epilogo acerca del nombre de una pequeña localidad de lo que éramos antaño, si puedo decirlo, los señores y que se denomina Pont-á-Couleuvre (Puente de la Culebra). Y no soy, evidentemente, más que un vulgar ignorante al lado de ese pozo de ciencia; pero he ido por lo menos mil veces a Pont-á-Couleuvre por cada una de las que haya ido él y que me lleve el diablo si he visto una sola de esas feas serpientes, y digo feas a pesar del elogio que les hace el bueno de La Fontaine.” (El hombre y la culebra era una de sus dos fábulas). “-Usted no las ha visto y usted ha visto bien -contestó Brichott. Es verdad que el escritor de quien habla usted conoce a fondo su tema y ha escrito un libro notable.” “-¡También! -exclamó la señora de Cambremer-, ese libro, corresponde decirlo, es un verdadero trabajo de benedictino”. “- Sin duda ha consultado algunos registros37 (por ello se entienden las listas de los beneficios y de los curatos de cada diócesis), lo que ha podido proporcionarle el nombre de patronos laicos y de los coladores eclesiásticos. Pero hay otras fuentes. Uno de mis más sabios amigos las ha probado. Ha descubierto que ese mismo lugar se llamaba Pontá- Quileuvre. Ese nombre extraño lo incitó a remontarse aún más alto, hasta un texto latino en que el puente que su amigo cree infestado de culebras se llama Pon s cui aperit.
Pont fermé qui ne s′ouvrait que moyennant une honnête rétribution. — Vous parlez de grenouilles. Moi, en me trouvant au milieu de personnes si savantes, je me fais l′effet de la grenouille devant l′aréopage» (c′était la seconde fable), dit Cancan qui faisait souvent, en riant beaucoup, cette plaisanterie grâce à laquelle il croyait à la fois, par humilité et avec à-propos, faire profession d′ignorance et étalage de savoir. Quant à Cottard, bloqué par le silence de M. de Charlus et essayant de se donner de l′air des autres côtés, il se tourna vers moi et me fit une de ces questions qui frappaient ses malades s′il était tombé juste et montraient ainsi qu′il était pour ainsi dire dans leur corps; si, au contraire, il tombait à faux, lui permettaient de rectifier certaines théories, d′élargir les points de vue anciens. «Quand vous arrivez à ces sites relativement élevés comme celui où nous nous trouvons en ce moment, remarquez-vous que cela augmente votre tendance aux étouffements?» me demanda-t-il, certain ou de faire admirer, ou de compléter son instruction. M. de Cambremer entendit la question et sourit. «Je ne peux pas vous dire comme ça m′amuse d′apprendre que vous avez des étouffements», me jeta-t-il à travers la table. Il ne voulait pas dire par cela que cela l′égayait, bien que ce fût vrai aussi. Car cet homme excellent ne pouvait cependant pas entendre parler du malheur d′autrui sans un sentiment de bien-être et un spasme d′hilarité qui faisaient vite place à la pitié d′un bon coeur. Mais sa phrase avait un autre sens, que précisa celle qui la suivit: «Ça m′amuse, me dit-il, parce que justement ma soeur en a aussi.» En somme, cela l′amusait comme s′il m′avait entendu citer comme un des mes amis quelqu′un qui eût fréquenté beaucoup chez eux. «Comme le monde est petit», fut la réflexion qu′il formula mentalement et que je vis écrite sur son visage souriant quand Cottard me parla de mes étouffements. Et ceux-ci devinrent, à dater de ce dîner, comme une sorte de relation commune et dont M. de Cambremer ne manquait jamais de me demander des nouvelles, ne fût-ce que pour en donner à sa soeur. Tout en répondant aux questions que sa femme me posait sur Morel, je pensais à une conversation que j′avais eue avec ma mère dans l′après-midi. Comme, tout en ne me déconseillant pas d′aller chez les Verdurin si cela pouvait me distraire, elle me rappelait que c′était un milieu qui n′aurait pas plu à mon grand-père et lui eût fait crier: «A la garde», ma mère avait ajouté: «Écoute, le président Toureuil et sa femme m′ont dit qu′ils avaient déjeuné avec Mme Bontemps. On ne m′a rien demandé. Mais j′ai cru comprendre qu′un mariage entre Albertine et toi serait le rêve de sa tante. Je crois que la vraie raison est que tu leur es à tous très sympathique. Tout de même, le luxe qu′ils croient que tu pourrais lui donner, les relations qu′on sait plus ou moins que nous avons, je crois que tout cela n′y est pas étranger, quoique secondaire. Je ne t′en aurais pas parlé, parce que je n′y tiens pas, mais comme je me figure qu′on t′en parlera, j′ai mieux aimé prendre les devants. — Mais toi, comment la trouves-tu? avais-je demandé à ma mère. — Mais moi, ce n′est pas moi qui l′épouserai. Tu peux certainement faire mille fois mieux comme mariage. Mais je crois que ta grand′mère n′aurait pas aimé qu′on t′influence. Actuellement je ne peux pas te dire comment je trouve Albertine, je ne la trouve pas. Je te dirai comme Mme de Sévigné: «Elle a de bonnes qualités, du moins je le crois. Puente cerrado que no se abría más que mediante una honrada retribución.” “-Usted habla de ranas. Yo, al encontrarme en medio de personas tan sabias, me siento como la rana ante el Areópago” (era la segunda fábula), dijo Cancan, que repetía a menudo, riéndose mucho, esa broma, gracias a la cual creía por humildad y con oportunidad hacer a la vez profesión de ignorancia y demostrar su saber. En cuanto a Cottard, bloqueado por el silencio del señor de Charlus y tratando de tomar aire por otros lados, se volvió hacia mí y me planteó una de esas preguntas que llamaban la atención de sus enfermos si había acertado y señalaba con ello que, por así decirlo, estaba en el propio cuerpo de sus pacientes; si, por el contrario, erraba, le permitía rectificar algunas teorías y ampliar los antiguos puntos de vista. “-Cuando usted llega a lugares relativamente elevados, como este en que nos encontramos ahora, ¿no advierte que eso aumenta su tendencia alas sofocaciones”, me preguntó, seguro de hacer admirar o por lo menos completar su instrucción. El señor de Cambremer oyó la pregunta y sonrió. “-No puedo decirle cómo me divierte saber que tiene usted sofocaciones”, me dijo a través de la mesa. Y no es que quisiera decir que eso le alegraba, aunque también fuera cierto. Porque ese hombre excelente no podía, sin embargo, oír hablar de la desgracia ajena sin un sentimiento de bienestar y un espasmo de alegría que pronto dejaban lugar a la compasión de sus buenos sentimientos. Pero su frase tenía otro significado, que precisó la siguiente: “-Me divierte -me dijo-, porque justamente mi hermana también tiene lo mismo”. En resumen, que eso lo divertía como si me los oyese citar como a uno de sus amigos que los frecuentara mucho. “¡Qué chico es el mundo!”, fue el pensamiento que formuló mentalmente y que vi escrito en su rostro sonriente cuando Cottard me habló de mis sofocaciones. Y éstos se hicieron a partir de esa cena algo así como una relación común y de la cual el señor de Cambremer nunca dejaba de pedirme noticias aunque no fuese más que para dárselas a su hermana. Mientras contestaba las preguntas que me formulaba su esposa acerca de Morel, iba pensando en una conversación que había tenido esa tarde con mi madre. A la vez que no me disuadía de ir a casa de los Verdurin si con ello podía distraerme, me recordaba que ése era un medio que no le hubiere gustado a mi abuelo y le hubiera hecho gritar: “-¡En guardia!”, y mi madre agregó: “-Escucha: el presidente Toureuil y su mujer me dijeron que habían almorzado con la señora de Bontemps. Nada me preguntaron. Pero he creído comprender que el sueño de tu tía sería un casamiento entre Albertina y tú. Creo que el verdadero motivo es que a todos ellos les resultas sumamente simpático. Sin embargo, lujo que suponen podrías proporcionarle, las relaciones que más o menos se sabe tenemos, creo que todo eso no es ajeno a la idea, aunque secundario No te hubiera hablado, porque no me interesa; pero, como supongo que te hablarán, he preferido adelantarme.” “-¿Pero á ti qué te parece?”, le pregunté a mi madre. “-Yo no soy quien se casará con ella. Puedes casarte mil veces mejor. Pero creo que a tu abuela no le hubiera gustado que influyan sobre ti. En la actualidad no puedo decirte cómo hallo a Albertina; no la hallo. Te diré como Madame de Sévigné: tiene buenas cualidades. Por lo menos, lo supongo.
Mais, dans ce commencement, je ne sais la louer que par des négatives. Elle n′est point ceci, elle n′a point l′accent de Rennes. Avec le temps, je dirai peut-être: elle est cela. Et je la trouverai toujours bien si elle doit te rendre heureux.» Mais par ces mots mêmes, qui remettaient entre mes mains de décider de mon bonheur, ma mère m′avait mis dans cet état de doute où j′avais déjà été quand, mon père m′ayant permis d′aller à Phèdre et surtout d′être homme de lettres, je m′étais senti tout à coup une responsabilité trop grande, la peur de le peiner, et cette mélancolie qu′il y a quand on cesse d′obéir à des ordres qui, au jour le jour, vous cachent l′avenir, de se rendre, compte qu′on a enfin commencé de vivre pour de bon, comme une grande personne, la vie, la seule vie qui soit à la disposition de chacun de nous. Pero en este comienzo no puedo alabarla sino por negaciones: no es tal cosa, no tiene la pronunciación de Rennes. Con el tiempo quizás llegue a decir: es tal cosa. Y me parecerá siempre bien si debe hacerte feliz.” Pero con esas mismas palabras que dejaban en mis manos la decisión de mi felicidad, mi madre me había abismado en la duda, como cuando mi padre me permitió ir a ver Fedra y sobre todo ser escritor y sentí de golpe una excesiva responsabilidad, el temor de apenarlo y esa melancolía que sobreviene cuando uno deja de obedecer órdenes que día tras día ocultan el porvenir y uno advierte que ha empezado, por fin; a vivir de verdad la vida como un adulto, esa única vida que está a nuestra disposición.
Peut-être le mieux serait-il d′attendre un peu, de commencer par voir Albertine comme par le passé pour tâcher d′apprendre si je l′aimais vraiment. Je pourrais l′amener chez les Verdurin pour la distraire, et ceci me rappela que je n′y étais venu moi-même ce soir que pour savoir si Mme Putbus y habitait ou allait y venir. En tout cas, elle ne dînait pas. «A propos de votre ami Saint–Loup, me dit Mme de Cambremer, usant ainsi d′une expression qui marquait plus de suite dans les idées que ses phrases ne l′eussent laissé croire, car si elle me parlait de musique elle pensait aux Guermantes, vous savez que tout le monde parle de son mariage avec la nièce de la princesse de Guermantes. Je vous dirai que, pour ma part, de tous ces potins mondains je ne me préoccupe mie.» Je fus pris de la crainte d′avoir parlé sans sympathie devant Robert de cette jeune fille faussement originale, et dont l′esprit était aussi médiocre que le caractère était violent. Il n′y a presque pas une nouvelle que nous apprenions qui ne nous fasse regretter un de nos propos. Je répondis à Mme de Cambremer, ce qui du reste était vrai, que je n′en savais rien, et que d′ailleurs la fiancée me paraissait encore bien jeune. «C′est peut-être pour cela que ce n′est pas encore officiel; en tout cas on le dit beaucoup. — J′aime mieux vous prévenir, dit sèchement Mme Verdurin à Mme. de Cambremer, ayant entendu que celle-ci m′avait parlé de Morel, et, quand elle avait baissé la voix pour me parler des fiançailles de Saint–Loup, ayant cru qu′elle m′en parlait encore. Ce n′est pas de la musiquette qu′on fait ici. En art, vous savez, les fidèles de mes mercredis, mes enfants comme je les appelle, c′est effrayant ce qu′ils sont avancés, ajouta-t-elle avec un air d′orgueilleuse terreur. Je leur dis quelquefois: «Mes petites bonnes gens, vous marchez plus vite que votre patronne à qui les audaces ne passent pas pourtant pour avoir jamais fait peur.» Tous les ans ça va un peu plus loin; je vois bientôt le jour où ils ne marcheront plus pour Wagner et pour d′Indy. — Mais c′est très bien d′être avancé, on ne l′est jamais assez», dit Mme de Cambremer, tout en inspectant chaque coin de la salle à manger, en cherchant à reconnaître les choses qu′avait laissées sa belle-mère, celles qu′avait apportées Mme Verdurin, et à prendre celle-ci en flagrant délit de faute de goût. Cependant, elle cherchait à me parler du sujet qui l′intéressait le plus, M. de Charlus. Elle trouvait touchant qu′il protégeât un violoniste. «Il a l′air intelligent. — Même d′une verve extrême pour un homme déjà un peu âgé, dis-je. — Agé? Mais il n′a pas l′air âgé, regardez, le cheveu est resté jeune.» (Car depuis trois ou quatre ans le mot «cheveu» avait été employé au singulier par un de ces inconnus qui sont les lanceurs des modes littéraires, et toutes les personnes ayant la longueur de rayon de Mme de Cambremer disaient «le cheveu», non sans un sourire affecté. A l′heure actuelle on dit encore «le cheveu», mais de l′excès du singulier renaîtra le pluriel.) «Ce qui m′intéresse surtout chez M. de Charlus, ajouta-t-elle, c′est qu′on sent chez lui le don. Je vous dirai que je fais bon marché du savoir. Ce qui s′apprend ne m′intéresse pas.» Ces paroles ne sont pas en contradiction avec la valeur particulière de Mme de Cambremer, qui était précisément imitée et acquise. Mais justement une des choses qu′on devait savoir à ce moment-là, c′est que le savoir n′est rien et ne pèse pas un fétu à côté de l′originalité. Mme de Cambremer avait appris, comme le reste, qu′il ne faut rien apprendre. «C′est pour cela, me dit-elle, que Brichot, qui a son côté curieux, car je ne fais pas fi d′une certaine érudition savoureuse, m′intéresse pourtant beaucoup moins.» Mais Brichot, à ce moment-là, n′était occupé que d′une chose: entendant qu′on parlait musique, il tremblait que le sujet ne rappelât à Mme Verdurin la mort de Dechambre. Il voulait dire quelque chose pour écarter ce souvenir funeste. M. de Cambremer lui en fournit l′occasion par cette question: «Alors, les lieux boisés portent toujours des noms d′animaux? — Que non pas, répondit Brichot, heureux de déployer son savoir devant tant de nouveaux, parmi lesquels je lui avais dit qu′il était sûr d′en intéresser au moins un. Il suffit de voir combien, dans les noms de personnes elles-mêmes, un arbre est conservé, comme une fougère dans de la houille. Un de nos pères conscrits s′appelle M. de Saulces de Freycinet, ce qui signifie, sauf erreur, lieu planté de saules et de frênes, salix et fraxinetum; son neveu M. de Selves réunit plus d′arbres encore, puisqu′il se nomme de Selves, sylva.» Saniette voyait avec joie la conversation prendre un tour si animé. Il pouvait, puisque Brichot parlait tout le temps, garder un silence qui lui éviterait d′être l′objet des brocards de M. et Mme Verdurin. Et devenu plus sensible encore dans sa joie d′être délivré, il avait été attendri d′entendre M. Verdurin, malgré la solennité d′un tel dîner, dire au maître d′hôtel de mettre une carafe d′eau près de M. Saniette qui ne buvait pas autre chose. (Les généraux qui font tuer le plus de soldats tiennent à ce qu′ils soient bien nourris.) Enfin Mme Verdurin avait une fois souri à Saniette. Décidément, c′étaient de bonnes gens. Il ne serait plus torturé. A ce moment le repas fut interrompu par un convive que j′ai oublié de citer, un illustre philosophe norvégien, qui parlait le français très bien mais très lentement, pour la double raison, d′abord que, l′ayant appris depuis peu et ne voulant pas faire de fautes (il en faisait pourtant quelques-unes), il se reportait pour chaque mot à une sorte de dictionnaire intérieur; ensuite parce qu′en tant que métaphysicien, il pensait toujours ce qu′il voulait dire pendant qu′il le disait, ce qui, même chez un Français, est une cause de lenteur. C′était, du reste, un être délicieux, quoique pareil en apparence à beaucoup d′autres, sauf sur un point. Cet homme au parler si lent (il y avait un silence entre chaque mot) devenait d′une rapidité vertigineuse pour s′échapper dès qu′il avait dit adieu. Sa précipitation faisait croire la première fois qu′il avait la colique ou encore un besoin plus pressant. Quizás lo mejor sería esperar un poco, comenzar a ver a Albertina como antes, para tratar de darme cuenta de si la quería de veras. Podía llevarla a casa de los Verdurin para distraerla y eso me recordó que yo mismo no había ido sino para saber si allí estaba la señora de Putbus o si llegaría de un momento a otro. En todo caso, no estaba comiendo. “-A propósito de su amigo Saint-Loup -me dijo la señora de Cambremer, usando así una expresión que señalaba más continuidad en sus ideas de lo que dejaban traslucir sus frases, porque si hablaba de música, pensaba en los Guermantess-, ¿usted sabe que todos comentan su casamiento con la sobrina de la princesa de Guermantes? Le diré, por mi parte, que todos esos chismes mundanos me tienen sin cuidado.” Me sobrecogió el temor dé haber hablado delante de Roberto sin ninguna simpatía de esa muchacha seudo original y cuyo espíritu era tan mediocre como violento su carácter. No existe casi ninguna noticia que no nos haga lamentar alguna palabra. Le contesté a la señora de Cambremer, lo que, por otra parte, era verdad, que nada sabía y que, además, la novia me parecía muy joven aún. “-Quizás sea por eso que todavía no se ha hecho oficial. De cualquier manera, se habla mucho al respecto.” “-Prefiero avisarle -le dijo secamente la señora de Verdurin a la señora de Cambremer, al oír que ésta había hablado de Morel y cuando bajara la voz para referirse al noviazgo de Saint-Loup, creyendo que me seguía hablando de lo mismo-. Aquí no se hace musiquita. En arte, sabe usted, los fieles de mis miércoles, mis hijos, como los llamo -agregó con un aspecto de terror orgulloso-, son temiblemente avanzados. Les digo a veces: mis buenos muchachos, ustedes andan más ligero que su Patrona, a quien, sin embargo, no se supone que hayan asustado las audacias. Todos los arios eso va un poco más lejos: ya veo acercarse el día en que no les gustará ni Wágner ni d′Indy”. “-Pero está muy bien ser avanzado, nunca lo somos demasiado”, dijo la señora de Cambremer mientras inspeccionaba cada rincón del comedor tratando de reconocer las cosas que había llevado la señora de Verdurin y atraparla a ésta en flagrante delito de mal gusto. Sin embargo, quería hablarme del tema que más la interesaba: el señor de Charlus. Le parecía conmovedor que protegiese a un violinista. “-Parece inteligente”. “-Hasta extremadamente animado para ser un hombre de cierta edad”, dije yo. “¿De edad? Pero no parece viejo, mire usted: el cabello sigue siendo joven.” (Porque desde hacía tres o cuatro años la palabra cabello había sido empleada en singular por uno de esos desconocidos que son los que lanzan las modas literarias y todas las personas que tenían la longitud de radio de la señora de Cambremer decían el cabello; no sin una sonrisa afectada. Actualmente se sigue diciendo el cabello, pero del abuso del singular renacerá el plural.) “Lo que me interesa sobre todo en el señor de Charlus - agregó-, es que en él uno advierte el don. Le diré que me importa menos la sabiduría Lo que se aprende no me interesa”. Esas palabras no se contradecían con el valor particular de la señora de Cambremer, que era precisamente adquirido e imitado. Pero justamente una de las cosas que debían saberse en ese momento es que el saber no es nada y no pesa lo que una brizna, al lado de la originalidad. La señora de Cambremer había aprendido, como todos, que no hay que aprender nada. “-Por eso es -me dijo- que Brichot, que tiene su aspecto interesante, porque no desdeño cierta sabrosa erudición, me interesa, sin embargo mucho menos”. Pero Brichot no estaba ocupado en este momento sino por una cosa: al oír que se hablaba de música, temblaba ante la idea de que el tema no le recordará a la señera de Verdurin la muerte de Dechambre. Quería decir algo para desviar ese funesto recuerdo. El señor de Cambremer le proporcionó la oportunidad con esta pregunta: “-¿Entonces los lugares boscosos siempre llevan nombres de animales?” “-No, de ninguna manera -contestó Brichot, feliz de desplegar su saber ante tantos novicios, entre los cuales le había dicho que estaba seguro de interesar por lo menos a uno-. Basta con ver cómo en los nombres de las mismas personas está conservado un árbol, como una retama en la hulla. Uno de nuestros padres conscriptos se llama el señor de Saulces de Freycinet, lo que significa, salvo error, lugar plantado de sauces y fresnos salir et fruxitnetum; su sobrino el señor de Selves reunió más árboles todavía, ya que se llama de Selves, Sylva”. Saniette veía con alegría que la conversación tomaba un giro más animado. Podía, ya que Brichot hablaba constantemente guardar un silencio que le evitaría ser blanco de las pullas del señor Verdurin y la señora. Y más sensible aún en su alegría de verse libre, lo había enternecido oír al señor Verdurin, a pesar de la solemnidad de semejante cena, decirle al maître que pusiera una garrafa de agua junto al señor Saniette, que no bebía otra cosa. (Los generales que matan más soldados son los que más se interesan por su alimentación.) Por fin, la señora de Verdurin le había sonreído una vez a Saniette. Decididamente, era buena gente. Ya no lo torturarían. En ese momento, un invitado que he olvidado mencionar, interrumpió la comida; era un ilustre filósofo noruego que hablaba muy bien el francés, aunque lentamente, por un doble motivo: primero, porque lo había aprendido hacía muy poco y no quería cometer errores (incurría, sin embargo, en algunos) y se refería para cada palabra a una especie de diccionario interior; luego, porque, como metafísico, pensaba siempre lo que quería decir, mientras lo decía, lo que aun para un francés es motivo de lentitud. Por lo demás, resultaba una persona excelente, aunque semejante en apariencia a muchos otros, salvo en un punto. Este hombre de hablar tan lento (había una pausa entre cada palabra) se hacía vertiginoso para huir en cuanto se despedía. Su precipitación hacía creer, al principio, que tendría cólicos o una necesidad afín más urgente.
— Mon cher — collègue, dit-il à Brichot, après avoir délibéré dans son esprit si «collègue» était le terme qui convenait, j′ai une sorte de — désir pour savoir s′il y a d′autres arbres dans la — nomenclature de votre belle langue — française — latine — normande. Madame (il voulait dire Mme Verdurin quoiqu′il n′osât la regarder) m′a dit que vous saviez toutes choses. N′est-ce pas précisément le moment? — Non, c′est le moment de manger», interrompit Mme Verdurin qui voyait que le dîner n′en finissait pas. «Ah! bien; répondit le Scandinave, baissant la tête dans son assiette, avec un sourire triste et résigné. Mais je dois faire observer à Madame que, si je me suis permis ce questionnaire — pardon, ce questation — c′est que je dois retourner demain à Paris pour dîner chez la Tour d′Argent ou chez l′Hôtel Meurice. Mon confrère — français — M. Boutroux, doit nous y parler des séances de spiritisme — pardon, des évocations spiritueuses — qu′il a contrôlées. — Ce n′est pas si bon qu′on dit, la Tour d′Argent, dit Mme Verdurin agacée. J′y ai même fait des dîners détestables. — Mais est-ce que je me trompe, est-ce que la nourriture qu′on mange chez Madame n′est pas de la plus fine cuisine française? — Mon Dieu, ce n′est pas positivement mauvais, répondit Mme Verdurin radoucie. Et si vous venez mercredi prochain ce sera meilleur. — Mais je pars lundi pour Alger, et de là je vais à Cap. Et quand je serai à Cap de Bonne–Espérance, je ne pourrai plus rencontrer mon illustre collègue — pardon, je ne pourrai plus rencontrer mon confrère.» “-Mi querido colega -le dijo a Brichot después de haber deliberado en su espíritu si colega era el término que correspondía-, tengo una especie de deseo de saber si hay otros árboles en la nomenclatura de su hermosa lengua-francesa-latina-normada. La señora (quería decir la señora de Verdurin, aunque no se atreviese a mirarla) me ha dicho que usted sabía toda clase de cosas. ¿No es precisamente el momento?” “-No, es el momento de comer”, interrumpió la señora de Verdurin, que veía que la comida no llevaba miras de acabar. “-¡Ah, bien! -contestó el escandinavo inclinando la cabeza sobre su plato, con una sonrisa triste y resignada-. Pero debo hacerle observar a la señora que si me he permitido este cuestionario -perdón, esta cuestación- es porque debo regresar mañana a París para cenar en la “Torre de Plata” o en el Hotel Meurice. Mi colega francés -el señor Boutroux- debe hablarnos de las sesiones de espiritismo -perdón, de las evocaciones espiritosas- que ha controlado”. “-No es tan bueno como dicen la “Torre de Plata” ---dijo, fastidiada, la señora de Verdurin-. He comido algunas veces deplorablemente”. “-Pero, si no me equivoco, ¿acaso la comida que comemos en casa de la señora no pertenece a la más fina cocina francesa?” “-¡Dios mío! No es positivamente mala -contestó, suavizada, la señora de Verdurin-. Y si usted vuelve el próximo miércoles, será mejor”. “-Pero parto el lunes para Argel y de ahí me voy al Cabo. Y cuando esté en el Cabo de Buena Esperanza no podré encontrarme más con mi ilustre colega- perdón, no podré volver a encontrar a mi cofrade”.
Et il se mit, par obéissance, après avoir fourni ces excuses rétrospectives, à manger avec une rapidité vertigineuse. Mais Brichot était trop heureux de pouvoir donner d′autres étymologies végétales et il répondit, intéressant tellement le Norvégien que celui-ci cessa de nouveau de manger, mais en faisant signe qu′on pouvait ôter son assiette pleine et passer au plat suivant: «Un des Quarante, dit Brichot, a nom Houssaye, ou lieu planté de houx; dans celui d′un fin diplomate, d′Ormesson, vous retrouvez l′orme, l′ulmus cher à Virgile et qui a donné son nom à la ville d′Ulm; dans celui de ses collègues, M. de La Boulaye, le bouleau; M. d′Aunay, l′aune; M. de Bussière, le buis; M. Albaret, l′aubier (je me promis de le dire à Céleste); M. de Cholet, le chou, et le pommier dans le nom de M. de La Pommeraye, que nous entendîmes conférencier, Saniette, vous en souvient-il, du temps que le bon Porel avait été envoyé aux confins du monde, comme proconsul en Odéonie? Au nom de Saniette prononcé par Brichot, M. Verdurin lança à sa femme et à Cottard un regard ironique qui démonta le timide. — Vous disiez que Cholet vient de chou, dis-je à Brichot. Est-ce qu′une station où j′ai passé avant d′arriver à Doncières, Saint–Frichoux, vient aussi de chou? — Non, Saint–Frichoux, c′est Sanctus Fructuosus, comme Sanctus Ferreolus donna Saint–Fargeau, mais ce n′est pas normand du tout. — Il sait trop de choses, il nous ennuie, gloussa doucement la princesse. — Il y a tant d′autres noms qui m′intéressent, mais je ne peux pas tout vous demander en une fois.» Et me tournant vers Cottard: «Est-ce que Mme Putbus est ici?» lui demandai-je. «Non, Dieu merci, répondit Mme Verdurin qui avait entendu ma question. J′ai tâché de dériver ses villégiatures vers Venise, nous en sommes débarrassés pour cette année. — Je vais avoir moi-même droit à deux arbres, dit M. de Charlus, car j′ai à peu près retenu une petite maison entre Saint–Martin-du-Chêne et Saint–Pierre-des-Ifs. — Mais c′est très près d′ici, j′espère que vous viendrez souvent en compagnie de Charlie Morel. Vous n′aurez qu′à vous entendre avec notre petit groupe pour les trains, vous êtes à deux pas de Doncières», dit Mme Verdurin qui détestait qu′on ne vînt pas par le même train et aux heures où elle envoyait des voitures. Elle savait combien la montée à la Raspelière, même en faisant le tour par des lacis, derrière Féterne, ce qui retardait d′une demi-heure, était dure, elle craignait que ceux qui feraient bande à part ne trouvassent pas de voitures pour les conduire, ou même, étant en réalité restés chez eux, puissent prendre le prétexte de n′en avoir pas trouvé à Doville-Féterne et de ne pas s′être senti la force de faire une telle ascension à pied. A cette invitation M. de Charlus se contenta de répondre par une muette inclinaison. «Il ne doit pas être commode tous les jours, il a un air pincé, chuchota à Ski le docteur qui, étant resté très simple malgré une couche superficielle d′orgueil, ne cherchait pas à cacher que Charlus le snobait. Il ignore sans doute que dans toutes les villes d′eau, et même à Paris dans les cliniques, les médecins, pour qui je suis naturellement le «grand chef», tiennent à honneur de me présenter à tous les nobles qui sont là, et qui n′en mènent pas large. Cela rend même assez agréable pour moi le séjour des stations balnéaires, ajouta-t-il d′un air léger. Même à Doncières, le major du régiment, qui est le médecin traitant du colonel, m′a invité à déjeuner avec lui en me disant que j′étais en situation de dîner avec le général. Et ce général est un monsieur de quelque chose. Je ne sais pas si ses parchemins sont plus ou moins anciens que ceux de ce baron. — Ne vous montez pas le bourrichon, c′est une bien pauvre couronne», répondit Ski à mi-voix, et il ajouta quelque chose de confus avec un verbe, où je distinguai seulement les dernières syllabes «arder», occupé que j′étais d′écouter ce que Brichot disait à M. de Charlus. «Non probablement, j′ai le regret de vous le dire, vous n′avez qu′un seul arbre, car si Saint–Martin-du-Chêne est évidemment Sanctus Martinus juxta quercum, en revanche le mot if peut être simplement la racine, ave, eve, qui veut dire humide comme dans Aveyron, Lodève, Yvette, et que vous voyez subsister dans nos éviers de cuisine. C′est l′«eau», qui en breton se dit Ster, Stermaria, Sterlaer, Sterbouest, Ster-en-Dreuchen.» Je n′entendis pas la fin, car, quelque plaisir que j′eusse eu à réentendre le nom de Stermaria, malgré moi j′entendais Cottard, près duquel j′étais, qui disait tout bas à Ski: «Ah! mais je ne savais pas. Alors c′est un monsieur qui sait se retourner dans la vie. Comment! il est de la confrérie! Pourtant il n′a pas les yeux bordés de jambon. Il faudra que je fasse attention à mes pieds sous la table, il n′aurait qu′à en pincer pour moi. Du reste, cela ne m′étonne qu′à moitié. Je vois plusieurs nobles à la douche, dans le costume d′Adam, ce sont plus ou moins des dégénérés. Je ne leur parle pas parce qu′en somme je suis fonctionnaire et que cela pourrait me faire du tort. Y por obediencia, después de haber formulado disculpas retrospectivas, se puso a comer con una rapidez vertiginosa. Pero Brichot se sentía demasiado feliz al poder brindar más etimologías vegetales y contestó, interesando a tal punto al noruego que éste dejó de nuevo de comer, pero haciendo señas de que podían quitar su plato lleno y continuar con el siguiente: “-Uno de los cuarenta -dijo Brichot- llama Houssaye, o lugar plantado de acebos; en el de un fino diplomático d′Ormesson, encuentra usted el olmo, el ulmus, caro a Virgilio, que le ha dado su nombre a la ciudad de Ulm; en el de sus colegas, el señor de la Boulaye, el abedul; el señor de Aunay, el aliso el señor de Bussiére, el boj; el señor Albaret, la albura (me prometí decírselo a Celeste); el señor de Cholet, el repollo (el “choux”) yel manzano (pommier) en el nombre del señor de la Pommeraye, a quien oímos conferenciar, Saniette, ¿lo recuerda usted?, en tiempos en que el bueno de Porel había sido enviado a los confines del mundo coma procónsul en Odeonia”. “-Usted decía que Cholet proviene de repollo -le dije a Brichott . ¿Acaso una estación por la que he pasado antes de llegar a Doncières proviene también de repollo: Saint-Frichoux?” “No: Saint-Frichóux es Sanctus Fructuosus, como Sanctus Ferreolus dió Saint-Fargeau, pero eso no es normando para nada”. “-Sabe demasiadas cosas, nos aburre”, gorgoteó dulcemente la princesa”. “-Hay tantos otros nombres que me interesan, pero no puedo pedirle todo de una vez”. Y volviéndome hacia Cottard: “-¿Acaso está aquí la señora de Putbus?”, le pregunté. Cuando Brichot pronunció el nombre de Saniette, el señor Verdurin lanzó a su mujer y a Cottard una mirada irónica que reveló al tímido. “-No, a Dios gracias -contestó la señora de Verdurin, que había oído mi pregunta-. He tratado de desviar sus veraneos hacia Venecia; estamos libres de ella por este año”. “-Yo mismo tendré derecho a dos árboles -manifestó el señor de Charluss-, porque he alquilado o poco más o menos una pequeña casa entre Sain-Martin-du-Chêne y Saint-Pierredes-Ifs”.38 “- Pero es muy cerca; espero que venga a menudo en compañía de Charlie Morel. No tendrá más que ponerse de acuerdo con nuestro pequeño grupo, para los trenes; está usted a dos pasos de Doncières”, dijo la señora de Verdurin, que odiaba no se llegase con el mismo tren y a las horas en que mandaba los coches. Sabía hasta qué punto era empinada la cuesta a la Raspeliére, aun dando el rodeo por las vueltas, detrás de Féterne, lo que hacía perder media hora, y temía que los que hacían rancho aparte no encontrasen coches para conducirlos o, estando en realidad en su casa, pudiesen tener el pretexto de no haberlos encontrado en Douville-Féterne y no haberse sentido con fuerzas para semejante ascensión a pie. A esa invitación, el señor de Charlus se conformó contestando con una inclinación silenciosa. “-No debe ser fácilmente soportable todos los días, pues tiene una expresión afectada -murmuró el doctor a Ski, que, aunque seguía siendo muy sencillo a pesar de su capa superficial de orgullo, no trataba de ocultar que Charlus se hacía el snob ante él-. Ignora, sin duda, que en todas las termas, y aun en las clínicas de París, los médicos para quienes naturalmente soy el gran jefe considero un honor presentarme a todos los nobles que están ahí y no van a tirar por mucho tiempo. Es incluso lo que llega a hacerme bastante agradable la permanencia en los balnearios -agregó con un tono ligero-. Aun en Doncières, el mayor del regimiento, que es el médico que atiende al coronel, me ha invitado a almorzar diciendo que estaba en condiciones de cenar con el general. Y ese general es un señor con partícula y todo. No sé si sus pergaminos son más o menos antiguos que los de ese barón”. “-No se sugestione usted; es una corona muy pobrecita”, contestó Ski a media voz y agregó algo confuso junto con un verbo del que sólo distinguí las ultimas sílabas, ocupado como estaba oyendo lo que Brichot le decía al señor de Charlus”. “-No, créame que lamento decírselo: usted no tiene más que un solo árbol, porque si Maint-Martín-du-Chéne es evidentemente Sanctus Martinus juxte quercum, en cambio la palabra if puede ser sencillamente la raíz, ave, eve, que quiere decir húmedo, como en Aveyron, Lodéve, Yvette y que usted ve subsistir en nuestros vertederos39 de cocina. Es el agua, que en bretón se dice Ster, Stermaria, Sterlaer, Sterbouest, Ster-en-Dreuchen”. No oí el final porque, por más placer que me causara oír de nuevo la palabra Stermaria, a mi pesar oí que Cottard le decía muy de cerca y en voz queda a Ski: “-¡Ah, pero yo no sabía! Entonces es un señor que sabe darse vueltas en la vida. ¡Cómo!, ¿pertenece a la cofradía? Sin embargo, no tiene los ojos saltones. Tendré que hacerle caso a sus pies bajo la mesa; lo único que faltaría es que yo le saliera gustando. Veo varios nobles, en el baño, en traje de Adán; son más o menos degenerados. No les hablo porque en resumidas cuentas, soy funcionario y eso podría perjudicarme.
Mais ils savent parfaitement qui je suis.» Saniette, que l′interpellation de Brichot avait effrayé, commençait à respirer, comme quelqu′un qui a peur de l′orage et qui voit que l′éclair n′a été suivi d′aucun bruit de tonnerre, quand il entendit M. Verdurin le questionner, tout en attachant sur lui un regard qui ne lâchait pas le malheureux tant qu′il parlait, de façon à le décontenancer tout de suite et à ne pas lui permettre de reprendre ses esprits. «Mais vous nous aviez toujours caché que vous fréquentiez les matinées de l′Odéon, Saniette?» Tremblant comme une recrue devant un sergent tourmenteur, Saniette répondit, en donnant à sa phrase les plus petites dimensions qu′il put afin qu′elle eût plus de chance d′échapper aux coups: «Une fois, à la Chercheuse. — Qu′est-ce qu′il dit», hurla M. Verdurin, d′un air à la fois écoeuré et furieux, en fronçant les sourcils comme s′il n′avait pas assez de toute son attention pour comprendre quelque chose d′inintelligible. «D′abord on ne comprend pas ce que vous dites, qu′est-ce que vous avez dans la bouche?» demanda M. Verdurin de plus en plus violent, et faisant allusion au défaut de prononciation de Saniette. «Pauvre Saniette, je ne veux pas que vous le rendiez malheureux», dit Mme Verdurin sur un ton de fausse pitié et pour ne laisser un doute à personne sur l′intention insolente de son mari.» J′étais à la Ch . . ., Che . . . — Che, che, tâchez de parler clairement, dit M. Verdurin, je ne vous entends même pas.» Pero ellos saben perfectamente quién soy yo”. Saniette, a quien había espantado la interpelación de Brichot, comenzaba a respirar como el que teme una tormenta y ve que al relámpago no le sigue ningún ruido dé trueno, cuando oyó al señor de Verdurin preguntarle, a tiempo que fijaba sobre él una mirada que no soltaba al desgraciado, mientras hablaba de manera que podía desarmarlo enseguida y no le permitía reponerse: “-¿Pero usted nos había ocultado siempre que frecuentaba las tardes del Odeón, Saniette?” Tembloroso como un recluta ante un sargento torturador, Saniette contestó; dándole a su frase las más pequeñas dimensiones que pudo, para que tuviese más oportunidades de huirle a los golpes: “-Una vez, en la Chercheuse”. “-¿Qué dice? -aulló el señor Verdurin, asqueado y furioso, frunciendo el ceño, como si no le bastara toda su atención para comprender algo tan ininteligible-. Primeramente, no se entiende lo que dice. ¿Qué tiene en la boca? -preguntó cada vez más violento el señor Verdurin y aludiendo al defecto de pronunciación de Saniette. “-Pobre Saniette, no quiero que lo atormenten”, dijo la señora de Verdurin con un tono de falsa compasión y para no dejar una sola duda a nadie acerca de la insolente intención del marido. “-Estaba en la Ch... che, che, che; “trate de hablar con claridad -dijo el señor Verdurin-, ni siquiera lo oigo”.
Presque aucun des fidèles ne se retenait de s′esclaffer, et ils avaient l′air d′une bande d′anthropophages chez qui une blessure faite à un blanc a réveillé le goût du sang. Car l′instinct d′imitation et l′absence de courage gouvernent les sociétés comme les foules. Et tout le monde rit de quelqu′un dont on voit se moquer, quitte à le vénérer dix ans plus tard dans un cercle où il est admiré. C′est de la même façon que le peuple chasse ou acclame les rois. «Voyons, ce n′est pas sa faute, dit Mme Verdurin. — Ce n′est pas la mienne non plus, on ne dîne pas en ville quand on ne peut plus articuler. — J′étais à la Chercheuse d′esprit de Favart. — Quoi? c′est la Chercheuse d′esprit que vous appelez la Chercheuse? Ah! c′est magnifique, j′aurais pu chercher cent ans sans trouver», s′écria M. Verdurin qui pourtant aurait jugé du premier coup que quelqu′un n′était pas lettré, artiste, «n′en était pas», s′il l′avait entendu dire le titre complet de certaines oeuvres. Par exemple il fallait dire le Malade, le Bourgeois; et ceux qui auraient ajouté «imaginaire» ou «gentilhomme» eussent témoigné qu′ils n′étaient pas de la «boutique», de même que, dans un salon, quelqu′un prouve qu′il n′est pas du monde en disant: M. de Montesquiou–Fezensac pour M. de Montesquiou. «Mais ce n′est pas si extraordinaire», dit Saniette essoufflé par l′émotion mais souriant, quoiqu′il n′en eût pas envie. Mme Verdurin éclata: «Oh! si, s′écria-t-elle en ricanant. Soyez convaincu que personne au monde n′aurait pu deviner qu′il s′agissait de la Chercheuse d′esprit.» M. Verdurin reprit d′une voix douce et s′adressant à la fois à Saniette et à Brichot: «C′est une jolie pièce, d′ailleurs, la Chercheuse d′esprit.» Prononcée sur un ton sérieux, cette simple phrase, où on ne pouvait trouver trace de méchanceté, fit à Saniette autant de bien et excita chez lui autant de gratitude qu′une amabilité. Il ne put proférer une seule parole et garda un silence heureux. Brichot fut plus loquace. «Il est vrai, répondit-il à M. Verdurin, et si on la faisait passer pour l′oeuvre de quelque auteur sarmate ou scandinave, on pourrait poser la candidature de la Chercheuse d′esprit à la situation vacante de chef-d′oeuvre. Mais, soit dit sans manquer de respect aux mânes du gentil Favart, il n′était pas de tempérament ibsénien. (Aussitôt il rougit jusqu′aux oreilles en pensant au philosophe norvégien, lequel avait un air malheureux parce qu′il cherchait en vain à identifier quel végétal pouvait être le buis que Brichot avait cité tout à l′heure à propos de Bussière.) D′ailleurs, la satrapie de Porel étant maintenant occupée par un fonctionnaire qui est un tolstont de rigoureuse observance, il se pourrait que nous vissions Anna Karénine ou Résurrection sous l′architrave odéonienne. — Je sais le portrait de Favart dont vous voulez parler, dit M. de Charlus. J′en ai vu une très belle épreuve chez la comtesse Molé.» Le nom de la comtesse Molé produisit une forte impression sur Mme Verdurin. «Ah! vous allez chez Mme de Molé», s′écria-t-elle. Elle pensait qu′on disait la comtesse Molé, Madame Molé, simplement par abréviation, comme elle entendait dire les Rohan, ou, par dédain, comme elle-même disait: Madame La Trémoe. Elle n′avait aucun doute que la comtesse Molé, connaissant la reine de Grèce et la princesse de Caprarola, eût autant que personne droit à la particule, et pour une fois elle était décidée à la donner à une personne si brillante et qui s′était montrée fort aimable pour elle. Aussi, pour bien montrer qu′elle avait parlé ainsi à dessein et ne marchandait pas ce «de» à la comtesse, elle reprit: «Mais je ne savais pas du tout que vous connaissiez Madame de Molé!» comme si ç‘avait été doublement extraordinaire et que M. de Charlus connût cette dame et que Mme Verdurin ne sût pas qu′il la connaissait. Or le monde, ou du moins ce que M. de Charlus appelait ainsi, forme un tout relativement homogène et clos. Autant il est compréhensible que, dans l′immensité disparate de la bourgeoisie, un avocat dise à quelqu′un qui connaît un de ses camarades de collège: «Mais comment diable connaissez-vous un tel?» en revanche, s′étonner qu′un Français connût, le sens du mot «temple» ou «forêt» ne serait guère plus extraordinaire que d′admirer les hasards qui avaient pu conjoindre M. de Charlus et la comtesse Molé. Casi ninguno de los fieles se contenía para reírse y parecían una banda de antropófagos en quienes la herida hecha a un blanco despierta el gusto de la sangre. Porque el instinto de imitación y la falta de valor gobiernan tanto a las muchedumbres como a las sociedades. Y todos se ríen de quien ven burlado, aunque diez años más tarde lo venerarán en un círculo donde lo admiren. Del mismo modo que el pueblo aclama o expulsa a los reyes. “-Vamos, no es culpa suya”, dijo la señora de Verdurin. “-Tampoco es la mía, no se come fuera de casa cuando ya no se puede articular”. “-Estaba en la Chercheuse d′Esprit, de Favart”. “-¿Cómo? ¿Es a la Chercheuse d′Eeprit que llama usted la Chercheuse? Magnifico, podía haber buscado cien años sin encontrarlo”, exclamó el señor Verdurin, que sin embargo, hubiera juzgado de primera intención que alguien no era culto o artista si le hubiese oído decir el título completo de algunas obras. Por ejemplo: había que decir el Enfermo, el Burgués; y los que hubiesen agregado imaginario o gentilhombre demostrarían con ello no pertenecer al cenáculo; lo mismo que en un salón alguien revela no pertenecer a la sociedad si dice el señor de Montesquiou- Fezensac, en lugar del señor de Montesquiou. “-Pero no es tan extraordinario”, dijo Saniette, jadeando de emoción, pero sonriente, aunque no tuviese ganas. La señora dé Verdurin estalló: “-¡Oh, si! –exclamó sardónicamente-. Convénzase de que nadie en el mundo pudo haber adivinado que se trataba de la Chercheuse d′Esprit”El señor Verdurin repuso con voz dulce ydirigiéndose a un tiempo a Saniette y a Brichot: “-Por otra parte, la Chercheuse d′Esprit es una linda pieza”. Pronunciada seriamente, esta simple frase, donde no podía hallarse un rastro de malevolencia, excitó tanta gratitud en Saniette y le produjo tanto bienestar como si se tratara de una amabilidad. No pudo ya decir una sola palabra y guardó un feliz silencio. Brichot fue más locuaz. “-Es verdad le contestó al señor Verdurin- y si la hiciesen pasar como original de algún autor sármata o escandinavo, podría proponerse la candidatura de la Chercheuse d′Esprit para la situación vacante de obra maestra. Pero, dicho sea sin faltarle al respeto a los manes del amable Favart, no tenía temperamento ibseniano. (Enseguida se ruborizó hasta las orejas pensando en el filósofo noruego que tenía un aspecto desgraciado, porque estaba tratando inútilmente de identificar qué vegetal podía ser el boj que había citado hacía un rato Brichot con respecto a Bussiére.) Por otra parte, como la satrapia de Por el la ocupa ahora un funcionario de rigurosa observancia tolstoiana, podría suceder que viésemos Anna Karenina o Resurrección bajo el arquitrabe del Odeón”. “-Sé a qué retrato de Favart quiere referirse usted -dijo el señor de Charluss-. He visto una prueba muy linda en casa de la condesa de Molé”. El nombre de la condesa de Molé impresionó muchísimo a la señora de Verdurin. “-¡Ah, frecuenta usted a la señora de Molé!”, exclamó. Suponía que se decía la condesa de Molé; la señora de Molé sencillamente por abreviación, como oír decir los Rohan, o por desdén, cuando ella misma decía: la señora de La Trémoille. No dudaba en absoluto que la condesa de Molé, que conocía a la reina de Grecia y a la princesa de Caprarola, tuviese tanto derecho como nadie a la partícula y por una vez estaba decidida a dársela a alguien tan brillante y que con ella se había mostrado tan amable. Por eso y para indicar que había hablado en esa forma exprofeso y no le regateaba ese “de” a la condesa repuso: “-Pero yo no sabía que conociera usted a la señora de Molé”, como si fuera doblemente extraordinario que el señor de Charlus conociese a esa señora y que la señora de Verdurin no lo supiese. Y el mundo, o por lo menos lo que el señor de Charlus llamaba así, formaba un todo relativamente homogéneo y cerrado. Es tanto más comprensible que, en la inmensidad variada de la burguesía, un abogado le diga a alguien que conoce a uno de sus compañeros de colegio: “-Pero, ¿¿cómo demonios conoce usted a Fulano?” y en cambio, se asombre porque un francés conozca el sentido de la palabra templo o bosque, y no sería mucho más extraordinario que admirar los azares que llegaron a reunir al señor de Charlus y a la condesa Molé.
De plus, même si une telle connaissance n′eût pas tout naturellement découlé des lois mondaines, si elle eût été fortuite, comment eût-il été bizarre que Mme Verdurin l′ignorât puisqu′elle voyait M. de Charlus pour la première fois, et que ses relations avec Mme Molé étaient loin d′être la seule chose qu′elle ne sût pas relativement à lui, de qui, à vrai dire, elle ne savait rien. «Qu′est-ce qui jouait cette Chercheuse d′esprit, mon petit Saniette?» demanda M. Verdurin. Bien que sentant l′orage passé, l′ancien archiviste hésitait à répondre: «Mais aussi, dit Mme Verdurin, tu l′intimides, tu te moques de tout ce qu′il dit, et puis tu veux qu′il réponde. Voyons, dites, qui jouait ça? on vous donnera de la galantine à emporter», dit Mme Verdurin, faisant une méchante allusion à la ruine où Saniette s′était précipité lui-même en voulant en tirer un ménage de ses amis. «Je me rappelle seulement que c′était Mme Samary qui faisait la Zerbine, dit Saniette. — La Zerbine? Qu′est-ce que c′est que ça? cria M. Verdurin comme s′il y avait le feu. — C′est un emploi de vieux répertoire, voir le Capitaine Fracasse, comme qui dirait le Tranche Montagne, le Pédant. — Ah! le pédant, c′est vous. La Zerbine! Non, mais il est toqué», s′écria M. Verdurin. Mme Verdurin regarda ses convives en riant comme pour excuser Saniette. «La Zerbine, il s′imagine que tout le monde sait aussitôt ce que cela veut dire. Vous êtes comme M. de Longepierre, l′homme le plus bête que je connaisse, qui nous disait familièrement l′autre jour «le Banat». Personne n′a su de quoi il voulait parler. Finalement on a appris que c′était une province de Serbie.» Pour mettre fin au supplice de Saniette, qui me faisait plus de mal qu′à lui, je demandai à Brichot s′il savait ce que signifiait Balbec. «Balbec est probablement une corruption de Dalbec, me dit-il. Il faudrait pouvoir consulter les chartes des rois d′Angleterre, suzerains de la Normandie, car Balbec dépendait de la baronnie de Douvres, à cause de quoi on disait souvent Balbec d′Outre–Mer, Balbec-en-Terre. Mais la baronnie de Douvres elle-même relevait de l′évêché de Bayeux, et malgré des droits qu′eurent momentanément les Templiers sur l′abbaye, à partir de Louis d′Harcourt, patriarche de Jérusalem et évêque de Bayeux, ce furent les évêques de ce diocèse qui furent collateurs aux biens de Balbec. C′est ce que m′a expliqué le doyen de Doville, homme chauve, éloquent, chimérique et gourmet, qui vit dans l′obédience de Brillat–Savarin, et m′a exposé avec des termes un tantinet sibyllins d′incertaines pédagogies, tout en me faisant manger d′admirables pommes de terre frites.» Tandis que Brichot souriait, pour montrer ce qu′il y avait de spirituel à unir des choses aussi disparates et à employer pour des choses communes un langage ironiquement élevé, Saniette cherchait à placer quelque trait d′esprit qui pût le relever de son effondrement de tout à l′heure. Le trait d′esprit était ce qu′on appelait un «à peu près», mais qui avait changé de forme, car il y a une évolution pour les calembours comme pour les genres littéraires, les épidémies qui disparaissent remplacées par d′autres, etc . . . Además, aunque semejante relación no se desprendiese con toda naturalidad de las leyes sociales, si hubiese sido fortuita, como sería extraño que la ignorase la señora de Verdurin, ya que veía por primera vez al señor de Charlus y sus relaciones con la señora de Molé estaban muy lejos de ser las únicas cosas que supiese a su respecto, de la que, a decir verdad, nada sabía. “-¿Quién representaba esa Chercheuse d′Esprit, mi pequeño Saniette?”, preguntó el señor Verdurin. Aunque sentía que había pasado la tormenta, el antiguo archivista vacilaba en contestar. “-Pero, claro -dijo la señora de Verdurin-, lo atemorizas, te burlas de todo lo que dice y luego quieres que conteste. Vamos: díganos quién la representaba y le daremos galantina para llevar a su casa”, dijo la señora de Verdurin haciendo una malvada referencia a la ruina en que se había precipitado Saniette queriendo salvar a un matrimonio amigo. “-Sólo recuerdo que era la señora de Samary que hacía la Zerbina”, dijo Saniette. “-¿La Zerbina? ¿Y qué es eso?”, gritó el señor Verdurin como si hubiese incendio. “-Es un papel del viejo repertorio, como también el capitán Fracasse, como quien diría Corta-Montañas, el Pedante”. “-¡Ah, el pedante es usted! “¡La Zerbina! No, si está loco-”, exclamó el señor Verdurin. La señora de Verdurin miró a sus invitados riendo, como para disculpar a Saniette. “-¡La Zerbina! Supone que todos saben enseguida lo que eso significa. Usted es como el señor de Longepierre, el hombre más tonto que conozco, que nos decía familiarmente días pasados: el Bdnat. Nadie sabía de qué quería hablar. Finalmente se supo que se trataba de una provincia de Servia”. Para concluir con el suplicio de Saniette, que a mi me dolía más que a él, le pregunté a Brichot si sabía lo que significaba Balbec. “-Balbec es probablemente una corrupción de Dalbec -me dijo-. Habría que consultar las cartas de los reyes de Inglaterra, soberanos de Normandía, porque Balbec dependía de la baronía de Douvres, a causa de lo cual se decía a menudo: Balbec de Ultramar, Balbec en tierra. Pero la misma baronía de Douvres dependía del obispado de Bayeux y a pesar de los derechos que momentáneamente tuvieron los Templarios sobre la Abadía, a partir de Luis de Harcourt, patriarca de Jerusalén y obispo de Bayeux, fueron los obispos de esa diócesis quienes colacionaron los bienes de Balbec. Es lo que me explicó el deán de Doville, hombre calvo, elocuente, quimérico y goloso, que vive obedeciendo a Brillant- Savarin, y me expuso en términos un tanto sibilinos pedagogías dudosas a tiempo que me hacía comer admirables papas fritas”. Mientras Brichot sonreía para indicar lo espiritual que resulta la unión de cosas tan disímiles y el empleo para cosas comunes de un lenguaje irónicamente elevado, Saniette trataba de intercalar algún rasgo de ingenio que pudiese levantarlo de su derrumbe reciente. El rasgo de ingenio era lo que se llamaba un parecido, pero que había cambiado su forma porque hay una evolución para los chistes como para los géneros literarios, las epidemias que desaparecen sustituidas por otras, etc.
Jadis la forme de l′«à peu près» était le «comble». Mais elle était surannée, personne ne l′employait plus, il n′y avait plus que Cottard pour dire encore parfois, au milieu d′une partie de «piquet»: «Savez-vous quel est le comble de la distraction? c′est de prendre l′édit de Nantes pour une Anglaise.» Les combles avaient été remplacés par les surnoms. Au fond, c′était toujours le vieil «à peu près», mais, comme le surnom était à la mode, on ne s′en apercevait pas. Malheureusement pour Saniette, quand ces «à peu près» n′étaient pas de lui et d′habitude inconnus au petit noyau, il les débitait si timidement que, malgré le rire dont il les faisait suivre pour signaler leur caractère humoristique, personne ne les comprenait. Et si, au contraire, le mot était de lui, comme il l′avait généralement trouvé en causant avec un des fidèles, celui-ci l′avait répété en se l′appropriant, le mot était alors connu, mais non comme étant de Saniette. Aussi quand il glissait un de ceux-là on le reconnaissait, mais, parce qu′il en était l′auteur, on l′accusait de plagiat. «Or donc, continua Brichot, Bec en normand est ruisseau; il y a l′abbaye du Bec; Mobec, le ruisseau du marais (Mor ou Mer voulait dire marais, comme dans Morville, ou dans Bricquemar, Alvimare, Cambremer); Bricquebec, le ruisseau de la hauteur, venant de Briga, lieu fortifié, comme dans Bricqueville, Bricquebosc, le Bric, Briand, ou bien brice, pont, qui est le même que bruck en allemand (Innsbruck) et qu′en anglais bridge qui termine tant de noms de lieux (Cambridge, etc.). Vous avez encore en Normandie bien d′autres bec: Caudebec, Bolbec, le Robec, le Bec–Hellouin, Becquerel. C′est la forme normande du germain Bach, Offenbach, Anspach; Varaguebec, du vieux mot varaigne, équivalent de garenne, bois, étangs réservés. Quant à Dal, reprit Brichot, c′est une forme de thal, vallée: Darnetal, Rosendal, et même jusque près de Louviers, Becdal. La rivière qui a donné son nom à Dalbec est d′ailleurs charmante. Vue d′une falaise (fels en allemand, vous avez même non loin d′ici, sur une hauteur, la jolie ville de Falaise), elle voisine les flèches de l′église, située en réalité à une grande distance, et a l′air de les refléter.-Je crois bien, dis-je, c′est un effet qu′Elstir aime beaucoup. J′en ai vu plusieurs esquisses chez lui.-Elstir! Vous connaissez Tiche? s′écria Mme Verdurin. Mais vous savez que je l′ai connu dans la dernière intimité. Grâce au ciel je ne le vois plus. Non, mais demandez à Cottard, à Brichot, il avait son couvert mis chez moi, il venait tous les jours. En voilà un dont on peut dire que ça ne lui a pas réussi de quitter notre petit noyau. Je vous montrerai tout à l′heure des fleurs qu′il a peintes pour moi; vous verrez quelle différence avec ce qu′il fait aujourd′hui et que je n′aime pas du tout, mais pas du tout! Mais comment! je lui avais fait faire un portrait de Cottard, sans compter tout ce qu′il a fait d′après moi.-Et il avait fait au professeur des cheveux mauves, dit Mme Cottard, oubliant qu′alors son mari n′était pas agrégé. Je ne sais, Monsieur, si vous trouvez que mon mari a des cheveux mauves.-Ça ne fait rien, dit Mme Verdurin en levant le menton d′un air de dédain pour Mme Cottard et d′admiration pour celui dont elle parlait, c′était d′un fier coloriste, d′un beau peintre. Tandis que, ajouta-t-elle en s′adressant de nouveau à moi, je ne sais pas si vous appelez cela de la peinture, toutes ces grandes diablesses de compositions, ces grandes machines qu′il expose depuis qu′il ne vient plus chez moi. Moi, j′appelle cela du barbouillé, c′est d′un poncif, et puis ça manque de relief, de personnalité. Il y a de tout le monde là dedans.-Il restitue la grâce du XVIIIe, mais moderne, dit précipitamment Saniette, tonifié et remis en selle par mon amabilité. Mais j′aime mieux Helleu.-Il n′y a aucun rapport avec Helleu, dit Mme Verdurin.-Si, c′est du XVIIIe siècle fébrile. C′est un Watteau à vapeur, et il se mit à rire. — Oh! connu, archiconnu, il y a des années qu′on me le ressert», dit M. Verdurin à qui, en effet, Ski l′avait raconté autrefois, mais comme fait par lui-même. «Ce n′est pas de chance que, pour une fois que vous prononcez intelligiblement quelque chose d′assez drôle, ce ne soit pas de vous. —Ça me fait de la peine, reprit Mme Verdurin, parce que c′était quelqu′un de doué, il a gâché un joli tempérament de peintre. Ah! s′il était resté ici! Mais il serait devenu le premier paysagiste de notre temps. Et c′est une femme qui l′a conduit si bas! Ça ne m′étonne pas d′ailleurs, car l′homme était agréable, mais vulgaire. Au fond c′était un médiocre. Antaño la forma del parecido era el colmo. Pero era anticuada yúnicamente Cottard era capaz de decirnos aún en medio de un partido de piquet: “-¿Saben ustedes cuál es el colmo de la distracción? Es confundir el edicto de Nantes con una inglesa”. Los colmos habían sido reemplazados por los sobrenombres. En el fondo, era siempre el antiguo parecido; pero, como el sobrenombre estaba de moda, nadie lo advertía. Desgraciadamente para Saniette cuando esos parecidos no eran suyos y de costumbre desconocidos para el pequeño núcleo, los despachaba con tanta timidez que, a pesar de la risa con que los subrayaba para indicar su carácter humorístico, nadie los comprendía. Y si, por el contrario, la palabra era suya, como la había encontrado generalmente al conversar con alguno de los fieles y éste se lo había apropiado, el giro era entonces conocido, pero no como de Saniette. De ahí que, cuando deslizaba uno de esos, lo reconocían, pero lo acusaban de plagio por ser su autor. “-Y -continuó Brichot- Bec, en normando, es arroyo; existe la abadía du Bec, Mobec, el arroyo del estanque (Mor o Mer quería decir estanque, como en Morville, o en Bricquemar, Alvimare, Cambremer); Bricquebec, el arroyo de la altura, venía de Briga, lugar fortificado, como en Bricqueville, Bricquebose; el Bric, Briand o bien brice, puente, que es lo mismo que bruck en alemán (Innsbruck) yque en inglés bridge, terminación de tantos nombres de lugares (Cambridge, etc.). Tenemos también en Normandía muchos otros con bec: Caudebec, Bolbec, le Robec, le Bec-Hellouin, Bach, Offenbach, Anspach, Varaguebec, de la antigua palabra varaigne, equivalente de veda, bosques, estanques reservados. En cuanto a Dal -agregó Brichot- es una forma de thal, valle: Darnetal, Rosendal yaun Becdal, cerca de Louviers. El arroyo que ha dado su nombre a Dalbec es, por otra parte, encantador. Vista desde un acantilado (fels, en alemán, tienen muy cerca de aquí, sobre una altura, la linda ciudad de Falaise), está junto a las agujas de la iglesia, situada a gran distancia, en realidad y parece reflejarla”. “-Ya lo creo -dije-, es un efecto que le gusta mucho a Elstir. He visto en su casa varios bocetos”. “-Elstir. ¡Usted conoce a Tiche! - exclamó la señora de Verdurin-. Pero, ¿usted sabe que lo he conocido en la mayor intimidad? Gracias a Dios que ya no lo veo. No, pero pregúntele a Cottard, a Brichot; tenía su cubierto en mi casa, venía todos los días. Y a ése si que puede decirse que no le ha resultado abandonar nuestro pequeño núcleo. Le enseñaré dentro de un rato unas flores que pintó para mi; ya verá qué diferencia con lo que hace ahora y que no me gusta nada, pero nada. ¡Pero cómo! Yo le había encargado un retrato de Cottard, sin contar todo lo que hizo según mi modelo”. “-Y le había hecho cabellos malva al profesor -dijo la señora de Cottard, olvidando que entonces su marido ni siquiera era agregado-. No sé, señor, si a usted le parece que mi marido tiene cabellos malva”. “-Eso no importa -dijo la señora de Verdurin, levantando el mentón con desdén para la señora de Cottard y admiración para aquel de quien hablaba-; era un tremendo colorista, un gran pintor. Mientras que -agregó dirigiéndoseme nuevamente- no sé si a eso le llama usted pintura; todas esas enormes composiciones, esas cosas grandes que expone desde que no viene a mi casa. A mí me parece que eso es borroneo, propio de un pintor sin originalidad; además, le falta relieve y personalidad. Ahí hay de todo”. “-Restituye la gracia del siglo XVIII, pero es moderno”, dijo Saniette precipitadamente, tonificado y vuelto a su lugar por mi amabilidad. “-Pero me gusta más Helleu”. “-Ninguna relación con Helleu”, opinó la señora de Verdurin. “-Si, es un febril siglo XVIII. Es un Watteau a vapor”,40 y se puso a reír. “-¡Oh!, conocido, archiconocido; hace años que me lo vuelven a servir”, dijo, en efecto, el señor Verdurin, a quien, efectivamente, se lo había contado Ski, como algo propio. “-No es una suerte que por una vez que pronuncia usted algo inteligible no sea suyo”. “-Me apena -repuso la señora de Verdurin-, porque era alguien dotado; estropeó un hermoso temperamento de pintor. ¡Ah, si se hubiese quedado aquí!... Ahora sería el primer paisajista de su época. Y es una mujer la que lo llevó tan bajo. No me asombra, por otra parte, porque el hombre era agradable, pero vulgar. En el fondo, era un mediocre.
e vous dirai que je l′ai senti tout de suite. Dans le fond, il ne m′a jamais intéressée. Je l′aimais bien, c′était tout. D′abord, il était d′un sale. Vous aimez beaucoup ça, vous, les gens qui ne se lavent jamais? — Qu′est-ce que c′est que cette chose si jolie de ton que nous mangeons? demanda Ski. — Cela s′appelle de la mousse à la fraise, dit Mme Verdurin. — Mais c′est ra-vis-sant. Il faudrait faire déboucher des bouteilles de Château-Margaux, de Château-Lafite, de Porto. — Je ne peux pas vous dire comme il m′amuse, il ne boit que de l′eau, dit Mme Verdurin pour dissimuler sous l′agrément qu′elle trouvait à cette fantaisie l′effroi que lui causait cette prodigalité. — Mais ce n′est pas pour boire, reprit Ski, vous en remplirez tous nos verres, on apportera de merveilleuses pêches, d′énormes brugnons, là, en face du soleil couché; ça sera luxuriant comme un beau Véronèse. —Ça coûtera presque aussi cher, murmura M. Verdurin. — Mais enlevez ces fromages si vilains de ton, dit-il en essayant de retirer l′assiette du Patron, qui défendit son gruyère de toutes ses forces. — Vous comprenez que je ne regrette pas Elstir, me dit Mme Verdurin, celui-ci est autrement doué. Elstir, c′est le travail, l′homme qui ne sait pas lâcher sa peinture quand il en a envie. C′est le bon élève, la bête à concours. Ski, lui, ne connaît que sa fantaisie. Vous le verrez allumer sa cigarette au milieu du dîner. — Au fait, je ne sais pas pourquoi vous n′avez pas voulu recevoir sa femme, dit Cottard, il serait ici comme autrefois. — Dites donc, voulez-vous être poli, vous? Je ne reçois pas de gourgandines, Monsieur le Professeur», dit Mme Verdurin, qui avait, au contraire, fait tout ce qu′elle avait pu pour faire revenir Elstir, même avec sa femme. Mais avant qu′ils fussent mariés elle avait cherché à les brouiller, elle avait dit à Elstir que la femme qu′il aimait était bête, sale, légère, avait volé. Pour une fois elle n′avait pas réussi la rupture. C′est avec le salon Verdurin qu′Elstir avait rompu; et il s′en félicitait comme les convertis bénissent la maladie ou le revers qui les a jetés dans la retraite et leur a fait connaître la voie du salut. «Il est magnifique, le Professeur, dit-elle. Déclarez plutôt que mon salon est une maison de rendez-vous. Mais on dirait que vous ne savez pas ce que c′est que Mme Elstir. J′aimerais mieux recevoir la dernière des filles! Ah! non, je ne mange pas de ce pain-là. D′ailleurs je vous dirai que j′aurais été d′autant plus bête de passer sur la femme que le mari ne m′intéresse plus, c′est démodé, ce n′est même plus dessiné. — C′est extraordinaire pour un homme d′une pareille intelligence, dit Cottard. — Oh! non, répondit Mme Verdurin, même à l′époque où il avait du talent, car il en a eu, le gredin, et à revendre, ce qui agaçait chez lui c′est qu′il n′était aucunement intelligent.» Mme Verdurin, pour porter ce jugement sur Elstir, n′avait pas attendu leur brouille et qu′elle n′aimât plus sa peinture. C′est que, même au temps où il faisait partie du petit groupe, il arrivait qu′Elstir passait des journées entières avec telle femme qu′à tort ou à raison Mme Verdurin trouvait «bécasse», ce qui, à son avis, n′était pas le fait d′un homme intelligent. «Non, dit-elle d′un air d′équité, je crois que sa femme et lui sont très bien faits pour aller ensemble. Dieu sait que je ne connais pas de créature plus ennuyeuse sur la terre et que je deviendrais enragée s′il me fallait passer deux heures avec elle. Mais on dit qu′il la trouve très intelligente. C′est qu′il faut bien l′avouer, notre Tiche était surtout excessivement bête! Je l′ai vu épaté par des personnes que vous n′imaginez pas, par de braves idiotes dont on n′aurait jamais voulu dans notre petit clan. Hé bien! il leur écrivait, il discutait avec elles, lui, Elstir! Ça n′empêche pas des côtés charmants, ah! charmants, charmants et délicieusement absurdes, naturellement.» Car Mme Verdurin était persuadée que les hommes vraiment remarquables font mille folies. Idée fausse où il y a pourtant quelque vérité. Certes les «folies» des gens sont insupportables. Mais un déséquilibre qu′on ne découvre qu′à la longue est la conséquence de l′entrée dans un cerveau humain de délicatesses pour lesquelles il n′est pas habituellement fait. En sorte que les étrangetés des gens charmants exaspèrent, mais qu′il n′y a guère de gens charmants qui ne soient, par ailleurs, étranges. «Tenez, je vais pouvoir vous montrer tout de suite ses fleurs», me dit-elle en voyant que son mari lui faisait signe qu′on pouvait se lever de table. Et elle reprit le bras de M. de Cambremer. Le diré que lo advertí enseguida. En el fondo, nunca me interesó. Lo quería, nada más. Ante todo, era sucio. ¿Le gusta a usted la gente que no se lava nunca?”. “-¿Qué es esto de tan bello color que estamos comiendo?”, preguntó Ski. “-Esto se llama espuma de frutilla”, dijo la señora de Verdurin. “-Pero es una ma-ra-villa. Habría que destapar botellas de Cháteau-Margaux, de Cháteau-Lafitte, de Oporto”. “-No puedo decirle cómo me divierte: no bebe más que agua”, dijo la señora de Verdurin para disimular, bajo el placer que le causaba esa fantasía, su espanto por semejante prodigalidad. “-Pero no es para beber -repuso Skii-; llenarán todos nuestros vasos, traerán unos duraznos maravillosos, unos griñones enormes, ahí frente al sol poniente; será lujurioso como un hermoso Veronés”. “tCostará casi tanto -murmuró el señor Verdurin-. Pero quiten esos quesos de tan feo color” indicó tratando de retirar el plato del patrón que defendió su gruyére con todas sus fuerzas. “-Usted comprende que no lo lamento a Elstir mme dijo la señora de Verdurin-; éste está mucho mejor dotado. Elstir es el trabajo, el hombre que no sabe dejar su pintura cuando le entran ganas. Es el buen alumno, la bestia de los concursos. Ski no conoce más que su fantasía. Ya lo verá encender un cigarrillo en plena comida”. “-En suma, no sé por qué no quiso recibir usted a su mujer -dijo Cottardd- ; estaría aquí como antes”. “-Dígame ¿quiere ser educado usted? No recibo a busconas, señor profesor”, le advirtió la señora de Verdurin, que, por el contrario, había hecho todo lo posible para que volviera Elstir, aun con su mujer. Pero antes de que se casaran había tratado de disgustarlos, le había dicho a Elstir que la mujer que amaba era tonta sucia, liviana de cascos y había robado. Por una vez no le salió bien la ruptura. Elstir había roto, pero con el salón de Verdurin; y se felicitaba de ello, como los conversos bendicen la enfermedad o el derrumbe que los ha llevado al retiro o les hizo conocer el camino de la salvación. “-¡Es magnífico el profesor! -dijo ella-. Declare más bien que mi salón es una casa de citas. Parecería que no supiera usted quién es la señora de Elstir. Preferiría recibir a la última de las mujerzuelas. ¡Ah, no! No como esa clase de pan. Por otra parte, le diré que habré sido tanto más tonta al aceptar esa mujer cuanto que ya no me interesa el marido, está pasado de moda, ni siquiera dibuja”. “-Es extraordinario para un hombre de semejante inteligencia”, dijo Cottard. “-¡Oh, no! -contestó la señora de Verdurin-; aun en la época en que tenía talento, porque lo ha tenido el muy canalla, y hasta para regalar; pero lo que fastidiaba era su absoluta falta de inteligencia”. Para exteriorizar ese juicio sobre Elstir, la señora de Verdurin no había esperado su distanciamiento y que ya no le gustase su pintura. Y es que aun en el tiempo en que formaba parte del pequeño grupo sucedía que Elstir pasaba días enteros con tal o cual mujer que, equivocadamente o no, la señora de Verdurin suponía ignorante, lo que a su juicio no era propio de un hombre inteligente. “-No -dijo ella con aparente equidad- creo que él y su mujer han nacido para llevarse muy bien. Dios sabe que no conozco a nadie más aburrido sobre la tierra y que me pondría hidrófoba si tuviera que estar dos horas con ella. Pero dicen que a él le parece muy inteligente. Es que hay que confesarlo: nuestro Tiche era sobre todo excesivamente tonto. Lo he visto deslumbrado por personas que usted ni se imagina, por buenos idiotas que nunca hubiéramos aceptado en nuestro pequeño clan. Y bueno, les escribía y discutía con ellas, él, ¡Elstir! Eso no le impide tener aspectos encantadores; ¡ah!, encantadores, encantadores ynaturalmente ydeliciosamente aburridos”. Porque la señora de Verdurin estaba convencida de que los hombres verdaderamente notables cometen mil locuras. Idea falsa en la que hay, sin embargo, alguna verdad. Es cierto que las locuras de la gente son insoportables. Pero un desequilibrio que no se descubre más que a la larga es consecuencia de la entrada en un cerebro humano de esas delicadezas para las que uno está hecho habitualmente. De tal suerte que irritan las singularidades de la gente encantadora, pero no hay gente encantadora que no sea, por otra parte, singular. “-Mire: voy a poder enseñarle sus flores enseguida”, me dijo al ver que su marido le hacía señas de que podían levantarse de la mesa. Y volvió a tomar el brazo del señor de Cambremer.
M. Verdurin voulut s′en excuser auprès de M. de Charlus, dès qu′il eut quitté Mme de Cambremer, et lui donner ses raisons, surtout pour le plaisir de causer de ces nuances mondaines avec un homme titré, momentanément l′inférieur de ceux qui lui assignaient la place à laquelle ils jugeaient qu′il avait droit. Mais d′abord il tint à montrer à M. de Charlus qu′intellectuellement il l′estimait trop pour penser qu′il pût faire attention à ces bagatelles: «Excusez-moi de vous parler de ces riens, commença-t-il, car je suppose bien le peu de cas que vous en faites. Les esprits bourgeois y font attention, mais les autres, les artistes, les gens qui «en sont» vraiment, s′en fichent. Or dès les premiers mots que nous avons échangés, j′ai compris que vous «en étiez»! M. de Charlus, qui donnait à cette locution un sens fort différent, eut un haut-le-corps. Après les oeillades du docteur, l′injurieuse franchise du Patron le suffoquait. «Ne protestez pas, cher Monsieur, vous «en êtes», c′est clair comme le jour, reprit M. Verdurin. Remarquez que je ne sais pas si vous exercez un art quelconque, mais ce n′est pas nécessaire. Ce n′est pas toujours suffisant. Degrange, qui vient de mourir, jouait parfaitement avec le plus robuste mécanisme, mais «n′en était» pas, on sentait tout de suite qu′il «n′en était» pas. Brichot n′en est pas. Morel en est, ma femme en est, je sens que vous en êtes . . . — Qu′alliez-vous me dire?» interrompit M. de Charlus, qui commençait à être rassuré sur ce que voulait signifier M. Verdurin, mais qui préférait qu′il criât moins haut ces paroles à double sens. «Nous vous avons mis seulement à gauche», répondit M. Verdurin. M. de Charlus, avec un sourire compréhensif, bonhomme et insolent, répondit: «Mais voyons! Cela n′a aucune importance, ici!» Et il eut un petit rire qui lui était spécial — un rire qui lui venait probablement de quelque grand′mère bavaroise ou lorraine, qui le tenait elle-même, tout identique, d′une ale, de sorte qu′il sonnait ainsi, inchangé, depuis pas mal de siècles, dans de vieilles petites cours de l′Europe, et qu′on goûtait sa qualité précieuse comme celle de certains instruments anciens devenus rarissimes. Il y a des moments où, pour peindre complètement quelqu′un, il faudrait que l′imitation phonétique se joignît à la description, et celle du personnage que faisait M. de Charlus risque d′être incomplète par le manque de ce petit rire si fin, si léger, comme certaines oeuvres de Bach ne sont jamais rendues exactement parce que les orchestres manquent de ces «petites trompettes» au son si particulier, pour lesquelles l′auteur a écrit telle ou telle partie. «Mais, expliqua M. Verdurin, blessé, c′est à dessein. Je n′attache aucune importance aux titres de noblesse, ajouta-t-il, avec ce sourire dédaigneux que j′ai vu tant de personnes que j′ai connues, à l′encontre de ma grand′mère et de ma mère, avoir pour toutes les choses qu′elles ne possèdent pas, devant ceux qui ainsi, pensent-ils, ne pourront pas se faire, à l′aide d′elles, une supériorité sur eux. Mais enfin puisqu′il y avait justement M. de Cambremer et qu′il est marquis, comme vous n′êtes que baron . . . — Permettez, répondit M. de Charlus, avec un air de hauteur, à M. Verdurin étonné, je suis aussi duc de Brabant, damoiseau de Montargis, prince d′Oléron, de Carency, de Viazeggio et des Dunes. D′ailleurs, cela ne fait absolument rien. Ne vous tourmentez pas, ajouta-t-il en reprenant son fin sourire, qui s′épanouit sur ces derniers mots: J′ai tout de suite vu que vous n′aviez pas l′habitude.» El señor Verdurin quiso disculparse ante el señor de Charlus en cuanto dejó a la señora de Cambremer y darle sus motivos, sobre todo por el placer de conversar de esos matices sociales con un hombre señalado momentáneamente como inferior a aquellos que le asignaban el lugar a que tenía derecho según juzgaba. Pero ante todo trató de demostrarle al señor de Charlus que lo estimaba intelectualmente demasiado para pensar que pudiera hacerle caso a esas fruslerías: “-Discúlpeme que le hable de esas insignificancias - empezó-, porque me imagino el poco caso que les hará. Los espíritus burgueses le prestan atención, pero los otros, los artistas, la gente entendida, verdaderamente a esa le importa muy poco. Y, desde las primeras palabras que hemos cambiado, comprendí que usted era de los nuestros”. El señor de Charlus, que le daba a esa locución un sentido muy diferente, tuvo un respingo. Después de los guiños del doctor, la franqueza injuriosa del Patrón lo sofocaba. “-No proteste, querido señor: usted es de los nuestros. Está tan claro como la luz del día -agregó el señor Verdurin-. Advierta que no sé si usted ejercita un arte cualquiera, pero no es necesario. No siempre basta. Dégrange, que acaba de morir, tocaba perfectamente con el más vigoroso mecanismo, pero no lo era. Brichot no lo es. Mi mujer, sí; Morel, también; siento que usted lo es...” “-¿Qué iba a decirme?”, interrumpió el señor de Charlus, que comenzaba a tranquilizarse acerca de lo que quería significar el señor Verdurin, aunque prefería que no gritara tanto esas palabras de doble sentido. - “Lo hemos puesto solamente a la izquierda” -contestó el señor Verdurin. El señor de Charlus, con una sonrisa comprensiva, bonachona e insolente, respondió: “-¡Pero vamos! Eso no tiene ninguna importancia aquí”, y prorrumpió en una risita que le era particular, una risa originaria, posiblemente, de alguna abuela bávara o lorenesa, que ella misma heredara de una antepasada, de suerte que sonaba así, sin cambios desde hacía bastantes siglos en antiguas pequeñas cortes de Europa y se gustaba su preciosa cualidad, tal como la de algunos instrumentos arcaicos que se han hecho muy escasos. Hay momentos en que, para describir completamente a alguien, haría falta que la imitación fonética se uniera a la descripción, y la del personaje que hacía el señor de Charlus corre peligro de ser incompleta por la ausencia de esa risita tan fina y ligera como ciertas obras de Bach, que no son nunca vertidas exactamente, porque las orquestas carecen de esas pequeñas trompetas de sonido tan particular para las que el autor escribió tal o cual partitura. “-Pero -explicó resentido el señor Verdurin-, es a propósito. No le atribuyo ninguna importancia a los títulos de nobleza -agregó con esa sonrisa desdeñosa que le he visto a tantas personas conocidas, al encuentro de mi abuela ymi madre, para todo aquello que no poseen ydelante de los que, según suponen, no podrán hacerse con ellas una superioridad-. Pero, en fin, como estaba precisamente el señor de Cambremer, que es marqués, y usted no es más que barón...”. “-Permítame -contestó el señor de Charlus con altanería al señor Verdurin, asombrado-. Soy también duque de Brabante, doncel de Montargis, príncipe de Olerón, de Carency, de Viareggio y des Dunes. Por otra parte, eso no le hace. No se atormente -agregó volviendo a su fina sonrisa, que floreció con estas últimas palabras-: he visto en seguida que no estaba usted acostumbrado”.
Mme Verdurin vint à moi pour me montrer les fleurs d′Elstir. Si cet acte, devenu depuis longtemps si indifférent pour moi, aller dîner en ville, m′avait au contraire, sous la forme, qui le renouvelait entièrement, d′un voyage le long de la côte, suivi d′une montée en voiture jusqu′à deux cents mètres au-dessus de la mer, procuré une sorte d′ivresse, celle-ci ne s′était pas dissipée à la Raspelière. «Tenez, regardez-moi ça, me dit la Patronne, en me montrant de grosses et magnifiques roses d′Elstir, mais dont l′onctueux écarlate et la blancheur fouettée s′enlevaient avec un relief un peu trop crémeux sur la jardinière où elles étaient posées. Croyez-vous qu′il aurait encore assez de patte pour attraper ça? Est-ce assez fort! Et puis, c′est beau comme matière, ça serait amusant à tripoter. Je ne peux pas vous dire comme c′était amusant de les lui voir peindre. On sentait que ça l′intéressait de chercher cet effet-là.» Et le regard de la Patronne s′arrêta rêveusement sur ce présent de l′artiste où se trouvaient résumés, non seulement son grand talent, mais leur longue amitié qui ne survivait plus qu′en ces souvenirs qu′il lui en avait laissés; derrière les fleurs autrefois cueillies par lui pour elle-même, elle croyait revoir la belle main qui les avait peintes, en une matinée, dans leur fraîcheur, si bien que, les unes sur la table, l′autre adossé à un fauteuil de la salle à manger, avaient pu figurer en tête à tête, pour le déjeuner de la Patronne, les roses encore vivantes et leur portrait à demi ressemblant. A demi seulement, Elstir ne pouvant regarder une fleur qu′en la transplantant d′abord dans ce jardin intérieur où nous sommes forcés de rester toujours. Il avait montré dans cette aquarelle l′apparition des roses qu′il avait vues et que sans lui on n′eût connues jamais; de sorte qu′on peut dire que c′était une variété nouvelle dont ce peintre, comme un ingénieux horticulteur, avait enrichi la famille des Roses. «Du jour où il a quitté le petit noyau, ça a été un homme fini. Il paraît que mes dîners lui faisaient perdre du temps, que je nuisais au développement de son génie, dit-elle sur un ton d′ironie. Comme si la fréquentation d′une femme comme moi pouvait ne pas être salutaire à un artiste», s′écria-t-elle dans un mouvement d′orgueil. Tout près de nous, M. de Cambremer, qui était déjà assis, esquissa, en voyant M. de Charlus debout, le mouvement de se lever et de lui donner sa chaise. Cette offre ne correspondait peut-être, dans la pensée du marquis, qu′à une intention de vague politesse. M. de Charlus préféra y attacher la signification d′un devoir que le simple gentilhomme savait qu′il avait à rendre à un prince, et ne crut pas pouvoir mieux établir son droit à cette préséance qu′en la déclinant. Aussi s′écria-t-il: «Mais comment donc! Je vous en prie! Par exemple!» Le ton astucieusement véhément de cette protestation avait déjà quelque chose de fort «Guermantes», qui s′accusa davantage dans le geste impératif, inutile et familier avec lequel M. de Charlus pesa de ses deux mains, et comme pour le forcer à se rasseoir, sur les épaules de M. de Cambremer, qui ne s′était pas levé: «Ah! voyons, mon cher, insista le baron, il ne manquerait plus que ça! Il n′y a pas de raison! de notre temps on réserve ça aux princes du sang.» Je ne touchai pas plus les Cambremer que Mme Verdurin par mon enthousiasme pour leur maison. Car j′étais froid devant des beautés qu′ils me signalaient et m′exaltais de réminiscences confuses; quelquefois même je leur avouais ma déception, ne trouvant pas quelque chose conforme à ce que son nom m′avait fait imaginer. J′indignai Mme de Cambremer en lui disant que j′avais cru que c′était plus campagne. En revanche, je m′arrêtai avec extase à renifler l′odeur d′un vent coulis qui passait par la porte. «Je vois que vous aimez les courants d′air», me dirent-ils. Mon éloge du morceau de lustrine verte bouchant un carreau cassé n′eut pas plus de succès: «Mais quelle horreur!» s′écria la marquise. Le comble fut quand je dis: «Ma plus grande joie a été quand je suis arrivé. Quand j′ai entendu résonner mes pas dans la galerie, je ne sais pas dans quel bureau de mairie de village, où il y a la carte du canton, je me crus entré.» Cette fois Mme de Cambremer me tourna résolument le dos. «Vous n′avez pas trouvé tout cela trop mal arrangé? lui demanda son mari avec la même sollicitude apitoyée que s′il se fût informé comment sa femme avait supporté une triste cérémonie. Il y a de belles choses.» Mais comme la malveillance, quand les règles fixes d′un goût sûr ne lui imposent pas de bornes inévitables, trouve tout à critiquer, de leur personne ou de leur maison, chez les gens qui vous ont supplantés: «Oui, mais elles ne sont pas à leur place. Et voire, sont-elles si belles que ça? — Vous avez remarqué, dit M. de Cambremer avec une tristesse que contenait quelque fermeté, il y a des toiles de Jouy qui montrent la corde, des choses tout usées dans ce salon! — Et cette pièce d′étoffe avec ses grosses roses, comme un couvre-pied de paysanne», dit Mme de Cambremer, dont la culture toute postiche s′appliquait exclusivement à la philosophie idéaliste, à la peinture impressionniste et à la musique de Debussy. Et pour ne pas requérir uniquement au nom du luxe mais aussi du goût: «Et ils ont mis des brise-bise! Quelle faute de style! Que voulez-vous, ces gens, ils ne savent pas, où auraient-ils appris? ça doit être de gros commerçants retirés. C′est déjà pas mal pour eux. — Les chandeliers m′ont paru beaux», dit le marquis, sans qu′on sût pourquoi il exceptait les chandeliers, de même qu′inévitablement, chaque fois qu′on parlait d′une église, que ce fût la cathédrale de Chartres, de Reims, d′Amiens, ou l′église de Balbec, ce qu′il s′empressait toujours de citer comme admirable c′était: «le buffet d′orgue, la chaire et les oeuvres de miséricorde». «Quant au jardin, n′en parlons pas, dit Mme de Cambremer. C′est un massacre. Ces allées qui s′en vont tout de guingois!» Je profitai de ce que Mme Verdurin servait le café pour aller jeter un coup d′oeil sur la lettre que M. de Cambremer m′avait remise, et où sa mère m′invitait à dîner. Avec ce rien d′encre, l′écriture traduisait une individualité désormais pour moi reconnaissable entre toutes, sans qu′il y eût plus besoin de recourir à l′hypothèse de plumes spéciales que des couleurs rares et mystérieusement fabriquées ne sont nécessaires au peintre pour exprimer sa vision originale. La señora de Verdurin se me acercó para enseñarme las flores de Elstir. Si ese acto de cenar fuera de casa, ya indiferente hacía mucho para mí, no me hubiese procurado una especie de embriaguez, bajo una forma que la renovaba por completo, de un viaje a lo largo de la costa seguido por una trepada en coche hasta doscientos metros sobre el nivel del mar, ésta no se había disipado en la Raspeliére. “-Mire, mire usted eso -me dijo la Patrona, enseñándome unas rosas grandes ymagníficas de Elstir, pero cuyo untuoso escarlata ycuya blancura batida se realzaban con un relieve excesivamente cremoso sobre la jardinera en que estaban-. ¿Cree usted que ahora podría Hacer algo semejante? Es muy fuerte. Y además es lindo como materia; sería divertido manipularla. No quiero decirle qué divertido era vérselas pintar. Uno advertía que le interesaba conseguir este efecto”. Y la mirada de la Patrona se detuvo, soñadora, en ese regalo del artista en que estaba resumido, no sólo su gran talento, sino su gran amistad, que no sobrevivía más que por esos recuerdos que le dejara; tras las flores que ella misma recogiera antaño, creía volver a ver la hermosa mano que les había pintado, en una mañana, durante el fresco, a tal punto que, unas sobre la mesa y la otra apoyada contra un sillón del comedor, habían podido imaginar, frente a frente para el almuerzo de la Patrona, las rosas aún vivas y su retrato semiparecido. Sólo a medias, porque Elstir no podía mirar una flor sin trasplantarla primero a ese jardín interior en que nos vemos obligados a permanecer siempre. Había enseñado en esta acuarela la aparición de las rosas que viera y que sin él nunca hubieran podido conocerse; de manera que puede decirse que era una variedad nueva, con la que ese pintor, como un horticultor ingenioso enriqueciera la familia de las rosas. “-Desde el día en que abandonó el pequeño núcleo, fue hombre liquidado. Según parece, mis comidas le hacían perder tiempo y yo perjudicaba el desarrollo de su génié - dijo ella irónicamente. Como si frecuentar a una mujer como yo no fuese sino saludable para un artista”, exclamó en un arranque de orgullo. Muy cerca de nosotros, el señor de Cambremer, que estaba ya sentado, esbozó, al ver de pie al señor de Charlus, el movimiento de levantarse y cederle la silla. Ese ofrecimiento no correspondía en el pensamiento del marqués sino quizás a una intención de vaga cortesía. El señor de Charlus prefirió darle el significado de un deber que el sencillo gentilhombre sabía corresponderle a un príncipe y no creyó que podía marcar mejor su derecho a esa preferencia sino por un rechazo. Por eso exclamó: “¡Pero cómo no! Se lo ruego, vaya”. El tono astutamente vehemente de esa protesta tenía ya algo muy Guermantes que se acentuó aún más en el gesto imperativo, inútil y familiar con el cual el señor de Charlus se apoyó con las dos manos y como para obligarlo a que se volviera a sentar sobre los hombros del señor de Cambremer, que no se había levantado: “-¡Vamos, querido amigo - insistió el barón-, es lo único que faltaba! ¡No hay motivos! En nuestros tiempos, lo reserva uno para los príncipes de la sangre”. No conmoví ni a los Cambremer ni a la señora de Verdurin por mi entusiasmo hacia su casa. Porque permanecía frío ante bellezas que me indicaban y me exaltaba con confusas reminiscencias; algunas veces hasta les confesaba mi desilusión, al advertir que algo no estaba de acuerdo con lo que me había hecho suponer su nombre. Indigné a la señora de Cambremer al decirle que había creído que todo eso era mucho más campestre. En cambio me detuve extasiado para aspirar una corriente de aire que pasaba por la puerta. “-Veo que le gustan las corrientes”, me dijeron. Mi elogio de un trozo de lustrina verde que obturaba un vidrio roto no tuvo más éxito: “-¡Qué horror! -dijo la marquesa. El colmo fue cuando dije: “-Mi mayor alegría fué al llegar. Cuando oí mis pasos en la galería creí que entraba en no sé qué alcaldía de aldea, donde está el mapa del cantón”. Esta vez la señora de Cambremer me volvió resueltamente la espalda. “-¿No le pareció mal arreglado todo eso? -le preguntó su marido con la misma compasiva solicitud que si se hubiese informado hasta qué punto soportara su mujer una triste ceremonia-. Hay cosas lindas”. Pero, como la malevolencia, cuando las reglas fijas de un gusto firme no le imponen límites inflexibles, encuentra todo criticable, ya de su persona o de la casa, en lo de quienes lo han suplantado a uno: “-Sí, pero no están en su lugar. Además, ¡son tan hermosas!...” “-Usted habrá notado -dijo con cierta firmeza el señor de Cambremer que hay unas telas de Jouy que llegan a la trama, cosas completamente gastadas en este salón”. “-Y esa pieza de género, con sus rosas enormes, como un cubrepié de campesina”, dijo la señora de Cambremer cuya cultura completamente postiza se aplicaba exclusivamente a la filosofía idealista, a la pintura impresionista y a la música de Debussy. Y para no señalar únicamente en nombre del lujo, sino del buen gusto: “-Y han puesto cortinillas. ¡Qué falta de estilo! ¿Qué quiere usted? ¿Dónde podía haber aprendido esa gente? Deben ser comerciantes ricos retirados de los negocios. No está todo mal para ellos” y los candelabros me parecieron hermosos”, dijo el marqués, sin que se supiera por qué los exceptuaba, en la misma forma en que, inevitablemente, cada vez que se hablaba de un templo, así fuera la catedral de Chartres, de Reims, de Amiens o la iglesia de Balbec, lo que se apresuraba siempre a citar como admirables eran: “la caja de órganos, el púlpito y las obras de misericordia”. “-En cuanto al jardín, no hablemos de ello -dijo la señora de Cambremer-. Es un asesinato. Esos senderos al sesgo...” Aproveché que la señora de Verdurin servía el café para ir a echar un vistazo a la carta que me entregara el señor de Cambremer y por la que su madre me invitaba a cenar. Con esa tinta escasa, la letra traducía una individualidad reconocible para mí en adelante entre todas, sin que se necesitara recurrir a la hipótesis de plumas especiales, como los colores raros y fabricados misteriosamente no le son necesarios al pintor para expresar su visión original.
Même un paralysé, atteint d′agraphie après une attaque et réduit à regarder les caractères comme un dessin, sans savoir les lire, aurait compris que Mme de Cambremer appartenait à une vieille famille où la culture enthousiaste des lettres et des arts avait donné un peu d′air aux traditions aristocratiques. Il aurait deviné aussi vers quelles années la marquise avait appris simultanément à écrire et à jouer Chopin. C′était l′époque où les gens bien élevés observaient la règle d′être aimables et celle dite des trois adjectifs. Mme de Cambremer les combinait toutes les deux. Un adjectif louangeux ne lui suffisait pas, elle le faisait suivre (après un petit tiret) d′un second, puis (après un deuxième tiret) d′un troisième. Mais ce qui lui était particulier, c′est que, contrairement au but social et littéraire qu′elle se proposait, la succession des trois épithètes revêtait, dans les billets de Mme de Cambremer, l′aspect non d′une progression, mais d′un diminuendo. Mme de Cambremer me dit, dans cette première lettre, qu′elle avait vu Saint–Loup et avait encore plus apprécié que jamais ses qualités «uniques — rares — réelles», et qu′il devait revenir avec un de ses amis (précisément celui qui aimait la belle-fille), et que, si je voulais venir, avec ou sans eux, dîner à Féterne, elle en serait «ravie — heureuse — contente». Peut-être était-ce parce que le désir d′amabilité n′était pas égalé chez elle par la fertilité de l′imagination et la richesse du vocabulaire que cette dame tenait à pousser trois exclamations, n′avait la force de donner dans la deuxième et la troisième qu′un écho affaibli de la première. Qu′il y eût eu seulement un quatrième adjectif, et de l′amabilité initiale il ne serait rien resté. Enfin, par une certaine simplicité raffinée qui n′avait pas dû être sans produire une impression considérable dans la famille et même le cercle des relations, Mme de Cambremer avait pris l′habitude de substituer au mot, qui pouvait finir par avoir l′air mensonger, de «sincère», celui de «vrai». Et pour bien montrer qu′il s′agissait en effet de quelque chose de sincère, elle rompait l′alliance conventionnelle qui eût mis «vrai» avant le substantif, et le plantait bravement après. Ses lettres finissaient par: «Croyez à mon amitié vraie.» «Croyez à ma sympathie vraie.» Malheureusement c′était tellement devenu une formule que cette affectation de franchise donnait plus l′impression de la politesse menteuse que les antiques formules au sens desquelles on ne songe plus. J′étais d′ailleurs gêné pour lire par le bruit confus des conversations que dominait la voix plus haute de M. de Charlus n′ayant pas lâché son sujet et disant à M. de Cambremer: «Vous me faisiez penser, en voulant que je prisse votre place, à un Monsieur qui m′a envoyé ce matin une lettre en mettant comme adresse: «A son Altesse, le Baron de Charlus», et qui la commençait par: «Monseigneur». — En effet, votre correspondant exagérait un peu», répondit M. de Cambremer en se livrant à une discrète hilarité. M. de Charlus l′avait provoquée; il ne la partagea pas. «Mais dans le fond, mon cher, dit-il, remarquez que, héraldiquement parlant, c′est lui qui est dans le vrai; je n′en fais pas une question de personne, vous pensez bien. J′en parle comme s′il s′agissait d′un autre. Mais que voulez-vous, l′histoire est l′histoire, nous n′y pouvons rien et il ne dépend pas de nous de la refaire. Je ne vous citerai pas l′empereur Guillaume qui, à Kiel, n′a jamais cessé de me donner du Monseigneur. J′ai ouퟤire qu′il appelait ainsi tous les ducs français, ce qui est abusif, et ce qui est peut-être simplement une délicate attention qui, par-dessus notre tête, vise la France. — Délicate et plus ou moins sincère, dit M. de Cambremer. Ah! je ne suis pas de votre avis. Remarquez que, personnellement, un seigneur de dernier ordre comme ce Hohenzollern, de plus protestant, et qui a dépossédé mon cousin le roi de Hanovre, n′est pas pour me plaire, ajouta M. de Charlus, auquel le Hanovre semblait tenir plus à coeur que l′Alsace–Lorraine. Mais je crois le penchant qui porte l′Empereur vers nous profondément sincère. Les imbéciles vous diront que c′est un Empereur de théâtre. Il est au contraire merveilleusement intelligent, il ne s′y connaît pas en peinture, et il a forcé M. Tschudi de retirer les Elstir des musées nationaux. Mais Louis XIV n′aimait pas les maîtres hollandais, avait aussi le goût de l′apparat, et a été, somme toute, un grand souverain. Encore Guillaume Il a-t-il armé son pays, au point de vue militaire et naval, comme Louis XIV n′avait pas fait, et j′espère que son règne ne connaîtra jamais les revers qui ont assombri, sur la fin, le règne de celui qu′on appelle banalement le Roi Soleil. La République a commis une grande faute, à mon avis, en repoussant les amabilités du Hohenzollern ou en ne les lui rendant qu′au compte-gouttes. Il s′en rend lui-même très bien compte et dit, avec ce don d′expression qu′il a: «Ce que je veux, c′est une poignée de mains, ce n′est pas un coup de chapeau.» Comme homme, il est vil; il a abandonné, livré, renié ses meilleurs amis dans des circonstances où son silence a été aussi misérable que le leur a été grand, continua M. de Charlus qui, emporté toujours sur sa pente, glissait vers l′affaire Eulenbourg et se rappelait le mot que lui avait dit l′un des inculpés les plus haut placés: «Faut-il que l′Empereur ait confiance en notre délicatesse pour avoir osé permettre un pareil procès. Mais, d′ailleurs, il ne s′est pas trompé en ayant eu foi dans notre discrétion. Jusque sur l′échafaud nous aurions fermé la bouche.» Du reste, tout cela n′a rien à voir avec ce que je voulais dire, à savoir qu′en Allemagne, princes médiatisés, nous sommes Durchlaucht, et qu′en France notre rang d′Altesse était publiquement reconnu. Saint–Simon prétend que nous l′avions pris par abus, ce en quoi il se trompe parfaitement. La raison qu′il en donne, à savoir que Louis XIV nous fit faire défense de l′appeler le Roi très chrétien, et nous ordonna de l′appeler le Roi tout court, prouve simplement que nous relevions de lui et nullement que nous n′avions pas la qualité de prince. Hasta un paralítico atacado de agrafia, hubiera comprendido después de un ataque, que la señora de Cambremer pertenecía a una antigua familia en que la entusiasta cultura de artes y letras había dado un poco de aire a las tradiciones aristocráticas. Hubiera adivinado también en qué años más o menos había aprendido simultáneamente la marquesa a escribir y a interpretar a Chopin. Era la época en que la gente bien educada observaba la regla de ser amable y la llamada de los tres adjetivos. Un adjetivo halagador no le bastaba; lo hacía seguir (después de un guioncito) con un segundo y luego (después de un segundo guión) con un tercero. Pero lo que le era particular es que, contrariamente al objeto social y literario que se proponía, la sucesión de los tres epítetos adquiría en las cartas de la señora de Cambremer, no ya el aspecto de una progresión, sino el de un diminuendo. La señora de Cambremer me dijo en esa primera carta que lo había visto a Saint-Loup y había apreciado aún más que de costumbres sus cualidades, “únicas, raras, verdaderas”, y que volvería con uno de sus amigos (precisamente el que quería a la nuera) y que si yo quería ir con o sin ellos para cenar en Féterne, estaría “encantada-felizcontenta”. Quizás era porque, como el deseo de amabilidad no igualaba en ella ni a la fertilidad de la imaginación ni a la riqueza del vocabulario, esa dama insistía en lanzar tres exclamaciones yno tenía fuerzas para dar en la segunda yla tercera más que un eco debilitado de la primera. Si sólo hubiese un cuarto adjetivo de la amabilidad inicial, no quedaría nada. En fin, por cierta sencillez refinada que no dejaría de producir una considerable impresión en la familia y aun en el círculo de las relaciones, la señora de Cambremer se había acostumbrado a sustituir la palabra que podía llegar a parecer mentirosa y sincera, por la palabra verdadera. Y para recalcar que se trataba efectivamente de algo sincero, rompía la alianza convencional que colocara verdadero antes del sustantivo ylo plantaba valerosamente después. Sus cartas terminaban por: Crea en mi amistad verdadera. Crea en mi simpatía verdadera. Desgraciadamente, se había convertido hasta tal punto en una fórmula, que esa afectación de franqueza daba más la impresión de una cortesía mentirosa que las antiguas fórmulas en cuyo sentido ya no piensa uno. Para leer, me molestaba, además, el ruido confuso de las conversaciones que dominaba, la voz más alta del señor de Charlus, que no había dejado su tema y le decía al señor de Cambremer: “-Me hacía usted pensar, al querer que ocupara su lugar, en un señor que me envió una carta esta mañana como si se dirigiera a Su Alteza el barón de Charlus y la empezaba así: Monseñor”. “-En efecto, su corresponsal exageraba un poco”, contestó el señor de Cambremer entregándose a una discreta alegría. El señor de Charlus la había provocado y no la compartió. “-Pero en el fondo, querido -dijo-, advierta que heráldicamente hablando él está en lo cierto. Yo no hago una cuestión personal, como puede imaginarse. Hablo como si se tratara de otro. Pero, ¿qué quiere usted? La historia es la historia; no podemos nada y no depende de nosotros modificarla. No le citaré al emperador Guillermo, que no dejó de llamarme monseñor en Kiel. He oído decir que llamaba así a todos los duques franceses, lo que es abusivo y sencillamente, quizás, una delicada atención que, por encima de nuestra cabeza, apunta a Francia”. “-Delicada y más o menos sincera”, dijo el señor de Cambremer. “-¡Ah!, no pienso como usted. Advierta que un señor de último orden, como ese Hohenzollern, protestante, además, y que ha despojado a mi primo el rey de Hannover, no está indicado para gustarme -agregó el señor de Charlus, para quien Hannover parecía estar más cerca del corazón que Alsacia- Lorena—. Pero creo que la inclinación que acerca a nosotros al emperador es profundamente sincera. Los imbéciles le dirán que es un emperador teatral. Es, por el contrario, maravillosamente inteligente: aunque no entiende de pintura; obligó al señor Tschudi a que retirara los Elstir de los museos nacionales. Pero a Luis XIV no le gustaban los maestros holandeses; tenía también afición por el despliegue y fue, en resumen, un gran soberano. Además, Guillermo II armó su país desde el punto de vista militar y naval, como no lo había hecho Luis XIV, y espero que su reinado no conocerá nunca los reveses que oscurecieron al final el reino de aquel que vulgarmente se llama el Rey Sol. La República cometió un gran error, en mi opinión, al rechazar las amabilidades del Hohenzollern o al devolvérselas con cuentagotas. Él mismo lo advierte muy bien, y dice con ese su don de expresión: Lo que quiero es un apretón de manos y no un sombrerazo. Como hombre, es vil; ha abandonado, entregado yrenegado de sus mejores amigos en circunstancias en que su silencio resultó tan miserable como grande el de ellos ¾continuó el señor de Charlus, que, llevado siempre por la pendiente, se deslizaba hacia el asunto Eulenbourg y recordaba la frase que le dijera uno de los acusados más altos: Es necesario que el emperador confíe en nuestra delicadeza para haberse atrevido a permitir semejante proceso. Pero, por otra parte, no se equivocó al tener fe en nuestra discreción. Hubiéramos cerrado la boca hasta en el cadalso¾. Por otra parte, nada de eso tiene que ver con lo que quería decir y es que en Alemania, como príncipes mediatizados, somos Durchlaucht y en Francia estaba públicamente reconocido nuestro rango de Alteza. Saint-Simon pretende que lo habíamos tomado abusivamente en lo que se equivoca de medio a medio. El motivo que da, que Luis XIV nos prohibió que lo llamáramos el rey muy cristiano y nos ordenó que lo llamásemos el Rey a secas, prueba sencillamente que descendíamos de él y no que careciéramos de la cualidad de príncipe.
Sans quoi, il aurait fallu le dénier au duc de Lorraine et à combien d′autres. D′ailleurs, plusieurs de nos titres viennent de la Maison de Lorraine par Thérèse d′Espinoy, ma bisale, qui était la fille du damoiseau de Commercy.» S′étant aperçu que Morel l′écoutait, M. de Charlus développa plus amplement les raisons de sa prétention. «J′ai fait observer à mon frère que ce n′est pas dans la troisième partie du Gotha, mais dans la deuxième, pour ne pas dire dans la première, que la notice sur notre famille devrait se trouver, dit-il sans se rendre compte que Morel ne savait pas ce qu′était le Gotha. Mais c′est lui que ça regarde, il est mon chef d′armes, et du moment qu′il le trouve bon ainsi et qu′il laisse passer la chose, je n′ai qu′à fermer les yeux. — M. Brichot m′a beaucoup intéressé, dis-je à Mme Verdurin qui venait à moi, et tout en mettant la lettre de Mme de Cambremer dans ma poche. — C′est un esprit cultivé et un brave homme, me répondit-elle froidement. Il manque évidemment d′originalité et de goût, il a une terrible mémoire. On disait des «ax» des gens que nous avons ce soir, les émigrés, qu′ils n′avaient rien oublié. Mais ils avaient du moins l′excuse, dit-elle en prenant à son compte un mot de Swann, qu′ils n′avaient rien appris. Tandis que Brichot sait tout, et nous jette à la tête, pendant le dîner, des piles de dictionnaires. Je crois que vous n′ignorez plus rien de ce que veut dire le nom de telle ville, de tel village.» Pendant que Mme Verdurin parlait, je pensais que je m′étais promis de lui demander quelque chose, mais je ne pouvais me rappeler ce que c′était. «Je suis sûr que vous parlez de Brichot. Hein, Chantepie, et Freycinet, il ne vous a fait grâce de rien. Je vous ai regardée, ma petite Patronne. — Je vous ai bien vu, j′ai failli éclater.» Je ne saurais dire aujourd′hui comment Mme Verdurin était habillée ce soir-là. Peut-être, au moment, ne le savais-je pas davantage, car je n′ai pas l′esprit d′observation. Mais, sentant que sa toilette n′était pas sans prétention, je lui dis quelque chose d′aimable et même d′admiratif. Elle était comme presque toutes les femmes, lesquelles s′imaginent qu′un compliment qu′on leur fait est la stricte expression de la vérité, et que c′est un jugement qu′on porte impartialement, irrésistiblement, comme s′il s′agissait d′un objet d′art ne se rattachant pas à une personne. Aussi fut-ce avec un sérieux qui me fit rougir de mon hypocrisie qu′elle me posa cette orgueilleuse et naîµ¥ question, habituelle en pareilles circonstances: «Cela vous plaît? — Vous parlez de Chantepie, je suis sûr», dit M. Verdurin s′approchant de nous. J′avais été seul, pensant à ma lustrine verte et à une odeur de bois, à ne pas remarquer qu′en énumérant ces étymologies, Brichot avait fait rire de lui. Et comme les impressions qui donnaient pour moi leur valeur aux choses étaient de celles que les autres personnes ou n′éprouvent pas, ou refoulent sans y penser, comme insignifiantes, et que, par conséquent, si j′avais pu les communiquer elles fussent restées incomprises ou auraient été dédaignées, elles étaient entièrement inutilisables pour moi et avaient de plus l′inconvénient de me faire passer pour stupide aux yeux de Mme Verdurin, qui voyait que j′avais «gobé» Brichot, comme je l′avais déjà paru à Mme de Guermantes parce que je me plaisais chez Mme d′Arpajon. Pour Brichot pourtant il y avait une autre raison. Je n′étais pas du petit clan. Et dans tout clan, qu′il soit mondain, politique, littéraire, on contracte une facilité perverse à découvrir dans une conversation, dans un discours officiel, dans une nouvelle, dans un sonnet, tout ce que l′honnête lecteur n′aurait jamais songé à y voir. Que de fois il m′est arrivé, lisant avec une certaine émotion un conte habilement filé par un académicien disert et un peu vieillot, d′être sur le point de dire à Bloch ou à Mme de Guermantes: «Comme c′est joli!» quand, avant que j′eusse ouvert la bouche, ils s′écriaient, chacun dans un langage différent: «Si vous voulez passer un bon moment, lisez un conte de un tel. La stupidité humaine n′a jamais été aussi loin.» Le mépris de Bloch provenait surtout de ce que certains effets de style, agréables du reste, étaient un peu fanés; celui de Mme de Guermantes de ce que le conte semblait prouver justement le contraire de ce que voulait dire l′auteur, pour des raisons de fait qu′elle avait l′ingéniosité de déduire mais auxquelles je n′eusse jamais pensé. Je fus aussi surpris de voir l′ironie que cachait l′amabilité apparente des Verdurin pour Brichot que d′entendre, quelques jours plus tard, à Féterne, les Cambremer me dire, devant l′éloge enthousiaste que je faisais de la Raspelière: «Ce n′est pas possible que vous soyez sincère, après ce qu′ils en ont fait.» Il est vrai qu′ils avouèrent que la vaisselle était belle. Pas plus que les choquants brise-bise, je ne l′avais vue. «Enfin, maintenant, quand vous retournerez à Balbec, vous saurez ce que Balbec signifie», dit ironiquement M. Verdurin. C′était justement les choses que m′apprenait Brichot qui m′intéressaient. Quant à ce qu′on appelait son esprit, il était exactement le même qui avait été si goûté autrefois dans le petit clan. Il parlait avec la même irritante facilité, mais ses paroles ne portaient plus, avaient à vaincre un silence hostile ou de désagréables échos; ce qui avait changé était, non ce qu′il débitait, mais l′acoustique du salon et les dispositions du public. «Gare», dit à mi-voix Mme Verdurin en montrant Brichot. Celui-ci, ayant gardé l′ouplus perçante que la vue, jeta sur la Patronne un regard, vite détourné, de myope et de philosophe. Si ses yeux étaient moins bons, ceux de son esprit jetaient en revanche sur les choses un plus large regard. Il voyait le peu qu′on pouvait attendre des affections humaines, il s′y était résigné. Certes il en souffrait. Il arrive que, même celui qui un seul soir, dans un milieu où il a l′habitude de plaire, devine qu′on l′a trouvé ou trop frivole, ou trop pédant, ou trop gauche, ou trop cavalier, etc . . ., rentre chez lui malheureux. Souvent c′est à cause d′une question d′opinions, de système, qu′il a paru à d′autres absurde ou vieux-jeu. Souvent il sait à merveille que ces autres ne le valent pas. Il pourrait aisément disséquer les sophismes à l′aide desquels on l′a condamné tacitement, il veut aller faire une visite, écrire une lettre: plus sage, il ne fait rien, attend l′invitation de la semaine suivante. Parfois aussi ces disgrâces, au lieu de finir en une soirée, durent des mois. Dues à l′instabilité des jugements mondains, elles l′augmentent encore. Car celui qui sait que Mme X . . . le méprise, sentant qu′on l′estime chez Mme Y . . ., la déclare bien supérieure et émigre dans son salon. Au reste, ce n′est pas le lieu de peindre ici ces hommes, supérieurs à la vie mondaine mais n′ayant pas su se réaliser en dehors d′elle, heureux d′être reçus, aigris d′être méconnus, découvrant chaque année les tares de la maîtresse de maison qu′ils encensaient, et le génie de celle qu′ils n′avaient pas appréciée à sa valeur, quitte à revenir à leurs premières amours quand ils auront souffert des inconvénients qu′avaient aussi les secondes, et que ceux des premières seront un peu oubliés. On peut juger, par ces courtes disgrâces, du chagrin que causait à Brichot celle qu′il savait définitive. Il n′ignorait pas que Mme Verdurin riait parfois publiquement de lui, même de ses infirmités, et sachant le peu qu′il faut attendre des affections humaines, s′y étant soumis, il ne considérait pas moins la Patronne comme sa meilleure amie. Mais à la rougeur qui couvrit le visage de l′universitaire, Mme Verdurin comprit qu′il l′avait entendue et se promit d′être aimable pour lui pendant la soirée. Je ne pus m′empêcher de lui dire qu′elle l′était bien peu pour Saniette. «Comment, pas gentille! Mais il nous adore, vous ne savez pas ce que nous sommes pour lui! Mon mari est quelquefois un peu agacé de sa stupidité, et il faut avouer qu′il y a de quoi, mais dans ces moments-là, pourquoi ne se rebiffe-t-il pas davantage, au lieu de prendre ces airs de chien couchant? Ce n′est pas franc. Je n′aime pas cela. Ça n′empêche pas que je tâche toujours de calmer mon mari parce que, s′il allait trop loin, Saniette n′aurait qu′à ne pas revenir; et cela je ne le voudrais pas parce que je vous dirai qu′il n′a plus un sou, il a besoin de ses dîners. Et puis, après tout, si il se froisse, qu′il ne revienne pas, moi ce n′est pas mon affaire, quand on a besoin des autres on tâche de ne pas être aussi idiot. — Le duché d′Aumale a été longtemps dans notre famille avant d′entrer dans la Maison de France, expliquait M. de Charlus à M. de Cambremer, devant Morel ébahi et auquel, à vrai dire, toute cette dissertation était sinon adressée du moins destinée. Nous avions le pas sur tous les princes étrangers; je pourrais vous en donner cent exemples. La princesse de Croy ayant voulu, à l′enterrement de Monsieur, se mettre à genoux après ma trisale, celle-ci lui fit vertement remarquer qu′elle n′avait pas droit au carreau, le fit retirer par l′officier de service et porta la chose au Roi, qui ordonna à Mme de Croy d′aller faire des excuses à Mme de Guermantes chez elle. Le duc de Bourgogne étant venu chez nous avec les huissiers, la baguette levée, nous obtînmes du Roi de la faire abaisser. Je sais qu′il y a mauvaise grâce à parler des vertus des siens. Mais il est bien connu que les nôtres ont toujours été de l′avant à l′heure du danger. Notre cri d′armes, quand nous avons quitté celui des ducs de Brabant, a été «Passavant». De sorte qu′il est, en somme, assez légitime que ce droit d′être partout les premiers, que nous avions revendiqué pendant tant de siècles à la guerre, nous l′ayons obtenu ensuite à la Cour. Sin lo cual hubiesen tenido que negarlo al duque de Lorena y tantos otros. Por otra parte, varios de nuestros títulos provienen de la casa de Lorena, por Teresa d′Espinoy, mi bisabuela, que era la hija del doncel de Commercy. -Al advertir que Morel lo escuchaba, el señor de Charlus desarrolló más ampliamente los motivos de su pretensión-. Le indiqué a mi hermano que la nota sobre nuestra familia no debiera encontrarse en la tercera parte del Gotha, sino en la segunda, por no decir en la primera -dijo sin notar que Morel no sabía lo que era el Gotha-. Pero a él le concierne, es mi jefe de armas ydesde que así le parece bien ylo deja pasar, no tengo más que cerrar los ojos”. “-El señor Brichot me ha interesado mucho”, le dije a la señora de Verdurin, que se me acercaba a tiempo que me guardaba la carta de la señora de Cambremer en el bolsillo. “-Es un espíritu cultivado y un buen hombre -me contestó fríamente. Carece, sin lugar a dudas, de originalidad ybuen gusto, ytiene una memoria terrible. Decían de los abuelos, de la gente que tenemos esta noche, los emigrados, que no habían olvidado nada. Mientras que Brichot todo lo sabe, y nos sacude con pilas de diccionarios durante la comida. Creo que ya no ignora usted nada acerca del significado de tal o cual ciudad o aldea”. Mientras hablaba la señora de Verdurin, pensaba que me había prometido preguntarle algo, pero no podía recordarlo. “- Estoy seguro de que hablan ustedes de Brichot. Eh, Chantepie y Freycinet. No le ha perdonado nada. La he mirado, mi pequeña Patrona”. “-Lo he visto perfectamente y estuve por estallar”. No sabría decir hoy cómo se había vestido esa noche la señora de Verdurin. Quizás en ese momento tampoco, porque no tengo espíritu observador. Pero, al advertir que su atuendo no dejaba de tener pretensiones, le dije algo amable y hasta admirativo. Era como casi todas las mujeres, que se imaginan que cuando uno les hace un cumplido es la estricta expresión de la verdad y un juicio imparcial, irresistiblemente, como si se tratara de un objeto de arte que no se vinculase a una persona. Por eso, con una seriedad que me hizo ruborizar por mi hipocresía, me planteó esta cándida y orgullosa pregunta, habitual en semejantes circunstancias: “-¿Le gusta?”. “-Están hablando de Chantepie, estoy seguro”, dijo el señor Verdurin acercándose a nosotros. Había sido el único, pensando en mi lustrina verde y en el olor de bosques, que no había advertido que, al enumerar esas etimologías, Brichot se había puesto en ridículo. Y como las impresiones que para mí valorizaban las cosas pertenecían a la categoría de aquellas que los demás no experimentan o rechazan sin pensarlo como insignificantes y, por consiguiente, si hubiera podido comunicarlas, no las hubiesen comprendido o las desdeñaran, eran integralmente inutilizables para mí y tenían, además, el inconveniente de hacerme pasar por estúpido ante la señora de Verdurin, que ya había visto que me gustaba Brichot, como ya se lo había parecido a la señora de Guermantes por estar a gusto en casa de la señora de Arpajon. En cuanto a Brichot, sin embargo, había otro motivo. No pertenecía yo al pequeño clan. Y en todo clan, social, político o literario, se adquiere una perversa facilidad para descubrir en una conversación, un discurso oficial, una noticia o un soneto, aquello que el lector honrado no pensara ver jamás. ¡Cuántas veces me sucedió, al leer con cierta emoción un cuento hábilmente construido por un académico diserto y algo envejecido, estar a punto de decirles a Bloch o a la señora de Guermantes: “-YQué lindo!”, y antes de que hubiese abierto la boca, exclamara cada cual en un lenguaje diferente: “-Si quiere usted pasar un buen rato, lea un cuento de Fulano. La estupidez humana nunca ha llegado tan lejos”. El desprecio de Bloch se originaba especialmente en que algunos efectos de estilo, por otra parte agradables, eran un poco marchitos; el de la señora de Guermantes, en que el cuento parecía probar precisamente lo contrario de lo que quería decir el autor, por motivos de hecho que deducía ingeniosamente, pero en los que nunca hubiera pensado. Me sorprendió tanto la ironía que ocultaba la amabilidad aparente de los Verdurin para Brichot como oír algunos días más tarde en Féterne a los Cambremer, ante mi entusiasta elogio de la Raspeliére: “-No es posible que sea usted sincero, después de lo que han hecho de ella.” Verdad es que confesaron que la vajilla era hermosa. No la había visto, como no había visto las cortinillas chocantes. “-En fin, ahora, cuando regrese usted a Balbec, ya sabrá lo que significa Balbec”, dijo irónicamente el señor Verdurin. Y eran precisamente las cosas que me enseñaba Brichot las que me interesaban. En cuanto a lo que se llamaba su ingenio, era exactamente el mismo que tanto había gustado antaño en el pequeño clan. Hablaba con la misma facilidad irritante, pero sus palabras ya no tenían alcance: debían vencer un silencio hostil o ecos desagradables; lo que había cambiado no era lo que decía, sino la acústica del salón y la disposición del público. “-¡Cuidado!”, dijo a media voz la señora de Verdurin, señalando a Brichot. Este, que había conservado más penetrante el oído que la vista, arrojó sobre la Patrona una mirada pronto desviada de miope y de filósofo. Si sus ojos ya no eran tan fuertes, los de su espíritu, en cambio, echaban sobre las cosas una mirada mucho más amplia. Vela qué poco se puede esperar de los afectos humanos y se había resignado. Claro que lo hacía sufrir. Sucede que, aun en una sola noche aquel que está acostumbrado a gustar en un medio y adivina que lo encontraron demasiado frívolo o demasiado pedante o demasiado torpe o demasiado desenfadado, etc., vuelve afligida a su casa. Generalmente se debe a opiniones o sistemas que les parecieron absurdos o anticuados a otros. A menudo sabe demasiado que esos otros no valen lo que él. Podría disecar con la mayor facilidad los sofismas con cuya ayuda lo condenaron tácitamente, y desearía realizar una visita o escribir una carta; aconsejado por la prudencia, no hace nada y espera la invitación de la semana siguiente. A veces también esas desgracias duran meses, en lugar de terminar en una noche. Debido a la inestabilidad de los juicios sociales, llegan a aumentarla. Porque aquel que sabe que lo desprecia la señora X, al advertir que lo estiman en casa de la señora de Y, la declara muy superior y emigra a su salón. Por otra parte, no es éste el lugar de describir a esos hombres superiores a la vida social, pero que no han sabido realizarse fuera de ella, felices de ser recibidos, agriados cuando los desconocen, descubriendo cada año las taras de la dueña de casa que alababan y el genio de la que no habían estimado en su valor, aunque vuelvan a sus primeros amores cuando hayan sufrido los inconvenientes que tenían también las segundas y los de las primeras estén ya un poco olvidados. Puede uno juzgar por esas cortas desgracias la pena que le causaría a Brichot esa que sabía definitiva. No ignoraba que a veces la señora de Verdurin se reía públicamente de él, y hasta de sus dolencias ysabiendo qué poco hay que esperar del afecto humano, yhabiéndose sometido, no por eso dejaba de considerar a la Patrona como su mejor amiga. Pero, ante el rubor que cubrió el rostro del universitario, la señora de Verdurin comprendió que la había oído y se prometió ser amable con él durante la velada. No pude dejar de decirle que lo era muy poco para Saniette. “-¡Cómo, poco amable! Pero nos adora, usted no sabe lo que somos para él. A mi marido a veces le fastidia un poco su estupidez, y hay que confesar que con motivos; pero, en esos momentos, ¿por qué no se rebela un poco más, en lugar de tomar ese aire de perro apaleado? No es sincero. Eso no me gusta. Lo que no impide que trate siempre de calmar a mi marido, porque, si se le fuera la mano, Saniette ya no podría volver; y eso no lo querría yo, porque le diré que ya no tiene un centavo y necesita sus comidas. Después de todo, si se disgusta, que no vuelva; eso no es cosa mía. Cuando uno necesita de los demás, no hay que ser tan idiota.” “-El ducado de Aumale ha permanecido mucho tiempo en nuestra familia antes de pasar a la casa de Francia -eexplicaba el señor de Charlus al señor de Cambremer, ante Morel estupefacto y a quien, a decir verdad, toda esa disertación, ya que no dirigida, era por lo menos destinada. Teníamos preeminencia sobre todos los príncipes extranjeros: le podría dar cien ejemplos. Una vez que la princesa de Croy quiso arrodillarse junto a mi tatarabuela, en el entierro de Monsieur, ésta le hizo notar crudamente que no tenía derecho al mosaico, lo mandó retirar por el oficial de servicio y llevó el asunto al rey, quien ordenó a la señora de Croy que le presentara disculpas a la señora de Guermantes en su casa. Una vez que el duque de Borgoña vino a nuestra casa con los ujieres y la vara en alto, obtuvimos del rey que la bajara. Sé que no tiene mérito hablar de las virtudes de los propios. Pero es bien conocido que los nuestros siempre estuvieron antes que ninguno en el momento del peligro. Nuestro grito de guerra, cuando dejamos el de los duques de Brabante, fue Passavant.41 De manera que, en resumen, es bastante legitimo que ese derecho de ser en todas partes los primeros, reivindicado durante tantos siglos en la guerra, lo hayamos conseguido luego en la corte.
Et dame, il nous y a toujours été reconnu. Je vous citerai encore comme preuve la princesse de Baden. Comme elle s′était oubliée jusqu′à vouloir disputer son rang à cette même duchesse de Guermantes de laquelle je vous parlais tout à l′heure, et avait voulu entrer la première chez le Roi en profitant d′un mouvement d′hésitation qu′avait peut-être eu ma parente (bien qu′il n′y en eût pas à avoir), le Roi cria vivement: «Entrez, entrez, ma cousine, Madame de Baden sait trop ce qu′elle vous doit.» Et c′est comme duchesse de Guermantes qu′elle avait ce rang, bien que par elle-même elle fût d′assez grande naissance puisqu′elle était par sa mère nièce de la Reine de Pologne, de la Reine d′Hongrie, de l′Électeur Palatin, du prince de Savoie–Carignan et du prince d′Hanovre, ensuite Roi d′Angleterre. — Mæcenas atavis edite regibus! dit Brichot en s′adressant à M. de Charlus, qui répondit par une légère inclinaison de tête à cette politesse. — Qu′est-ce que vous dites? demanda Mme Verdurin à Brichot, envers qui elle aurait voulu tâcher de réparer ses paroles de tout à l′heure. Je parlais, Dieu m′en pardonne, d′un dandy qui était la fleur du gratin (Mme Verdurin fronça les sourcils), environ le siècle d′Auguste (Mme Verdurin, rassurée par l′éloignement de ce gratin, prit une expression plus sereine), d′un ami de Virgile et d′Horace qui poussaient la flagornerie jusqu′à lui envoyer en pleine figure ses ascendances plus qu′aristocratiques, royales, en un mot je parlais de Mécène, d′un rat de bibliothèque qui était ami d′Horace, de Virgile, d′Auguste. Je suis sûr que M. de Charlus sait très bien à tous égards qui était Mécène.» Regardant gracieusement Mme Verdurin du coin de l′oeil, parce qu′il l′avait entendue donner rendez-vous à Morel pour le surlendemain et qu′il craignait de ne pas être invité: «Je crois, dit M. de Charlus, que Mécène, c′était quelque chose comme le Verdurin de l′antiquité.» Mme Verdurin ne put réprimer qu′à moitié un sourire de satisfaction. Elle alla vers Morel. «Il est agréable l′ami de vos parents, lui dit-elle. On voit que c′est un homme instruit, bien élevé. Il fera bien dans notre petit noyau. Où donc demeure-t-il à Paris?» Morel garda un silence hautain et demanda seulement à faire une partie de cartes. Mme Verdurin exigea d′abord un peu de violon. A l′étonnement général, M. de Charlus, qui ne parlait jamais des grands dons qu′il avait, accompagna, avec le style le plus pur, le dernier morceau (inquiet, tourmenté, schumanesque, mais enfin antérieur à la Sonate de Franck) de la Sonate pour piano et violon de Fauré. Je sentis qu′il donnerait à Morel, merveilleusement doué pour le son et la virtuosité, précisément ce qui lui manquait, la culture et le style. Mais je songeai avec curiosité à ce qui unit chez un même homme une tare physique et un don spirituel. M. de Charlus n′était pas très différent de son frère, le duc de Guermantes. Même, tout à l′heure (et cela était rare), il avait parlé un aussi mauvais français que lui. Me reprochant (sans doute pour que je parlasse en termes chaleureux de Morel à Mme Verdurin) de n′aller jamais le voir, et moi invoquant la discrétion, il m′avait répondu: «Mais puisque c′est moi qui vous le demande, il n′y a que moi qui pourrais m′en formaliser.» Cela aurait pu être dit par le duc de Guermantes. M. de Charlus n′était, en somme, qu′un Guermantes. Mais il avait suffi que la nature déséquilibrât suffisamment en lui le système nerveux pour qu′au lieu d′une femme, comme eût fait son frère le duc, il préférât un berger de Virgile ou un élève de Platon, et aussitôt des qualités inconnues au duc de Guermantes, et souvent liées à ce déséquilibre, avaient fait de M. de Charlus un pianiste délicieux, un peintre amateur qui n′était pas sans goût, un éloquent discoureur. Le style rapide, anxieux, charmant avec lequel M. de Charlus jouait le morceau schumanesque de la Sonate de Fauré, qui aurait pu discerner que ce style avait son correspondant — on n′ose dire sa cause — dans des parties toutes physiques, dans les défectuosités de M. de Charlus? Nous expliquerons plus tard ce mot de défectuosités nerveuses et pour quelles raisons un Grec du temps de Socrate, un Romain du temps d′Auguste, pouvaient être ce qu′on sait tout en restant des hommes absolument normaux, et non des hommes-femmes comme on en voit aujourd′hui. De même qu′il avait de réelles dispositions artistiques, non venues à terme, M. de Charlus avait, bien plus que le duc, aimé leur mère, aimé sa femme, et même des années après, quand on lui en parlait, il avait des larmes, mais superficielles, comme la transpiration d′un homme trop gros, dont le front pour un rien s′humecte de sueur. Avec la différence qu′à ceux-ci on dit: «Comme vous avez chaud», tandis qu′on fait semblant de ne pas voir les pleurs des autres. On, c′est-à-dire le monde; car le peuple s′inquiète de voir pleurer, comme si un sanglot était plus grave qu′une hémorragie. La tristesse qui suivit la mort de sa femme, grâce à l′habitude de mentir, n′excluait pas chez M. de Charlus une vie qui n′y était pas conforme. Plus tard même, il eut l′ignominie de laisser entendre que, pendant la cérémonie funèbre, il avait trouvé le moyen de demander son nom et son adresse à l′enfant de choeur. Et c′était peut-être vrai. Y vaya, siempre nos fue reconocido. Le citaré, como otra prueba, a la princesa de Baden. Como se había atrevido a disputarle su rango a esa misma duquesa de Guermantes de la que le acabo de hablar y quiso entrar antes en el palacio del rey, aprovechando un movimiento de vacilación que tuvo quizás mi parienta (aunque no había motivos), el rey gritó con vivacidad: -Entre, entre, prima. La señora de Baden sabe demasiado lo que le debe. Y es como duquesa de Guermantes que tenía ese rango, aunque por ella misma tuvo un origen bastante elevado, ya que por su madre era sobrina de la reina de Polonia de la reina de Hungría, del Elector Palatino, del príncipe de SaboyaCarignan y del príncipe de Hannover; luego, rey de Inglaterra.” “-Maecenas atavis edite regibus”, dijo Brichot dirigiéndose al señor de Charlus, que contestó esa cortesía con una ligera inclinación de cabeza: “-¿Qué dice usted?”, preguntó la señora de Verdurin a Brichot, con lo cual quería reparar sus palabras de un rato antes. “-Hablaba, Dios me perdone, de un dandi que era la flor de la sociedad (la señora de Verdurin frunció el ceño) más o menos por el siglo de Augusto (la señora de Verdurin, tranquilizada por la lejanía de esa sociedad, adoptó una expresión más serena), de un amigo de Virgilio y Horacio que extremaba la zalamería hasta echarle en cara sus ascendencias más que aristocráticas, reales; en una palabra, hablaba de Mecenas, una rata de biblioteca que era amigo de Horacio, Virgilio y Augusto. Estoy seguro de que el señor de Charlus sabe perfectamente por todos conceptos quién era Mecenas.” Mirando graciosamente a la señora de Verdurin de reojo, porque la había oído citarlo a Morel para dos días después y temía que no lo invitaran. “maCreo -dijo el señor de Charlus- que Mecenas era algo así como el Verdurin de la antigüedad.” La señora de Verdurin sólo a medias reprimió una sonrisa satisfecha. Fue hacia Morel. “-Es agradable el amigo de sus padres -le dijo-. Se ve que es un hombre instruido y bien educado. Se hallará en nuestro pequeño núcleo. ¿Dónde vive en París?” Morel guardó un altivo silencio y propuso solamente una partida de naipes. La señora de Verdurin exigió ante todo un poco de violín. Ante el asombro general, el señor de Charlus, que nunca mencionaba sus grandes dones, acompañó con el más puro estilo el último trozo (inquieto, atormentado, pero en fin anterior a le sonata de Franck) de la Sonata para piano y violín de Fauré. Sentí que le daría a Morel, maravillosamente dotado para el sonido y el virtuosismo, precisamente aquello que le faltaba: la cultura y el estilo. Pero pensé con curiosidad en lo que une en un mismo hombre una tara física y un don espiritual. El señor de Charlus no era muy distinto a su hermano, el duque de Guermantes. Hasta hacía un instante (y eso era curioso) había hablado un francés tan malo como el suyo. Reprochándome (sin duda para que le hablase a la señora de Verdurin en términos elogiosos de Morel) que nunca lo fueron a ver y mientras yo invocaba la discreción, me había contestado: “-Pero, ya que soy yo quien se lo pide, únicamente yo podría resentirme. Eso pudo haber sido dicho por el duque de Guermantes. El señor de Charlus no era, en resumen más que un Guermantes. Pero había bastado que la naturaleza le desequilibrase lo suficiente el sistema nervioso para que, en lugar de una mujer, como lo hubiese hecho su hermano el duque, prefiriese un pastor de Virgilio o un discípulo de Platón, y enseguida, unas cualidades desconocidas al duque de Guermantes y a menudo relacionadas con ese desequilibrio habían hecho del señor de Charlus un pianista delicioso, un pintor aficionado que no carecía de buen gusto y un elocuente orador. Ante el estilo rápido, ansioso, encantador con el que el señor de Charlus tocaba el trozo schumanesco de la Sonata de Fauré, ¿quién hubiera podido discernir que ese estilo tenía su homólogo -uno no se atreve a decir su causa- en partes completamente físicas, en los defectos nerviosos del ejecutante? Más tarde explicaremos las palabras defectos nerviosos y por qué motivo un griego de la época de Sócrates, un romano del tiempo de Augusto, podían ser lo que se sabe y continuar como hombres absolutamente normales y no afeminados como los que vemos hoy. En la misma forma que con sus disposiciones artísticas reales no desarrolladas el señor de Charlus había querido a su madre mucho más que el duque yquerido a su mujer, yaun años después, cuando le hablaban de ella le brotaban lágrimas, aunque superficiales, como la traspiración de un hombre demasiado gordo cuya frente se humedece por cualquier motivo. Con la diferencia de que no le dice a ésos: “-¡Qué calor tiene usted!”, mientras que a los otros simula no ver su llanto. Uno, es decir la gente; porque al pueblo le inquieta ver llorar, como si un llanto fuera más grave que una hemorrágia. La tristeza que siguió a la muerte de su mujer, gracias al hábito de la mentira, no excluía una vida que no estaba de acuerdo con ella. Más tarde tuvo la ignominia de dejar suponer que durante la ceremonia fúnebre había encontrado la manera de pedirle al monaguillo su nombre y su dirección. Y era quizás verdad.
Le morceau fini, je me permis de réclamer du Franck, ce qui eut l′air de faire tellement souffrir Mme de Cambremer que je n′insistai pas. «Vous ne pouvez pas aimer cela», me dit-elle. Elle demanda à la place Fêtes de Debussy, ce qui fit crier: «Ah! c′est sublime!» dès la première note. Mais Morel s′aperçut qu′il ne savait que les premières mesures et, par gaminerie, sans aucune intention de mystifier, il commença une marche de Meyerbeer. Malheureusement, comme il laissa peu de transitions et ne fit pas d′annonce, tout le monde crut que c′était encore du Debussy, et on continua à crier: «Sublime!» Morel, en révélant que l′auteur n′était pas celui de Pelléas, mais de Robert le Diable, jeta un certain froid. Mme de Cambremer n′eut guère le temps de le ressentir pour elle-même, car elle venait de découvrir un cahier de Scarlatti et elle s′était jetée dessus avec une impulsion d′hystérique. «Oh! jouez ça, tenez, ça, c′est divin», criait-elle. Et pourtant de cet auteur longtemps dédaigné, promu depuis peu aux plus grands honneurs, ce qu′elle élisait, dans son impatience fébrile, c′était un de ces morceaux maudits qui vous ont si souvent empêché de dormir et qu′une élève sans pitié recommence indéfiniment à l′étage contigu au vôtre. Mais Morel avait assez de musique, et comme il tenait à jouer aux cartes, M. de Charlus, pour participer à la partie, aurait voulu un whist. «Il a dit tout à l′heure au Patron qu′il était prince, dit Ski à Mme Verdurin, mais ce n′est pas vrai, il est d′une simple bourgeoisie de petits architectes. — Je veux savoir ce que vous disiez de Mécène. Ça m′amuse, moi, na!» redit Mme Verdurin à Brichot, par une amabilité qui grisa celui-ci. Aussi pour briller aux yeux de la Patronne et peut-être aux miens: «Mais à vrai dire, Madame, Mécène m′intéresse surtout parce qu′il est le premier apôtre de marque de ce Dieu chinois qui compte aujourd′hui en France plus de sectateurs que Brahma, que le Christ lui-même, le très puissant Dieu Jemenfou.» Mme Verdurin ne se contentait plus, dans ces cas-là, de plonger sa tête dans sa main. Elle s′abattait, avec la brusquerie des insectes appelés éphémères, sur la princesse Sherbatoff; si celle-ci était à peu de distance, la Patronne s′accrochait à l′aisselle de la princesse, y enfonçait ses ongles, et cachait pendant quelques instants sa tête comme un enfant qui joue à cache-cache. Dissimulée par cet écran protecteur, elle était censée rire aux larmes et pouvait aussi bien ne penser à rien du tout que les gens qui, pendant qu′ils font une prière un peu longue, ont la sage précaution d′ensevelir leur visage dans leurs mains. Mme Verdurin les imitait en écoutant les quatuors de Beethoven pour montrer à la fois qu′elle les considérait comme une prière et pour ne pas laisser voir qu′elle dormait. «Je parle fort sérieusement, Madame, dit Brichot. Je crois que trop grand est aujourd′hui le nombre des gens qui passent leur temps à considérer leur nombril comme s′il était le centre du monde. En bonne doctrine, je n′ai rien à objecter à je ne sais quel nirvana qui tend à nous dissoudre dans le grand Tout (lequel, comme Munich et Oxford, est beaucoup plus près de Paris qu′Asnières ou Bois–Colombes), mais il n′est ni d′un bon Français, ni même d′un bon Européen, quand les Japonais sont peut-être aux portes de notre Byzance, que des antimilitaristes socialisés discutent gravement sur les vertus cardinales du vers libre.» Mme Verdurin crut pouvoir lâcher l′épaule meurtrie de la princesse et elle laissa réapparaître sa figure, non sans feindre de s′essuyer les yeux et sans reprendre deux ou trois fois haleine. Mais Brichot voulait que j′eusse ma part de festin, et ayant retenu des soutenances de thèses, qu′il présidait comme personne, qu′on ne flatte jamais tant la jeunesse qu′en la morigénant, en lui donnant de l′importance, en se faisant traiter par elle de réactionnaire: «Je ne voudrais pas blasphémer les Dieux de la Jeunesse, dit-il en jetant sur moi ce regard furtif qu′un orateur accorde à la dérobée à quelqu′un présent dans l′assistance et dont il cite le nom. Je ne voudrais pas être damné comme hérétique et relaps dans la chapelle mallarméenne, où notre nouvel ami, comme tous ceux de son âge, a dû servir la messe ésotérique, au moins comme enfant de choeur, et se montrer déliquescent ou Rose–Croix. Mais vraiment, nous en avons trop vu de ces intellectuels adorant l′Art, avec un grand A, et qui, quand il ne leur suffit plus de s′alcooliser avec du Zola, se font des piqûres de Verlaine. Devenus éthéromanes par dévotion baudelairienne, ils ne seraient plus capables de l′effort viril que la patrie peut un jour ou l′autre leur demander, anesthésiés qu′ils sont par la grande névrose littéraire, dans l′atmosphère chaude, énervante, lourde de relents malsains, d′un symbolisme de fumerie d′opium.» Incapable de feindre l′ombre d′admiration pour le couplet inepte et bigarré de Brichot, je me détournai vers Ski et lui assurai qu′il se trompait absolument sur la famille à laquelle appartenait M. de Charlus; il me répondit qu′il était sûr de son fait et ajouta que je lui avais même dit que son vrai nom était Gandin, Le Gandin. «Je vous ai dit, lui répondis-je, que Mme de Cambremer était la soeur d′un ingénieur, M. Legrandin. Je ne vous ai jamais parlé de M. de Charlus. Il y a autant de rapport de naissance entre lui et Mme de Cambremer qu′entre le Grand Condé et Racine. — Ah! je croyais», dit Ski légèrement sans plus s′excuser de son erreur que, quelques heures avant, de celle qui avait failli nous faire manquer le train. «Est-ce que vous comptez rester longtemps sur la côte? demanda Mme Verdurin à M. de Charlus, en qui elle pressentait un fidèle et qu′elle tremblait de voir rentrer trop tôt à Paris. — Mon Dieu, on ne sait jamais, répondit d′un ton nasillard et traînant M. de Charlus. J′aimerais rester jusqu′à la fin de septembre. — Vous avez raison, dit Mme Verdurin; c′est le moment des belles tempêtes. — A bien vrai dire ce n′est pas ce qui me déterminerait. J′ai trop négligé depuis quelque temps l′Archange saint Michel, mon patron, et je voudrais le dédommager en restant jusqu′à sa fête, le 29 septembre, à l′Abbaye du Mont. —Ça vous intéresse beaucoup, ces affaires-là?» demanda Mme Verdurin, qui eût peut-être réussi à faire taire son anticléricalisme blessé si elle n′avait craint qu′une excursion aussi longue ne fit «lâcher» pendant quarante-huit heures le violoniste et le baron. «Vous êtes peut-être affligée de surdité intermittente, répondit insolemment M. de Charlus. Je vous ai dit que saint Michel était un de mes glorieux patrons.» Puis, souriant avec une bienveillante extase, les yeux fixés au loin, la voix accrue par une exaltation qui me sembla plus qu′esthétique, religieuse: «C′est si beau à l′offertoire, quand Michel se tient debout près de l′autel, en robe blanche, balançant un encensoir d′or, et avec un tel amas de parfums que l′odeur en monte jusqu′à Dieu. — On pourrait y aller en bande, suggéra Mme Verdurin, malgré son horreur de la calotte. — A ce moment-là, dès l′offertoire, reprit M. de Charlus qui, pour d′autres raisons mais de la même manière que les bons orateurs à la Chambre, ne répondait jamais à une interruption et feignait de ne pas l′avoir entendue, ce serait ravissant de voir notre jeune ami palestrinisant et exécutant même une Aria de Bach. Il serait fou de joie, le bon Abbé aussi, et c′est le plus grand hommage, du moins le plus grand hommage public, que je puisse rendre à mon Saint Patron. Quelle édification pour les fidèles! Nous en parlerons tout à l′heure au jeune Angelico musical, militaire comme saint Michel.» Terminado el trozo, me permití reclamar algo de Franck, lo que pareció hacer sufrir hasta tal punto a la señora de Cambremer, que no insistí. “-A usted no le puede gustar eso”, me dijo. Pidió, en su lugar, Fiestas de Debussy, lo que hizo gritar: “-¡Ah, es sublime!”, desde la primera nota. Pero Morel advirtió que no sabía más que los primeros compases y por chiquillería, sin ninguna intención de superchería, comenzó una marcha de Meyerbeer. Desgraciadamente, como hizo poca transición y no anunció nada, todos creyeron que seguía siendo Debussy y continuaron gritando que era sublime. Morel, al revelar que el autor no era el de Péleas, sino el de Roberto el Diablo, produjo cierta frialdad. La señora de Cambremer no tuvo siquiera tiempo de experimentarlo por sí misma, porque acababa de descubrir un cuaderno de Scarlatti y se había echado encima con una impulsión histérica. “-¡Oh, toque eso, mire; eso es divino!”, gritaba. Sin embargo, de ese autor de tanto tiempo desdeñado y promovido hacía poco a los mayores honores, lo que elegía en su febril impaciencia era uno de esos trozos malditos que tan a menudo le impiden dormir a uno porque un alumno despiadado lo reanuda interminablemente en el piso de arriba. Pero a Morel le parecía suficiente música y como quería jugar a los naipes, para participar de la partida el señor de Charlus hubiera querido un whist. “-Hace un momento le dijo al Patrón que era príncipe -le sopló Ski a la señora de Verdurin-; pero no es verdad: pertenece a una sencilla burguesía de pequeños arquitectos.” “qQuiero saber lo que decían de Mecenas. A mí me divierte”, volvió a decir la señora de Verdurin a Brichot, con una amabilidad que lo embriagó a éste. Por eso, para deslumbrar a los ojos de la Patrona y quizás también a los míos: “-Pero, a decir verdad, señora, Mecenas me interesa sobre todo porque es el primer apóstol señalado de ese dios chino que cuenta hoy en Francia con más sectarios que Brahma, que el mismo Cristo, el muy poderoso dios Jemenfou”.42 La señora de Verdurin ya no se contentaba en esos casos con hundir la cabeza en sus manos. Se tiraba con la brusquedad de los insectos llamados efímeros sobre la princesa Sherbatoff; si ésta estaba a poca distancia, la Patrona se enganchaba en la axila de la princesa, hundía sus uñas y ocultaba por algunos instantes la cabeza como un niño que juega a las escondidas. Disimulada por esa pantalla protectora, podía suponerse que reía hasta las lágrimas y podía también no pensar en nada más, como la gente que durante una rogativa un poco larga tiene la sabia precaución de sepultar la cara entre las manos. La señora de Verdurin los imitaba al escuchar los cuartetos de Beethoven para demostrar a la vez que los consideraba como un rezo y para no dejar ver que dormía. “-Hablo muy seriamente, señora -dijo Brichott . Creo que hoy es demasiado grande la cantidad de gente que se pasa el tiempo considerando a su ombligo - como el centro del mundo. En buena doctrina, nada tengo que objetar a no sé qué nirvana que tiende a disolvernos en el gran Todo (el que, como Munich y Oxford, está mucho más cerca de París que Asniéres o Bois-Colombes); pero no es ni de buen francés, ni siquiera de buen europeo, cuando los japoneses están, quizás, a las puertas de nuestra Bizancio, que unos antimilitaristas socializados discutan gravemente acerca de las virtudes cardinales del verso libre” La señora de Verdurín creyó que ya podía soltar el hombro aprisionado de la princesa y dejó reaparecer su cara, no sin fingir que se secaba los ojos y sin recobrar aliento dos o tres veces. Pero Brichot quería que yo participase en el festín y habiendo recordado, de las defensas de las tesis que presidía como nadie, que nunca se alaba tanto a la juventud como morigerándola y dándole importancia o haciéndose tratar de reaccionario por ella: “-No quisiera blasfemar contra los dioses de la Juventud -dijo echando sobre mí esa mirada furtiva que un orador le concede a hurtadillas a alguna persona de su auditorio y cuyo nombre menciona-. No quisiera ser condenado como hereje y relapso en la capilla mallarmeana en cuya misa esotérica ha debido ayudar nuestro nuevo amigo como todos por lo menos como monaguillo y mostrarse delicuescente o rosa-cruz. Pero, verdaderamente, hemos visto demasiados intelectuales de esos que adoran el arte con A mayúscula y que, cuando no les basta emborracharse con Zola, se dan inyecciones de Verlaine. Eterómanos por devoción baudelairiana, ya no serían capaces del esfuerzo viril que podría un día u otro pedirles la patria, anestesiados como lo están por la gran neurosis literaria en la atósfera cálida, enervante, pesada de malsanos relentes, de un simbolismo de fumadero de opio.” Incapaz de fingir ni remotamente admiración por la copla inepta y abigarrada de Brichot, me volví hacia Ski y le aseguré que se equivocaba completamente acerca de la familia del señor de Charlus; me contestó que estaba seguro de lo que manifestaba, y agregó que yo mismo le había afirmado que su verdadero nombre era Gandin, Le Gandin. “-Le dije -respondíes que la señora de Cambremer era hermana de un ingeniero, el señor Legrandin. Nunca le he hablado del señor de Charlus. Hay tanta relación de nacimiento entre él y la señora de Cambremer como entre el gran Condé y Racine.” “-¡Ah, yo creía!” -eexclamó Ski ligeramente, sin más disculpas que unas horas antes, cuando por un error suyo casi nos hizo perder el tren. “-¿Piensa usted quedarse mucho tiempo en la costa?”, le preguntó la señora de Verdurin al señor de Charlus, en quien preveía a un fiel y temía volviera demasiado pronto a París. “-¡Dios mío!, nunca se sabe -contestó con un tono arrastrado y gangoso el señor de Charlus-. Me gustaría quedarme hasta fines de septiembre.” “-Tiene usted razón -asintió la señora de Verdurin-; es el momento de las hermosas tempestades.” “-A decir la verdad, no es eso lo que me decidiría. He descuidado desde hace algún tiempo al Arcángel San Miguel, mi patrono, y quisiera indemnizarlo quedándome hasta su fiesta, el 29 de septiembre, en la Abadía del monte.” “-¿Le interesan mucho esos asuntos?”, preguntó la señora de Verdurin, que quizás podía haber conseguido acallar su anticlericalismo herido si no temiese que una excursión tan prolongada no hiciese largar durante 48 horas al violinista y al barón. “-Usted parece atacada de sordera intermitente - contestó con insolencia, el señor de Charluss-. Le he dicho que San Miguel era uno de mis gloriosos patronos.” Luego, sonriendo con un éxtasis benevolente, los ojos fijos a lo lejos, la voz aumentada por una exaltación que me pareció más que estética, aunque religiosa: “-¡Es tan hermoso el ofertorio, cuando Miguel está de pie junto al altar, vestido de blanco, agitando un incensario de oro y con tal acumulación de perfumes, que su olor sube hasta Dios!...” “-Podríamos ir en tropel”, sugirió la señora de Verdurin a pesar de su horror por la sotana. “-En ese momento, desde el ofertorio -agregó el señor de Charlus, que, por otros motivos, pero del mismo modo que los buenos oradores de la Cámara, no contestaba nunca una interrupción y fingía no haberla oído-, sería encantador ver a nuestro joven amigo palestrinizando y hasta ejecutando un Aria de Bach. Hasta el buen abate enloquecería de alegría y es el mayor homenaje, por lo menos el mayor homenaje público; que pueda yo ofrecerle a mi Santo Patrono. ¡Qué edificante para los fieles! Le hablaremos dentro de un rato al joven angélico musical, militar como San Miguel.”
Saniette, appelé pour faire le mort, déclara qu′il ne savait pas jouer au whist. Et Cottard, voyant qu′il n′y avait plus grand temps avant l′heure du train, se mit tout de suite à faire une partie d′écarté avec Morel. M. Verdurin, furieux, marcha d′un air terrible sur Saniette: «Vous ne savez donc jouer à rien!» cria-t-il, furieux d′avoir perdu l′occasion de faire un whist, et ravi d′en avoir trouvé une d′injurier l′ancien archiviste. Celui-ci, terrorisé, prit un air spirituel: «Si, je sais jouer du piano», dit-il. Cottard et Morel s′étaient assis face à face. «A vous l′honneur, dit Cottard. — Si nous nous approchions un peu de la table de jeu, dit à M. de Cambremer M. de Charlus, inquiet de voir le violoniste avec Cottard. C′est aussi intéressant que ces questions d′étiquette qui, à notre époque, ne signifient plus grand′chose. Les seuls rois qui nous restent, en France du moins, sont les rois des Jeux de Cartes, et il me semble qu′ils viennent à foison dans la main du jeune virtuose», ajouta-t-il bientôt, par une admiration pour Morel qui s′étendait jusqu′à sa manière de jouer, pour le flatter aussi, et enfin pour expliquer le mouvement qu′il faisait de se pencher sur l′épaule du violoniste. «Ié coupe», dit, en contrefaisant l′accent rastaquouère, Cottard, dont les enfants s′esclaffèrent comme faisaient ses élèves et le chef de clinique, quand le maître, même au lit d′un malade gravement atteint, lançait, avec un masque impassible d′épileptique, une de ses coutumières facéties. «Je ne sais pas trop ce que je dois jouer, dit Morel en consultant M. de Cambremer. — Comme vous voudrez, vous serez battu de toutes façons, ceci ou ça, c′est égal. —Égal . . . Ingalli? dit le docteur en coulant vers M. de Cambremer un regard insinuant et bénévole. C′était ce que nous appelons la véritable diva, c′était le rêve, une Carmen comme on n′en reverra pas. C′était la femme du rôle. J′aimais aussi y entendre Ingalli — marié.» Le marquis se leva avec cette vulgarité méprisante des gens bien nés qui ne comprennent pas qu′ils insultent le maître de maison en ayant l′air de ne pas être certains qu′on puisse fréquenter ses invités et qui s′excusent sur l′habitude anglaise pour employer une expression dédaigneuse: «Quel est ce Monsieur qui joue aux cartes? qu′est-ce qu′il fait dans la vie? qu′est-ce qu′il vend? J′aime assez à savoir avec qui je me trouve, pour ne pas me lier avec n′importe qui. Or je n′ai pas entendu son nom quand vous m′avez fait l′honneur de me présenter à lui.» Si M. Verdurin, s′autorisant de ces derniers mots, avait, en effet, présenté à ses convives M. de Cambremer, celui-ci l′eût trouvé fort mauvais. Saniette, llamado para hacer el muerto, declaró que no sabía jugar al whist. Y Cottard, al ver que ya no faltaba mucho para la hora del tren, se puso enseguida a jugar un partido de écarté con Morel. El señor Verdurin, furioso, avanzó sobre Saniette: “Usted no sabe jugar a nada -gritó furioso, por haber perdido la oportunidad de jugar al whist y encantado de haber encontrado una oportunidad de injuriar al antiguo archivista. Éste, aterrorizado, asumió un aire espiritual: “-Sí, sé tocar el piano”, contestó Cottard y Morel se habían sentado frente a frente. “-A usted el honor”, dijo Cottard. “-Si nos acercáramos un poco a la mesa de juego... -manifestó el señor de Charlus al señor de Cambremer, inquieto al ver al violinista con Cottard-. Es tan interesante como esas cuestiones de etiqueta que en nuestra época ya no significan mucho. Los únicos reyes que nos quedan, en Francia, por lo menos, son los reyes de los naipes y me parece que van a pasar en abundancia a las manos del joven virtuoso”, se apresuró a agregar con una admiración por Morel que se extendía hasta su manera de jugar, para halagarlo también y por fin para justificar el movimiento que hacía al inclinarse sobre el hombro del violinista. “-Yo corto”, dijo Cottard imitando la pronunciación de un rastacuero y sus hijos se echaron a reír, como lo hacían sus alumnos y el jefe de la clínica cuando el maestro, así fuera junto al lecho de un enfermo grave, lanzaba, con una impasible máscara de epiléptico, uno de sus chistes habituales. “-No sé exactamente qué jugar”, dijo Morel consultando al señor de Cambremer. “mComo quiera; de todas maneras, lo derrotarán. Esto o aquello da lo mismo.” “-Igual... ¿Ingalli? -dijo el doctor deslizando hacia el señor de Cambremer una mirada insinuante y benévola-. Es lo que llamamos la verdadera diva; era el sueño, una Carmen como ya no volverá a verse. Era la mujer para el papel. Me gustaba también oír Ingalli casado.” El marqués se levantó con esa vulgaridad desdeñosa de la gente bien nacida que no comprende que insulta al dueño de casa aparentando no estar seguro de que pueda frecuentarse a sus invitados y que se disculpan con la costumbre inglesa para emplear una expresión despreciativa: “-¿Quién es ese señor que juega a las cartas? ¿Qué hace en la vida? ¿Qué vende? Me gusta bastante saber con quién estoy para no ligarme con cualquiera. Y no he oído su nombre cuando usted me hizo el honor de presentármelo.” Si el señor Verdurin, autorizándose con esas últimas palabras, había presentado efectivamente el señor de Cambremer a sus invitados, a éste le hubiera parecido muy mal.
Mais sachant que c′était le contraire qui avait lieu, il trouvait gracieux d′avoir l′air bon enfant et modeste sans péril. La fierté qu′avait M. Verdurin de son intimité avec Cottard n′avait fait que grandir depuis que le docteur était devenu un professeur illustre. Mais elle ne s′exprimait plus sous la forme naîµ¥ d′autrefois. Alors, quand Cottard était à peine connu, si on parlait à M. Verdurin des névralgies faciales de sa femme: «Il n′y a rien à faire, disait-il, avec l′amour-propre nades gens qui croient que ce qu′ils connaissent est illustre et que tout le monde connaît le nom du professeur de chant de leur famille. Si elle avait un médecin de second ordre on pourrait chercher un autre traitement, mais quand ce médecin s′appelle Cottard (nom qu′il prononçait comme si c′eût été Bouchard ou Charcot), il n′y a qu′à tirer l′échelle.» Usant d′un procédé inverse, sachant que M. de Cambremer avait certainement entendu parler du fameux professeur Cottard, M. Verdurin prit un air simplet. «C′est notre médecin de famille, un brave coeur que nous adorons et qui se ferait couper en quatre pour nous; ce n′est pas un médecin, c′est un ami; je ne pense pas que vous le connaissiez ni que son nom vous dirait quelque chose; en tout cas, pour nous c′est le nom d′un bien bon homme, d′un bien cher ami, Cottard.» Ce nom, murmuré d′un air modeste, trompa M. de Cambremer qui crut qu′il s′agissait d′un autre. «Cottard? vous ne parlez pas du professeur Cottard?» On entendait précisément la voix dudit professeur qui, embarrassé par un coup, disait en tenant ses cartes: «C′est ici que les Athéniens s′atteignirent. — Ah! si, justement, il est professeur, dit M. Verdurin. — Quoi! le professeur Cottard! Vous ne vous trompez pas! Vous êtes bien sûr que c′est le même! celui qui demeure rue du Bac! — Oui, il demeure rue du Bac, 43. Vous le connaissez? — Mais tout le monde connaît le professeur Cottard. C′est une sommité! C′est comme si vous me demandiez si je connais Bouffe de Saint–Blaise ou Courtois–Suffit. J′avais bien vu, en l′écoutant parler, que ce n′était pas un homme ordinaire, c′est pourquoi je me suis permis de vous demander. — Voyons, qu′est-ce qu′il faut jouer? atout?» demandait Cottard. Puis brusquement, avec une vulgarité qui eût été agaçante même dans une circonstance héroî°µe, où un soldat veut prêter une expression familière au mépris de la mort, mais qui devenait doublement stupide dans le passe-temps sans danger des cartes, Cottard, se décidant à jouer atout, prit un air sombre, «cerveau brûlé», et, par allusion à ceux qui risquent leur peau, joua sa carte comme si c′eût été sa vie, en s′écriant: «Après tout, je m′en fiche!» Ce n′était pas ce qu′il fallait jouer, mais il eut une consolation. Au milieu du salon, dans un large fauteuil, Mme Cottard, cédant à l′effet, irrésistible chez elle, de l′après-dîner, s′était soumise, après de vains efforts, au sommeil vaste et léger qui s′emparait d′elle. Elle avait beau se redresser à des instants, pour sourire, soit par moquerie de soi-même, soit par peur de laisser sans réponse quelque parole aimable qu′on lui eût adressée, elle retombait malgré elle, en proie au mal implacable et délicieux. Plutôt que le bruit, ce qui l′éveillait ainsi, pour une seconde seulement, c′était le regard (que par tendresse elle voyait même les yeux fermés, et prévoyait, car la même scène se produisait tous les soirs et hantait son sommeil comme l′heure où on aura à se lever), le regard par lequel le professeur signalait le sommeil de son épouse aux personnes présentes. Il se contentait, pour commencer, de la regarder et de sourire, car si, comme médecin, il blâmait ce sommeil d′après le dîner (du moins donnait-il cette raison scientifique pour se fâcher vers la fin, mais il n′est pas sûr qu′elle fût déterminante, tant il avait là-dessus de vues variées), comme mari tout-puissant et taquin, il était enchanté de se moquer de sa femme, de ne l′éveiller d′abord qu′à moitié, afin qu′elle se rendormît et qu′il eût le plaisir de la réveiller de nouveau. Pero, sabiendo que era lo contrario lo que tenía lugar, creía gracioso parecer buen muchacho y modesto sin riesgos. La vanidad que tenía el señor Verdurin por su intimidad con Cottard no había hecho más que crecer desde que el doctor se había convertido en un profesor ilustre. Pero ya no se manifestaba bajo la forma ingenua de otrora. Entonces, cuando se conocía apenas a Cottard, si le hablaban al señor Verdurin de las neuralgias faciales de su mujer: “-No hay nada que hacer -decía con el cándido amor propio de los que creen que cuanto se relaciona con ellos es ilustre y que todos conocen el nombre del profesor de canto de su familia-. Si tuviera un médico de segundo orden, podría buscarse otro tratamiento; pero cuando ese médico se llama Cottard (nombre que pronunciaba como si fuese Bouchard o Charcot), no hay más que sacar la escalera.” Usando un procedimiento inverso al saber que el señor de Cambremer había oído hablar con seguridad del famoso profesor Cottard, el señor Verdurin tomó una expresión simplota. “-Es nuestro médico de familia; un excelente corazón que adoramos y que se haría cortar en cuatro pedazos por nosotros; no es un médico, es un amigo. No supongo que lo conozca usted ni que su nombre le represente algo, aunque para nosotros sea el nombre de una excelente persona, de un muy querido amigo: Cottard.” Ese nombre, murmurado con aparente modestia, engañó al señor de Cambremer, que creyó se trataba de otro. “-¿Cottard? ¿No hablará usted del profesor Cottard?” Se oía precisamente la voz del mencionado profesor, que, preocupado por un golpe, decía teniendo sus naipes: “- Aquí es donde se alcanzaron los atenienses.” “-¡Ah, si!, justamente, es profesor”, dijo el señor Verdurin. “-¡Cómo! El profesor Cottard, ¿no se equivoca usted? ¿Está usted seguro de que es el mismo, el que vive en la calle du Bac?” “Si, vive en la calle du Bac, Nº 43, ¿Lo conoce?” “-Pero todos conocen al profesor Cottard. Es una eminencia. Es como si me preguntara usted si conozco a Bouffe de Saint-Blaise o a CourtoisSuffit. Ya me había parecido al oírlo hablar que no era un hombre común; por eso me he permitido preguntárselo.” “-Veamos, ¿qué hay que jugar? ¿Triunfo?”, preguntaba Cottard. Luego, bruscamente, con una vulgaridad que hubiera resultado fastidiosa aun en una circunstancia heroica, cuando un soldado quiere prestarle una expresión familiar al desprecio por la muerte, pero que se hacía doblemente estúpida en el pasatiempo sin peligro de los naipes, Cottard, decidiéndose a jugar triunfo, tomó un aspecto sombrío, de persona extravagante y, aludiendo a los que arriesgan la vida, jugó un naipe como si fuera su vida, exclamando: “-Después de todo, ¡qué importa!” No era lo que debía jugar, pero tuvo un consuelo. En medio del salón, en un amplio sillón, la señora Cottard, sucumbiendo al efecto irresistible para ella de la sobremesa, se había entregado, tras vanos esfuerzos, al sueño amplio y liviano que se apoderaba de ella. Por más que se irguiese por instantes, para sonreír, ya por burlarse de sí misma, ya por temor a no dejar sin respuesta alguna palabra amable que le dirigieran, volvía a caer, a su pesar, presa del mal implacable y delicioso. Más que el ruido, lo que la despertaba así por un instante era la mirada (que por ternura veía aún con los ojos cerrados y preveía porque la misma escena se producía todas las noches y obsesionaba su sueño como la hora en que uno tendría que levantarse) conque el profesor señalaba el sueño de su esposa a los presentes. Para empezar, se contentaba con mirarla y sonreír, porque si como médico censuraba ese sueño después de la comida (por lo menos daba ese motivo científico para enojarse al final, pero no era seguro que fuera determinante, ya que tenía sobre ello tantos puntos de vista distintos), como marido todopoderoso y travieso le encantaba burlarse de su mujer, no despertarla primero sino a medias, para que volviese a dormir y tener el placer de despertarla de nuevo.
Maintenant Mme Cottard dormait tout à fait. «Hé bien! Léontine, tu pionces, lui cria le professeur. — J′écoute ce que dit Mme Swann, mon ami, répondit faiblement Mme Cottard, qui retomba dans sa léthargie. — C′est insensé, s′écria Cottard, tout à l′heure elle nous affirmera qu′elle n′a pas dormi. C′est comme les patients qui se rendent à une consultation et qui prétendent qu′ils ne dorment jamais. — Ils se le figurent peut-être», dit en riant M. de Cambremer. Mais le docteur aimait autant à contredire qu′à taquiner, et surtout n′admettait pas qu′un profane osât lui parler médecine. «On ne se figure pas qu′on ne dort pas, promulgua-t-il d′un ton dogmatique. — Ah! répondit en s′inclinant respectueusement le marquis, comme eût fait Cottard jadis. — On voit bien, reprit Cottard, que vous n′avez pas comme moi administré jusqu′à deux grammes de trional sans arriver à provoquer la somnescence. — En effet, en effet, répondit le marquis en riant d′un air avantageux, je n′ai jamais pris de trional, ni aucune de ces drogues qui bientôt ne font plus d′effet mais vous détraquent l′estomac. Quand on a chassé toute la nuit comme moi, dans la forêt de Chantepie, je vous assure qu′on n′a pas besoin de trional pour dormir. — Ce sont les ignorants qui disent cela, répondit le professeur. Le trional relève parfois d′une façon remarquable le tonus nerveux. Vous parlez de trional, savez-vous seulement ce que c′est? — Mais . . . j′ai entendu dire que c′était un médicament pour dormir. — Vous ne répondez pas à ma question, reprit doctoralement le professeur qui, trois fois par semaine, à la Faculté, était d′«examen». Je ne vous demande pas si ça fait dormir ou non, mais ce que c′est. Pouvez-vous me dire ce qu′il contient de parties d′amyle et d′éthyle? — Non, répondit M. de Cambremer embarrassé. Je préfère un bon verre de fine ou même de porto 345. — Qui sont dix fois plus toxiques, interrompit le professeur. — Pour le trional, hasarda M. de Cambremer, ma femme est abonnée à tout cela, vous feriez mieux d′en parler avec elle. — Qui doit en savoir à peu près autant que vous. En tout cas, si votre femme prend du trional pour dormir, vous voyez que ma femme n′en a pas besoin. Voyons, Léontine, bouge-toi, tu t′ankyloses, est-ce que je dors après dîner, moi? qu′est-ce que tu feras à soixante ans si tu dors maintenant comme une vieille? Tu vas prendre de l′embonpoint, tu t′arrêtes la circulation . . . Elle ne m′entend même plus. — C′est mauvais pour la santé, ces petits sommes après dîner, n′est-ce pas, docteur? dit M. de Cambremer pour se réhabiliter auprès de Cottard. Après avoir bien mangé il faudrait faire de l′exercice. — Des histoires! répondit le docteur. On a prélevé une même quantité de nourriture dans l′estomac d′un chien qui était resté tranquille, et dans l′estomac d′un chien qui avait couru, et c′est chez le premier que la digestion était la plus avancée. — Alors c′est le sommeil qui coupe la digestion? — Cela dépend s′il s′agit de la digestion oesophagique, stomacale, intestinale; inutile de vous donner des explications que vous ne comprendriez pas, puisque vous n′avez pas fait vos études de médecine. Allons, Léontine, en avant . . . harche, il est temps de partir.» Ce n′était pas vrai, car le docteur allait seulement continuer sa partie de cartes, mais il espérait contrarier ainsi, de façon plus brusque, le sommeil de la muette à laquelle il adressait, sans plus recevoir de réponse, les plus savantes exhortations. Soit qu′une volonté de résistance à dormir persistât chez Mme Cottard, même dans l′état de sommeil, soit que le fauteuil ne prêtât pas d′appui à sa tête, cette dernière fut rejetée mécaniquement de gauche à droite et de bas en haut, dans le vide, comme un objet inerte, et Mme Cottard, balancée quant au chef, avait tantôt l′air d′écouter de la musique, tantôt d′être entrée dans la dernière phase de l′agonie. Là où les admonestations de plus en plus véhémentes de son mari échouaient, le sentiment de sa propre sottise réussit: «Mon bain est bien comme chaleur, murmura-t-elle, mais les plumes du dictionnaire . . . s′écria-t-elle en se redressant. Oh! mon Dieu, que je suis sotte! Qu′est-ce que je dis? je pensais à mon chapeau, j′ai dû dire une bêtise, un peu plus j′allais m′assoupir, c′est ce maudit feu.» Tout le monde se mit à rire car il n′y avait pas de feu. Ahora la señora de Cottard dormía profundamente. “-¡Vamos, Leontina, duermes!”, le gritó el profesor. “amOigo lo que dice la señora de Swann, mi amigo”, repuso débilmente la señora de Cottard, que volvió a caer en su letargo. “-¡Es insensato! -exclamó Cottard-. Dentro de un rato nos asegurará que no se ha dormido. Es como los enfermos que van a una consulta y pretenden que nunca duermen.” “-Se lo figuran, quizás”, dijo riendo el señor de Cambremer. Pero al doctor le gustaba tanto contradecir como molestar y sobre todo no admitía que un profano se atreviese a hablarle de medicina. “-No se figura uno que no duerme”, promulgó en tono dogmático. “-¡Ah!”, contestó el marqués inclinándose respetuosamente, como lo hubiese hecho Cottard antaño. “-Bien se ve -repuso Cottardque usted no ha administrado como yo hasta dos gramos de trional sin llegar a provocar el sueño.” “-En efecto, en efecto -repuso el marqués riendo, con cierta ironía-; nunca he tomado trional, ni ninguna de esas drogas que al tiempo ya no hacen efecto, pero le estropean a uno el estómago. Le aseguro que cuando se ha cazado la noche entera en el bosque de Chantepie no se necesita trional para dormir.” “-Son los ignorantes quienes dicen eso -contestó el profesor-. El trional levanta a veces notablemente el tono nervioso. Usted habla de trional, ¿pero sabe siquiera de qué se trata?” “-Pero... he oído decir que se trata de un medicamento para dormir.” “-No contesta usted mi pregunta, repuso doctoramente el profesor, que estaba de exámenes tres veces por semana en la Facultad-. No le pregunto si hace dormir o no, sino lo que es. ¿Puede decirme cuántas partes de amilo o de etilo contiene?” “-No -repuso, turbado, el señor de Cambremer-. Prefiero un buen vaso de coñac o aun de oporto 345.” “-Que son diez veces más tóxicos”, interrumpió el profesor. “-En cuanto al trional rse atrevió el señor de Cambremer-, mi mujer está abonada a todo eso. Lo mejor sería que hablase usted con ella.” “-Que debe saber más o menos lo mismo que usted. En todo caso, si su mujer toma trional para dormir, ya ve usted que la mía no lo necesita. ¡Vamos, Leontina, muévete, que te anquilosas! ¿Acaso duermo yo después de cenar? ¿Que harás a los sesenta años si duermes ahora como una vieja? Vas a engordar, paralizas tu circulación. Ya ni me oye.” “-Son malos para la salud esos sueñitos después de la comida, ¿verdad, doctor? -dijo el señor de Cambremer para rehabilitarse ante Cottard-. Después de haber comido bien habría que hacer ejercicio.” “-¡Historias! -repuso el profesor-. Se ha estudiado la misma cantidad de alimento en el estómago de un perro quieto y en el estómago de un perro que había corrido, y en el primero la digestión estaba más adelantada.” “-Entonces no es el sueño el que corta la digestión.” “-Eso depende, según se trate de la digestión esofágica, estomacal o intestinal; es inútil darle explicaciones que no comprendería, ya que no ha hecho estudios médicos. Vamos Leontina, en marcha; es tiempo de irse.” No era cierto, porque el doctor sólo iba a continuar su partida de naipes, pero esperaba contrariar así más bruscamente el sueño de la muda a la que dirigía las más sabias exhortaciones sin recibir respuesta. Sea que persistiese en la señora de Cottard una voluntad de resistencia al sueño, aun en estado somnífero; sea que el sillón no prestase apoyo a su cabeza, esta última fué proyectada mecánicamente de izquierda a derecha y de arriba abajo, en el vacío, como un objeto inerte y la señora de Cottard, cuya cabeza se balanceaba, parecía tan pronto oír música, tan pronto haber entrado en la última fase de la agonía. Ahí donde fracasaban las amonestaciones cada vez más vehementes de su marido, tuvo éxito el sentimiento de su propia tontería: “-Mi baño está bien en cuanto a temperatura mmurmuró-, pero las plumas del diccionario... -eexclamó irguiéndose-. ¡Oh, Dios mío, qué tonta soy! ¿Qué digo? Estaba pensando en mi sombrero; he debido decir una tontería; por poco me duermo; es ese maldito fuego.” Y todos se pusieron a reír porque no había fuego alguno.
«Vous vous moquez de moi, dit en riant elle-même Mme Cottard, qui effaça de la main sur son front, avec une légèreté de magnétiseur et une adresse de femme qui se recoiffe, les dernières traces du sommeil, je veux présenter mes humbles excuses à la chère Madame Verdurin et savoir d′elle la vérité.» Mais son sourire devint vite triste, car le professeur, qui savait que sa femme cherchait à lui plaire et tremblait de n′y pas réussir, venait de lui crier: «Regarde-toi dans la glace, tu es rouge comme si tu avais une éruption d′acné, tu as l′air d′une vieille paysanne. — Vous savez, il est charmant, dit Mme Verdurin, il a un joli côté de bonhomie narquoise. Et puis il a ramené mon mari des portes du tombeau quand toute la Faculté l′avait condamné. Il a passé trois nuits près de lui, sans se coucher. Aussi Cottard pour moi, vous savez, ajouta-t-elle d′un ton grave et presque menaçant, en levant la main vers les deux sphères aux mèches blanches de ses tempes musicales et comme si nous avions voulu toucher au docteur, c′est sacré! Il pourrait demander tout ce qu′il voudrait. Du reste, je ne l′appelle pas le Docteur Cottard, je l′appelle le Docteur Dieu! Et encore en disant cela je le calomnie, car ce Dieu répare dans la mesure du possible une partie des malheurs dont l′autre est responsable. — Jouez atout, dit à Morel M. de Charlus d′un air heureux. — Atout, pour voir, dit le violoniste. — Il fallait annoncer d′abord votre roi, dit M. de Charlus, vous êtes distrait, mais comme vous jouez bien! — J′ai le roi, dit Morel. — C′est un bel homme, répondit le professeur. — Qu′est-ce que c′est que cette affaire-là avec ces piquets? demanda Mme Verdurin en montrant à M. de Cambremer un superbe écusson sculpté au-dessus de la cheminée. Ce sont vos armes? ajouta-t-elle avec un dédain ironique. — Non, ce ne sont pas les nôtres, répondit M. de Cambremer. Nous portons d′or à trois fasces bretèchées et contre-bretèchées de gueules à cinq pièces chacune chargée d′un trèfle d′or. Non, celles-là ce sont celles des d′Arrachepel, qui n′étaient pas de notre estoc, mais de qui nous avons hérité la maison, et jamais ceux de notre lignage n′ont rien voulu y changer. Les Arrachepel (jadis Pelvilain, dit-on) portaient d′or à cinq pieux épointés de gueules. Quand ils s′allièrent aux Féterne, leur écu changea mais resta cantonné de vingt croisettes recroisettées au pieu péri fiché d′or avec à droite un vol d′hermine. — Attrape, dit tout bas Mme de Cambremer. — Mon arrière-grand′mère était une d′Arrachepel ou de Rachepel, comme vous voudrez, car on trouve les deux noms dans les vieilles chartes, continua M. de Cambremer, qui rougit vivement, car il eut, seulement alors, l′idée dont sa femme lui avait fait honneur et il craignit que Mme Verdurin ne se fût appliqué des paroles qui ne la visaient nullement. L′histoire veut qu′au onzième siècle, le premier Arrachepel, Macé, dit Pelvilain, ait montré une habileté particulière dans les sièges pour arracher les pieux. D′où le surnom d′Arrachepel sous lequel il fut anobli, et les pieux que vous voyez à travers les siècles persister dans leurs armes. Il s′agit des pieux que, pour rendre plus inabordables les fortifications, on plantait, on fichait, passez-moi l′expression, en terre devant elles, et qu′on reliait entre eux. Ce sont eux que vous appeliez très bien des piquets et qui n′avaient rien des bâtons flottants du bon La Fontaine. Car ils passaient pour rendre une place inexpugnable. Évidemment, cela fait sourire avec l′artillerie moderne. Mais il faut se rappeler qu′il s′agit du onzième siècle. — Cela manque d′actualité, dit Mme Verdurin, mais le petit campanile a du caractère. — Vous avez, dit Cottard, une veine de . . . turlututu, mot qu′il répétait volontiers pour esquiver celui de Molière. Savez-vous pourquoi le roi de carreau est réformé? — Je voudrais bien être à sa place, dit Morel que son service militaire ennuyait. — Ah! le mauvais patriote, s′écria M. de Charlus, qui ne put se retenir de pincer l′oreille au violoniste. — Non, vous ne savez pas pourquoi le roi de carreau est réformé? reprit Cottard, qui tenait à ses plaisanteries, c′est parce qu′il n′a qu′un oeil. — Vous avez affaire à forte partie, docteur, dit M. de Cambremer pour montrer à Cottard qu′il savait qui il était. — Ce jeune homme est étonnant, interrompit naîµ¥ment M. de Charlus, en montrant Morel. “-Se burlan ustedes de mí -dijo, riendo, la señora de Cottard, que disipó con la mano sobre su frente, con ligereza de hipnotizador y destreza de mujer que vuelve a peinarse, los últimos rastros de sueño-; quiero presentar mis humildes excusas a la querida señora de Verdurin y conocer la verdad por su boca. Pero su sonrisa se entristeció porque el Profesor, que sabía que su mujer trataba de complacerlo y temía no lograrlo acababa de gritarle: “-Mírate al espejo; estás roja como si tuvieses una erupción de acné; pareces una campesina vieja” “-¿Saben ustedes? Es encantador -dijo la señora de Verdurin-, tiene una agradable faceta de bonhomía irónica. Además, lo arrancó a mi marido de la misma tumba cuando toda la Facultad lo había desahuciado. Pasó tres noches en vela a su lado. Por eso, Cottard, para mí, ¿saben ustedes? -agregó con un timbre grave y casi amenazador, levantando la mano hacia las dos esferas con mechas blancas de sus sienes musicales y como si pretendiéramos tocar al doctor-, es sagrado. Podría pedir lo que se le ocurriese. Por otra parte, no lo llamo doctor Cottard; lo llamo doctor Dios. Y todavía al decir eso lo calumnio, porque ese Dios repara en la medida de lo posible una parte de las desgracias de las que el otro es responsable.” “-Juegue triunfo”, dijo, con aire feliz, el señor de Charlus a Morel. “-Triunfo, para ver”, repuso el violinista. “-Antes debía anunciar su rey -objetó el señor de Charlusr, usted es distraído; pero, ¡qué bien juega! “- Tengo el rey”, anunció Morel. “-Es un hombre hermoso”, contestó el profesor. “¿Qué sucede con esas estacas? -preguntó la señora de Verdurin señalando al señor de Cambremer un soberbio escudo esculpido encima de la estufa-. ¿Son sus blasones?”, agregó con irónico desdén. “-No, no son los nuestros contestó el señor de Cambremer-. Llevamos oro en tres fajas, almenadas ycontralmenadas de gules, cada una de cinco piezas yrecargadas con un trébol de oro. No, esas son las de Arrachepel, que no pertenecían á nuestro linaje, pero de quienes heredamos la casa y nunca los de nuestra estirpe quisieron cambiarles nada. Los Arrachepel (antaño Pelvilain, según decires) llevaban oro con cinco estacas despuntadas de gules. Cuando se aliaron a los Féterne, su escudo cambió, pero permaneció acantonado por veinte crucecitas con el estoque perdido clavado de oro y a su derecha un vuelo de armiño” “-¡Toma!”, dijo en voz baja la señora de Cambremer. “-Mi tatarabuela era una d′Arrachepel o de Rachepel, como quieran ustedes, porque se encuentran los dos nombres en las viejas cartas -continuó el señor de Cambremer, que se ruborizó con vivacidad porque sólo entonces se le ocurrió la idea con que lo honrara su mujer y temió que la señora de Verdurin no fuera a aplicarse palabras que no le concernían en absoluto-. Según la historia, en el siglo onceno, el primer Arrachepel, Macé, llamado Pelvilain, demostró en los sitios una particular destreza para arrancar estacas. De donde el sobrenombre de Arrachepel con que fue ennoblecido y las estacas que a través de los siglos ven persistir ustedes en sus escudos. Se trata de esas estacas que para hacer inaccesibles las fortificaciones enterraban yclavaban en el suelo en torno de ellas yque se unían entre sí. Son lo que ustedes llamaban muy bien piquetes y que nada tenían de los palos sueltos del, bueno de La Fontaine. Porque, según parecía; hacían inexpugnable la plaza. Evidentemente, provocan la sonrisa ante la artillería moderna. Pero hay que recordar que se trata del siglo onceno.” “-Carece de actualidad -dijo la señora de Verdurin-, pero el pequeño campanario tiene carácter” “-Usted tiene una suerte de... turlututu -palabra que repetía con frecuencia para esquivar la de Molière-. ¿Sabe usted por qué han exceptuado del servicio al rey de carreau?” “-QQuisiera estar en su lugar”, dijo Morel, a quien fastidiaba su servicio militar. “-¡Ah, mal patriota!”, exclamó el señor de Charlus, que no pudo contenerse y le pellizcó una oreja al violinista. “-No, no saben ustedes por qué han exceptuado al rey de carreau -volvió Cottard, que insistía con sus bromasa. Es porque tiene un solo ojo”. “-Usted tiene que enfrentar a alguien fuerte, doctor”, dijo el señor de Cambremer para demostrarle a Cottard que sabía quién era. “- Ese joven es asombroso -interrumpió cándidamente el señor de Charlus, señalando a Morell-.
Il joue comme un dieu.» Cette réflexion ne plut pas beaucoup au docteur qui répondit: «Qui vivra verra. A roublard, roublard et demi. — La dame, l′as,» annonça triomphalement Morel, que le sort favorisait. Le docteur courba la tête comme ne pouvant nier cette fortune et avoua, fasciné: «C′est beau. — Nous avons été très contents de dîner avec M. de Charlus, dit Mme de Cambremer à Mme Verdurin. — Vous ne le connaissiez pas? Il est assez agréable, il est particulier, il est d′une époque» (elle eût été bien embarrassée de dire laquelle), répondit Mme Verdurin avec le sourire satisfait d′une dilettante, d′un juge et d′une maîtresse de maison. Mme de Cambremer me demanda si je viendrais à Féterne avec Saint–Loup. Je ne pus retenir un cri d′admiration en voyant la lune suspendue comme un lampion orangé à la voûte des chênes qui partait du château. «Ce n′est encore rien; tout à l′heure, quand la lune sera plus haute et que la vallée sera éclairée, ce sera mille fois plus beau. Voilà ce que vous n′avez pas à Féterne! dit-elle d′un ton dédaigneux à Mme de Cambremer, laquelle ne savait que répondre, ne voulant pas déprécier sa propriété, surtout devant les locataires. — Vous restez encore quelque temps dans la région, Madame, demanda M. de Cambremer à Mme Cottard, ce qui pouvait passer pour une vague intention de l′inviter et ce qui dispensait actuellement de rendez-vous plus précis. — Oh! certainement, Monsieur, je tiens beaucoup pour les enfants à cet exode annuel. On a beau dire, il leur faut le grand air. La Faculté voulait m′envoyer à Vichy; mais c′est trop étouffé, et je m′occuperai de mon estomac quand ces grands garçons-là auront encore un peu poussé. Et puis le Professeur, avec les examens qu′il fait passer, a toujours un fort coup de collier à donner, et les chaleurs le fatiguent beaucoup. Je trouve qu′on a besoin d′une franche détente quand on a été comme lui toute l′année sur la brèche. De toutes façons nous resterons encore un bon mois. — Ah! alors nous sommes gens de revue. — D′ailleurs, je suis d′autant plus obligée de rester que mon mari doit aller faire un tour en Savoie, et ce n′est que dans une quinzaine qu′il sera ici en poste fixe. — J′aime encore mieux le côté de la vallée que celui de la mer, reprit Mme Verdurin. — Vous allez avoir un temps splendide pour revenir. — Il faudrait même voir si les voitures sont attelées, dans le cas où vous tiendriez absolument à rentrer ce soir à Balbec, me dit M. Verdurin, car moi je n′en vois pas la nécessité. On vous ferait ramener demain matin en voiture. Il fera sûrement beau. Les routes sont admirables.» Je dis que c′était impossible. «Mais en tout cas il n′est pas l′heure, objecta la Patronne. Laisse-les tranquilles, ils ont bien le temps. Ça les avancera bien d′arriver une heure d′avance à la gare. Ils sont mieux ici. Et vous, mon petit Mozart, dit-elle à Morel, n′osant pas s′adresser directement à M. de Charlus, vous ne voulez pas rester? Nous avons de belles chambres sur la mer. — Mais il ne peut pas, répondit M. de Charlus pour le joueur attentif, qui n′avait pas entendu. Il n′a que la permission de minuit. Il faut qu′il rentre se coucher, comme un enfant bien obéissant, bien sage», ajouta-t-il d′une voix complaisante, maniérée, insistante, comme s′il trouvait quelque sadique volupté à employer cette chaste comparaison et aussi à appuyer au passage sa voix sur ce qui concernait Morel, à le toucher, à défaut de la main, avec des paroles qui semblaient le palper. Juega como un dios. Esta reflexión no le gustó mucho al doctor, que contestó: “ El que ríe último ríe mejor. ¡Ah, pícaro, pícaro y medio!” “-Dama y as”, anunció triunfalmente Morel, a quien favorecía la suerte. El doctor agachó la cabeza como si no pudiera negar esa fortuna, y confesó, fascinado: “-Es hermoso.” “-Nos ha complacido mucho comer con el señor de Charlus”, dijo la señora de Cambremer a la señora de Verdurin. “-¿No lo conocían ustedes? Es bastante agradable, es característico, de una época (la hubiese turbado mucho decir de cuál)”, contestó la señora de Verdurin con la sonrisa satisfecha de una dilettante, de un juez y de un ama de casa. La señora de Cambremer me preguntó si yo iría a Féterne con Saint-Loup. No pude contener un grito admirativo al ver la luna colgada como un farolillo anaranjado en la bóveda de encinas que arrancaba del castillo. “-Todavía no es nada; dentro de un rato, cuando esté más alta y se ilumine el valle, será mucho más hermoso. Eso es lo que no tienen ustedes en Féterne”, dijo con tono desdeñoso a la señora de Cambremer, quien no supo qué contestar al no querer despreciar su propiedad, sobre todo delante de los locatarios. “-¿Se quedan ustedes un tiempo más, señora?”, le preguntó el señor de Cambremer a la señora de Cottard, lo que podía pasar como una vaga intención de invitarla y evitaba por el momento una cita más precisa. “-¡Oh, ciertamente, señor! Me interesa mucho ese éxodo anual, por los niños. Por más que se diga, necesitan el aire libre. La Facultad quería mandarme a Vichy; pero es demasiado asfixiante y me ocuparé de mi estómago cuando esos muchachotes hayan crecido un poco. Además, el profesor tiene que hacer un gran esfuerzo con los exámenes, y los calores lo cansan excesivamente. Entiendo que se necesita un completo descanso cuando se ha estado en la brecha todo el año, como él. De todos modos nos quedaremos todavía un mes largo. - ¡Ah! entonces volveremos a vernos. Por otra parte, me veo tanto más obligada a quedarme cuanto que mi marido debe dar una vuelta por la Saboya y no estará aquí en forma estable sino dentro de quince días. -Me gusta aún más el lado del valle que el del mar, repuso la señora de Verdurin. -Van a tener ustedes un tiempo espléndido para el regreso-. Habría que ver si están atados los coches, en caso que deseen en toda forma volver esta misma noche a Balbec, me dijo el señor de Verdurin, porque yo no creo que sea necesario. Mañana los llevarían en coche. Con toda seguridad será un día hermoso. Los caminos son espléndidos”. Dije que era imposible. “Pero de cualquier modo, no es hora, objetó la Patrona. Déjalos en paz, tienen tiempo. ¿Para qué quieren llegar a la estación una hora antes? Están mejor aquí. Y usted, mi pequeño Mozart, le dijo a Morel, no atreviéndose a dirigirse directamente al señor de Charlus, ¿no quiere quedarse? Tenemos unos lindos cuartos que dan al mar. -Pero no puede, contestó el señor de Charlus, en lugar del jugador atento que ni siquiera había oído. Sólo tiene licencia hasta medianoche. Debe volver a acostarse como un niñito obediente, y juicioso, añadió con una voz complaciente, amanerada e insistente, como si hallara alguna voluptuosidad sádica en emplear esta casta comparación y también en marcar al paso su voz sobre lo que concernía a Morel y tocarlo, a falta de la mano, con unas palabras que parecían palparlo.
Du sermon que m′avait adressé Brichot, M. de Cambremer avait conclu que j′étais dreyfusard. Comme il était aussi antidreyfusard que possible, par courtoisie pour un ennemi il se mit à me faire l′éloge d′un colonel juif, qui avait toujours été très juste pour un cousin des Chevrigny et lui avait fait donner l′avancement qu′il méritait. «Et mon cousin était dans des idées absolument opposées», dit M. de Cambremer, glissant sur ce qu′étaient ces idées, mais que je sentis aussi anciennes et mal formées que son visage, des idées que quelques familles de certaines petites villes devaient avoir depuis bien longtemps. «Eh bien! vous savez, je trouve ça très beau!» conclut M. de Cambremer. Il est vrai qu′il n′employait guère le mot «beau» dans le sens esthétique où il eût désigné, pour sa mère ou sa femme, des oeuvres différentes, mais des oeuvres d′art. M. de Cambremer se servait plutôt de ce qualificatif en félicitant, par exemple, une personne délicate qui avait un peu engraissé. «Comment, vous avez repris trois kilos en deux mois? Savez-vous que c′est très beau!» Des rafraîchissements étaient servis sur une table. Mme Verdurin invita les messieurs à aller eux-mêmes choisir la boisson qui leur convenait. M. de Charlus alla boire son verre et vite revint s′asseoir près de la table de jeu et ne bougea plus. Mme Verdurin lui demanda: «Avez-vous pris de mon orangeade?» Alors M. de Charlus, avec un sourire gracieux, sur un ton cristallin qu′il avait rarement et avec mille moues de la bouche et déhanchements de la taille, répondit: «Non, j′ai préféré la voisine, c′est de la fraisette, je crois, c′est délicieux.» Il est singulier qu′un certain ordre d′actes secrets ait pour conséquence extérieure une manière de parler ou de gesticuler qui les révèle. Si un monsieur croit ou non à l′Immaculée Conception, ou à l′innocence de Dreyfus, ou à la pluralité des mondes, et veuille s′en taire, on ne trouvera, dans sa voix ni dans sa démarche, rien qui laisse apercevoir sa pensée. Mais en entendant M. de Charlus dire, de cette voix aiguë et avec ce sourire et ces gestes de bras: «Non, j′ai préféré sa voisine, la fraisette», on pouvait dire: «Tiens, il aime le sexe fort», avec la même certitude, pour un juge, que celle qui permet de condamner un criminel qui n′a pas avoué; pour un médecin, un paralytique général qui ne sait peut-être pas lui-même son mal, mais qui a fait telle faute de prononciation d′où on peut déduire qu′il sera mort dans trois ans. Peut-être les gens qui concluent de la manière de dire: «Non, j′ai préféré sa voisine, la fraisette» à un amour dit antiphysique, n′ont-ils pas besoin de tant de science. Mais c′est qu′ici il y a rapport plus direct entre le signe révélateur et le secret. Sans se le dire précisément, on sent que c′est une douce et souriante dame qui vous répond, et qui paraît maniérée parce qu′elle se donne pour un homme et qu′on n′est pas habitué à voir les hommes faire tant de manières. Et il est peut-être plus gracieux de penser que depuis longtemps un certain nombre de femmes angéliques ont été comprises par erreur dans le sexe masculin où, exilées, tout en battant vainement des ailes vers les hommes à qui elles inspirent une répulsion physique, elles savent arranger un salon, composer des «intérieurs». M. de Charlus ne s′inquiétait pas que Mme Verdurin fût debout et restait installé dans son fauteuil pour être plus près de Morel. «Croyez-vous, dit Mme Verdurin au baron, que ce n′est pas un crime que cet être-là, qui pourrait nous enchanter avec son violon, soit là à une table d′écarté. Quand on joue du violon comme lui! — Il joue bien aux cartes, il fait tout bien, il est si intelligent», dit M. de Charlus, tout en regardant les jeux, afin de conseiller Morel. Ce n′était pas, du reste, sa seule raison de ne pas se soulever de son fauteuil devant Mme Verdurin. Avec le singulier amalgame qu′il avait fait de ses conceptions sociales, à la fois de grand seigneur et d′amateur d′art, au lieu d′être poli de la même manière qu′un homme de son monde l′eût été, il se faisait, d′après Saint–Simon, des espèces de tableaux vivants; et, en ce moment, s′amusait à figurer le maréchal d′Uxelles, lequel l′intéressait par d′autres côtés encore et dont il est dit qu′il était glorieux jusqu′à ne pas se lever de son siège, par un air de paresse, devant ce qu′il y avait de plus distingué à la Cour. «Dites donc, Charlus, dit Mme Verdurin, qui commençait à se familiariser, vous n′auriez pas dans votre faubourg quelque vieux noble ruiné qui pourrait me servir de concierge? — Mais si . . . mais si . . ., répondit M. de Charlus en souriant d′un air bonhomme, mais je ne vous le conseille pas. — Pourquoi? — Je craindrais pour vous que les visiteurs élégants n′allassent pas plus loin que la loge.» Ce fut entre eux la première escarmouche. Mme Verdurin y prit à peine garde. Il devait malheureusement y en avoir d′autres à Paris. M. de Charlus continua à ne pas quitter sa chaise. Il ne pouvait, d′ailleurs, s′empêcher de sourire imperceptiblement en voyant combien confirmait ses maximes favorites sur le prestige de l′aristocratie et la lâcheté des bourgeois la soumission si aisément obtenue de Mme Verdurin. La Patronne n′avait l′air nullement étonnée par la posture du baron, et si elle le quitta, ce fut seulement parce qu′elle avait été inquiète de me voir relancé par M. de Cambremer. Mais avant cela, elle voulait éclaircir la question des relations de M. de Charlus avec la comtesse Molé. «Vous m′avez dit que vous connaissiez Mme de Molé. Est-ce que vous allez chez elle?» demanda-t-elle en donnant aux mots: «aller chez elle» le sens d′être reçu chez elle, d′avoir reçu d′elle l′autorisation d′aller la voir. Por el sermón que me había dirigido Brichot, el señor de Cambremer había llegado a la conclusión de que yo era dreyfusista. Como era tan antidreyfusista como posible, por cortesía hacia un enemigo se puso a elogiarme a un coronel judío que había sido muy justo con un primo de los Chevrigny y le había hecho conseguir el ascenso que se merecía. “Y mi primo tenía ideas completamente opuestas”, dijo el señor de Cambremer, pasando como sobre ascuas respecto a cuáles eran esas ideas, pero que advertí tan antiguas y mal formadas como su rostro, ideas que algunas familias de ciertas pequeñas ciudades debían tener desde hacía tiempo. “Y bueno, ¿sabe usted?, eso me parece muy hermoso”, concluyó el señor de Cambremer. Es verdad que no empleaba para nada la palabra hermoso en el sentido estético con que hubiese designado distintas obras, pero obras de arte para su madre o su mujer. El señor de Cambremer utilizaba más bien ese calificativo al felicitar a una persona delicada que había engordado levemente. “¿Cómo recobró tres kilos en dos meses? ¿Sabe usted que es muy hermoso?” Sobre una mesa había refrescos. La señora de Verdurin invitó a los caballeros a que eligiesen por sí mismos la bebida que más les agradara. El señor de Charlus fue a beber su vaso y volvió prontamente a sentarse junto a la mesa de juego para no moverse ya. La señora de Verdurin le preguntó: “¿Probó mi naranjada?” Entonces el señor de Charlus, con una graciosa sonrisa, mil muecas de su boca y movimientos de sus caderas, contestó: “No, preferí la de al lado; es frutilla, me parece; algo delicioso”. Es extraño que cierto orden de actos secretos tenga como consecuencia exterior una manera de hablar o gesticular que los revela. Si un caballero cree o no cree en la Inmaculada Concepción o en la inocencia de Dreyfus o en la pluralidad de los mundos y quiere callarlo, no habrá nada en su voz ni en su andar, que trasluzca su pensamiento. Pero al oír que el señor de Charlus decía con esa voz aguda yesa sonrisa yesos gestos de los brazos: “No, he preferido, la de al lado; la frutilla” podía decirse: “Vaya, le gusta el sexo feo”, con la misma certeza que le permite a un juez condenar a un criminal que no ha confesado o a un médico un paralítico general que ignora su enfermedad quizás pero que ha cometido un defecto de pronunciación del que puede deducirse que se habrá muerto antes de tres años. Quizás las gentes que por la manera de decir: “No, he preferido la de al lado; la frutilla” deducen un amor llamado antifísico, no necesitan tanta ciencia. Pero es que aquí hay más directa relación entre el signo revelador y el secreto. Sin decírselo precisamente uno advierte que quien nos contesta es una dulce señora sonriente, que parece amanerada porque aparenta ser hombre y uno no está acostumbrado a que los hombres hagan tantos remilgos. Y quizás es más gracioso pensar que desde hace tiempo, cierta cantidad de mujeres angélicas se han visto comprendidas por error en el sexo masculino donde, exiladas, aunque aletearan en vano hacia los hombres a quienes inspiran una repulsión física, saben arreglar un salón y componen “interiores”. Al señor de Charlus no le importaba que la señora de Verdurin permaneciese de pie y se quedaba en su sillón, para estar más cerca de Morel. “¿No le parece un crimen, dijo la señora de Verdurin al barón, que quien podría encantarnos con su violín, esté ahí en una mesa de ecarté? ¡Cuando uno toca el violín como él!”. “Juega bien a los naipes y lo hace todo muy bien; es tan inteligente...”, dijo el señor de Charlus, mientras miraba los juegos, con el objeto de aconsejar a Morel. No era, por otra parte, el único motivo que tenía para no levantarse del sillón ante la señora de Verdurin. Con la mezcla singular que había hecho de sus concepciones sociales, de gran señor y a un tiempo aficionado al arte, en lugar de ser cortés del mismo modo que un hombre de su ambiente, Componía de acuerdo con Saint-Simon, una suerte de cuadros vivos; y en este momento se divertía en fingir el Mariscal de Uxelles, que lo interesaba por más motivos aún y del que se dice que era glorioso hasta el punto de no levantarse del asiento -por una expresión de pereza- ante lo más distinguido que había en la Corte. “Dígame, Charlus, dijo la señora de Verdurin, que empezaba a familiarizarse, ¿no tendría usted en el barrio, algún noble anciano y arruinado que pudiera servirme de portero?- “Pues claro, claro..., contestó el señor de Charlus sonriendo con aspecto bonachón, pero no se lo aconsejo.” “Temería, por usted, que las visitas elegantes no fuesen más allá de la portería.” Esa fue la primera escaramuza entre ellos. La señora de Verdurin apenas reparó en ello. Por desgracia debían ocurrir otras en París. El señor de Charlus continuó sentado. Por otra parte, no podía dejar de sonreír imperceptiblemente al ver hasta qué punto la sumisión tan fácilmente conseguida de la señora de Verdurin confirmaba sus máximas favoritas sobre el prestigio de la aristocracia y la cobardía de los burgueses. La Patrona no parecía asombrada en lo más mínimo por la actitud del barón y si lo dejó fue sólo porque la inquietaba ver que me seguía el señor de Cambremer. Pero ante todo quería aclarar el asunto de las relaciones del señor de Charlus con la condesa Molé. “Me había dicho usted que conocía a la señora de Molé. ¿La frecuenta?”, preguntó dándole a las palabras: “¿La frecuenta?”, el sentido que ella lo recibiera, y haber recibido la autorización de visitarla.
M. de Charlus répondit, avec une inflexion de dédain, une affectation de précision et un ton de psalmodie: «Mais quelquefois.» Ce «quelquefois» donna des doutes à Mme Verdurin, qui demanda: «Est-ce que vous y avez rencontré le duc de Guermantes? — Ah! je ne me rappelle pas. — Ah! dit Mme Verdurin, vous ne connaissez pas le duc de Guermantes? — Mais comment est-ce que je ne le connaîtrais pas», répondit M. de Charlus, dont un sourire fit onduler la bouche. Ce sourire était ironique; mais comme le baron craignait de laisser voir une dent en or, il le brisa sous un reflux de ses lèvres, de sorte que la sinuosité qui en résulta fut celle d′un sourire de bienveillance: «Pourquoi dites-vous: Comment est-ce que je ne le connaîtrais pas? — Mais puisque c′est mon frère», dit négligemment M. de Charlus en laissant Mme Verdurin plongée dans la stupéfaction et l′incertitude de savoir si son invité se moquait d′elle, était un enfant naturel, ou le fils d′un autre lit. L′idée que le frère du duc de Guermantes s′appelât le baron de Charlus ne lui vint pas à l′esprit. Elle se dirigea vers moi: «J′ai entendu tout à l′heure que M. de Cambremer vous invitait à dîner. Moi, vous comprenez, cela m′est égal. Mais, dans votre intérêt, j′espère bien que vous n′irez pas. D′abord c′est infesté d′ennuyeux. Ah! si vous aimez à dîner avec des comtes et des marquis de province que personne ne connaît, vous serez servi à souhait. — Je crois que je serai obligé d′y aller une fois ou deux. Je ne suis, du reste, pas très libre car j′ai une jeune cousine que je ne peux pas laisser seule (je trouvais que cette prétendue parenté simplifiait les choses pour sortir avec Albertine). Mais pour les Cambremer, comme je la leur ai déjà présentée . . . — Vous ferez ce que vous voudrez. Ce que je peux vous dire: c′est excessivement malsain; quand vous aurez pincé une fluxion de poitrine, ou les bons petits rhumatismes des familles, vous serez bien avancé? — Mais est-ce que l′endroit n′est pas très joli? — Mmmmouiii . . . Si on veut. Moi j′avoue franchement que j′aime cent fois mieux la vue d′ici sur cette vallée. D′abord, on nous aurait payés que je n′aurais pas pris l′autre maison, parce que l′air de la mer est fatal à M. Verdurin. Pour peu que votre cousine soit nerveuse . . . Mais, du reste, vous êtes nerveux, je crois . . . vous avez des étouffements. Hé bien! vous verrez. Allez-y une fois, vous ne dormirez pas de huit jours, mais ce n′est pas notre affaire.» Et sans penser à ce que sa nouvelle phrase allait avoir de contradictoire avec les précédentes: «Si cela vous amuse de voir la maison, qui n′est pas mal, jolie est trop dire, mais enfin amusante, avec le vieux fossé, le vieux pont-levis, comme il faudra que je m′exécute et que j′y dîne une fois, hé bien! venez-y ce jour-là, je tâcherai d′amener tout mon petit cercle, alors ce sera gentil. Après-demain nous irons à Harambouville en voiture. La route est magnifique, il y a du cidre délicieux. Venez donc. Vous, Brichot, vous viendrez aussi. Et vous aussi, Ski. Ça fera une partie que, du reste, mon mari a dû arranger d′avance. Je ne sais trop qui il a invité. Monsieur de Charlus, est-ce que vous en êtes?» Le baron, qui n′entendit pas cette phrase et ne savait pas qu′on parlait d′une excursion à Harambouville, sursauta: «Étrange question», murmura-t-il d′un ton narquois par lequel Mme Verdurin se sentit piquée. «D′ailleurs, me dit-elle, en attendant le dîner Cambremer, pourquoi ne l′amèneriez-vous pas ici, votre cousine? Aime-t-elle la conversation, les gens intelligents? Est-elle agréable? Oui, eh bien alors, très bien. Venez avec elle. Il n′y a pas que les Cambremer au monde. Je comprends qu′ils soient heureux de l′inviter, ils ne peuvent arriver à avoir personne. Ici elle aura un bon air, toujours des hommes intelligents. En tout cas je compte que vous ne me lâchez pas pour mercredi prochain. J′ai entendu que vous aviez un goûter à Rivebelle avec votre cousine, M. de Charlus, je ne sais plus encore qui. Vous devriez arranger de transporter tout ça ici, ça serait gentil, un petit arrivage en masse. Les communications sont on ne peut plus faciles, les chemins sont ravissants; au besoin je vous ferai chercher. Je ne sais pas, du reste, ce qui peut vous attirer à Rivebelle, c′est infesté de moustiques. Vous croyez peut-être à la réputation de la galette. Mon cuisinier les fait autrement bien. Je vous en ferai manger, moi, de la galette normande, de la vraie, et des sablés, je ne vous dis que ça. Ah! si vous tenez à la cochonnerie qu′on sert à Rivebelle, ça je ne veux pas, je n′assassine pas mes invités, Monsieur, et, même si je voulais, mon cuisinier ne voudrait pas faire cette chose innommable et changerait de maison. Ces galettes de là-bas, on ne sait pas avec quoi c′est fait. Je connais une pauvre fille à qui cela a donné une péritonite qui l′a enlevée en trois jours. Elle n′avait que 17 ans. C′est triste pour sa pauvre mère, ajouta Mme Verdurin, d′un air mélancolique sous les sphères de ses tempes chargées d′expérience et de douleur. Mais enfin, allez goûter à Rivebelle si cela vous amuse d′être écorché et de jeter l′argent par les fenêtres. Seulement, je vous en prie, c′est une mission de confiance que je vous donne: sur le coup de six heures, amenez-moi tout votre monde ici, n′allez pas laisser les gens rentrer chacun chez soi, à la débandade. Vous pouvez amener qui vous voulez. Je ne dirais pas cela à tout le monde. Mais je suis sûre que vos amis sont gentils, je vois tout de suite que nous nous comprenons. En dehors du petit noyau, il vient justement des gens très agréables mercredi. Vous ne connaissez pas la petite Madame de Longpont? Elle est ravissante et pleine d′esprit, pas snob du tout, vous verrez qu′elle vous plaira beaucoup. Et elle aussi doit amener toute une bande d′amis, ajouta Mme Verdurin, pour me montrer que c′était bon genre et m′encourager par l′exemple. On verra qu′est-ce qui aura le plus d′influence et qui amènera le plus de monde, de Barbe de Longpont ou de vous. Et puis je crois qu′on doit aussi amener Bergotte, ajouta-t-elle d′un air vague, ce concours d′une célébrité étant rendu trop improbable par une note parue le matin dans les journaux et qui annonçait que la santé du grand écrivain inspirait les plus vives inquiétudes. Enfin vous verrez que ce sera un de mes mercredis les plus réussis, je ne veux pas avoir de femmes embêtantes. Du reste, ne jugez pas par celui de ce soir, il était tout à fait raté. Ne protestez pas, vous n′avez pas pu vous ennuyer plus que moi, moi-même je trouvais que c′était assommant. Ce ne sera pas toujours comme ce soir, vous savez! Du reste, je ne parle pas des Cambremer, qui sont impossibles, mais j′ai connu des gens du monde qui passaient pour être agréables, hé bien! à côté de mon petit noyau cela n′existait pas. Je vous ai entendu dire que vous trouviez Swann intelligent. D′abord, mon avis est que c′était très exagéré, mais sans même parler du caractère de l′homme, que j′ai toujours trouvé foncièrement antipathique, sournois, en dessous, je l′ai eu souvent à dîner le mercredi. Hé bien, vous pouvez demander aux autres, même à côté de Brichot, qui est loin d′être un aigle, qui est un bon professeur de seconde que j′ai fait entrer à l′Institut tout de même, Swann n′était plus rien. Il était d′un terne!» Et comme j′émettais un avis contraire: «C′est ainsi. Je ne veux rien vous dire contre lui, puisque c′était votre ami; du reste, il vous aimait beaucoup, il m′a parlé de vous d′une façon délicieuse, mais demandez à ceux-ci s′il a jamais dit quelque chose d′intéressant, à nos dîners. C′est tout de même la pierre de touche. Hé bien! je ne sais pas pourquoi, mais Swann, chez moi, ça ne donnait pas, ça ne rendait rien. Et encore le peu qu′il valait il l′a pris ici.» J′assurai qu′il était très intelligent. «Non, vous croyiez seulement cela parce que vous le connaissiez depuis moins longtemps que moi. Au fond on en avait très vite fait le tour. Moi, il m′assommait. (Traduction: il allait chez les La Trémoe et les Guermantes et savait que je n′y allais pas.) Et je peux tout supporter, excepté l′ennui. Ah! ça, non!» L′horreur de l′ennui était maintenant chez Mme Verdurin la raison qui était chargée d′expliquer la composition du petit milieu. Elle ne recevait pas encore de duchesses parce qu′elle était incapable de s′ennuyer, comme de faire une croisière, à cause du mal de mer. Je me disais que ce que Mme Verdurin disait n′était pas absolument faux, et alors que les Guermantes eussent déclaré Brichot l′homme le plus bête qu′ils eussent jamais rencontré, je restais incertain s′il n′était pas au fond supérieur, sinon à Swann même, au moins aux gens ayant l′esprit des Guermantes et qui eussent eu le bon goût d′éviter ses pédantesques facéties, et la pudeur d′en rougir; je me le demandais comme si la nature de l′intelligence pouvait être en quelque mesure éclaircie par la réponse que je me ferais et avec le sérieux d′un chrétien influencé par Port–Royal qui se pose le problème de la Grâce. «Vous verrez, continua Mme Verdurin, quand on a des gens du monde avec des gens vraiment intelligents, des gens de notre milieu, c′est là qu′il faut les voir, l′homme du monde le plus spirituel dans le royaume des aveugles n′est plus qu′un borgne ici. Et puis les autres, qui ne se sentent plus en confiance. C′est au point que je me demande si, au lieu d′essayer des fusions qui gâtent tout, je n′aurai pas des séries rien que pour les ennuyeux, de façon à bien jouir de mon petit noyau. Concluons: vous viendrez avec votre cousine. C′est convenu. Bien. Au moins, ici, vous aurez tous les deux à manger. A Féterne c′est la faim et la soif. Ah! par exemple, si vous aimez les rats, allez-y tout de suite, vous serez servi à souhait. Et on vous gardera tant que vous voudrez. Par exemple, vous mourrez de faim. Du reste, quand j′irai, je dînerai avant de partir. Et pour que ce soit plus gai, vous devriez venir me chercher. Nous goûterions ferme et nous souperions en rentrant. Aimez-vous les tartes aux pommes? Oui, eh bien! notre chef les fait comme personne. Vous voyez que j′avais raison de dire que vous étiez fait pour vivre ici. Venez donc y habiter. Vous savez qu′il y a beaucoup plus de place chez moi que ça n′en a l′air. Je ne le dis pas, pour ne pas attirer d′ennuyeux. Vous pourriez amener à demeure votre cousine. Elle aurait un autre air qu′à Balbec. Avec l′air d′ici, je prétends que je guéris les incurables. Ma parole, j′en ai guéri, et pas d′aujourd′hui. Car j′ai habité autrefois tout près d′ici, quelque chose que j′avais déniché, que j′avais eu pour un morceau de pain et qui avait autrement de caractère que leur Raspelière. Je vous montrerai cela si nous nous promenons. Mais je reconnais que, même ici, l′air est vraiment vivifiant. Encore je ne veux pas trop en parler, les Parisiens n′auraient qu′à se mettre à aimer mon petit coin. Ça a toujours été ma chance. Enfin, dites-le à votre cousine. On vous donnera deux jolies chambres sur la vallée, vous verrez ça, le matin, le soleil dans la brume! Et qu′est-ce que c′est que ce Robert de Saint–Loup dont vous parliez? dit-elle d′un air inquiet, parce qu′elle avait entendu que je devais aller le voir à Doncières et qu′elle craignit qu′il me fît lâcher. Vous pourriez plutôt l′amener ici si ce n′est pas un ennuyeux. J′ai entendu parler de lui par Morel; il me semble que c′est un de ses grands amis», dit Mme Verdurin, mentant complètement, car Saint–Loup et Morel ne connaissaient même pas l′existence l′un de l′autre. Mais ayant entendu que Saint–Loup connaissait M. de Charlus, elle pensait que c′était par le violoniste et voulait avoir l′air au courant. «Il ne fait pas de médecine, par hasard, ou de littérature? Vous savez que, si vous avez besoin de recommandations pour des examens, Cottard peut tout, et je fais de lui ce que je veux. Quant à l′Académie, pour plus tard, car je pense qu′il n′a pas l′âge, je dispose de plusieurs voix. Votre ami serait ici en pays de connaissance et ça l′amuserait peut-être de voir la maison. Ce n′est pas folichon, Doncières. Enfin, vous ferez comme vous voudrez, comme cela vous arrangera le mieux», conclut-elle sans insister, pour ne pas avoir l′air de chercher à connaître de la noblesse, et parce que sa prétention était que le régime sous lequel elle faisait vivre les fidèles, la tyrannie, fût appelé liberté. «Voyons, qu′est-ce que tu as», dit-elle, en voyant M. Verdurin qui, en faisant des gestes d′impatience, gagnait la terrasse en planches qui s′étendait, d′un côté du salon, au-dessus de la vallée, comme un homme qui étouffe de rage et a besoin de prendre l′air. «C′est encore Saniette qui t′a agacé? Mais puisque tu sais qu′il est idiot, prends-en ton parti, ne te mets pas dans des états comme cela . . . Je n′aime pas cela, me dit-elle, parce que c′est mauvais pour lui, cela le congestionne. Mais aussi je dois dire qu′il faut parfois une patience d′ange pour supporter Saniette, et surtout se rappeler que c′est une charité de le recueillir. Pour ma part, j′avoue que la splendeur de sa bêtise fait plutôt ma joie. Je pense que vous avez entendu après le dîner son mot: «Je ne sais pas jouer au whist, mais je sais jouer du piano.» Est-ce assez beau! C′est grand comme le monde, et d′ailleurs un mensonge, car il ne sait pas plus l′un que l′autre. Mais mon mari, sous ses apparences rudes, est très sensible, très bon, et cette espèce d′égoî²­e de Saniette, toujours préoccupé de l′effet qu′il va faire, le met hors de lui . . . Voyons, mon petit, calme-toi, tu sais bien que Cottard t′a dit que c′était mauvais pour ton foie. Et c′est sur moi que tout va retomber, dit Mme Verdurin. Demain Saniette va venir avoir sa petite crise de nerfs et de larmes. Pauvre homme! il est très malade. Mais enfin ce n′est pas une raison pour qu′il tue les autres. Et puis, même dans les moments où il souffre trop, où on voudrait le plaindre, sa bêtise arrête net l′attendrissement. Il est par trop stupide. Tu n′as qu′à lui dire très gentiment que ces scènes vous rendent malades tous deux, qu′il ne revienne pas; comme c′est ce qu′il redoute le plus, cela aura un effet calmant sur ses nerfs», souffla Mme Verdurin à son mari. El señor de Charlus contestó con una inflexión desdeñosa, una afectada precisión y un tono de salmodiar: “Pero cómo no, algunas veces.” Ese algunas veces le dio ciertas dudas a la señora de Verdurin, que preguntó: “¿Se encontró ahí con el duque de Guermantes? - ¡Ah, no lo recuerdo!- ¡Ah!, dijo la señora de Verdurin, ¿usted no conoce al duque de Guermantes? -Pero ¡cómo no iba a conocerlo!”, contestó el señor de Charlus con una sonrisa que le hizo ondular la boca. Era sonrisa era irónica; pero como el barón temía que le viesen un diente de oro, la quebró con un repliegue de sus labios, de manera que la sinuosidad que resultó de ello fue una sonrisa benevolente: “¿Por qué dice: ¿Usted no lo conoce? Si es mi hermano” dijo negligentemente el señor de Charlus, que dejó a la señora de Verdurin sumergida en el estupor y la incertidumbre de saber si su invitado se burlaba de ella, era un hijo natural o provenía de otro lecho. No se le había ocurrido que el hermano del duque de Guermantes pudiese llamarse barón de Charlus. Se dirigió a mí: “Oí que hace un rato lo invitaba a cenar el señor de Cambremer. A mí, como usted comprenderá, no me importa. Pero supongo, en interés suyo, que no irá. Ante todo, está lleno de aburridos. ¡Ah, si le gusta cenar con condes y marqueses de provincia que nadie conoce, estará a gusto. Creo que me veré obligado a ir una o dos veces. Por otra parte, no estoy muy libre, porque no puedo dejar sola a una joven prima (me pareció que ese parentesco supuesto simplificaba las cosas para salir con Albertina). Pero en cuanto a los Cambremer, como ya se los he presentado... -Haga usted lo que le parezca. Pero puedo decirle que es sumamente malsano; cuando haya atrapado una pulmonía o esos buenos pequeños reumatismos de familia, ¿habrá adelantado mucho?- ¿Pero acaso el lugar no es hermoso?...- Si se quiere. Yo confieso francamente que prefiero cien veces esta vista a la del valle. Por otra parte, aunque nos hubieran pagado no habitaría la otra casa porque el aire del mar es fatal para el señor Verdurin. Por poco que su prima sea nerviosa... Además, usted es nervioso, creo; sufre de sofocaciones. Y bueno, ya verá. Vaya una vez y, no podrá dormir durante ocho días: pero éste no es asunto nuestro.” Y sin pensar en lo contradictorio de su nueva frase con respecto a las anteriores: “-Si le divierte ver la casa que no está mal, hermosa es decir demasiado, pero en fin, divertida, con el antiguo foso, el viejo puente levadizo, como yo tendré que ir alguna vez a cenar, y bien, vaya ese día, trataré de llevar a toda mi gente; entonces lo pasaremos mejor. Pasado mañana iremos a Harambouville en coche. El camino es magnífico, hay una sidra deliciosa. Venga. Y usted, Brichot. Usted también, Ski. Será una partida que por otra parte ya debe haber concertado de antemano mi marido. No sé a ciencia cierta a quién habrá invitado. Señor de Charlus, ¿usted es de los nuestros?” El barón, que no oyó esa frase y no sabía que se estaba hablando de una excursión a Harambouville, se sobresaltó: “Pregunta curiosa”, murmuró con un tono burlón que afectó a la señora de Verdurin. “Por otra parte, me dijo, mientras esperamos la cena Cambremer, ¿por qué no traería a su prima? ¿Le gusta la conversación y la gente inteligente? ¿Es agradable? Sí y bueno, entonces muy bien. Véngase con ella. No sólo existen los Cambremer en el mundo. Comprendo que les alegre invitarla; no consiguen a nadie. Aquí siempre tendrá aire saludable y hombres inteligentes. En todo caso cuento con que no falte usted el miércoles que viene. He oído que tenía un té en Rivebelle, con su prima, el señor de Charlus y ya no sé quién más. Debería tratar de traerlos a todos aquí; sería linda una pequeña llegada en masa. Las comunicaciones no pueden ser más fáciles y los caminos encantadores; en caso necesario los mandaría a buscar. No sé, por otra parte, qué puede atraerlo en Rivebelle: está infestado de mosquitos. Usted cree quizás en la fama de las tortas. Mi cocinero las hace mucho mejor. Ya le haré comer tortas normandas, las verdaderas y los sabeis; no le digo nada. ¡Ah! si le interesa esa porquería que sirven en Rivebelle, eso sí que no lo quiero; no asesino a mis invitados, señor, y aunque lo quisiera, mi cocinero se negaría a hacer esa cosa sin nombre y nos dejaría. No se sabe con qué están hechas esas tortas. Conozco una pobre muchacha a la que le provocaron una peritonitis que la mató en tres días. Tenía sólo diecisiete años. Es triste para su pobre madre, agregó con melancolía la señora de Verdurin, bajo las esferas de sus sienes cargadas de dolor y experiencia. Pero en fin, vaya a tomar el té a Rivebelle si le divierte que lo desuellen y le gusta tirar dinero a la calle. Sólo que, se lo ruego, es una misión de confianza la que le encomiendo; a eso de las seis, tráigame a toda su gente aquí, no deje que cada cual vuelva a su casa, en un desbande. Puede usted traerme a quien quiera. No se lo diría a cualquiera. Pero estoy convencida de que sus amigos son amables, y veo en seguida que nos entendemos. Fuera del pequeño núcleo, el miércoles habrá precisamente gente muy agradable. Usted no conoce a la pequeña señora de Longpont. Es encantadora yllena de ingenio; nada snob; ya verá que le gustará muchísimo. Ella también tiene que traer a toda una banda de amigos, agregó la señora de Verdurin para señalarme que eso se usaba y animarme con el ejemplo. Ya veremos quién tiene más influencia y me trae más gente; si usted o Barbe de Longpont. Y también creo que tienen que traerlo a Bergotte, agregó con un aire vago, ya que la concurrencia de esa celebridad se había hecho casi imposible debido a una nota aparecida en los diarios de la mañana que anunciaba que la salud del gran escritor inspiraba las mayores inquietudes. En fin, ya verá que ese será uno de mis miércoles más acertados; no quiero que haya mujeres aburridas. Por otra parte, no juzgue por el de esta noche, es un fracaso completo. No proteste, no puede haberse aburrido más que yo; a mí me parecía insoportable. No siempre será como esta noche, ¿sabe usted? Por otra parte, no hablo de los Cambremer, que son imposibles; pero he conocido gente de la sociedad que tenían fama de ser muy agradables y bueno, no eran nada en comparación con mi pequeño núcleo. Le oí decir que Swann le parecía inteligente. Ante todo, mi opinión es que era muy exagerado, pero sin hablar siquiera del carácter del hombre que me pareció siempre fundamentalmente antipático, socarrón y solapado; vino a cenar a menudo los miércoles. Y bueno, puede usted preguntárselo a los demás, aun al lado de Brichot, que está lejos de ser un águila, que sólo es un buen profesor de segunda que yo misma hice ingresar al Instituto, sin embargo, Swann ya no era nada. Muy opaco.” Y como yo emitía una opinión contraria: “Así es. No quiero decirle nada en su contra, ya que era amigo suyo; por otra parte, lo quería mucho, me habló de usted de una manera deliciosa, pero pregúnteles a éstos si alguna vez dijo algo interesante durante nuestras comidas. Sin embargo, es la piedra de toque. Y bueno, no sé por qué, pero Swann en casa no daba, no rendía nada. Y más aún, lo poco que valía lo adquirió aquí.” Aseguré que era muy inteligente. “No, usted creía eso sólo porque lo conoció menos tiempo que yo. En el fondo uno lo agota muy pronto. A mi me aburría soberanamente. (Traducción: visitaba a los La Trémoille ylos Guermantes ysabía que yo no lo hacía). Y yo soporto cualquier cosa, menos el aburrimiento. ¡Ah, eso no!” El horror al aburrimiento era ahora para la señora de Verdurin el motivo que debía explicar la composición del pequeño ambiente. No recibía todavía a duquesas, porque se sentía incapaz de aburrirse como de efectuar un crucero debido al mareo. Yo me decía que lo que aseguraba la señora de Verdurin no era totalmente falso y mientras que los Guermantes hubiesen declarado que Brichot era el hombre más tonto que conocían no estaba seguro si en el fondo no era superior ya que no a Swann, por lo menos a gente con el espíritu de Guermantes, que tuviesen el buen gusto de evitar yel pudor de ruborizarse por sus humoradas pedantes yme lo preguntaba yo, como si la naturaleza de la inteligencia pudiese verse iluminada en alguna medida por su respuesta y con la seriedad de un cristiano influido por Port-Royal que se plantea el problema de la Gracia. `Ya lo verá, continuó la señora de Verdurin, cuando uno mezcla a gente de la sociedad con gente verdaderamente inteligente, gente de nuestro medio, ahí hay que verlos, el hombre de mundo más ingenioso en el reino de los ciegos, aquí no es más que un tuerto. Y además los otros ya no se sienten cómodos. A punto que llegó a preguntarme si en lugar de ensayar fusiones que todo lo estropean, no haría mejor en iniciar unas series sólo para fastidiosos con el objeto de gozar plenamente de mi pequeño núcleo. Conclusión: vendrá usted con su prima. Convenido. Bien. Por lo menos, aquí tendrán ambos algo que comer. En Féterne reinan el hambre y la sed. ¡Ah! eso sí, si le gustan las ratas vaya enseguida, estará servido a gusto. Y lo conservarán tanto tiempo como quiera. Claro que se morirá de hambre. Por otra parte, el día que vaya cenaré antes. Y para que sea más divertido debería venir a buscarme. Tomaríamos una buena merienda y cenaríamos a la vuelta. ¿Le gustan las tortas de manzana? ¿Sí? Bueno, nuestro cocinero las hace como nadie. Ya ve que tenía razón al decirle que usted es el indicado para vivir aquí. Venga con nosotros. Ya sabe que en mi casa hay mucho más lugar de lo que parece. No lo digo para que no vengan los fastidiosos. Podría traerse a su prima. Tendría mucho mejor aire que en Balbec. Con este aire pretendo curar a los incurables. Palabra, que los he curado y no de hoy. Porque antes he vivido cerca de aquí; había descubierto algo que pagaba una miseria y que tenía mucho más carácter que la famosa Raspeliére. Se lo enseñaré si llegamos a pasear juntos. Pero reconozco que aun aquí, el aire es verdaderamente vivificante. Y no quiero hablar mucho de ello no sea que los parisienses empiecen a gustar de mi rincón. Siempre fue esa mi suerte. En fin, dígaselo a su prima. Les daremos dos lindos cuartos con vista al valle; ya verá usted por la mañana el sol en la niebla. ¿Y quién es ese Roberto de Saint-Loup de quien hablaba usted? -dijo con inquietud, porque había oído que debía ira verlo a Doncières y temió que me retuviese-. Usted podría traerlo mejor hasta aquí. Siempre que no sea fastidioso. Se lo oí mencionar a Morel; me parece que es uno de sus grandes amigos -dijo la señora de Verdurin, mintiendo completamente porque Saint-Loup y Morel ni siquiera conocían su existencia recíproca. Pero al enterarse de que Saint-Loup conocía al señor de Charlus, supuso que sería por medio del violinista y quería aparentar que estaba al corriente-. ¿No es médico, por casualidad, o literato? Usted sabe que si necesita recomendaciones para exámenes, Cottard lo puede todo y hago con él lo que quiero. En cuanto a la Academia, para más tarde, porque supongo que no tiene edad, dispongo ya de varios votos. Su amigo estaría aquí en una zona conocida y quizás le gustara ver la casa. Doncières no es muy divertido. En fin, usted hará lo que le parezca y como mejor le convenga -concluyó sin insistir, para no aparentar que trataba de conocer a la nobleza y porque pretendía que el régimen bajo el cual hacía vivir a sus fieles, esa tiranía se llamaba libertad-. ¡Vamos!, ¿qué te pasa? - dijo al ver que el señor Verdurin con gestos impacientes, alcanzaba la terraza de tablas que se extendía a un lado del salón, por encima del valle, como un hombre que se asfixia de rabia y necesita tomar aire-. ¿Otra vez te fastidió Saniette? Pero si sabes que se trata de un idiota confórmate a esa idea, no te pongas en semejante estado. Eso no me gusta, dijo ella, porque le hace mal y lo congestiona. Pero también debo reconocer que a veces se necesita una paciencia angelical para soportarlo a Saniette y sobre todo recordar que recogerlo es una caridad. Por mi parte debo confesar que su estupenda tontería me alegra. Supongo que habrá oído lo que dijo después de la comida: “-No sé jugar al whist, pero sé tocar el piano”. ¿Si será lindo? Es grande como el mundo y una mentira por otra parte, porque no sabe ni una ni otra cosa. Pero mi marido, bajo esas apariencias rudas, es muy sensible ymuy bueno yesa suerte de egoísmo de Saniette, siempre preocupado por el efecto que pueda causar, lo saca de sus casillas. Vamos, hijito, cálmate, ya sabes que Cottard te ha dicho que eso era muy malo para el hígado. Y además las consecuencias las sufriré yo -dijo la señora de Verdurin-. Mañana Saniette vendrá con su ataquecito de nervios y de lágrimas. ¡Pobre hombre! Está muy enfermo. Pero tampoco ese es un motivo para matar a los demás. Y hasta en los momentos en que sufre demasiado y uno quisiera compadecerse de él, su tontería corta en seco la compasión. Es demasiado estúpido. No tienes más que decirle muy amablemente que semejantes escenas los enferman a ambos, que no vuelva, y como es lo que más teme, eso tendrá un efecto calmante sobre sus nervios”, sugirió a su marido la señora de Verdurin.
On distinguait à peine la mer par les fenêtres de droite. Mais celles de l′autre côté montraient la vallée sur qui était maintenant tombée la neige du clair de lune. On entendait de temps à autre la voix de Morel et celle de Cottard. «Vous avez de l′atout? — Yes. — Ah! vous en avez de bonnes, vous, dit à Morel, en réponse à sa question, M. de Cambremer, car il avait vu que le jeu du docteur était plein d′atout. — Voici la femme de carreau, dit le docteur. Ça est de l′atout, savez-vous? Ié coupe, ié prends. — Mais il n′y a plus de Sorbonne, dit le docteur à M. de Cambremer; il n′y a plus que l′Université de Paris.» M. de Cambremer confessa qu′il ignorait pourquoi le docteur lui faisait cette observation. «Je croyais que vous parliez de la Sorbonne, reprit le docteur. J′avais entendu que vous disiez: tu nous la sors bonne, ajouta-t-il en clignant de l′oeil, pour montrer que c′était un mot. Attendez, dit-il en montrant son adversaire, je lui prépare un coup de Trafalgar.» Et le coup devait être excellent pour le docteur, car dans sa joie il se mit en riant à remuer voluptueusement les deux épaules, ce qui était dans la famille, dans le «genre» Cottard, un trait presque zoologique de la satisfaction. Dans la génération précédente, le mouvement de se frotter les mains comme si on se savonnait accompagnait le mouvement. Cottard lui-même avait d′abord usé simultanément de la double mimique, mais un beau jour, sans qu′on sût à quelle intervention, conjugale, magistrale peut-être, cela était dû, le frottement des mains avait disparu. Le docteur, même aux dominos, quand il forçait son partenaire à «piocher» et à prendre le double-six, ce qui était pour lui le plus vif des plaisirs, se contentait du mouvement des épaules. Et quand — le plus rarement possible — il allait dans son pays natal pour quelques jours, en retrouvant son cousin germain, qui, lui, en était encore au frottement des mains, il disait au retour à Mme Cottard: «J′ai trouvé ce pauvre René bien commun.» «Avez-vous de la petite chaôse? dit-il en se tournant vers Morel. Non? Alors je joue ce vieux David. — Mais alors vous avez cinq, vous avez gagné! — Voilà une belle victoire, docteur, dit le marquis. — Une victoire à la Pyrrhus, dit Cottard en se tournant vers le marquis et en regardant par-dessus son lorgnon pour juger de l′effet de son mot. Si nous avons encore le temps, dit-il à Morel, je vous donne votre revanche. C′est à moi de faire . . . Ah! non, voici les voitures, ce sera pour vendredi, et je vous montrerai un tour qui n′est pas dans une musette.» M. et Mme Verdurin nous conduisirent dehors. La Patronne fut particulièrement câline avec Saniette afin d′être certaine qu′il reviendrait le lendemain. «Mais vous ne m′avez pas l′air couvert, mon petit, me dit M. Verdurin, chez qui son grand âge autorisait cette appellation paternelle. On dirait que le temps a changé.» Ces mots me remplirent de joie, comme si la vie profonde, le surgissement de combinaisons différentes qu′ils impliquaient dans la nature, devait annoncer d′autres changements, ceux-là se produisant dans ma vie, et y créer des possibilités nouvelles. Rien qu′en ouvrant la porte sur le parc, avant de partir, on sentait qu′un autre «temps» occupait depuis un instant la scène; des souffles frais, volupté estivale, s′élevaient dans la sapinière (où jadis Mme de Cambremer rêvait de Chopin) et presque imperceptiblement, en méandres caressants, en remous capricieux, commençaient leurs légers nocturnes. Je refusai la couverture que, les soirs suivants, je devais accepter, quand Albertine serait là, plutôt pour le secret du plaisir que contre le danger du froid. On chercha en vain le philosophe norvégien. Une colique l′avait-elle saisi? Avait-il eu peur de manquer le train? Un aéroplane était-il venu le chercher? Avait-il été emporté dans une Assomption? Toujours est-il qu′il avait disparu sans qu′on eût eu le temps de s′en apercevoir, comme un dieu. «Vous avez tort, me dit M. de Cambremer, il fait un froid de canard. — Pourquoi de canard? demanda le docteur. — Gare aux étouffements, reprit le marquis. Ma soeur ne sort jamais le soir. Du reste, elle est assez mal hypothéquée en ce moment. Ne restez pas en tout cas ainsi tête nue, mettez vite votre couvre-chef. — Ce ne sont pas des étouffements a frigore, dit sentencieusement Cottard. — Ah! ah! dit M. de Cambremer en s′inclinant, du moment que c′est votre avis . . . — Avis au lecteur!» dit le docteur en glissant ses regards hors de son lorgnon pour sourire. M. de Cambremer rit, mais, persuadé qu′il avait raison, il insista. «Cependant, dit-il, chaque fois que ma soeur sort le soir, elle a une crise. — Il est inutile d′ergoter, répondit le docteur, sans se rendre compte de son impolitesse. Du reste, je ne fais pas de médecine au bord de la mer, sauf si je suis appelé en consultation. Je suis ici en vacances.» Il y était, du reste, plus encore peut-être qu′il n′eût voulu. M. de Cambremer lui ayant dit, en montant avec lui en voiture: «Nous avons la chance d′avoir aussi près de nous (pas de votre côté de la baie, de l′autre, mais elle est si resserrée à cet endroit-là) une autre célébrité médicale, le docteur du Boulbon.» Cottard qui d′habitude, par déontologie, s′abstenait de critiquer ses confrères, ne put s′empêcher de s′écrier, comme il avait fait devant moi le jour funeste où nous étions allés dans le petit Casino: «Mais ce n′est pas un médecin. Il fait de la médecine littéraire, c′est de la thérapeutique fantaisiste, du charlatanisme. D′ailleurs, nous sommes en bons termes. Je prendrais le bateau pour aller le voir une fois si je n′étais obligé de m′absenter.» Mais à l′air que prit Cottard pour parler de du Boulbon à M. de Cambremer, je sentis que le bateau avec lequel il fût allé volontiers le trouver eût beaucoup ressemblé à ce navire que, pour aller ruiner les eaux découvertes par un autre médecin littéraire, Virgile (lequel leur enlevait aussi toute leur clientèle), avaient frété les docteurs de Salerne, mais qui sombra avec eux pendant la traversée. «Adieu, mon petit Saniette, ne manquez pas de venir demain, vous savez que mon mari vous aime beaucoup. Il aime votre esprit, votre intelligence; mais si, vous le savez bien, il aime prendre des airs brusques, mais il ne peut pas se passer de vous voir. C′est toujours la première question qu′il me pose: «Est-ce que Saniette vient? j′aime tant le voir! — Je n′ai jamais dit ça», dit M. Verdurin à Saniette avec une franchise simulée qui semblait concilier parfaitement ce que disait la Patronne avec la façon dont il traitait Saniette. Puis regardant sa montre, sans doute pour ne pas prolonger les adieux dans l′humidité du soir, il recommanda aux cochers de ne pas traîner, mais d′être prudents à la descente, et assura que nous arriverions avant le train. Celui-ci devait déposer les fidèles l′un à une gare, l′autre à une autre, en finissant par moi, aucun autre n′allant aussi loin que Balbec, et en commençant par les Cambremer. Ceux-ci, pour ne pas faire monter leurs chevaux dans la nuit jusqu′à la Raspelière, prirent le train avec nous à Donville-Féterne. La station la plus rapprochée de chez eux n′était pas, en effet, celle-ci, qui, déjà un peu distante du village, l′est encore plus du château, mais la Sogne. En arrivant à la gare de Donville-Féterne, M. de Cambremer tint à donner la «pièce», comme disait Françoise, au cocher des Verdurin (justement le gentil cocher sensible, à idées mélancoliques), car M. de Cambremer était généreux, et en cela était plutôt «du côté de sa maman». Mais, soit que «le côté de son papa» intervînt ici, tout en donnant il éprouvait le scrupule d′une erreur commise — soit par lui qui, voyant mal, donnerait, par exemple, un sou pour un franc, soit par le destinataire qui ne s′apercevrait pas de l′importance du don qu′il lui faisait. Aussi fit-il remarquer à celui-ci: «C′est bien un franc que je vous donne, n′est-ce pas?» en faisant miroiter la pièce dans la lumière, et pour que les fidèles pussent le répéter à Mme Verdurin. «N′est-ce pas? c′est bien vingt sous? comme ce n′est qu′une petite course . . . » Lui et Mme de Cambremer nous quittèrent à la Sogne. «Je dirai à ma soeur, me répéta-t-il, que vous avez des étouffements, je suis sûr de l′intéresser.» Je compris qu′il entendait: de lui faire plaisir. Apenas se veía el mar desde las ventanas de la derecha. Pero las del otro lado dejaban ver el valle sobre el que ahora cala la nieve del claro de luna. De vez en cuando se oía la voz de Morel y la de Cottard: “-¿Tiene triunfo?”. “-Yes”. “-¡Ah!, usted tiene buenas ocurrencias”, dijo el señor de Cambremer en contestación a su pregunta, porque había visto que el juego del médico estaba lleno de triunfos. “-Aquí está la muchacha de carreau -dijo el médico-. Eso es triunfo. ¿Sabe usted? Corto y tomo. -Pero ya no hay Sorbona -dijo el médico al señor de Cambremer-; sólo existe la Universidad de París”. El señor de Cambremer confesó que ignoraba por qué el médico le hacía esa observación. “- Creía que hablaba usted de la Sorbona -repuso el médico-. Había oído que decía usted: “la sacas buena” -agregó guiñando un ojo para indicar que era una ocurrencia-. Espere -dijo señalando a su adversario-, le preparo una jugada de Trafalgar”. Y la jugada debía ser excelente para el médico, porque en su alegría se puso a mover voluptuosamente los dos hombros, lo que constituía en la familia, dentro del “estilo” Cottard, un rasgo casi zoológico de satisfacción. En la generación anterior, el movimiento de frotarse las manos como para enjabonarlas, acompañaba al movimiento. El mismo Cottard utilizaba primera y simultáneamente la doble mímica, pero un buen día, sin que se supiera a qué intervención, conyugal, magistral, quizás, se debiera ello, había desaparecido la frotación de las manos. El médico, aun jugando al dominó, cuando obligaba a su contrincante a “pedir” y tomar el doble seis, lo que constituía para él el más vivo placer, se conformaba con el movimiento de los hombros. Y cuando -lo menos posible- iba a su terruño por algunos días, al encontrarse con su primo hermano, que continuaba frotándose las manos, le decía a la señora de Cottard a su regreso: “-Ese pobre Renato me pareció muy vulgar-. ¿Tiene esa pequeñez?, dijo volviéndose hacia Morel. ¿No? Entonces juego el viejo David. -Pero entonces, usted tiene cinco y ha ganado. Esa es una hermosa victoria, doctor, dijo el marqués. -Una victoria a lo Pirro -dijo Cottard volviéndose hacia el marqués y mirando por encima de sus anteojos para estimar el efecto de su frase-. Si tenemos tiempo -le dijo a Morell- le doy una revancha. Me toca a mí. ¡Ah, no! Aquí están los coches; será el viernes, y le enseñaré una prueba que no cabe en un bolsillo”. El señor Verdurin y la señora nos acompañaron hasta afuera. La Patrona estuvo particularmente mimosa con Saniette, con el objeto de asegurarse de que volvería al día siguiente. “-Pero no me parece usted abrigado, hijo mío -me dijo el señor Verdurin, cuya gran edad autorizaba esa apelación paternala. Parece que ha cambiado el tiempo”. Palabras que me llenaron de alegría, como si la vida profunda y el surgimiento de combinaciones diferentes que implicaba en la naturaleza, anunciasen otros cambios, produciéndose en mi vida y creando nuevas posibilidades. Sólo al abrir la puerta del parque antes de partir, sentía uno que otro “tiempo” ocupaba el escenario desde hacía un instante; soplos frescos, voluptuosidad estival, se elevaban del bosquecillo de pinos (donde antaño la señora de Cambremer soñaba con Chopin) y casi imperceptiblemente, en repliegues acariciadores, en remolinos caprichosos, comenzaban sus nocturnos ligeros. Rechacé el abrigo que aceptaría noches más tarde cuando estuviese allí Albertina, más por el secreto del placer que contra el peligro del frío. Buscaron inútilmente al filósofo noruego. ¿Lo había sorprendido un cólico? ¿Habría temido perder el tren? ¿Lo habría venido a buscar un aeroplano? ¿Lo habría llevado una Asunción? De cualquier modo había desaparecido sin que nadie tuviese tiempo de advertirlo, como si fuese un dios. “-Usted hace mal -me dijo el señor de Cambremer-; hace un frío para patos”. “-¿Por qué para patos?”, preguntó el médico. “-¡Cuidado con las sofocaciones! -repuso el marquéss-. Mi hermana nunca sale de noche. Por otra parte, está bastante hipotecada en estos momentos. En todo caso, no se quede descubierto; póngase pronto el sombrero”. “-No son ahogos a frigore”, dijo sentenciosamente Cottard. “-¡Ah, ah! -dijo inclinándose el señor de Cambremer-, ya que esa es su opinión...”. “-OOpinión de lector”, dijo el médico deslizando sus miradas fuera de los anteojos para sonreír. El señor de Cambremer se rió, pero, convencido de que tenía razón, insistió: “-Sin embargo -dijo-, cada vez que sale, mi hermana tiene un ataque...” “- Es inútil deducir -contestó el médico sin darse cuenta de su descortesía-. Por otra parte, no practico medicina al borde del mar a menos que me llamen para una consulta. Aquí estoy de vacaciones”. Lo estaba, por otra parte, mucho más de lo que hubiera querido. Y como el señor de Cambremer le dijese al subir al coche: “-Tenemos la suerte de tener cerca de nosotros (no de su lado de la bahía, del otro; ¡pero es tan cerrada en ese sitio!) otra celebridad médica, el doctor du Boulbon”, Cottard, que de costumbre evitaba deontológicamente criticar a sus colegas, no pudo dejar de exclamar, como lo había hecho delante de mí el día funesto en que habíamos ido al pequeño Casino: “-No es un médico. Hace medicina literaria, terapéutica fantasista, charlatanería. Por otra parte, estamos en muy buenas relaciones. Me embarcaría para ir a verlo una vez si no tuviera que ausentarme”. Pero al ver el aspecto que adoptó Cottard para hablarle de du Boulbon al señor de Cambremer, advertí que el barco con el que voluntariamente hubiese ido a verlo, se parecía mucho al que habían fletado los médicos de Salerno para arruinar las aguas descubiertas por Virgilio, otro médico literario (quien también les quitaba toda la clientela), pero que naufragó con ellos durante la travesía. “-Adiós, mi pequeño Saniette; no deje de venir mañana; ya sabe que mi marido lo quiere mucho. Le gusta su ingenio y su inteligencia, pero sí, ya lo sabe usted demasiado, le gustan esos aires bruscos, pero no puede estar sin verlo. Siempre me pregunta antes que nada: “-¿No viene Saniette? ¡Me gusta tanto verlo!”. “-Nunca he dicho tal cosa”, dijo el señor Verdurin a Saniette con una franqueza simulada que parecía poner perfectamente de acuerdo lo que decía la Patrona con su modo de tratar a Saniette. Luego, mirando su reloj, sin duda para no prolongar la despedida bajo la humedad nocturna, recomendó a los cocheros que no perdieran tiempo, pero que fueran prudentes en la bajada, y aseguró que llegaríamos antes que el tren. Que debía dejar a los fieles en una estación y en otra, terminando conmigo, ya que ninguno iba más lejos de Balbec y empezaba por los Cambremer. Éstos, para que sus caballos no subieran en la noche hasta la Raspeliére, tomaron el tren con nosotros en Donville- Féterne. Efectivamente, la estación más cercana de ellos no era ésta, que ya un poco distante de la aldea lo era aún más del castillo, sino la Sogne. Al llegar a la estación de Donville-Féterne, el señor de Cambremer insistió en darle al cochero de los Verdurin la “moneda”, como decía Francisca (precisamente al amable cochero sensible, de las ideas melancólicas), porque el señor de Cambremer era generoso y en eso era más bien “del lado de su mamá”. Pero sea que en eso interviniese el “lado de su papá” a tiempo de darla, experimentaba los escrúpulos de un error cometido, sea por él que como veía mal, daría por ejemplo cinco céntimos en lugar de un franco, sea por el destinatario que no advertiría la importancia de su donación. Por eso le hizo notar a éste: “-¿Es un franco el que le doy, verdad? -dijo al cochero haciendo brillar la moneda a la luz y para que los fieles pudieran repetírselo a la señora de Verdurin-. ¿Verdad? Es un franco, como es un viaje corto”. Él y la señora de Cambremer nos dejaron en la Sogne. “- Le diré a mi hermana -me repitió- que usted tiene sofocaciones; estoy seguro de que le interesará saberlo”. Comprendí que él comprendía: “le causaré placer”.
Quant à sa femme, elle employa, en prenant congé de moi, deux de ces abréviations qui, même écrites, me choquaient alors dans une lettre, bien qu′on s′y soit habitué depuis, mais qui, parlées, me semblent encore, même aujourd′hui, avoir, dans leur négligé voulu, dans leur familiarité apprise, quelque chose d′insupportablement pédant: «Contente d′avoir passé la soirée avec vous, me dit-elle; amitiés à Saint–Loup, si vous le voyez.» En me disant cette phrase, Mme de Cambremer prononça Saint–Loupe. Je n′ai jamais appris qui avait prononcé ainsi devant elle, ou ce qui lui avait donné à croire qu′il fallait prononcer ainsi. Toujours est-il que, pendant quelques semaines, elle prononça Saint–Loupe, et qu′un homme qui avait une grande admiration pour elle et ne faisait qu′un avec elle fit de même. Si d′autres personnes disaient Saint–Lou, ils insistaient, disaient avec force Saint–Loupe, soit pour donner indirectement une leçon aux autres, soit pour se distinguer d′eux. Mais sans doute, des femmes plus brillantes que Mme de Cambremer lui dirent, ou lui firent indirectement comprendre, qu′il ne fallait pas prononcer ainsi, et que ce qu′elle prenait pour de l′originalité était une erreur qui la ferait croire peu au courant des choses du monde, car peu de temps après Mme de Cambremer redisait Saint–Lou, et son admirateur cessait également toute résistance, soit qu′elle l′eût chapitré, soit qu′il eût remarqué qu′elle ne faisait plus sonner la finale, et s′était dit que, pour qu′une femme de cette valeur, de cette énergie et de cette ambition, eût cédé, il fallait que ce fût à bon escient. Le pire de ses admirateurs était son mari. Mme de Cambremer aimait à faire aux autres des taquineries, souvent fort impertinentes. Sitôt qu′elle s′attaquait de la sorte, soit à moi, soit à un autre, M. de Cambremer se mettait à regarder la victime en riant. Comme le marquis était louche — ce qui donne une intention d′esprit à la gaieté même des imbéciles — l′effet de ce rire était de ramener un peu de pupille sur le blanc, sans cela complet, de l′oeil. Ainsi une éclaircie met un peu de bleu dans un ciel ouaté de nuages. Le monocle protégeait, du reste, comme un verre sur un tableau précieux, cette opération délicate. Quant à l′intention même du rire, on ne sait trop si elle était aimable: «Ah! gredin! vous pouvez dire que vous êtes à envier. Vous êtes dans les faveurs d′une femme d′un rude esprit»; ou rosse: «Hé bien, monsieur, j′espère qu′on vous arrange, vous en avalez des couleuvres»; ou serviable: «Vous savez, je suis là, je prends la chose en riant parce que c′est pure plaisanterie, mais je ne vous laisserais pas malmener»; ou cruellement complice: «Je n′ai pas à mettre mon petit grain de sel, mais, vous voyez, je me tords de toutes les avanies qu′elle vous prodigue. Je rigole comme un bossu, donc j′approuve, moi le mari. Aussi, s′il vous prenait fantaisie de vous rebiffer, vous trouveriez à qui parler, mon petit monsieur. Je vous administrerais d′abord une paire de claques, et soignées, puis nous irions croiser le fer dans la forêt de Chantepie.» En cuanto a su mujer, al despedirse de mí, empleó dos de esas abreviaciones que hasta escritas me chocaban en una carta aunque fuesen luego habituales, pero que habladas, aun hoy me siguen pareciendo, en su voluntaria negligencia, en su aprendida familiaridad, algo insoportablemente pedante: “cContenta de haber pasado la velada con usted -me dijo ella-; recuerdos a Saint-Loup, si llega a verlo”. Al decirme esta frase la señora de Cambremer, pronunció “Saint-Loupe”. Nunca supe quién lo había pronunciado así delante de ella, o lo que la había llevado a suponer que así debía pronunciarse. Lo cierto es que durante varias semanas, pronunció “Saint-Loupe”, yun hombre que tenía gran admiración por ella yla imitaba, hizo lo mismo. Si otras personas decían Saint-Lou, insistían y decían con fuerza “Saint-Loupe”, ya sea para dar indirectamente una lección a los demás, ya sea para distinguirse ellos mismos. Pero sin duda, algunas mujeres más brillantes que la señora de Cambremer le dijeron o le hicieron entender indirectamente que no debía pronunciarse de ese modo y que lo que le parecía una originalidad era un error que haría suponer que no estaba al corriente de las cosas sociales, porque poco después la señora de Cambremer volvía a decir “SaintLou” y su admirador dejaba igualmente toda resistencia, o porque lo hubiese retado, o porque advirtiera que ya no hacía sonar el final y se dijese que para que una mujer de ese valor cediera esa energía y esa ambición, tenía que ser por algún motivo bueno. El peor de esos admiradores era su marido. A la señora de Cambremer le gustaba a menudo hacerles a los demás bromas muy impertinentes. En cuanto me atacaba en esa forma a mí o a otro, el señor de Cambremer empezaba a mirar risueñamente a la víctima. Como el marqués era bizco -lo que proporciona una intención ingeniosa hasta a la alegría de los imbéciless-, el efecto de esa risa consistía en devolver algo de pupila al blanco sin ello completo del ojo. En la misma forma cuando aclara aparece un poco de azul en el cielo algodonoso de nubes. Por otra parte, el monóculo protegía esa operación delicada como un cristal a un cuadro de valor. En cuanto a la misma intención de la risa, no se sabía en verdad si era amable. “¡Ah, pícaro! Puede usted decir que es envidiable. Goza de las preferencias de una mujer tremendamente ir ingeniosa o traviesa: “Y bien, señor, supongo que lo están arreglando vayan sapos y culebras los que se está tragando”, o servicial: “¿Sabe usted, lo tomo a risa porque es pura broma, pero estoy aquí y no dejaré que lo maltraten” o cruelmente cómplice: “No tengo por qué agregar mi granito de sal, pero ya lo ve, me muero de risa por todas las canalladas que le prodiga. Me río como un jorobado, yo, el marido. Por lo tanto, si se le ocurriera hacerse el levantisco, mi querido señor, ya encontraría a quién hablarle. Ante todo le administraría cuidadosamente un par de cachetadas, y luego iríamos a cruzar los aceros en el bosque de Chantepie”.
Quoi qu′il en fût de ces diverses interprétations de la gaîté du mari, les foucades de la femme prenaient vite fin. Alors M. de Cambremer cessait de rire, la prunelle momentanée disparaissait, et comme on avait perdu depuis quelques minutes l′habitude de l′oeil tout blanc, il donnait à ce rouge Normand quelque chose à la fois d′exsangue et d′extatique, comme si le marquis venait d′être opéré ou s′il implorait du ciel, sous son monocle, les palmes du martyre. Sea cual fuera el resultado de esas diversas interpretaciones de la alegría del marido, las calaveradas de la mujer concluían pronto. Entonces el señor de Cambremer dejaba de reír, desaparecía su momentánea pupila y como desde hacía algunos minutos se había perdido la costumbre del ojo completamente blanco, eso le daba a ese rojo Normando algo exangüe a la vez y estático, como si el marqués acabara de ser operado o como si implorase del cielo, detrás de su monóculo, las palmas del martirio. @@




II. Chapitre Troisième

CAPÍTULO IV

Tristesses de M. de Charlus. Son duel fictif. Les stations du «Transatlantique». Fatigué d′Albertine, je veux rompre avec elle.
Tristezas del señor de Charlus. Su duelo ficticio. Las estaciones del "Transatlántico". Cansado de Albertina, quiero romper con ella Me caía de sueño.
Je tombais de sommeil. Je fus monté en ascenseur jusqu′à mon étage non par le liftier, mais par le chasseur louche, qui engagea la conversation pour me raconter que sa soeur était toujours avec le Monsieur si riche, et qu′une fois, comme elle avait envie de retourner chez elle au lieu de rester sérieuse, son Monsieur avait été trouver la mère du chasseur louche et des autres enfants plus fortunés, laquelle avait ramené au plus vite l′insensée chez son ami. «Vous savez, Monsieur, c′est une grande dame que ma soeur. Elle touche du piano, cause l′espagnol. Et vous ne le croiriez pas, pour la soeur du simple employé qui vous fait monter l′ascenseur, elle ne se refuse rien; Madame a sa femme de chambre à elle, je ne serais pas épaté qu′elle ait un jour sa voiture. Elle est très jolie, si vous la voyiez, un peu trop fière, mais dame! ça se comprend. Elle a beaucoup d′esprit. Elle ne quitte jamais un hôtel sans se soulager dans une armoire, une commode, pour laisser un petit souvenir à la femme de chambre qui aura à nettoyer. Quelquefois même, dans une voiture, elle fait ça, et après avoir payé sa course, se cache dans un coin, histoire de rire en voyant rouspéter le cocher qui a à relaver sa voiture. Mon père était bien tombé aussi en trouvant pour mon jeune frère ce prince indien qu′il avait connu autrefois. Naturellement, c′est un autre genre. Mais la position est superbe. S′il n′y avait pas les voyages, ce serait le rêve. Il n′y a que moi jusqu′ici qui suis resté sur le carreau. Mais on ne peut pas savoir. La chance est dans ma famille; qui sait si je ne serai pas un jour président de la République? Mais je vous fais babiller (je n′avais pas dit une seule parole et je commençais à m′endormir en écoutant les siennes). Bonsoir, Monsieur. Oh! merci, Monsieur. Si tout le monde avait aussi bon coeur que vous il n′y aurait plus de malheureux. Mais, comme dit ma soeur, il faudra toujours qu′il y en ait pour que, maintenant que je suis riche, je puisse un peu les emmerder. Passez-moi l′expression. Bonne nuit, Monsieur.» Me subió por el ascensor hasta mi piso, no el ascensorista, sino aquel turbio botones que empezó una conversación para contarme que su hermana estaba siempre con aquel señor tan rico y como una vez quiso volver a su casa en lugar de seguir siendo seria, su señor había ido a ver a la madre del turbio botones y de los otros hijos más afortunados, que le habían devuelto cuanto antes la insensata a su amigo. “Usted sabe, señor, que mi hermana es una gran dama. Toca el piano y conversa en español. Y usted no lo creería por ser la hermana del sencillo empleado que lo hace subir por el ascensor; no se priva de nada; la señora tiene su mucama y no me sorprendería que un día llegase a tener coche. Es muy bonita, si viera usted, un poco altiva pero vaya, se comprende. Tiene mucho ingenio. Nunca deja un hotel sin aliviarse en un ropero o una cómoda, para dejar un pequeño recuerdo a la mucama que tendrá que limpiarlo. Algunas veces lo hace en un coche y después de haber pagado el viaje, se oculta en un rincón para reírse del cochero cuando lo ve protestar porque tendrá que volver a lavar el coche. Mi padre había acertado también cuando le encontró a mi hermano menor ese príncipe indio que había conocido antes. Claro que es otro estilo. Pero la posición es soberbia. Si no fuera por los viajes sería el sueño. Únicamente yo, hasta el momento me he quedado en la calle. Pero nunca se sabe. La suerte está en mi familia; quién sabe si algún día no seré presidente de la República. Pero lo hago charlar (no había dicho una palabra y empezaba a dormirme al oír las suyas). Buenas noches, señor. ¡Oh, gracias, señor! Si todos tuvieran su buen corazón, ya no habría desgraciados. Pero, como dice mi hermana, siempre tendrá que haberlos, ahora que soy rica para poder fastidiarlos. Disculpe la expresión. Buenas noches, señor”.
Peut-être chaque soir acceptons-nous le risque de vivre, en dormant, des souffrances que nous considérons comme nulles et non avenues parce qu′elles seront ressenties au cours d′un sommeil que nous croyons sans conscience. Quizás aceptamos cada noche el riesgo de vivir mientras dormimos unos sufrimientos que consideramos nulos y no acaecidos porque se habrán soportado durante un sueño que creemos inconsciente.
En effet, ces soirs où je rentrais tard de la Raspelière, j′avais très sommeil. Mais, dès que les froids vinrent, je ne pouvais m′endormir tout de suite car le feu éclairait comme si on eût allumé une lampe. Seulement ce n′était qu′une flambée, et — comme une lampe aussi, comme le jour quand le soir tombe — sa trop vive lumière ne tardait pas à baisser; et j′entrais dans le sommeil, lequel est comme un second appartement que nous aurions et où, délaissant le nôtre, nous serions allé dormir. Il a des sonneries à lui, et nous y sommes quelquefois violemment réveillés par un bruit de timbre, parfaitement entendu de nos oreilles, quand pourtant personne n′a sonné. Il a ses domestiques, ses visiteurs particuliers qui viennent nous chercher pour sortir, de sorte que nous sommes prêts à nous lever quand force nous est de constater, par notre presque immédiate transmigration dans l′autre appartement, celui de la veille, que la chambre est vide, que personne n′est venu. La race qui l′habite, comme celle des premiers humains, est androgyne. Un homme y apparaît au bout d′un instant sous l′aspect d′une femme. Les choses y ont une aptitude à devenir des hommes, les hommes des amis et des ennemis. Le temps qui s′écoule pour le dormeur, durant ces sommeils-là, est absolument différent du temps dans lequel s′accomplit la vie de l′homme réveillé. Tantôt son cours est beaucoup plus rapide, un quart d′heure semble une journée; quelquefois beaucoup plus long, on croit n′avoir fait qu′un léger somme, on a dormi tout le jour. Alors, sur le char du sommeil, on descend dans des profondeurs où le souvenir ne peut plus le rejoindre et en deçà desquelles l′esprit a été obligé de rebrousser chemin. En efecto, esas noches en que volvía tarde de la Raspeliére, tenía mucho sueño. Pero en cuanto llegaron los fríos, ya no podía dormirme enseguida porque el fuego iluminaba como si hubiesen encendido una lámpara. Sólo que no era más que una llamarada y también como una lámpara, como el día cuando cae la noche, no tardaba en disminuir su luz demasiado viva; y entraba yo en el sueño que es como un segundo departamento que tuviésemos y donde fuéramos a dormir abandonando el nuestro. Tiene sus propias campanillas y a veces nos despierta violentamente un campanillazo, perfectamente percibido por nuestros oídos, cuando no ha tocado nadie, sin embargo. Tiene sus sirvientes y sus visitantes particulares que vienen a buscarnos para salir, de tal suerte que estamos dispuestos a levantarnos cuando nos vemos obligados a comprobar, por nuestra casi inmediata trasmigración al otro departamento, el de la víspera, que el cuarto está vacío y no ha venido nadie. La raza que lo habita es andrógina, como la de los primeros seres humanos. Aparece, al cabo de un instante, un hombre con el aspecto de una mujer. Las cosas tienen predisposición a convertirse en hombres, los hombres en amigos o enemigos. El tiempo que transcurre para el que duerme, durante esos sueños, es absolutamente distinto del tiempo en el que se cumple la vida del hombre despierto. Ya su curso es mucho más rápido, un cuarto de hora parece un día, a veces mucho más largo, uno cree haber dormido un poco y ha dormido durante todo el día. Entonces, en el carro del sueño, baja uno a profundidades en que no puede alcanzarlo el recuerdo y fuera de los cuales el espíritu se ha visto obligado a desandar el camino.
L′attelage du sommeil, semblable à celui du soleil, va d′un pas si égal, dans une atmosphère où ne peut plus l′arrêter aucune résistance, qu′il faut quelque petit caillou aérolithique étranger à nous (dardé de l′azur par quel Inconnu) pour atteindre le sommeil régulier (qui sans cela n′aurait aucune raison de s′arrêter et durerait d′un mouvement pareil jusque dans les siècles des siècles) et le faire, d′une brusque courbe, revenir vers le réel, brûler les étapes, traverser les régions voisines de la vie — où bientôt le dormeur entendra, de celle-ci, les rumeurs presque vagues encore, mais déjà perceptibles, bien que déformées — et atterrir brusquement au réveil. Alors de ces sommeils profonds on s′éveille dans une aurore, ne sachant qui on est, n′étant personne, neuf, prêt à tout, le cerveau se trouvant vidé de ce passé qui était la vie jusque-là. Et peut-être est-ce plus beau encore quand l′atterrissage du réveil se fait brutalement et que nos pensées du sommeil, dérobées par une chape d′oubli, n′ont pas le temps de revenir progressivement avant que le sommeil ne cesse. Alors du noir orage qu′il nous semble avoir traversé (mais nous ne disons même pas nous) nous sortons gisants, sans pensées, un «nous» qui serait sans contenu. Quel coup de marteau l′être ou la chose qui est là a-t-elle reçu pour tout ignorer, stupéfaite jusqu′au moment où la mémoire accourue lui rend la conscience ou la personnalité? Encore, pour ces deux genres de réveil, faut-il ne pas s′endormir, même profondément, sous la loi de l′habitude. Car tout ce que l′habitude enserre dans ses filets, elle le surveille, il faut lui échapper, prendre le sommeil au moment où on croyait faire tout autre chose que dormir, prendre en un mot un sommeil qui ne demeure pas sous la tutelle de la prévoyance, avec la compagnie, même cachée, de la réflexion. La caballada del sueño parecida a la del sol trota con paso tan parejo en una atmósfera en que no puede detenerla ninguna resistencia, que se necesita alguna piedrita aerolítica que nos sea extraña (disparada por algún desconocido desde lo azul) para alcanzar el sueño regular (que sin eso no tendría motivo alguno para detenerse y continuaría con un movimiento igual por los siglos de los siglos) y con una curva brusca, hacerlo volver a lo real, quemar etapas, atravesar las regiones próximas de la vida donde pronto el dormido oirá los rumores aún casi vagos, pero ya perceptibles aunque deformados, y aterrizar bruscamente al despertar. Entonces desde esos sueños profundos, uno se despierta en una aurora sin saber quién es, sin ser nadie, nuevo, listo para todo, con el cerebro vacío de ese pasado que constituía hasta entonces la vida. Y quizás aún sea más bello cuando el aterrizaje del despertar se produce brutalmente y nuestros pensamientos del sueño, sustraídos por una copa de olvido, no tienen tiempo de volver progresivamente antes de que se detenga el sueño. Entonces, desde la sombría tormenta que nos parece haber atravesado (pero no decimos siquiera nosotros) salimos yacentes, sin pensamientos, un nosotros que no tuviera contenido. ¿Qué martillazo habrá recibido el ser o lo que está ahí, para ignorarlo todo, estupefacto hasta el momento en que la memoria acude y le devuelve la conciencia o la personalidad? Y para esas dos maneras de despertar, no hay que quedarse dormido, aún profundamente, bajo el imperio de la costumbre. Porque todo lo que la costumbre encierra en sus redes, lo vigila, hay que escaparle, tomar el sueño en momentos en que se creía hacer cualquier cosa menos dormir, tomar en una palabra un sueño que no permanece bajo la tutela de la previsión, con la compañía aún oculta de la reflexión.
Du moins, dans ces réveils tels que je viens de les décrire, et qui étaient la plupart du temps les miens quand j′avais dîné la veille à la Raspelière, tout se passait comme s′il en était ainsi, et je peux en témoigner, moi l′étrange humain qui, en attendant que la mort le délivre, vis les volets clos, ne sais rien du monde, reste immobile comme un hibou et, comme celui-ci, ne vois un peu clair que dans les ténèbres. Tout se passe comme s′il en était ainsi, mais peut-être seule une couche d′étoupe a-t-elle empêché le dormeur de percevoir le dialogue intérieur des souvenirs et le verbiage incessant du sommeil. Car (ce qui peut, du reste, s′expliquer aussi bien dans le premier système, plus vaste, plus mystérieux, plus astral) au moment où le réveil se produit, le dormeur entend une voix intérieure qui lui dit: «Viendrez-vous à ce dîner ce soir, cher ami? comme ce serait agréable!» et pense: «Oui, comme ce sera agréable, j′irai»; puis, le réveil s′accentuant, il se rappelle soudain: «Ma grand′mère n′a plus que quelques semaines à vivre, assure le docteur.» Il sonne, il pleure à l′idée que ce ne sera pas, comme autrefois, sa grand′mère, sa grand′mère mourante, mais un indifférent valet de chambre qui va venir, lui répondre. Du reste, quand le sommeil l′emmenait si loin hors du monde habité par le souvenir et la pensée, à travers un éther où il était seul, plus que seul, n′ayant même pas ce compagnon où l′on s′aperçoit soi-même, il était hors du temps et de ses mesures. Déjà le valet de chambre entre, et il n′ose lui demander l′heure, car il ignore s′il a dormi, combien d′heures il a dormi (il se demande si ce n′est pas combien de jours, tant il revient le corps rompu et l′esprit reposé, le coeur nostalgique, comme d′un voyage trop lointain pour n′avoir pas duré longtemps). Por lo menos en esos despertares como los que acabo de describir y que la mayor parte del tiempo eran los míos cuando había cenado la víspera en la Raspeliére, todo sucedía como si así fuera y puedo atestiguarlo, yo, el extraño ser humano que mientras espera que la muerte lo libere, vive con las ventanas cerradas, nada sabe del mundo, permanece inmóvil como un búho y como éste sólo ve con alguna claridad en las tinieblas. Todo transcurre como si así fuera, pero quizás sólo una capa de estopa ha impedido que el durmiente percibiese el diálogo interior de los recuerdos y la charla incesante del sueño. Porque (lo que por otra parte puede explicarse tan bien en el primer sistema, mes vasto, más misterioso, más astral) en el momento en que se produce el despertar, el durmiente oye una voz interior que le dice: “¿Vendrá usted a comer esta noche, querido amigo? ¡Qué agradable sería!” y piensa: “Sí, qué agradable será, iré”; luego al acentuarse el despertar, recuerda de pronto: “Según asegura el médico, a mi abuela sólo le quedan algunas semanas de vida”. Llama y llora pensando que ya no será, como, antes su abuela, su abuela moribunda la que le contestará, sino un mucamo indiferente. Por otra parte, cuando el sueño lo llevaba tan lejos del mundo poblado por el recuerdo y el pensamiento, a través de un éter en que estaba solo, más que solo: sin tener ese compañero siquiera en que se advierte uno mismo, estaba fuera del tiempo ysus medidas. Ya entra el mucamo y no se atreve a preguntarle la hora, porque ignora si ha dormido, cuántas horas ha dormido (se pregunta si no serán cuántos días, hasta tal punto regresa con el cuerpo cansado yel espíritu reposado yel corazón nostálgico, como desde un viaje demasiado lejano para no haber durado mucho tiempo).
Certes on peut prétendre qu′il n′y a qu′un temps, pour la futile raison que c′est en regardant la pendule qu′on a constaté n′être qu′un quart d′heure ce qu′on avait cru une journée. Mais au moment où on le constate, on est justement un homme éveillé, plongé dans le temps des hommes éveillés, on a déserté l′autre temps. Peut-être même plus qu′un autre temps: une autre vie. Les plaisirs qu′on a dans le sommeil, on ne les fait pas figurer dans le compte des plaisirs éprouvés au cours de l′existence. Pour ne faire allusion qu′au plus vulgairement sensuel de tous, qui de nous, au réveil, n′a ressenti quelque agacement d′avoir éprouvé, en dormant, un plaisir que, si l′on ne veut pas trop se fatiguer, on ne peut plus, une fois éveillé, renouveler indéfiniment ce jour-là? C′est comme du bien perdu. On a eu du plaisir dans une autre vie qui n′est pas la nôtre. Souffrances et plaisirs du rêve (qui généralement s′évanouissent bien vite au réveil), si nous les faisons figurer dans un budget, ce n′est pas dans celui de la vie courante. En verdad puede pretenderse que no hay más que un tiempo por el insignificante motivo de que sólo al mirar el reloj uno ha comprobado que lo que creíamos un día no era más que un cuarto de hora. Pero en el momento en que uno lo comprueba es justamente un hombre despierto, sumergido en el tiempo de los hombres despiertos, y ha desertado el otro tiempo. Quizás más aún que otro tiempo: otra vida. Los placeres que uno tiene en sueños, no los hace figurar en la cuenta de los placeres gozados en el transcurso de la existencia. Para no aludir sino al más vulgarmente sensual de todos, ¿quién de nosotros al despertar no ha experimentado algún fastidio por haber gozado mientras dormía un placer que a menos de querer cansarse en exceso, ya no puede una vez despierto, renovar indefinidamente ese día? Es como un bien perdido. Uno ha sentido placer en otra vida que no era la nuestra. Sufrimientos y placeres del sueño (que en general se desvanecen muy pronto al despertar), si los hacemos figurar en un presupuesto, no ha de ser en el de la vida corriente.
J′ai dit deux temps; peut-être n′y en a-t-il qu′un seul, non que celui de l′homme éveillé soit valable pour le dormeur, mais peut-être parce que l′autre vie, celle où on dort, n′est pas — dans sa partie profonde — soumise à la catégorie du temps. Je me le figurais quand, aux lendemains des dîners à la Raspelière, je m′endormais si complètement. Voici pourquoi. Je commençais à me désespérer, au réveil, en voyant qu′après que j′avais sonné dix fois, le valet de chambre n′était pas venu. A la onzième il entrait. Ce n′était que la première. Les dix autres n′étaient que des ébauches, dans mon sommeil qui durait encore, du coup de sonnette que je voulais. Mes mains gourdes n′avaient seulement pas bougé. Or ces matins-là (et c′est ce qui me fait dire que le sommeil ignore peut-être la loi du temps), mon effort pour m′éveiller consistait surtout en un effort pour faire entrer le bloc obscur, non défini, du sommeil que je venais de vivre, aux cadres du temps. Ce n′est pas tâche facile; le sommeil, qui ne sait si nous avons dormi deux heures ou deux jours, ne peut nous fournir aucun point de repère. Et si nous n′en trouvons pas au dehors, ne parvenant pas à rentrer dans le temps, nous nous rendormons pour cinq minutes, qui nous semblent trois heures. He dicho dos tiempos; quizás haya uno solo, no que el del hombre despierto sea válido para el durmiente, pero quizás porque la otra vida, aquella en la que se duerme no está - een su parte profunda- sometida a la categoría del tiempo. Ya me lo imaginaba al quedarme dormido tan profundamente al día siguiente de las comidas de la Raspeliére. He aquí por qué. Empezaba a desesperarme al despertar cuando veía que después de haber llamado diez veces,, no venía el mucamo. Al undécimo llamado entraba. Pero no era nada más que el primero. Los otros diez no eran sino esbozos del campanillazo que yo quería en el sueño que aún me duraba. Mis manos torpes ni siquiera se habían movido. Y esas mañanas (y es lo que me hace decir que el sueño quizás ignore las leyes del tiempo), mi esfuerzo para despertarme consistía especialmente en un esfuerzo de constituir el bloque oscuro y no definido del sueño que acababa de vivir en los cuadros del tiempo. No es tarea fácil; el sueño, que ignora si hemos dormido dos horas o dos días, no puede proporcionarnos ninguna referencia. Y si no la encontramos en el exterior, sin conseguir volver al tiempo, volvemos a dormirnos por cinco minutos que nos parecen tres horas.
J′ai toujours dit — et expérimenté— que le plus puissant des hypnotiques est le sommeil. Après avoir dormi profondément deux heures, s′être battu avec tant de géants, et avoir noué pour toujours tant d′amitiés, il est bien plus difficile de s′éveiller qu′après avoir pris plusieurs grammes de véronal. Aussi, raisonnant de l′un à l′autre, je fus surpris d′apprendre par le philosophe norvégien, qui le tenait de M. Boutroux, «son éminent collègue — pardon, son confrère» — ce que M. Bergson pensait des altérations particulières de la mémoire dues aux hypnotiques. «Bien entendu, aurait dit M. Bergson à M. Boutroux, à en croire le philosophe norvégien, les hypnotiques pris de temps en temps, à doses modérées, n′ont pas d′influence sur cette solide mémoire de notre vie de tous les jours, si bien installée en nous. Mais il est d′autres mémoires, plus hautes, plus instables aussi. Un de mes collègues fait un cours d′histoire ancienne. Il m′a dit que si, la veille, il avait pris un cachet pour dormir, il avait de la peine, pendant son cours, à retrouver les citations grecques dont il avait besoin. Le docteur qui lui avait recommandé ces cachets lui assura qu′ils étaient sans influence sur la mémoire. «C′est peut-être que vous n′avez pas à faire de citations grecques», lui avait répondu l′historien, non sans un orgueil moqueur.» Siempre he dicho -y experimentado- que el sueño es el hipnótico más poderoso. Después de haber dormido profundamente dos horas, haber combatido con tantos gigantes y haber trabado para siempre tantas amistades, es mucho más difícil despertarse que después de haber tomado varios gramos de veronal. Razonando así de uno al otro, me sorprendió saber por boca del filósofo noruego, que lo sabía por el señor Boutroux, “su eminente colega -perdón, su cofrade- “lo que pensaba el señor Bergson de las alteraciones particulares de la memoria debidas a los hipnóticos. “Se entiende, le habría dicho el señor Bergson al señor Boutroux, si creemos al filósofo noruego, que los hipnóticos tomados de vez en cuando en dosis moderadas, no tienen influencia sobre esa sólida memoria de nuestra vida diaria tan bien instalada entre nosotros. Pero existen otras memorias, más altas y también más inestables. Uno de mis colegas dicta un curso de historia antigua. Me dijo que si tomaba un comprimido para dormirse la noche anterior, luego durante el curso le costaba encontrar las citas griegas que necesitaba. El médico que le había recomendado esos comprimidos le aseguró que no tenían ninguna influencia sobre la memoria. “Quizás sea porque usted no necesita hacer citas en griego” le había contestado, no sin un orgullo burlón, el historiador.”
Je ne sais si cette conversation entre M. Bergson et M. Boutroux est exacte. Le philosophe norvégien, pourtant si profond et si clair, si passionnément attentif, a pu mal comprendre. Personnellement mon expérience m′a donné des résultats opposés. No sé si es exacta esa conversación entre el señor Bergson y el señor Boutroux. El filósofo noruego, sin embargo tan profundo y tan claro, tan apasionadamente atento, pudo haber comprendido mal. Personalmente mi experiencia me ha proporcionado resultados opuestos.
Les moments d′oubli qui suivent, le lendemain, l′ingestion de certains narcotiques ont une ressemblance partielle seulement, mais troublante, avec l′oubli qui règne au cours d′une nuit de sommeil naturel et profond. Or, ce que j′oublie dans l′un et l′autre cas, ce n′est pas tel vers de Baudelaire qui me fatigue plutôt, «ainsi qu′un tympanon», ce n′est pas tel concept d′un des philosophes cités, c′est la réalité elle-même des choses vulgaires qui m′entourent — si je dors — et dont la non-perception fait de moi un fou; c′est, si je suis éveillé et sors à la suite d′un sommeil artificiel, non pas le système de Porphyre ou de Plotin, dont je puis discuter aussi bien qu′un autre jour, mais la réponse que j′ai promis de donner à une invitation, au souvenir de laquelle s′est substitué un pur blanc. L′idée élevée est restée à sa place; ce que l′hypnotique a mis hors d′usage c′est le pouvoir d′agir dans les petites choses, dans tout ce qui demande de l′activité pour ressaisir juste à temps, pour empoigner tel souvenir de la vie de tous les jours. Malgré tout ce qu′on peut dire de la survie après la destruction du cerveau, je remarque qu′à chaque altération du cerveau correspond un fragment de mort. Nous possédons tous nos souvenirs, sinon la faculté de nous les rappeler, dit d′après M. Bergson le grand philosophe norvégien, dont je n′ai pas essayé, pour ne pas ralentir encore, d′imiter le langage. Sinon la faculté de se les rappeler. Mais qu′est-ce qu′un souvenir qu′on ne se rappelle pas? Ou bien, allons plus loin. Nous ne nous rappelons pas nos souvenirs des trente dernières années; mais ils nous baignent tout entiers; pourquoi alors s′arrêter à trente années, pourquoi ne pas prolonger jusqu′au delà de la naissance cette vie antérieure? Du moment que je ne connais pas toute une partie des souvenirs qui sont derrière moi, du moment qu′ils me sont invisibles, que je n′ai pas la faculté de les appeler à moi, qui me dit que, dans cette masse inconnue de moi, il n′y en a pas qui remontent à bien au delà de ma vie humaine? Si je puis avoir en moi et autour de moi tant de souvenirs dont je ne me souviens pas, cet oubli (du moins oubli de fait puisque je n′ai pas la faculté de rien voir) peut porter sur une vie que j′ai vécue dans le corps d′un autre homme, même sur une autre planète. Un même oubli efface tout. Mais alors que signifie cette immortalité de l′âme dont le philosophe norvégien affirmait la réalité? L′être que je serai après la mort n′a pas plus de raisons de se souvenir de l′homme que je suis depuis ma naissance que ce dernier ne se souvient de ce que j′ai été avant elle. Los momentos de olvido que siguen al día siguiente de la ingestión de ciertos narcóticos, tienen un parecido sólo parcial, pero inquietante con el olvido que reina en el curso de una noche de sueño natural yprofundo. Y lo que olvido en uno yotro caso no es tal o cual verso de Baudelaire que me cansa más bien, “tal como un xilófono”, no es uno u otro concepto de uno de los filósofos citados, es la misma realidad de las cosas vulgares que me rodean -si duermo- y cuya no percepción me convierte en un loco; si estoy despierto y salgo de un sueño artificial, no es el sistema de Porfiro o de Plotino del que puedo discutir tan bien como otros días, sino la respuesta que prometí a una invitación, a cuyo recuerdo se ha sustituido un blanco completo. La elevada ha seguido en su lugar; lo que ha puesto fuera de uso el hipnótico es el poder de obrar dentro de las pequeñas cosas, en todo aquello que exige actividad para reponerse justo a tiempo, para apoderarse de tal o cual recuerdo de la vida diaria. A pesar de todo cuanto pueda decirse de la supervivencia después de la destrucción del cerebro, advierto que a cada alteración del cerebro corresponde un fragmento de muerte. Poseemos todos nuestros recuerdos, ya que no la facultad de recordarlos, dice de acuerdo al señor Bergson el gran filósofo noruego cuyo lenguaje no he tratado de imitar, para no perder más tiempo. Sino la facultad de recordarlos. Pero ¿qué es un recuerdo que uno no recuerda? O mejor, vayamos más lejos. No recordamos nuestros recuerdos de los últimos treinta años; pero nos bañan por completo; ¿por qué detenerse entonces en treinta años?, ¿por qué no prolongar esta vida anterior más allá del nacimiento? Dado que no conozco toda una parte de los recuerdos que están detrás de mí, dado que me son invisibles, que no tengo el poder de llamarlos hacia mí, ¿quién me dice que en esa masa desconocida de mí mismo no hay algunos que se remonten mucho más allá de mi vida humana? Si puedo tener en mí y alrededor de mí tantos recuerdos que no recuerdo, ese olvido (por lo menos olvido de hecho ya que no poseo la facultad de ver nada) puede ir a parar a una vida que he vivido en el cuerpo de otro hombre, aun en otro planeta. Un mismo olvido lo borra todo. Pero entonces ¿qué significa esta inmortalidad del alma cuya realidad afirmaba el filósofo noruego? El ser que seré después de muerto ya no, tiene motivos de recordar al hombre que soy desde mi nacimiento, de lo que ese último recuerda lo que he sido antes que ella.
Le valet de chambre entrait. Je ne lui disais pas que j′avais sonné plusieurs fois, car je me rendais compte que je n′avais fait jusque-là que le rêve que je sonnais. J′étais effrayé pourtant de penser que ce rêve avait eu la netteté de la connaissance. La connaissance aurait-elle, réciproquement, l′irréalité du rêve? El mucamo entraba. No le decía que había llamado varias veces, porque me daba cuenta que hasta ese momento no había hecho más que soñar que llamaba. Me espantaba sin embargo pensar que ese sueño había tenido la nitidez del conocimiento. ¿Tendría recíprocamente, el conocimiento la irrealidad del sueño?
En revanche, je lui demandais qui avait tant sonné cette nuit. Il me disait: personne, et pouvait l′affirmer, car le «tableau» des sonneries eût marqué. Pourtant j′entendais les coups répétés, presque furieux, qui vibraient encore dans mon oreille et devaient me rester perceptibles pendant plusieurs jours. Il est pourtant rare que le sommeil jette ainsi dans la vie éveillée des souvenirs qui ne meurent pas avec lui. On peut compter ces aérolithes. Si c′est une idée que le sommeil a forgée, elle se dissocie très vite en fragments ténus, irretrouvables. Mais, là, le sommeil avait fabriqué des sons. Plus matériels et plus simples, ils duraient davantage. En cambio le preguntaba quién era el que había llamado tanto esa noche. Me decía: nadie y podía afirmarlo porque el tablero de llamadas las hubiera señalado. Sin embargo yo oía los llamados repetidos, casi furiosos, que seguían vibrando en mis oídos y debían serme perceptible durante varios días. Es raro, no obstante, que el sueño arroje en esa forma recuerdos que no mueren sino con él. Uno puede contar aerolitos. Si es una idea que ha forjado el sueño, se disgrega muy rápidamente en fragmentos tenues, inalcanzables. Pero ahí el sueño había fabricado sonidos. Más materiales y más sencillos, duraban todavía.
J′étais étonné de l′heure relativement matinale que me disait le valet de chambre. Je n′en étais pas moins reposé. Ce sont les sommeils légers qui ont une longue durée, parce qu′intermédiaires entre la veille et le sommeil, gardant de la première une notion un peu effacée mais permanente, il leur faut infiniment plus de temps pour nous reposer qu′un sommeil profond, lequel peut être court. Je me sentais bien à mon aise pour une autre raison. S′il suffit de se rappeler qu′on s′est fatigué pour sentir péniblement sa fatigue, se dire: «Je me suis reposé» suffit à créer le repos. Or j′avais rêvé que M. de Charlus avait cent dix ans et venait de donner une paire de claques à sa propre mère; de Mme Verdurin, qu′elle avait acheté cinq milliards un bouquet de violettes; j′étais donc assuré d′avoir dormi profondément, rêvé à rebours de mes notions de la veille et de toutes les possibilités de la vie courante; cela suffisait pour que je me sentisse tout reposé. Me asombraba la hora relativamente temprana que me anunciaba el mucamo. No por eso estaba menos descansado. Son los sueños livianos los que tienen una larga duración porque ya que son intermediarios entre la vigilia y el sueño, conservan una noción algo borrosa pero permanente de la primera y necesitan infinitamente mucho más tiempo para descansarnos que un sueño profundo, que puede ser corto. Me sentía muy cómodo por otro motivo. Si basta recordar que uno está cansado para sentir penosamente el cansancio, decirse: “Estoy descansado” basta para crear el reposo. Y yo había soñado que el señor de Charlus tenía ciento diez años y acababa de darle un par de cachetadas a su propia madre. Que la señora de Verdurin había comprado un ramo de violetas por cinco mil millones; estaba pues seguro de haberme dormido profundamente, soñado a contramano de mis nociones del día anterior y de todas las posibilidades de la vida corriente; lo que bastaba para sentirme completamente descansado.
J′aurais bien étonné ma mère, qui ne pouvait comprendre l′assiduité de M. de Charlus chez les Verdurin, si je lui avais raconté (précisément le jour où avait été commandée la toque d′Albertine, sans rien lui en dire et pour qu′elle en eût la surprise) avec qui M. de Charlus était venu dîner dans un salon au Grand-Hôtel de Balbec. L′invité n′était autre que le valet de pied d′une cousine des Cambremer. Ce valet de pied était habillé avec une grande élégance et, quand il traversa le hall avec le baron, il «fit homme du monde» aux yeux des touristes, comme aurait dit Saint–Loup. Même les jeunes chasseurs, les «lévites» qui descendaient en foule les degrés du temple à ce moment, parce que c′était celui de la relève, ne firent pas attention aux deux arrivants, dont l′un, M. de Charlus, tenait, en baissant les yeux, à montrer qu′il leur en accordait très peu. Il avait l′air de se frayer un passage au milieu d′eux. «Prospérez, cher espoir d′une nation sainte», dit-il en se rappelant des vers de Racine, cités dans un tout autre sens. «Plaît-il?» demanda le valet de pied, peu au courant des classiques. M. de Charlus ne lui répondit pas, car il mettait un certain orgueil à ne pas tenir compte des questions et à marcher droit devant lui comme s′il n′y avait pas eu d′autres clients de l′hôtel et s′il n′existait au monde que lui, baron de Charlus. Mais ayant continué les vers de Josabeth: «Venez, venez, mes filles», il se sentit dégoûté et n′ajouta pas, comme elle: «il faut les appeler», car ces jeunes enfants n′avaient pas encore atteint l′âge où le sexe est entièrement formé et qui plaisait à M. de Charlus. D′ailleurs, s′il avait écrit au valet de pied de Mme de Chevregny, parce qu′il ne doutait pas de sa docilité, il l′avait espéré plus viril. Il le trouvait, à le voir, plus efféminé qu′il n′eût voulu. Il lui dit qu′il aurait cru avoir affaire à quelqu′un d′autre, car il connaissait de vue un autre valet de pied de Mme de Chevregny, qu′en effet il avait remarqué sur la voiture. C′était une espèce de paysan fort rustaud, tout l′opposé de celui-ci, qui, estimant au contraire ses mièvreries autant de supériorités et ne doutant pas que ce fussent ces qualités d′homme du monde qui eussent séduit M. de Charlus, ne comprit même pas de qui le baron voulait parler. «Mais je n′ai aucun camarade qu′un que vous ne pouvez pas avoir reluqué, il est affreux, il a l′air d′un gros paysan». Et à l′idée que c′était peut-être ce rustre que le baron avait vu, il éprouva une piqûre d′amour-propre. Le baron la devina et, élargissant son enquête: «Mais je n′ai pas fait un voeu spécial de ne connaître que des gens de Mme de Chevregny, dit-il. Est-ce que ici, ou à Paris puisque vous partez bientôt, vous ne pourriez pas me présenter beaucoup de vos camarades d′une maison ou d′une autre? — Oh! non! répondit le valet de pied, je ne fréquente personne de ma classe. Je ne leur parle que pour le service. Mais il y a quelqu′un de très bien que je pourrai vous faire connaître. — Qui? demanda le baron. — Le prince de Guermantes.» M. de Charlus fut dépité qu′on ne lui offrît qu′un homme de cet âge, et pour lequel, du reste, il n′avait pas besoin de la recommandation d′un valet de pied. Aussi déclina-t-il l′offre d′un ton sec et, ne se laissant pas décourager par les prétentions mondaines du larbin, recommença à lui expliquer ce qu′il voudrait, le genre, le type, soit un jockey, etc . . . Craignant que le notaire, qui passait à ce moment-là, ne l′eût entendu, il crut fin de montrer qu′il parlait de tout autre chose que de ce qu′on aurait pu croire et dit avec insistance et à la cantonade, mais comme s′il ne faisait que continuer sa conversation: «Oui, malgré mon âge j′ai gardé le goût de bibeloter, le goût des jolis bibelots, je fais des folies pour un vieux bronze, pour un lustre ancien. J′adore le Beau.» Hubiera asombrado mucho a mi madre que no podía comprender la asiduidad del señor de Charlus con los Verdurin, si le contara (precisamente el día en que había encargado la toca de Albertina, sin decirle nada y para sorprenderla) con quién había ido a cenar el señor de Charlus a un salón del gran hotel de Balbec. El invitado no era otro que el mucamo de una prima de los Cambremer. Ese mucamo estaba vestido con mucha elegancia y cuando atravesó el hall con el barón, pasó por hombre de mundo a los ojos de los turistas, como hubiera dicho Saint-Loup. Ni siquiera los jóvenes botones, los “levitas” que bajaban en tropel los escalones del templo en ese momento del relevo, prestaron atención a los dos recién llegados, de los cuales, a uno, el señor de Charlus mientras bajaba los ojos le interesaba indicarles que les concedía muy poca. Parecía que se estuviese abriendo una picada entre ellos. “Prosperad, cara esperanza de una nación santa”, dijo recordando unos versos de Racine, citados en un sentido muy distinto. “¿Cómo?”, preguntó el mucamo muy poco al corriente de los clásicos. El señor de Charlus no le contestó porque ponía cierto orgullo en no tener en cuenta las preguntas y seguía marchando derecho como si no hubiese otros clientes en el hotel y como si en el mundo no existiese nadie más que él, el barón de Charlus. Pero al continuar los versos de Josabeth: “Venid, venid, hijas mías”, sintió repugnancia y no agregó como ella, hay que llamarlos, porque esos niños no habían alcanzado aún la edad en que se ha formado el sexo por completo y que tanto gustaba al señor de Charlus. Por otra parte, si le había escrito al mucamo de la señora de Chevregny, por no dudar de su conformidad, lo había imaginado más viril. Lo encontraba al verlo más afeminado de lo que quisiera. Le hubiese dicho que creía habérselas con cualquier otro porque conocía de vista a otro mucamo de la señora de Chevregny, que efectivamente había advertido en el coche. Era algo así como un campesino, muy rústico, completamente opuesto a este que por el contrario suponía que todos sus remilgos eran otras tantas superioridades y no dudaba que fuesen sus cualidades de hombre de mundo las que sedujeran al señor de Charlus y no comprendió siquiera de qué quería hablar el barón. “Pero no tengo ningún compañero, más que uno que no, puede haber tenido usted en cuenta; es horrible, parece un campesino gordo”. Y ante la suposición de que era quizás ese rústico el que había visto el barón experimentó una herida en su amor propio. El barón la adivinó y ampliando su encuesta: “Pero no hice un voto especial de conocer únicamente a la gente de la señora de Chevregny, dijo. ¿Acaso aquí o en París, ya que parte usted pronto, no podría presentarme muchos compañeros de una u otra casa? -¡Oh, no! contestó el mucamo-; no frecuento a nadie de mi clase. No les hablo más que por razones de servicio. Pero podría hacerle conocer a una persona muy bien. ¿¿Quién?, preguntó el barón. -El príncipe de Guermantes”. Al señor de Charlus le causó despecho que no le ofrecieran sino un hombre de esa edad, y para el cual por otra parte no necesitaba la recomendación de un mucamo. Por lo que rechazó el ofrecimiento con un tono seco y sin dejarse desalentar por las pretensiones sociales del sirviente empezó de nuevo a explicarle lo que quería, el género, el tipo, aunque fuese un jockey, etc... Por temor a que lo hubiese oído el escribano que pasaba en esos momentos, creyó ingenioso indicar que hablaba de otra cosa y dijo con insistencia y como entre bambalinas, pero como si sólo continuara su conversación: “Si, a pesar de mi edad, he conservado el gusto por las chucherías, las chucherías bonitas. Haría locuras por un bronce antiguo, una araña antigua. Me encanta lo Bello”.
Mais pour faire comprendre au valet de pied le changement de sujet qu′il avait exécuté si rapidement, M. de Charlus pesait tellement sur chaque mot, et de plus, pour être entendu du notaire, il les criait tous si fort, que tout ce jeu de scène eût suffi à déceler ce qu′il cachait pour des oreilles plus averties que celles de l′officier ministériel. Celui-ci ne se douta de rien, non plus qu′aucun autre client de l′hôtel, qui virent tous un élégant étranger dans le valet de pied si bien mis. En revanche, si les hommes du monde s′y trompèrent et le prirent pour un Américain très chic, à peine parut-il devant les domestiques qu′il fut deviné par eux, comme un forçat reconnaît un forçat, même plus vite, flairé à distance comme un animal par certains animaux. Les chefs de rang levèrent l′oeil. Aimé jeta un regard soupçonneux. Le sommelier, haussant les épaules, dit derrière sa main, parce qu′il crut cela de la politesse, une phrase désobligeante que tout le monde entendit. ero para que el mucamo comprendiese el cambio de tema que había ejecutado con tanta rapidez, el señor de Charlus apoyaba tanto sobre cada palabra y además para que lo oyese el notario, las gritaba tanto, que todo ese juego escénico hubiese bastado para revelar lo que ocultaba a oídos menos avisados que los del fiel oficial ministerial. Este nada sospechó al igual que todos los clientes de hotel que tomaron por un extranjero elegante al mucamo tan bien vestido. En cambio, si los hombres de mundo se equivocaron y lo tomaron por un americano muy elegante, apenas apareció ante los sirvientes éstos lo identificaron como un forzado reconoce a otro forzado, como un animal reconoce a otros. Los jefes de fila levantaron la vista. Aimé echó un vistazo suspicaz. El sumiller, alzando los hombros y ocultándose con la mano dijo, porque creyó que eso era cortés, una frase desagradable que todos oyeron.
Et même notre vieille Françoise, dont la vue baissait et qui passait à ce moment-là au pied de l′escalier pour aller dîner «aux courriers», leva la tête, reconnut un domestique là où des convives de l′hôtel ne le soupçonnaient pas — comme la vieille nourrice Euryclée reconnaît Ulysse bien avant les prétendants assis au festin — et, voyant marcher familièrement avec lui M. de Charlus, eut une expression accablée, comme si tout d′un coup des méchancetés qu′elle avait entendu dire et n′avait pas crues eussent acquis à ses yeux une navrante vraisemblance. Elle ne me parla jamais, ni à personne, de cet incident, mais il dut faire faire à son cerveau un travail considérable, car plus tard, chaque fois qu′à Paris elle eut l′occasion de voir Jupien, qu′elle avait jusque-là tant aimé, elle eut toujours avec lui de la politesse, mais qui avait refroidi et était toujours additionnée d′une forte dose de réserve. Ce même incident amena au contraire quelqu′un d′autre à me faire une confidence; ce fut Aimé. Quand j′avais croisé M. de Charlus, celui-ci, qui n′avait pas cru me rencontrer, me cria, en levant la main: «bonsoir», avec l′indifférence, apparente du moins, d′un grand seigneur qui se croit tout permis et qui trouve plus habile d′avoir l′air de ne pas se cacher. Or Aimé, qui, à ce moment, l′observait d′un oeil méfiant et qui vit que je saluais le compagnon de celui en qui il était certain de voir un domestique, me demanda le soir même qui c′était. Y hasta nuestra vieja Francisca, cuya vista aflojaba y que pasaba en esos momentos al pie de la escalera para ir a comer con “los correos”, levantó la cabeza, reconoció un sirviente ahí donde no lo sospechaban los huéspedes del hotel -como la vieja nodriza Euricles reconoció a Ulises mucho antes que los Pretendientes sentados en el festín- y viendo que el señor de Charlus caminaba familiarmente con él, tuvo una expresión agobiada, como si de pronto todas las maldades que había oído y no pudiera creer adquiriesen a sus ojos una triste verosimilitud. Nunca me habló a mí ni a nadie de ese incidente, pero debió provocarle un trabajo considerable a su cerebro, porque más tarde, cada vez que tenía oportunidad de ver a “Julián”, que tanto había amado, en París, se portó siempre cortésmente con él, pero enfriada y con una fuerte dosis de reserva. Ese mismo incidente llevó por el contrario a otro a una confidencia: y fue Aimé. Cuando me crucé con el señor de Charlus, él, que no había creído encontrarme, me gritó “buenas noches” a tiempo que levantaba la mano con la indiferencia por lo menos aparente de un gran señor que se lo cree todo permitido y a quien le parece más hábil aparentar que no se oculta. Y Aimé, que en ese momento lo observaba con ojos desconfiados y que vio que yo saludaba al compañero de aquel en quien estaba seguro de reconocer un sirviente, me preguntó esa misma noche quién era
Car depuis quelque temps Aimé aimait à causer ou plutôt, comme il disait, sans doute pour marquer le caractère selon lui philosophique de ces causeries, à «discuter» avec moi. Et comme je lui disais souvent que j′étais gêné qu′il restât debout près de moi pendant que je dînais au lieu qu′il pût s′asseoir et partager mon repas, il déclarait qu′il n′avait jamais vu un client ayant «le raisonnement aussi juste». Il causait en ce moment avec deux garçons. Ils m′avaient salué, je ne savais pas pourquoi; leurs visages m′étaient inconnus, bien que dans leur conversation résonnât une rumeur qui ne me semblait pas nouvelle. Aimé les morigénait tous deux à cause de leurs fiançailles, qu′il désapprouvait. Il me prit à témoin, je dis que je ne pouvais avoir d′opinion, ne les connaissant pas. Ils me rappelèrent leur nom, qu′ils m′avaient souvent servi à Rivebelle. Mais l′un avait laissé pousser sa moustache, l′autre l′avait rasée et s′était fait tondre; et à cause de cela, bien que ce fût leur tête d′autrefois qui était posée sur leurs épaules (et non une autre, comme dans les restaurations fautives de Notre–Dame), elle m′était restée aussi invisible que ces objets qui échappent aux perquisitions les plus minutieuses, et qui traînent simplement aux yeux de tous, lesquels ne les remarquent pas, sur une cheminée. Dès que je sus leur nom, je reconnus exactement la musique incertaine de leur voix parce que je revis leur ancien visage qui la déterminait. «Ils veulent se marier et ils ne savent seulement pas l′anglais!» me dit Aimé, qui ne songeait pas que j′étais peu au courant de la profession hôtelière et comprenais mal que, si on ne sait pas les langues étrangères, on ne peut pas compter sur une situation. porque desde hacía algún tiempo, a Aimé le gustaba conversar o más bien, como le gustaba decir, sin duda para señalar el carácter filosófico de esas charlas, “discutir” conmigo. Y como a menudo le decía que me molestaba que él permaneciera de pie mientras yo comía en lugar de sentarse y compartir mi comida, declaraba que nunca había visto un cliente que tuviese “un razonamiento tan preciso”. En ese momento conversaba con dos mozos. Me habían saludado y no sé por qué sus rostros seguían siendo desconocidos para mí aunque había en su conversación un rumor que no me parecía nuevo. Aimé los reprendía a los dos debido a sus noviazgos que no aprobaba. Me tomó como testigo, y yo dije que no podía emitir una opinión ya que no los conocía. Me recordaron su nombre y haberme servido a menudo en Rivebelle. Pero uno se había dejado crecer el bigote y el otro se lo había afeitado yhecho rapar la cabeza; ydebido a ello, aunque fuese la misma cabeza de antaño la que estuviera colocada sobre sus hombros (y no otra como en las restauraciones defectuosas de Notre-Dame) continuó tan invisible para mí como esos objetos que escapan a las minuciosas investigaciones y que están sobre una chimenea simplemente a la vista de todos los que no los advierten. En cuanto supe sus nombres, reconocí exactamente la música indeterminada de sus voces porque volví a ver sus antiguos rostros que las determinaban. “Quieren casarse y ni siquiera saben inglés”, me dijo Aimé, que ignoraba que yo no estaba al corriente de la profesión hotelera y no comprendía cómo si se desconocen los idiomas extranjeros, se puede contar con una situación.
Moi qui croyais qu′il saurait aisément que le nouveau dîneur était M. de Charlus, et me figurais même qu′il devait se le rappeler, l′ayant servi dans la salle à manger quand le baron était venu, pendant mon premier séjour à Balbec, voir Mme de Villeparisis, je lui dis son nom. Or non seulement Aimé ne se rappelait pas le baron de Charlus, mais ce nom parut lui produire une impression profonde. Il me dit qu′il chercherait le lendemain dans ses affaires une lettre que je pourrais peut-être lui expliquer. Je fus d′autant plus étonné que M. de Charlus, quand il avait voulu me donner un livre de Bergotte, à Balbec, la première année, avait fait spécialement demander Aimé, qu′il avait dû retrouver ensuite dans ce restaurant de Paris où j′avais déjeuné avec Saint–Loup et sa maîtresse et où M. de Charlus était venu nous espionner. Il est vrai qu′Aimé n′avait pu accomplir en personne ces missions, étant, une fois, couché et, la seconde fois, en train de servir. J′avais pourtant de grands doutes sur sa sincérité quand il prétendait ne pas connaître M. de Charlus. D′une part, il avait dû convenir au baron. Comme tous les chefs d′étage de l′hôtel de Balbec, comme plusieurs valets de chambre du prince de Guermantes, Aimé appartenait à une race plus ancienne que celle du prince, donc plus noble. Quand on demandait un salon, on se croyait d′abord seul. Mais bientôt dans l′office on apercevait un sculptural maître d′hôtel, de ce genre étrusque roux dont Aimé était le type, un peu vieilli par les excès de champagne et voyant venir l′heure nécessaire de l′eau de Contrexéville. Tous les clients ne leur demandaient pas que de les servir. Les commis, qui étaient jeunes, scrupuleux, pressés, attendus par une maîtresse en ville, se dérobaient. Aussi Aimé leur reprochait-il de n′être pas sérieux. Il en avait le droit. Sérieux, lui l′était. Il avait une femme et des enfants, de l′ambition pour eux. Aussi les avances qu′une étrangère ou un étranger lui faisaient, il ne les repoussait pas, fallût-il rester toute la nuit. Car le travail doit passer avant tout. Il avait tellement le genre qui pouvait plaire à M. de Charlus que je le soupçonnai de mensonge quand il me dit ne pas le connaître. Je me trompais. C′est en toute vérité que le groom avait dit au baron qu′Aimé (qui lui avait passé un savon le lendemain) était couché (ou sorti), et l′autre fois en train de servir. Mais l′imagination suppose au delà de la réalité. Et l′embarras du groom avait probablement excité chez M. de Charlus, quant à la sincérité de ses excuses, des doutes qui avaient blessé chez lui des sentiments qu′Aimé ne soupçonnait pas. On a vu aussi que Saint–Loup avait empêché Aimé d′aller à la voiture où M. de Charlus qui, je ne sais comment, s′était procuré la nouvelle adresse du maître d′hôtel, avait éprouvé une nouvelle déception. Aimé, qui ne l′avait pas remarqué, éprouva un étonnement qu′on peut concevoir quand, le soir même du jour où j′avais déjeuné avec Saint–Loup et sa maîtresse, il reçut une lettre fermée par un cachet aux armes de Guermantes et dont je citerai ici quelques passages comme exemple de folie unilatérale chez un homme intelligent s′adressant à un imbécile sensé. «Monsieur, je n′ai pu réussir, malgré des efforts qui étonneraient bien des gens cherchant inutilement à être reçus et salués par moi, à obtenir que vous écoutiez les quelques explications que vous ne me demandiez pas mais que je croyais de ma dignité et de la vôtre de vous offrir. Je vais donc écrire ici ce qu′il eût été plus aisé de vous dire de vive voix. Je ne vous cacherai pas que, la première fois que je vous ai vu à Balbec, votre figure m′a été franchement antipathique.» Suivaient alors des réflexions sur la ressemblance — remarquée le second jour seulement — avec un ami défunt pour qui M. de Charlus avait eu une grande affection. «J′avais eu alors un moment l′idée que vous pouviez, sans gêner en rien votre profession, venir, en faisant avec moi les parties de cartes avec lesquelles sa gaieté savait dissiper ma tristesse, me donner l′illusion qu′il n′était pas mort. Quelle que soit la nature des suppositions plus ou moins sottes que vous avez probablement faites et plus à la portée d′un serviteur (qui ne mérite même pas ce nom puisque il n′a pas voulu servir) que la compréhension d′un sentiment si élevé, vous avez probablement cru vous donner de l′importance, ignorant qui j′étais et ce que j′étais, en me faisant répondre, quand je vous faisais demander un livre, que vous étiez couché; or c′est une erreur de croire qu′un mauvais procédé ajoute jamais à la grâce, dont vous êtes d′ailleurs entièrement dépourvu. J′aurais brisé là si par hasard, le lendemain matin, je ne vous avais pu parler. Votre ressemblance avec mon pauvre ami s′accentua tellement, faisant disparaître jusqu′à la forme insupportable de votre menton proéminent, que je compris que c′était le défunt qui à ce moment vous prêtait de son expression si bonne afin de vous permettre de me ressaisir, et de vous empêcher de manquer la chance unique qui s′offrait à vous. En effet, quoique je ne veuille pas, puisque tout cela n′a plus d′objet et que je n′aurai plus l′occasion de vous rencontrer en cette vie, mêler à tout cela de brutales questions d′intérêt, j′aurais été trop heureux d′obéir à la prière du mort (car je crois à la communion des saints et à leur velléité d′intervention dans le destin des vivants), d′agir avec vous comme avec lui, qui avait sa voiture, ses domestiques, et à qui il était bien naturel que je consacrasse la plus grande partie de mes revenus puisque je l′aimais comme un fils. Vous en avez décidé autrement. A ma demande que vous me rapportiez un livre, vous avez fait répondre que vous aviez à sortir. Et ce matin, quand je vous ai fait demander de venir à ma voiture, vous m′avez, si je peux, parler ainsi sans sacrilège, renié pour la troisième fois. Vous m′excuserez de ne pas mettre dans cette enveloppe les pourboires élevés que je comptais vous donner à Balbec et auxquels il me serait trop pénible de m′en tenir à l′égard de quelqu′un avec qui j′avais cru un moment tout partager. Tout au plus pourriez-vous m′éviter de faire auprès de vous, dans votre restaurant, une quatrième tentative inutile et jusqu′à laquelle ma patience n′ira pas. (Et ici M. de Charlus donnait son adresse, l′indication des heures où on le trouverait, etc . . . ) Adieu, Monsieur. Comme je crois que, ressemblant tant à l′ami que j′ai perdu, vous ne pouvez être entièrement stupide, sans quoi la physiognomonie serait une science fausse, je suis persuadé qu′un jour, si vous repensez à cet incident, ce ne sera pas sans éprouver quelque regret et quelque remords. Pour ma part, croyez que bien sincèrement je n′en garde aucune amertume. J′aurais mieux aimé que nous nous quittions sur un moins mauvais souvenir que cette troisième démarche inutile. Elle sera vite oubliée. Nous sommes comme ces vaisseaux que vous avez dû apercevoir parfois de Balbec, qui se sont croisés un moment; il eût pu y avoir avantage pour chacun d′eux à stopper; mais l′un a jugé différemment; bientôt ils ne s′apercevront même plus à l′horizon, et la rencontre est effacée; mais avant cette séparation définitive, chacun salue l′autre, et c′est ce que fait ici, Monsieur, en vous souhaitant bonne chance, le Baron de Charlus.» Yo, que creía que sabría fácilmente que el recién llegado era el señor de Charlus y me figuraba que hasta debla recordarlo, ya que lo habla servido en el comedor cuando vino el barón durante mi primera estada en Balbec para ver a la señora de Villeparisis, le dije su nombre. Y no sólo Aimé no recordaba al barón de Charlus, sino que ese nombre pareció provocarle una impresión profunda. Me dijo que al día siguiente buscaría entre sus cosas, una carta que quizás yo podría explicarle. Me extrañó tanto más porque cuando el señor de Charlus había querido regalarme un libro de Bergotte, en Balbec durante el primer año, lo había hecho llamar especialmente a Aimé, que luego debió volver a encontrar en ese restaurante de París donde almorzara ya con Saint-Loup ysu querida ydonde fuera a espiarnos el señor de Charlus. Es verdad que Aimé no había podido cumplir personalmente esas misiones, ya que la primera vez estaba acostado y la segunda vez estaba sirviendo. Tenía sin embargo grandes dudas acerca de su sinceridad, cuando pretendía no conocer al señor de Charlus. Por una parte debió convenirle al barón. Como todos los jefes de piso del Hotel de Balbec y como varios mucamos del príncipe de Guermantes, Aimé pertenecía a una raza más antigua que la del príncipe, por consiguiente más noble. Cuando uno pedía una sala se creía primeramente solo. Pero pronto, en el office advertía un maître d′ hotel escultural, en ese estilo etrusco pelirrojo del que Aimé era el prototipo, algo envejecido por los excesos de champaña y que veía acercarse el momento necesario del agua de Contrexéville. No todos los clientes se limitaban a pedirles que los sirvieran. Los mozos que eran jóvenes, escrupulosos, presurosos y a quienes esperaba una querida en la ciudad, se sustraían. Por eso Aimé les reprochaba su falta de seriedad. Tenía derecho a ello. Él era serio. Tenía una mujer e hijos y ambición debido a ellos. Por eso no rechazaba las insinuaciones de una extranjera o un extranjero aunque tuviese que quedarse toda la noche. Porque el trabajo debe anteponerse a todo. Tenía a tal punto el estilo que le debía gustar al señor de Charlus que sospeché que me mentía cuando me dijo que no lo conocía. Me equivocaba. Era completamente cierto que el groom le había dicho al barón que Aimé (que al día siguiente le había propinado un reto) se había acostado (o salido) y la otra vez estaba sirviendo. Pero la imaginación va más allá de la realidad. Y la turbación del botones había excitado posiblemente algunas dudas en el señor de Charlus, con respecto a la sinceridad de sus excusas, dudas que le habían herido sentimientos que no sospechara Aimé. También se ha visto que Saint-Loup le había impedido a Aimé llegarse hasta el coche en que el señor de Charlus fque no se sabe cómo se procurará la nueva dirección del maître d′hôtel sufriera una nueva desilusión. Aimé, que no lo había advertido, experimentó un asombro que no puede concebirse cuando la noche misma del día en que almorzara yo con Saint-Loup y su querida, recibió una carta lacrada con el escudo de los Guermantes y de la que extractaré aquí algunos párrafos, como ejemplo de la locura unilateral de un hombre inteligente que se dirige a un imbécil inequívoco. “Señor, no he podido conseguir, a pesar de algunos esfuerzos que asombrarían a mucha gente que intentaría inútilmente que yo los recibiera o los saludara, que atendiese las pocas explicaciones que usted no me pedía pero que creí deber ofrecerle por mi dignidad y la suya. Voy a escribirle pues aquí lo que hubiera sido más cómodo decirle de viva voz. No le ocultaré que la primera vez que lo vi en Balbec, su rostro me fue francamente antipático”. Seguían luego algunas reflexiones acerca del parecido -sólo advertido al segundo día- con un amigo difunto por quien el señor de Charlus había tenido mucho afecto. “Había tenido entonces por un momento la idea de que usted, sin molestar su profesión en lo más mínimo, podía venir, a jugar conmigo esos partidos de naipes con los que su alegría sabía disipar mi tristeza y darme la ilusión de que no se había muerto. Sea cual sea la naturaleza de las suposiciones más o menos tontas que usted habrá hecho posiblemente y más al alcance de un sirviente (que ni siquiera merece ese nombre ya que no ha querido servir) usted habrá creído probablemente darse importancia, ignorando quién era yo y lo que era, al mandarme contestar que estaba acostado cuando le hacía pedir un libro; y es un error suponer que un mal procedimiento añade algo a la gracia de la que por otra parte está usted desprovisto por completo. Concluiría allí mismo si por casualidad no hubiese podido hablarle al día siguiente. Su parecido con mi desventurado amigo se acentuó a tal punto, haciendo desaparecer hasta la forma insoportable de su barbilla saliente, que comprendí que era el difunto que en ese momento le prestaba algo de su expresión tan bondadosa con el objeto de permitirle volver a mí y que no perdiera la suerte única que se le estaba ofreciendo. En efecto, aunque yo no quiera -ya que todo eso no tiene más objeto y ya no tendré motivos de volver a encontrarlo en esta vida mezclar en todo eso brutales cuestiones de intereses, me hubiera considerado demasiado feliz al obedecer la súplica del muerto (porque creo en la comunión de los santos y en su voluntad de intervención en el destino de los vivos) y obrar con usted como con él, que tenía su coche, sus sirvientes y al que era muy natural que le consagrase la mayor parte de mis rentas ya que lo quería como a un hijo. Usted decidió lo contrario. Ante mi solicitud de traerme un libro usted me hizo contestar que debía salir. Y esta mañana cuando le pedí que se acercara a mi coche, usted, si puedo hablar así sin sacrilegio, me renegó por tercera vez. Me disculpará que no incluya en este sobre las abultadas propinas que esperaba darle en Balbec y con las que me sería penoso llegar a una persona con quien por un momento creí que lo compartiría todo. A lo sumo podrá usted evitarme en su restaurante el intento dé una cuarta tentativa inútil y a la que no alcanzará mi paciencia. (Y aquí el señor de Charlus daba su dirección, especificaba a qué hora se le encontraba, etc.). Adiós, señor. Como supongo que si se parece tanto al amigo perdido no puede ser usted totalmente estúpido, sin lo cual la fisiognomía sería una ciencia errónea, estoy convencido de que si algún día vuelve a pensar en este incidente, no será sin experimentar algún remordimiento y cierta lástima. Por mi parte crea muy sinceramente que no conservo ninguna amargura. Hubiera preferido que nos separásemos con un recuerdo menos malo que esta tercera tentativa inútil. Pronto quedará olvidada. Somos como esos barcos que debe haber visto a veces en Balbec y que se cruzan por un momento; pudo ser ventajoso para ellos haberse detenido; pero uno pensó en forma diferente; pronto ni se verán en el horizonte y el encuentro se esfuma; pero antes de esa separación definitiva, cada cual saluda al otro y es lo que yo hago en este lugar, señor, deseándole buena suerte; el Barón de Charlus”.
Aimé n′avait pas même lu cette lettre jusqu′au bout, n′y comprenant rien et se méfiant d′une mystification. Quand je lui eus expliqué qui était le baron, il parut quelque peu rêveur et éprouva ce regret que M. de Charlus lui avait prédit. Je ne jurerais même pas qu′il n′eût alors écrit pour s′excuser à un homme qui donnait des voitures à ses amis. Mais dans l′intervalle M. de Charlus avait fait la connaissance de Morel. Tout au plus, les relations avec celui-ci étant peut-être platoniques, M. de Charlus recherchait-il parfois, pour un soir, une compagnie comme celle dans laquelle je venais de le rencontrer dans le hall. Mais il ne pouvait plus détourner de Morel le sentiment violent qui, libre quelques années plus tôt, n′avait demandé qu′à se fixer sur Aimé et qui avait dicté la lettre dont j′étais gêné pour M. de Charlus et que m′avait montrée le maître d′hôtel. Elle était, à cause de l′amour antisocial qu′était celui de M. de Charlus, un exemple plus frappant de la force insensible et puissante qu′ont ces courants de la passion et par lesquels l′amoureux, comme un nageur entraîné sans s′en apercevoir, bien vite perd de vue la terre. Sans doute l′amour d′un homme normal peut aussi, quand l′amoureux, par l′intervention successive de ses désirs, de ses regrets, de ses déceptions, de ses projets, construit tout un roman sur une femme qu′il ne connaît pas, permettre de mesurer un assez notable écartement de deux branches de compas. Tout de même un tel écartement était singulièrement élargi par le caractère d′une passion qui n′est pas généralement partagée et par la différence des conditions de M. de Charlus et d′Aimé. Aimé ni siquiera había leído esta carta hasta el final, no comprendió una palabra y temía una superchería. Cuando le expliqué quién era el barón, pareció soñar un poco y experimentó ese remordimiento que le había anticipado el señor de Charlus. Ni siquiera juraría que no le escribiese entonces para disculparse con un hombre que le regalaba coches a sus amigos. Pero mientras tanto, el señor de Charlus había trabado relaciones con Morel. Y como a lo sumo sus relaciones con éste eran platónicas, el señor de Charlus quizás buscara por una noche una compañía como aquella con la que acababa de sorprenderlo en el hall. Pero ya no podía apartar de Morel el sentimiento violento que, libre años antes, no pedía otra cosa que fijarse en Aimé y había dictado la carta que me causaba molestias por el mismo señor de Charlus y que me enseñara el maître. Era, a causa del amor antisocial como el del señor de Charlus, un ejemplo más señalado de la fuerza insensible y potente que tienen esas corrientes de la pasión y por los que el enamorado, como un nadador arrastrado por descuido pronto pierde de vista la costa. Sin duda, también el amor de un hombre normal puede permitir la medida de una separación bastante notable de los dos brazos de un compás, cuando el enamorado por la invención sucesiva de sus deseos, de sus arrepentimientos, de sus desilusiones y de sus proyectos construye toda una novela acerca de una mujer que no conoce. Sin embargo, tal separación estaba singularmente ensanchada por el carácter de una pasión en general no compartida y por las diferentes condiciones del señor de Charlus y de Aimé.
Tous les jours, je sortais avec Albertine. Elle s′était décidée à se remettre à la peinture et avait d′abord choisi, pour travailler, l′église Saint–Jean de la Haise qui n′est plus fréquentée par personne et est connue de très peu, difficile à se faire indiquer, impossible à découvrir sans être guidé, longue à atteindre dans son isolement, à plus d′une demi-heure de la station d′Épreville, les dernières maisons du village de Quetteholme depuis longtemps passées. Pour le nom d′Épreville, je ne trouvai pas d′accord le livre du curé et les renseignements de Brichot. D′après l′un, Épreville était l′ancienne Sprevilla; l′autre indiquait comme étymologie Aprivilla. La première fois nous prîmes un petit chemin de fer dans la direction opposée à Féterne, c′est-à-dire vers Grattevast. Mais c′était la canicule et ç‘avait déjà été terrible de partir tout de suite après le déjeuner. J′eusse mieux aimé ne pas sortir si tôt; l′air lumineux et brûlant éveillait des idées d′indolence et de rafraîchissement. Il remplissait nos chambres, à ma mère et à moi, selon leur exposition, à des températures inégales, comme des chambres de balnéation. Le cabinet de toilette de maman, festonné par le soleil, d′une blancheur éclatante et mauresque, avait l′air plongé au fond d′un puits, à cause des quatre murs en plâtras sur lesquels il donnait, tandis que tout en haut, dans le carré laissé vide, le ciel, dont on voyait glisser, les uns par-dessus les autres, les flots moelleux et superposés, semblait (à cause du désir qu′on avait), situé sur une terrasse ou, vu à l′envers dans quelque glace accrochée à la fenêtre, une piscine pleine d′une eau bleue, réservée aux ablutions. Malgré cette brûlante température, nous avions été prendre le train d′une heure. Mais Albertine avait eu très chaud dans le wagon, plus encore dans le long trajet à pied, et j′avais peur qu′elle ne prît froid en restant ensuite immobile dans ce creux humide que le soleil n′atteint pas. D′autre part, et dès nos premières visites à Elstir, m′étant rendu compte qu′elle eût apprécié non seulement le luxe, mais même un certain confort dont son manque d′argent la privait, je m′étais entendu avec un loueur de Balbec afin que tous les jours une voiture vînt nous chercher. Pour avoir moins chaud nous prenions par la forêt de Chantepie. L′invisibilité des innombrables oiseaux, quelques-uns à demi marins, qui s′y répondaient à côté de nous dans les arbres donnait la même impression de repos qu′on a les yeux fermés. A côté d′Albertine, enchaîné par ses bras au fond de la voiture, j′écoutais ces Océanides. Et quand par hasard j′apercevais l′un de ces musiciens qui passaient d′une feuille sous une autre, il y avait si peu de lien apparent entre lui et ses chants que je ne croyais pas voir la cause de ceux-ci dans le petit corps sautillant, humble, étonné et sans regard. La voiture ne pouvait pas nous conduire jusqu′à l′église. Je la faisais arrêter au sortir de Quetteholme et je disais au revoir à Albertine. Car elle m′avait effrayé en me disant de cette église comme d′autres monuments, de certains tableaux: «Quel plaisir ce serait de voir cela avec vous!» Ce plaisir-là, je ne me sentais pas capable de le donner. Je n′en ressentais devant les belles choses que si j′étais seul, ou feignais de l′être et me taisais. Mais puisqu′elle avait cru pouvoir éprouver, grâce à moi, des sensations d′art qui ne se communiquent pas ainsi, je trouvais plus prudent de lui dire que je la quittais, viendrais la rechercher à la fin de la journée, mais que d′ici là il fallait que je retournasse avec la voiture faire une visite à Mme Verdurin ou aux Cambremer, ou même passer une heure avec maman à Balbec, mais jamais plus loin. Du moins, les premiers temps. Car Albertine m′ayant une fois dit par caprice: «C′est ennuyeux que la nature ait si mal fait les choses et qu′elle ait mis Saint–Jean de la Haise d′un côté, la Raspelière d′un autre, qu′on soit pour toute la journée emprisonnée dans l′endroit qu′on a choisi»; dès que j′eus reçu la toque et le voile, je commandai, pour mon malheur, une automobile à Saint–Fargeau (Sanctus Ferreolus selon le livre du curé). Albertine, laissée par moi dans l′ignorance, et qui était venue me chercher, fut surprise en entendant devant l′hôtel le ronflement du moteur, ravie quand elle sut que cette auto était pour nous. Je la fis monter un instant dans ma chambre. Elle sautait de joie. «Nous allons faire une visite aux Verdurin? — Oui, mais il vaut mieux que vous n′y alliez pas dans cette tenue puisque vous allez avoir votre auto. Tenez, vous serez mieux ainsi.» Et je sortis la toque et le voile, que j′avais cachés. «C′est à moi? Oh! ce que vous êtes gentil», s′écria-t-elle en me sautant au cou. Aimé, nous rencontrant dans l′escalier, fier de l′élégance d′Albertine et de notre moyen de transport, car ces voitures étaient assez rares à Balbec, se donna le plaisir de descendre derrière nous. Albertine, désirant être vue un peu dans sa nouvelle toilette, me demanda de faire relever la capote, qu′on baisserait ensuite pour que nous soyons plus librement ensemble. «Allons, dit Aimé au mécanicien, qu′il ne connaissait d′ailleurs pas et qui n′avait pas bougé, tu n′entends pas qu′on te dit de relever ta capote?» Car Aimé, dessalé par la vie d′hôtel, où il avait conquis, du reste, un rang éminent, n′était pas aussi timide que le cocher de fiacre pour qui Françoise était une «dame»; malgré le manque de présentation préalable, les plébéiens qu′il n′avait jamais vus il les tutoyait, sans qu′on sût trop si c′était de sa part dédain aristocratique ou fraternité populaire. «Je ne suis pas libre, répondit le chauffeur qui ne me connaissait pas. Je suis commandé pour Mlle Simonet. Je ne peux pas conduire Monsieur.» Aimé s′esclaffa: «Mais voyons, grand gourdiflot, répondit-il au mécanicien, qu′il convainquit aussitôt, c′est justement Mlle Simonet, et Monsieur, qui te commande de lever ta capote, est justement ton patron.» Et comme Aimé, quoique n′ayant pas personnellement de sympathie pour Albertine, était à cause de moi fier de la toilette qu′elle portait, il glissa au chauffeur: «T′en conduirais bien tous les jours, hein! si tu pouvais, des princesses comme ça!» Cette première fois, ce ne fut pas moi seul qui pus aller à la Raspelière, comme je fis d′autres jours pendant qu′Albertine peignait; elle voulut y venir avec moi. Elle pensait bien que nous pourrions nous arrêter çà et là sur la route, mais croyait impossible de commencer par aller à Saint–Jean de la Haise, c′est-à-dire dans une autre direction, et de faire une promenade qui semblait vouée à un jour différent. Elle apprit au contraire du mécanicien que rien n′était plus facile que d′aller à Saint–Jean où il serait en vingt minutes, et que nous y pourrions rester, si nous le voulions, plusieurs heures, ou pousser beaucoup plus loin, car de Quetteholme à la Raspelière il ne mettrait pas plus de trente-cinq minutes. Nous le comprîmes dès que la voiture, s′élançant, franchit d′un seul bond vingt pas d′un excellent cheval. Les distances ne sont que le rapport de l′espace au temps et varient avec lui. Nous exprimons la difficulté que nous avons à nous rendre à un endroit, dans un système de lieues, de kilomètres, qui devient faux dès que cette difficulté diminue. L′art en est aussi modifié, puisqu′un village, qui semblait dans un autre monde que tel autre, devient son voisin dans un paysage dont les dimensions sont changées. En tout cas, apprendre qu′il existe peut-être un univers où 2 et 2 font 5 et où la ligne droite n′est pas le chemin le plus court d′un point à un autre, eût beaucoup moins étonné Albertine que d′entendre le mécanicien lui dire qu′il était facile d′aller dans une même après-midi à Saint–Jean et à la Raspelière. Douville et Quetteholme, Saint–Mars-le-Vieux et Saint–Mars-le-Vêtu, Gourville et Balbec-le-Vieux, Tourville et Féterne, prisonniers aussi hermétiquement enfermés jusque-là dans la cellule de jours distincts que jadis Méséglise et Guermantes, et sur lesquels les mêmes yeux ne pouvaient se poser dans un seul après-midi, délivrés maintenant par le géant aux bottes de sept lieues, vinrent assembler autour de l′heure de notre goûter leurs clochers et leurs tours, leurs vieux jardins que le bois avoisinant s′empressait de découvrir. Yo salía todos los días con Albertina. Había decidido volver a pintar y eligió primeramente para su trabajo la iglesia de San Juan de la Haise, que ya no frecuenta nadie y es muy poco conocida, difícil de hacerse señalar, imposible de descubrir sin guía, distante de alcanzar en su aislamiento a más de media hora de la estación de Epreville, pasando las últimas casas de la aldea de Quetteholme. En cuanto al nombre de Epreville no me pareció estar de acuerdo el libro del cura con los informes de Brichot. Según uno, Epreville era la antigua Sprevilla; el otro indicaba como etimología Aprivilla. La primera vez tomamos un pequeño tren en la dirección opuesta a Féterne, es decir hacia Grattevast. Pero era la canícula y ya había resultado terrible partir tan pronto almorzáramos. Hubiese preferido no salir tan temprano; el aire luminoso y ardiente despertaba ideas de indolencia yde refresco. Llenaba nuestros cuartos, los de mi madre ymíos, según su exposición, con temperaturas desiguales, como cámaras de baño turco. El baño de mamá, festoneado por el sol, de una blancura deslumbrante y morisca, parecía sumergido en el fondo de un pozo, debido a las cuatro paredes de yeso sobre las que daba, mientras que allá arriba, en el cuadrado libre, el cielo cuyas corrientes se veía resbalar unas sobre otras blandas y superpuestas, parecía (debido al deseo que uno tenía) ya situado sobre una terraza (o visto al revés por algún espejo colgado en la ventana) una piscina llena de un agua azul reservada para las abluciones. A pesar de esa temperatura ardiente habíamos ido a tomar el tren de la una. Pero Albertina tuvo mucho calor en el vagón, más aún en el largo trayecto a pie y temí que fuera a enfriarse al quedarse luego inmóvil en ese hueco húmedo que no alcanza el sol. Además, y como ya desde nuestras primeras visitas a Elstir advirtiera que apreciaba no sólo el lujo sino cierto confort del que la privaba la falta de dinero, había llegado a un arreglo con un alquilador de Balbec, para que un coche fuese a buscarnos todos los días. Para sentir menos calor atravesábamos el bosque de Chantepie. La invisibilidad de los innumerables pájaros, algunos semimarinos, que se daban la réplica a nuestro lado en los árboles, daba la misma sensación de descanso que se consigue al cerrar los ojos. Yo escuchaba esas oceánidas al lado de Albertina y encadenado por sus brazos al fondo del coche. Y cuando por casualidad advertía uno de esos músicos que pasaba de una hoja a la otra, había tan poco vínculo aparente entre él y sus cantos que no me parecía su causa ese cuerpecillo saltarín, humilde, asombrado y sin miradas. El coche no podía llevarnos hasta la iglesia. Lo mandaba detener a la salida de Quettelholme y me despedía de Albertina. Porque me había espantado al decirme de esa iglesia, como de otros monumentos y de algunos cuadros: “qué placer verla con usted”. Placer que yo no me sentía capaz de brindar. No lo experimentaba ante las cosas bellas más que si estaba solo o fingía serlo y me callaba. Pero ya que había creído experimentar por obra mía sensaciones de arte que no se comunican en esa forma, me pareció más prudente decirle que la abandonaba y volvería a buscarla al terminar el día, pero que hasta entonces tenía que volver con su coche para visitar a la señora de Verdurin o los Cambremer, o pasar una hora con mamá en Balbec, pero nunca más lejos. Por lo menos, en los primeros tiempos. Porque ya que Albertina me había dicho una vez y por capricho: “-Es fastidioso que la naturaleza haya hecho tan mal las cosas y que colocara de un lado a Saint-Jean de la Haise ydel otro a la Raspeliére yque una esté aprisionada todo el día en el lugar que ha elegido”, en cuanto recibí la toca y el velo, encargué para mi desgracia un automóvil en SaintFargeau (Sanctus Ferreolus, de acuerdo al libro del cura). Albertina, que yo había dejado en la ignorancia y que había venido a buscarme, se sorprendió al oír el ronquido del motor delante del hotel y le encantó saber que el coche era para nosotros. La hice subir un instante a mi cuarto. Saltaba de alegría. “Vamos a visitar a los Verdurin. Sí, pero es mejor que no vaya vestida así, ya que va a viajar en auto. Tenga, así estará mejor”. Y saqué la toca y el velo que había escondido. “-¿Es para mí? ¡Oh, qué bueno es usted!” Al encontrarnos Aimé en la escalera, orgulloso de la elegancia de Albertina y de nuestro medio de transporte, porque esos coches eran bastante raros en Balbec, se dio el placer de bajar detrás de nosotros. Como Albertina deseaba que la vieran un poco con su nueva ropa, me pidió que mandara bajar la capota que luego subiríamos de nuevo, para estar juntos con más libertad. “Vamos, dijo Aimé, al mecánico que por otra parte no conocía y que no se había movido, ¿no oyes que te están diciendo que bajes la capota?” Porque Aimé, educado por la vida de hotel en que había conquistado por otra parte un rango distinguido, no era tan tímido como el cochero del fiacre, para quien Francisca era una señora; a pesar de la falta de presentación previa a los plebeyos que no había visto nunca, los tuteaba sin que se supiese exactamente si era por su parte desdén aristocrático o fraternidad popular. “No estoy libre, contestó el conductor que no me conocía. Me han llamado para la señorita Simonet. No puedo llevarlo al señor”. Aimé se puso a reír: “- Vamos, tonto, contestó al mecánico que convenció enseguida, es precisamente la señorita Simonet y el señor, que te ordena bajar la capota, es precisamente tu patrón”. Y como Aimé, aunque no tuviese personalmente simpatía por Albertina, estaba orgulloso de su atuendo por mí, le deslizó al conductor: “-Te gustaría llevar todos los días princesas como ésta, si pudieras, ¿eh?”. Esta primera vez no fui yo solo el que pudo ir a la Raspeliére, como lo hice otras veces, mientras Albertina pintaba; ella quiso venir conmigo. Pensaba que podríamos detenernos aquí y allá por el camino, pero le parecía imposible empezar yendo a Saint-Jean de la Haise. Es decir en otra dirección y dar un paseo que parecía destinado a un día distinto. Supo, al contrario, por el mecánico, que nada era más fácil que ir a Saint-Jean, donde estaría en veinte minutos y que podríamos quedarnos si lo queríamos varias horas o llegar mucho más lejos, porque de Quetteholme a la Raspeliére no emplearía más de 35 minutos. Lo comprendimos en cuanto arrancó el coche. Las distancias no son más que la relación del espacio con el tiempo y, varían con él. Expresamos la dificultad que hay en dirigirnos a un lugar, en un sistema de leguas, y kilómetros que se hace falso en cuanto disminuye esa dificultad. El arte también se modifica, ya que una aldea que parecía estar en otro mundo, se hace vecina suya en un paisaje cuyas dimensiones cambian. De cualquier manera saber que existe un universo en donde 2 y 2 son 5 y donde la línea recta no es el camino más corto de uno a otro punto, hubiese asombrado menos a Albertina que oírle decir al mecánico que era fácil ir en una misma tarde a Saint-Jean y a la Raspeliére, Douville yQuetteholme, Saint-Mars le Vieux ySaint-Mars le Vétu, Gourville yBalbec le Vieux, Tourville yFéterne, prisioneros tan herméticamente cerrados hasta entonces en la celda de días distintos, como antes lo eran Méséglise y Guermantes y en los cuales no podían demorarse los mismos ojos en una misma tarde; librados ahora por el gigante de las botas de siete leguas, vinieron para reunir junto a la hora de nuestra merienda, sus campanarios y sus torres, y sus viejos jardines que el bosque vecino descubría con premura.
Arrivée au bas de la route de la Corniche, l′auto monta d′un seul trait, avec un bruit continu comme un couteau qu′on repasse, tandis que la mer, abaissée, s′élargissait au-dessous de nous. Les maisons anciennes et rustiques de Montsurvent accoururent en tenant serrés contre elles leur vigne ou leur rosier; les sapins de la Raspelière, plus agités que quand s′élevait le vent du soir, coururent dans tous les sens pour nous éviter, et un domestique nouveau que je n′avais encore jamais vu vint nous ouvrir au perron, pendant que le fils du jardinier, trahissant des dispositions précoces, dévorait des yeux la place du moteur. Comme ce n′était pas un lundi, nous ne savions pas si nous trouverions Mme Verdurin, car sauf ce jour-là, où elle recevait, il était imprudent d′aller la voir à l′improviste. Sans doute elle restait chez elle «en principe», mais cette expression, que Mme Swann employait au temps où elle cherchait elle aussi à se faire son petit clan et à attirer les clients en ne bougeant pas, dût-elle souvent ne pas faire ses frais, et qu′elle traduisait avec contresens en «par principe», signifiait seulement «en règle générale», c′est-à-dire avec de nombreuses exceptions. Car non seulement Mme Verdurin aimait à sortir, mais elle poussait fort loin les devoirs de l′hôtesse, et quand elle avait eu du monde à déjeuner, aussitôt après le café, les liqueurs et les cigarettes (malgré le premier engourdissement de la chaleur et de la digestion où on eût mieux aimé, à travers les feuillages de la terrasse, regarder le paquebot de Jersey passer sur la mer d′émail), le programme comprenait une suite de promenades au cours desquelles les convives, installés de force en voiture, étaient emmenés malgré eux vers l′un ou l′autre des points de vue qui foisonnent autour de Douville. Cette deuxième partie de la fête n′était pas, du reste (l′effort de se lever et de monter en voiture accompli), celle qui plaisait le moins aux invités, déjà préparés par les mets succulents, les vins fins ou le cidre mousseux, à se laisser facilement griser par la pureté de la brise et la magnificence des sites. Mme Verdurin faisait visiter ceux-ci aux étrangers un peu comme des annexes (plus ou moins lointaines) de sa propriété, et qu′on ne pouvait pas ne pas aller voir du moment qu′on venait déjeuner chez elle et, réciproquement, qu′on n′aurait pas connus si on n′avait pas été reçu chez la Patronne. Cette prétention de s′arroger un droit unique sur les promenades comme sur le jeu de Morel et jadis de Dechambre, et de contraindre les paysages à faire partie du petit clan, n′était pas, du reste, aussi absurde qu′elle semble au premier abord. Mme Verdurin se moquait non seulement de l′absence de goût que, selon elle, les Cambremer montraient dans l′ameublement de la Raspelière et l′arrangement du jardin, mais encore de leur manque d′initiative dans les promenades qu′ils faisaient, ou faisaient faire, aux environs. De même que, selon elle, la Raspelière ne commençait à devenir ce qu′elle aurait dû être que depuis qu′elle était l′asile du petit clan, de même elle affirmait que les Cambremer, refaisant perpétuellement dans leur calèche, le long du chemin de fer, au bord de la mer, la seule vilaine route qu′il y eût dans les environs, habitaient le pays de tout temps mais ne le connaissaient pas. Il y avait du vrai dans cette assertion. Par routine, défaut d′imagination, incuriosité d′une région qui semble rebattue parce qu′elle est si voisine, les Cambremer ne sortaient de chez eux que pour aller toujours aux mêmes endroits et par les mêmes chemins. Certes ils riaient beaucoup de la prétention des Verdurin de leur apprendre leur propre pays. Mais, mis au pied du mur, eux, et même leur cocher, eussent été incapables de nous conduire aux splendides endroits, un peu secrets, où nous menait M. Verdurin, levant ici la barrière d′une propriété privée, mais abandonnée, où d′autres n′eussent pas cru pouvoir s′aventurer; là descendant de voiture pour suivre un chemin qui n′était pas carrossable, mais tout cela avec la récompense certaine d′un paysage merveilleux. Al iniciar por lo bajo el camino de la Cornisa el auto subió de un solo impulso, con un ruido continuo como de un cuchillo que se está afilando, mientras el mar se ensanchaba debajo de nosotros. Las casas antiguas yrústicas de Montsurvent acudieron con sus viñas ysus rosales apretados entre sí; los pinos de la Raspeliére, más agitados que al levantarse el viento nocturno, corrieron en todos sentidos para evitarnos y un sirviente nuevo que no había visto hasta entonces vino a abrirnos a la entrada, mientras que el hijo del jardinero, demostrando aptitudes precoces, devoraba con los ojos el lugar del motor. Como no era lunes no sabíamos si encontraríamos a la señora de Verdurin, porque con excepción de ese día de recibo, era imprudente visitarla de improviso. Sin duda se quedaba en su casa “en principio”, pero esa expresión que utilizaba la señora de Swann en tiempos en que trataba ella también de formar su pequeño clan y atraer a los clientes sin moverse, aunque muchas veces no sacara ni los gastos y que traducía por un contrasentido con ese “por principio”, sólo significaba por “regla general”; es decir, con numerosas excepciones. Porque no solamente le gustaba salir a la señora de Verdurin, sino que llevaba muy lejos sus deberes de dueña de casa y cuando habla tenido invitados para el almuerzo, enseguida después del café, los licores y los cigarrillos (a pesar del primer sopor del calor y de la digestión en que se preferiría ver pasar a través de las hojas el pailebote de Jersey sobre un mar de esmalte) el programa comprendía una serie de paseos, en cuyo transcurso los invitados instalados a la fuerza en coche, eran llevados, a su pesar, a uno u otro de los puntos de vista que abundan alrededor de Douville. Este segundo aspecto de la fiesta no era, en verdad (una vez cumplido el esfuerzo de levantarse y subir el coche) el que menos gustaba a los invitados, ya preparados por la comida suculenta, los vinos finos o la sidra espumante, para dejarse embriagar fácilmente con la pureza de la brisa y la magnificencia de los lugares. La señora de Verdurin se los hacía visitar a los extranjeros, algo así como si fueran unos anexos (más o menos lejanos) de su propiedad, que no podía dejar de verse ya que almorzaron en su casa y recíprocamente que no hubiesen conocido si no los recibiese la Patrona. Esta pretensión de arrogarse un derecho único sobre los paseos, como sobre el juego de Morel y antaño de Dechambre y obligar a los paisajes a que integraran el pequeño clan, no era por otra parte tan absurda como parece a primera vista. La señora de Verdurin se burlaba del mal gusto que, según ella, mostraban los Cambremer para amueblar la Raspeliére y arreglar el jardín y hasta de su falta de iniciativa en los paseos que realizaban o hacía dar por los alrededores. Por lo mismo que según ella, no empezaba la Raspeliére a ser lo que debla sino desde que era el asilo del pequeño clan, en la misma forma afirmaban que los Cambremer, recorriendo perpetuamente en su calesa, a lo largo del ferrocarril y al borde del mar el único y feo camino que había en los alrededores, habitaban la zona desde siempre pero no la conocían. Había alguna verdad en este aserto. Por rutina, falté de imaginación y poca curiosidad de una región que parece demasiado conocida por ser tan próxima, los Cambremer no salían de su casa más que para ir siempre a los mismos lugares y por los mismos caminos. En verdad se reían mucho de la pretensión de los Verdurin de enseñarles su propia región. Pero acorralados, ellos y aun su cochero, no hubiesen sido capaces de llevarnos a los lugares espléndidos, algo secretos adonde nos conducía el señor Verdurin, levantando aquí la tranquera de una propiedad privada pero abandonada, donde otros no creyeron posible aventurarse, bajando del coche más allá para seguir un camino intransitable, pero todo ello con la segura recompensa de un paisaje maravilloso.
Disons, du reste, que le jardin de la Raspelière était en quelque sorte un abrégé de toutes les promenades qu′on pouvait faire à bien des kilomètres alentour. D′abord à cause de sa position dominante, regardant d′un côté la vallée, de l′autre la mer, et puis parce que, même d′un seul côté, celui de la mer par exemple, des percées avaient été faites au milieu des arbres de telle façon que d′ici on embrassait tel horizon, de là tel autre. Il y avait à chacun de ces points de vue un banc; on venait s′asseoir tour à tour sur celui d′où on découvrait Balbec, ou Parville, ou Douville. Même, dans une seule direction, avait été placé un banc plus ou moins à pic sur la falaise, plus ou moins en retrait. De ces derniers, on avait un premier plan de verdure et un horizon qui semblait déjà le plus vaste possible, mais qui s′agrandissait infiniment si, continuant par un petit sentier, on allait jusqu′à un banc suivant d′où l′on embrassait tout le cirque de la mer. Là on percevait exactement le bruit des vagues, qui ne parvenait pas au contraire dans les parties plus enfoncées du jardin, là où le flot se laissait voir encore, mais non plus entendre. Ces lieux de repos portaient, à la Raspelière, pour les maîtres de maison, le nom de «vues». Et en effet ils réunissaient autour du château les plus belles «vues» des pays avoisinants, des plages ou des forêts, aperçus fort diminués par l′éloignement, comme Hadrien avait assemblé dans sa villa des réductions des monuments les plus célèbres des diverses contrées. Le nom qui suivait le mot «vue» n′était pas forcément celui d′un lieu de la côte, mais souvent de la rive opposée de la baie et qu′on découvrait, gardant un certain relief malgré l′étendue du panorama. De même qu′on prenait un ouvrage dans la bibliothèque de M. Verdurin pour aller lire une heure à la «vue de Balbec», de même, si le temps était clair, on allait prendre des liqueurs à la «vue de Rivebelle», à condition pourtant qu′il ne fît pas trop de vent, car, malgré les arbres plantés de chaque côté, là l′air était vif. Pour en revenir aux promenades en voiture que Mme Verdurin organisait pour l′après-midi, la Patronne, si au retour elle trouvait les cartes de quelque mondain «de passage sur la côte», feignait d′être ravie mais était désolée d′avoir manqué sa visite, et (bien qu′on ne vînt encore que pour voir «la maison» ou connaître pour un jour une femme dont le salon artistique était célèbre, mais infréquentable à Paris) le faisait vite inviter par M. Verdurin à venir dîner au prochain mercredi. Comme souvent le touriste était obligé de repartir avant, ou craignait les retours tardifs, Mme Verdurin avait convenu que, le samedi, on la trouverait toujours à l′heure du goûter. Ces goûters n′étaient pas extrêmement nombreux et j′en avais connu à Paris de plus brillants chez la princesse de Guermantes, chez Mme de Galliffet ou Mme d′Arpajon. Mais justement, ici ce n′était plus Paris et le charme du cadre ne réagissait pas pour moi que sur l′agrément de la réunion, mais sur la qualité des visiteurs. La rencontre de tel mondain, laquelle à Paris ne me faisait aucun plaisir, mais qui à la Raspelière, où il était venu de loin par Féterne ou la forêt de Chantepie, changeait de caractère, d′importance, devenait un agréable incident. Quelquefois c′était quelqu′un que je connaissais parfaitement bien et que je n′eusse pas fait un pas pour retrouver chez les Swann. Mais son nom sonnait autrement sur cette falaise, comme celui d′un acteur qu′on entend souvent dans un théâtre, imprimé sur l′affiche, en une autre couleur, d′une représentation extraordinaire et de gala, où sa notoriété se multiplie tout à coup de l′imprévu du contexte. Comme à la campagne on ne se gêne pas, le mondain prenait souvent sur lui d′amener les amis chez qui il habitait, faisant valoir tout bas comme excuse à Mme Verdurin qu′il ne pouvait les lâcher, demeurant chez eux; à ces hôtes, en revanche, il feignait d′offrir comme une sorte de politesse de leur faire connaître ce divertissement, dans une vie de plage monotone, d′aller dans un centre spirituel, de visiter une magnifique demeure et de faire un excellent goûter. Cela composait tout de suite une réunion de plusieurs personnes de demi-valeur; et si un petit bout de jardin avec quelques arbres, qui paraîtrait mesquin à la campagne, prend un charme extraordinaire avenue Gabriel, ou bien rue de Monceau, où des multimillionnaires seuls peuvent se l′offrir, inversement des seigneurs qui sont de second plan dans une soirée parisienne prenaient toute leur valeur, le lundi après-midi, à la Raspelière. A peine assis autour de la table couverte d′une nappe brodée de rouge et sous les trumeaux en cama, on leur servait des galettes, des feuilletés normands, des tartes en bateaux, remplies de cerises comme des perles de corail, des «diplomates», et aussitôt ces invités subissaient, de l′approche de la profonde coupe d′azur sur laquelle s′ouvraient les fenêtres et qu′on ne pouvait pas ne pas voir en même temps qu′eux, une altération, une transmutation profonde qui les changeait en quelque chose de plus précieux. Digamos también que el jardín de la Raspeliére era en cierto modo una síntesis de todos los paseos que podían realizarse a muchos kilómetros de distancia. Ante todo por su posición dominante, que miraba al valle desde un solo lado ydel otro al mar yademás porque aun de un solo lado, el del mar por ejemplo, se habían dejado unos claros en medio de los árboles de tal modo que desde aquí se abarcaba un horizonte y desde ahí otro. Había un banco en cada uno de esos miradores; y uno iba a sentarse por turno en aquel desde donde se descubría a Balbec, Parville o Doville. Hasta en una sola dirección se había colocado un banco más o menos a pique sobre el acantilado y más o menos retirado. Con estos últimos se había conseguido un primer plano de vegetación y un horizonte que ya parecía muy vasto pero que se ampliaba infinitamente si al seguir un pequeño sendero llegaba uno hasta el banco siguiente, desde donde se abarcaba todo el anfiteatro del mar. Desde ahí se percibía exactamente el ruido de las olas que no llegaba por el contrario a las zonas más alejadas del jardín donde todavía se dejaban ver las aguas pero ya no podían oírse. Esos lugares de descanso llevaban en la Raspeliére según los dueños de casa el nombre de “vistas”. Y en efecto, reunían en torno al castillo las más hermosas “vistas” de las regiones vecinas de las playas o de los bosques, percibidas y muy reducidas por el alejamiento; así como Adrián había reunido en su residencia reducciones de los más célebres monumentos de distintas regiones. El nombre que venía después de la palabra “vista” no era forzosamente el de un lugar de la costa, sino a menudo el de la ribera opuesta de la bahía, que se descubría conservando cierto relieve a pesar, de la extensión del panorama. En la misma forma que se sacaba un libro de la biblioteca del señor Verdurin para leer una hora en la “vista de Balbec”, asimismo si el tiempo era propicio se iban a beber licores en la “vista de Rivebelle”, siempre que no hubiese mucho viento, porque a pesar de los árboles plantados a cada lado, el aire era vivo. Volviendo a los paseos en coche que la señora de Verdurin organizaba para la tarde, si a la vuelta la Patrona encontraba las tarjetas de algún mundano de “paso por la costa”, fingía sentirse encantada pero la desesperaba haber fallado su visita (y aunque por ahora no fueran sino a ver “la casa” o conocer por un día a una mujer cuyo salón artístico era célebre pero de imposible frecuentación en París) y hacía que rápidamente lo invitara a comer el señor Verdurin para el próximo miércoles. Dado que a menudo el turista se veía obligado a volver antes o temía los regresos tardíos, la señora de Verdurin había establecido que la encontrarían siempre el sábado a la hora del té. Esos tes no eran muy numerosos y yo había conocido en París algunos mucho más brillantes, en casa de la princesa de Guermantes, la señora de Galliffet o la señora de Arpajon. Pero precisamente aquí ya no estábamos en París y el encanto del cuadro no obraba sobre mí sólo por el gusto de la reunión sino por la calidad de las visitas. El encuentro con tal o cual mundano que no me causaba ningún placer en París, pero que cambiaba su carácter o su importancia en la Raspeliére, adonde viniera desde lejos por Féterne o el bosque de Chantepie, se convertía en un incidente agradable. A veces se trataba de alguien que yo conocía perfectamente y no hubiera dado un paso para encontrármelo en casa de los Swann Pero su nombre tenía otra resonancia en esos acantilados; como el de un actor que a menudo se oye en un teatro, o se ve impreso en los cartelones multicolores de una representación extraordinaria o de gala en que su notoriedad se multiplica por lo imprevisto del contexto. Como en el campo, uno no se molesta, a menudo el mundano tomaba la iniciativa de traer consigo aquellos amigos en cuya casa habitaba; se disculpaba en voz baja con la señora de Verdurin por no poder dejarlos ya que vivía con ellos; en cambio, a sus huéspedes, fingía ofrecerles como una especie de cortesía el conocimiento de esa diversión en una vida monótona de playa; como es ir a un centro espiritual, visitar una vivienda magnífica y tomar un té excelente. Lo que conformaba enseguida una reunión de varias personas de mediano valor; y si un trocito de jardín con algunos árboles que parecía mezquino en el campo, adquiere un encanto extraordinario en la avenida Gabriel o en la calle Monceau, dónde sólo se lo pueden permitir los multimillonarios, a la inversa, algunos señores que pertenecen a un segundo plano de una velada parisiense, adquirían todo su valor en la tarde del lunes en la Raspeliére. Apenas estaban sentados alrededor de la mesa recubierta con un mantel bordado de rojo y bajo los entrepaños de pintura monocroma se les servían tortas, hojaldre normando, tartas en forma de barquitos, llenas de cerezas como perlas de coral, “diplomáticos”, y enseguida esos invitados soportaban, debido a la cercanía de la profunda copa azul bajo la cual se abrían las ventanas y que no podía dejar de verse al mismo tiempo que ellos, una alteración, una transmutación profunda que los convertía en algo mucho más precioso.
Bien plus, même avant de les avoir vus, quand on venait le lundi chez Mme Verdurin, les gens qui, à Paris, n′avaient plus que des regards fatigués par l′habitude pour les élégants attelages qui stationnaient devant un hôtel somptueux, sentaient leur coeur battre à la vue des deux ou trois mauvaises tapissières arrêtées devant la Raspelière, sous les grands sapins. Sans doute c′était que le cadre agreste était différent et que les impressions mondaines, grâce à cette transposition, redevenaient fraîches. C′était aussi parce que la mauvaise voiture prise pour aller voir Mme Verdurin évoquait une belle promenade et un coûteux «forfait» conclu avec un cocher qui avait demandé «tant» pour la journée. Mais la curiosité légèrement émue à l′égard des arrivants, encore impossibles à distinguer, tenait aussi de ce que chacun se demandait: «Qui est-ce que cela va être?» question à laquelle il était difficile de répondre, ne sachant pas qui avait pu venir passer huit jours chez les Cambremer ou ailleurs, et qu′on aime toujours à se poser dans les vies agrestes, solitaires, où la rencontre d′un être humain qu′on n′a pas vu depuis longtemps, ou la présentation à quelqu′un qu′on ne connaît pas, cesse d′être cette chose fastidieuse qu′elle est dans la vie de Paris, et interrompt délicieusement l′espace vide des vies trop isolées, où l′heure même du courrier devient agréable. Et le jour où nous vînmes en automobile à la Raspelière, comme ce n′était pas lundi, M. et Mme Verdurin devaient être en proie à ce besoin de voir du monde qui trouble les hommes et les femmes et donne envie de se jeter par la fenêtre au malade qu′on a enfermé loin des siens, pour une cure d′isolement. Car le nouveau domestique aux pieds plus rapides, et déjà familiarisé avec ces expressions, nous ayant répondu que «si Madame n′était pas sortie elle devait être à la «vue de Douville», «qu′il allait aller voir», il revint aussitôt nous dire que celle-ci allait nous recevoir. Nous la trouvâmes un peu décoiffée, car elle arrivait du jardin, de la basse-cour et du potager, où elle était allée donner à manger à ses paons et à ses poules, chercher des oeufs, cueillir des fruits et des fleurs pour «faire son chemin de table», chemin qui rappelait en petit celui du parc; mais, sur la table, il donnait cette distinction de ne pas lui faire supporter que des choses utiles et bonnes à manger; car, autour de ces autres présents du jardin qu′étaient les poires, les oeufs battus à la neige, montaient de hautes tiges de vipérines, d′oeillets, de roses et de coreopsis entre lesquels on voyait, comme entre des pieux indicateurs et fleuris, se déplacer, par le vitrage de la fenêtre, les bateaux du large. A l′étonnement que M. et Mme Verdurin, s′interrompant de disposer les fleurs pour recevoir les visiteurs annoncés, montrèrent, en voyant que ces visiteurs n′étaient autres qu′Albertine et moi, je vis bien que le nouveau domestique, plein de zèle, mais à qui mon nom n′était pas encore familier, l′avait mal répété et que Mme Verdurin, entendant le nom d′hôtes inconnus, avait tout de même dit de faire entrer, ayant besoin de voir n′importe qui. Et le nouveau domestique contemplait ce spectacle, de la porte, afin de comprendre le rôle que nous jouions dans la maison. Puis il s′éloigna en courant, à grandes enjambées, car il n′était engagé que de la veille. Quand Albertine eut bien montré sa toque et son voile aux Verdurin, elle me jeta un regard pour me rappeler que nous n′avions pas trop de temps devant nous pour ce que nous désirions faire. Mme Verdurin voulait que nous attendissions le goûter, mais nous refusâmes, quand tout d′un coup se dévoila un projet qui eût mis à néant tous les plaisirs que je me promettais de ma promenade avec Albertine: la Patronne, ne pouvant se décider à nous quitter, ou peut-être à laisser échapper une distraction nouvelle, voulait revenir avec nous. Habituée dès longtemps à ce que, de sa part, les offres de ce genre ne fissent pas plaisir, et n′étant probablement pas certaine que celle-ci nous en causerait un, elle dissimula sous un excès d′assurance la timidité qu′elle éprouvait en nous l′adressant, et n′ayant même pas l′air de supposer qu′il pût y avoir doute sur notre réponse, elle ne nous posa pas de question, mais dit à son mari, en parlant d′Albertine et de moi, comme si elle nous faisait une faveur: «Je les ramènerai, moi.» En même temps s′appliqua sur sa bouche un sourire qui ne lui appartenait pas en propre, un sourire que j′avais déjà vu à certaines gens quand ils disaient à Bergotte, d′un air fin: «J′ai acheté votre livre, c′est comme cela», un de ces sourires collectifs, universaux, que, quand ils en ont besoin — comme on se sert du chemin de fer et des voitures de déménagement — empruntent les individus, sauf quelques-uns très raffinés, comme Swann ou comme M. de Charlus, aux lèvres de qui je n′ai jamais vu se poser ce sourire-là. Dès lors ma visite était empoisonnée. Je fis semblant de ne pas avoir compris. Au bout d′un instant il devint évident que M. Verdurin serait de la fête. «Mais ce sera bien long pour M. Verdurin, dis-je. — Mais non, me répondit Mme Verdurin d′un air condescendant et égayé, il dit que ça l′amusera beaucoup de refaire avec cette jeunesse cette route qu′il a tant suivie autrefois; au besoin il montera à côté du wattman, cela ne l′effraye pas, et nous reviendrons tous les deux bien sagement par le train, comme de bons époux. Regardez, il a l′air enchanté.» Elle semblait parler d′un vieux grand peintre plein de bonhomie qui, plus jeune que les jeunes, met sa joie à barbouiller des images pour faire rire ses petits-enfants. Ce qui ajoutait à ma tristesse est qu′Albertine semblait ne pas la partager et trouver amusant de circuler ainsi par tout le pays avec les Verdurin. Quant à moi, le plaisir que je m′étais promis de prendre avec elle était si impérieux que je ne voulus pas permettre à la Patronne de le gâcher; j′inventai des mensonges, que les irritantes menaces de Mme Verdurin rendaient excusables, mais qu′Albertine, hélas! contredisait. «Mais nous avons une visite à faire, dis-je. — Quelle visite? demanda Albertine. — Je vous expliquerai, c′est indispensable. — Hé bien! nous vous attendrons», dit Mme Verdurin résignée à tout. A la dernière minute, l′angoisse de me sentir ravir un bonheur si désiré me donna le courage d′être impoli. Je refusai nettement, alléguant à l′oreille de Mme Verdurin, qu′à cause d′un chagrin qu′avait eu Albertine et sur lequel elle désirait me consulter, il fallait absolument que je fusse seul avec elle. La Patronne prit un air courroucé: «C′est bon, nous ne viendrons pas», me dit-elle d′une voix tremblante de colère. Je la sentis si fâchée que, pour avoir l′air de céder un peu: «Mais on aurait peut-être pu . . . — Non, reprit-elle, plus furieuse encore, quand j′ai dit non, c′est non.» Je me croyais brouillé avec elle, mais elle nous rappela à la porte pour nous recommander de ne pas «lâcher» le lendemain mercredi, et de ne pas venir avec cette affaire-là, qui était dangereuse la nuit, mais par le train, avec tout le petit groupe, et elle fit arrêter l′auto déjà en marche sur la pente du parc parce que le domestique avait oublié de mettre dans la capote le carré de tarte et les sablés qu′elle avait fait envelopper pour nous. Nous repartîmes escortés un moment par les petites maisons accourues avec leurs fleurs. La figure du pays nous semblait toute changée tant, dans l′image topographique que nous nous faisons de chacun d′eux, la notion d′espace est loin d′être celle qui joue le plus grand rôle. Nous avons dit que celle du temps les écarte davantage. Elle n′est pas non plus la seule. Certains lieux que nous voyons toujours isolés nous semblent sans commune mesure avec le reste, presque hors du monde, comme ces gens que nous avons connus dans des périodes à part de notre vie, au régiment, dans notre enfance, et que nous ne relions à rien. La première année de mon séjour à Balbec, il y avait une hauteur où Mme de Villeparisis aimait à nous conduire, parce que de là on ne voyait que l′eau et les bois, et qui s′appelait Beaumont. Comme le chemin qu′elle faisait prendre pour y aller, et qu′elle trouvait le plus joli à cause de ses vieux arbres, montait tout le temps, sa voiture était obligée d′aller au pas et mettait très longtemps. Une fois arrivés en haut, nous descendions, nous nous promenions un peu, remontions en voiture, revenions par le même chemin, sans avoir rencontré aucun village, aucun château. Je savais que Beaumont était quelque chose de très curieux, de très loin, de très haut, je n′avais aucune idée de la direction où cela se trouvait, n′ayant jamais pris le chemin de Beaumont pour aller ailleurs; on mettait, du reste, beaucoup de temps en voiture pour y arriver. Más aún, antes de haberlos visto, cuando iban los lunes a casa de la señora de Verdurin, esa misma gente que en París sólo tenía una mirada desvaída por la costumbre para las yuntas elegantes que se estacionaban frente a un edificio suntuoso, sentía que le latía el corazón al ver dos o tres malos coches detenidos frente a la Raspeliére, debajo de los altos pinos. Sin duda porque el cuadro agreste era distinto y las impresiones sociales volvían a adquirir frescura, gracias a esa trasposición. También se debía a que el pobre coche alquilado para ir a visitar a la señora de Verdurin evocaba un paseo hermoso y un costoso contrato “a destajo” concluido con un cochero que había pedido “tanto” por todo el día. Pero la curiosidad levemente conmovida frente a los que llegaban, aun imposibles de distinguir, dependía también de que se preguntaba cada cual: “¿Quién será ése?”, pregunta difícil de contestar, sin saber previamente quién había venido a pasar ocho días con los Cambremer o a otra parte y que siempre le gusta a uno plantearse en las vidas agrestes y solitarias, cuando el encuentro de un ser humano que no se ha visto mucho tiempo o la presentación de alguien a quien no se conoce deja de ser esa cosa fastidiosa que es en París e interrumpe deliciosamente el espacio vacío de esas vidas demasiado aisladas en que resulta agradable hasta la hora del correo. Y el día en que fuimos en automóvil a la Raspeliére, como no era lunes, el señor Verdurin y la señora debían sentir esa necesidad de ver gente que turba a hombres ymujeres yle dan ganas de arrojarse por la ventana al enfermo encerrado lejos de los suyos, para una cura de aislamiento. Porque el nuevo sirviente de los pies veloces, ya familiarizado con esas expresiones, nos había contestado que si la “señora no había salido debía estar en la “vista de Doville”,′°que iría a ver” y volvió enseguida para decirnos que nos recibiría. La encontramos algo despeinada, porque llegaba del jardín, el gallinero y el vergel adonde fuera a darles de comer a sus pavos reales y a sus gallinas, a buscar huevos, recoger fruta yflores para su “centro de mesa”, centro que recordaba el camino del parque en pequeño pero en la mesa le hacía soportar cosas que no fueran solamente buenas y útiles para comer; porque alrededor de esos otros regalos del jardín como las peras, los huevos batidos a nieve, subían los altos tallos de las lenguas de víbora, los claveles, las rosas y las coreopsis, entre las cuales como entre postes indicadores, se veía a través de los cristales de la ventana, moverse los barcos en alta mar. Por el asombro que demostraron el señor Verdurin y la señora, al interrumpir la disposición de las flores para recibir las visitas anunciadas yver que esas visitas no eran más que Albertina yyo, vi que el nuevo sirviente lleno de celo pero al que mi nombre no resultaba todavía familiar, lo había trasmitido equivocadamente y la señora de Verdurin al oír el nombre de gente desconocida, había dicho, pese a todo, que nos hicieran pasar por necesidad de ver a cualquiera. Y el nuevo sirviente contemplaba ese espectáculo desde la puerta para comprender el papel que representábamos en la casa. Luego se alejó corriendo a grandes trancos, porque sólo estaba empleado desde el día anterior. En cuanto Albertina hubo enseñado su toca y su velo a los Verdurin me miró recordándome que no teníamos mucho tiempo disponible para lo qué deseábamos hacer. La señora de Verdurin quería que esperásemos el té, pero rehusamos cuando, se reveló de golpe un proyecto que hubiese anulado todos los placeres que me prometía de mi paseo con Albertina: ya que la Patrona, que no podía decidirse a abandonarnos o quizás a dejar huir una nueva distracción, quería volver con nosotros. Acostumbrada desde hacía mucho tiempo a que semejantes ofrecimientos de su parte no provocasen placer y como no estaba segura posiblemente de que éste nos lo causara, disimuló con un exceso de seguridad la timidez que experimentaba al proponérnoslo y sin aparentar siquiera que pudiese caber duda acerca de nuestra contestación no nos preguntó, sino que dijo a su marido, hablando de Albertina y de mí, como si nos hiciese un favor: “Yo los llevaré de vuelta”. Al mismo tiempo se aplicaba sobre la boca una sonrisa que no le pertenecía, una sonrisa que ya le había visto a cierta gente cuando le decían a Bergotte con aire entendido: “He comprado su libro; así es”, unas de esas sonrisas colectivas, universales que los individuos piden prestada cuando la necesitan -así como utiliza uno el ferrocarril y los coches de mudanzasalvo algunos muy refinados como Swann o como el señor de Charlus, en cuyos labios nunca vi aparecer esa sonrisa. Desde entonces estaba envenenada mi visita. Hice como que no comprendía. Al cabo de un instante se hizo evidente que el señor Verdurin sería de la partida. “-Será muy largo para el señor Verdurin, dije-. Pero no, me contestó la señora de Verdurin, alegre y condescendiente; dice que le divertirá mucho volver a recorrer con esa juventud un camino que hizo tantas veces antes; en caso necesario, viajará al lado del conductor, eso no le asusta y volveremos los dos, con el tren, muy juiciosamente, como dos buenos esposos. Miren: está encantado”. Parecía que hablaba de un anciano pintor, lleno de bonhomía y que más joven que los jóvenes se alegra borroneando figuras para que se rían sus nietitos. Lo que aumentaba mi tristeza era que Albertina no parecía compartirla y le resultaba divertido circular así por toda la región con los Verdurin. En cuanto a mí, el placer que me había prometido con ella era tan imperioso, que no le quise permitir a la Patrona me lo estropeara e inventé unas mentiras que hacían disculpables las irritantes amenazas de la señora de Verdurin pero que, desgraciadamente, contrariaban a Albertina. “-Pero tenemos que hacer una visita”, dije. “-¿Qué visita?”, preguntó Albertina. “-Ya se lo explicaré, es indispensable”. “-Y bueno, los esperamos”, dijo la señora de Verdurin, resignada a cualquier cosa. A último momento, la angustia de sentir que me robaban una felicidad tan deseada, me dio el valor de ser descortés. Rechacé claramente, alegando en el oído de la señora de Verdurin que debido a un disgusto que había tenido Albertina y acerca del cual deseaba consultarme, era absolutamente necesario que yo estuviera a solas con ella. La Patrona tomó un aspecto irritado: “Está bien, nos iremos”, me dijo con una voz que temblaba de ira. La sentí tan enojada que aparenté ceder un poco: “Pero quizás hubiéramos podido...” “-No -repuso ella aún más furiosa-; cuando he dicho no, es no”. Ya me creía disgustado con ella, pero nos volvió a llamar en la puerta para recomendarnos que no fuéramos a fallarle el próximo miércoles y que no viniéramos con ese aparato que era peligroso de noche, sino por tren con todo el grupito e hizo detener el coche ya en marcha en la pendiente del parque porque el sirviente se había olvidado de poner en la capota el trozo de torta y los pasteles que nos había mandado envolver. Volvimos escoltados un momento por las casitas que habían acudido con sus flores. El aspecto de la región nos parecía cambiado, a tal punto en la imagen topográfica que nos hacemos de cada uno de ellos, la noción de espacio está lejos de ser la que desempeña el papel más importante. Hemos dicho que la de tiempo las separa aún más. Tampoco es la única. No nos parece que algunos lugares que vemos siempre aislados, tengan una medida común con el resto, casi fuera del mundo, como esa gente que hemos conocido en períodos aparte de nuestra vida, en la conscripción o en la infancia y que no vinculamos con nada. Durante el primer año de nuestra permanencia en Balbec, había una altura a la que la señora de Villeparisis gustaba llevarnos porque desde ahí no se veía más que agua ybosques yque se llamaba Beaumont. Como el camino que elegía y que le parecía más hermoso por sus árboles añejos, trepaba siempre, su coche debía andar al paso y tardaba mucho. Una vez arriba, bajábamos, nos paseábamos un poco y volvíamos a subir al coche, regresando por el mismo camino, sin encontrar ni una aldea ni un castillo. Yo sabía que Beaumont era algo muy curioso, muy lejano, muy alto, pero no tenía ninguna idea de su orientación ya que nunca había tomado el camino de Beaumont para ir a ninguna parte; se tardaba, por otra parte, mucho yendo en coche.
Cela faisait évidemment partie du même département (ou de la même province) que Balbec, mais était situé pour moi dans un autre plan, jouissait d′un privilège spécial d′exterritorialité. Mais l′automobile, qui ne respecte aucun mystère, après avoir dépassé Incarville, dont j′avais encore les maisons dans les yeux, comme nous descendions la côte de traverse qui aboutit à Parville (Paterni villa), apercevant la mer d′un terre-plein où nous étions, je demandai comment s′appelait cet endroit, et avant même que le chauffeur m′eût répondu, je reconnus Beaumont, à côté duquel je passais ainsi sans le savoir chaque fois que je prenais le petit chemin de fer, car il était à deux minutes de Parville. Comme un officier de mon régiment qui m′eût semblé un être spécial, trop bienveillant et simple pour être de grande famille, trop lointain déjà et mystérieux pour être simplement d′une grande famille, et dont j′aurais appris qu′il était beau-frère, cousin de telles ou telles personnes avec qui je dînais en ville, ainsi Beaumont, relié tout d′un coup à des endroits dont je le croyais si distinct, perdit son mystère et prit sa place dans la région, me faisant penser avec terreur que Madame Bovary et la Sanseverina m′eussent peut-être semblé des êtres pareils aux autres si je les eusse rencontrées ailleurs que dans l′atmosphère close d′un roman. Il peut sembler que mon amour pour les féeriques voyages en chemin de fer aurait dû m′empêcher de partager l′émerveillement d′Albertine devant l′automobile qui mène, même un malade, là où il veut, et empêche — comme je l′avais fait jusqu′ici — de considérer l′emplacement comme la marque individuelle, l′essence sans succédané des beautés inamovibles. Et sans doute, cet emplacement, l′automobile n′en faisait pas, comme jadis le chemin de fer, quand j′étais venu de Paris à Balbec, un but soustrait aux contingences de la vie ordinaire, presque idéal au départ et qui, le restant à l′arrivée, à l′arrivée dans cette grande demeure où n′habite personne et qui porte seulement le nom de la ville, la gare, a l′air d′en promettre enfin l′accessibilité, comme elle en serait la matérialisation. Non, l′automobile ne nous menait pas ainsi féeriquement dans une ville que nous voyions d′abord dans l′ensemble que résume son nom, et avec les illusions du spectateur dans la salle. Elle nous faisait entrer dans la coulisse des rues, s′arrêtait à demander un renseignement à un habitant. Mais, comme compensation d′une progression si familière, on a les tâtonnements mêmes du chauffeur incertain de sa route et revenant sur ses pas, les chassés-croisés de la perspective faisant jouer un château aux quatre coins avec une colline, une église et la mer, pendant qu′on se rapproche de lui, bien qu′il se blottisse vainement sous sa feuillée séculaire; ces cercles, de plus en plus rapprochés, que décrit l′automobile autour d′une ville fascinée qui fuit dans tous les sens pour échapper, et sur laquelle finalement elle fonce tout droit, à pic, au fond de la vallée où elle reste gisante à terre; de sorte que cet emplacement, point unique, que l′automobile semble avoir dépouillé du mystère des trains express, elle donne par contre l′impression de le découvrir, de le déterminer nous-même comme avec un compas, de nous aider à sentir d′une main plus amoureusement exploratrice, avec une plus fine précision, la véritable géométrie, la belle mesure de la terre. Integraba evidentemente el mismo departamento (o la misma provincia) que Balbec, pero estaba situado para mí en otro plano y gozaba de un privilegio especial de extraterritorialidad. Pero el automóvil no respeta ningún misterio, y después de Incarville, cuyas casas siguen todavía en mis ojos, al descender la cuesta de atajo que llega a Parville (Paterni-villa) y al ver el mar desde un terraplén, pregunté cómo se llamaba ese lugar y antes que el conductor me contestara reconocí a Beaumont, a cuyo lado pasaba así sin saberlo cada vez que tomaba el trencito, ya que estaba a dos minutos de Parville. Como un oficial de mi regimiento que me pareciese un ser especial, demasiado benévolo y sencillo para ser de buena familia, demasiado lejano ya y misterioso para ser sencillamente de gran familia, y del que hubiera sabido que era cuñado o primo de tales o cuales personas con las que acostumbraba a cenar, así Beaumont, vinculada de pronto a lugares que me parecían tan lejanos, perdió su misterio y se ubicó en la región, haciéndome pensar con terror que la señora de Bovary y la Sanseverina me hubiesen parecido quizás seres iguales a los demás, si los encontrara fuera de la atmósfera cerrada de una novela. Puede suponerse que mi amor por los viajes mágicos en ferrocarril debiera haberme impedido compartir el deslumbramiento de Albertina frente al automóvil que conduce hasta a un enfermo adonde quiere e impide -como lo había hecho yo hasta entoncess considerar el emplazamiento como la señal individual y la esencia sin sucedáneos de las bellezas inamovibles. Y ese emplazamiento no era sin duda para el auto, como el ferrocarril cuando yo había venido otrora desde París hasta Balbec una meta sustraída a las contingencias de la vida ordinaria, casi ideal a la partida y que como sigue siéndolo al llegar, al llegar a esa gran vivienda donde no vive nadie y que sólo lleva el nombre de la ciudad, la estación parece prometer el acceso como si fuera su materialización. No, el automóvil no nos llevaba así mágicamente a una ciudad que veíamos primero en el conjunto que resume su nombre y con las ilusiones del espectador en la sala. Nos hacía entrar por los entretelones de las calles, se paraba para pedirle un informe a un habitante. Pero, como compensación de una progresión tan familiar uno tiene los mismos tanteos del conductor inseguro de su camino y que vuelve sobre sus pasos, los pasos cruzados de la perspectiva que hacían jugar un castillo a las esquinitas con una colina, una iglesia y el mar, mientras uno se le acerca, aunque se acurruque en vano bajo su follaje secular; esos círculos cada vez más próximos que recorre el automóvil en torno a una ciudad fascinada que huía en todos sentidos para escaparle y sobre la cual finalmente se precipitaba en línea recta, a pique, hasta el fondo del valle donde queda yacente; de manera que ese emplazamiento, punto único, que parece despojar al automóvil del misterio de los trenes rápidos, da por el contrario la sensación de descubrirlo, de determinarlo nosotros mismos como con un compás, y ayudarnos a sentir con una mano más cariñosamente exploradora, una más fina precisión, la verdadera geometría, la hermosa medida de la tierra.
Ce que malheureusement j′ignorais à ce moment-là et que je n′appris que plus de deux ans après, c′est qu′un des clients du chauffeur était M. de Charlus, et que Morel, chargé de le payer et gardant une partie de l′argent pour lui (en faisant tripler et quintupler par le chauffeur le nombre des kilomètres), s′était beaucoup lié avec lui (tout en ayant l′air de ne pas le connaître devant le monde) et usait de sa voiture pour des courses lointaines. Si j′avais su cela alors, et que la confiance qu′eurent bientôt les Verdurin en ce chauffeur venait de là, à leur insu peut-être, bien des chagrins de ma vie à Paris, l′année suivante, bien des malheurs relatifs à Albertine, eussent été évités; mais je ne m′en doutais nullement. En elles-mêmes, les promenades de M. de Charlus en auto avec Morel n′étaient pas d′un intérêt direct pour moi. Elles se bornaient, d′ailleurs, plus souvent à un déjeuner ou à un dîner dans un restaurant de la côte, où M. de Charlus passait pour un vieux domestique ruiné et Morel, qui avait mission de payer les notes, pour un gentilhomme trop bon. Je raconte un de ces repas, qui peut donner une idée des autres. C′était dans un restaurant de forme oblongue, à Saint–Mars-le-Vêtu. «Est-ce qu′on ne pourrait pas enlever ceci?» demanda M. de Charlus à Morel comme à un intermédiaire et pour ne pas s′adresser directement aux garçons. Il désignait par «ceci» trois roses fanées dont un maître d′hôtel bien intentionné avait cru devoir décorer la table. «Si . . ., dit Morel embarrassé. Vous n′aimez pas les roses? — Je prouverais au contraire, par la requête en question, que je les aime, puisqu′il n′y a pas de roses ici (Morel parut surpris), mais en réalité je ne les aime pas beaucoup. Je suis assez sensible aux noms; et dès qu′une rose est un peu belle, on apprend qu′elle s′appelle la Baronne de Rothschild ou la Maréchale Niel, ce qui jette un froid. Aimez-vous les noms? Avez-vous trouvé de jolis titres pour vos petits morceaux de concert? — Il y en a un qui s′appelle Poème triste. — C′est affreux, répondit M. de Charlus d′une voix aiguë et claquante comme un soufflet. Mais j′avais demandé du Champagne? dit-il au maître d′hôtel qui avait cru en apporter en mettant près des deux clients deux coupes remplies de vin mousseux. — Mais, Monsieur . . . —Ôtez cette horreur qui n′a aucun rapport avec le plus mauvais Champagne. C′est le vomitif appelé cup où on fait généralement traîner trois fraises pourries dans un mélange de vinaigre et d′eau de Seltz . . . Oui, continua-t-il en se retournant vers Morel, vous semblez ignorer ce que c′est qu′un titre. Et même, dans l′interprétation de ce que vous jouez le mieux, vous semblez ne pas apercevoir le côté médiumnimique de la chose. — Vous dites?» demanda Morel qui, n′ayant absolument rien compris à ce qu′avait dit le baron, craignait d′être privé d′une information utile, comme, par exemple, une invitation à déjeuner. M. de Charlus, ayant négligé de considérer «Vous dites?» comme une question, Morel, n′ayant en conséquence pas reçu de réponse, crut devoir changer la conversation et lui donner un tour sensuel: «Tenez, la petite blonde qui vend ces fleurs que vous n′aimez pas; encore une qui a sûrement une petite amie. Et la vieille qui dîne à la table du fond aussi. — Mais comment sais-tu tout cela? demanda M. de Charlus émerveillé de la prescience de Morel. — Oh! en une seconde je les devine. Si nous nous promenions tous les deux dans une foule, vous verriez que je ne me trompe pas deux fois.» Et qui eût regardé en ce moment Morel, avec son air de fille au milieu de sa mâle beauté, eût compris l′obscure divination qui ne le désignait pas moins à certaines femmes que elles à lui. Il avait envie de supplanter Jupien, vaguement désireux d′ajouter à son «fixe» les revenus que, croyait-il, le giletier tirait du baron. «Et pour les gigolos, je m′y connais mieux encore, je vous éviterais toutes les erreurs. Ce sera bientôt la foire de Balbec, nous trouverions bien des choses. Et à Paris alors, vous verriez que vous vous amuseriez.» Mais une prudence héréditaire du domestique lui fit donner un autre tour à la phrase que déjà il commençait. De sorte que M. de Charlus crut qu′il s′agissait toujours de jeunes filles. «Voyez-vous, dit Morel, désireux d′exalter d′une façon qu′il jugeait moins compromettante pour lui-même (bien qu′elle fût en réalité plus immorale) les sens du baron, mon rêve, ce serait de trouver une jeune fille bien pure, de m′en faire aimer et de lui prendre sa virginité.» M. de Charlus ne put se retenir de pincer tendrement l′oreille de Morel, mais ajouta naîµ¥ment: «A quoi cela te servirait-il? Si tu prenais son pucelage, tu serais bien obligé de l′épouser. — L′épouser? s′écria Morel, qui sentait le baron grisé ou bien qui ne songeait pas à l′homme, en somme plus scrupuleux qu′il ne croyait, avec lequel il parlait; l′épouser? Des nèfles! Je le promettrais, mais, dès la petite opération menée à bien, je la plaquerais le soir même.» M. de Charlus avait l′habitude, quand une fiction pouvait lui causer un plaisir sensuel momentané, d′y donner son adhésion, quitte à la retirer tout entière quelques instants après, quand le plaisir serait épuisé. «Vraiment, tu ferais cela? dit-il à Morel en riant et en le serrant de plus près. — Et comment! dit Morel, voyant qu′il ne déplaisait pas au baron en continuant à lui expliquer sincèrement ce qui était en effet un de ses désirs. — C′est dangereux, dit M. de Charlus. — Je ferais mes malles d′avance et je ficherais le camp sans laisser d′adresse. — Et moi? demanda M. de Charlus. — Je vous emmènerais avec moi, bien entendu, s′empressa de dire Morel qui n′avait pas songé à ce que deviendrait le baron, lequel était le cadet de ses soucis. Tenez, il y a une petite qui me plairait beaucoup pour ça, c′est une petite couturière qui a sa boutique dans l′hôtel de M. le duc. — La fille de Jupien, s′écria le baron pendant que le sommelier entrait. Oh! jamais, ajouta-t-il, soit que la présence d′un tiers l′eût refroidi, soit que, même dans ces espèces de messes noires où il se complaisait à souiller les choses les plus saintes, il ne pût se résoudre à faire entrer des personnes pour qui il avait de l′amitié. Jupien est un brave homme, la petite est charmante, il serait affreux de leur causer du chagrin.» Morel sentit qu′il était allé trop loin et se tut, mais son regard continuait, dans le vide, à se fixer sur la jeune fille devant laquelle il avait voulu un jour que je l′appelasse «cher grand artiste» et à qui il avait commandé un gilet. Très travailleuse, la petite n′avait pas pris de vacances, mais j′ai su depuis que, tandis que Morel le violoniste était dans les environs de Balbec, elle ne cessait de penser à son beau visage, ennobli de ce qu′ayant vu Morel avec moi, elle l′avait pris pour un «monsieur». Lo que desgraciadamente ignoraba en ese momento y no supe sino dos años después es que uno de los clientes del conductor era el señor de Charlus yque Morel, encargado de pagarlo yque se guardaba parte del dinero (haciendo triplicar y quintuplicar por el conductor la cantidad de kilómetros) se había relacionado mucho con él (aunque aparentaba no conocerlo delante de la gente) y usaba su coche para trayectos distantes. Si entonces hubiera sabido eso y que la confianza que pronto tuvieron los Verdurin en ese conductor, proviniese de ahí, sin saberlo ellos, quizás pudieran haberse evitado muchos de los pesares de mi vida de París relativa a Albertina, y al año siguiente; pero entonces no tenía yo ni la menor sospecha. Por sí mismos, los paseos del señor de Charlus en auto con Morel, no tenían para mi un interés directo. Se limitaban por otra parte lo más a menudo a una cena o un almuerzo, en un restaurante de la costa donde el señor de Charlus se hacía pasar por un viejo sirviente arruinado y Morel, que tenía la misión de pagar las adiciones, por un gentilhombre excesivamente bueno. Cuento una de esas comidas que puede dar idea de las otras. Era en un restaurante de Saint-Mars-le-Vétu, de forma alargada: “¿No podría quitarse eso?”, preguntó el señor de Charlus a Morel como a un intermediario y para no dirigirse directamente a los mozos. Designaba así a tres rosas marchitas con las que un bien intencionado maître había querido adornar la mesa. “Sí..., dijo Morel turbado, a usted no le gustan las rosas”. “Probaría por el contrario por el petitorio en cuestión que me gustan, ya que aquí no hay rosas Morel pareció sorprendido), pero en realidad no me gustan mucho. Soy bastante sensible a los nombres; y en cuanto una rosa es un poco hermosa, uno sabe que se llama la baronesa de Rothschild o la Mariscala Niel, lo que enfría un poco. ¿Le gustan los nombres? ¿Ha encontrado lindos títulos para sus pequeños trozos de concierto?” “Hay uno que se llama Poema triste”. “Es horrible, contestó el señor de Charlus con una voz aguda y restallante como una cachetada. Pero ¿había pedido champaña?”, le dijo al maître, que creyó traerlo y colocaba junto a sus dos clientes dos copas llenas de vino espumante. “Pero, señor”. “Quite ese horror que no tiene ninguna relación con el peor de las champañas. Es ese vomitivo llamado cup en donde se olvidan generalmente tres frutillas podridas en una mezcla de vinagre y soda. Sí, continuó volviéndose hacia Morel, usted parece ignorar lo que es un título. Y aun cuando interpreta lo que mejor toca, no parece advertir el aspecto mediúmnico del asunto”. “¿Cómo?”, preguntó Morel, que como no había entendido nada de lo que dijera el barón, temía verse privado de una información útil, como es por ejemplo una invitación a almorzar. Como el señor de Charlus no consideró ese “¿Cómo?” a manera de pregunta, y Morel, por consiguiente, no tuvo respuesta, creyó tener que cambiar la conversación y darle un giro sensual: “Ahí tiene esa rubiecita que vende las flores que no le gustan; otra que debe tener una amiguita. Y la vieja que come en la mesa del fondo, también”. “¿Pero como sabes todo eso?”, preguntó el señor de Charlus maravillado de la presencia de Morel. “¡Oh! las adivino en un segundo. Si nos paseáramos juntos en medio de la gente ya vería que no me equivoco dos veces”. Y el que hubiese mirado en ese momento a Morel con aspecto de muchacha, en medio de su belleza viril, hubiese comprendido la oscura adivinación que no lo señalaba menos a ciertas mujeres de lo que él a ellas. Tenía ganas de suplantar a Jupien, deseando vagamente agregar a sus entradas permanentes las rentas que, según creía, le sacaba el chalequero al barón. “Y en cuanto a los gigolós los conozco mucho más aún; le evitaría todas las equivocaciones. Pronto habrá feria en Balbec, ya encontraremos muchas cosas. Y en París entonces, ya vería cómo iba a divertirse”. Pero una prudencia hereditaria de sirviente le hizo dar otro giro a la frase que ya empezaba. De manera que el señor de Charlus siguió creyendo que trataba siempre de muchachas. “Vea usted, dijo Morel deseando exaltar de un modo que suponía menos comprometedor para sí (aunque fuese en realidad más inmoral) los sentidos del barón; mi sueño sería encontrar una muchacha muy pura, hacerme querer por ella y quitarle su virginidad”. El señor de Charlus no pudo dejar de pellizcarle con ternura la oreja a Morel, pero agregó cándidamente: “¿Para qué te serviría? Si le quitaras la doncellez tendrías que casarte con ella. ¿¿Casarme con ella?, exclamó Morel, que sentía que el barón estaba embriagado o que no pensaba en el hombre, en resumen, más escrupuloso de lo que creía, con quien hablaba. ¿Casarme? Rábanos. Se lo prometería, pero una vez llevada a cabo la pequeña operación, la dejaría plantada esa misma noche.” El señor de Charlus cuando una ficción podía causarle un momentáneo placer sensual, tenía la costumbre de prestarle su adhesión, aunque se la retirase por completo instantes después al agotarse todo el placer. “-¿Verdaderamente, harías eso?”, le dijo riendo a Morel y apretujándolo más aún. “¡Y cómo!”, dijo Morel al ver que no disgustaba al barón si seguía explicándole con sinceridad aquello que efectivamente era uno de sus deseos. “-Es peligroso” -dijo el señor de Charlus. “- Prepararía las valijas de antemano y me iría sin dejar la dirección”. “-¿Y yo?”, preguntó el señor de Charlus. “-Lo llevaría conmigo, se entiende”, se apresuró a decir Morel, que no había pensado qué sería del barón, que constituía la menor de sus preocupaciones. “- Mire, hay una muchacha que me gustaría mucho para eso: es una costurera que tiene su negocio en el edificio del señor duque”. “-La hija de Jupien -eexclamó el barón mientras entraba el tonelero-. ¡Oh, nunca! -agregó, ya sea que la presencia de un tercero lo hubiese enfriado, o bien que hasta en esas especies de misas negras en las que se complacía mancillando las cosas más santas, no pudiera resolverse á complicar personas por las que sentía amistad-. Jupien es un buen hombre, la muchacha es encantadora; sería horrible causarles pena”. Morel advertía que había ido muy lejos y se calló, pero su mirada seguía en el vacío, fijándose en la muchacha ante la cual había querido un día que lo llamase querido ygrande artista y a la que le había encargado un chaleco. Muy trabajadora, la chica no se había tomado vacaciones, pero supo posteriormente que mientras el violinista Morel estaba en los alrededores de Balbec, no dejaba de pensar en su hermoso rostro, ennoblecido por cuanto al verlo a Morel conmigo lo había supuesto un “señor”.
«Je n′ai jamais entendu jouer Chopin, dit le baron, et pourtant j′aurais pu, je prenais des leçons avec Stamati, mais il me défendit d′aller entendre, chez ma tante Chimay, le Maître des Nocturnes. — Quelle bêtise il a faite là, s′écria Morel. — Au contraire, répliqua vivement, d′une voix aiguë, M. de Charlus. Il prouvait son intelligence. Il avait compris que j′étais une «nature» et que je subirais l′influence de Chopin. Ça ne fait rien puisque j′ai abandonné tout jeune la musique, comme tout, du reste. Et puis on se figure un peu, ajouta-t-il d′une voix nasillarde, ralentie et traînante, il y a toujours des gens qui ont entendu, qui vous donnent une idée. Mais enfin Chopin n′était qu′un prétexte pour revenir au côté médiumnimique, que vous négligez.» “-Nunca lo oí tocar a Chopin, dijo el barón y sin embargo hubiera podido hacerlo; Stamati me daba lecciones, pero me prohibió que fuera a casa de mi tía Chimay para oír al maestro de los Nocturnos”. “¡Qué tontería cometió con ello!”, exclamó Morel. “Al contrario”, contestó con vivacidad y voz aguda el señor de Charlus. “Demostraba su inteligencia. Había comprendido que yo tenía una “naturaleza” y que sufriría la influencia de Chopin. No importa porque abandoné la música muy joven, como todo por otra parte. Y además uno imagina algo -agregó con una voz gangosa, lenta y arrastrada-, siempre hay gente que ha oído y que le dan a uno una idea. Pero en fin, Chopin no era más que un pretexto para volver al aspecto mediúmnico que usted descuida”.
On remarquera qu′après une interpolation du langage vulgaire, celui de M. de Charlus était brusquement redevenu aussi précieux et hautain qu′il était d′habitude. C′est que l′idée que Morel «plaquerait» sans remords une jeune fille violée lui avait fait brusquement goûter un plaisir complet. Dès lors ses sens étaient apaisés pour quelque temps et le sadique (lui, vraiment médiumnimique) qui s′était substitué pendant quelques instants à M. de Charlus avait fui et rendu la parole au vrai M. de Charlus, plein de raffinement artistique, de sensibilité, de bonté. «Vous avez joué l′autre jour la transcription au piano du XVe quatuor, ce qui est déjà absurde parce que rien n′est moins pianistique. Elle est faite pour les gens à qui les cordes trop tendues du glorieux Sourd font mal aux oreilles. Or c′est justement ce mysticisme presque aigre qui est divin. En tout cas vous l′avez très mal jouée, en changeant tous les mouvements. Il faut jouer ça comme si vous le composiez: le jeune Morel, affligé d′une surdité momentanée et d′un génie inexistant, reste un instant immobile. Puis, pris du délire sacré, il joue, il compose les premières mesures. Alors, épuisé par un pareil effort d′entrance, il s′affaisse, laissant tomber la jolie mèche pour plaire à Mme Verdurin, et, de plus, il prend ainsi le temps de refaire la prodigieuse quantité de substance grise qu′il a prélevée pour l′objectivation pythique. Alors, ayant retrouvé ses forces, saisi d′une inspiration nouvelle et suréminente, il s′élance vers la sublime phrase intarissable que le virtuose berlinois (nous croyons que M. de Charlus désignait ainsi Mendelssohn) devait infatigablement imiter. C′est de cette façon, seule vraiment transcendante et animatrice, que je vous ferai jouer à Paris.» Quand M. de Charlus lui donnait des avis de ce genre, Morel était beaucoup plus effrayé que de voir le maître d′hôtel remporter ses roses et son «cup» dédaignés, car il se demandait avec anxiété quel effet cela produirait à la «classe». Mais il ne pouvait s′attarder à ces réflexions, car M. de Charlus lui disait impérieusement: «Demandez au maître d′hôtel s′il a du bon chrétien. — Du bon chrétien? je ne comprends pas. — Vous voyez bien que nous sommes au fruit, c′est une poire. Soyez sûr que Mme de Cambremer en a chez elle, car la comtesse d′Escarbagnas, qu′elle est, en avait. M. Thibaudier la lui envoie et elle dit: «Voilà du bon chrétien qui est fort beau.»— Non, je ne savais pas. — Je vois, du reste, que vous ne savez rien. Si vous n′avez même pas lu Molière . . . Hé bien, puisque vous ne devez pas savoir commander, plus que le reste, demandez tout simplement une poire qu′on recueille justement près d′ici, la «Louise–Bonne d′Avranches.»— Là . . .? — Attendez, puisque vous êtes si gauche je vais moi-même en demander d′autres, que j′aime mieux: Maître d′hôtel, avez-vous de la Doyenné des Comices? Charlie, vous devriez lire la page ravissante qu′a écrite sur cette poire la duchesse Émilie de Clermont–Tonnerre. — Non, Monsieur, je n′en ai pas. — Avez-vous du Triomphe de Jodoigne? — Non, Monsieur. — De la Virginie–Dallet? de la Passe–Colmar? Non? eh bien, puisque vous n′avez rien nous allons partir. La «Duchesse-d′Angoulême» n′est pas encore mûre; allons, Charlie, partons.» Malheureusement pour M. de Charlus, son manque de bon sens, peut-être la chasteté des rapports qu′il avait probablement avec Morel, le firent s′ingénier, dès cette époque, à combler le violoniste d′étranges bontés que celui-ci ne pouvait comprendre et auxquelles sa nature, folle dans son genre, mais ingrate et mesquine, ne pouvait répondre que par une sécheresse ou une violence toujours croissantes, et qui plongeaient M. de Charlus — jadis si fier, maintenant tout timide — dans des accès de vrai désespoir. On verra comment, dans les plus petites choses, Morel, qui se croyait devenu un M. de Charlus mille fois plus important, avait compris de travers, en les prenant à la lettre, les orgueilleux enseignements du baron quant à l′aristocratie. Disons simplement, pour l′instant, tandis qu′Albertine m′attend à Saint–Jean de la Haise, que s′il y avait une chose que Morel mît au-dessus de la noblesse (et cela était en son principe assez noble, surtout de quelqu′un dont le plaisir était d′aller chercher des petites filles —«ni vu ni connu»— avec le chauffeur), c′était sa réputation artistique et ce qu′on pouvait penser à la classe de violon. Sans doute il était laid que, parce qu′il sentait M. de Charlus tout à lui, il eût l′air de le renier, de se moquer de lui, de la même façon que, dès que j′eus promis le secret sur les fonctions de son père chez mon grand-oncle, il me traita de haut en bas. Mais, d′autre part, son nom d′artiste diplômé, Morel, lui paraissait supérieur à un «nom». Et quand M. de Charlus, dans ses rêves de tendresse platonique, voulait lui faire prendre un titre de sa famille, Morel s′y refusait énergiquement. Se advertirá que después de una interpolación del lenguaje vulgar, el del señor de Charlus había regresado bruscamente al estilo preciosista y altanero de costumbre. Es que la idea de que Morel dejaría “plantada” sin remordimientos a una muchacha violada, le había hecho experimentar de pronto un placer completo. Desde entonces sus sentidos se habían aplacado por algún tiempo y el sádico (él, verdaderamente mediúmnico) que se había sustituido por algunos momentos al señor de Charlus, había huido y devuelto la palabra al verdadero señor de Charlus, lleno de refinamiento artístico, sensible y bueno. “-Usted tocó el otro día la trascripción para piano del cuarteto número XV, lo que ya es absurdo porque nada hay menos pianístico. Está hecha para aquellos a quienes las cuerdas demasiado tensas del sordo glorioso hacen doler los oídos. Y justamente ese misticismo casi agrio es lo divino. De cualquier manera lo tocó usted muy anal al cambiar todos los movimientos. Hay que tocar eso como si se lo estuviera componiendo: el joven Morel afligido por una momentánea sordera y un genio inexistente se queda inmóvil un instante. Luego, presa del sagrado delirio toca y compone los primeros compases. Entonces, agotado por semejante esfuerzo de trance, se desploma dejando caer un hermoso mechón para complacer a la señora de Verdurin y además se toma así el tiempo de reconstruir la prodigiosa cantidad de sustancia gris empleada para la objetivación pítica. Luego, con las fuerzas recobradas, presa de una inspiración nueva y sobreeminente, se precipita sobre la inagotable frase sublime que el virtuoso berlinés (creemos que así designaba el señor Charlus a Mendelssohn) debía imitar incansablemente. De ese modo, único, verdaderamente trascendente, lo haría tocar yo en París”. Cuando el señor de Charlus le daba opiniones por el estilo, Morel se espantaba mucho más que cuando el maître volvía a llevar sus rosas y su “cup” desdeñados, porque se preguntaba ansiosamente qué efecto le produciría eso a la “clase”. Pero no podía detenerse en esas reflexiones, porque el señor de Charlus le decía imperiosamente: “- Pregúntele al maître si tiene buen cristiano”. “-¿Buen cristiano? No entiendo”. “-Ya ve que estamos en las frutas: es una pera. Puede estar seguro de que la señora de Cambremer las tiene en su casa, porque la condesa de Escarbagnas las tenía. El señor Thibaudier se las envía y ella dice: “He aquí un buen cristiano muy hermoso”. “No, no sabía”. “-Ya veo, por otra parte que no sabe usted nada. Si ni siquiera leyó a Molière... Y bien, ya que no debe saber elegir, como lo demás, pida sencillamente una pera que se cosecha precisamente cerca de aquí, la “Luisa-Bonne d′Avranches”. “¿La qué?”. “Espere; ya que es tan torpe, yo mismo voy a encargar otras que prefiero: ¿Maître, tiene usted la Dayennée des Comices? Charlie, debía usted leer la página encantadora que escribió sobre esta pera la duquesa Emilia de Clermont-Tonnerre”. “No, señor, no tenemos”, “¿Tiene usted Triunfo de Jodoigne?” “No, señor”. ¿Virginia-Dailet, Passe-Colmar? No ybueno, ya que no tiene usted nada, vamos a irnos. La Duquesa de Angulema todavía no está madura, vamos Charlie, vámonos”. Desgraciadamente para el señor de Charlus su falta de sentido común y quizás la castidad de sus relaciones con el violinista Morel, lo hicieron ingeniarse desde esa época para colmar al violinista de bondades extrañas que éste no podía comprender y a la que la naturaleza, descabellada en su género, pero ingrata y mezquina, no podía contestar sino con una ceguera o una violencia siempre creciente y que hundían al señor de Charlus -antaño tan altivo, ahora tan tímido- en unos accesos de verdadera desesperación. Se verá cómo en las cosas más pequeñas, Morel, que se creía convertido en un señor de Charlus, mil veces más importante, había comprendido equivocadamente tomándolas al pie de la letra las orgullosas enseñanzas del barón, en cuanto se refería a la aristocracia. Digamos sencillamente por el instante, mientras me espera Albertina en Saint-Jean de la Haise, que si algo colocaba a Morel por encima de la nobleza (y ese era su principio bastante noble, sobre todo para alguien cuyo placer consistía en buscar niñitas -ni visto ni conocido- con el conductor) era su reputación artística y lo que podían pensar en la clase de violín. Sin duda era feo porque sentía que el señor de Charlus le era adicto, que pareciese renegarlo y burlarse de él, del mismo modo que en cuanto yo le prometí guardar secreto acerca de las funciones de su padre en casa de mi tío abuelo, me trató con desprecio. Pero, por otra parte, a Morel le parecía superior su nombre de artista diplomado a un “nombre”. Y cuando el señor de Charlus en sus ensueños de ternura patológica quería hacerle adoptar un título de su familia, Morel rechazaba enérgicamente.
Quand Albertine trouvait plus sage de rester à Saint–Jean de la Haise pour peindre, je prenais l′auto, et ce n′était pas seulement à Gourville et à Féterne, mais à Saint–Mars-le-Vieux et jusqu′à Criquetot que je pouvais aller avant de revenir la chercher. Tout en feignant d′être occupé d′autre chose que d′elle, et d′être obligé de la délaisser pour d′autres plaisirs, je ne pensais qu′à elle. Bien souvent je n′allais pas plus loin que la grande plaine qui domine Gourville, et comme elle ressemble un peu à celle qui commence au-dessus de Combray, dans la direction de Méséglise, même à une assez grande distance d′Albertine j′avais la joie de penser que, si mes regards ne pouvaient pas aller jusqu′à elle, portant plus loin qu′eux, cette puissante et douce brise marine qui passait à côté de moi devait dévaler, sans être arrêtée par rien, jusqu′à Quetteholme, venir agiter les branches des arbres qui ensevelissent Saint–Jean de la Haise sous leur feuillage, en caressant la figure de mon amie, et jeter ainsi un double lien d′elle à moi dans cette retraite indéfiniment agrandie, mais sans risques, comme dans ces jeux où deux enfants se trouvent par moments hors de la portée de la voix et de la vue l′un de l′autre, et où tout en étant éloignés ils restent réunis. Je revenais par ces chemins d′où l′on aperçoit la mer, et où autrefois, avant qu′elle apparût entre les branches, je fermais les yeux pour bien penser que ce que j′allais voir, c′était bien la plaintive ale de la terre, poursuivant, comme au temps qu′il n′existait pas encore d′êtres vivants, sa démente et immémoriale agitation. Maintenant, ils n′étaient plus pour moi que le moyen d′aller rejoindre Albertine, quand je les reconnaissais tout pareils, sachant jusqu′où ils allaient filer droit, où ils tourneraient; je me rappelais que je les avais suivis en pensant à Mlle de Stermaria, et aussi que la même hâte de retrouver Albertine, je l′avais eue à Paris en descendant les rues par où passait Mme de Guermantes; ils prenaient pour moi la monotonie profonde, la signification morale d′une sorte de ligne que suivait mon caractère. C′était naturel, et ce n′était pourtant pas indifférent; ils me rappelaient que mon sort était de ne poursuivre que des fantômes, des êtres dont la réalité, pour une bonne part, était dans mon imagination; il y a des êtres en effet — et ç‘avait été, dès la jeunesse, mon cas — pour qui tout ce qui a une valeur fixe, constatable par d′autres, la fortune, le succès, les hautes situations, ne comptent pas; ce qu′il leur faut, ce sont des fantômes. Ils y sacrifient tout le reste, mettent tout en oeuvre, font tout servir à rencontrer tel fantôme. Mais celui-ci ne tarde pas à s′évanouir; alors on court après tel autre, quitte à revenir ensuite au premier. Ce n′était pas la première fois que je recherchais Albertine, la jeune fille vue la première année devant la mer. D′autres femmes, il est vrai, avaient été intercalées entre Albertine aimée la première fois et celle que je ne quittais guère en ce moment; d′autres femmes, notamment la duchesse de Guermantes. Mais, dira-t-on, pourquoi se donner tant de soucis au sujet de Gilberte, prendre tant de peine pour Mme de Guermantes, si, devenu l′ami de celle-ci, c′est à seule fin de n′y plus penser, mais seulement à Albertine? Swann, avant sa mort, aurait pu répondre, lui qui avait été amateur de fantômes. De fantômes poursuivis, oubliés, recherchés à nouveau, quelquefois pour une seule entrevue, et afin de toucher à une vie irréelle laquelle aussitôt s′enfuyait, ces chemins de Balbec étaient pleins. En pensant que leurs arbres, poiriers, pommiers, tamaris, me survivraient, il me semblait recevoir d′eux le conseil de me mettre enfin au travail pendant que n′avait pas encore sonné l′heure du repos éternel. Cuando a Albertina le parecía más prudente quedar en SaintJean de la Haise para pintar, yo tomaba el auto y no sólo podía ir a Gourville y a Féterne, sino a Saint-Mars le Vieux yhasta Criquetot antes de volver a buscarla. Mientras fingía estar ocupado por algo además de ella y tener que dejarla por otros placeres, no pensaba sino en ella. Muy a menudo no llegaba más allá de la gran llanura que domina a Gourville y como se parece un poco a la que empieza por encima de Combray en la dirección de Méséglise aun a bastante distancia de Albertina, tenía la alegría de pensar que si no la alcanzaban mis ojos, esta poderosa y dulce brisa marina que pasaba a mi lado debía descender más lejos que ellos sin que nada la detuviera hasta Quettelholme, agitar las ramas de los árboles que sepultan a SaintJean de la Haise bajo su follaje, acariciando la cara de mi amiga, y echar así un doble lazo entre ella y yo, en ese retiro indefinidamente ampliado, pero sin riesgos como esos juegos en que dos niños se encuentran por momentos fuera del alcance de la voz y la vista, uno de otro, y en que a pesar de estar lejos siguen unidos. Volvía por esos caminos desde donde se ve el mar y donde antaño antes que apareciese ella entre las ramas yo cerraba los ojos para pensar perfectamente en lo que iba a ver; era en verdad la primitiva abuela de la tierra, prosiguiendo su descabellada e inmemorial agitación como en los tiempos en que aun no existían seres vivos. Ahora ya no eran para mí más que el medio de ir a reunirme con Albertina, cuando los reconocía todos iguales, sabiendo por dónde seguirían derecho, por dónde darían vuelta recordaba yo que los había recorrido, pensando en la señorita de Stermaría y también que la misma prisa de volver a encontrarme con Albertina la había tenido en París al bajar las calles por donde pasaba la señora de Guermantes y adquirían para mí la monotonía profunda, la significación moral de una especie de línea de mi carácter. Era natural y sin embargo no era indiferente; me recordaban que era mi destino perseguir fantasmas; seres cuya realidad en gran parte estaba en mi imaginación; hay seres, en efecto -y desde la juventud ese había sido mi caso- para quienes todo lo que tiene un valor fijo y comprobable para otros; fortuna, éxito, altas situaciones, no cuentan; lo que necesitan son fantasmas. Les sacrifican todo lo demás, todo lo ponen en movimiento, todo lo utilizan en la búsqueda de tal o cual fantasma. Pero éste no tarda en desvanecerse; entonces corre uno tras de otro, a riesgo de volver al primero. No era la primera vez que buscaba a Albertina, la muchacha que había visto el primer año frente al mar. Otras mujeres, es cierto, se habían intercalado entre Albertina, amada por primera vez y la que yo no dejaba en estos momentos; otras mujeres, especialmente la duquesa de Guermantes. Pero, se dirá, ¿por qué afligirse tanto con respecto a Gilberta? ¿tomarse tanto trabajó por la señora de Guermantes? Si me convertía en su amigo, con el solo objeto de no pensar más en ella, sino en Albertina. Antes de su muerte Swann pudo haberme contestado; él, que había sido aficionado a los fantasmas. De fantasmas perseguidos, olvidados, buscados de nuevo, a veces para una sola entrevista y para tocar una vida irreal que huía enseguida, esos caminos de Balbec estaban llenos de ellos. Al pensar que sus árboles, perales, manzanos, tamariscos, de sobrevivirían, me parecía recibir de ellos el consejo de ponerme a trabajar mientras no sonara la hora del eterno descanso.
Je descendais de voiture à Quetteholme, courais dans la raide cavée, passais le ruisseau sur une planche et trouvais Albertine qui peignait devant l′église toute en clochetons, épineuse et rouge, fleurissant comme un rosier. Le tympan seul était uni; et à la surface riante de la pierre affleuraient des anges qui continuaient, devant notre couple du XXe siècle, à célébrer, cierges en mains, les cérémonies du XIIIe. C′était eux dont Albertine cherchait à faire le portrait sur sa toile préparée et, imitant Elstir, elle donnait de grands coups de pinceau, tâchant d′obéir au noble rythme qui faisait, lui avait dit le grand maître, ces anges-là si différents de tous ceux qu′il connaissait. Puis elle reprenait ses affaires. Appuyés l′un sur l′autre nous remontions la cavée, laissant la petite église, aussi tranquille que si elle ne nous avait pas vus, écouter le bruit perpétuel du ruisseau. Bientôt l′auto filait, nous faisait prendre pour le retour un autre chemin qu′à l′aller. Nous passions devant Marcouville l′Orgueilleuse. Sur son église, moitié neuve, moitié restaurée, le soleil déclinant étendait sa patine aussi belle que celle des siècles. A travers elle les grands bas-reliefs semblaient n′être vus que sous une couche fluide, moitié liquide, moitié lumineuse; la Sainte Vierge, sainte Élisabeth, saint Joachim, nageaient encore dans l′impalpable remous, presque à sec, à fleur d′eau ou à fleur de soleil. Surgissant dans une chaude poussière, les nombreuses statues modernes se dressaient sur des colonnes jusqu′à mi-hauteur des voiles dorés du couchant. Devant l′église un grand cyprès semblait dans une sorte d′enclos consacré. Nous descendions un instant pour le regarder et faisions quelques pas. Tout autant que de ses membres, Albertine avait une conscience directe de sa toque de paille d′Italie et de l′écharpe de soie (qui n′étaient pas pour elle le siège de moindres sensations de bien-être), et recevait d′elles, tout en faisant le tour de l′église, un autre genre d′impulsion, traduite par un contentement inerte mais auquel je trouvais de la grâce; écharpe et toque qui n′étaient qu′une partie récente, adventice, de mon amie, mais qui m′était déjà chère et dont je suivais des yeux le sillage, le long du cyprès, dans l′air du soir. Elle-même ne pouvait le voir, mais se doutait que ces élégances faisaient bien, car elle me souriait tout en harmonisant le port de sa tête avec la coiffure qui la complétait: «Elle ne me plaît pas, elle est restaurée», me dit-elle en me montrant l′église et se souvenant de ce qu′Elstir lui avait dit sur la précieuse, sur l′inimitable beauté des vieilles pierres. Albertine savait reconnaître tout de suite une restauration. On ne pouvait que s′étonner de la sûreté de goût qu′elle avait déjà en architecture, au lieu du déplorable qu′elle gardait en musique. Pas plus qu′Elstir, je n′aimais cette église, c′est sans me faire plaisir que sa façade ensoleillée était venue se poser devant mes yeux, et je n′étais descendu la regarder que pour être agréable à Albertine. Et pourtant je trouvais que le grand impressionniste était en contradiction avec lui-même; pourquoi ce fétichisme attaché à la valeur architecturale objective, sans tenir compte de la transfiguration de l′église dans le couchant? «Non décidément, me dit Albertine, je ne l′aime pas; j′aime son nom d′Orgueilleuse. Mais ce qu′il faudra penser à demander à Brichot, c′est pourquoi Saint–Mars s′appelle le Vêtu. On ira la prochaine fois, n′est-ce pas?» me disait-elle en me regardant de ses yeux noirs sur lesquels sa toque était abaissée comme autrefois son petit polo. Son voile flottait. Je remontais en auto avec elle, heureux que nous dussions le lendemain aller ensemble à Saint–Mars, dont, par ces temps ardents où on ne pensait qu′au bain, les deux antiques clochers d′un rose saumon, aux tuiles en losange, légèrement infléchis et comme palpitants, avaient l′air de vieux poissons aigus, imbriqués d′écailles, moussus et roux, qui, sans avoir l′air de bouger, s′élevaient dans une eau transparente et bleue. En quittant Marcouville, pour raccourcir, nous bifurquions à une croisée de chemins où il y a une ferme. Quelquefois Albertine y faisait arrêter et me demandait d′aller seul chercher, pour qu′elle pût le boire dans la voiture, du calvados ou du cidre, qu′on assurait n′être pas mousseux et par lequel nous étions tout arrosés. Nous étions pressés l′un contre l′autre. Les gens de la ferme apercevaient à peine Albertine dans la voiture fermée, je leur rendais les bouteilles; nous repartions, comme afin de continuer cette vie à nous deux, cette vie d′amants qu′ils pouvaient supposer que nous avions, et dont cet arrêt pour boire n′eût été qu′un moment insignifiant; supposition qui eût paru d′autant moins invraisemblable si on nous avait vus après qu′Albertine avait bu sa bouteille de cidre; elle semblait alors, en effet, ne plus pouvoir supporter entre elle et moi un intervalle qui d′habitude ne la gênait pas; sous sa jupe de toile ses jambes se serraient contre mes jambes, elle approchait de mes joues ses joues qui étaient devenues blêmes, chaudes et rouges aux pommettes, avec quelque chose d′ardent et de fané comme en ont les filles de faubourgs. A ces moments-là, presque aussi vite que de personnalité elle changeait de voix, perdait la sienne pour en prendre une autre, enrouée, hardie, presque crapuleuse. Le soir tombait. Quel plaisir de la sentir contre moi, avec son écharpe et sa toque, me rappelant que c′est ainsi toujours, côte à côte, qu′on rencontre ceux qui s′aiment. Yo bajaba del coche en Quettelholme, corría por la abrupta hondonada, atravesaba el arroyo sobre una tabla y la encontraba a Albertina pintando delante de la iglesia llena de torrecillas, espinosa yroja, florida como un rosal. Sólo el tímpano estaba unido; ysobre la superficie riente de la piedra afloraban unos ángeles que delante de nuestra pareja del siglo XX seguían celebrando, con cirios en las manos, las ceremonias del siglo XIII. Su retrato era el que trataba de hacer Albertina sobre la tela preparada, e imitando a Elstir, daba grandes pinceladas, tratando de obedecer al ritmo noble que, según el gran maestro, hacía que esos ángeles fuesen tan distintos a todos los que conocía. Luego volvía a tomar sus útiles. Apoyados uno en el otro, retrepábamos la hondonada, dejando la iglesita tan tranquila como si no nos hubiese visto, para que escuchara el ruido perenne del arroyo. Pronto corría el auto y tomaba al regreso otro camino que a la ida. Pasábamos delante de Marcouville, la orgullosa. Sobre su iglesia, a medias nueva, a medias restaurada, el sol declinante extendía su pátina tan hermosa como la de los siglos. A su través los grandes bajorrelieves parecían verse bajo una capa fluida, semilíquida, semiluminosa, la Santa Virgen, Santa Isabel o San Joaquín nadaban todavía en el remolino impalpable, casi en seco, a flor de agua o a flor de sol. Surgiendo de un polvo cálido, las numerosas estatuas modernas se erguían sobre sus columnas hasta media altura de los tules dorados del poniente. Delante de la iglesia un ciprés enorme parecía estar en una suerte de cerco consagrado. Bajábamos un instante para mirarlo y dábamos algunos pasos. Albertina tenía tanta conciencia directa de sus miembros como de su toquilla de paja de Italia y de la echarpe de seda (que no eran para ella el asiento de menores sensaciones de bienestar) y recibía mientras daba la vuelta a la iglesia, otro tipo de impulso, traducido en un contento inerte, pero al que yo le encontraba cierta gracia; echarpe ytoquilla que no eran sino una parte reciente yadventicia de mi amiga, pero que ya me era querida y cuyo rastro seguía con los ojos, a lo largo del ciprés, por el aire nocturno. Ni ella podía verlo, pero sospechaba que esas elegancias le sentaban, porque me sonreía armonizando el porte de su cabeza con el peinado que lo completaba: “No me gusta, está restaurada” me dijo enseñándome la iglesia y recordando lo que le había dicho Elstir acerca de la preciosa e inimitable belleza de las piedras viejas. Albertina reconocía al instante una restauración. Uno no podía sino asombrarse de la seguridad que ya tenía su gusto en arquitectura, a cambio del deplorable que seguía teniendo para la música. No me gustaba esa iglesia más que a Elstir y no me causaba placer que su fachada llena de sol viniera a colocarse ante mis ojos y había bajado a verla sólo para complacer a Albertina. Y sin embargo, me parecía que el gran impresionista estaba en contradicción consigo mismo; ¿por qué ese fetichismo adherido al valor arquitectónico objetivo, sin tener en cuenta la transfiguración de la iglesia en el poniente? “-No, decididamente, me dijo Albertina, no me gusta; me gusta su nombre de orgullosa. Pero lo que habrá que pensar en preguntarle a Brichot, es por qué Saint Mars se llama le Vétu. Iremos la próxima vez, ¿verdad?-” me decía mirándome con esos ojos negros sobre los que su toca estaba echada como antes su pequeño polo. Flotaba su velo. Volví a subir al auto con ella, feliz porque teníamos que ir al día siguiente a Saint-Mars, cuyos antiguos campanarios de un rosa asalmonado, y tejas romboidales, eran como viejos peces agudos, imbricados de escamas, musgosos y rojizos, que sin parecer moverse se levantaban en un agua transparente y azul por esos tiempos ardorosos en que no se pensaba más que en el bario. Al dejar Marcouville, para ahorrar camino bifurcábamos en un cruce de camino donde había una granja. A veces Albertina mandaba detener el coche y me pedía que fuera solo a buscar, para poderlos beber en el coche, vino calvados o sidra, que aseguraban no era espumante y que nos salpicaba por completo. Estábamos el uno contra el otro. La gente de la granja casi no veía a Albertina en el coche cerrado y yo les devolvía las botellas volvíamos a partir como para continuar esa vida nuestra, esa vida de amantes que podían suponer era la que teníamos y para la cual ese alto para beber no había sido un momento insignificante; suposición que hubiese parecido tanto menos inverosímil si nos vieran después que Albertina había bebido su botella de sidra; parecía entonces no soportar ya entre ambos una separación que de costumbre no la molestaba; bajo la falda de tela, sus piernas se apretaban contra las mías, aproximaba a mis mejillas sus mejillas que se habían puesto descoloridas, calientes y rojas en los pómulos con algo ardiente y mustio como las mujeres de los suburbios. En esos momentos y casi con tanta rapidez como su personalidad, cambiaba la voz, perdía la suya para adquirir otra, ronca, audaz, casi canallesca. Caía la noche. ¡Qué placer sentirla junto a mí con su echarpe y su toca!, recordándome que así juntos es como se encuentran siempre los que se aman.
J′avais peut-être de l′amour pour Albertine, mais n′osant pas le lui laisser apercevoir, bien que, s′il existait en moi, ce ne pût être que comme une vérité sans valeur jusqu′à ce qu′on ait pu la contrôler par l′expérience; or il me semblait irréalisable et hors du plan de la vie. Quant à ma jalousie, elle me poussait à quitter le moins possible Albertine, bien que je susse qu′elle ne guérirait tout à fait qu′en me séparant d′elle à jamais. Je pouvais même l′éprouver auprès d′elle, mais alors m′arrangeais pour ne pas laisser se renouveler la circonstance qui l′avait éveillée en moi. C′est ainsi qu′un jour de beau temps nous allâmes déjeuner à Rivebelle. Les grandes portes vitrées de la salle à manger de ce hall en forme de couloir, qui servait pour les thés, étaient ouvertes de plain-pied avec les pelouses dorées par le soleil et desquelles le vaste restaurant lumineux semblait faire partie. Le garçon, à la figure rose, aux cheveux noirs tordus comme une flamme, s′élançait dans toute cette vaste étendue moins vite qu′autrefois, car il n′était plus commis mais chef de rang; néanmoins, à cause de son activité naturelle, parfois au loin, dans la salle à manger, parfois plus près, mais au dehors, servant des clients qui avaient préféré déjeuner dans le jardin, on l′apercevait tantôt ici, tantôt là, comme des statues successives d′un jeune dieu courant, les unes à l′intérieur, d′ailleurs bien éclairé, d′une demeure qui se prolongeait en gazons verts, tantôt sous les feuillages, dans la clarté de la vie en plein air. Il fut un moment à côté de nous. Albertine répondit distraitement à ce que je lui disais. Elle le regardait avec des yeux agrandis. Pendant quelques minutes je sentis qu′on peut être près de la personne qu′on aime et cependant ne pas l′avoir avec soi. Ils avaient l′air d′être dans un tête-à-tête mystérieux, rendu muet par ma présence, et suite peut-être de rendez-vous anciens que je ne connaissais pas, ou seulement d′un regard qu′il lui avait jeté— et dont j′étais le tiers gênant et de qui on se cache. Même quand, rappelé avec violence par son patron, il se fut éloigné, Albertine, tout en continuant à déjeuner, n′avait plus l′air de considérer le restaurant et les jardins que comme une piste illuminée, où apparaissait çà et là, dans des décors variés, le dieu coureur aux cheveux noirs. Un instant je m′étais demandé si, pour le suivre, elle n′allait pas me laisser seul à ma table. Mais dès les jours suivants je commençai à oublier pour toujours cette impression pénible, car j′avais décidé de ne jamais retourner à Rivebelle, j′avais fait promettre à Albertine, qui m′assura y être venue pour la première fois, qu′elle n′y retournerait jamais. Et je niai que le garçon aux pieds agiles n′eût eu d′yeux que pour elle, afin qu′elle ne crût pas que ma compagnie l′avait privée d′un plaisir. Il m′arriva parfois de retourner à Rivebelle, mais seul, de trop boire, comme j′y avais déjà fait. Tout en vidant une dernière coupe je regardais une rosace peinte sur le mur blanc, je reportais sur elle le plaisir que j′éprouvais. Elle seule au monde existait pour moi; je la poursuivais, la touchais, et la perdais tour à tour de mon regard fuyant, et j′étais indifférent à l′avenir, me contentant de ma rosace comme un papillon qui tourne autour d′un papillon posé, avec lequel il va finir sa vie dans un acte de volupté suprême. Le moment était peut-être particulièrement bien choisi pour renoncer à une femme à qui aucune souffrance bien récente et bien vive ne m′obligeait à demander ce baume contre un mal, que possèdent celles qui l′ont causé. J′étais calmé par ces promenades mêmes, qui, bien que je ne les considérasse, au moment, que comme une attente d′un lendemain qui lui-même, malgré le désir qu′il m′inspirait, ne devait pas être différent de la veille, avaient le charme d′être arrachées aux lieux où s′était trouvée jusque-là Albertine et où je n′étais pas avec elle, chez sa tante, chez ses amies. Charme non d′une joie positive, mais seulement de l′apaisement d′une inquiétude, et bien fort pourtant. Car à quelques jours de distance, quand je repensais à la ferme devant laquelle nous avions bu du cidre, ou simplement aux quelques pas que nous avions faits devant Saint–Mars-le-Vêtu, me rappelant qu′Albertine marchait à côté de moi sous sa toque, le sentiment de sa présence ajoutait tout d′un coup une telle vertu à l′image indifférente de l′église neuve, qu′au moment où la façade ensoleillée venait se poser ainsi d′elle-même dans mon souvenir, c′était comme une grande compresse calmante qu′on eût appliquée à mon coeur. Tenía quizás amor por Albertina, pero al no atreverme a dejárselo percibir, aunque si existía en mí no podía ser sino como una verdad sin valor hasta que pudiese comprobarla la experiencia; yme parecía irrealizable yfuera del plano de mi vida. En cuanto a mis celos, me obligaban a dejar lo menos posible a Albertina aunque supiese que no se curaría del todo más que separándome de ella para siempre. Hasta podía experimentarlo junto a ella, pero entonces me las arreglaba para no dejar que se renovara la circunstancia que lo había despertado en mí. Así es como un hermoso día fuimos a almorzar a Rivebelle. Las grandes puertas vidriadas del comedor, de ese hall en forma de corredor que servía para los tes, estaban abiertas de par en par frente a los céspedes dorados por el sol, de los que parecía formar parte el amplio restaurante luminoso. El mozo de cara rosada y cabellos negros retorcidos como una llama, se zambullía por esa amplia extensión no tan ligero como antes, porque ya no era simple mozo, sino jefe de mesa; sin embargo, a causa de su actividad natural, a veces a lo lejos, en el comedor, a veces más cerca, pero afuera, sirviendo clientes que habían preferido almorzar en el jardín, se le percibía aquí o allá, como las sucesivas estatuas de un dios joven y corredor, unas en el interior, por otra parte bien iluminado de una vivienda que se prolongaba en verdes céspedes, ya bajo los follajes en la claridad de la vida al aire libre. Estuvo un momento a nuestro lado. Albertina contestó distraídamente a lo que yo le decía. Lo miraba con ojos agrandados. Durante algunos minutos sentí que uno puede estar cerca de la persona que ama y sin embargo no tenerla consigo. Parecían estar en un misterioso coloquio, mudo por mi presencia y prolongación quizás de antiguas citas que no conocía o sólo de una mirada que le había arrojado él y y para lo que yo era el tercero molesto y de quien se oculta uno. Cuando se alejó llamado violentamente por su patrón, Albertina continuó almorzando pero ya no parecía considerar el restaurante y los jardines como una pista iluminada en donde aparecía aquí y allá, en variados escenarios, el dios corredor de los negros cabellos. Por un instante me pregunté si no iría a dejarme solo en la mesa para seguirlo. Pero desde los días siguientes empecé a olvidar para siempre esa impresión penosa porque había decidido no volver a Rivebelle y le había hecho prometer a Albertina qquien me aseguraba que era la primera vez que venía- que ya no volvería. Y negué que el mozo de los pies ágiles sólo tuviese ojos para ella para que no creyese que mi compañía la había privado de un placer. A veces me sucedió volver a Rivebelle pero solo y para beber mucho, como ya lo había hecho. Y a tiempo que vaciaba una última copa miraba un rosetón pintado sobre la pared blanca y le relacionaba el placer que experimentaba en ese momento. Sólo eso existía en el mundo para mí; lo perseguía, lo tocaba y lo perdía por momentos con la mirada huidiza y me era indiferente el porvenir, conformándome con el rosetón como una mariposa que da vueltas en torno a una mariposa posada con la que va a terminar su vida, en un acto supremo de voluntad. El momento estaba quizás particularmente bien elegido para renunciar a una mujer a quien ningún sufrimiento muy reciente y muy vivo me obligaba a pedirle ese bálsamo que poseen las que lo han causado. Me calmaban esos mismos paseos que aunque momentáneamente no los considerase sino como la espera de un mañana que a pesar del deseo que me inspiraba, no debía ser distinto del día anterior, tenían el encanto de haberse arrancado a los lugares donde había estado Albertina hasta entonces y dónde no estaba yo con ella, en casa de su tía o sus amigas. Encanto, no de una alegría positiva, sino solamente del apaciguamiento de una inquietud y muy fuerte sin embargo. Porque algunos días después, cuando volvía a pensar en la granja frente a la cual habíamos bebido sidra o sencillamente en los pocos pasos que habíamos dado frente a Saint-Mars le Vétu, al recordar que Albertina caminaba a mi lado con su toquilla, la sensación de su presencia agregaba de pronto tal virtud a la imagen indiferente de la iglesia nueva que el momento en que la fachada llena de sol se posaba por sí misma en mi recuerdo, era algo así como una amplia compresa calmante que me aplicaran sobre el corazón.
Je déposais Albertine à Parville, mais pour la retrouver le soir et aller m′étendre à côté d′elle, dans l′obscurité, sur la grève. Sans doute je ne la voyais pas tous les jours, mais pourtant je pouvais me dire: «Si elle racontait l′emploi de son temps, de sa vie, c′est encore moi qui y tiendrais-le plus de place»; et nous passions ensemble de longues heures de suite qui mettaient dans mes journées un enivrement si doux que même quand, à Parville, elle sautait de l′auto que j′allais lui renvoyer une heure après, je ne me sentais pas plus seul dans la voiture que si, avant de la quitter, elle y eût laissé des fleurs. J′aurais pu me passer de la voir tous les jours; j′allais la quitter heureux, je sentais que l′effet calmant de ce bonheur pouvait se prolonger plusieurs jours. Mais alors j′entendais Albertine, en me quittant, dire à sa tante ou à une amie: «Alors, demain à 8 heures 1/2. Il ne faut pas être en retard, ils seront prêts dès 8 heures 1/4.» La conversation d′une femme qu′on aime ressemble à un sol qui recouvre une eau souterraine et dangereuse; on sent à tout moment derrière les mots la présence, le froid pénétrant d′une nappe invisible; on aperçoit çà et là son suintement perfide, mais elle-même reste cachée. Aussitôt la phrase d′Albertine entendue, mon calme était détruit. Je voulais lui demander de la voir le lendemain matin, afin de l′empêcher d′aller à ce mystérieux rendez-vous de 8 heures 1/2 dont on n′avait parlé devant moi qu′à mots couverts. Elle m′eût sans doute obéi les premières fois, regrettant pourtant de renoncer à ses projets; puis elle eût découvert mon besoin permanent de les déranger; j′eusse été celui pour qui l′on se cache de tout. Et d′ailleurs, il est probable que ces fêtes dont j′étais exclu consistaient en fort peu de chose, et que c′était peut-être par peur que je trouvasse telle invitée vulgaire ou ennuyeuse qu′on ne me conviait pas. Malheureusement cette vie si mêlée à celle d′Albertine n′exerçait pas d′action que sur moi; elle me donnait du calme; elle causait à ma mère des inquiétudes dont la confession le détruisit. Comme je rentrais content, décidé à terminer d′un jour à l′autre une existence dont je croyais que la fin dépendait de ma seule volonté, ma mère me dit, entendant que je faisais dire au chauffeur d′aller chercher Albertine: «Comme tu dépenses de l′argent! (Françoise, dans son langage simple et expressif, disait avec plus de force: «L′argent file.») Tâche, continua maman, de ne pas devenir comme Charles de Sévigné, dont sa mère disait: «Sa main est un creuset où l′argent se fond.» Et puis je crois que tu es vraiment assez sorti avec Albertine. Je t′assure que c′est exagéré, que même pour elle cela peut sembler ridicule. J′ai été enchantée que cela te distraie, je ne te demande pas de ne plus la voir, mais enfin qu′il ne soit pas impossible de vous rencontrer l′un sans l′autre.» Ma vie avec Albertine, vie dénuée de grands plaisirs — au moins de grands plaisirs perçus — cette vie que je comptais changer d′un jour à l′autre, en choisissant une heure de calme, me redevint tout d′un coup pour un temps nécessaire, quand, par ces paroles de maman, elle se trouva menacée. Je dis à ma mère que ses paroles venaient de retarder de deux mois peut-être la décision qu′elles demandaient et qui sans elles eût été prise avant la fin de la semaine. Maman se mit à rire (pour ne pas m′attrister) de l′effet qu′avaient produit instantanément ses conseils, et me promit de ne pas m′en reparler pour ne pas empêcher que renaquît ma bonne intention. Mais depuis la mort de ma grand′mère, chaque fois que maman se laissait aller à rire, le rire commencé s′arrêtait net et s′achevait sur une expression presque sanglotante de souffrance, soit par le remords d′avoir pu un instant oublier, soit par la recrudescence dont cet oubli si bref avait ravivé encore sa cruelle préoccupation. Mais à celle que lui causait le souvenir de ma grand′-mère, installé en ma mère comme une idée fixe, je sentis que cette fois s′en ajoutait une autre, qui avait trait à moi, à ce que ma mère redoutait des suites de mon intimité avec Albertine; intimité qu′elle n′osa pourtant pas entraver à cause de ce que je venais de lui dire. Mais elle ne parut pas persuadée que je ne me trompais pas. Elle se rappelait pendant combien d′années ma grand′mère et elle ne m′avaient plus parlé de mon travail et d′une règle de vie plus hygiénique que, disais-je, l′agitation où me mettaient leurs exhortations m′empêchait seule de commencer, et que, malgré leur silence obéissant, je n′avais pas poursuivie. Après le dîner l′auto ramenait Albertine; il faisait encore un peu jour; l′air était moins chaud, mais, après une brûlante journée, nous rêvions tous deux de fraîcheurs inconnues; alors à nos yeux enfiévrés la lune toute étroite parut d′abord (telle le soir où j′étais allé chez la princesse de Guermantes et où Albertine m′avait téléphoné) comme la légère et mince pelure, puis comme le frais quartier d′un fruit qu′un invisible couteau commençait à écorcer dans le ciel. Quelquefois aussi, c′était moi qui allais chercher mon amie, un peu plus tard; alors elle devait m′attendre devant les arcades du marché, à Maineville. Aux premiers moments je ne la distinguais pas; je m′inquiétais déjà qu′elle ne dût pas venir, qu′elle eût mal compris. Alors je la voyais, dans sa blouse blanche à pois bleus, sauter à côté de moi dans la voiture avec le bond léger plus d′un jeune animal que d′une jeune fille. Et c′est comme une chienne encore qu′elle commençait aussitôt à me caresser sans fin. Quand la nuit était tout à fait venue et que, comme me disait le directeur de l′hôtel, le ciel était tout parcheminé d′étoiles, si nous n′allions pas nous promener en forêt avec une bouteille de Champagne, sans nous inquiéter des promeneurs déambulant encore sur la digue faiblement éclairée, mais qui n′auraient rien distingué à deux pas sur le sable noir, nous nous étendions en contrebas des dunes; ce même corps dans la souplesse duquel vivait toute la grâce féminine, marine et sportive, des jeunes filles que j′avais vu passer la première fois devant l′horizon du flot, je le tenais serré contre le mien, sous une même couverture, tout au bord de la mer immobile divisée par un rayon tremblant; et nous l′écoutions sans nous lasser et avec le même plaisir, soit quand elle retenait sa respiration, assez longtemps suspendue pour qu′on crût le reflux arrêté, soit quand elle exhalait enfin à nos pieds le murmure attendu et retardé. Je finissais par ramener Albertine à Parville. Arrivé devant chez elle, il fallait interrompre nos baisers de peur qu′on ne nous vît; n′ayant pas envie de se coucher, elle revenait avec moi jusqu′à Balbec, d′où je la ramenais une dernière fois à Parville; les chauffeurs de ces premiers temps de l′automobile étaient des gens qui se couchaient à n′importe quelle heure. Et de fait, je ne rentrais à Balbec qu′avec la première humidité matinale, seul cette fois, mais encore tout entouré de la présence de mon amie, gorgé d′une provision de baisers longue à épuiser. Sur ma table je trouvais un télégramme ou une carte postale. C′était d′Albertine encore! Elle les avait écrits à Quetteholme pendant que j′étais parti seul en auto et pour me dire qu′elle pensait à moi. Je me mettais au lit en les relisant. Alors j′apercevais au-dessus des rideaux la raie du grand jour et je me disais que nous devions nous aimer tout de même pour avoir passé la nuit à nous embrasser. Quand, le lendemain matin, je voyais Albertine sur la digue, j′avais si peur qu′elle me répondît qu′elle n′était pas libre ce jour-là et ne pouvait acquiescer à ma demande de nous promener ensemble, que, cette demande, je retardais le plus que je pouvais de la lui adresser. J′étais d′autant plus inquiet qu′elle avait l′air froid, préoccupé; des gens de sa connaissance passaient; sans doute avait-elle formé pour l′après-midi des projets dont j′étais exclu. Je la regardais, je regardais ce corps charmant, cette tête rose d′Albertine, dressant en face de moi l′énigme de ses intentions, la décision inconnue qui devait faire le bonheur ou le malheur de mon après-midi. C′était tout un état d′âme, tout un avenir d′existence qui avait pris devant moi la forme allégorique et fatale d′une jeune fille. Et quand enfin je me décidais, quand, de l′air le plus indifférent que je pouvais, je demandais: «Est-ce que nous nous promenons ensemble tantôt et ce soir?» et qu′elle me répondait: «Très volontiers», alors tout le brusque remplacement, dans la figure rose, de ma longue inquiétude par une quiétude délicieuse, me rendait encore plus précieuses ces formes auxquelles je devais perpétuellement le bien-être, l′apaisement qu′on éprouve après qu′un orage a éclaté. Je me répétais: «Comme elle est gentille, quel être adorable!» dans une exaltation moins féconde que celle due à l′ivresse, à peine plus profonde que celle de l′amitié, mais très supérieure à celle de la vie mondaine. Nous ne décommandions l′automobile que les jours où il y avait un dîner chez les Verdurin et ceux où, Albertine n′étant pas libre de sortir avec moi, j′en avais profité pour prévenir les gens qui désiraient me voir que je resterais à Balbec. Je donnais à Saint–Loup autorisation de venir ces jours-là, mais ces jours-là seulement. Car une fois qu′il était arrivé à l′improviste, j′avais préféré me priver de voir Albertine plutôt que de risquer qu′il la rencontrât, que fût compromis l′état de calme heureux où je me trouvais depuis quelque temps et que fût ma jalousie renouvelée. Et je n′avais été tranquille qu′une fois Saint–Loup reparti. Aussi s′astreignait-il avec regret, mais scrupule, à ne jamais venir à Balbec sans appel de ma part. Jadis, songeant avec envie aux heures que Mme de Guermantes passait avec lui, j′attachais un tel prix à le voir! Les êtres ne cessent pas de changer de place par rapport à nous. Dans la marche insensible mais éternelle du monde, nous les considérons comme immobiles, dans un instant de vision trop court pour que le mouvement qui les entraîne soit perçu. Mais nous n′avons qu′à choisir dans notre mémoire deux images prises d′eux à des moments différents, assez rapprochés cependant pour qu′ils n′aient pas changé en eux-mêmes, du moins sensiblement, et la différence des deux images mesure le déplacement qu′ils ont opéré par rapport à nous. Il m′inquiéta affreusement en me parlant des Verdurin, j′avais peur qu′il ne me demandât à y être reçu, ce qui eût suffi, à cause de la jalousie que je n′eusse cessé de ressentir, à gâter tout le plaisir que j′y trouvais avec Albertine. Mais heureusement Robert m′avoua, tout au contraire, qu′il désirait par-dessus tout ne pas les connaître. «Non, me dit-il, je trouve ce genre de milieux cléricaux exaspérants.» Je ne compris pas d′abord l′adjectif «clérical» appliqué aux Verdurin, mais la fin de la phrase de Saint–Loup m′éclaira sa pensée, ses concessions à des modes de langage qu′on est souvent étonné de voir adopter par des hommes intelligents. «Ce sont des milieux, me dit-il, où on fait tribu, où on fait congrégation et chapelle. Tu ne me diras pas que ce n′est pas une petite secte; on est tout miel pour les gens qui en sont, on n′a pas assez de dédain pour les gens qui n′en sont pas. La question n′est pas, comme pour Hamlet, d′être ou de ne pas être, mais d′en être ou de ne pas en être. Tu en es, mon oncle Charlus en est. Que veux-tu? moi je n′ai jamais aimé ça, ce n′est pas ma faute.» Yo la dejaba a Albertina en Parville, pero para volver a encontrarme con ella a la noche y acostarme a su lado sobre la grava y en la oscuridad. Sin duda no la veía todos los días, pero sin embargo podía decirme: “Si ella contase el empleo de su tiempo, de su vida, sería yo todavía quien ocupara el mayor lugar” y pasábamos juntos largas horas seguidas que ponían en mis días una embriaguez tan dulce que aun al saltar del coche que le mandaría una hora más tarde en Parville no me sentía ya solo, como si antes de dejarlo, lo hubiese llenado de flores. Podía haber dejado de verla todos los días; iba a dejarla feliz, sintiendo que el efecto calmante de esa felicidad podía prolongarse varios días. Pero entonces oía que al dejarme Albertina le decía a su tía o a una amiga: “Entonces, mañana a las ocho y media. No hay que llegar tarde, estarán listos desde las ocho y cuarto”. La conversación de una mujer que se ama se parece al suelo que cubre un agua subterránea y peligrosa; uno advierte a cada momento tras sus palabras, la presencia y el frío penetrante de una napa invisible; se ve, aquí y allá, su perdida trasudación, pero ella misma permanece oculta. En cuanto oía la frase de Albertina mi calma quedaba destruida. Quería pedirle que nos viéramos para impedirle asistir a esa cita misteriosa de las ocho y media de la que hablara a medias palabras en mi presencia. Me hubiese obedecido sin duda las primeras veces, lamentando sin embargo renunciar a sus proyectos; luego habría descubierto mi permanente necesidad de alterarlos; y yo me convertiría en aquel para quien se oculta todo. Y hasta era probable que esas fiestas de las que yo quedaba excluido consistiesen en muy poca cosa y quizás no me invitaban por temor a que tal o cual invitada me pareciese vulgar o aburrida. Desgraciadamente esta vida tan incorporada a la de Albertina, no sólo ejercía acción sobre mí; me traía tranquilidad pero le causaba más inquietudes a mi madre, que destruyó la confesión. Una vez que yo volvía contento, decidido a terminar de un momento a otro una existencia cuyo fin suponía yo que dependía únicamente de mi voluntad, mi madre me dijo al oírme ordenar al conductor que fuese a buscar a Albertina: “¡Cómo gastas dinero!” “-(Francisca en su lenguaje sencillo y expresivo decía con más vigor: “El dinero corre”)- “Trata, continuó mamá, de no hacer como Carlos de Sévigné, de quien decía su madre: “Su mano es un crisol en el que se funde la plata”. Y además, creo que has salido bastante con Albertina. Te aseguro que resulta exagerado, y aún a ella puede parecerle ridículo. Me encantó ver que eso te distrae; no te pido que dejes de verla, pero en resumidas cuentas que no resulte imposible encontrarlo al uno sin el otro.” Mi vida con Albertina, vida desprovista de grandes placeres -por lo menos de grandes placeres advertidoso, esa vida que yo esperaba cambiar de un momento a otro, escogiendo una hora de calina, se me hizo de golpe y por un tiempo necesaria, cuando se sintió amenazada con esas palabras de mamá. Le dije a mamá que sus palabras acababan de postergar por lo menos dos meses la decisión que exigían y que sin ellas hubiese tomado antes del fin de la semana. Mamá se puso a reír (para no entristecerme) del efecto que habían producido instantáneamente sus consejos y me prometió no volver a hablarme de ello para impedir que renaciese mi buena intención. Pero desde la muerte de mi abuela, cada vez que mamá empezaba a reír, la risa comenzada se cortaba de pronto y concluía en una expresión casi sollozante de sufrimiento, sea por el remordimiento de haber podido olvidar un instante, sea por el recrudecimiento del dolor, cuya cruel preocupación había sido avivada por ese olvido tan breve. Pero a la que le causaba el recuerdo de mi abuela, instalado en mi madre como una idea fija, sentía yo que esta vez se agregaba otra, que se relacionaba conmigo, con lo que temía mi madre como consecuencias de mi intimidad con Albertina; intimidad que sin embargo no se atrevió a obstaculizar debido a lo que acaba de decirle. Pero no pareció convencerse de que no me equivocaba. Recordaba durante cuántos anos no me hablar hablado más ni ella ni mi abuela de mi trabajo y de una regla de vida más higiénica que sólo me impedían empezar, decía yo, la agitación en que me ponían sus exhortaciones y que a pesar de su obediente silencio, no había proseguido. Después de la cena, el auto la traía de vuelta a Albertina; todavía había alguna luz; el aire estaba menos caldeado, pero después de un día caluroso, ambos soñábamos con frescores desconocidos; entonces ante nuestros ojos afiebrados apareció primeramente la luna muy estrecha (como esa noche en que había ido a casa de la princesa de Guermantes y me telefoneara Albertina), como la cáscara ligera ydelgada yluego como el casco fresco de un fruto que un cuchillo invisible empezara a mondar en el cielo. A veces también era yo quien iba a buscar a mi amiga, algo más tarde entonces y ella debía esperarme frente a los arcos del mercado en Maineville. En los primeros momentos no la distinguía; ya me inquietaba que no viniese o que hubiese entendido mal. Entonces la veía trepar a mi lado en el coche, con su blusa blanca de lunares azules, y el ligero impulso más propio de un animal joven que de una muchacha. Y como una perra empezaba entonces a acariciarme sin cesar. Cuando había caído por completo la noche y que, como decía el director del hotel, el cielo estaba ya sembrado de estrellas44 cuando no íbamos a pasear al bosque con una botella de champaña, sin preocuparnos de los paseantes que seguían vagando por el dique débilmente iluminado pero que nada hubieran distinguido a dos pasos sobre la arena negra, nos recostábamos en la parte inferior de los médanos; ese mismo cuerpo en cuya elasticidad vivía toda la gracia femenina, marina y deportiva, de las muchachas que viera pasar por primera vez delante del horizonte de las aguas, yo lo mantenía apretado contra mí mismo, bajo un mismo cobertor, muy al borde del mar inmóvil que se vela debido a un rayo tembloroso; y lo escuchábamos sin cansarnos y con el mismo placer, ya cuando contenía su respiración, suspendida lo bastante como para que se creyese que se había detenido el reflujo, ya cuando exhalaba a nuestros pies el murmullo demorado y esperado. Yo concluía por llevar de vuelta a Albertina a Parville. Llegados delante de ella, teníamos que interrumpir nuestros besos por temor a que nos vieran; y como ella no tenía ganas de acostarse, volvía a Balbec conmigo, de donde la llevaba por última vez a Parville; los conductores de esos primeros tiempos del automóvil se acostaban a cualquier hora. Y de hecho yo solo regresaba a Balbec con la primera humedad matutina, solo esta vez, pero todavía rodeado íntegramente por la presencia de mi amiga, repleto de una provisión de besos difícil de agotar. Sobre la mesa encontraba todavía una tarjeta postal o un telegrama. ¡Era también de Albertina! Lo había escrito en Quettelholme, mientras yo me iba solo en el auto y para decirme que pensaba en mi. Me acostaba releyéndolos. Entonces advertía por encima de las cortinas la línea del pleno día y me decía que debíamos querernos sin embargo ya que habíamos pasado toda la noche besándonos. Cuando al día siguiente veía a Albertina en el dique a tal punto temía que me contestara que ese día no estaba libre y no podía acceder a mi solicitud de pasearnos juntos, que postergaba ese pedido lo más posible antes de dirigírselo. Estaba tanto más inquieto cuanto que ella parecía fría y preocupada; pasaban conocidos suyos; sin duda había formado para esa tarde unos proyectos de los que yo estaba excluido. La miraba y miraba ese cuerpo encantador, esa cabeza rosada de Albertina que erguía frente a mí el enigma de sus intenciones, la decisión desconocida que debía causar la felicidad o la desgracia de mi tarde. Era todo un estado de alma, todo un porvenir de existencia que había revestido delante de mí la forma alegórica y fatal de una muchacha. Y cuando me decidía por fin y con la expresión más indiferente le preguntaba: “-¿Paseamos juntos luego, esta noche?” y me contestaba: “iCon mucho gusto”, entonces todo el reemplazo brusco, en la rosada figura, de mi larga inquietud por una quietud deliciosa, me hacía aún más preciosas esas formas a las que debía el bienestar permanente, y el apaciguamiento que se siente después que ha estallado la tormenta. Me repetía: “-¡Qué amable es, qué ser adorable!” en una exaltación menos fecunda que la que se debe a la embriaguez, apenas más honda que la de la amistad, pero muy superior a la de la vida mundana. No anulábamos el pedido del automóvil sino cuando había una comida en casa de los Verdurin o cuando Albertina no estaba libre para salir conmigo y entonces aprovechaba yo para avisar a la gente que quería verme que me quedaría en Balbec. En esos días autorizaba a venir a Saint-Loup, pero sólo esos días. Porque una vez que llegó de improviso, preferí privarme de verla a Albertina antes que arriesgar su encuentro con ella y que se comprometiese el estado de calma feliz en que me encontraba desde hacía algún tiempo y se renovasen mis celos. Y no me sentí tranquilo hasta que Saint-Loup estuvo de vuelta: Por ello se limitaba él, lamentándolo pero con escrúpulos, a no venir nunca a Balbec sin que yo lo llamase. Pensando antaño en las horas que pasaba con él la señora de Guermantes, valorizaba mucho su presencia. Los seres no dejan de cambiar de lugar con relación a nosotros. En la marcha insensible pero eterna del mundo, los consideramos inmóviles en un instante de visión, demasiado breve para que se perciba el movimiento que los arrastra. Pero no tenemos más que elegir en nuestra memoria dos imágenes de ellos en momentos distintos, lo bastante cercanos sin embargo para que por lo menos no hayan cambiado sensiblemente en sí mismos y la diferencia de las dos imágenes mide el desplazamiento que operaron con relación a nosotros. Me inquietó terriblemente al hablarme de los Verdurin; temí me pidiera que lo recibieran, lo que hubiese bastado, debido a los celos que no dejaría de experimentar, para arruinarme todo el placer que encontraba con Albertina. Pero felizmente Roberto me confesó todo lo contrario: sobre todas las cosas deseaba no conocerlos. “-No, me dijo, esos ambientes clericales me parecen insufribles”. No comprendí primeramente el adjetivo clerical aplicado a los Verdurin, pero el final de la frase de Saint-Loup me aclaró su pensamiento y sus concesiones a modas de lenguaje que a menudo asombran en hombres inteligentes. “-Son ambientes, me dijo, donde se hace una tribu, una congregación, una capilla. No me irás a decir que no es una pequeña secta; miel sobre hojuelas para los que pertenecen a ella y no tienen suficiente desdén para la gente que no están con ellos. El asunto no es como para Hamlet, ser o no ser, sino pertenecer a ellos o no. Tú perteneces; mi tío Charlus también. ¡Qué quieres! A mí nunca me ha gustado eso, no es culpa mía”.
Bien entendu, la règle que j′avais imposée à Saint–Loup de ne me venir voir que sur un appel de moi, je l′édictai aussi stricte pour n′importe laquelle des personnes avec qui je m′étais peu à peu lié à la Raspelière, à Féterne, à Montsurvent et ailleurs; et quand j′apercevais de l′hôtel la fumée du train de trois heures qui, dans l′anfractuosité des falaises de Parville, laissait son panache stable, qui restait longtemps accroché au flanc des pentes vertes, je n′avais aucune hésitation sur le visiteur qui allait venir goûter avec moi et m′était encore, à la façon d′un Dieu, dérobé sous ce petit nuage. Je suis obligé d′avouer que ce visiteur, préalablement autorisé par moi à venir, ne fut presque jamais Saniette, et je me le suis bien souvent reproché. Mais la conscience que Saniette avait d′ennuyer (naturellement encore bien plus en venant faire une visite qu′en racontant une histoire) faisait que, bien qu′il fût plus instruit, plus intelligent et meilleur que bien d′autres, il semblait impossible d′éprouver auprès de lui, non seulement aucun plaisir, mais autre chose qu′un spleen presque intolérable et qui vous gâtait votre après-midi. Probablement, si Saniette avait avoué franchement cet ennui qu′il craignait de causer, on n′eût pas redouté ses visites. L′ennui est un des maux les moins graves qu′on ait à supporter, le sien n′existait peut-être que dans l′imagination des autres, ou lui avait été inoculé grâce à une sorte de suggestion par eux, laquelle avait trouvé prise sur son agréable modestie. Mais il tenait tant à ne pas laisser voir qu′il n′était pas recherché, qu′il n′osait pas s′offrir. Certes il avait raison de ne pas faire comme les gens qui sont si contents de donner des coups de chapeau dans un lieu public, que, ne vous ayant pas vu depuis longtemps et vous apercevant dans une loge avec des personnes brillantes qu′ils ne connaissent pas, ils vous jettent un bonjour furtif et retentissant en s′excusant sur le plaisir, sur l′émotion qu′ils ont eus à vous apercevoir, à constater que vous renouez avec les plaisirs, que vous avez bonne mine, etc. Mais Saniette, au contraire, manquait par trop d′audace. Il aurait pu, chez Mme Verdurin ou dans le petit tram, me dire qu′il aurait grand plaisir à venir me voir à Balbec s′il ne craignait pas de me déranger. Une telle proposition ne m′eût pas effrayé. Au contraire il n′offrait rien, mais, avec un visage torturé et un regard aussi indestructible qu′un émail cuit, mais dans la composition duquel entrait, avec un désir pantelant de vous voir —à moins qu′il ne trouvât quelqu′un d′autre de plus amusant — la volonté de ne pas laisser voir ce désir, il me disait d′un air détaché: «Vous ne savez pas ce que vous faites ces jours-ci? parce que j′irai sans doute près de Balbec. Mais non, cela ne fait rien, je vous le demandais par hasard.» Cet air ne trompait pas, et les signes inverses à l′aide desquels nous exprimons nos sentiments par leur contraire sont d′une lecture si claire qu′on se demande comment il y a encore des gens qui disent par exemple: «J′ai tant d′invitations que je ne sais où donner de la tête» pour dissimuler qu′ils ne sont pas invités. Mais, de plus, cet air détaché, à cause probablement de ce qui entrait dans sa composition trouble, vous causait ce que n′eût jamais pu faire la crainte de l′ennui ou le franc aveu du désir de vous voir, c′est-à-dire cette espèce de malaise, de répulsion, qui, dans l′ordre des relations de simple politesse sociale, est l′équivalent de ce qu′est, dans l′amour, l′offre déguisée que fait à une dame l′amoureux qu′elle n′aime pas, de la voir le lendemain, tout en protestant qu′il n′y tient pas, ou même pas cette offre, mais une attitude de fausse froideur. Aussitôt émanait de la personne de Saniette je ne sais quoi qui faisait qu′on lui répondait de l′air le plus tendre du monde: «Non, malheureusement, cette semaine, je vous expliquerai . . . » Et je laissais venir, à la place, des gens qui étaient loin de le valoir, mais qui n′avaient pas son regard chargé de la mélancolie, et sa bouche plissée de toute l′amertume de toutes les visites qu′il avait envie, en la leur taisant, de faire aux uns et aux autres. Malheureusement il était bien rare que Saniette ne rencontrât pas dans le tortillard l′invité qui venait me voir, si même celui-ci ne m′avait pas dit, chez les Verdurin: «N′oubliez pas que je vais vous voir jeudi», jour où j′avais précisément dit à Saniette ne pas être libre. De sorte qu′il finissait par imaginer la vie comme remplie de divertissements organisés à son insu, sinon même contre lui. D′autre part, comme on n′est jamais tout un, ce trop discret était maladivement indiscret. La seule fois où par hasard il vint me voir malgré moi, une lettre, je ne sais de qui, traînait sur la table. Au bout d′un instant je vis qu′il n′écoutait que distraitement ce que je lui disais. La lettre, dont il ignorait complètement la provenance, le fascinait et je croyais à tout moment que ses prunelles émaillées allaient se détacher de leur orbite pour rejoindre la lettre quelconque, mais que sa curiosité aimantait. On aurait dit un oiseau qui va se jeter fatalement sur un serpent. Finalement il n′y put tenir, la changea de place d′abord comme pour mettre de l′ordre dans ma chambre. Cela ne lui suffisant plus, il la prit, la tourna, la retourna, comme machinalement. Une autre forme de son indiscrétion, c′était que, rivé à vous, il ne pouvait partir. Comme j′étais souffrant ce jour-là, je lui demandai de reprendre le train suivant et de partir dans une demi-heure. Il ne doutait pas que je souffrisse, mais me répondit: «Je resterai une heure un quart, et après je partirai.» Depuis, j′ai souffert de ne pas lui avoir dit, chaque fois où je le pouvais, de venir. Qui sait? Peut-être eusse-je conjuré son mauvais sort, d′autres l′eussent invité pour qui il m′eût immédiatement lâché, de sorte que mes invitations auraient eu le double avantage de lui rendre la joie et de me débarrasser de lui. Se entiende que la regla que le había impuesto a Saint-Loup, de venir a verme sólo ante un llamado mío, la cumplía tan estrictamente para cualquier persona con las que me había vinculado poco a poco en la Raspeliére, en Féterne, en Montsurvent y otras partes; y cuando desde el hotel advertía el humo del tren de las tres que dejaba mucho tiempo colgado su penacho estable en las rugosidades de los acantilados de Parville, en las cuestas verdes, no tenía ninguna vacilación acerca del visitante que vendría a tomar el té conmigo y estaba aún oculto, a la manera de un dios, tras esa pequeña nube. Me veo obligado a confesar que ese visitante previamente autorizado por mí a venir, casi nunca fue Saniette y me lo he reprochado muy a menudo. Pero la conciencia de aburrir que tenía Saniette (naturalmente mucho más al hacer una visita que al narrar una historia) hacía que a pesar de ser más instruido, más inteligente y mejor que muchos otros, parecía imposible experimentar a su lado, no solamente ningún placer, sino otra cosa que no fuese un spleen casi intolerable y que le echaba a perder a uno la tarde. Posiblemente si Saniette hubiese confesado francamente ese aburrimiento que temía causar, no se hubiesen temido sus visitas. El aburrimiento es uno de los males menos graves que deban soportarse; el suyo no existía quizás sino en la imaginación de los demás o le había sido inoculado por ellos gracias a una especie de sugestión, la que había hallado una base en su agradable modestia. Pero insistía tanto en no traslucir que no lo buscaban, que no se atrevía a ofrecerse. En verdad tenía razón de no proceder como esa gente que se alegra tanto de prodigar sombrerazos en un lugar público, que no os han visto desde hace mucho tiempo y que al advertiros en un palco con personas brillantes que no conocen, os echan un saludo furtivo y sonoro, disculpándose del placer o la emoción que han sentido al veros y al comprobar que volvéis a los placeres, tenéis buen aspecto, etc. Pero a Saniette, por el contrario, le faltaba mucha audacia. Podía haberme dicho, en casa de la señora de Verdurin o en el pequeño tranvía, que le causaría mucho placer verme en Balbec si no temiera molestarme. Semejante propuesta no me hubiese espantado. Al contrario, no ofrecía nada, pero con un rostro torturado y una mirada tan indestructible como un esmalte cocido, pero en cuya composición entraba además de un deseo estremecido de verlo a uno -a menos que encontrase alguien más divertido- la voluntad de no trasparentar ese deseo, y me decía con un aire suelto: “-¿Usted no sabe qué hará en estos días? Porqué iré sin duda hasta Balbec. Pero no, no es nada, se lo pedía por casualidad”. Esa expresión no podía engaitar y los signos inversos con los que expresamos nuestros sentimientos por su contrario son de tan clara lectura que uno se pregunta cómo es posible que todavía haya gente que diga por ejemplo: “Tengo tantas invitaciones que no sé cómo darles abasto”, para disimular que no los han invitado. Pero además, esa expresión suelta, debido probablemente a lo que integraba su composición turbia, le causaba a uno lo que nunca pudiera conseguir el temor al aburrimiento o la franca confesión del deseo de verlo a uno; es decir esta especie de malestar, de repulsión, que en el orden de las relaciones de simple cortesía social es el equivalente de lo que en el amor, el ofrecimiento disfrazado que hace a una dama el enamorado que ella no quiere, de verla al día siguiente, a tiempo que asegura que no tiene ningún interés; o ni siquiera ese ofrecimiento sino una actitud de falsa frialdad. Enseguida se desprendía de la persona de Saniette, no sé qué cosa que le obligaba a uno a contestarle con la mayor ternura del mundo: “No; desgraciadamente esta semana, le explicaré...” Y dejaba venir en su lugar gente que estaba lejos de valer lo que el pero que no tenía su mirada cargada de melancolía y su boca plegada por la amargura de todas las visitas que deseaba -callándola- hacer a unos y a otros. Desgraciadamente era muy raro que Saniette no encontrase en el trencito al invitado que venía a verme, si el mismo no me había dicho en casa de los Verdurin: “No olvide que el jueves iré a verlo”, día en que precisamente le dijera a Saniette que no estaba libre. De manera que acababa por imaginar la vida como si estuviera llena de diversiones organizadas a sus espaldas, ya que no en su contra. Por otra parte, como uno nunca es íntegramente uno, ese exagerado discreto, era enfermizamente indiscreto. La única vez que vino a verme por casualidad y a pesar mío, una carta de no sé quién estaba tirada sobre la mesa. Al cabo de un instante vi que escuchaba sólo distraídamente lo que le decía. Lo fascinaba la carta, cuyo origen ignoraba por completo, y yo creía que en cualquier momento sus pupilas esmaltadas iban a desprenderse de la órbita para alcanzar esa carta cualquiera pero que imantaba su curiosidad. Parecía un pájaro que va a arrojarse fatalmente a una serpiente. Finalmente no pudo contenerse y la cambió primeramente de lugar como para ordenar el cuarto. Cuando eso no le bastó, la tomó, la volvió, la revolvió, maquinalmente. Otra forma de su indiscreción es que una vez remachado, ya no podía partir. Como ese día yo estaba indispuesto, le pedí que tomara el tren siguiente y se fuera al cabo cíe media hora. No dudaba que yo sufriese, pero me contestó: “Me quedaré una hora ycuarto yme iré después”. Posteriormente he sufrido por no haberle dicho que viniese cada vez que me era posible. ¿Quién sabe? Quizás hubiera conjurado su mala suerte y otros lo hubiesen invitado para que me dejara inmediatamente, de manera que mis Invitaciones hubiesen tenido la doble ventaja de devolverle la alegría y aliviarme de él.
Les jours qui suivaient ceux où j′avais reçu, je n′attendais naturellement pas de visites, et l′automobile revenait nous chercher, Albertine et moi. Et quand nous rentrions, Aimé, sur le premier degré de l′hôtel, ne pouvait s′empêcher, avec des yeux passionnés, curieux et gourmands, de regarder quel pourboire je donnais au chauffeur. J′avais beau enfermer ma pièce ou mon billet dans ma main close, les regards d′Aimé écartaient mes doigts. Il détournait la tête au bout d′une seconde, car il était discret, bien élevé et même se contentait lui-même de bénéfices relativement petits. Mais l′argent qu′un autre recevait excitait en lui une curiosité incompressible et lui faisait venir l′eau à la bouche. Pendant ces courts instants, il avait l′air attentif et fiévreux d′un enfant qui lit un roman de Jules Verne, ou d′un dîneur assis non loin de vous, dans un restaurant, et qui, voyant qu′on vous découpe un faisan que lui-même ne peut pas ou ne veut pas s′offrir, délaisse un instant ses pensées sérieuses pour attacher sur la volaille un regard que font sourire l′amour et l′envie. Los días siguientes a los que había recibido no esperaba visitas; naturalmente, y el automóvil volvía a buscarnos a Albertina y a mí. Y cuando volvíamos, Aimé en el primer escalón del hotel, no podía impedir, con ojos apasionados, curiosos y golosos, el ver qué propina le daría al conductor. Por más que ocultara la moneda o el billete en mi mano cerrada, las miradas de Aimé separaban mis dedos. Desviaba la cabeza al cabo de un segundo porque era discreto, bien educado y hasta se conformaba con beneficios relativamente pequeños. Pero el dinero que recibía otro le excitaba una curiosidad incomprensible y le hacía venir el agua a la boca. Durante esos cortos instantes parecía atento y afiebrado, como un niño que lee una novela de Julio Verne o el que come cerca de uno en un restaurante y al ver que nos cortan un faisán que él no puede o no quiere pedir, abandona un instante sus pensamientos serios para fijar en el ave una mirada que hacen sonreír el amor y la envidia.
Ainsi se succédaient quotidiennement ces promenades en automobile. Mais une fois, au moment où je remontais par l′ascenseur, le lift me dit: «Ce Monsieur est venu, il m′a laissé une commission pour vous.» Le lift me dit ces mots d′une voix absolument cassée et en me toussant et crachant à la figure. «Quel rhume que je tiens!» ajouta-t-il, comme si je n′étais pas capable de m′en apercevoir tout seul. «Le docteur dit que c′est la coqueluche», et il recommença à tousser et à cracher sur moi. «Ne vous fatiguez pas à parler», lui dis-je d′un air de bonté, lequel était feint. Je craignais de prendre la coqueluche qui, avec ma disposition aux étouffements, m′eût été fort pénible. Mais il mit sa gloire, comme un virtuose qui ne veut pas se faire porter malade, à parler et à cracher tout le temps. «Non, ça ne fait rien, dit-il (pour vous peut-être, pensai-je, mais pas pour moi). Du reste, je vais bientôt rentrer à Paris (tant mieux, pourvu qu′il ne me la passe pas avant). Il paraît, reprit-il, que Paris c′est très superbe. Cela doit être encore plus superbe qu′ici et qu′à Monte–Carlo, quoique des chasseurs, même des clients, et jusqu′à des maîtres d′hôtel qui allaient à Monte–Carlo pour la saison, m′aient souvent dit que Paris était moins superbe que Monte–Carlo. Ils se gouraient peut-être, et pourtant, pour être maître d′hôtel il ne faut pas être un imbécile; pour prendre toutes les commandes, retenir les tables, il en faut une tête! On m′a dit que c′était encore plus terrible que d′écrire des pièces et des livres.» Nous étions presque arrivés à mon étage quand le lift me fit redescendre jusqu′en bas parce qu′il trouvait que le bouton fonctionnait mal, et en un clin d′oeil il l′arrangea. Je lui dis que je préférais remonter à pied, ce qui voulait dire et cacher que je préférais ne pas prendre la coqueluche. Mais d′un accès de toux cordial et contagieux, le lift me rejeta dans l′ascenseur. «Ça ne risque plus rien, maintenant, j′ai arrangé le bouton.» Voyant qu′il ne cessait pas de parler, préférant connaître le nom du visiteur et la commission qu′il avait laissée au parallèle entre les beautés de Balbec, Paris et Monte–Carlo, je lui dis (comme à un ténor qui vous excède avec Benjamin Godard, chantez-moi de préférence du Debussy): «Mais qui est-ce qui est venu pour me voir? — C′est le monsieur avec qui vous êtes sorti hier. Je vais aller chercher sa carte qui est chez mon concierge.» Comme, la veille, j′avais déposé Robert de Saint–Loup à la station de Doncières avant d′aller chercher Albertine, je crus que le lift voulait parler de Saint–Loup, mais c′était le chauffeur. Et en le désignant par ces mots: «Le monsieur avec qui vous êtes sorti», il m′apprenait par la même occasion qu′un ouvrier est tout aussi bien un monsieur que ne l′est un homme du monde. Leçon de mots seulement. Car, pour la chose, je n′avais jamais fait de distinction entre les classes. Et si j′avais, à entendre appeler un chauffeur un monsieur, le même étonnement que le comte X . . . qui ne l′était que depuis huit jours et à qui, ayant dit: «la Comtesse a l′air fatigué», je fis tourner la tête derrière lui pour voir de qui je voulais parler, c′était simplement par manque d′habitude du vocabulaire; je n′avais jamais fait de différence entre les ouvriers, les bourgeois et les grands seigneurs, et j′aurais pris indifféremment les uns et les autres pour amis. Avec une certaine préférence pour les ouvriers, et après cela pour les grands seigneurs, non par goût, mais sachant qu′on peut exiger d′eux plus de politesse envers les ouvriers qu′on ne l′obtient de la part des bourgeois, soit que les grands seigneurs ne dédaignent pas les ouvriers comme font les bourgeois, ou bien parce qu′ils sont volontiers polis envers n′importe qui, comme les jolies femmes heureuses de donner un sourire qu′elles savent accueilli avec tant de joie. Je ne peux, du reste, pas dire que cette façon que j′avais de mettre les gens du peuple sur le pied d′égalité avec les gens du monde, si elle fut très bien admise de ceux-ci, satisfît en revanche toujours pleinement ma mère. Non qu′humainement elle fît une différence quelconque entre les êtres, et si jamais Françoise avait du chagrin ou était souffrante, elle était toujours consolée et soignée par maman avec la même amitié, avec le même dévouement que sa meilleure amie. Mais ma mère était trop la fille de mon grand-père pour ne pas faire socialement acception des castes. Les gens de Combray avaient beau avoir du coeur, de la sensibilité, acquérir les plus belles théories sur l′égalité humaine, ma mère, quand un valet de chambre s′émancipait, disait une fois «vous» et glissait insensiblement à ne plus me parler à la troisième personne, avait de ces usurpations le même mécontentement qui éclate dans les «Mémoires» de Saint–Simon chaque fois qu′un seigneur qui n′y a pas droit saisit un prétexte de prendre la qualité d′«Altesse» dans un acte authentique, ou de ne pas rendre aux ducs ce qu′il leur devait et ce dont peu à peu il se dispense. Il y avait un «esprit de Combray» si réfractaire qu′il faudra des siècles de bonté (celle de ma mère était infinie), de théories égalitaires, pour arriver à le dissoudre. Je ne peux pas dire que chez ma mère certaines parcelles de cet esprit ne fussent pas restées insolubles. Elle eût donné aussi difficilement la main à un valet de chambre qu′elle lui donnait aisément dix francs (lesquels lui faisaient, du reste, beaucoup plus de plaisir). Pour elle, qu′elle l′avouât ou non, les maîtres étaient les maîtres et les domestiques étaient les gens qui mangeaient à la cuisine. Quand elle voyait un chauffeur d′automobile dîner avec moi dans la salle à manger, elle n′était pas absolument contente et me disait: «Il me semble que tu pourrais avoir mieux comme ami qu′un mécanicien», comme elle aurait dit, s′il se fût agi de mariage: «Tu pourrais trouver mieux comme parti.» Le chauffeur (heureusement je ne songeai jamais à inviter celui-là) était venu me dire que la Compagnie d′autos qui l′avait envoyé à Balbec pour la saison lui faisait rejoindre Paris dès le lendemain. Cette raison, d′autant plus que le chauffeur était charmant et s′exprimait si simplement qu′on eût toujours dit paroles d′évangile, nous sembla devoir être conforme à la vérité. Elle ne l′était qu′à demi. Il n′y avait en effet plus rien à faire à Balbec. Et en tout cas, la Compagnie, n′ayant qu′à demi confiance dans la véracité du jeune évangéliste, appuyé sur sa roue de consécration, désirait qu′il revînt au plus vite à Paris. Et en effet, si le jeune apôtre accomplissait miraculeusement la multiplication des kilomètres quand il les comptait à M. de Charlus, en revanche, dès qu′il s′agissait de rendre compte à sa Compagnie, il divisait par 6 ce qu′il avait gagné. En conclusion de quoi la Compagnie, pensant, ou bien que personne ne faisait plus de promenades à Balbec, ce que la saison rendait vraisemblable, soit qu′elle était volée, trouvait dans l′une et l′autre hypothèse que le mieux était de le rappeler à Paris, où on ne faisait d′ailleurs pas grand′chose. Le désir du chauffeur était d′éviter, si possible, la morte-saison. J′ai dit — ce que j′ignorais alors et ce dont la connaissance m′eût évité bien des chagrins — qu′il était très lié (sans qu′ils eussent jamais l′air de se connaître devant les autres) avec Morel. A partir du jour où il fut rappelé, sans savoir encore qu′il avait un moyen de ne pas partir, nous dûmes nous contenter pour nos promenades de louer une voiture, ou quelquefois, pour distraire Albertine et comme elle aimait l′équitation, des chevaux de selle. Les voitures étaient mauvaises. «Quel tacot!» disait Albertine. J′aurais d′ailleurs souvent aimé d′y être seul. Sans vouloir me fixer une date, je souhaitais que prit fin cette vie à laquelle je reprochais de me faire renoncer, non pas même tant au travail qu′au plaisir. Pourtant il arrivait aussi que les habitudes qui me retenaient fussent soudain abolies, le plus souvent quand quelque ancien moi, plein du désir de vivre avec allégresse, remplaçait pour un instant le moi actuel. J′éprouvai notamment ce désir d′évasion un jour qu′ayant laissé Albertine chez sa tante, j′étais allé à cheval voir les Verdurin et que j′avais pris dans les bois une route sauvage dont ils m′avaient vanté la beauté. Épousant les formes de la falaise, tour à tour elle montait, puis, resserrée entre des bouquets d′arbres épais, elle s′enfonçait en gorges sauvages. Un instant, les rochers dénudés dont j′étais entouré, la mer qu′on apercevait par leurs déchirures, flottèrent devant mes yeux comme des fragments d′un autre univers: j′avais reconnu le paysage montagneux et marin qu′Elstir a donné pour cadre à ces deux admirables aquarelles, «Poète rencontrant une Muse», «Jeune homme rencontrant un Centaure», que j′avais vues chez la duchesse de Guermantes. Leur souvenir replaçait les lieux où je me trouvais tellement en dehors du monde actuel que je n′aurais pas été étonné si, comme le jeune homme de l′âge antéhistorique que peint Elstir, j′avais, au cours de ma promenade, croisé un personnage mythologique. Tout à coup mon cheval se cabra; il avait entendu un bruit singulier, j′eus peine à le maîtriser et à ne pas être jeté à terre, puis je levai vers le point d′où semblait venir ce bruit mes yeux pleins de larmes, et je vis à une cinquantaine de mètres au-dessus de moi, dans le soleil, entre deux grandes ailes d′acier étincelant qui l′emportaient, un être dont la figure peu distincte me parut ressembler à celle d′un homme. Je fus aussi ému que pouvait l′être un Grec qui voyait pour la première fois un demi-Dieu. Je pleurais aussi, car j′étais prêt à pleurer, du moment que j′avais reconnu que le bruit venait d′au-dessus de ma tête — les aéroplanes étaient encore rares à cette époque —à la pensée que ce que j′allais voir pour la première fois c′était un aéroplane. Alors, comme quand on sent venir dans un journal une parole émouvante, je n′attendais que d′avoir aperçu l′avion pour fondre en larmes. Cependant l′aviateur sembla hésiter sur sa voie; je sentais ouvertes devant lui — devant moi, si l′habitude ne m′avait pas fait prisonnier — toutes les routes de l′espace, de la vie; il poussa plus loin, plana quelques instants au-dessus de la mer, puis prenant brusquement son parti, semblant céder à quelque attraction inverse de celle de la pesanteur, comme retournant dans sa patrie, d′un léger mouvement de ses ailes d′or il piqua droit vers le ciel. Así se sucedían diariamente esos paseos en automóvil. Pero una vez cuando entraba al ascensor, el ascensorista me dijo: “Ha venido ese señor y me ha dejado un encargo para usted”. El ascensorista me dijo esas palabras con una voz absolutamente quebrada, tosiendo y escupiéndome en la cara. =`¡Qué resfrío tengo!”, agregó como si yo no fuera capaz de darme cuenta solo, “El médico dice que es tos convulsa” -y volvió a toser y a escupirme encima. “No se canse hablando” -le dije con una expresión de bondad fingida. Temía me contagiara la tos convulsa, que con mi predisposición a las sofocaciones me hubiera sido muy penosa. Pero puso su gloria, como un virtuoso que no quiere dejarse llevar enfermo, en hablar y escupir permanentemente. “-No, no es nada” -dijo (para usted quizás, pensaba yo, pero no para mí). -Por otra parte, pronto volverá a París (tanto mejor, basta que no me la contagie antes). Según parece, repuso, París es muy soberbio. Debe ser todavía más soberbio que aquí yque Monte Carlo, aunque algunos botones, algunos clientes yhasta maîtres que iban por la estación a Monte Carlo me hayan dicho a menudo que París era menos soberbio que Monte Carlo. Quizás se ensañaban, ysin embargo, para ser maître no hay que ser imbécil; para tomar nota de todos los pedidos, reservar las mesas, hace falta una cabeza... Me han dicho que era peor todavía que escribir piezas o libros”. Casi habíamos llegado a mi piso cuando el ascensorista me hizo bajar de nuevo porque le parecía que el botón andaba mal ylo arregló en un abrir ycerrar de ojos. Le dije que prefería subir a pie, lo que quería decir y ocultar que prefería no contagiarme su tos convulsa. Pero con un ataque de tos cordial y contagioso, el ascensorista me volvió a meter en el ascensor. “-Ya no hay ningún peligro, ahora he arreglado el botón”. Al ver que no dejaba de hablar y prefiriendo conocer el nombre de quién me había visitado al paralelo entre las bellezas de París, Balbec y Monte Carlo, le dije (como a un tenor que lo aburre a uno con Benjamín Godard, cánteme mejor algo de Debussy). “-¿Pero quién vino a verme?” “El señor que salió anoche con usted. Voy a buscar su tarjeta, que está en la portería”. Como el día anterior yo había acompañado a Roberto de Saint-Loup hasta la estación de Doncières, creí que el ascensorista querría hablar de Saint-Loup; pero se trataba del conductor. Y al designarlo con estas palabras: “El señor que salió anoche con usted”, me hacía saber al mismo tiempo que un obrero es tan señor como un hombre de mundo. Lección de palabras únicamente. Porque para el asunto nunca había hecho yo distinciones de clases. Y si al oír que llamaban señor a un conductor tenía el mismo asombro que el conde de X, que lo era solamente desde hacía ocho días y al que cuando dije: “-La condesa parece cansada”, hice volver la cabeza para ver de quién hablaba yo, era sencillamente por falta de costumbre del vocabulario; nunca había establecido diferencia entre obreros, burgueses y grandes señores y me hubiera hecho amigo de cualquiera de ellos indistintamente. Con cierta preferencia por los obreros y después de ellos por los grandes señores, no por gusto, sino por saber que puede exigírseles a ellos más cortesía para los obreros de la que se consigue de los burgueses, ya sea que los grandes, señores no desprecian a los obreros como hacen los burgueses o bien porque son habitualmente corteses con todos, como las mujeres bonitas felices de brindar una sonrisa que saben recibida con tanta alegría. No puedo decir, por otra parte, que esa manera que tenía yo de colocar a la gente del pueblo en un plano de igualdad con la gente de mundo, si era muy bien recibida por éstos, satisficiese en cambio siempre y plenamente a mi madre. Y no que hiciese humanamente una diferencia cualquiera entre los seres, y si alguna vez Francisca tenía pesares o se sentía enferma, mamá la cuidaba o la consolaba siempre con la misma amistad y la misma abnegación que a su mejor amiga. Pero mi madre era demasiado la hija de mi abuelo para no tener socialmente un sentido de castas. Por más que la gente de Combray tuviese buen corazón, sensibilidad y hubiese adoptado las más hermosas teorías acerca de la igualdad humana, mi madre, cuando un mucamo se emancipaba, decía una vez “usted” y se deslizaba insensiblemente a no hablarme más en tercera persona, tenía por esas usurpaciones el mismo descontento que estalla en las “memorias” de Saint-Simon, cada vez que un señor sin derecho a ello, toma el pretexto de adquirir la calidad de “Alteza” en un acta auténtica o de no rendirle a los duques lo que les debía y de lo que poco a poco se dispensa. Había un “espíritu de Combray” tan refractario que se necesitarán siglos de bondad (la de mi madre era infinita) y de teorías igualitarias para llegar a resolverlo. No puedo decir que en mi madre- ciertas partículas de su espíritu no continuaron insolubles. Le habría dado tan fácilmente la mano como una moneda de diez francos a un mucamo (y estos últimos le causaban mucho más placer por otra parte). Para ella, lo confesase o no, los amos eran los amos y los sirvientes eran la gente que comía en la cocina. Cuando veía que un conductor de automóvil cenaba en el comedor, no estaba del todo contenta y me decía: “Me parece que podrías tener un amigo algo mejor que un mecánico”, como hubiera dicho al tratarse de casamiento: “Podrías encontrar mejor partido”. El conductor (felizmente nunca pensé invitarlo) había venido a decirme que la compañía de automóviles que lo había mandado a Balbec por la estación lo hacía volver a París al día siguiente. Este motivo, tanto más que el conductor era encantador y se expresaba tan sencillamente que siempre sus palabras parecían palabras de evangelio, nos pareció estar de acuerdo con la verdad. No lo era sino a medias. No había más nada que hacer efectivamente, en Balbec. Y en cualquier caso la compañía, que no tenía confianza sino a medias en la veracidad del joven evangelista apoyado en su rueda consagratoria, deseaba que volviese cuanto antes a París. Y en efecto, si el joven apóstol cumplía milagrosamente la multiplicación de los kilómetros cuando se los contaba al señor de Charlus, en cambio en cuanto se trataba de rendirle cuentas a la compañía, dividía por seis lo que había ganado. En cuya conclusión, la compañía pensaba que nadie paseaba ya en Balbec, lo que resultaba inverosímil por la estación, o que la robaban, yen una yotra hipótesis pensaba que lo mejor era llamarlo a París, donde, la verdad, no se trabajaba mucho. El deseo del conductor era evitar la estación ociosa. He dicho -lo que entonces ignoraba y cuyo conocimiento me hubiese evitado muchos disgustos- que estaba muy vinculado (sin que aparentasen conocerse jamás delante de los demás) con Morel. A partir del día en que lo llamara sin que supiese todavía que tenía un recurso para no irse, debimos contentarnos para nuestros paseos, con alquilar un coche o algunas veces caballos de silla para distraer a Albertina ya que le gustaba la equitación. Los coches eran malos. “¡Qué carro!”, decía Albertina. Me hubiera gustado estar solo a menudo, por cierto. Sin querer fijarme una fecha, deseaba que terminase esta vida a la que le reprochaba hacerme renunciar no tanto al trabajo como al placer. Sin embargo, sucedía también que las costumbres que me contenían se viesen abolidas de pronto, lo más a menudo cuando algún antiguo yo, lleno del deseo de vivir con alegría, reemplazaba por un instante a mi yo actual. Experimenté especialmente ese deseo de evasión un día que al dejar a Albertina en casa de su tía, había irlo a caballo a ver a los Verdurin y había tomado por el bosque un sendero salvaje cuya belleza me habían alabado. Ciñendo las formas del acantilado, subía vuelta a vuelta y oprimido entre ramilletes de árboles tupidos, se hundía en gargantas silvestres. Por un instante las rocas desnudas que me rodeaban y el mar que se percibía por sus desgarraduras, flotaron frente a mis ojos como fragmentos de otro universo: había reconocido el paisaje montañés y -marino que Elstir eligió como tema de esas dos admirables acuarelas: “Poeta encontrando una musa”- “Joven encontrando un centauro”. Su recuerdo volvía a colocar los lugares en que estaba actualmente a tal punto fuera del mundo actual que no me hubiera asombrado si al igual del joven de la edad prehistórica que pinta Elstir, en el curso de mi paseo, me topara con un personaje mitológico. De pronto mi caballo se encabritó; había oído un ruido extraño, me costó dominarlo para que no me arrojara al suelo; luego levanté los ojos al lugar de donde parecía salir ese ruido, con los ojos llenos de lágrimas y vi a unos cincuenta metros por encima de mí, entre dos grandes alas de acero reluciente que lo llevaban, y en el sol, a un ser cuya figura borrosa me pareció similar a la de un hombre. Me conmoví tanto como podía estarlo un griego que viera por primera vez a su semidiós. También lloré porque estaba dispuesto a llorar en el momento de reconocer que el ruido se originaba encima de mi cabeza -los aeroplanos aun eran escasos en esa época- al solo pensamiento de que lo que iba a ver por primera vez era un aeroplano. Entonces como cuando se advierte la proximidad de una palabra conmovedora en un diario, no esperaba sino haber visto el avión para echarme a llorar. Sin embargo, el aviador pareció vacilar acerca de su camino; yo sentía abiertos para él -delante de mí el hábito no me hubiese aprisionado- todos los caminos del espacio y e la vida; llegó más lejos, planeó algunos instantes, por encima del mar y decidiéndose de pronto, pareció ceder a alguna atracción inversa a la del peso y como si volviera a su patria, con un ligero movimiento de sus alas de oro, picó en línea recta hacia el cielo.
Pour revenir au mécanicien, il demanda non seulement à Morel que les Verdurin remplaçassent leur break par une auto (ce qui, étant donné la générosité des Verdurin à l′égard des fidèles, était relativement facile), mais, chose plus malaisée, leur principal cocher, le jeune homme sensible et porté aux idées noires, par lui, le chauffeur. Cela fut exécuté en quelques jours de la façon suivante. Morel avait commencé par faire voler au cocher tout ce qui lui était nécessaire pour atteler. Un jour il ne trouvait pas le mors, un jour la gourmette. D′autres fois, c′était son coussin de siège qui avait disparu, jusqu′à son fouet, sa couverture, le martinet, l′éponge, la peau de chamois. Mais il s′arrangea toujours avec des voisins; seulement il arrivait en retard, ce qui agaçait contre lui M. Verdurin et le plongeait dans un état de tristesse et d′idées noires. Le chauffeur, pressé d′entrer, déclara à Morel qu′il allait revenir à Paris. Il fallait frapper un grand coup. Morel persuada aux domestiques de M. Verdurin que le jeune cocher avait déclaré qu′il les ferait tous tomber dans un guet-apens et se faisait fort d′avoir raison d′eux six, et il leur dit qu′ils ne pouvaient pas laisser passer cela. Pour sa part, il ne pouvait pas s′en mêler, mais les prévenait afin qu′ils prissent les devants. Il fut convenu que, pendant que M. et Mme Verdurin et leurs amis seraient en promenade, ils tomberaient tous à l′écurie sur le jeune homme. Je rapporterai, bien que ce ne fût que l′occasion de ce qui allait avoir lieu, mais parce que les personnages m′ont intéressé plus tard, qu′il y avait, ce jour-là, un ami des Verdurin en villégiature chez eux et à qui on voulait faire faire une promenade à pied avant son départ, fixé au soir même. Volviendo al tema del mecánico; no solamente le pidió a Morel que los Verdurin reemplazasen su breack por un auto (lo que dada la generosidad de los Verdurin con respecto a los fieles era relativamente fácil), sino, lo que era más difícil, a su cochero principal, el joven sensible y de ideas pesimistas, por él, el conductor. Lo que se ejecutó en algunos días de la manera siguiente: Morel había comenzado por mandarle robar al cochero todo lo que necesitaba para enganchar. Un día le faltaba el freno, otro día la cadeneta de barbada. Otras veces era el cojín del asiento lo que había desaparecido; hasta su látigo, la frazada, el martinete, la esponja, la gamuza. Pero siempre se las arregló, con los vecinos; sólo que llegaba con atraso, lo que fastidiaba en contra suya al señor Verdurin y lo hundía en un estado de tristeza y de ideas negras. El conductor, apurado por entrar, le declaró a Morel que iba a volver a París. Había que dar un gran golpe. Morel convenció a los sirvientes del señor Verdurin que el joven cochero había dicho que los haría caer en una celada y se jactaba de poder derrotar a seis de ellos y les dijo que no podían dejarlo pasar por alto. Por su parte, no podía intervenir, pero los avisaba para que tomaran la iniciativa. Quedó convenido que cuando el señor Verdurin estuviera de paseo con sus amigos caerían todos en la cuadra sobre el joven. Consignaré, aunque no sea la ocasión, sino porque los personajes me interesaron más tarde, que ese día en casa de los Verdurin había un amigo de vacaciones al que querían hacerle dar un paseo a pie antes de su partida fijada para esa misma noche.
Ce qui me surprit beaucoup quand on partit en promenade, c′est que, ce jour-là, Morel, qui venait avec nous en promenade à pied, où il devait jouer du violon dans les arbres, me dit: «Écoutez, j′ai mal au bras, je ne veux pas le dire à Mme Verdurin, mais priez-la d′emmener un de ses valets, par exemple Howsler, il portera mes instruments. — Je crois qu′un autre serait mieux choisi, répondis-je. On a besoin de lui pour le dîner.» Une expression de colère passa sur le visage de Morel. «Mais non, je ne veux pas confier mon violon à n′importe qui.» Je compris plus tard la raison de cette préférence. Howsler était le frère très aimé du jeune cocher, et, s′il était resté à la maison, aurait pu lui porter secours. Pendant la promenade, assez bas pour que Howsler aîné ne pût nous entendre: «Voilà un bon garçon, dit Morel. Du reste, son frère l′est aussi. S′il n′avait pas cette funeste habitude de boire . . . — Comment, boire, dit Mme Verdurin, pâlissant à l′idée d′avoir un cocher qui buvait. — Vous ne vous en apercevez pas. Je me dis toujours que c′est un miracle qu′il ne lui soit pas arrivé d′accident pendant qu′il vous conduisait. — Mais il conduit donc d′autres personnes? — Vous n′avez qu′à voir combien de fois il a versé, il a aujourd′hui la figure pleine d′ecchymoses. Je ne sais pas comment il ne s′est pas tué, il a cassé ses brancards. — Je ne l′ai pas vu aujourd′hui, dit Mme Verdurin tremblante à la pensée de ce qui aurait pu lui arriver à elle, vous me désolez.» Elle voulut abréger la promenade pour rentrer, Morel choisit un air de Bach avec des variations infinies pour la faire durer. Dès le retour elle alla à la remise, vit le brancard neuf et Howsler en sang. Elle allait lui dire, sans lui faire aucune observation, qu′elle n′avait plus besoin de cocher et lui remettre de l′argent, mais de lui-même, ne voulant pas accuser ses camarades à l′animosité de qui il attribuait rétrospectivement le vol quotidien de toutes les selles, etc., et voyant que sa patience ne conduisait qu′à se faire laisser pour mort sur le carreau, il demanda à s′en aller, ce qui arrangea tout. Le chauffeur entra le lendemain et, plus tard, Mme Verdurin (qui avait été obligée d′en prendre un autre) fut si satisfaite de lui, qu′elle me le recommanda chaleureusement comme homme d′absolue confiance. Moi qui ignorais tout, je le pris à la journée à Paris. Mais je n′ai que trop anticipé, tout cela se retrouvera dès l′histoire d′Albertine. En ce moment nous sommes à la Raspelière où je viens dîner pour la première fois avec mon amie, et M. de Charlus avec Morel, fils supposé d′un «intendant» qui gagnait trente mille francs par an de fixe, avait une voiture et nombre de majordomes subalternes, de jardiniers, de régisseurs et de fermiers sous ses ordres. Mais puisque j′ai tellement anticipé, je ne veux cependant pas laisser le lecteur sous l′impression d′une méchanceté absolue qu′aurait eue Morel. Il était plutôt plein de contradictions, capable à certains jours d′une gentillesse véritable. Lo que me sorprendió mucho cuando partimos, es que ese día Morel, que venía con nosotros para dar un paseo a pie, pues debía tocar el violín entre los árboles, me dijo: “Oiga, me duele un brazo; no quiero decírselo a la señora de Verdurin, pero ruéguele que mande a uno de sus mucamos, por ejemplo Howsler, para llevarme los Instrumentos.” - “Creo que mejor sería otro -contesté-. Lo necesitarán para la comida”. Una expresión de ira pasó por el rostro de Morel. “-Pero no, no quiero confiarle mi violín a cualquiera”. Más tarde comprendí el motivo de esa preferencia. Howsler era el hermano muy querido del joven cochero y de haberse quedado en la casa, pudo haberlo ayudado. Durante el paseo, lo bastante quedo para que Howsler el mayor no pudiera oírnos: “Es un buen muchacho, dijo Morel. Por otra parte, también lo es su hermano. Si no tuviese esa maldita costumbre de beber...” -¿Cómo, beber?... dijo la señora de Verdurin palideciendo al pensar que tenía un cochero que bebía. -Usted no se da cuenta. Siempre pienso que es un milagro que no le haya sucedido un accidente mientras los lleva. ¿¿Pero acaso lleva a otros?s. No tiene más que ver cuántas veces ha volcado, hoy tiene la cara llena de equimosis. No sé cómo no se ha matado y rompió sus varas. -No lo he visto hoy, dijo la señora de Verdurin temblando a la sola idea de lo que podía haberle sucedido a ella; usted me desespera.” Quiso acortar el paseo para volver; Morel eligió una melodía de Bach, con infinitas variaciones para hacerla durar. En cuanto volvió fue a la cuadra, vio las varas nuevas y a Howsler ensangrentado. Le iba a decir, sin hacerle ninguna observación, que ya no necesitaba cochero y entregarle dinero, pero por propia iniciativa y ya que no quería acusar a sus compañeros a cuya animosidad atribuía retrospectivamente el robo diario de todas las sillas, etc., y viendo que su paciencia sólo conduciría a que lo dejaran muerto sobre las baldosas, quiso irse él mismo lo que solucionó todo. El conductor entró al día siguiente y más tarde la señora de Verdurin (que había tenido que tomar otro) quedó tan satisfecha de él, que me lo recomendó calurosamente corno hombre de absoluta confianza. Yo, que lo ignoraba todo, lo tomé en París por día, pero he anticipado demasiado y todo eso figurará en la historia de Albertina. En este momento estamos en la Raspeliére, donde voy a cenar por primera vez con mi amiga y el señor de Charlus con Morel, hijo supuesto de un "intendente" que ganaba treinta mil francos anuales fijos, tenía coche y cantidad de mayordomos, subalternos, jardineros, directores y granjeros a sus órdenes. Pero ya que me he anticipado en tal forma, no quiero dejar al lector bajo la impresión de una maldad absoluta que hubiera cometido Morel. Estaba más bien lleno de contradicciones, capas algunos días de una verdadera gentileza.
Je fus naturellement bien étonné d′apprendre que le cocher avait été mis à la porte, et bien plus de reconnaître dans son remplaçant le chauffeur qui nous avait promenés, Albertine et moi. Mais il me débita une histoire compliquée, selon laquelle il était censé être rentré à Paris, d′où on l′avait demandé pour les Verdurin, et je n′eus pas une seconde de doute. Le renvoi du cocher fut cause que Morel causa un peu avec moi, afin de m′exprimer sa tristesse relativement au départ de ce brave garçon. Du reste, même en dehors des moments où j′étais seul et où il bondissait littéralement vers moi avec une expansion de joie, Morel, voyant que tout le monde me faisait fête à la Raspelière et sentant qu′il s′excluait volontairement de la familiarité de quelqu′un qui était sans danger pour lui, puisqu′il m′avait fait couper les ponts et ôté toute possibilité d′avoir envers lui des airs protecteurs (que je n′avais, d′ailleurs, nullement songé à prendre), cessa de se tenir éloigné de moi. J′attribuai son changement d′attitude à l′influence de M. de Charlus, laquelle, en effet, le rendait, sur certains points, moins borné, plus artiste, mais sur d′autres, où il appliquait à la lettre les formules éloquentes, mensongères, et d′ailleurs momentanées, du maître, le bêtifiait encore davantage. Ce qu′avait pu lui dire M. de Charlus, ce fut, en effet, la seule chose que je supposai. Comment aurais-je pu deviner alors ce qu′on me dit ensuite (et dont je n′ai jamais été certain, les affirmations d′Andrée sur tout ce qui touchait Albertine, surtout plus tard, m′ayant toujours semblé fort sujettes à caution car, comme nous l′avons vu autrefois, elle n′aimait pas sincèrement mon amie et était jalouse d′elle), ce qui en tout cas, si c′était vrai, me fut remarquablement caché par tous les deux: qu′Albertine connaissait beaucoup Morel. La nouvelle attitude que, vers ce moment du renvoi du cocher, Morel adopta à mon égard me permit de changer d′avis sur son compte. Je gardai de son caractère la vilaine idée que m′en avait fait concevoir la bassesse que ce jeune homme m′avait montrée quand il avait eu besoin de moi, suivie, tout aussitôt le service rendu, d′un dédain jusqu′à sembler ne pas me voir. A cela il fallait l′évidence de ses rapports de vénalité avec M. de Charlus, et aussi des instincts de bestialité sans suite dont la non satisfaction (quand cela arrivait), ou les complications qu′ils entraînaient, causaient ses tristesses; mais ce caractère n′était pas si uniformément laid et plein de contradictions. Il ressemblait à un vieux livre du moyen âge, plein d′erreurs, de traditions absurdes, d′obscénités, il était extraordinairement composite. J′avais cru d′abord que son art, où il était vraiment passé maître, lui avait donné des supériorités qui dépassaient la virtuosité de l′exécutant. Une fois que je disais mon désir de me mettre au travail: «Travaillez, devenez illustre, me dit-il. — De qui est cela? lui demandai-je. — De Fontanes à Chateaubriand.» Il connaissait aussi une correspondance amoureuse de Napoléon. Bien, pensai-je, il est lettré. Mais cette phrase, qu′il avait lue je ne sais pas où, était sans doute la seule qu′il connût de toute la littérature ancienne et moderne, car il me la répétait chaque soir. Une autre, qu′il répétait davantage pour m′empêcher de rien dire de lui à personne, c′était celle-ci, qu′il croyait également littéraire, qui est à peine française ou du moins n′offre aucune espèce de sens, sauf peut-être pour un domestique cachottier: «Méfions-nous des méfiants.» Au fond, en allant de cette stupide maxime jusqu′à la phrase de Fontanes à Chateaubriand, on eût parcouru toute une partie, variée mais moins contradictoire qu′il ne semble, du caractère de Morel. Ce garçon qui, pour peu qu′il y trouvât de l′argent, eût fait n′importe quoi, et sans remords — peut-être pas sans une contrariété bizarre, allant jusqu′à la surexcitation nerveuse, mais à laquelle le nom de remords irait fort mal — qui eût, s′il y trouvait son intérêt, plongé dans la peine, voire dans le deuil, des familles entières, ce garçon qui mettait l′argent au-dessus de tout et, sans parler de bonté, au-dessus des sentiments de simple humanité les plus naturels, ce même garçon mettait pourtant au-dessus de l′argent son diplôme de Ier prix du Conservatoire et qu′on ne pût tenir aucun propos désobligeant sur lui à la classe de flûte ou de contrepoint. Aussi ses plus grandes colères, ses plus sombres et plus injustifiables accès de mauvaise humeur venaient-ils de ce qu′il appelait (en généralisant sans doute quelques cas particuliers où il avait rencontré des malveillants) la fourberie universelle. Il se flattait d′y échapper en ne parlant jamais de personne, en cachant son jeu, en se méfiant de tout le monde. (Pour mon malheur, à cause de ce qui devait en résulter après mon retour à Paris, sa méfiance n′avait pas «joué» à l′égard du chauffeur de Balbec, en qui il avait sans doute reconnu un pareil, c′est-à-dire, contrairement à sa maxime, un méfiant dans la bonne acception du mot, un méfiant qui se tait obstinément devant les honnêtes gens et a tout de suite partie liée avec une crapule). Il lui semblait — et ce n′était pas absolument faux — que cette méfiance lui permettrait de tirer toujours son épingle du jeu, de glisser, insaisissable, à travers les plus dangereuses aventures, et sans qu′on pût rien, non pas même prouver, mais avancer contre lui, dans l′établissement de la rue Bergère. Il travaillerait, deviendrait illustre, serait peut-être un jour, avec une respectabilité intacte, maître du jury de violon aux concours de ce prestigieux Conservatoire. Naturalmente me asombró mucho saber que había sido despedido el cochero y mucho más al reconocer en su reemplazante al conductor que nos paseara a Albertina y a mí. Pero se despachó una historia complicada según la cual, se suponía que había vuelto a París, de donde lo habían solicitado para los Verdurin, y no dudé ni un segundo. El despido del cochero motivó que Morel me conversara un poco para expresarme su tristeza con relación a la partida de ese buen muchacho. Por otra parte, aun fuera de los momentos en que estaba solo y en que brincaba literalmente hacia mí con una expansión de alegría, Morel, que veía que todo el mundo me agasajaba en la Raspeliére y sentía que se excluía voluntariamente de la familiaridad de alguien que no era un peligro para él, ya que me había hecho quemar las naves y quitado toda posibilidad de adoptar frente a él aires de protección (que por supuesto no había pensado tomar de ninguna manera) dejó de alejarse de mí. Atribuí su cambio de actitud a la influencia del señor de Charlus, quien, en efecto, en algunos puntos lo hacía menos obtuso y más artista, pero en otros en que se aplicaba al pie de la letra las fórmulas elocuentes, mentirosas y por otra parte momentáneas del amo, lo estupidizaba aún más. Lo que había podido decirle el señor de Charlus, era en efecto lo único que yo suponía. ¿Cómo podía adivinar entonces lo que luego me dijeron (y de lo que nunca estuve seguro, ya que las afirmaciones de Andrea acerca de todo lo concerniente a Albertina, especialmente más tarde me parecieron siempre sujetas a caución, porque, como ya lo vimos antes, no quería sinceramente a mi amiga y tenía celos de ella), lo que en todo caso si era cierto, me fue ocultado notablemente por ambos: que Albertina conocía mucho a Morel. La nueva actitud que en ese momento del despido del cochero adoptó Morel a mi respecto, me permitió cambiar de opinión sobre él. Conservé de su carácter la fea impresión que me hiciera concebir la bajeza demostrada por ese joven cuando me había necesitado, y luego, tan pronto realizado el favor, evidenciado un desdén que llegaba hasta simular que no me veía. A eso le hacía falta la evidencia de sus relaciones venales con el señor de Charlus y también instintos bestiales sin continuidad cuya insatisfacción (cuando sucedía eso) o las complicaciones que acarreaban, causaban sus tristezas; pero ese carácter no eran tan uniformemente feo y lleno de contradicciones. Se parecía a un libro antiguo de la edad media, lleno de errores, tradiciones, absurdos y obscenidades; era extraordinariamente complejo. Primero creí que su arte, en que era verdaderamente un consumado maestro, le había dado unas superioridades que iban más allá del virtuosismo del ejecutante. Una vez que yo le expresaba mi deseo de trabajar: "-Trabaje, hágase ilustre", me dijo. "¿De quién es eso?", le pregunté. "-De Fontanes a Chateaubriand". También conocía una correspondencia amorosa de Napoleón. Bien, pensé yo, es culto. Pero esa frase que había leído no sé dónde, era sin duda la única que conociese de toda la literatura antigua y moderna, porque me la repetía cada noche. Otra que me repetía mucho más para impedirme que dijera algo suyo a nadie, era ésta que creía igualmente literaria, que apenas es francesa y por lo menos no ofrece ningún sentido, salvo quizás para un sirviente fisgón: "Desconfiemos de los desconfiados". En el fondo, yendo desde esa estúpida máxima hasta la frase de Fontanes a Chateaubriand, se hubiese recorrido toda una parte, variada, pero menos contradictoria de lo que parece, del carácter de Morel. Ese mozo que por poco dinero que encontrase en ello, hubiese hecho cualquier cosa y sin remordimientos -quizás sin una extraña contradicción, yendo hasta la sobreexcitación nerviosa, pero a la que le sentaría mal el nombre de remordimiento-; que hubiese, si ello le produjese interés, hundido en el pesar, hasta en el luto, a familias enteras; ese mozo que colocaba al dinero sobre todas las cosas; y sin hablar de bondad por encima de los sentimientos más naturales de humanidad, ese mismo mozo colocaba sin embargo más allá del dinero, su diploma de primer premio del Conservatorio y que no se hiciera ningún comentario desfavorable acerca de él, en la clase de flauta o de contrapunto. Por eso sus más grandes cóleras, sus más sombríos y más injustificables ataques de mal humor provenían de lo que llamaba (generalizando sin duda algunos casos particulares en que había encontrado malevolentes) la astucia universal. Se alababa de escapar a ella, no hablando nunca de nadie, ocultando su juego, desconfiando de todos. (Para mi desgracia, debido a lo que resultaría de ello, luego de mi regreso a París, su desconfianza no había “funcionado” con respecto al conductor de Balbec, en quien sin duda había reconocido a un semejante, es decir, contrariamente a su máxima, un desconfiado en la buena significación de la palabra, un desconfiado que calla obstinadamente delante de la gente honrada y enseguida entabla relaciones con un crápula). Le parecía -y no era del todo falso- que esa desconfianza le permitiría sacar siempre los naipes del juego y resbalar, inasible, a través de las más peligrosas aventuras y sin que se pudiese, no ya probar sino adelantar nada en su contra, en el establecimiento de la calle Bergére. Trabajaría, se haría ilustre, sería quizás algún día, con una respetabilidad intacta, maestro del jurado de violín, en los concursos de ese prestigioso Conservatorio.
Mais c′est peut-être encore trop de logique dans la cervelle de Morel que d′y faire sortir les unes des autres les contradictions. En réalité, sa nature était vraiment comme un papier sur lequel on a fait tant de plis dans tous les sens qu′il est impossible de s′y retrouver. Il semblait avoir des principes assez élevés, et avec une magnifique écriture, déparée par les plus grossières fautes d′orthographe, passait des heures à écrire à son frère qu′il avait mal agi avec ses soeurs, qu′il était leur aîné, leur appui; à ses soeurs qu′elles avaient commis une inconvenance vis-à-vis de lui-même. Pero es quizás una lógica excesiva para el cerebro de Morel hacer que las contradicciones se originen unas en otras. En realidad, su naturaleza era como un papel en el cual se han hecho tantos dobleces en todos sentidos que resulta imposible orientarse. Parecía tener principios bastante elevados y con una letra magnífica deslucida por los más groseros errores de ortografía, se pasaba horas escribiéndole a su hermano que había obrado mal con sus hermanas, que era el mayor ysu sostén y a sus hermanas que habían cometido una inconveniencia con él.
Bientôt même, l′été finissant, quand on descendait du train à Douville, le soleil, amorti par la brume, n′était déjà plus, dans le ciel uniformément mauve, qu′un bloc rouge. A la grande paix qui descend, le soir, sur ces prés drus et salins et qui avait conseillé à beaucoup de Parisiens, peintres pour la plupart, d′aller villégiaturer à Douville, s′ajoutait une humidité qui les faisait rentrer de bonne heure dans les petits chalets. Dans plusieurs de ceux-ci la lampe était déjà allumée. Seules quelques vaches restaient dehors à regarder la mer en meuglant, tandis que d′autres, s′intéressant plus à l′humanité, tournaient leur attention vers nos voitures. Seul un peintre qui avait dressé son chevalet sur une mince éminence travaillait à essayer de rendre ce grand calme, cette lumière apaisée. Peut-être les vaches allaient-elles lui servir inconsciemment et bénévolement de modèles, car leur air contemplatif et leur présence solitaire, quand les humains sont rentrés, contribuaient, à leur manière, à la puissante impression de repos que dégage le soir. Et quelques semaines plus tard, la transposition ne fut pas moins agréable quand, l′automne s′avançant, les jours devinrent tout à fait courts et qu′il fallut faire ce voyage dans la nuit. Si j′avais été faire un tour dans l′après-midi, il fallait rentrer s′habiller au plus tard à cinq heures, où maintenant le soleil rond et rouge était déjà descendu au milieu de la glace oblique, jadis détestée, et, comme quelque feu grégeois, incendiait la mer dans les vitres de toutes mes bibliothèques. Quelque geste incantateur ayant suscité, pendant que je passais mon smoking, le moi alerte et frivole qui était le mien quand j′allais avec Saint–Loup dîner à Rivebelle et le soir où j′avais cru emmener Mlle de Stermaria dîner dans l′île du Bois, je fredonnais inconsciemment le même air qu′alors; et c′est seulement en m′en apercevant qu′à la chanson je reconnaissais le chanteur intermittent, lequel, en effet, ne savait que celle-là. La première fois que je l′avais chantée, je commençais d′aimer Albertine, mais je croyais que je ne la connaîtrais jamais. Plus tard, à Paris, c′était quand j′avais cessé de l′aimer et quelques jours après l′avoir possédée pour la première fois. Maintenant, c′était en l′aimant de nouveau et au moment d′aller dîner avec elle, au grand regret du directeur, qui croyait que je finirais par habiter la Raspelière et lâcher son hôtel, et qui assurait avoir entendu dire qu′il régnait par là des fièvres dues aux marais du Bac et à leurs eaux «accroupies». J′étais heureux de cette multiplicité que je voyais ainsi à ma vie déployée sur trois plans; et puis, quand on redevient pour un instant un homme ancien, c′est-à-dire différent de celui qu′on est depuis longtemps, la sensibilité, n′étant plus amortie par l′habitude, reçoit des moindres chocs des impressions si vives qu′elles font pâlir tout ce qui les a précédées et auxquelles, à cause de leur intensité, nous nous attachons avec l′exaltation passagère d′un ivrogne. Il faisait déjà nuit quand nous montions dans l′omnibus ou la voiture qui allait nous mener à la gare prendre le petit chemin de fer. Et dans le hall, le premier président nous disait: «Ah! vous allez à la Raspelière! Sapristi, elle a du toupet, Mme Verdurin, de vous faire faire une heure de chemin de fer dans la nuit, pour dîner seulement. Et puis recommencer le trajet à dix heures du soir, dans un vent de tous les diables. On voit bien qu′il faut que vous n′ayez rien à faire», ajoutait-il en se frottant les mains. Sans doute parlait-il ainsi par mécontentement de ne pas être invité, et aussi à cause de la satisfaction qu′ont les hommes «occupés»— fût-ce par le travail le plus sot — de «ne pas avoir le temps» de faire ce que vous faites. Muy pronto, al terminar el estío, cuando uno descendía del tren de Dovílle, el sol mitigado por la bruma, en el cielo uniformemente malva, no era ya sino una masa roja. A la paz enorme que desciende de noche sobre esos prados tupidos ysalinos yque había aconsejado a muchos pintores, la mayoría parisienses, ir a veranear a Doville, se agregaba una humedad que los hacía volver temprano a los pequeños chalets. En muchos de éstos ya estaba encendida la lámpara. Únicamente algunas vacas quedaban afuera mirando al mar y mugiendo, mientras que otras que se interesaban más por la humanidad, volvían su atención hacia nuestros coches. Únicamente un pintor que había armado su caballete sobre un delgado promontorio, trabajaba, tratando de traducir esa calma enorme, esa luz apaciguada. Quizás las vacas le servirían inconsciente y benévolamente de modelos, porque su aspecto contemplativo y su presencia solitaria cuando han regresado los seres humanos, contribuían a su modo a la poderosa sensación de descanso que se desprende de la noche. Y algunas semanas más tarde no fue menos agradable la trasposición cuando al avanzar el otoño, los días se acortaron del todo y hubo que hacer ese viaje de noche. Si se daba una vuelta por la tarde, había que volver a lo sumo a las cinco para vestirse, ya que ahora el sol redondo y rojo, había descendido en medio del espejo oblicuo, antes odiado y como un fuego griego incendiaba el mar en los cristales de todas mis bibliotecas. Algún gesto encantador había despertado el yo, despierto y frívolo que era el mío cuando iba a cenar en Rivebelle con Saint-Loup y la noche en que creí llevar a la señorita de Stermaría a cenar a la isla del bosque, tarareaba inconscientemente la misma tonada de entonces; y sólo al advertir que en la canción reconocía al cantor intermitente, que en efecto no sabía otra cosa. La primera vez que la había cantado, empezaba a quererla a Albertina pero creí no conocerla nunca. Más tarde en París, fue cuando había dejado de quererla y algunos días después de haberla poseído por primera vez. Ahora era al amarla de nuevo y en momentos de ir a cenar con ella, con gran desesperación del director, que creía que yo acabaría por habitar la Raspeliére y dejaría su hotel, y que aseguraba haber oído decir que por ahí reinaban unas fiebres que se debían a los pantanos del Bac y sus aguas dormidas. Me hacía feliz esa multiplicidad que le veía a mi vida desplegada así en tres planos; y luego cuando uno se hace, por un instante, un hombre antiguo, es decir, distinto al que se es desde hace tiempo, la sensibilidad que ya no está amortiguada por la costumbre recibe impresiones tan agudas de los menores choques, que palidece todo lo que ha existido antes y a lo que nos adherimos con la transitoria exaltación del ebrio debido a su intensidad. Ya era de noche cuando subimos al ómnibus o al coche que iba a llevarnos a la estación para tomar el trencito. Y en el hall nos decía el presidente primero: “-¡Ah!, van ustedes a la Raspeliére. Rediez, tiene bastante frescura la señora de Verdurin, ¡hacerlos viajar en ferrocarril una hora y de noche, solamente para comer! Y después vuelta a empezar el trayecto a las diez de la noche con un viento de todos los diablos. Bien se ve que no tienen ustedes nada que hacer” -agregó, frotándose las manos. Sin duda hablaba así por el descontento de no haber sido invitado y también debido a la satisfacción que los hombres “ocupados” -aunque sea en el trabajo más tontotienen de “no tener tiempo” para hacer lo mismo que uno.
Certes il est légitime que l′homme qui rédige des rapports, aligne des chiffres, répond à des lettres d′affaires, suit les cours de la bourse, éprouve, quand il vous dit en ricanant: «C′est bon pour vous qui n′avez rien à faire», un agréable sentiment de sa supériorité. Mais celle-ci s′affirmerait tout aussi dédaigneuse, davantage même (car dîner en ville, l′homme occupé le fait aussi), si votre divertissement était d′écrire Hamlet ou seulement de le lire. En quoi les hommes occupés manquent de réflexion. Car la culture désintéressée, qui leur paraît comique passe-temps d′oisifs quand ils la surprennent au moment qu′on la pratique, ils devraient songer que c′est la même qui, dans leur propre métier, met hors de pair des hommes qui ne sont peut-être pas meilleurs magistrats ou administrateurs qu′eux, mais devant l′avancement rapide desquels ils s′inclinent en disant: «Il paraît que c′est un grand lettré, un individu tout à fait distingué.» En verdad es legítimo que el hombre que redacta informes, alinea cifras, contesta cartas de negocios y sigue los cursos de la bolsa, experimente cuando le dice a uno jactanciosamente: “-Está bueno para usted que no tiene nada que hacer”-, un agradable sentimiento de superioridad. Pero ésta se afirmaría con tanto desdén y más quizás (porque también el hombre ocupado come fuera de su casa) si la diversión de uno fuera escribir Hamlet o sólo leerlo. En lo que los hombres ocupados carecen de reflexión. Porque debían pensar que la cultura desinteresada, que les parece un cómico pasatiempo de ociosos, cuando la sorprenden en momentos en que se la practica, es la misma que en su propio oficio coloca fuera de línea a hombres que quizás no sean mejores magistrados o administradores que ellos, pero ante cuyo rápido progreso se inclinan diciendo: -“Parece que es un hombre muy culto, un individuo sumamente distinguido”.
Mais surtout le premier président ne se rendait pas compte que ce qui me plaisait dans ces dîners à la Raspelière, c′est que, comme il le disait avec raison, quoique par critique, ils «représentaient un vrai voyage», un voyage dont le charme me paraissait d′autant plus vif qu′il n′était pas son but à lui-même, qu′on n′y cherchait nullement le plaisir, celui-ci étant affecté à la réunion vers laquelle on se rendait, et qui ne laissait pas d′être fort modifié par toute l′atmosphère qui l′entourait. Il faisait déjà nuit maintenant quand j′échangeais la chaleur de l′hôtel — de l′hôtel devenu mon foyer — pour le wagon où nous montions avec Albertine et où le reflet de la lanterne sur la vitre apprenait, à certains arrêts du petit train poussif, qu′on était arrivé à une gare. Pour ne pas risquer que Cottard ne nous aperçût pas, et n′ayant pas entendu crier la station, j′ouvrais la portière, mais ce qui se précipitait dans le wagon, ce n′était pas les fidèles, mais le vent, la pluie, le froid. Dans l′obscurité je distinguais les champs, j′entendais la mer, nous étions en rase campagne. Albertine, avant que nous rejoignions le petit noyau, se regardait dans un petit miroir extrait d′un nécessaire en or qu′elle emportait avec elle. En effet, les premières fois, Mme Verdurin l′ayant fait monter dans son cabinet de toilette pour qu′elle s′arrangeât avant le dîner, j′avais, au sein du calme profond où je vivais depuis quelque temps, éprouvé un petit mouvement d′inquiétude et de jalousie à être obligé de laisser Albertine au pied de l′escalier, et je m′étais senti si anxieux pendant que j′étais seul au salon, au milieu du petit clan, et me demandais ce que mon amie faisait en haut, que j′avais le lendemain, par dépêche, après avoir demandé des indications à M. de Charlus sur ce qui se faisait de plus élégant, commandé chez Cartier un nécessaire qui était la joie d′Albertine et aussi la mienne. Il était pour moi un gage de calme et aussi de la sollicitude de mon amie. Car elle avait certainement deviné que je n′aimais pas qu′elle restât sans moi chez Mme Verdurin et s′arrangeait à faire en wagon toute la toilette préalable au dîner. Pero de lo que no se daba cuenta el presidente primero era que lo que me gustaba en esas comidas de la Raspeliére es que, como lo decía con razón aunque por crítica, “representaban un verdadero viaje”, un viaje cuyo encanto me parecía tanto más acentuado que su meta no era él por sí mismo, que en él no se buscaba ningún placer ya que éste estaba en la reunión a la que nos dirigíamos y que no dejaba de modificarse mucho por toda la atmósfera que lo rodeaba. Ya era de noche, ahora cuando cambiaba el calor del hotel –del hotel convertido en mi hogar- por el vagón al que subíamos con Albertina y en el que el reflejo de la linterna sobre el cristal, indicaba en ciertas paradas del pequeño tren impulsivo, que habíamos llegado a una estación. Para no arriesgarnos a que Cottard no nos viera y cuando no oía gritar el nombre de la estación, yo abría la portezuela, pero lo que se precipitaba en el vagón no eran los fieles, sino el viento, la lluvia y el frío. En la oscuridad distinguía yo el campo, oía el mar, estábamos en pleno campo. Antes de reunirnos con el pequeño núcleo, Albertina se miraba en un espejito, extraído de un neceser de oro que llevaba consigo. En efecto, las primeras veces, la señora de Verdurin la hizo subir a su cuarto de baño para que se arreglase antes de la comida, y yo, en medio de la profunda calma en que vivía desde tiempo atrás, había experimentado un pequeño movimiento de inquietud y de celos al verme obligado a dejarla a Albertina al pie de la escalera y me había sentido tan ansioso mientras estaba solo en el salón, en medio del pequeño clan, preguntándome lo que haría arriba mi amiga, que al día siguiente, encargué por telegrama a Cartier, después de haberle pedido opiniones al señor de Charlus acerca de lo más elegante que se llevaba, un neceser que era la alegría de Albertina ytambién la mía. Para mí era una prenda de calma ytambién de la solicitud de mí amiga. Porque había adivinado seguramente que no me gustaba que se quedara sola en casa de la señora de Verdurin y se las arreglaba para efectuar en el vagón todo el tocado previo a la comida.
Au nombre des habitués de Mme Verdurin, et le plus fidèle de tous, comptait maintenant, depuis plusieurs mois, M. de Charlus. Régulièrement, trois fois par semaine, les voyageurs qui stationnaient dans les salles d′attente ou sur le quai de Doncières-Ouest voyaient passer ce gros homme aux cheveux gris, aux moustaches noires, les lèvres rougies d′un fard qui se remarque moins à la fin de la saison que l′été, où le grand jour le rendait plus cru et la chaleur à demi liquide. Tout en se dirigeant vers le petit chemin de fer, il ne pouvait s′empêcher (seulement par habitude de connaisseur, puisque maintenant il avait un sentiment qui le rendait chaste ou du moins, la plupart du temps, fidèle) de jeter sur les hommes de peine, les militaires, les jeunes gens en costume de tennis, un regard furtif, à la fois inquisitorial et timoré, après lequel il baissait aussitôt ses paupières sur ses yeux presque clos avec l′onction d′un ecclésiastique en train de dire son chapelet, avec la réserve d′une épouse vouée à son unique amour ou d′une jeune fille bien élevée. Les fidèles étaient d′autant plus persuadés qu′il ne les avait pas vus, qu′il montait dans un compartiment autre que le leur (comme faisait souvent aussi la princesse Sherbatoff), en homme qui ne sait point si l′on sera content ou non d′être vu avec lui et qui vous laisse la faculté de venir le trouver si vous en avez l′envie. Celle-ci n′avait pas été éprouvée, les toutes premières fois, par le docteur, qui avait voulu que nous le laissions seul dans son compartiment. Portant beau son caractère hésitant depuis qu′il avait une grande situation médicale, c′est en souriant, en se renversant en arrière, en regardant Ski par-dessus le lorgnon, qu′il dit par malice ou pour surprendre de biais l′opinion des camarades: «Vous comprenez, si j′étais seul, garçon . . ., mais, à cause de ma femme, je me demande si je peux le laisser voyager avec nous après ce que vous m′avez dit, chuchota le docteur. — Qu′est-ce que tu dis? demanda Mme Cottard. — Rien, cela ne te regarde pas, ce n′est pas pour les femmes», répondit en clignant de l′oeil le docteur, avec une majestueuse satisfaction de lui-même qui tenait le milieu entre l′air pince-sans-rire qu′il gardait devant ses élèves et ses malades et l′inquiétude qui accompagnait jadis ses traits d′esprit chez les Verdurin, et il continua à parler tout bas. Mme Cottard ne distingua que les mots «de la confrérie» et «tapette», et comme dans le langage du docteur le premier désignait la race juive et le second les langues bien pendues, Mme Cottard conclut que M. de Charlus devait être un Israélite bavard. Elle ne comprit pas qu′on tînt le baron à l′écart à cause de cela, trouva de son devoir de doyenne du clan d′exiger qu′on ne le laissât pas seul et nous nous acheminâmes tous vers le compartiment de M. de Charlus, guidés par Cottard, toujours perplexe. Du coin où il lisait un volume de Balzac, M. de Charlus perçut cette hésitation; il n′avait pourtant pas levé les yeux. Mais comme les sourds-muets reconnaissent à un courant d′air, insensible pour les autres, que quelqu′un arrive derrière eux, il avait, pour être averti de la froideur qu′on avait à son égard, une véritable hyperacuité sensorielle. Celle-ci, comme elle a coutume de faire dans tous les domaines, avait engendré chez M. de Charlus des souffrances imaginaires. Comme ces névropathes qui, sentant une légère fraîcheur, induisent qu′il doit y avoir une fenêtre ouverte à l′étage au-dessus, entrent en fureur et commencent à éternuer, M. de Charlus, si une personne avait devant lui montré un air préoccupé, concluait qu′on avait répété à cette personne un propos qu′il avait tenu sur elle. Mais il n′y avait même pas besoin qu′on eût l′air distrait, ou l′air sombre, ou l′air rieur, il les inventait. En revanche la cordialité lui masquait aisément les médisances qu′il ne connaissait pas. Ayant deviné la première fois l′hésitation de Cottard, si, au grand étonnement des fidèles qui ne se croyaient pas aperçus encore par le liseur aux yeux baissés, il leur tendit la main quand ils furent à distance convenable, il se contenta d′une inclinaison de tout le corps, aussitôt vivement redressé, pour Cottard, sans prendre avec sa main gantée de Suède la main que le docteur lui avait tendue. En el número de los asiduos de la señora de Verdurin y el más fiel de todos, contaba ahora desde hacía varios meses, el señor de Charlus. Regularmente, tres veces por semana, los pasajeros que esperaban en las salas de espera o en el andén de Doncières- Oeste, veían pasar a ese hombre grueso, de cabellos grises, bigotes negros y labios enrojecidos por un colorete que se distingue menos al terminar la estación que en el verano, en que la plena luz lo hacía más crudo y el calor lo licuaba a medias. Mientras se dirigía hacia el trencito no podía dejar (sólo por costumbre de entendido, ya que ahora tenía un sentimiento que lo hacía casto o por lo menos, fiel la mayor parte del tiempo) de echar una mirada furtiva ya la vez inquisitiva ytimorata sobre los mozos de cordel, los militares, los jóvenes en traje de tenis, después de lo cual bajaba los párpados sobre sus ojos casi cerrados con la unción de un eclesiástico que rezara el rosario o con la reserva de una esposa consagrada a su único amor o de una muchacha bien educada. Los fieles estaban tanto más convencidos de que no los había visto, cuanto que subía a un compartimiento que no era el de ellos (como lo hacía a menudo la princesa Sherbatoff) como hombre que no sabe si la gente se alegrará o no de que los vean con él y que lo deja a uno en libertad de ir a buscarlo si se le da la gana. El doctor no había sentido esas ganas las primeras veces y quiso que lo dejáramos solo en su compartimiento. Disimulando con elegancia su carácter vacilante desde que ocupaba una posición médica importante, dijo sonriendo, echándose para atrás y mirando a Ski, por encima de los anteojos, con malicia o para sorprender oblicuamente las opiniones de los compañeros. “-Ustedes comprenden, si fuera soltero, pero por mi mujer, no sé si puedo permitir que viaje con nosotros, después de lo que me han dicho”, susurró el doctor. “¿Qué dices?”, preguntó la señora de Cottard. “-Nada, eso no te concierne; no es para mujeres”, contestó guiñando el ojo el médico, con una satisfacción majestuosa de sí mimo, que participaba de la expresión de matarlas callando que conservaba frente a sus alumnos yenfermos yla inquietud que acompañaba sus rasgos de ingenio, antaño en casa de los Verdurin, y siguió hablando en voz baja. La señora de Cottard no distinguió otras palabras que “la cofradía” y“charlita” ycomo en el vocabulario del médico la primera designaba a la raza judía y la segunda a una persona charlatana la señora de Cottard llegó a la conclusión de que el señor de Charlus debía ser un israelita charlatán. No comprendió que se mantuviese apartado al barón por eso; le pareció que formaba parte de su deber de clan exigir que no lo dejasen solo y nos dirigimos todos hacia el compartimiento del señor de Charlus, guiados por Cottard siempre perplejo. Desde el rincón en que leía un volumen de Balzac el señor de Charlus advirtió esa vacilación; no había levantado los ojos sin embargo. Pero así como los sordomudos reconocen una corriente de aire imperceptible para los demás, si alguien se coloca detrás de ellos, tenía, para sentirse avisado de la frialdad a su respecto una verdadera hiperacucia sensorial. Esta, como acostumbra hacerlo en todos los dominios, le había engendrado al señor de Charlus algunas dolencias imaginarias. Como esos neurópatas que al sentir un ligero frescor deducen que debe haber una ventana abierta en el piso de arriba, se ponen furiosos y empiezan a estornudar, lo mismo el señor de Charlus, si una persona demostraba preocupación delante de él, suponía que a esa persona le habrían llevado algún chisme. Pero ni siquiera hacía falta parecer distraído, o sombrío o riente; él lo inventaba todo. En cambio la cordialidad le ocultaba fácilmente las malevolencias que no conocía. Al adivinar por primera vez la vacilación de Cottard con gran asombro de los fieles que no creían que ya los había visto el lector de los párpados caídos, les extendió la mano cuando estuvieron a una conveniente distancia, pero se contentó con una inclinación de su cuerpo enderezado de nuevo y vivamente para Cottard, sin tomar con su mano enguantada de gamuza la mano que le ofrecía el médico.
«Nous avons tenu absolument à faire route avec vous, Monsieur, et à ne pas vous laisser comme cela seul dans votre petit coin. C′est un grand plaisir pour nous, dit avec bonté Mme Cottard au baron. — Je suis très honoré, récita le baron en s′inclinant d′un air froid. — J′ai été très heureuse d′apprendre que vous aviez définitivement choisi ce pays pour y fixer vos tabern . . . » Elle allait dire tabernacles, mais ce mot lui sembla hébraî°µe et désobligeant pour un juif, qui pourrait y voir une allusion. Aussi se reprit-elle pour choisir une autre des expressions qui lui étaient familières, c′est-à-dire une expression solennelle: «pour y fixer, je voulais dire «vos pénates» (il est vrai que ces divinités n′appartiennent pas à la religion chrétienne non plus, mais à une qui est morte depuis si longtemps qu′elle n′a plus d′adeptes qu′on puisse craindre de froisser). «Nous, malheureusement, avec la rentrée des classes, le service d′hôpital du docteur, nous ne pouvons jamais bien longtemps élire domicile dans un même endroit.» Et lui montrant un carton: «oyez d′ailleurs comme nous autres femmes nous sommes moins heureuses que le sexe fort; pour aller aussi près que chez nos amis Verdurin nous sommes obligées d′emporter avec nous toute une gamme d′impedimenta.» Moi je regardais pendant ce temps-là le volume de Balzac du baron. Ce n′était pas un exemplaire broché, acheté au hasard, comme le volume de Bergotte qu′il m′avait prêté la première année. C′était un livre de sa bibliothèque et, comme tel, portant la devise: «Je suis au Baron de Charlus», à laquelle faisaient place parfois, pour montrer le goût studieux des Guermantes: «In proeliis non semper», et une autre encore: «Non sine labore». Mais nous les verrons bientôt remplacées par d′autres, pour tâcher de plaire à Morel. Mme Cottard, au bout d′un instant, prit un sujet qu′elle trouvait plus personnel au baron. «Je ne sais pas si vous êtes de mon avis, Monsieur, lui dit-elle au bout d′un instant, mais je suis très large d′idées et, selon moi, pourvu qu′on les pratique sincèrement, toutes les religions sont bonnes. Je ne suis pas comme les gens que la vue d′un . . . protestant rend hydrophobes. — On m′a appris que la mienne était la vraie», répondit M. de Charlus. «C′est un fanatique, pensa Mme Cottard; Swann, sauf sur la fin, était plus tolérant, il est vrai qu′il était converti.» Or, tout au contraire, le baron était non seulement chrétien, comme on le sait, mais pieux à la façon du moyen âge. Pour lui, comme pour les sculpteurs du XIIIe siècle, l′Église chrétienne était, au sens vivant du mot, peuplée d′une foule d′êtres, crus parfaitement réels: prophètes, apôtres, anges, saints personnages de toute sorte, entourant le Verbe incarné, sa mère et son époux, le Père Éternel, tous les martyrs et docteurs; tel que leur peuple en plein relief, chacun d′eux se presse au porche ou remplit le vaisseau des cathédrales. Entre eux tous M. de Charlus avait choisi comme patrons intercesseurs les archanges Michel, Gabriel et Raphaël, avec lesquels il avait de fréquents entretiens pour qu′ils communiquassent ses prières au Père Éternel, devant le trône de qui ils se tiennent. Aussi l′erreur de Mme Cottard m′amusa-t-elle beaucoup. “-Hemos tenido mucho interés en hacer el camino con usted, señor, y no dejarlo así, solo en su rincón. Es un gran placer para nosotros” -dijo bondadosamente la señora de Cottard al barón. “-Muy honrado, -declamó el barón inclinándose fríamente-. Me alegró mucho saber que había elegido usted esta región para fijar sus taber...” Iba a decir tabernáculos, pero esa palabra le pareció hebrea y descortés para un judío que podría suponerle una intención. Por eso se contuvo para elegir otra de sus expresiones familiares, es decir, una expresión solemne, “que quería decir para fijar sus penates” (es verdad que esas divinidades no pertenecen tampoco a la religión cristiana pero son propias de una religión que ha muerto desde hace tanto tiempo que no tiene adeptos, que uno pueda temer que se resientan). “Nosotros, desgraciadamente, con la vuelta a las clases y el servicio hospitalario del doctor, no podemos constituir nunca domicilio por mucho tiempo en un mismo lugar”. Y señalándole una caja: “-Vea usted, como nosotras las mujeres somos menos felices que el sexo fuerte, para ir tan cerca como a la casa de nuestros amigos Verdurin, nos vemos obligadas a llevar toda una gama de impedimentos”. Yo, mientras tanto, miraba el volumen de Balzac del barón. No era un ejemplar en rústica, comprado al azar como el volumen de Bergotte que me había prestado el primer año. Era un libro de su biblioteca y como tal llevaba la divisa: “Pertenezco al barón de Charlus”, a la que dejaban lugar a veces para indicar la afición estudiosa de los Guermantes: “In proeliis non semper” y otra más: “Non sine labore”. Pero pronto las veremos reemplazadas por otras, para tratar de complacer a Morel. La señora de Cottard, al cabo de un instante eligió un tema que le pareció más personal al barón. “-No sé si usted opina como yo, señor -le dijo al cabo de un instante-, pero tengo una gran amplitud de ideas y para mí, con tal que se practiquen sinceramente, todas las religiones son buenas. No soy como esa gente para quienes la vista de un... protestante pone rabiosos”. “-Me enseñaron que la mía era la verdadera”, contestó el señor de Charlus. “Es un fanático, pensó la señora de Cottard; Swann, salvo al final, era más tolerante; verdad que era convertido”. Y al contrario, el barón no solamente era cristiano como se sabe, sino hasta piadoso a la manera de la edad media. Para él, como para los escultores del siglo XIII, la Iglesia cristiana estaba, en el sentido vivo de la palabra, poblada por una multitud de seres que se creían perfectamente reales; profetas, apóstoles, ángeles, personajes santos de toda índole, que rodeaban al Verbo encarnado, su madre y su esposo, el Padre Eterno, todos los mártires y doctores, como su pueblo en alto relieve, cada cual se apresura en el pórtico o llena la nave de las catedrales. Entre todos ellos el señor de Charlus había elegido como patronos intermediarios a los arcángeles Miguel, Gabriel y Rafael, con quienes tenía frecuentes coloquios para que comunicasen sus plegarias al Padre Eterno frente a cuyo trono están. Por eso me divirtió mucho el error de la señora de Cottard.
Pour quitter le terrain religieux, disons que le docteur, venu à Paris avec le maigre bagage de conseils d′une mère paysanne, puis absorbé par les études, presque purement matérielles, auxquelles ceux qui veulent pousser loin leur carrière médicale sont obligés de se consacrer pendant un grand nombre d′années, ne s′était jamais cultivé; il avait acquis plus d′autorité, mais non pas d′expérience; il prit à la lettre ce mot d′«honoré», en fut à la fois satisfait parce qu′il était vaniteux, et affligé parce qu′il était bon garçon. «Ce pauvre de Charlus, dit-il le soir à sa femme, il m′a fait de la peine quand il m′a dit qu′il était honoré de voyager avec nous. On sent, le pauvre diable, qu′il n′a pas de relations, qu′il s′humilie.» Para dejar el terreno religioso, digamos que el doctor, llegado a París con el magro equipaje de los consejos de una madre campesina y absorbido luego por los estudios casi exclusivamente materiales, de los que quieren llevar más lejos su carrera médica y se ven obligados a consagrarse durante muchos años, nunca se había cultivado, había adquirido más autoridad pero no más experiencia y tomó al pie de la letra esa palabra “honrado” que a la vez lo satisfizo porque era vanidoso y lo afligió porque era buen muchacho. - “Ese pobre Charlus -le dijo por la noche a su mujer-me causó lástima cuando me dijo que se sentía honrado de viajar con nosotros. Pobre diablo, se advierte que no tiene relaciones y que se humilla”.
Mais bientôt, sans avoir besoin d′être guidés par la charitable Mme Cottard, les fidèles avaient réussi à dominer la gêne qu′ils avaient tous plus ou moins éprouvée, au début, à se trouver à côté de M. de Charlus. Sans doute en sa présence ils gardaient sans cesse à l′esprit le souvenir des révélations de Ski et l′idée de l′étrangeté sexuelle qui était incluse en leur compagnon de voyage. Mais cette étrangeté même exerçait sur eux une espèce d′attrait. Elle donnait pour eux à la conversation du baron, d′ailleurs remarquable, mais en des parties qu′ils ne pouvaient guère apprécier, une saveur qui faisait paraître à côté la conversation des plus intéressants, de Brichot lui-même, comme un peu fade. Dès le début d′ailleurs, on s′était plu à reconnaître qu′il était intelligent. «Le génie peut être voisin de la folie», énonçait le docteur, et si la princesse, avide de s′instruire, insistait, il n′en disait pas plus, cet axiome étant tout ce qu′il savait sur le génie et ne lui paraissant pas, d′ailleurs, aussi démontré que tout ce qui a trait à la fièvre typho et à l′arthritisme. Et comme il était devenu superbe et resté mal élevé: «Pas de questions, princesse, ne m′interrogez pas, je suis au bord de la mer pour me reposer. D′ailleurs vous ne me comprendriez pas, vous ne savez pas la médecine.» Et la princesse se taisait en s′excusant, trouvant Cottard un homme charmant, et comprenant que les célébrités ne sont pas toujours abordables. A cette première période on avait donc fini par trouver M. de Charlus intelligent malgré son vice (ou ce que l′on nomme généralement ainsi). Maintenant, c′était, sans s′en rendre compte, à cause de ce vice qu′on le trouvait plus intelligent que les autres. Les maximes les plus simples que, adroitement provoqué par l′universitaire ou le sculpteur, M. de Charlus énonçait sur l′amour, la jalousie, la beauté, à cause de l′expérience singulière, secrète, raffinée et monstrueuse où il les avait puisées, prenaient pour les fidèles ce charme du dépaysagement qu′une psychologie, analogue à celle que nous a offerte de tout temps notre littérature dramatique, revêt dans une pièce russe ou japonaise, jouée par des artistes de là-bas. On risquait encore, quand il n′entendait pas, une mauvaise plaisanterie: «Oh! chuchotait le sculpteur, en voyant un jeune employé aux longs cils de bayadère et que M. de Charlus n′avait pu s′empêcher de dévisager, si le baron se met à faire de l′oeil au contrôleur, nous ne sommes pas prêts d′arriver, le train va aller à reculons. Regardez-moi la manière dont il le regarde, ce n′est plus un petit chemin de fer où nous sommes, c′est un funiculeur.» Mais au fond, si M. de Charlus ne venait pas, on était presque déçu de voyager seulement entre gens comme tout le monde et de n′avoir pas auprès de soi ce personnage peinturluré, pansu et clos, semblable à quelque boîte de provenance exotique et suspecte qui laisse échapper la curieuse odeur de fruits auxquels l′idée de goûter seulement vous soulèverait le coeur. Pero muy pronto, sin necesidad de ser conducidos por la caritativa señora de Cottard los fieles consiguieron dominar la molestia que habían experimentado todos, quien más quien menos al principio al lado del señor de Charlus. Sin duda en su presencia conservaban todos en la memoria el recuerdo de las revelaciones de Ski y la idea de la singularidad sexual que estaba incluida en su compañero de viaje. Pero esta misma singularidad ejercía sobre ellos una suerte de atractivo. Le confería para ellos, a la conversación del barón, por otra parte notable pero en aspectos que no podían apreciar, un sabor que convertía a la conversación más interesante, incluso a la de Brichot, en algo insípido. Desde un principio, por otra parte, se habían complacido en reconocer que era inteligente. “-El genio quizás vecino de la locura”, dictaminaba el médico y si la princesa ávida de instruirse insistía, no decía nada más, ya que ese axioma era lo único que sabía acerca del genio y no le parecía, además, tan comprobado como lo que se refería a la tifoidea o al artritismo. Y como se había hecho soberbio y seguía mal educado: “-Nada de preguntas, princesa, no me interrogue, he venido al mar para mi descanso. Y luego, que usted no me comprendería; no sabe medicina”. Y la princesa se callaba disculpándose, pareciéndole que Cottard era un hombre encantador y comprendiendo que las celebridades no siempre son abordables. En ese período primero habían terminado por suponer inteligente al señor de Charlus, a pesar de su vicio (lo que generalmente así se llama). Ahora, sin darse cuenta, era por ese vicio que lo suponían más inteligente que los demás. Las más sencillas máximas que, diestramente provocado por el universitario o el escultor, enunciaba el señor de Charlus acerca del amor, los celos, la belleza, a causa de la experiencia singular, secreta, refinada y monstruosa en que las había hallado, tomaban para los fieles ese encanto de lo desarraigado, que una psicología análoga a lo que nos ofreció siempre nuestra literatura dramática, reviste en una pieza rusa o japonesa interpretada por artistas de esos países. Se arriesgaba aún, cuando él no lo oía, un mal retruécano: “--Oh --susurraba el escultor al ver a un empleado joven con largas pestañas de bayadera-, si el barón se pone a guiñarlo al inspector, no llegaremos nunca, el tren marchará retrocediendo. Miren cómo lo está mirando, ya no estamos en un trencito sino en un funicular”. Pero en el fondo, si no venía el señor de Charlus, los desilusionaba casi viajar entre gente como todos yno tener al lado a ese personaje pintarrajeado, panzón y cerrado, parecido a alguna caja de origen exótico y sospechoso que deja escapar el curioso perfume de unas frutas para los que os causaría náuseas la sola idea de probarlas.
A ce point de vue, les fidèles de sexe masculin avaient des satisfactions plus vives, dans la courte partie du trajet qu′on faisait entre Saint–Martin-du-Chêne, où montait M. de Charlus, et Doncières, station où on était rejoint par Morel. Car tant que le violoniste n′était pas là (et si les dames et Albertine, faisant bande à part pour ne pas gêner la conversation, se tenaient éloignées), M. de Charlus ne se gênait pas pour ne pas avoir l′air de fuir certains sujets et parler de «ce qu′on est convenu d′appeler les mauvaises moeurs». Albertine ne pouvait le gêner, car elle était toujours avec les dames, par grâce de jeune fille qui ne veut pas que sa présence restreigne la liberté de la conversation. Or je supportais aisément de ne pas l′avoir à côté de moi, à condition toutefois qu′elle restât dans le même wagon. Car moi qui n′éprouvais plus de jalousie ni guère d′amour pour elle, ne pensais pas à ce qu′elle faisait les jours où je ne la voyais pas, en revanche, quand j′étais là, une simple cloison, qui eût pu à la rigueur dissimuler une trahison, m′était insupportable, et si elle allait avec les dames dans le compartiment voisin, au bout d′un instant, ne pouvant plus tenir en place, au risque de froisser celui qui parlait, Brichot, Cottard ou Charlus, et à qui je ne pouvais expliquer la raison de ma fuite, je me levais, les plantais là et, pour voir s′il ne s′y faisait rien d′anormal, passais à côté. Et jusqu′à Doncières, M. de Charlus, ne craignant pas de choquer, parlait parfois fort crûment de moeurs qu′il déclarait ne trouver pour son compte ni bonnes ni mauvaises. Il le faisait par habileté, pour montrer sa largeur d′esprit, persuadé qu′il était que les siennes n′éveillaient guère de soupçon dans l′esprit des fidèles. Il pensait bien qu′il y avait dans l′univers quelques personnes qui étaient, selon une expression qui lui devint plus tard familière, «fixées sur son compte». Mais il se figurait que ces personnes n′étaient pas plus de trois ou quatre et qu′il n′y en avait aucune sur la côte normande. Desde ese punto de vista, los fieles del sexo masculino tenían satisfacciones más vivas, en el corto tramo del trayecto entre Saint-Martin-du-Chéne, en donde subía el señor de Charlus, y Doncières, estación en que se nos reunía Morel. Porque mientras no estaba el violinista (y si las damas y Albertina formaban corro aparte para no interrumpir la conversación y se mantenían alejadas) el señor de Charlus no se molestaba para no aparentar rehuir algunos temas y hablar de lo que se ha “convenido en llamar las malas costumbres”. Albertina no podía molestarlo por prerrogativa de muchacha que estaba siempre con las señoras para que su presencia no restrinja la libertad de la conversación. Y yo soportaba fácilmente no tenerla a mi lado, a condición sin embargo de que se quedara en el mismo vagón. Porque yo, que ya no experimentaba celos, ni amor por ella, no pensaba en lo que hacía mientras no la veía; en cambio, cuando estaba ahí, un simple tabique que en rigor pudiera disimular una traición me resultaba insoportable y si se iba con las señoras al compartimiento próximo, al cabo de un instante sin poder continuar en el sitio, a riesgo de molestar al que hablaba, Brichot, Cottard o Charlus, a quien no podía explicar el motivo de mi fuga, me levantaba, los dejaba plantados y pasaba al lado para ver si no sucedía nada anormal. Y hasta Doncières, sin temor de chocar, el señor de Charlus hablaba a veces con mucha crudeza de unas costumbres que por su cuenta no le parecían ni buenas ni malas. Lo hacía por habilidad, para indicar su amplitud de espíritu, convencido como lo estaba de que las suyas no despertaban ninguna sospecha en el espíritu de los fieles. Suponía que había en el universo algunas personas que según una expresión que más tarde se le hizo familiar, “sabían que era él”. Pero suponía que esas personas no eran más de tres o cuatro y que en la costa normanda no había ninguna.
Cette illusion peut étonner de la part de quelqu′un d′aussi fin, d′aussi inquiet. Même pour ceux qu′il croyait plus ou moins renseignés, il se flattait que ce ne fût que dans le vague, et avait la prétention, selon qu′il leur dirait telle ou telle chose, de mettre telle personne en dehors des suppositions d′un interlocuteur qui, par politesse, faisait semblant d′accepter ses dires. Même se doutant de ce que je pouvais savoir ou supposer sur lui, il se figurait que cette opinion, qu′il croyait beaucoup plus ancienne de ma part qu′elle ne l′était en réalité, était toute générale, et qu′il lui suffisait de nier tel ou tel détail pour être cru, alors qu′au contraire, si la connaissance de l′ensemble précède toujours celle des détails, elle facilite infiniment l′investigation de ceux-ci et, ayant détruit le pouvoir d′invisibilité, ne permet plus au dissimulateur de cacher ce qu′il lui plaît. Certes, quand M. de Charlus, invité à un dîner par tel fidèle ou tel ami des fidèles, prenait les détours les plus compliqués pour amener, au milieu des noms de dix personnes qu′il citait, le nom de Morel, il ne se doutait guère qu′aux raisons toujours différentes qu′il donnait du plaisir ou de la commodité qu′il pourrait trouver ce soir-là à être invité avec lui, ses hôtes, en ayant l′air de le croire parfaitement, en substituaient une seule, toujours la même, et qu′il croyait ignorée d′eux, à savoir qu′il l′aimait. De même Mme Verdurin, semblant toujours avoir l′air d′admettre entièrement les motifs mi-artistiques, mi-humanitaires, que M. de Charlus lui donnait de l′intérêt qu′il portait à Morel, ne cessait de remercier avec émotion le baron des bontés touchantes, disait-elle, qu′il avait pour le violoniste. Or quel étonnement aurait eu M. de Charlus si, un jour que Morel et lui étaient en retard et n′étaient pas venus par le chemin de fer, il avait entendu la Patronne dire: «Nous n′attendons plus que ces demoiselles!» Le baron eût été d′autant plus stupéfait que, ne bougeant guère de la Raspelière, il y faisait figure de chapelain, d′abbé du répertoire, et quelquefois (quand Morel avait quarante-huit heures de permission) y couchait deux nuits de suite. Mme Verdurin leur donnait alors deux chambres communicantes et, pour les mettre à l′aise, disait: «Si vous avez envie de faire de la musique, ne vous gênez pas, les murs sont comme ceux d′une forteresse, vous n′avez personne à votre étage, et mon mari a un sommeil de plomb.» Ces jours-là, M. de Charlus relayait la princesse en allant chercher les nouveaux à la gare, excusait Mme Verdurin de ne pas être venue à cause d′un état de santé qu′il décrivait si bien que les invités entraient avec une figure de circonstance et poussaient un cri d′étonnement en trouvant la Patronne alerte et debout, en robe à demi décolletée. Puede asombrar esa ilusión por parte de alguien tan fino y tan inquieto. Aun para los que creía más o menos informados, se jactaba de que no lo fueran sino vagamente y pretendía, según les dijese tal o cual cosa, colocar a tal o cual persona fuera de las suposiciones de un interlocutor que por cortesía aparentaba aceptar sus palabras. Aunque sospechara lo que podía saber o sospechar de él, suponía que esa opinión, que creía por mi parte mucho más antigua de lo que era en realidad, era generalizada y que para que lo creyeran le bastaba negar tal o cual detalle, siendo así que por el contrario, si el conocimiento del conjunto es anterior siempre al de los detalles, facilita infinitamente su investigación y una vez destruido el poder de invisibilidad, ya no le permite ocultar lo que quiera al simulador. En verdad, cuando el señor de Charlus, invitado a comer por tal o cual fiel o amigo de los fieles, daba los más complicados rodeos para traer en medio del nombre de diez personas que citaba, el de Morel, no sospechaba en lo más mínimo que a los motivos siempre distintos que daba del placer o la comodidad que le podría ocasionar ser invitado con él esa noche, sus huéspedes pareciendo creerlo perfectamente sustituían uno solo, siempre el mismo, que él creía ignorado por ellos, es decir que lo amaba. En la misma forma, la señora de Verdurin, que parecía aceptar siempre los motivos semiartísticos, semihumanitarios que le daba el señor de Charlus acerca de su interés por Morel, no dejaba de agradecer con emoción al barón, por la bondad conmovedora, según ella, que había tenido para con el violinista. Y cuál hubiera sido el asombro del señor de Charlus si un día que él yMorel estaban atrasados yno llegaban por tren, hubiera oído que la Patrona decía: “-Sólo nos faltan las señoritas”. El barón estaría tanto más sorprendido cuanto que al no moverse casi de la Raspeliére, hacía de capellán, abate del repertorio y a veces (cuando Morel tenía 48 horas de licencia) dormía dos noches seguidas. La señora de Verdurin les daba entonces dos cuartos comunicantes y para ponerlos cómodos decía: “-Si desean hacer música, no se molesten, las paredes son como las de una fortaleza, no hay nadie en el piso de ustedes y mi marido duerme con un sueño de plomo”. Esos días, el señor de Charlus relevaba a la princesa yendo a buscar a los recién llegados a la estación, disculpaba a la señora de Verdurin por no haber ido, a causa de un estado de salud que describía tan bien, que los invitados entraban con cara de circunstancias y lanzaban un grito de asombro al encontrar a la Patrona, dispuesta y de pie, con vestido semiescotado.
Car M. de Charlus était momentanément devenu, pour Mme Verdurin, le fidèle des fidèles, une seconde princesse Sherbatoff. De sa situation mondaine elle était beaucoup moins sûre que de celle de la princesse, se figurant que, si celle-ci ne voulait voir que le petit noyau, c′était par mépris des autres et prédilection pour lui. Comme cette feinte était justement le propre des Verdurin, lesquels traitaient d′ennuyeux tous ceux qu′ils ne pouvaient fréquenter, il est incroyable que la Patronne pût croire la princesse une âme d′acier, détestant le chic. Mais elle n′en démordait pas et était persuadée que, pour la grande dame aussi, c′était sincèrement et par goût d′intellectualité qu′elle ne fréquentait pas les ennuyeux. Le nombre de ceux-ci diminuait, du reste, à l′égard des Verdurin. La vie de bains de mer ôtait à une présentation les conséquences pour l′avenir qu′on eût pu redouter à Paris. Des hommes brillants, venus à Balbec sans leur femme, ce qui facilitait tout, à la Raspelière faisaient des avances et d′ennuyeux devenaient exquis. Ce fut le cas pour le prince de Guermantes, que l′absence de la princesse n′aurait pourtant pas décidé à aller «en garçon» chez les Verdurin, si l′aimant du dreyfusisme n′eût été si puissant qu′il lui fit monter d′un seul trait les pentes qui mènent à la Raspelière, malheureusement un jour où la Patronne était sortie. Mme Verdurin, du reste, n′était pas certaine que lui et M. de Charlus fussent du même monde. Le baron avait bien dit que le duc de Guermantes était son frère, mais c′était peut-être le mensonge d′un aventurier. Si élégant se fût-il montré, si aimable, si «fidèle» envers les Verdurin, la Patronne hésitait presque à l′inviter avec le prince de Guermantes. Elle consulta Ski et Brichot: «Le baron et le prince de Guermantes, est-ce que ça marche? — Mon Dieu, Madame, pour l′un des deux je crois pouvoir le dire. — Mais l′un des deux, qu′est-ce que ça peut me faire? avait repris Mme Verdurin irritée. Je vous demande s′ils marchent ensemble? — Ah! Madame, voilà des choses qui sont bien difficiles à savoir.» Mme Verdurin n′y mettait aucune malice. Elle était certaine des moeurs du baron, mais quand elle s′exprimait ainsi elle n′y pensait nullement, mais seulement à savoir si on pouvait inviter ensemble le prince et M. de Charlus, si cela corderait. Elle ne mettait aucune intention malveillante dans l′emploi de ces expressions toutes faites et que les «petits clans» artistiques favorisent. Pour se parer de M. de Guermantes, elle voulait l′emmener, l′après-midi qui suivrait le déjeuner, à une fête de charité et où des marins de la côte figureraient un appareillage. Mais n′ayant pas le temps de s′occuper de tout, elle délégua ses fonctions au fidèle des fidèles, au baron. «Vous comprenez, il ne faut pas qu′ils restent immobiles comme des moules, il faut qu′ils aillent, qu′ils viennent, qu′on voie le branle-bas, je ne sais pas le nom de tout ça. Mais vous, qui allez souvent au port de Balbec–Plage, vous pourriez bien faire faire une répétition sans vous fatiguer. Vous devez vous y entendre mieux que moi, M. de Charlus, à faire marcher des petits marins. Mais, après tout, nous nous donnons bien du mal pour M. de Guermantes. C′est peut-être un imbécile du Jockey. Oh! mon Dieu, je dis du mal du Jockey, et il me semble me rappeler que vous en êtes. Hé baron, vous ne me répondez pas, est-ce que vous en êtes? Vous ne voulez pas sortir avec nous? Tenez, voici un livre que j′ai reçu, je pense qu′il vous intéressera. C′est de Roujon. Le titre est joli: «Parmi les hommes Porque momentáneamente el señor de Charlus se había hecho uno de los fieles más fieles para la señora de Verdurin, una segunda princesa de Sherbatoff. Ella estaba mucho menos segura de su situación social que la de la princesa, creyendo que si ésta no quería ver a nadie más que al pequeño núcleo, era por desprecio de los demás y predilección por él. Como esa ficción era precisamente lo propio de los Verdurin, que calificaban como aburridos a todos los que no podían frecuentar, es increíble que la Patrona pudiese creer que la princesa era un alma de acero que odiaba lo elegante. Pero no cedía y estaba convencida de que también la gran señora no frecuentaba a los aburridos sinceramente y por afición de intelectualidad. Por otra parte, su número disminuía para los Verdurin. La vida de playa le quitaba a una presentación las consecuencias de porvenir que se pudiese temer en París. Hombres brillantes que habían ido sin su mujer a Balbec, lo que facilitaba todo en la Raspeliére, tomaban iniciativas y de aburridos se convertían en exquisitos. Este fue el caso del príncipe de Guermantes, que la ausencia de la princesa no hubiera decidido a ir, sin embargo como “soltero” a casa de los Verdurin, si el imán del dreyfusismo no hubiese sido tan poderoso que le hiciera subir de un solo impulso las cuestas que conducen a la Raspeliére, desgraciadamente un día que había salido la Patrona. Por otra parte la señora de Verdurin no estaba convencida de que él y el señor de Charlus perteneciesen al mismo mundo. El barón había dicho, sí, que el duque de Guermantes era su hermano, pero esa era quizás la mentira de un aventurero. Tan elegante se mostrara, tan amable, tan “fiel” hacia los Verdurin, que la Patrona vacilaba casi en invitarlo con el príncipe de Guermantes. Consultó con Ski y Brichot. “-¿El barón y el príncipe de Guermantes van bien? -Dios mío, señora, creo poder decirle que sí en cuanto a uno de los dos. ¿¿Pero qué me importa uno de los dos? ¿Le pregunto si marchan juntos? -Ah, señora, esas son cosas difíciles de saber”. La señora de Verdurin no ponía en ello ninguna picardía. Estaba convencida de las costumbres del barón pero no pensaba en ello para nada cuando se expresaba en esa forma; sólo quería saber si se podían invitar juntos al príncipe y al señor de Charlus ysi eso andaría bien. No ponía ninguna intención malevolente en el empleo de esas expresiones hechas y que favorecen “los pequeños clanes” artísticos. Para adornarse con el señor de Guermantes quería llevarlo la tarde que seguiría al almuerzo, a una fiesta de caridad, en la que unos marinos de la costa figurarían una partida. Pero como no tenía tiempo de ocuparse de todo delegó sus funciones en el fiel de los fieles: en el barón. “-Usted comprende, no tienen que quedarse inmóviles como urcas ostras; tienen que ir y venir, que se vea el zafarrancho, ignoro el nombre de todo eso. Pero usted, que va tan a menudo al puerto del Balbec-Plage, podría hacer un ensayo sin cansarse. Señor de Charlus, usted debe ser más entendido que yo en hacer andar a unos marineritos. Pero después de todo, nos tomamos bastante trabajo por el señor de Guermantes. Quizás sea un imbécil del Jockey. ¡Oh, Dios mío! Estoy hablando mal del Jockey y creo recordar que usted es socio. ¿Eh?, barón, ¿no me contesta usted? ¿Es socio? ¿No quiere salir con nosotros? Mire, aquí hay un libro que he recibido, supongo que le interesará. Es de Roujon. El título es lindo: “Entre los hombres”.
Pour ma part, j′étais d′autant plus heureux que M. de Charlus fût assez souvent substitué à la princesse Sherbatoff, que j′étais très mal avec celle-ci, pour une raison à la fois insignifiante et profonde. Un jour que j′étais dans le petit train, comblant de mes prévenances, comme toujours, la princesse Sherbatoff, j′y vis monter Mme de Villeparisis. Elle était en effet venue passer quelques semaines chez la princesse de Luxembourg, mais, enchaîné à ce besoin quotidien de voir Albertine, je n′avais jamais répondu aux invitations multipliées de la marquise et de son hôtesse royale. J′eus du remords en voyant l′amie de ma grand′mère et, par pur devoir (sans quitter la princesse Sherbatoff) je causai assez longtemps avec elle. J′ignorais, du reste, absolument que Mme de Villeparisis savait très bien qui était ma voisine, mais ne voulait pas la connaître. A la station suivante, Mme de Villeparisis quitta le wagon, je me reprochai même de ne pas l′avoir aidée à descendre; j′allai me rasseoir à côté de la princesse. Mais on eût dit — cataclysme fréquent chez les personnes dont la situation est peu solide et qui craignent qu′on n′ait entendu parler d′elles en mal, qu′on les méprise — qu′un changement à vue s′était opéré. Plongée dans sa Revue des Deux–Mondes, Mme Sherbatoff répondit à peine du bout des lèvres à mes questions et finit par me dire que je lui donnais la migraine. Je ne comprenais rien à mon crime. Quand je dis au revoir à la princesse, le sourire habituel n′éclaira pas son visage, un salut sec abaissa son menton, elle ne me tendit même pas la main et ne m′a jamais reparlé depuis. Mais elle dut parler — je ne sais pas pour dire quoi — aux Verdurin, car dès que je demandais à ceux-ci si je ne ferais pas bien de faire une politesse à la princesse Sherbatoff, tous en choeur se précipitaient: «Non! Non! Non! Surtout pas! Elle n′aime pas les amabilités!» On ne le faisait pas pour me brouiller avec elle, mais elle avait réussi à faire croire qu′elle était insensible aux prévenances, une âme inaccessible aux vanités de ce monde. Il faut avoir vu l′homme politique qui passe pour le plus entier, le plus intransigeant, le plus inapprochable depuis qu′il est au pouvoir; il faut l′avoir vu au temps de sa disgrâce, mendier timidement, avec un sourire brillant d′amoureux, le salut hautain d′un journaliste quelconque; il faut avoir vu le redressement de Cottard (que ses nouveaux malades prenaient pour une barre de fer), et savoir de quels dépits amoureux, de quels échecs de snobisme étaient faits l′apparente hauteur, l′anti-snobisme universellement admis de la princesse Sherbatoff, pour comprendre que dans l′humanité la règle — qui comporte des exceptions naturellement — est que les durs sont des faibles dont on n′a pas voulu, et que les forts, se souciant peu qu′on veuille ou non d′eux, ont seuls cette douceur que le vulgaire prend pour de la faiblesse. Por mi parte, me hacía tanto más feliz que el señor de Charlus sustituyese bastante a menudo a la princesa Sherbatoff cuanto que estaba en malas relaciones con ésta, por un motivo a un tiempo insignificante y profundo. Un día que estaba en el trencito, colmando de atenciones como siempre a la princesa Sherbatoff, vi subir a la señora de Villeparisis. En efecto, había ido a pasar algunas semanas a casa de la princesa de Luxembourg, pero encadenado a esa diaria necesidad de verla a Albertina, nunca había contestado las multiplicadas invitaciones dé la marquesa y su real huésped. Tuve remordimientos al ver la amiga de mi abuela y por puro deber (sin abandonar a la princesa Sherbatoff) conversé bastante tiempo con ella. Ignoraba por otra parte absolutamente que la señora de Villeparisis supiese quién era mi vecina y no quería conocerla. En la estación siguiente, la señora de Villeparisis dejó el vagón y llegué a reprocharme no haberla ayudado a bajar; fuí a sentarme al lado de la princesa. Pero hubiese parecido -cataclismo frecuente en las personas cuya situación es poco estable y que temen que uno haya oído hablar mal de ellas y las menosprecie- que se efectuara un cambio visible. Sumergida en su Revista de Ambos Mundos, la señora de Sherbatoff contestó apenas sin despegar los labios mis preguntas y acabó por decirme que le provocaba jaqueca. No comprendía cuál era mi crimen. Cuando saludé a la princesa, no iluminó su rostro la sonrisa habitual y un saludo seco bajó su barbilla; ni me alargó la mano y no volvió a hablarme nunca desde entonces. Pero debió hablar -para decir no sé qué- a los Verdurin; porque en cuanto les preguntaba a éstos si no procedería bien al hacerle una cortesía a la princesa Sherbatoff todos se precipitaban en coro: “-No, no, no. Sobre todo, no le gustan las amabilidades”. No lo hacían para disgustarme con ella pero había conseguido hacer creer que era insensible a los halagos: un alma inaccesible a las vanidades de este mundo. Hay que haber visto al hombre político reputado más Integro, más intransigente, más inabordable desde que está en el poder, hay que haberlo visto mendigar tímidamente en tiempos de su desgracia, con una brillante sonrisa de enamorado, el altivo saludo de un periodista cualquiera; hay que haber visto el súbito erguirse de Cottard (que sus nuevos pacientes tomaban por una barra de hierro) y saber con qué despechos amorosos, con qué fracasos de snobismo, estaban hechas la aparente altivez, el antiesnobismo universalmente aceptado de la princesa Sherbatoff, para comprender que en la humanidad la regla --que acarrea excepciones, es natural- es que los duros son débiles rechazados y que los fuertes, sin preocuparse que los quieran o no, son los únicos que tienen esa dulzura que el vulgo supone debilidad.
Au reste je ne dois pas juger sévèrement la princesse Sherbatoff. Son cas est si fréquent! Un jour, à l′enterrement d′un Guermantes, un homme remarquable placé à côté de moi me montra un Monsieur élancé et pourvu d′une jolie figure. «De tous les Guermantes, me dit mon voisin, celui-là est le plus inouíª le plus singulier. C′est le frère du duc.» Je lui répondis imprudemment qu′il se trompait, que ce Monsieur, sans parenté aucune avec les Guermantes, s′appelait Fournier–Sarlovèze. L′homme remarquable me tourna le dos et ne m′a plus jamais salué depuis. Por otra parte, no debo juzgar severamente a la princesa Sherbatoff. ¡Es tan frecuente su caso! Un día en el entierro de Guermantes, un hombre notable colocado a mi lado me señaló un caballero esbelto y provisto de una hermosa cara. “-Entre todos los Guermantes -me dijo mi vecino-, es el más inaudito, el más singular. Es el hermano del duque”. Le contesté imprudentemente que se equivocaba, que ese señor, sin ningún parentesco con los Guermantes, se llamaba Journier-Sarlovéze. El hombre notable me volvió la espalda y no me saludó desde entonces.
Un grand musicien, membre de l′Institut, haut dignitaire officiel, et qui connaissait Ski, passa par Harembouville, où il avait une nièce, et vint à un mercredi des Verdurin. M. de Charlus fut particulièrement aimable avec lui (à la demande de Morel) et surtout pour qu′au retour à Paris, l′académicien lui permît d′assister à différentes séances privées, répétitions, etc., où jouait le violoniste. L′académicien flatté, et d′ailleurs homme charmant, promit et tint sa promesse. Le baron fut très touché de toutes les amabilités que ce personnage (d′ailleurs, en ce qui le concernait, aimant uniquement et profondément les femmes) eut pour lui, de toutes les facilités qu′il lui procura pour voir Morel dans les lieux officiels où les profanes n′entrent pas, de toutes les occasions données par le célèbre artiste au jeune virtuose de se produire, de se faire connaître, en le désignant, de préférence à d′autres, à talent égal, pour des auditions qui devaient avoir un retentissement particulier. Mais M. de Charlus ne se doutait pas qu′il en devait au maître d′autant plus de reconnaissance que celui-ci, doublement méritant, ou, si l′on aime mieux, deux fois coupable, n′ignorait rien des relations du violoniste et de son noble protecteur. Il les favorisa, certes sans sympathie pour elles, ne pouvant comprendre d′autre amour que celui de la femme, qui avait inspiré toute sa musique, mais par indifférence morale, complaisance et serviabilité professionnelles, amabilité mondaine, snobisme. Quant à des doutes sur le caractère de ces relations, il en avait si peu que, dès le premier dîner à la Raspelière, il avait demandé à Ski, en parlant de M. de Charlus et de Morel comme il eût fait d′un homme et de sa maîtresse: «Est-ce qu′il y a longtemps qu′ils sont ensemble?» Mais trop homme du monde pour en laisser rien voir aux intéressés, prêt, si parmi les camarades de Morel il s′était produit quelques commérages, à les réprimer et à rassurer Morel en lui disant paternellement: «On dit cela de tout le monde aujourd′hui», il ne cessa de combler le baron de gentillesses que celui-ci trouva charmantes, mais naturelles, incapable de supposer chez l′illustre maître tant de vice ou tant de vertu. Car les mots qu′on disait en l′absence de M. de Charlus, les «à peu près» sur Morel, personne n′avait l′âme assez basse pour les lui répéter. Et pourtant cette simple situation suffit à montrer que même cette chose universellement décriée, qui ne trouverait nulle part un défenseur: «le potin», lui aussi, soit qu′il ait pour objet nous-même et nous devienne ainsi particulièrement désagréable, soit qu′il nous apprenne sur un tiers quelque chose que nous ignorions, a sa valeur psychologique. Il empêche l′esprit de s′endormir sur la vue factice qu′il a de ce qu′il croit les choses et qui n′est que leur apparence. Il retourne celle-ci avec la dextérité magique d′un philosophe idéaliste et nous présente rapidement un coin insoupçonné du revers de l′étoffe. M. de Charlus eût-il pu imaginer ces mots dits par certaine tendre parente: «Comment veux-tu que Mémé soit amoureux de moi? tu oublies donc que je suis une femme!» Et pourtant elle avait un attachement véritable, profond, pour M. de Charlus. Comment alors s′étonner que, pour les Verdurin, sur l′affection et la bonté desquels il n′avait aucun droit de compter, les propos qu′ils disaient loin de lui (et ce ne furent pas seulement, on le verra, des propos) fussent si différents de ce qu′il les imaginait être, c′est-à-dire du simple reflet de ceux qu′il entendait quand il était là? Ceux-là seuls ornaient d′inscriptions affectueuses le petit pavillon idéal où M. de Charlus venait parfois rêver seul, quand il introduisait un instant son imagination dans l′idée que les Verdurin avaient de lui. L′atmosphère y était si sympathique, si cordiale, le repos si réconfortant, que, quand M. de Charlus, avant de s′endormir, était venu s′y délasser un instant de ses soucis, il n′en sortait jamais sans un sourire. Mais, pour chacun de nous, ce genre de pavillon est double: en face de celui que nous croyons être l′unique, il y a l′autre, qui nous est habituellement invisible, le vrai, symétrique avec celui que nous connaissons, mais bien différent et dont l′ornementation, où nous ne reconnaîtrions rien de ce que nous nous attendions à voir, nous épouvanterait comme faite avec les symboles odieux d′une hostilité insoupçonnée. Quelle stupeur pour M. de Charlus, s′il avait pénétré dans un de ces pavillons adverses, grâce à quelque potin, comme par un de ces escaliers de service où des graffiti obscènes sont charbonnés à la porte des appartements par des fournisseurs mécontents ou des domestiques renvoyés! Mais, tout autant que nous sommes privés de ce sens de l′orientation dont sont doués certains oiseaux, nous manquons du sens de la visibilité, comme nous manquons de celui des distances, nous imaginant toute proche l′attention intéressée des gens qui, au contraire, ne pensent jamais à nous et ne soupçonnant pas que nous sommes, pendant ce temps-là, pour d′autres leur seul souci. Ainsi M. de Charlus vivait dupé comme le poisson qui croit que l′eau où il nage s′étend au delà du verre de son aquarium qui lui en présente le reflet, tandis qu′il ne voit pas à côté de lui, dans l′ombre, le promeneur amusé qui suit ses ébats ou le pisciculteur tout-puissant qui, au moment imprévu et fatal, différé en ce moment à l′égard du baron (pour qui le pisciculteur, à Paris, sera Mme Verdurin), le tirera sans pitié du milieu où il aimait vivre pour le rejeter dans un autre. Au surplus, les peuples, en tant qu′ils ne sont que des collections d′individus, peuvent offrir des exemples plus vastes, mais identiques en chacune de leurs parties, de cette cécité profonde, obstinée et déconcertante. Un gran músico, miembro del Instituto, alto dignatario oficial y que conocía Ski, pasó por Haremboville, donde tenía una sobrina, y asistió a un miércoles de los Verdurin. El señor de Charlus fue particularmente amable con él (a pedido de Morel) y sobre todo para que al regreso a París le permitiese el académico asistir a diferentes sesiones privadas, ensayos, etc., donde tocaba el violinista. El académico, halagado y por otra parte, hombre encantador, prometió y cumplió su promesa. El barón quedó muy conmovido por todas las amabilidades que ese personaje (por otra parte en lo que se refería a él, le gustaban única y profundamente las mujeres) tuviera para con él, de todas las facilidades que le procuró para ver a Morel en lugares oficiales donde no entraban los profanos; de todas las oportunidades dadas por el célebre artista al joven virtuoso para lucirse, hacerse conocer, nombrándolo, de preferencia a otros, a igualdad de talentos, para audiciones que debían tener un eco particular. Pero el señor de Charlus no sospechaba que le debía tanta más gratitud al maestro porque éste, doblemente meritorio o si se quiere dos veces culpable, no ignoraba nada de las relaciones entre el violinista y su noble protector. Las favoreció, en verdad, sin ninguna simpatía por ellas, sin poder comprender otro amor que el de la mujer que había inspirado toda su música, pero por indiferencia moral, complacencia y servicialidad profesionales, amabilidad mundana y snobismo. En cuanto a dudas sobre el carácter de esas relaciones, tenía tan pocas, que desde la primera comida en la Raspeliére, le había preguntado a Ski, al hablar del señor de Charlus y de Morel, como lo hubiese hecho de un hombre y su querida: “¿Hace tiempo que andan juntos?” Pero demasiado hombre de mundo para dejarles traslucir nada a los interesados, dispuesto a reprimir cualquier chisme entre los compañeros de Morel y a decirle paternalmente a Morel para tranquilizarlo: “Hoy dicen eso de cualquiera”, no cesó de colmar de gentilezas al barón, que a éste le parecieron encantadoras pero naturales, incapaz de suponer que el ilustre maestro tuviese tanto vicio o tanta virtud. Porque nadie tenía el alma tan baja para repetirle las palabras que se decían en ausencia del señor de Charlus, ni los “parecidos” sobre Morel. Y sin embargo, esta sencilla situación basta para demostrar que aun algo tan universalmente desacreditado, que no hallaría defensor en ninguna parte: el “rumor”, también tiene su valor psicológico, ya sea que nos tenga a nosotros mismos por objeto y se nos haga así particularmente desagradable, ya sea que nos enseñe algo que ignorábamos de un tercero. Impide al espíritu adormecerse sobre el aspecto ficticio que tiene de lo que cree las cosas y que no es más que su apariencia. Las da vueltas con la mágica destreza de un filósofo idealista, y nos presenta rápidamente un ángulo insospechado al reverso del paño. El señor de Charlus pudo haber imaginado estas palabras dichas por una tierna parienta: “¿Cómo quieres que Memé esté enamorado de mí, te olvidas que soy mujer?” Y sin embargo, tenía un verdadero afecto profundo por el señor de Charlus. ¿Cómo extrañarse entonces de que entre los Verdurin, acerca de cuyo afecto y cuya bondad no tenía ningún derecho a contar lo que decían de él (y no fueron solamente palabras, ya lo veremos) fuesen tan distintos de lo que se los imaginaba, es decir del simple reflejo de las que oía cuando estaba presente. Sólo ésas adornaban con inscripciones afectuosas el pequeño pabellón ideal adonde a veces iba el señor de Charlus a soñar, solo, cuando introducía por un instante su imaginación en la idea que tenían de él los Verdurin. La atmósfera era tan simpática tan cordial, tan reconfortante el descanso, que cuando el señor de Charlus había ido, antes de dormir, a descansar un poco de sus preocupaciones, nunca salía sin una sonrisa. Pero ese pabellón es doble para cada uno de nosotros: frente al que creemos único, está el otro que nos es habitualmente invisible, el verdadero, simétrico con el que conocemos, pero muy distinto y cuya decoración, en la que nada reconoceríamos de lo que esperábamos ver, nos espantaría como si fuera hecha con los odiosos símbolos de una insospechada hostilidad. ¡Qué estupor para el señor de Charlus, si hubiese entrado a uno de esos pabellones adversos, gracias a algún chisme, como por una de esas escaleras de servicio en que a la puerta de los departamentos hay graffitti obscenos abocetados por proveedores descontentos o sirvientes despedidos! Pero en tanto carecemos de ese sentido de la orientación de que están dotados algunos pájaros, no tenemos el sentido de la visibilidad ni el de las distancias, imaginándonos muy cercana la atención interesada de gente que por el contrario nunca piensa en nosotros y no sospechan que durante ese tiempo somos la única preocupación de otros. Así vivía engañado el señor de Charlus, como el pescado que cree que el agua donde nada está más allá del vidrio de su acuario que le presenta el reflejo, mientras que no ve a su lado, en la sombra, al paseante entretenido que sigue sus movimientos o al piscicultor todopoderoso que en el momento imprevisto y fatal, diferido en ese momento con respecto al barón (para quien el París, el piscicultor será la señora de Verdurin) lo sacará sin compasión del medio en que le gustaba vivir para arrojarlo en otro. A lo sumo, los pueblos, mientras no son otra cosa que colecciones de individuos, pueden ofrecer ejemplos más vastos pero idénticos en cada una de sus partes, de esa ceguera profunda, obstinada y desconcertante.
Jusqu′ici, si elle était cause que M. de Charlus tenait, dans le petit clan, des propos d′une habileté inutile ou d′une audace qui faisait sourire en cachette, elle n′avait pas encore eu pour lui ni ne devait avoir, à Balbec, de graves inconvénients. Un peu d′albumine, de sucre, d′arythmie cardiaque, n′empêche pas la vie de continuer normale pour celui qui ne s′en aperçoit même pas, alors que seul le médecin y voit la prophétie de catastrophes. Actuellement le goût — platonique ou non — de M. de Charlus pour Morel poussait seulement le baron à dire volontiers, en l′absence de Morel, qu′il le trouvait très beau, pensant que cela serait entendu en toute innocence, et agissant en cela comme un homme fin qui, appelé à déposer devant un tribunal, ne craindra pas d′entrer dans des détails qui semblent en apparence désavantageux pour lui, mais qui, à cause de cela même, ont plus de naturel et moins de vulgarité que les protestations conventionnelles d′un accusé de théâtre. Avec la même liberté, toujours entre Doncières-Ouest et Saint–Martin-du-Chêne — ou le contraire au retour — M. de Charlus parlait volontiers de gens qui ont, paraît-il, des moeurs très étranges, et ajoutait même: «Après tout, je dis étranges, je ne sais pas pourquoi, car cela n′a rien de si étrange», pour se montrer à soi-même combien il était à l′aise avec son public. Et il l′était en effet, à condition que ce fût lui qui eût l′initiative des opérations et qu′il sût la galerie muette et souriante, désarmée par la crédulité ou la bonne éducation. Hasta entonces, si era causa de que el señor de Charlus profiriese en el pequeño clan palabras de una inútil habilidad o una audacia que hacía sonreír a hurtadillas, no debía haber tenido para él ni debía tener graves inconvenientes en Balbec. Un poco de albúmina, azúcar o arritmia cardiaca no impide que la vida siga normalmente, para quien no lo advierte, ya que sólo el médico ve en ello la profecía de catástrofes. Actualmente la afición pplatónica o nodel señor de Charlus por Morel sólo impelía al barón a decir de buenas ganas, en ausencia de Morel, que le parecía muy hermoso, pensando que se comprendería eso muy inocentemente y obrando en ello como un hombre agudo que llamado a deponer ante un tribunal no temerá entrar en detalles aparentemente desfavorables pero que por eso mismo tienen más naturalidad y menos vulgaridad que las protestas convencionales de un acusado teatral. Con la misma libertad, siempre entre Doncières-Oeste y Sain-Martin-du-Chêne-o lo contrario al regreso- el señor de Charlus hablaba a menudo de gente que según parece tienen muy extrañas costumbres y hasta agregaba: “-Después de todo, digo extrañas y no sé por qué, porque eso no tiene nada de extraordinario”, para señalarse a sí mismo qué cómodo estaba con su público. Y lo estaban efectivamente a condición de que él tuviese la iniciativa de las operaciones y que supiese que la tertulia estaba muda y sonriente, desarmada por la credulidad o la buena educación.
Quand M. de Charlus ne parlait pas de son admiration pour la beauté de Morel, comme si elle n′eût eu aucun rapport avec un goût — appelé vice — il traitait de ce vice, mais comme s′il n′avait été nullement le sien. Parfois même il n′hésitait pas à l′appeler par son nom. Comme, après avoir regardé la belle reliure de son Balzac, je lui demandais ce qu′il préférait dans la Comédie Humaine, il me répondit, dirigeant sa pensée vers une idée fixe: «Tout l′un ou tout l′autre, les petites miniatures comme le Curé de Tours et la Femme abandonnée, ou les grandes fresques comme la série des Illusions perdues. Comment! vous ne connaissez pas les Illusions perdues? C′est si beau, le moment où Carlos Herrera demande le nom du château devant lequel passe sa calèche: c′est Rastignac, la demeure du jeune homme qu′il a aimé autrefois. Et l′abbé alors de tomber dans une rêverie que Swann appelait, ce qui était bien spirituel, la Tristesse d′Olympio de la pédérastie. Et la mort de Lucien! je ne me rappelle plus quel homme de goût avait eu cette réponse, à qui lui demandait quel événement l′avait le plus affligé dans sa vie: «La mort de Lucien de Rubempré dans Splendeurs et Misères.»— Je sais que Balzac se porte beaucoup cette année, comme l′an passé le pessimisme, interrompit Brichot. Mais, au risque de contrister les âmes en mal de déférence balzacienne, sans prétendre, Dieu me damne, au rôle de gendarme de lettres et dresser procès-verbal pour fautes de grammaire, j′avoue que le copieux improvisateur, dont vous me semblez surfaire singulièrement les élucubrations effarantes, m′a toujours paru un scribe insuffisamment méticuleux. J′ai lu ces Illusions Perdues dont vous nous parlez, baron, en me torturant pour atteindre à une ferveur d′initié, et je confesse en toute simplicité d′âme que ces romans-feuilletons, rédigés en pathos, en galimatias double et triple (Esther heureuse, Où mènent les mauvais chemins, A combien l′amour revient aux vieillards), m′ont toujours fait l′effet des mystères de Rocambole, promus par inexplicable faveur à la situation précaire de chef-d′oeuvre. — Vous dites cela parce que vous ne connaissez pas la vie, dit le baron doublement agacé, car il sentait que Brichot ne comprendrait ni ses raisons d′artiste, ni les autres. — J′entends bien, répondit Brichot, que, pour parler comme Maître François Rabelais, vous voulez dire que je suis moult sorbonagre, sorbonicole et sorboniforme. Pourtant, tout autant que les camarades, j′aime qu′un livre donne l′impression de la sincérité et de la vie, je ne suis pas de ces clercs . . . — Le quart d′heure de Rabelais, interrompit le docteur Cottard avec un air non plus de doute, mais de spirituelle assurance. — . . . qui font voeu de littérature en suivant la règle de l′Abbaye-aux-Bois dans l′obédience de M. le vicomte de Chateaubriand, grand maître du chiqué, selon la règle stricte des humanistes. M. le vicomte de Chateaubriand . . . — Chateaubriand aux pommes? interrompit le docteur Cottard. — C′est lui le patron de la confrérie, continua Brichot sans relever la plaisanterie du docteur, lequel, en revanche, alarmé par la phrase de l′universitaire, regarda M. de Charlus avec inquiétude. Brichot avait semblé manquer de tact à Cottard, duquel le calembour avait amené un fin sourire sur les lèvres de la princesse Sherbatoff. — Avec le professeur, l′ironie mordante du parfait sceptique ne perd jamais ses droits, dit-elle par amabilité et pour montrer que le «mot» du médecin n′avait pas passé inaperçu pour elle. — Le sage est forcément sceptique, répondit le docteur. Cuando el señor de Charlus no hablaba de su admiración por la belleza de Morel, como si no tuviese ninguna relación con una afición -llamado vicio- se ocupaba de ese vicio como si no fuese de ningún modo el suyo. A veces ni siquiera vacilaba en llamarlo por su nombre. Y como después de haber mirado la hermosa encuadernación de su Balzac, le preguntaba qué prefería de la Comedia humana, me contestó dirigiendo su pensamiento a una idea fija: “-Todo lo uno o todo lo otro las pequeñas miniaturas como El Cura de Tours o La Mujer Abandonada o los grandes frescos como la serie de las Ilusiones Perdidas. ¿Cómo? ¿No conoce las Ilusiones Perdidas? Es tan hermoso. El momento en que Carlos Herrera pregunta el nombre del castillo frente al cual pasa su calesa; es Rastignac, la vivienda del joven que antes amó. Y el abate cae en un ensueño que Swann llamaba, lo cual era muy ingenioso, la Tristeza de Olimpio de la pederastia. ¡Y la muerte de Luciano! No recuerdo ya qué hombre de buen gusto a quien le preguntaba qué acontecimiento lo había afligido más en su vida había tenido esta respuesta: “La muerte de Luciano de Rubempré en Esplendores y Miserias”. “-Sé que Balzac se lleva mucho este año, como el pesimismo el año pasado iinterrumpió Brichott . Pero a riesgo de entristecer las almas en mal de deferencia balzaciana, sin pretender, Dios me condene, el papel de vigilante de la literatura y levantar sumario por faltas de gramática, le confieso que el copioso improvisador cuyas temibles lucubraciones me parece que está usted encareciendo singularmente siempre fue para mí un escriba insuficientemente minucioso. He leído esas Ilusiones Perdidas de que nos habla barón, torturándome para alcanzar un fervor de iniciado y le confieso con toda sencillez de alma, que esas novelasfolletines redactadas en pathos, en galimatías doble o triple: (Esther feli,, Adónde llevan los malos caminos, Cuánto les cuesta el amor a los ancianos)siempre me hicieron el efecto de los misterios de Rocambole promovidos por favor inexplicable a la situación precaria de obras maestras”. “-Usted dice eso porque no conoce la vida”, dijo el barón doblemente fastidiado porque advertía que Brichot no comprendía ni sus motivos de artista ni los otros. “-Ya entiendo -contestó Brichott ; usted quiere decir, como Maese Francisco Rabelais, que soy abundantemente sorbonagre, sorbonícola y sorboniforme.45 Sin embargo, tanto como a los compañeros me gusta que un libro me produzca sensación de sinceridad y de vida; no soy uno de esos intelectuales...” “-El cuarto de hora de Rabelais, interrumpió el doctor Cottard, con una expresión ya no de duda, sino de ingeniosa seguridad. qQuienes hacen voto de literatura siguiendo la regla de l´Abbaye-aux-Bois, en la obediencia del señor vizconde de Cháteaubriand, gran maestre de lo ficticio, según la regla estricta de los humanistas. El señor vizconde de Châteaubriand...”. “- ¿Châteaubriand con papas?”, interrumpió el doctor Cottard. “-Él es el patrón de la cofradía” continuó Brichot sin señalar la broma del doctor, quien, en cambio, alarmado por la frase del universitario, miró con inquietud al señor de Charlus. Brichot le había parecido carecer de tacto a Cottard, cuyo retruécano trajera una fina sonrisa a los labios de la princesa Sherbatoff. “iCon el profesor, la ironía mordaz del perfecto escéptico nunca pierde sus derechos”, dijo por amabilidad y para indicar, que la “frase” del médico no le había pasado inadvertida. “-El sabio es forzosamente escéptico”, contestó el doctor.
Que sais-je? [Greek: gnôthi seauton], disait Socrate. C′est très juste, l′excès en tout est un défaut. Mais je reste bleu quand je pense que cela a suffi à faire durer le nom de Socrate jusqu′à nos jours. Qu′est-ce qu′il y a dans cette philosophie? peu de chose en somme. Quand on pense que Charcot et d′autres ont fait des travaux mille fois plus remarquables et qui s′appuient, au moins, sur quelque chose, sur la suppression du réflexe pupillaire comme syndrome de la paralysie générale, et qu′ils sont presque oubliés! En somme, Socrate, ce n′est pas extraordinaire. Ce sont des gens qui n′avaient rien à faire, qui passaient toute leur journée à se promener, à discutailler. C′est comme Jésus-Christ: Aimez-vous les uns les autres, c′est très joli. — Mon ami . . ., pria Mme Cottard. — Naturellement, ma femme proteste, ce sont toutes des névrosées. — Mais, mon petit docteur, je ne suis pas névrosée, murmura Mme Cottard. — Comment, elle n′est pas névrosée? quand son fils est malade, elle présente des phénomènes d′insomnie. Mais enfin, je reconnais que Socrate, et le reste, c′est nécessaire pour une culture supérieure, pour avoir des talents d′exposition. Je cite toujours le [Greek: gnôthi seauton] à mes élèves pour le premier cours. Le père Bouchard, qui l′a su, m′en a félicité. — Je ne suis pas des tenants de la forme pour la forme, pas plus que je ne thésauriserais en poésie la rime millionnaire, reprit Brichot. Mais, tout de même, la Comédie Humaine — bien peu humaine — est par trop le contraire de ces oeuvres où l′art excède le fond, comme dit cette bonne rosse d′Ovide. Et il est permis de préférer un sentier à mi-côte, qui mène à la cure de Meudon ou à l′Ermitage de Ferney, à égale distance de la Vallée-aux-Loups où René remplissait superbement les devoirs d′un pontificat sans mansuétude, et les Jardies où Honoré de Balzac, harcelé par les recors, ne s′arrêtait pas de cacographier pour une Polonaise, en apôtre zélé du charabia. — Chateaubriand est beaucoup plus vivant que vous ne dites, et Balzac est tout de même un grand écrivain, répondit M. de Charlus, encore trop imprégné du goût de Swann pour ne pas être irrité par Brichot, et Balzac a connu jusqu′à ces passions que tout le monde ignore, ou n′étudie que pour les flétrir. Sans reparler des immortelles Illusions Perdues, Sarrazine, la Fille aux yeux d′or, Une passion dans le désert, même l′assez énigmatique Fausse Maîtresse, viennent à l′appui de mon dire. Quand je parlais de ce côté «hors de nature» de Balzac à Swann, il me disait: «Vous êtes du même avis que Taine.» Je n′avais pas l′honneur de connaître M. Taine, ajouta M. de Charlus (avec cette irritante habitude du «Monsieur» inutile qu′ont les gens du monde, comme s′ils croyaient, en taxant de Monsieur un grand écrivain, lui décerner un honneur, peut-être garder les distances, et bien faire savoir qu′ils ne le connaissent pas), je ne connaissais pas M. Taine, mais je me tenais pour fort honoré d′être du même avis que lui.» D′ailleurs, malgré ces habitudes mondaines ridicules, M. de Charlus était très intelligent, et il est probable que si quelque mariage ancien avait noué une parenté entre sa famille et celle de Balzac, il eût ressenti (non moins que Balzac d′ailleurs) une satisfaction dont il n′eût pu cependant s′empêcher de se targuer comme d′une marque de condescendance admirable. “-¿Qué sé yo? áóùèé óááóôí¥¯acute; decía Sócrates. Es muy exacto; el exceso es un defecto para todo. Pero me pongo verde cuando pienso que eso bastó para que perdurara el nombre de Sócrates hasta nuestros días. ¿Qué hay en esa filosofía? En resumen, poca cosa. Cuando uno piensa que Charcot y otros han hecho trabajos mil veces más notables y que se apoyan por lo menos en algo, sobre la supresión del reflejo pupilar, como síndrome de la parálisis general, y que están casi olvidados. En suma, Sócrates no es nada extraordinario. Era gente que no tenía nada que hacer, y se pasaba todo el día paseando y discutiendo. Es como Jesús: “Amaos los unos a los otros”; muy bonito”. “-¡Amigo mío!”, rogó la señora de Cottard. “-Naturalmente, mi mujer protesta: son todas unas neuróticas”. “-Pero mi doctorcito: no soy neurótica”, murmuró la señora de Cottard. “-¿Cómo? ¿No es neurótica, y cuando su hijo está enfermo, presenta fenómenos de insomnio? Pero en fin, reconozco que Sócrates y lo demás son necesarios para una cultura superior y para tener talentos de exposición. Siempre les cito el áóùèé óááóôí¥¯acute; a mis discípulos para el primer curso. El padre Bouchard, que lo supo, me felicitó”. “-No es que exija la forma por la forma del mismo modo que no atesoraría en poesía la rima millonaria -repuso Brichott . Pero sin embargo, la Comedia Humana –muy poco humana- es, por el contrario, una de esas obras en que el arte sobrepasa al fondo, como dice ese divertido canalla de Ovidio. Y puede permitirse preferir un sendero a media costa que conduce al curato de Meudon o a la Ermita de Ferney, a igual distancia del valle de los Lobos, donde René cumplía soberbiamente los deberes de un pontificado sin mansedumbre, y las Jardie, donde Honorato de Balzac, azuzado por los oficiales de justicia no dejaba de cacografiar para una polaca, como abnegado apóstol de la jerigonza”. “-CChâteaubriand está mucho más vivo de lo que usted dice, y Balzac, a pesar de todo, es un gran escritor -contestó el señor de Charlus, todavía demasiado impregnado por el gusto de Swann, para no sentirse irritado por Brichott , y Balzac conoció hasta esas pasiones que todos ignoran o no estudian más que para escarnecerlas. Sin volver a hablar de las inmortales Ilusiones Perdidas, Sarrazine, La muchacha de los ajos de oro, Una pasión en el desierto y hasta la bastante enigmática Querida amarilla, vienen en apoyo de lo que digo. Cuando le hablaba a Swann de ese aspecto “fuera de la naturaleza” de Balzac, me decía: “-Usted opina como Taine”. No tenía el honor de conocer al señor Taine -agregó el señor de Charlus con esa costumbre irritante del “señor” inútil que tiene la gente de mundo, como si creyeran cuando llaman “señor” a un gran escritor, que le están haciendo un honor, suponen que conservan las distancias y hacen saber que no lo conocen-. No lo conocía al señor Taine; pero me sentía muy honrado de tener su misma opinión”. Por otra parte, a pesar de esas ridículas costumbres sociales, el señor de Charlus era muy inteligente, y es probable que si algún antiguo casamiento produjera cierto parentesco entre su familia y la de Balzac, hubiese experimentado (no menos que Balsac, por otra parte) una satisfacción de la que no hubiera dejado de engreírse, sin embargo, como de una prueba de admirable condescendencia.
Parfois, à la station qui suivait Saint–Martin-du-Chêne, des jeunes gens montaient dans le train. M. de Charlus ne pouvait pas s′empêcher de les regarder, mais, comme il abrégeait et dissimulait l′attention qu′il leur prêtait, elle prenait l′air de cacher un secret, plus particulier même que le véritable; on aurait dit qu′il les connaissait, le laissait malgré lui paraître après avoir accepté son sacrifice, avant de se retourner vers nous, comme font ces enfants à qui, à la suite d′une brouille entre parents, on a défendu de dire bonjour à des camarades, mais qui, lorsqu′ils les rencontrent, ne peuvent se priver de lever la tête avant de retomber sous la férule de leur précepteur. A veces, en la estación subsiguiente a Saint-Martín-du-Chéne, subían al tren algunos jóvenes. El señor de Charlus no podía dejar de mirarlos, pero como abreviaba y disimulaba la atención que les prestaba, parecía ocultar un secreto, más particular que el verdadero; parecía conocerlos lo dejaba aparentar a pesar de sí mismo después de haber aceptado su sacrificio, antes de volver con nosotros, como lo hacen esos niños a quienes como consecuencia de un disgusto entre sus padres les han prohibido saludar a sus compañeros, pero que al encontrarse no pueden privarse de levantar la cabeza, antes de caer bajo la férula de su preceptor.
Au mot tiré du grec dont M. de Charlus, parlant de Balzac, avait fait suivre l′allusion à la Tristesse d′Olympio dans Splendeurs et Misères, Ski, Brichot et Cottard s′étaient regardés avec un sourire peut-être moins ironique qu′empreint de la satisfaction qu′auraient des dîneurs qui réussiraient à faire parler Dreyfus de sa propre affaire, ou l′Impératrice de son règne. On comptait bien le pousser un peu sur ce sujet, mais c′était déjà Doncières, où Morel nous rejoignait. Devant lui, M. de Charlus surveillait soigneusement sa conversation, et quand Ski voulut le ramener à l′amour de Carlos Herrera pour Lucien de Rubempré, le baron prit l′air contrarié, mystérieux, et finalement (voyant qu′on ne l′écoutait pas) sévère et justicier d′un père qui entendrait dire des indécences devant sa fille. Ski ayant mis quelque entêtement à poursuivre, M. de Charlus, les yeux hors de la tête, élevant la voix, dit d′un ton significatif, en montrant Albertine qui pourtant ne pouvait nous entendre, occupée à causer avec Mme Cottard et la princesse Sherbatoff, et sur le ton à double sens de quelqu′un qui veut donner une leçon à des gens mal élevés: «Je crois qu′il serait temps de parler de choses qui puissent intéresser cette jeune fille.» Mais je compris bien que, pour lui, la jeune fille était non pas Albertine, mais Morel; il témoigna, du reste, plus tard de l′exactitude de mon interprétation par les expressions dont il se servit quand il demanda qu′on n′eût plus de ces conversations devant Morel. «Vous savez, me dit-il, en parlant du violoniste, qu′il n′est pas du tout ce que vous pourriez croire, c′est un petit très honnête, qui est toujours resté sage, très sérieux.» Et on sentait à ces mots que M. de Charlus considérait l′inversion sexuelle comme un danger aussi menaçant pour les jeunes gens que la prostitution pour les femmes, et que, s′il se servait pour Morel de l′épithète de «sérieux», c′était dans le sens qu′elle prend appliquée à une petite ouvrière. Alors Brichot, pour changer la conversation, me demanda si je comptais rester encore longtemps à Incarville. Cuando al hablar de Balzac el señor de Charlus pronunciara una frase sacada del griego, luego de aludir a la Tristeza de Olimpio, en Esplendores y Miserias, Ski. Brichot y Cottard se habían mirado con una sonrisa quizás menos irónica que señalada por la satisfacción que experimentarían unos invitados que consiguieran hacer hablar a Dreyfus de su propio asunto o a la Emperatriz de su reinado. Calculaban llevarlo un poco a ese tema, pero ya estábamos en Doncières, donde se nos reunía Morel. Delante de él, el señor de Charlus vigilaba cuidadosamente su conversación, y cuando Ski quiso retrotraerlo al amor de Carlos Herrera por Luciano de Rubempré, el barón se puso misterioso ycomo contrariado, yfinalmente, severo yjusticiero (al ver que no le hacían caso), como un padre que oye decir indecencias delante de su hija. Como Ski había puesto cierto encarnizamiento en proseguir, el señor de Charlus, con los ojos fuera de las órbitas y levantando la voz dijo con un tono significativo yseñalando a Albertina, que sin embargo, no podía oírnos, ocupada en conversar con la señora de Cottard yla princesa de Sherbatoff, ycon el tono de doble sentido que toma alguien que quiere darle una lección a gente mal educada: “maCreo que ya sería tiempo de hablar de cosas que puedan interesar a esa joven”. Pero yo comprendí perfectamente que para él, la joven no era Albertina, sino Morel; demostró, por otra parte, más tarde, la exactitud de mi interpretación con las expresiones que utilizó al pedir que no se mantuviesen más esas conversaciones delante de Morel. “-Usted sabe -me dijoal hablar del violinista, que no es en lo más mínimo lo que podrían ustedes creer; es un muchacho muy honrado, que siempre ha seguido siendo juicioso y muy serio”. Y uno advertía con esas palabras, que el señor de Charlus consideraba la inversión sexual, como un peligro tan amenazador para los jóvenes como la prostitución para las mujeres, y que si utilizaba el epíteto “serio” para Morel, era en el sentido que toma al serle aplicado a una obrerita. Entonces Brichot, para cambiar la conversación, me preguntó si pensaba quedarme mucho tiempo en Incarville.
J′avais eu beau lui faire observer plusieurs fois que j′habitais non pas Incarville mais Balbec, il retombait toujours dans sa faute, car c′est sous le nom d′Incarville ou de Balbec–Incarville qu′il désignait cette partie du littoral. Il y a ainsi des gens qui parlent des mêmes choses que nous en les appelant d′un nom un peu différent. Une certaine dame du faubourg Saint–Germain me demandait toujours, quand elle voulait parler de la duchesse de Guermantes, s′il y avait longtemps que je n′avais vu Zéna, ou Oriane-Zéna, ce qui fait qu′au premier moment je ne comprenais pas. Probablement il y avait eu un temps où, une parente de Mme de Guermantes s′appelant Oriane, on l′appelait, elle, pour éviter les confusions, Oriane-Zéna. Peut-être aussi y avait-il eu d′abord une gare seulement à Incarville, et allait-on de là en voiture à Balbec. «De quoi parliez-vous donc? dit Albertine étonnée du ton solennel de père de famille que venait d′usurper M. de Charlus. — De Balzac, se hâta de répondre le baron, et vous avez justement ce soir la toilette de la princesse de Cadignan, pas la première, celle du dîner, mais la seconde.» Cette rencontre tenait à ce que, pour choisir des toilettes à Albertine, je m′inspirais du goût qu′elle s′était formé grâce à Elstir, lequel appréciait beaucoup une sobriété qu′on eût pu appeler britannique s′il ne s′y était allié plus de douceur, de mollesse française. Le plus souvent, les robes qu′il préférait offraient aux regards une harmonieuse combinaison de couleurs grises, comme celle de Diane de Cadignan. Il n′y avait guère que M. de Charlus pour savoir apprécier à leur véritable valeur les toilettes d′Albertine; tout de suite ses yeux découvraient ce qui en faisait la rareté, le prix; il n′aurait jamais dit le nom d′une étoffe pour une autre et reconnaissait le faiseur. Seulement il aimait mieux — pour les femmes — un peu plus d′éclat et de couleur que n′en tolérait Elstir. Aussi, ce soir-là, me lança-t-elle un regard moitié souriant, moitié inquiet, en courbant son petit nez rose de chatte. En effet, croisant sur sa jupe de crêpe de chine gris, sa jaquette de cheviote grise laissait croire qu′Albertine était tout en gris. Mais me faisant signe de l′aider, parce que ses manches bouffantes avaient besoin d′être aplaties ou relevées pour entrer ou retirer sa jaquette, elle ôta celle-ci, et comme ces manches étaient d′un écossais très doux, rose, bleu pâle, verdâtre, gorge-de-pigeon, ce fut comme si dans un ciel gris s′était formé un arc-en-ciel. Et elle se demandait si cela allait plaire à M. de Charlus. «Ah! s′écria celui-ci ravi, voilà un rayon, un prisme de couleur. Por más que le hubiera hecho observar varias veces que habitaba Balbec y no Incarville, volvía a incurrir en su error, porque es con el nombre de Incarville o de Balbec-Incarville que designaba a esa parte del litoral. Cuando cierta señora del barrio de Saint-Germain quería hablar de la duquesa de Guermantes, me preguntaba siempre si hacía mucho que no había visto a Zenaida o a Oriana-Zenaida, por lo que yo no entendía en el primer momento. Posiblemente debió existir una parienta de la señora de Guermantes que como se llamaba Oriana conocieran por Oriana-Zenaida para evitar las confusiones. Quizás hubiese existido antes sólo una estación en Incarville y de ahí pudiera irse en coche a Balbec. “-¿De qué hablaban, pues?”, dijo Albertina, asombrada del tono solemne de padre de familia que acababa de usurpar el señor de Charlus. “-De Balzac -se apresuró a contestar el barón-, y tiene usted esta noche precisamente el atuendo de la princesa de Cadignan, no el primero, el de la comida, sino el segundo”. Este hallazgo provenía dé que para elegirle los vestidos a Albertina me inspiraba yo en el gusto que se había formado ella gracias a Elstir, quien apreciaba mucho una sobriedad que podía haberse llamado británica, si no se le agregara más dulzura y flexibilidad francesas. Muy a menudo los vestidos que prefería ofrecían a las miradas una armoniosa combinación de tonos grises como los de Diana de Cadignan. Nadie como el señor de Charlus para apreciar en su verdadero valor los vestidos de Albertina; enseguida sus ojos descubrían lo que constituía su rareza y su precio; nunca hubiera confundido el nombre de un tejido y reconocía a los modistas. Sólo que le gustaba -een cuanto a las mujeress un poco más de brillo y de color de lo que toleraba Elstir. Por eso me lanzó esa noche una mirada mitad sonrisa, mitad inquieta, inclinando su pequeña nariz rosada de gata. En efecto, cruzada sobre su falda de crépe de chive gris, su chaqueta de cheviot gris permitía creer que Albertina estaba totalmente vestida de gris. Pero al hacerme señas de que la ayudara debido a sus mangas abullonadas, para ponerse o quitarse la chaqueta, se la quitó, ycomo sus mangas eran escocesas ycon un tono muy suave, rosa, celeste, verdoso y tornasolado, pareció que se había formado un arco iris en el cielo gris. Y se preguntaba si eso iría a gustarle al señor de Charlus. “-¡Ah! -eexclamó éste encantado-, he aquí un rayo de luz, un prisma de color.
Je vous fais tous mes compliments. — Mais Monsieur seul en a mérité, répondit gentiment Albertine en me désignant, car elle aimait montrer ce qui lui venait de moi. — Il n′y a que les femmes qui ne savent pas s′habiller qui craignent la couleur, reprit M. de Charlus. On peut être éclatante sans vulgarité et douce sans fadeur. D′ailleurs vous n′avez pas les mêmes raisons que Mme de Cadignan de vouloir paraître détachée de la vie, car c′était l′idée qu′elle voulait inculquer à d′Arthez par cette toilette grise.» Albertine, qu′intéressait ce muet langage des robes, questionna M. de Charlus sur la princesse de Cadignan. «Oh! c′est une nouvelle exquise, dit le baron d′un ton rêveur. Je connais le petit jardin où Diane de Cadignan se promena avec M. d′Espard. C′est celui d′une de mes cousines. — Toutes ces questions du jardin de sa cousine, murmura Brichot à Cottard, peuvent, de même que sa généalogie, avoir du prix pour cet excellent baron. Mais quel intérêt cela a-t-il pour nous qui n′avons pas le privilège de nous y promener, ne connaissons pas cette dame et ne possédons pas de titres de noblesse?» Car Brichot ne soupçonnait pas qu′on pût s′intéresser à une robe et à un jardin comme à une oeuvre d′art, et que c′est comme dans Balzac que M. de Charlus revoyait les petites allées de Mme de Cadignan. Le baron poursuivit: «Mais vous la connaissez, me dit-il, en parlant de cette cousine et pour me flatter en s′adressant à moi comme à quelqu′un qui, exilé dans le petit clan, pour M. de Charlus sinon était de son monde, du moins allait dans son monde. En tout cas vous avez dû la voir chez Mme de Villeparisis. — La marquise de Villeparisis à qui appartient le château de Baucreux? demanda Brichot d′un air captivé. — Oui, vous la connaissez? demanda sèchement M. de Charlus. — Nullement, répondit Brichot, mais notre collègue Norpois passe tous les ans une partie de ses vacances à Baucreux. J′ai eu l′occasion de lui écrire là.» Je dis à Morel, pensant l′intéresser, que M. de Norpois était ami de mon père. Mais pas un mouvement de son visage ne témoigna qu′il eût entendu, tant il tenait mes parents pour gens de peu et n′approchant pas de bien loin de ce qu′avait été mon grand-oncle chez qui son père avait été valet de chambre et qui, du reste, contrairement au reste de la famille, aimant assez «faire des embarras», avait laissé un souvenir ébloui à ses domestiques. La felicito”. “-Sólo el señor tiene algún mérito”, contestó gentilmente Albertina, señalándome porque le gustaba indicar lo que provenía de mí. “-Sólo las mujeres que no saben vestirse temen el color -repuso el señor de Charluss-. Puede uno ser brillante sin vulgaridad y dulce sin ser desabrida. Por otra parte, no tiene usted los mismos motivos que la señora de Cadignan, para aparentar desprenderse de la vida, porque esa era la idea que quería inspirarle a d′Arthez con su vestido gris”. Albertina, a la que interesaba ese lenguaje mudo de los vestidos, le formuló preguntas al señor de Charlus acerca de la princesa de Cadignan. “-¡Oh!, es una novela exquisita -dijo el barón ensoñadoramente-. Conozco el jardincillo donde se paseó Diana de Cadignan con el señor d′Espard. Es el de una de mis primas”. “-Todas esas cosas del jardín de su prima -murmuró Brichot a Cottard- podrán tener valor, lo mismo que su genealogía para ese excelente barón. Pero, ¿qué interés tienen para nosotros, que no tenemos el privilegio de pasearnos en él, no conocemos a esa dama y no poseemos títulos de nobleza?”. Porque Brichot no sospechaba que uno pudiese interesarse en un vestido o en un jardín, como en una obra de arte, y que como en Balzac, el señor de Charlus volvía a ver los pequeños senderos de la señora de Cadignan. El barón prosiguió: “-Pero usted la conoce mme dijo, al hablar de esa prima y para halagarme como alguien que, para el señor de Charlus, aunque exilado en el pequeño clan, si no pertenecía a su mundo, por lo menos lo frecuentaba. De cualquier modo debe haberla visto en lo de la señora de Villeparisis”. “-¿La marquesa de Villeparisis, a la que pertenece el castillo de Baucreux”, preguntó Brichot con aspecto cautivado. “-Sí; ¿la conoce usted?”, preguntó secamente el señor de Charlus. “-De ningún modo -contestó Brichott , pero nuestro colega Norpois pasa todos los años parte de sus vacaciones en Baucreux. He tenido oportunidad de escribirle ahí”. Le dije a Morel, pensando interesarle, que el señor de Norpois era amigo de mi padre. Pero ni un solo movimiento de su rostro demostró que hubiese oído; a tal punto suponía que mis padres eran gente de poca monta y que no andaban muy lejos de lo que había sido mi tío abuelo, en cuya casa su padre fuera mucamo, y que, por otra parte, contrariamente al resto de la familia, como le gustaba hacer muchos aspavientos, había dejado un recuerdo deslumbrador a sus sirvientes.
«Il paraît que Mme de Villeparisis est une femme supérieure; mais je n′ai jamais été admis à en juger par moi-même, non plus, du reste, que mes collègues. Car Norpois, qui est d′ailleurs plein de courtoisie et d′affabilité à l′Institut, n′a présenté aucun de nous à la marquise. Je ne sais de reçu par elle que notre ami Thureau–Dangin, qui avait avec elle d′anciennes relations de famille, et aussi Gaston Boissier, qu′elle a désiré connaître à la suite d′une étude qui l′intéressait tout particulièrement. Il y a dîné une fois et est revenu sous le charme. Encore Mme Boissier n′a-t-elle pas été invitée.» A ces noms, Morel sourit d′attendrissement: «Ah! Thureau–Dangin, me dit-il d′un air aussi intéressé que celui qu′il avait montré en entendant parler du marquis de Norpois et de mon père était resté indifférent. Thureau–Dangin, c′était une paire d′amis avec votre oncle. Quand une dame voulait une place de centre pour une réception à l′Académie, votre oncle disait: «J′écrirai à Thureau–Dangin.» Et naturellement la place était aussitôt envoyée, car vous comprenez bien que M. Thureau–Dangin ne se serait pas risqué de rien refuser à votre oncle, qui l′aurait repincé au tournant. Cela m′amuse aussi d′entendre le nom de Boissier, car c′était là que votre grand-oncle faisait faire toutes ses emplettes pour les dames au moment du jour de l′an. Je le sais, car je connais la personne qui était chargée de la commission.» Il faisait plus que la connaître, c′était son père. Certaines de ces allusions affectueuses de Morel à la mémoire de mon oncle touchaient à ce que nous ne comptions pas rester toujours dans l′Hôtel de Guermantes, où nous n′étions venus loger qu′à cause de ma grand′mère. On parlait quelquefois d′un déménagement possible. Or, pour comprendre les conseils que me donnait à cet égard Charles Morel, il faut savoir qu′autrefois mon grand-oncle demeurait 40 bis boulevard Malesherbes. Il en était résulté que, dans la famille, comme nous allions beaucoup chez mon oncle Adolphe jusqu′au jour fatal où je brouillai mes parents avec lui en racontant l′histoire de la dame en rose, au lieu de dire «chez votre oncle», on disait «au 40 bis». Des cousines de maman lui disaient le plus naturellement du monde: «Ah! dimanche on ne peut pas vous avoir, vous dînez au 40 bis.» Si j′allais voir une parente, on me recommandait d′aller d′abord «au 40 bis», afin que mon oncle ne pût être froissé qu′on n′eût commencé par lui. Il était propriétaire de la maison et se montrait, à vrai dire, très difficile sur le choix des locataires, qui étaient tous des amis, ou le devenaient. Le colonel baron de Vatry venait tous les jours fumer un cigare avec lui pour obtenir plus facilement des réparations. La porte cochère était toujours fermée. Si à une fenêtre mon oncle apercevait un linge, un tapis, il entrait en fureur et les faisait retirer plus rapidement qu′aujourd′hui les agents de police. Mais enfin il n′en louait pas moins une partie de la maison, n′ayant pour lui que deux étages et les écuries. Malgré cela, sachant lui faire plaisir en vantant le bon entretien de la maison, on célébrait le confort du «petit hôtel» comme si mon oncle en avait été le seul occupant, et il laissait dire, sans opposer le démenti formel qu′il aurait dû. Le «petit hôtel» était assurément confortable (mon oncle y introduisant toutes les inventions de l′époque). Mais il n′avait rien d′extraordinaire. Seul mon oncle, tout en disant, avec une modestie fausse, mon petit taudis, était persuadé, ou en tout cas avait inculqué à son valet de chambre, à la femme de celui-ci, au cocher, à la cuisinière l′idée que rien n′existait à Paris qui, pour le confort, le luxe et l′agrément, fût comparable au petit hôtel. Charles Morel avait grandi dans cette foi. Il y était resté. Aussi, même les jours où il ne causait pas avec moi, si dans le train je parlais à quelqu′un de la possibilité d′un déménagement, aussitôt il me souriait et, clignant de l′oeil d′un air entendu, me disait: «Ah! ce qu′il vous faudrait, c′est quelque chose dans le genre du 40 bis! C′est là que vous seriez bien! On peut dire que votre oncle s′y entendait. Je suis bien sûr que dans tout Paris il n′existe rien qui vaille le 40 bis “-Según parece, la señora de Villeparisis es una mujer superior, pero nunca he sido admitido, a juzgar por mí mismo, yo, por otra parte, lo mismo que mis colegas. Porque Norpois, que además está lleno de cortesía y afecto en el Instituto, no presentó ninguno de nosotros a la marquesa. El único que fue recibido por ella es nuestro amigo Thureau- Dangin, que tenía con ella una antigua vinculación de familia y también Gastón Boissier, que ella deseó conocer a raíz de un estudio que le interesaba particularmente. Cenó una vez en su casa y se quedó bajo su embrujo. Todavía no la invitaron a la señora de Boissier”. Al oír esos nombres, Morel sonrió enternecido: “-¡Ah! Thureau-Dangin -me dijo con una expresión casi tan interesada como indiferente se había mostrado al oír hablar del marqués de Norpois yde mi padre-. Thureau-Dangin ysu tío eran un buen par de amigos. Cuando una señora deseaba una localidad bien ubicada para una recepción en la Academia, su tío decía: “-Le escribiré a Thureau-Dagin”. Y naturalmente, la localidad llegaba, porque usted comprende que el señor Thureau-Dangin no se hubiese atrevido a rehusarle nada a su tío, que podía esperarlo en un recodo. También me divierte oír el nombre de Boissier, porque en esa casa su tío abuelo encargaba todas las compras para las señoras a fin de año. Lo sé porque conozco a la persona que se encargaba del asunto”. Algo más que conocerla porque era su padre. Algunas de las afectuosas alusiones de Morel en recuerdo de mi tío se vinculaban al hecho de que no pensábamos quedarnos siempre en la casa de Guermantes a la que no habíamos ido a alojarnos más que por mi abuela. Se hablaba a veces de una posible mudanza. Y para comprender los consejos que a ese respecto me daba Carlos Morel, hay que saber que antes mi tío abuelo vivía en el bulevar Malesherbes, número 40 bis. De lo que había resultado que en la familia -ya que frecuentábamos mucho la casa de mi tío Adolfo hasta el día fatal en que disgusté a mis padres al contar la historia de la señora de rosa-, en lugar de decir en “casa de su tío”, decían “en el 40 bis”. Las primas de mamá le decían con la mayor naturalidad: “-¡Ah!, el domingo no podremos vernos, porque comen ustedes en el 40 bis”. Si yo iba a visitar a una parienta, me recomendaban ir primero al “40 bis” para que no se ofendiera mi tío si no empezaba con él. Era dueño de la casa y se mostraba muy exigente, a decir verdad, con la elección de los inquilinos que eran todos amigos o se iban haciendo. El coronel barón de Vatry iba a fumar todos los días con él un cigarro, para conseguir más fácilmente las reparaciones. La puerta cochera estaba siempre cerrada. Si mi tío advertía ropa en alguna ventana o una alfombra, se enfurecía y las hacía quitar más rápidamente que un policía en la actualidad. Pero en fin, no por eso dejaba de alquilar parte de la casa, ya que sólo conservaba para sí dos pisos y la cuadra. A pesar de eso, sabiendo que le causaba placer la buena conservación de la casa, como si mi tío hubiera sido su único ocupante, celebraban el confort del petit hotel y él callaba sin oponer el desmentido formal que hubiera debido. El petit hotel era confortable con toda seguridad (mi tío le introducía todos los inventos de la época). Pero no tenía nada extraordinario únicamente mi tío, a pesar de decir con falsa modestia mi pequeño cuchitril, estaba convencido o de cualquier manera le había inculcado a su mucamo, a la mujer de éste, al cochero y a la cocinera, la idea de que en París no existía nada que se pudiera comparar al petit hotel en materia de confort, lujo yagrado. Carlos Morel había crecido con esa fe. Y la había conservado. Por eso, aun en los días en que no me conversaba, si en el tren yo hablaba con alguien de la posibilidad de una mudanza, enseguida me sonreía y guiñándome el ojo con expresión de entendido, me decía: “-¡Ah!, lo que usted necesitaría es algo así como el 40 bis. Ahí sí que estaría bien. Hay que decir que su tío sabía de estas cosas. Estoy seguro de que en todo París no hay nada que pueda compararse al 40 bis”.
A l′air mélancolique qu′avait pris, en parlant de la princesse de Cadignan, M. de Charlus, j′avais bien senti que cette nouvelle ne le faisait pas penser qu′au petit jardin d′une cousine assez indifférente. Il tomba dans une songerie profonde, et comme se parlant à soi-même: «Les Secrets de la princesse de Cadignan! s′écria-t-il, quel chef-d′oeuvre! comme c′est profond, comme c′est douloureux, cette mauvaise réputation de Diane qui craint tant que l′homme qu′elle aime ne l′apprenne! Quelle vérité éternelle, et plus générale que cela n′en a l′air! comme cela va loin!» M. de Charlus prononça ces mots avec une tristesse qu′on sentait pourtant qu′il ne trouvait pas sans charme. Certes M. de Charlus, ne sachant pas au juste dans quelle mesure ses moeurs étaient ou non connues, tremblait, depuis quelque temps, qu′une fois qu′il serait revenu à Paris et qu′on le verrait avec Morel, la famille de celui-ci n′intervînt et qu′ainsi son bonheur fût compromis. Cette éventualité ne lui était probablement apparue jusqu′ici que comme quelque chose de profondément désagréable et pénible. Mais le baron était fort artiste. Et maintenant que depuis un instant il confondait sa situation avec celle décrite par Balzac, il se réfugiait en quelque sorte dans la nouvelle, et à l′infortune qui le menaçait peut-être, et ne laissait pas en tout cas de l′effrayer, il avait cette consolation de trouver, dans sa propre anxiété, ce que Swann et aussi Saint–Loup eussent appelé quelque chose de «très balzacien». Cette identification à la princesse de Cadignan avait été rendue facile pour M. de Charlus grâce à la transposition mentale qui lui devenait habituelle et dont il avait déjà donné divers exemples. Elle suffisait, d′ailleurs, pour que le seul remplacement de la femme, comme objet aimé, par un jeune homme, déclanchât aussitôt autour de celui-ci tout le processus de complications sociales qui se développent autour d′une liaison ordinaire. Quand, pour une raison quelconque, on introduit une fois pour toutes un changement dans le calendrier, ou dans les horaires, si on fait commencer l′année quelques semaines plus tard, ou si l′on fait sonner minuit un quart d′heure plus tôt, comme les journées auront tout de même vingt-quatre heures et les mois trente jours, tout ce qui découle de la mesure du temps restera identique. Tout peut avoir été changé sans amener aucun trouble, puisque les rapports entre les chiffres sont toujours pareils. Ainsi des vies qui adoptent «l′heure de l′Europe Centrale» ou les calendriers orientaux. Il semble même que l′amour-propre qu′on a à entretenir une actrice jouât un rôle dans cette liaison-ci. Quand, dès le premier jour, M. de Charlus s′était enquis de ce qu′était Morel, certes il avait appris qu′il était d′une humble extraction, mais une demi-mondaine que nous aimons ne perd pas pour nous de son prestige parce qu′elle est la fille de pauvres gens. En revanche, les musiciens connus à qui il avait fait écrire — même pas par intérêt, comme les amis qui, en présentant Swann à Odette, la lui avaient dépeinte comme plus difficile et plus recherchée qu′elle n′était — par simple banalité d′hommes en vue surfaisant un débutant, avaient répondu au baron: «Ah! grand talent, grosse situation, étant donné naturellement qu′il est un jeune, très apprécié des connaisseurs, fera son chemin.» Et par la manie des gens qui ignorent l′inversion à parler de la beauté masculine: «Et puis, il est joli à voir jouer; il fait mieux que personne dans un concert; il a de jolis cheveux, des poses distinguées; la tête est ravissante, et il a l′air d′un violoniste de portrait.» Aussi M. de Charlus, surexcité d′ailleurs par Morel, qui ne lui laissait pas ignorer de combien de propositions il était l′objet, était-il flatté de le ramener avec lui, de lui construire un pigeonnier où il revînt souvent. Car le reste du temps il le voulait libre, ce qui était rendu nécessaire par sa carrière que M. de Charlus désirait, tant d′argent qu′il dût lui donner, que Morel continuât, soit à cause de cette idée très Guermantes qu′il faut qu′un homme fasse quelque chose, qu′on ne vaut que par son talent, et que la noblesse ou l′argent sont simplement le zéro qui multiplie une valeur, soit qu′il eût peur qu′oisif et toujours auprès de lui le violoniste s′ennuyât. Enfin il ne voulait pas se priver du plaisir qu′il avait, lors de certains grands concerts, à se dire: «Celui qu′on acclame en ce moment sera chez moi cette nuit.» Les gens élégants, quand ils sont amoureux, et de quelque façon qu′ils le soient, mettent leur vanité à ce qui peut détruire les avantages antérieurs où leur vanité eût trouvé satisfaction. Debido a la expresión melancólica que tomó el señor de Charlus al hablar de la princesa de Cadignan, yo me imaginé que esa novela no lo hacía pensar solamente en el jardincillo de una prima bastante indiferente. Cayó en un profundo ensueño y como si se hablara a sí mismo: “-Los secretos de la princesa de Cadignan -exclamó-, ¡qué obra maestra, qué profundo es y qué dolorosa esa mala fama de Diana que teme tanto que llegue a saberlo el hombre que ama! ¡Qué verdad eterna y más general de lo que parece, qué lejos llega eso!”. El señor de Charlus pronunció esas palabras con una tristeza que, sin embargo, se advertía no dejaba de tener su encanto para él. Es verdad que el señor de Charlus, que no sabía exactamente hasta qué punto eran conocidas sus costumbres, temía desde hacía algún tiempo, que una vez que volviese a París y lo vieran con Morel, que interviniese la familia de éste y quedara de ese modo comprometida su felicidad. Hasta el momento esta eventualidad no se le había aparecido quizás más que como algo profundamente desagradable y penoso. Pero el barón era muy artista. Y ahora que desde hacía un instante confundía su situación con la que describía Balzac, se refugiaba en cierto modo dentro de la novela y ante el infortunio que tal vez lo amenazaba y en todo caso no dejaba de espantarlo, tenía este consuelo, el de encontrar en su propia ansiedad lo que Swann y también Saint-Loup hubiesen designado como algo muy “balzaciano”. Esta identificación con la princesa de Cadignan le había resultado fácil al señor de Charlus, gracias a la transposición mental que le era corriente y de la que ya había dado varios ejemplos. Bastaba, por otra parte, para que el solo reemplazo de la mujer, como objeto amado, por un joven, desencadenase enseguida a su alrededor todo el proceso de complicaciones sociales que se desenvuelven habitualmente en torno a un amorío. Cuando, por cualquier motivo, se introduce de una vez por todas, mi Cambio en el calendario o en los horarios, si se hace iniciar el año algunas semanas más tarde o se hacen dar las doce de la noche un cuarto de hora antes, como los días seguirán teniendo veinticuatro horas y los meses treinta días, todo lo que provenga de la medida del tiempo seguirá igual. Todo puede haberse cambiado sin traer ninguna perturbación, ya que las relaciones entre las cifras son siempre las mismas. Así sucede con las vidas que adoptan la “hora de Europa Central” o los calendarios orientales. Hasta me parece que el amor propio que uno pone en mantener a una actriz desempeñaba un papel en estos amoríos. Cuando el señor de Charlus se había enterado de lo que era Morel desde el primer día, supo ciertamente que su origen era humilde, pero la mujer liviana que queremos no pierde su prestigio para nosotros cuando es hija de gente pobre. En cambio, los músicos conocidos a los que había hecho escribir - ni siquiera por interés como aquellos amigos que al presentarle Swann a Odette, se la habían descrito como más exigente y más requerida de lo que era por simple banalidad de hombre conocido que encarece a un debutante, le habían contestado al barón: “-¡Ah!, gran talento, excelente situación, y ya que, naturalmente, se trata de un joven, muy apreciado por los entendidos, hará su camino”. Y por la manía de la gente que habla de la belleza masculina e ignora la inversión: “-Y además da gusto verlo tocar; luce como nadie en un concierto; tiene hermosos cabellos yactitudes distinguidas; su cabeza es encantadora yparece un violinista de retrato”. Por eso, el señor de Charlus, sobreexcitado, además, por Morel, que no le ocultaba cuantas proposiciones se le hacían, estaba orgulloso de traerlo consigo y edificarle un palomar al que volviese a menudo. Porque el resto del tiempo quería que fuera libre, lo que era necesario debido a su carrera que el señor de Charlus deseaba que Morel continuara, por más dinero que tuviese que darle, ya fuera por esa idea muy propia de los Guermantes, de que un hombre debe hacer algo que uno no vale sino por su talento yque la nobleza yel dinero sólo son el cero que multiplica un valor, ya porque temiese que el violinista se aburriera al estar ocioso y siempre con él. En fin, no quería privarse del placer que tenía al decirse en ciertos grandes conciertos: “-El que aclaman en este momento estará conmigo esta noche”. Cuando la gente elegante está enamorada de cualquier manera, pone su vanidad en aquello que puede destruir las ventajas anteriores en que su vanidad pudo haber hallado satisfacción.
Morel me sentant sans méchanceté pour lui, sincèrement attaché à M. de Charlus, et d′autre part d′une indifférence physique absolue à l′égard de tous les deux, finit par manifester à mon endroit les mêmes sentiments de chaleureuse sympathie qu′une cocotte qui sait qu′on ne la désire pas et que son amant a en vous un ami sincère qui ne cherchera pas à le brouiller avec elle. Non seulement il me parlait exactement comme autrefois Rachel, la maîtresse de Saint–Loup, mais encore, d′après ce que me répétait M. de Charlus, lui disait de moi, en mon absence, les mêmes choses que Rachel disait de moi à Robert. Enfin M. de Charlus me disait: «Il vous aime beaucoup», comme Robert: «Elle t′aime beaucoup.» Et comme le neveu de la part de sa maîtresse, c′est de la part de Morel que l′oncle me demandait souvent de venir dîner avec eux. Il n′y avait, d′ailleurs, pas moins d′orages entre eux qu′entre Robert et Rachel. Certes, quand Charlie (Morel) était parti, M. de Charlus ne tarissait pas d′éloges sur lui, répétant, ce dont il était flatté, que le violoniste était si bon pour lui. Mais il était pourtant visible que souvent Charlie, même devant tous les fidèles, avait l′air irrité au lieu de paraître toujours heureux et soumis, comme eût souhaité le baron. Cette irritation alla même plus tard, par suite de la faiblesse qui poussait M. de Charlus à pardonner ses inconvenances d′attitude à Morel, jusqu′au point que le violoniste ne cherchait pas à la cacher, ou même l′affectait. J′ai vu M. de Charlus, entrant dans un wagon où Charlie était avec des militaires de ses amis, accueilli par des haussements d′épaules du musicien, accompagnés d′un clignement d′yeux à ses camarades. Ou bien il faisait semblant de dormir, comme quelqu′un que cette arrivée excède d′ennui. Ou il se mettait à tousser, les autres riaient, affectaient, pour se moquer, le parler mièvre des hommes pareils à M. de Charlus; attiraient dans un coin Charlie qui finissait par revenir, comme forcé, auprès de M. de Charlus, dont le coeur était percé par tous ces traits. Il est inconcevable qu′il les ait supportés; et ces formes, chaque fois différentes, de souffrance posaient à nouveau pour M. de Charlus le problème du bonheur, le forçaient non seulement à demander davantage, mais à désirer autre chose, la précédente combinaison se trouvant viciée par un affreux souvenir. Et pourtant, si pénibles que furent ensuite ces scènes, il faut reconnaître que, les premiers temps, le génie de l′homme du peuple de France dessinait pour Morel, lui faisait revêtir des formes charmantes de simplicité, de franchise apparente, même d′une indépendante fierté qui semblait inspirée par le désintéressement. Cela était faux, mais l′avantage de l′attitude était d′autant plus en faveur de Morel que, tandis que celui qui aime est toujours forcé de revenir à la charge, d′enchérir, il est au contraire aisé pour celui qui n′aime pas de suivre une ligne droite, inflexible et gracieuse. Elle existait de par le privilège de la race dans le visage si ouvert de ce Morel au coeur si fermé, ce visage paré de la grâce néo-hellénique qui fleurit aux basiliques champenoises. Malgré sa fierté factice, souvent, apercevant M. de Charlus au moment où il ne s′y attendait pas, il était gêné pour le petit clan, rougissait, baissait les yeux, au ravissement du baron qui voyait là tout un roman. C′était simplement un signe d′irritation et de honte. Como Morel me advertía carente de maldad hacia él, sinceramente afecto al señor de Charlus y por otra parte de una absoluta indiferencia física frente a ambos, acabó por manifestarme los mismos sentimientos de calurosa simpatía de una cocotte que sabe que uno no la desea, es amigo sincero de su amante y no tratará de disgustarlos. No sólo me hablaba como lo hacía otrora Raquel, la querida de Saint-Loup, sino que de acuerdo a lo que me repetía el señor de Charlus, le decía en mi ausencia las mismas cosas que las que de mí le decía Raquel a Roberto. En fin, el señor de Charlus me decía: “-Lo quiere mucho”, como Roberto: “-Te quiere mucho”. Y como el sobrino de parte de su querida, el tío me pedía a menudo, de parte de Morel, que fuera a cenar con ellos. Por otra parte, no había menos tormentas entre ellos que entre Roberto y Raquel. Es cierto que cuando Charlie (Morel) se había ido, el señor de Charlus no agotaba sus elogios repitiendo, lo que lo halagaba, que el violinista era muy bueno con él. Pero era visible, sin embargo, que Charlie parecía irritado a menudo, aun delante de los fieles, en lugar de parecer siempre feliz y sometido como lo deseara el barón. Esta irritación llegó incluso más tarde, debido a la debilidad que le hacía perdonar al señor de Charlus las actitudes inconvenientes de Morel, hasta el punto de que el violinista no trataba de ocultarlas y aun lo afectaba. He visto al señor de Charlus entrar a un vagón en el que estaba Charlie con algunos amigos militares y ser recibido por el músico alzando los hombres y guiñando los ojos a sus compañeros. O si no hacía como que dormía, como alguien a quien esta llegada aburre sobremanera. O se ponía a toser; los otros se reían y simulaban, para burlarse, el vocabulario amanerado de los hombres similares al señor de Charlus; y se llevaban a un rincón a Charlie, que finalmente volvía, como si lo obligaran, hacia el señor de Charlus, cuyo corazón se veía dolido por todas esas ocurrencias. Es inconcebible que las soportara; y estas formas cada vez diferentes de sufrimiento, planteaban de nuevo el problema de la felicidad para el señor de Charlus y lo obligaban no sólo a pedir más, sino a desear otra cosa, ya que la combinación anterior se hallaba viciada por un recuerdo horrible. Y sin embargo, por penosas que luego fueran esas escenas, hay que reconocer que en los primeros tiempos, el genio del hombre del pueblo francés dibujaba para Morel; le hacía revestir encantadoras formas de sencillez, de aparente franqueza y hasta de una altivez independiente, que parecía inspirada por el desinterés. Eso era falso, pero la ventaja de la actitud estaba tanto más a favor de Morel cuanto que mientras quien ama se ve obligado a volver siempre a la carga e insistir sobrepujando, le es por el contrario, fácil al que no ama, seguir una línea recta, inflexible y graciosa. Existía por el privilegio de la raza en el rostro tan abierto de ese Morel de tan cerrado corazón, ese rostro adornado por la gracia neohelénica que florece en las basílicas de la Champagne. A pesar de su altivez ficticia al percibir a menudo al señor de Charlus en un momento inesperado, se sentía molesto frente al pequeño clan, se ruborizaba y bajaba los ojos con gran deleite del barón, que veía en ello toda una novela. Era sencillamente una prueba de irritación y vergüenza.
La première s′exprimait parfois; car, si calme et énergiquement décente que fût habituellement l′attitude de Morel, elle n′allait pas sans se démentir souvent. Parfois même, à quelque mot que lui disait le baron éclatait, de la part de Morel, sur un ton dur, une réplique insolente dont tout le monde était choqué. M. de Charlus baissait la tête d′un air triste, ne répondait rien, et, avec la faculté de croire que rien n′a été remarqué de la froideur, de la dureté de leurs enfants qu′ont les pères idolâtres, n′en continuait pas moins à chanter les louanges du violoniste. M. de Charlus n′était d′ailleurs pas toujours aussi soumis, mais ses rébellions n′atteignaient généralement pas leur but, surtout parce qu′ayant vécu avec des gens du monde, dans le calcul des réactions qu′il pouvait éveiller il tenait compte de la bassesse, sinon originelle, du moins acquise par l′éducation. Or, à la place, il rencontrait chez Morel quelque velléité plébéienne d′indifférence momentanée. Malheureusement pour M. de Charlus, il ne comprenait pas que, pour Morel, tout cédait devant les questions où le Conservatoire et la bonne réputation au Conservatoire (mais ceci, qui devait être plus grave, ne se posait pas pour le moment) entraient en jeu. Ainsi, par exemple, les bourgeois changent aisément de nom par vanité, les grands seigneurs par avantage. Pour le jeune violoniste, au contraire, le nom de Morel était indissolublement lié à son Ier prix de violon, donc impossible à modifier. M. de Charlus aurait voulu que Morel tînt tout de lui, même son nom. S′étant avisé que le prénom de Morel était Charles, qui ressemblait à Charlus, et que la propriété où ils se voyaient s′appelait les Charmes, il voulut persuader à Morel qu′un joli nom agréable à dire étant la moitié d′une réputation artistique, le virtuose devait sans hésiter prendre le nom de «Charmel», allusion discrète au lieu de leurs rendez-vous. Morel haussa les épaules. En dernier argument M. de Charlus eut la malheureuse idée d′ajouter qu′il avait un valet de chambre qui s′appelait ainsi. Il ne fit qu′exciter la furieuse indignation du jeune homme. «Il y eut un temps où mes ancêtres étaient fiers du titre de valet de chambre, de maîtres d′hôtel du Roi. — Il y en eut un autre, répondit fièrement Morel, où mes ancêtres firent couper le cou aux vôtres.» M. de Charlus eût été bien étonné s′il eût pu supposer que, à défaut de «Charmel», résigné à adopter Morel et à lui donner un des titres de la famille de Guermantes desquels il disposait, mais que les circonstances, comme on le verra, ne lui permirent pas d′offrir au violoniste, celui-ci eût refusé en pensant à la réputation artistique attachée à son nom de Morel et aux commentaires qu′on eût faits à «la classe». Tant au-dessus du faubourg Saint–Germain il plaçait la rue Bergère. Force fut à M. de Charlus de se contenter, pour l′instant, de faire faire à Morel des bagues symboliques portant l′antique inscription: PLVS VLTRA CAROLVS. Certes, devant, un adversaire d′une sorte qu′il ne connaissait pas, M. de Charlus aurait dû changer de tactique. La primera se expresaba a veces; porque por tranquila y enérgicamente decente que fuese de costumbre la actitud de Morel, no por eso dejaba de desmentirse a menudo. A veces hasta llegaba a estallar por parte de Morel y ante alguna palabra del barón, en una réplica insolente, cuyo tono cortante chocaba a todos. El señor de Charlus bajaba la cabeza, tristemente, nada contestaba, y con la facultad de creer que no se ha advertido la frialdad y la dureza de sus hijos propia de los padres idólatras, no por ello dejaba de entonar las alabanzas del violinista. El señor de Charlus no siempre era, por otra parte, tan sumiso, pero sus rebeldías no alcanzaban generalmente su objeto, sobre todo porque había vivido con gente de mundo y en el cálculo de las reacciones que podía despertar, tenía en cuenta la bajeza, ya que no original, por lo menos adquirida por la educación. Y en cambio, en ese lugar encontraba en Morel alguna veleidad plebeya de momentánea indiferencia. Desgraciadamente para el señor de Charlus no entendía que en Morel todo cedía ante las cuestiones en que el Conservatorio (y la buena reputación en el Conservatorio, pero esto que era más grave no se planteaba por el momento) entraba en juego. Así, por ejemplo, los burgueses cambian fácilmente su nombre por vanidad y los grandes señores por ventaja. Para el joven violinista, al contrario, el nombre de Morel estaba indisolublemente vinculado a su primer premio de violín, por lo tanto imposible de modificar. El señor de Charlus hubiese querido que Morel lo tuviese todo suyo, hasta su nombre. Como advirtiera que el nombre de Morel era Carlos que se parecía a Charlus y que la propiedad en donde se reunían se llamaba los Encantos,46 quiso convencer a Morel de que como un nombre hermoso y grato de pronunciar es la mitad de una reputación artística, el virtuoso sin vacilar debía adoptar el nombre de Charmel, alusión discreta al lugar de sus entrevistas. Morel alzó los hombros. Como último argumento, el señor de Charlus tuvo la malhadada idea de agregar que un mucamo suyo se había llamado así. No hizo sino excitar la furiosa indignación del joven. “-Hubo un tiempo en que mis antepasados se enorgullecían de su título de mucamos y maestresalas del rey. Hubo otro -contestó altivamente Morell- en que mis antepasados le cortaron el cuello a los suyos”. El señor de Charlus se hubiese asombrado de haber podido suponer que a falta de “Charmel”, resignado a adoptarlo a Morel y a brindarle unos de los títulos de la familia de Guermantes de que disponía, pero que como se verá las circunstancias no le permitieron ofrecer al violinista éste rehusara pensando en la fama artística vinculada a su nombre de Morel y los comentarios que pudiesen tener lugar en la “clase”. A tal punto colocaba a la calle Bergére por encima del barrio de Saint-Germain. El señor de Charlus no tuvo otro remedio que conformarse momentáneamente mandando hacer a Morel unos anillos simbólicos con la antigua inscripción: Plvs Vltra Carol S. Ciertamente, ante un adversario de una calidad desconocida, el señor de Charlus debió cambiar su táctica.
Mais qui en est capable? Du reste, si M. de Charlus avait des maladresses, il n′en manquait pas non plus à Morel. Bien plus que la circonstance même qui amena la rupture, ce qui devait, au moins provisoirement (mais ce provisoire se trouva être définitif), le perdre, auprès de M. de Charlus, c′est qu′il n′y avait pas en lui que la bassesse qui le faisait être plat devant la dureté et répondre par l′insolence à la douceur. Parallèlement à cette bassesse de nature, il y avait une neurasthénie compliquée de mauvaise éducation, qui, s′éveillant dans toute circonstance où il était en faute ou devenait à charge, faisait qu′au moment même où il aurait eu besoin de toute sa gentillesse, de toute sa douceur, de toute sa gaieté pour désarmer le baron, il devenait sombre, hargneux, cherchait à entamer des discussions où il savait qu′on n′était pas d′accord avec lui, soutenait son point de vue hostile avec une faiblesse de raisons et une violence tranchante qui augmentait cette faiblesse même. Car, bien vite à court d′arguments, il en inventait quand même, dans lesquels se déployait toute l′étendue de son ignorance et de sa bêtise. Elles perçaient à peine quand il était aimable et ne cherchait qu′à plaire. Au contraire, on ne voyait plus qu′elles dans ses accès d′humeur sombre, où d′inoffensives elles devenaient haî²³ables. Alors M. de Charlus se sentait excédé, ne mettait son espoir que dans un lendemain meilleur, tandis que Morel, oubliant que le baron le faisait vivre fastueusement, avec un sourire ironique de pitié supérieure, et disait: «Je n′ai jamais rien accepté de personne. Comme cela je n′ai personne à qui je doive un seul merci.» Pero, ¿quién es capaz de ello? Por otra parte, si el señor de Charlus cometía torpezas, Morel no dejaba también de cometerlas. Aún más que la circunstancia que provocó la ruptura, lo que debía provisionalmente perderlo (pero ese provisorio resultó ser definitivo) con el señor de Charlus, es que en él no sólo había esa bajeza que lo aplanaba ante la severidad y le hacía contestar con insolencia a la dulzura. Paralela con esa baja naturaleza tenía una neurastenia complicada de mala educación que se despertaba en todas las oportunidades en que estaba en falta o estaba a cargo; y en el mismo momento en que necesitara toda su gentileza, toda su dulzura y toda su alegría para desarmarlo al barón, se ponía sombrío, agresivo, trataba de iniciar discusiones cuando sabía que no estaban de acuerdo con él y defendía su punto de vista hostil con una debilidad de argumentos y una violencia cortante que aumentaba esa misma debilidad. Porque carente muy pronto de argumentos, los inventaba a pesar de todo, con lo que desplegaba en toda su amplitud su ignorancia y su torpeza. Eran apenas visibles cuando era amable y sólo trataba de complacer. Al contrario, era lo único que se le veía, en esos ataques de humor sombrío en que de inofensivas se hacían odiosas. Entonces el señor de Charlus se sentía harto y no ponía su esperanza sino en un mañana mejor mientras que Morel se olvidaba de que el barón lo hacía vivir fastuosamente, tenía una sonrisa de compasión superior y decía: “-Nunca le acepté nada a nadie. Por eso no existe nadie a quien le deba un solo agradecimiento”.
En attendant, et comme s′il eût eu affaire à un homme du monde, M. de Charlus continuait à exercer ses colères, vraies ou feintes, mais devenues inutiles. Elles ne l′étaient pas toujours cependant. Ainsi, un jour (qui se place d′ailleurs après cette première période) où le baron revenait avec Charlie et moi d′un déjeuner chez les Verdurin, croyant passer la fin de l′après-midi et la soirée avec le violoniste à Doncières, l′adieu de celui-ci, dès au sortir du train, qui répondit: «Non, j′ai à faire», causa à M. de Charlus une déception si forte que, bien qu′il eût essayé de faire contre mauvaise fortune bon coeur, je vis des larmes faire fondre le fard de ses cils, tandis qu′il restait hébété devant le train. Cette douleur fut telle que, comme nous comptions, elle et moi, finir la journée à Doncières, je dis à Albertine, à l′oreille, que je voudrais bien que nous ne laissions pas seul M. de Charlus qui me semblait, je ne savais pourquoi, chagriné. La chère petite accepta de grand coeur. Je demandai alors à M. de Charlus s′il ne voulait pas que je l′accompagnasse un peu. Lui aussi accepta, mais refusa de déranger pour cela ma cousine. Je trouvai une certaine douceur (et sans doute pour une dernière fois, puisque j′étais résolu de rompre avec elle) à lui ordonner doucement, comme si elle avait été ma femme: «Rentre de ton côté, je te retrouverai ce soir», et à l′entendre, comme une épouse aurait fait, me donner la permission de faire comme je voudrais, et m′approuver, si M. de Charlus, qu′elle aimait bien, avait besoin de moi, de me mettre à sa disposition. Nous allâmes, le baron et moi, lui dandinant son gros corps, ses yeux de jésuite baissés, moi le suivant, jusqu′à un café où on nous apporta de la bière. Je sentis les yeux de M. de Charlus attachés par l′inquiétude à quelque projet. Tout à coup il demanda du papier et de l′encre et se mit à écrire avec une vitesse singulière. Pendant qu′il couvrait feuille après feuille, ses yeux étincelaient d′une rêverie rageuse. Mientras tanto y como si tuviera que habérselas con un hombre de mundo, el señor de Charlus continuaba ejerciendo sus cóleras, verdaderas o fingidas, pero ya inútiles. Sin embargo, no siempre lo eran. Así un día (que por otra parte se ubica después de este primer período), en que volvía el barón con Charlie y conmigo de un almuerzo en casa de los Verdurin, creyendo que pasaba el fin de la tarde y la noche con el violinista en Doncières, la despedida de éste al salir del tren y contestarle: “-No; tengo que hacer”, le causó al señor de Charlus una desilusión tan fuerte, que aunque quisiera hacer de tripas corazón, vi que las lágrimas disolvían el cosmético de sus pestañas, mientras se quedaba estupefacto frente al tren. Tal fue ese dolor, que como habíamos proyectado ella y yo terminar el día en Doncières, le dije a Albertina al oído, que me gustaría no dejarlo solo al señor de Charlus, que me parecía, no sabía por qué, muy apesadumbrado. La querida pequeña aceptó de buen grado. Le pregunté entonces al señor de Charlus si no quería que lo acompañase un poco. Él también aceptó, pero se negó a molestar para ello a mi prima. Me pareció que tenía cierta dulzura (y sin duda, por última vez ya que estaba resuelto a romper con ella) ordenarle suavemente como si hubiera sido mi mujer: “-Vuelve sola; te encontraré esta noche”, y oírla como lo hubiera hecho una esposa, autorizándome para hacer lo que quisiera y aprobarme, si me necesitaba el señor de Charlus, al que quería mucho, que me pusiera a su disposición. Nos fuimos el barón y yo; él contoneando su cuerpo voluminoso, con sus ojos entornados de jesuita, y yo siguiéndolo hasta un café donde nos sirvieron cerveza. Yo sentí que los ojos del señor de Charlus estaban fijos por la inquietud en algún proyecto. De pronto pidió papel y tinta y se puso a escribir con una rapidez singular. Mientras cubría hoja tras hoja, sus ojos relucían con un rabioso ensueño.
Quand il eut écrit huit pages: «Puis-je vous demander un grand service? me dit-il. Excusez-moi de fermer ce mot. Mais il le faut. Vous allez prendre une voiture, une auto si vous pouvez, pour aller plus vite. Vous trouverez certainement encore Morel dans sa chambre, où il est allé se changer. Pauvre garçon, il a voulu faire le fendant au moment de nous quitter, mais soyez sûr qu′il a le coeur plus gros que moi. Vous allez lui donner ce mot et, s′il vous demande où vous m′avez vu, vous lui direz que vous vous étiez arrêté à Doncières (ce qui est, du reste, la vérité) pour voir Robert, ce qui ne l′est peut-être pas, mais que vous m′avez rencontré avec quelqu′un que vous ne connaissez pas, que j′avais l′air très en colère, que vous avez cru surprendre les mots d′envoi de témoins (je me bats demain, en effet). Surtout ne lui dites pas que je le demande, ne cherchez pas à le ramener, mais s′il veut venir avec vous, ne l′empêchez pas de le faire. Allez, mon enfant, c′est pour son bien, vous pouvez éviter un gros drame. Pendant que vous serez parti, je vais écrire à mes témoins. Je vous ai empêché de vous promener avec votre cousine. J′espère qu′elle ne m′en aura pas voulu, et même je le crois. Car c′est une âme noble et je sais qu′elle est de celles qui savent ne pas refuser la grandeur des circonstances. Il faudra que vous la remerciiez pour moi. Je lui suis personnellement redevable et il me plaît que ce soit ainsi.» J′avais grand′pitié de M. de Charlus; il me semblait que Charlie aurait pu empêcher ce duel, dont il était peut-être la cause, et j′étais révolté, si cela était ainsi, qu′il fût parti avec cette indifférence au lieu d′assister son protecteur. Mon indignation fut plus grande quand, en arrivant à la maison où logeait Morel, je reconnus la voix du violoniste, lequel, par le besoin qu′il avait d′épandre de la gaîté, chantait de tout coeur: «Le samedi soir, après le turrbin!» Si le pauvre M. de Charlus l′avait entendu, lui qui voulait qu′on crût, et croyait sans doute, que Morel avait en ce moment le coeur gros! Charlie se mit à danser de plaisir en m′apercevant. «Oh! mon vieux (pardonnez-moi de vous appeler ainsi, avec cette sacrée vie militaire on prend de sales habitudes), quelle veine de vous voir! Je n′ai rien à faire de ma soirée. Je vous en prie, passons-la ensemble. On restera ici si ça vous plaît, on ira en canot si vous aimez mieux, on fera de la musique, je n′ai aucune préférence.» Je lui dis que j′étais obligé de dîner à Balbec, il avait bonne envie que je l′y invitasse, mais je ne le voulais pas. «Mais si vous êtes si pressé, pourquoi êtes-vous venu? — Je vous apporte un mot de M. de Charlus.» A ce moment toute sa gaîté disparut; sa figure se contracta. «Comment! il faut qu′il vienne me relancer jusqu′ici! Alors je suis un esclave! Mon vieux, soyez gentil. Je n′ouvre pas la lettre. Vous lui direz que vous ne m′avez pas trouvé. — Ne feriez-vous pas mieux d′ouvrir? je me figure qu′il y a quelque chose de grave. — Cent fois non, vous ne connaissez pas les mensonges, les ruses infernales de ce vieux forban. C′est un truc pour que j′aille le voir. Hé bien! je n′irai pas, je veux la paix ce soir. — Mais est-ce qu′il n′y a pas un duel demain? demandai-je à Morel, que je supposais aussi au courant. — Un duel? me dit-il d′un air stupéfait. Je ne sais pas un mot de ça. Cuando hubo escrito ocho páginas: “-¿Puedo pedirle un gran favor?, me dijo. Discúlpeme si cierro esta carta. Pero es necesario. Va a tomar usted un coche, un auto si puede, para ir más ligero. Lo encontrará seguramente a Morel en el cuarto donde fue a mudarse. ¡Pobre muchacho!, se ha querido hacer el fanfarrón en el momento de dejarnos, pero puedo asegurarle que está más conmovido que yo. Usted le entregará estas líneas y si le pregunta dónde me ha visto, le dirá que se había detenido en Doncières (lo que, por otra parte, es verdad), para verlo a Roberto, lo que quizás no lo sea, pero que me encontró con un desconocido; que parecía muy encolerizado; que creyó sorprender las palabras mandar los testigos (en efecto, mariana tengo un duelo). Sobre todo no le diga que yo lo solicito, no trate de traerlo con usted, pero si quiere acompañarlo, no se lo impida. Vaya, hijo; es por su bien: usted puede evitar un drama. Mientras esté afuera, le escribiré a mis testigos. Le impedí pasearse con su prima. Supongo que ella no me guardará rencor y hasta lo creo. Porque es un alma noble y sé que es una de esas mujeres que saben no rechazar la grandeza de las circunstancias. Tendrá que agradecerle en mi nombre. Le soy acreedor personalmente y me complace que así sea”. Tenía mucha piedad del señor de Charlus; me parecía que Charlie pudo haber impedido ese duelo del que quizás era la causa y me rebelaba, si así era, que hubiese partido con tanta indiferencia en lugar de asistir a su protector. Mi indignación fue más grande cuando al llegar a la casa donde vivía Morel, reconocí la voz del violinista, quien por necesidad de difundir su alegría, cantaba a voz en cuello: “-El sábado por la noche después del trabajo”. Si lo hubiese oído el pobre señor de Charlus, él que quería que creyesen y que creía sin duda que en este momento Morel estaba apenado. Al verme Charlie se puso a bailar de contento. “-¡Oh, viejo! (perdóneme que lo llame en esta forma; ¡esta bendita vida militar le hace adquirir unas costumbres a uno!), ¡qué suerte verlo! No tengo nada que hacer esta noche. Se lo ruego, pasémosla juntos. Nos quedaremos aquí si le gusta; pasearemos en bote, si lo prefiere”. Le dije que debía ir a Balbec; tenía bastantes ganas que lo invitara, pero yo no quería. “-Pero si está tan apurado, ¿para qué vino?” “-Le traigo una carta del señor de Charlus”. En ese momento desapareció toda su alegría; su rostro se contrajo. “-¡Cómo! Tiene que venir a perseguirme hasta aquí. Entonces soy un esclavo. Viejo, sea amable. No abro la carta. Usted le dirá que no me ha encontrado”. “-¿No haría mejor si la abriese?; me imagino que pasa algo grave”. “bCien veces no; usted no conoce las mentiras y las astucias infernales de ese viejo pícaro. Es un truco para que vaya a verlo. Y bueno, no iré; quiero tranquilidad esta noche”. “-¿Pero no hay un duelo mañana?”, le pregunté a Morel, que suponía enterado también. “-¿Un duelo? -me dijo estupefacto-. No sé ni una palabra.
Après tout, je m′en fous, ce vieux dégoûtant peut bien se faire zigouiller si ça lui plaît. Mais tenez, vous m′intriguez, je vais tout de même voir sa lettre. Vous lui direz que vous l′avez laissée à tout hasard pour le cas où je rentrerais.» Tandis que Morel me parlait, je regardais avec stupéfaction les admirables livres que lui avait donnés M. de Charlus et qui encombraient la chambre. Le violoniste ayant refusé ceux qui portaient: «Je suis au baron, etc . . . » devise qui lui semblait insultante pour lui-même comme un signe d′appartenance, le baron, avec l′ingéniosité sentimentale où se complaît l′amour malheureux, en avait varié d′autres, provenant d′ancêtres, mais commandées au relieur selon les circonstances d′une mélancolique amitié. Quelquefois elles étaient brèves et confiantes, comme «Spes mea», ou comme «Exspectata non eludet». Quelquefois seulement résignées, comme «J′attendrai». Certaines galantes: «Mesmes plaisir du mestre», ou conseillant la chasteté, comme celle empruntée aux Simiane, semée de tours d′azur et de fleurs de lis et détournée de son sens: «Sustentant lilia turres». D′autres enfin désespérées et donnant rendez-vous au ciel à celui qui n′avait pas voulu de lui sur la terre: «Manet ultima coelo», et, trouvant trop verte la grappe qu′il ne pouvait atteindre, feignant de n′avoir pas recherché ce qu′il n′avait pas obtenu, M. de Charlus disait dans l′une: «Non mortale quod opto». Mais je n′eus pas le temps de les voir toutes. Después de todo, me importa un comino; ese viejo asqueroso puede hacerse matar si le gusta. Pero mire, usted me intriga; veré su carta de cualquier manera. Usted le dirá que la dejó por si acaso volviera”. Mientras me hablaba Morel yo miraba con estupor los libros admirables que le había regalado el señor de Charlus y que llenaban su cuarto. Como el violinista había rechazado los que decían “Pertenezco al barón, etc...”, divisa que le parecía insultante por sí misma, como una señal de posesión, el barón, con la ingeniosidad sentimental en que se volcaba el amor desgraciado había variado otras, provenientes de sus antepasados, pero encargadas al encuadernador de acuerdo a las circunstancias de una amistad melancólica. A veces eran breves y confiadas como Spes mea o como Ea pectata non eludet. Sólo a veces resignada como “Esperaré”. Algunas galantes: Mesmes plaisir du mestre47 o que aconsejaba la castidad como aquella de los Simiane, sembrada con torres de azul yflores de lis yapartada de todo sentido: Sustendant lilia turres. Otras, en fin, desesperadas yque daban cita en el cielo al que no lo había querido en la tierra: Manet ultima caelo y (pareciéndole que estaban verdes las uvas que no pudo alcanzar), fingiendo que no había buscado lo que no había conseguido, el señor de Charlus decía en una: Non mortale quod opto. Pero no tuve tiempo de verlas todas.
Si M. de Charlus, en jetant sur le papier cette lettre, avait paru en proie au démon de l′inspiration qui faisait courir sa plume, dès que Morel eut ouvert le cachet: Atavis et armis, chargé d′un léopard accompagné de deux roses de gueules, il se mit à lire avec une fièvre aussi grande qu′avait eue M. de Charlus en écrivant, et sur ces pages noircies à la diable ses regards ne couraient pas moins vite que la plume du baron. «Ah! mon Dieu! s′écria-t-il, il ne manquait plus que cela! mais où le trouver? Dieu sait où il est maintenant.» J′insinuai qu′en se pressant on le trouverait peut-être, encore à une brasserie où il avait demandé de la bière pour se remettre. «Je ne sais pas si je reviendrai», dit-il à sa femme de ménage, et il ajouta in petto: «Cela dépendra de la tournure que prendront les choses.» Quelques minutes après nous arrivions au café. Je remarquai l′air de M. de Charlus au moment où il m′aperçut. En voyant que je ne revenais pas seul, je sentis que la respiration, que la vie lui étaient rendues. Étant d′humeur, ce soir-là, à ne pouvoir se passer de Morel, il avait inventé qu′on lui avait rapporté que deux officiers du régiment avaient mal parlé de lui à propos du violoniste et qu′il allait leur envoyer des témoins. Morel avait vu le scandale, sa vie au régiment impossible, il était accouru. En quoi il n′avait pas absolument eu tort. Car pour rendre son mensonge plus vraisemblable, M. de Charlus avait déjà écrit à deux amis (l′un était Cottard) pour leur demander d′être ses témoins. Et si le violoniste n′était pas venu, il est certain que, fou comme était M. de Charlus (et pour changer sa tristesse en fureur), il les eût envoyés au hasard à un officier quelconque, avec lequel ce lui eût été un soulagement de se battre. Pendant ce temps, M. de Charlus, se rappelant qu′il était de race plus pure que la Maison de France, se disait qu′il était bien bon de se faire tant de mauvais sang pour le fils d′un maître d′hôtel, dont il n′eût pas daigné fréquenter le maître. D′autre part, s′il ne se plaisait plus guère que dans la fréquentation de la crapule, la profonde habitude qu′a celle-ci de ne pas répondre à une lettre, de manquer à un rendez-vous sans prévenir, sans s′excuser après, lui donnait, comme il s′agissait souvent d′amours, tant d′émotions et, le reste du temps, lui causait tant d′agacement, de gêne et de rage, qu′il en arrivait parfois à regretter la multiplicité de lettres pour un rien, l′exactitude scrupuleuse des ambassadeurs et des princes, lesquels, s′ils lui étaient malheureusement indifférents, lui donnaient malgré tout une espèce de repos. Habitué aux façons de Morel et sachant combien il avait peu de prise sur lui et était incapable de s′insinuer dans une vie où des camaraderies vulgaires, mais consacrées par l′habitude, prenaient trop de place et de temps pour qu′on gardât une heure au grand seigneur évincé, orgueilleux et vainement implorant, M. de Charlus était tellement persuadé que le musicien ne viendrait pas, il avait tellement peur de s′être à jamais brouillé avec lui en allant trop loin, qu′il eut peine à retenir un cri en le voyant. Mais, se sentant vainqueur, il tint à dicter les conditions de la paix et à en tirer lui-même les avantages qu′il pouvait. «Que venez-vous faire ici? lui dit-il. Et vous? ajouta-t-il en me regardant, je vous avais recommandé surtout de ne pas le ramener. — Il ne voulait pas me ramener, dit Morel (en roulant vers M. de Charlus, dans la naîµ¥té de sa coquetterie, des regards conventionnellement tristes et langoureusement démodés, avec un air, jugé sans doute irrésistible, de vouloir embrasser le baron et d′avoir envie de pleurer), c′est moi qui suis venu malgré lui. Je viens au nom de notre amitié pour vous supplier à deux genoux de ne pas faire cette folie.» M. de Charlus délirait de joie. La réaction était bien forte pour ses nerfs; malgré cela il en resta le maître. «L′amitié, que vous invoquez assez inopportunément, répondit-il d′un ton sec, devrait au contraire me faire approuver de vous quand je ne crois pas devoir laisser passer les impertinences d′un sot. D′ailleurs, si je voulais obéir aux prières d′une affection que j′ai connue mieux inspirée, je n′en aurais plus le pouvoir, mes lettres pour mes témoins sont parties et je ne doute pas de leur acceptation. Vous avez toujours agi avec moi comme un petit imbécile et, au lieu de vous enorgueillir, comme vous en aviez le droit, de la prédilection que je vous avais marquée, au lieu de faire comprendre à la tourbe d′adjudants ou de domestiques au milieu desquels la loi militaire vous force de vivre quel motif d′incomparable fierté était pour vous une amitié comme la mienne, vous avez cherché à vous excuser, presque à vous faire un mérite stupide de ne pas être assez reconnaissant. Je sais qu′en cela, ajouta-t-il, pour ne pas laisser voir combien certaines scènes l′avaient humilié, vous n′êtes coupable que de vous être laissé mener par la jalousie des autres. Mais comment, à votre âge, êtes-vous assez enfant (et enfant assez mal élevé) pour n′avoir pas deviné tout de suite que votre élection par moi et tous les avantages qui devaient en résulter pour vous allaient exciter des jalousies? que tous vos camarades, pendant qu′ils vous excitaient à vous brouiller avec moi, allaient travailler à prendre votre place? Je n′ai pas cru devoir vous avertir des lettres que j′ai reçues à cet égard de tous ceux à qui vous vous fiez le plus. Je dédaigne autant les avances de ces larbins que leurs inopérantes moqueries. La seule personne dont je me soucie, c′est vous parce que je vous aime bien, mais l′affection a des bornes et vous auriez dû vous en douter.» Si dur que le mot de «larbin» pût être aux oreilles de Morel, dont le père l′avait été, mais justement parce que son père l′avait été, l′explication de toutes les mésaventures sociales par la «jalousie», explication simpliste et absurde, mais inusable et qui, dans une certaine classe, «prend» toujours d′une façon aussi infaillible que les vieux trucs auprès du public des théâtres, ou la menace du péril clérical dans les assemblées, trouvait chez lui une créance presque aussi forte que chez Françoise ou les domestiques de Mme de Guermantes, pour qui c′était la seule cause des malheurs de l′humanité. Il ne douta pas que ses camarades n′eussent essayé de lui chiper sa place et ne fut que plus malheureux de ce duel calamiteux et d′ailleurs imaginaire. «Oh! quel désespoir, s′écria Charlie. Je n′y survivrai pas. Mais ils ne doivent pas vous voir avant d′aller trouver cet officier? — Je ne sais pas, je pense que si. J′ai fait dire à l′un d′eux que je resterais ici ce soir, et je lui donnerai mes instructions. — J′espère d′ici sa venue vous faire entendre raison; permettez-moi seulement de rester auprès de vous», lui demanda tendrement Morel. C′était tout ce que voulait M. de Charlus. Il ne céda pas du premier coup. «Vous auriez tort d′appliquer ici le «qui aime bien châtie bien» du proverbe, car c′est vous que j′aimais bien, et j′entends châtier, même après notre brouille, ceux qui ont lâchement essayé de vous faire du tort. Jusqu′ici, à leurs insinuations questionneuses, osant me demander comment un homme comme moi pouvait frayer avec un gigolo de votre espèce et sorti de rien, je n′ai répondu que par la devise de mes cousins La Rochefoucauld: «C′est mon plaisir.» Je vous ai même marqué plusieurs fois que ce plaisir était susceptible de devenir mon plus grand plaisir, sans qu′il résultât de votre arbitraire élévation un abaissement pour moi.» Et dans un mouvement d′orgueil presque fou, il s′écria en levant les bras: «Tantus ab uno splendor! Condescendre n′est pas descendre, ajouta-t-il avec plus de calme, après ce délire de fierté et de joie. J′espère au moins que mes deux adversaires, malgré leur rang inégal, sont d′un sang que je peux faire couler sans honte. J′ai pris à cet égard quelques renseignements discrets qui m′ont rassuré. Si vous gardiez pour moi quelque gratitude, vous devriez être fier, au contraire, de voir qu′à cause de vous je reprends l′humeur belliqueuse de mes ancêtres, disant comme eux, au cas d′une issue fatale, maintenant que j′ai compris le petit drôle que vous êtes: «Mort m′est vie.» Et M. de Charlus le disait sincèrement, non seulement par amour pour Morel, mais parce qu′un goût batailleur, qu′il croyait naîµ¥ment tenir de ses ax, lui donnait tant d′allégresse à la pensée de se battre que, ce duel machiné d′abord seulement pour faire venir Morel, il eût éprouvé maintenant du regret à y renoncer. Il n′avait jamais eu d′affaire sans se croire aussitôt valeureux et identifié à l′illustre connétable de Guermantes, alors que, pour tout autre, ce même acte d′aller sur le terrain lui paraissait de la dernière insignifiance. «Je crois que ce sera bien beau, nous dit-il sincèrement, en psalmodiant chaque terme. Voir Sarah Bernhardt dans l′Aiglon, qu′est-ce que c′est? du caca. Mounet–Sully dans Oedipe? caca. Tout au plus prend-il une certaine pâleur de transfiguration quand cela se passe dans les Arènes de Nîmes. Mais qu′est-ce que c′est à côté de cette chose inou voir batailler le propre descendant du Connétable?» Et à cette seule pensée, M. de Charlus, ne se tenant pas de joie, se mit à faire des contre-de-quarte qui, rappelant Molière, nous firent rapprocher prudemment de nous nos bocks, et craindre que les premiers croisements de fer blessassent les adversaires, le médecin et les témoins. «Quel spectacle tentant ce serait pour un peintre! Vous qui connaissez M. Elstir, me dit-il, vous devriez l′amener.» Je répondis qu′il n′était pas sur la côte. M. de Charlus m′insinua qu′on pourrait lui télégraphier. «Oh! je dis cela pour lui, ajouta-t-il devant mon silence. C′est toujours intéressant pour un maître —à mon avis il en est un-de fixer un exemple de pareille reviviscence ethnique. Et il n′y en a peut-être pas un par siècle.» Si el señor de Charlus al echar esta carta sobre el papel había parecido presa del demonio de la inspiración que le hacía correr la pluma, en cuanto Morel abrió el sello: Atavis et armis, cargado con un leopardo acompañado por dos rosas sobre gules, se puso a leer con una fiebre tan grande como la que había tenido el señor de Charlus al escribir, y por esas páginas ennegrecidas a la buena de Dios, sus miradas corrían menos ligero que la pluma del barón. -¡Ah, Dios mío! -eexclamó-, eso faltaba. ¿Pero dónde encontrarlo? Sabe Dios dónde está ahora”. Insinué que apresurándose quizás se le encontrara en una cervecería en la que había pedido cerveza para reponerse. “-No sé si volveré -le dijo a su casera, yagregó in petto-: eso dependerá del giro de los acontecimientos”. Algunos minutos después llegábamos al café. Noté el aspecto del señor de Charlus en el momento en que me advirtió. Al ver que no regresaba solo, sentí que le volvían la respiración y la vida. Como esa noche no estaba en humor de pasarla sin Morel, había inventado que según sus informes, dos oficiales del regimiento lo difamaran con respecto al violinista y que les iba a mandar los testigos. Morel previó el escándalo, su vida imposible en el cuartel, y había acudido. En lo que no procedió del todo mal. Porque para que su mentira fuese más verosímil, el señor de Charlus ya había escrito a dos amigos (uno era Cottard), pidiéndoles que fueran sus testigos. Y si no hubiera llegado el violinista es seguro que loco como estaba el señor de Charlus (y para cambiar en furor su tristeza) se los hubiese mandado al azar a cualquier oficial con el que batirse le resultaría un alivio. Mientras tanto, el señor de Charlus, que recordaba que su raza era más pura que la casa de Francia, se decía que era demasiado bueno al hacerse tanta mala sangre por el hijo de un maître, cuyo amo no hubiese desdeñado frecuentar. Por otra parte, si sólo estaba a gusto en la frecuentación de la crápula, la profunda costumbre que ésta tiene de no contestar una carta, no asistir a una cita sin aviso y no disculparse luego, le daba, como si se tratase de amores, a menudo tantas emociones y el tiempo restante le causaba tanto fastidio, molestias y rabia, que llegaba hasta lamentar la multiplicidad de cartas por una insignificancia, la exactitud escrupulosa de príncipes y embajadores, los que si desgraciadamente le eran indiferentes, representaban a pesar de todo algo así como un descanso. Acostumbrado a los modales de Morel y sabiendo hasta qué punto ejercía sobre él una influencia escasa, era incapaz de insinuarse en una vida en la que ocupaban demasiado lugar y tiempo unas camaraderías vulgares pero consagradas por la costumbre, para que se reservase una hora al gran señor suplantado, orgulloso e inútilmente implorante. El señor de Charlus estaba tan convencido de que no llegaría el músico, temía tanto haberse disgustado para siempre con él, yendo demasiado lejos, que apenas reprimió un grito al verlo. Pero al sentirse vencedor, quiso dictar las condiciones de paz y sacar él mismo las ventajas que podía. “-¿Qué viene a hacer aquí?”, le dijo. “-¿Y usted? - agregó mirándome-; le había recomendado especialmente que no lo trajese”. “-No quería traerme -dijo Morel, echando hacia el señor de Charlus, en el candor de su coquetería, unas miradas convencionalmente tristes y lánguidamente pasadas de moda, con un aspecto que sin duda estimaba irresistible de querer abrazarse al barón y de ganas de llorar-. Yo he venido a pesar de él. Vengo en nombre de nuestra amistad para suplicarle de rodillas que no cometa esa locura. El señor de Charlus deliraba de alegría. La reacción era fuerte para sus nervios; a pesar de ello los dominó. “-La amistad que invoca con bastante inoportunidad -contestó secamente- debía, por el contrario, hallar aprobación en usted, cuando no creo de mi deber dejar pasar las impertinencias de un tonto. Por otra parte, si quisiera obedecer las súplicas de un afecto que conocí mejor inspirado, ya no podría hacerlo las cartas para mis testigos ya han sido despachadas y no dudo de su aceptación. Usted siempre ha obrado conmigo como un pequeño imbécil, y si en lugar de enorgullecerse como tenía derecho por la preferencia que yo le había señalado, en lugar de hacerle comprender a la turba de ayudantes y sirvientes con que lo obliga a vivir la ley militar, qué motivo de incomparable orgullo era para usted una amistad como la mía, usted trató de disculparse, hasta transformar casi en un mérito estúpido el no ser lo suficientemente agradecido. Yo sé que en eso -agregó para no dejar traslucir hasta qué punto lo habían humillado ciertas escenass usted no tiene otra culpa que haberse dejado conducir por los celos de los demás. Pero, ¿cómo a su edad es usted tan niño (y niño bastante mal educado) para no haber adivinado en seguida que el haberlo elegido yo y todas las ventajas que debían resultarle de ello, iban a despertar celos y que todos sus compañeros mientras lo excitaban para que se disgustase conmigo, tratarían de ocupar su lugar? No creí oportuno mostrarle las cartas que he recibido a ese respecto de todos aquellos en quien más confía. Desdeño tanto las iniciativas de esos sirvientes como sus burlas inoperantes. La única persona de quien me preocupo, es usted, porque le tengo mucho afecto, pero el afecto tiene límites y debiera haberlo sospechado”. Por dura que pareciese la palabra “sirviente” a oídos de Morel, cuyo padre lo había sido, la explicación de todas las desventuras sociales por los “celos”, explicación simplista yabsurda pero inusable yque en cierta clase “prende” siempre de un modo tan infalible como los trucos gastados para el público de los teatros o la amenaza del peligro clerical en las asambleas, encontraba en él un crédito casi tan fuerte como en Francisca o los sirvientes de la señora de Guermantes, para quienes eran la única causa de las desgracias de la humanidad. No dudó que sus compañeros hubiesen tratado de robarle su lugar y ese duelo calamitoso y por otra parte imaginario no tuvo por efecto sino hacerlo más desgraciado. “-¡Oh!, ¡qué desesperación! -exclamó Charlie-. No podré sobrevivir. ¿Pero no tendrán que verlo antes de encontrarse con ese oficial?”. “-No sé; supongo que sí. Le avisé a uno de ellos que me quedaré aquí esta noche y le daré mis instrucciones”. “-Espero poder hacerlo entrar en razón hasta que llegue; permítame únicamente que me quede con usted”, le pidió tiernamente Morel. Era todo lo que quería el señor de Charlus. No cedió de primera intención. “-Se equivocaría usted si aplicara aquí el “porque te quiero te aporreo” del refrán, porque a usted es a quien quería y entiendo castigar, aun después de nuestro disgusto, a los que trataron cobardemente de perjudicarlo. Hasta entonces sólo he contestado sus insinuaciones inquisitivas, que se atrevían a preguntarme cómo un hombre de mi calidad podía vincularse con un gigoló de la suya, y salido de la nada, con la divisa de mis primos de La Rochefoucauld: “Es mi placer”. Le he señalado incluso algunas veces que ese placer era susceptible de convertirse en mi mayor placer, sin que de su arbitraria elevación resultase que yo me humillara”. Y en un movimiento casi enloquecido de orgullo, exclamó levantando los brazos: “Tantus ab uno splendor! Condescender, no es descender -agregó con más tranquilidad, después de ese delirio de altivez y alegría-. Supongo por lo menos que mis dos adversarios, a pesar de su distinto rango, tendrán una sangre como para poder hacerla correr sin vergüenza. He tomado a ese respecto algunos informes que me han tranquilizado. Si usted conservara alguna gratitud por mí, debía enorgullecerlo por el contrario que por causa suya retorne al espíritu belicoso de mis antepasados, diciendo como ellos en caso de un desenlace fatal, ahora que he comprendido qué pequeño ganapán es usted: “La muerte me es vida”. Y el señor de Charlus lo decía sinceramente, no sólo por amor de Morel, sino porque una afición batalladora que creía heredada candorosamente de sus antepasados, le proporcionaba tanta alegría ante la idea de batirse, que hubiese lamentado ahora renunciar a ese duelo imaginado primero, sólo para que acudiese Morel. Nunca había tenido un asunto sin creerse enseguida valiente e identificado con el ilustre condestable de Guermantes, mientras que para cualquier otro ese mismo acto de ir al campo le parecía de la más reducida insignificancia. “maCreo que será muy hermoso -nos dijo sinceramente salmodiando cada término-. Ver a Sarah Bernhardt en el Aiglon, ¿qué es? Caca. ¿Mounet-Sully en Edipo? Caca. A lo sumo adquiere cierta palidez de transfiguración cuando la acción transcurre en las arenas de Nimes. Pero, ¿qué es al lado de esa cosa inaudita, ver pelear al mismísimo descendiente del condestable?” Y ante ese solo pensamiento, no pudiendo contener su alegría, el señor de Charlus. se puso a parar unos contras en cuarta que recordaban a Molière, nos hicieron acercar prudentemente nuestros chops, temiendo que los primeros cruces de acero hiriesen a los adversarios, al médico y los testigos. “-¡Qué espectáculo tentador para un pintor! Usted que conoce al señor Elstir debiera traerlo”, me dijo. Le contesté que no estaba en la costa. El señor de Charlus me insinuó que se le podría telegrafiar. “-¡Oh!, lo digo en su beneficio -agregó ante mi silencio-. Siempre es interesante para un maestro - según mi opinión lo es- eternizar semejante ejemplo de resurrección étnica. Quizás no haya uno por siglo”.
Mais si M. de Charlus s′enchantait à la pensée d′un combat qu′il avait cru d′abord tout fictif, Morel pensait avec terreur aux potins qui, de la «musique» du régiment, pouvaient être colportés, grâce au bruit que ferait ce duel, jusqu′au temple de la rue Bergère. Voyant déjà la «classe» informée de tout, il devenait de plus en plus pressant auprès de M. de Charlus, lequel continuait à gesticuler devant l′enivrante idée de se battre. Il supplia le baron de lui permettre de ne pas le quitter jusqu′au surlendemain, jour supposé du duel, pour le garder à vue et tâcher de lui faire entendre la voix de la raison. Une si tendre proposition triompha des dernières hésitations de M. de Charlus. Il dit qu′il allait essayer de trouver une échappatoire, qu′il ferait remettre au surlendemain une résolution définitive. De cette façon, en n′arrangeant pas l′affaire tout d′un coup, M. de Charlus savait garder Charlie au moins deux jours et en profiter pour obtenir de lui des engagements pour l′avenir en échange de sa renonciation au duel, exercice, disait-il, qui par soi-même l′enchantait, et dont il ne se priverait pas sans regret. Et en cela d′ailleurs il était sincère, car il avait toujours pris plaisir à aller sur le terrain quand il s′agissait de croiser le fer ou d′échanger des balles avec un adversaire. Cottard arriva enfin, quoique mis très en retard, car, ravi de servir de témoin mais plus ému encore, il avait été obligé de s′arrêter à tous les cafés ou fermes de la route, en demandant qu′on voulût bien lui indiquer «le n° 100» ou le «petit endroit». Aussitôt qu′il fut là, le baron l′emmena dans une pièce isolée, car il trouvait plus réglementaire que Charlie et moi n′assistions pas à l′entrevue, et il excellait à donner à une chambre quelconque l′affectation provisoire de salle du trône ou des délibérations. Une fois seul avec Cottard, il le remercia chaleureusement, mais lui déclara qu′il semblait probable que le propos répété n′avait en réalité pas été tenu, et que, dans ces conditions, le docteur voulût bien avertir le second témoin que, sauf complications possibles, l′incident était considéré comme clos. Le danger s′éloignant, Cottard fut désappointé. Il voulut même un instant manifester de la colère, mais il se rappela qu′un de ses maîtres, qui avait fait la plus belle carrière médicale de son temps, ayant échoué la première fois à l′Académie pour deux voix seulement, avait fait contre mauvaise fortune bon coeur et était allé serrer la main du concurrent élu. Aussi le docteur se dispensa-t-il d′une expression de dépit qui n′eût plus rien changé, et après avoir murmuré, lui, le plus peureux des hommes, qu′il y a certaines choses qu′on ne peut laisser passer, il ajouta que c′était mieux ainsi, que cette solution le réjouissait. M. de Charlus, désireux de témoigner sa reconnaissance au docteur de la même façon que M. le duc son frère eût arrangé le col du paletot de mon père, comme une duchesse surtout eût tenu la taille à une plébéienne, approcha sa chaise tout près de celle du docteur, malgré le dégoût que celui-ci lui inspirait. Et non seulement sans plaisir physique, mais surmontant une répulsion physique, en Guermantes, non en inverti, pour dire adieu au docteur il lui prit la main et la lui caressa un moment avec une bonté de maître flattant le museau de son cheval et lui donnant du sucre. Mais Cottard, qui n′avait jamais laissé voir au baron qu′il eût même entendu courir de vagues mauvais bruits sur ses moeurs, et ne l′en considérait pas moins, dans son for intérieur, comme faisant partie de la classe des «anormaux» (même, avec son habituelle impropriété de termes et sur le ton le plus sérieux, il disait d′un valet de chambre de M. Verdurin: «Est-ce que ce n′est pas la maîtresse du baron?»), personnages dont il avait peu l′expérience, il se figura que cette caresse de la main était le prélude immédiat d′un viol, pour l′accomplissement duquel il avait été, le duel n′ayant servi que de prétexte, attiré dans un guet-apens et conduit par le baron dans ce salon solitaire où il allait être pris de force. N′osant quitter sa chaise, où la peur le tenait cloué, il roulait des yeux d′épouvante, comme tombé aux mains d′un sauvage dont il n′était pas bien assuré qu′il ne se nourrît pas de chair humaine. Pero si el señor de Charlus se encantaba pensando en un combate que había creído ficticio al principio, Morel pensaba con terror en los chismes que podrían surgir de la “música” del cuartel, gracias al rumor de ese duelo que llegaría hasta el templo de la calle Bergére. Al imaginarse ya a la “clase” informada de todo, se hacía cada vez más apremiante con el señor de Charlus, quien seguía gesticulando ante la embriagadora idea de batirse. Suplicó al barón que le permitiera acompañarlo hasta el día siguiente, día supuesto del duelo, para vigilarlo y tratar de hacerle escuchar la voz de la razón. Una propuesta tan tierna triunfó sobre las últimas vacilaciones del señor de Charlus. Dijo que trataría de encontrar una escapatoria y que haría postergar un día más su resolución definitiva. De esta manera, al no arreglar de golpe el asunto, el señor de Charlus sabía retenerlo a Charlie, dos días por lo menos, y aprovechaba para conseguir de él unos compromisos para el porvenir a cambio de su renuncia al duelo, ejercicio decía él, que le encantaba por sí mismo, y del que no se privaría sin lamentarlo. Y en eso, por otra parte, era sincero, porque siempre le había gustado ir al terreno cuando se trataba de cruzar el acero o cambiar unas balas con un adversario. Cottard llegó por fin, aunque con mucho atraso, porque encantado de servir como testigo pero aún más conmovido, se había visto obligado a detenerse en todos los cafés y granjas del camino, pidiendo que le quisieran indicar por favor el “número 100” o el “excusado”. Tan pronto llegó, el barón lo llevó a un cuarto aislado, porque le parecía más reglamentario que ni Charlie ni yo asistiéramos a la entrevista, y era muy hábil, para darle a un cuarto cualquiera el uso provisorio de sala del trono o de los debates. Una vez a solas con Cottard se lo agradeció calurosamente, pero le declaró que parecía probable que los términos repetidos no habían sido dichos en realidad y que en esas condiciones, el médico tuviese a bien advertir al otro testigo que salvo posibles complicaciones, el incidente debía considerarse liquidado. Al alejarse el peligro, Cottard se desilusionó. Hasta por un instante quiso expresar su indignación, pero recordó que uno de sus maestros que había realizado la más hermosa carrera médica de su tiempo, al fracasar por sólo dos votos en la Academia, había hecho de tripas corazón y fue a darle la mano al competidor elegido. Por eso el médico evitó una expresión de despecho que ya no hubiera alterado nada, y después de haber murmurado, él, el más miedoso de los hombres, que no pueden dejarse pasar ciertas cosas, agregó que así era mejor y que esa solución lo alegraba. El señor de Charlus, deseando demostrar su agradecimiento al médico del mismo modo que su hermano el duque le hubiese arreglado el cuello de su sobretodo a mi padre y sobre todo en la misma forma en que una duquesa hubiese tocado la cintura de una plebeya, acercó su silla muy junto a la del doctor, a pesar del asco que éste le inspiraba. Y no sólo sin placer, sino dominando una repulsión física, como Guermantes y no como invertido, para despedirse del doctor, le tomó la mano y se la acarició un momento con la bondad del amo que acaricia el hocico de su caballo y le da azúcar. Pero Cottard, que nunca le había dejado suponer al barón que ni siquiera hubiese oído vagas maledicencias acerca de sus costumbres y no por eso dejaba de considerarlo en su fuero interno corno integrante de la clase de los “anormales” (y hasta con su habitual falta de propiedad decía de un mucamo del señor Verdurin: “¿No es la querida del barón?”), personajes a los que estaba poco acostumbrado, se imaginó que esta caricia de la mano era el preludio inmediato de una violación para cuyo cumplimiento -ya que el duelo no había sido sino un pretexto- lo había atraído a una celada y llevado el barón hasta ese salón solitario en que iba a ser tomado a la fuerza. Sin atreverse a dejar la silla en donde lo clavaba el miedo, giraba ojos espantados, como si hubiese caído en manos de un salvaje y no estuviera muy seguro de que Se alimentara de carne humana.
Enfin M. de Charlus, lui lâchant la main et voulant être aimable jusqu′au bout: «Vous allez prendre quelque chose avec nous, comme on dit, ce qu′on appelait autrefois un mazagran ou un gloria, boissons qu′on ne trouve plus, comme curiosités archéologiques, que dans les pièces de Labiche et les cafés de Doncières. Un «gloria» serait assez convenable au lieu, n′est-ce pas, et aux circonstances, qu′en dites-vous? — Je suis président de la ligue antialcoolique, répondit Cottard. Il suffirait que quelque médicastre de province passât, pour qu′on dise que je ne prêche pas d′exemple. Os homini sublime dedit coelumque tueri», ajouta-t-il, bien que cela n′eût aucun rapport, mais parce que son stock de citations latines était assez pauvre, suffisant d′ailleurs pour émerveiller ses élèves. M. de Charlus haussa les épaules et ramena Cottard auprès de nous, après lui avoir demandé un secret qui lui importait d′autant plus que le motif du duel avorté était purement imaginaire. Il fallait empêcher qu′il parvînt aux oreilles de l′officier arbitrairement mis en cause. Tandis que nous buvions tous quatre, Mme Cottard, qui attendait son mari dehors, devant la porte, et que M. de Charlus avait très bien vue, mais qu′il ne se souciait pas d′attirer, entra et dit bonjour au baron, qui lui tendit la main comme à une chambrière, sans bouger de sa chaise, partie en roi qui reçoit des hommages, partie en snob qui ne veut pas qu′une femme peu élégante s′asseye à sa table, partie en égoî²´e qui a du plaisir à être seul avec ses amis et ne veut pas être embêté. Mme Cottard resta donc debout à parler à M. de Charlus et à son mari. Mais peut-être parce que la politesse, ce qu′on a «à faire», n′est pas le privilège exclusif des Guermantes, et peut tout d′un coup illuminer et guider les cerveaux les plus incertains, ou parce que, trompant beaucoup sa femme, Cottard avait par moments, par une espèce de revanche, le besoin de la protéger contre qui lui manquait, brusquement le docteur fronça le sourcil, ce que je ne lui avais jamais vu faire, et sans consulter M. de Charlus, en maître: «Voyons, Léontine, ne reste donc pas debout, assieds-toi. — Mais est-ce que je ne vous dérange pas?» demanda timidement Mme Cottard à M. de Charlus, lequel, surpris du ton du docteur, n′avait rien répondu. Et sans lui en donner cette seconde fois le temps, Cottard reprit avec autorité: «Je t′ai dit de t′asseoir.» Por fin el señor de Charlus le soltó la mano, y como quería ser amable hasta el final: “-Va a tomar usted algo con nosotros, como se suele decir, lo que antes se llamaba un mazagrán o un gloria, bebidas que sólo se encuentran como curiosidades arqueológicas en las piezas de Labiche y en los cafés de Doncières. Un “gloria” sería bastante adecuado al lugar, ¿verdad?, y a las circunstancias. ¿Qué le parece?”. “-Soy presidente de la liga antialcohólica -contestó Cottardd-. Bastaría que pasara algún medicastro de campo para que dijesen que no predico con el ejemplo. Os homini sublime. dedit coelumque tueri, agregó aunque eso no tuviera ninguna relación, y porque su stock de citas latinas era bastante pobre; suficiente sin embargo para deslumbrar a sus alumnos. El señor de Charlus se encogió de hombros y lo trajo a Cottard hasta donde estábamos nosotros, después de pedirle que guardara un secreto que le importaba más cuanto que el motivo del duelo abortado había sido puramente imaginario. Había que impedir que llegase a los oídos del oficial arbitrariamente mezclado. Mientras bebíamos los cuatro, la señora de Cottard, que esperaba a su marido en la puerta y que el señor de Charlus viera perfectamente pero no le había interesado llamar, entró y saludó al barón, que le alargó la mano como a una sirvienta, sin moverse de la silla, en parte como un rey que recibe homenajes, en parte como un snob que no quiere que una mujer escasamente elegante se siente a su mesa, en parte como un egoísta que sólo se complace con sus amigos y no quiere que lo molesten. La señora de Cottard se quedó pues de pie conversando con el señor de Charlus ysu marido. Pero quizás porque la cortesía ylo que debe “hacerse” no es el privilegio exclusivo de los Guermantes y de pronto puede iluminar los cerebros más inseguros o porque como engañaba mucho a su mujer, Cottard tenía por momentos necesidad de protegerla contra quien le faltara, por una suerte de desquite, el médico frunció de pronto el ceño, lo que nunca le había visto, y sin consultar al señor de Charlus, como amo: “-Vamos, Leontina, no te quedes de pie, siéntate. -Pero ¿no lo molesto?”, preguntó tímidamente la señora de Cottard al señor de Charlus, quien, sorprendido por el tono del médico, no había contestado. Y sin darle tiempo, esta segunda vez, Cottard repuso con autoridad: “-Te he dicho que te sientes”.
Au bout d′un instant on se dispersa et alors M. de Charlus dit à Morel: «Je conclus de toute cette histoire, mieux terminée que vous ne méritiez, que vous ne savez pas vous conduire et qu′à la fin de votre service militaire je vous ramène moi-même à votre père, comme fit l′archange Raphaël envoyé par Dieu au jeune Tobie.» Et le baron se mit à sourire avec un air de grandeur et une joie que Morel, à qui la perspective d′être ainsi ramené ne plaisait guère, ne semblait pas partager. Dans l′ivresse de se comparer à l′archange, et Morel au fils de Tobie, M. de Charlus ne pensait plus au but de sa phrase, qui était de tâter le terrain pour savoir si, comme il le désirait, Morel consentirait à venir avec lui à Paris. Grisé par son amour, ou par son amour-propre, le baron ne vit pas ou feignit de ne pas voir la moue que fit le violoniste car, ayant laissé celui-ci seul dans le café, il me dit avec un orgueilleux sourire: «Avez-vous remarqué, quand je l′ai comparé au fils de Tobie, comme il délirait de joie! C′est parce que, comme il est très intelligent, il a tout de suite compris que le Père auprès duquel il allait désormais vivre, n′était pas son père selon la chair, qui doit être un affreux valet de chambre à moustaches, mais son père spirituel, c′est-à-dire Moi. Quel orgueil pour lui! Comme il redressait fièrement la tête! Quelle joie il ressentait d′avoir compris! Je suis sûr qu′il va redire tous les jours: «O Dieu qui avez donné le bienheureux Archange Raphaël pour guide à votre serviteur Tobie, dans un long voyage, accordez-nous à nous, vos serviteurs, d′être toujours protégés par lui et munis de son secours.» Je n′ai même pas eu besoin, ajouta le baron, fort persuadé qu′il siégerait un jour devant le trône de Dieu, de lui dire que j′étais l′envoyé céleste, il l′a compris de lui-même et en était muet de bonheur!» Et M. de Charlus (à qui au contraire le bonheur n′enlevait pas la parole), peu soucieux des quelques passants qui se retournèrent, croyant avoir affaire à un fou, s′écria tout seul et de toute sa force, en levant les mains: «Alléluia!» Al cabo de un instante nos dispersamos y entonces el señor de Charlus le dijo a Morel: “-Llego a la conclusión, en este asunto, liquidado mejor de lo que usted se merece, de que no sabe conducirse y que al terminar su servicio militar, yo mismo se lo entregaré a su padre, como hizo el arcángel Rafael enviado por Dios, con el joven Tobías”. Y el barón se puso a sonreír, con un aire de grandeza y una alegría que Morel, a quien la perspectiva de volver así no gustaba para nada, no parecía compartir. En la embriaguez de compararse al arcángel y Morel al hijo de Tobías, el señor de Charlus ya no pensaba en el objeto de su frase, que consistía en tantear el terreno para saber si Morel aceptaría volver con él a París, como lo deseaba. Embriagado por su amor o su amor propio, el barón no vio o fingió no ver la mueca que hizo el violinista, porque habiéndolo dejado solo en el café me dijo con una sonrisa orgullosa: “-¿Notó usted cómo deliraba de alegría cuando lo comparé al hijo de Tobías? Porque, como es muy inteligente, comprendió en seguida que el padre junto al cual viviría en adelante, no era su padre por la carne, que debe ser un mucamo horroroso y bigotudo, sino su padre espiritual, es decir Yo. ¡Qué orgullo para él! ¡Cómo erguía altivamente la cabeza! ¡Qué alegría experimentaba al haber comprendido! Estoy seguro que dirá todos los días: “¡Oh, Dios, que habéis dado el bienaventurado Arcángel Rafael por guía a vuestro servidor Tobías, en un largo viaje, concedednos a nosotros, vuestros servidores, el ser protegidos siempre por él y provistos de su auxilio!” “-Ni siquiera necesité -agregó el barón muy convencido de que algún día tendría un lugar frente al trono de Dios decir le que era yo el enviado celeste; lo comprendió solo y enmudeció de felicidad”. Y el señor de Charlus (a quien por el contrario la felicidad no le quitaba la palabra) sin preocuparse de algunos transeúntes que se volvieron creyendo que se las habían con un loco, exclamó solo y con todas sus fuerzas, levantando las manos: “¡Aleluya!”
Cette réconciliation ne mit fin que pour un temps aux tourments de M. de Charlus; souvent Morel, parti en manoeuvres trop loin pour que M. de Charlus pût aller le voir ou m′envoyer lui parler, écrivait au baron des lettres désespérées et tendres, où il lui assurait qu′il lui en fallait finir avec la vie parce qu′il avait, pour une chose affreuse, besoin de vingt-cinq mille francs. Il ne disait pas quelle était la chose affreuse, l′eût-il dit qu′elle eût sans doute été inventée. Pour l′argent même, M. de Charlus l′eût envoyé volontiers s′il n′eût senti que cela donnait à Charlie les moyens de se passer de lui et aussi d′avoir les faveurs de quelque autre. Aussi refusait-il, et ses télégrammes avaient le ton sec et tranchant de sa voix. Quand il était certain de leur effet, il souhaitait que Morel fût à jamais brouillé avec lui, car, persuadé que ce serait le contraire qui se réaliserait, il se rendait compte de tous les inconvénients qui allaient renaître de cette liaison inévitable. Mais si aucune réponse de Morel ne venait, il ne dormait plus, il n′avait plus un moment de calme, tant le nombre est grand, en effet, des choses que nous vivons sans les connaître et des réalités intérieures et profondes qui nous restent cachées. Il formait alors toutes les suppositions sur cette énormité qui faisait que Morel avait besoin de vingt-cinq mille francs, il lui donnait toutes les formes, y attachait tour à tour bien des noms propres. Je crois que, dans ces moments-là, M. de Charlus (et bien qu′à cette époque, son snobisme, diminuant, eût été déjà au moins rejoint, sinon dépassé, par la curiosité grandissante que le baron avait du peuple) devait se rappeler avec quelque nostalgie les gracieux tourbillons multicolores des réunions mondaines où les femmes et les hommes les plus charmants ne le recherchaient que pour le plaisir désintéressé qu′il leur donnait, où personne n′eût songé à «lui monter le coup», à inventer une «chose affreuse» pour laquelle on est prêt à se donner la mort si on ne reçoit pas tout de suite vingt-cinq mille francs. Je crois qu′alors, et peut-être parce qu′il était resté tout de même plus de Combray que moi et avait enté la fierté féodale sur l′orgueil allemand, il devait trouver qu′on n′est pas impunément l′amant de coeur d′un domestique, que le peuple n′est pas tout à fait le monde, qu′en somme il «ne faisait pas confiance» au peuple comme je la lui ai toujours faite. Esta reconciliación puso fin sólo por un tiempo a los tormentos del señor de Charlus; a menudo Morel que se había ido muy lejos de maniobras, para que el señor de Charlus pudiese verlo o me enviara para hablarle, le escribía al barón cartas desesperadas y enternecidas, en que le aseguraba que tenía que terminar con su vida, porque necesitaba para algo horrible, veinticinco mil francos. No decía cuál era la cosa horrible y lo hubiese dicho que sin duda sería un invento. En cuanto al dinero, el señor de Charlus lo hubiese mandado de buenas ganas si no presintiera que eso le daba a Charlie los medios de arreglarse sin él y también de conseguir los favores de otro. Por lo que rechazaba ysus telegramas tenían el tono seco ycortante de su voz. Cuando estaba seguro de su efecto, deseaba que Morel se disgustase para siempre con él, porque convencido que se realizaría lo contrario, advertía todos los inconvenientes que renacerían de estos amorfos inevitables. Pero si no llegaba ninguna respuesta de Morel, ya no dormía y no tenía un solo momento de tranquilidad, tantas son las cosas, en efecto que vivimos sin conocer y las realidades interiores y profundas que se nos ocultan. Formaba entonces todas las suposiciones acerca de esa enormidad que le hacía necesitar a Morel veinticinco mil francos, le daba todas las formas y les ponía por turno nombres propios. Creo que en esos momentos, el señor de Charlus (y aunque disminuyera su snobismo en esa época lo alcanzó, ya que no lo sobrepasó, la creciente curiosidad que tenía el barón por el pueblo) debía recordar con cierta nostalgia, los graciosos torbellinos multicolores de las reuniones mundanas en que las mujeres y los hombres no lo requerían más que por el desinteresado placer que les proporcionaba, donde nadie hubiese pensado engañarlo, o inventar una “cosa horrible” por la que se está dispuesto a morir, si no recibe enseguida veinticinco mil francos. Creo que entonces y quizás porque tenía más rastros de Combray que yo y había injertado la altivez feudal en el orgullo alemán, debía parecerle que no se es impunemente el amante preferido de un sirviente, el pueblo no es exactamente el mundo y en resumen “no le hacía confianza” al pueblo como se la he hecho siempre.
La station suivante du petit train, Maineville, me rappelle justement un incident relatif à Morel et à M. de Charlus. Avant d′en parler, je dois dire que l′arrêt à Maineville (quand on conduisait à Balbec un arrivant élégant qui, pour ne pas gêner, préférait ne pas habiter la Raspelière) était l′occasion de scènes moins pénibles que celle que je vais raconter dans un instant. L′arrivant, ayant ses menus bagages dans le train, trouvait généralement le Grand Hôtel un peu éloigné, mais, comme il n′y avait avant Balbec que de petites plages aux villas inconfortables, était, par goût de luxe et de bien-être, résigné au long trajet, quand, au moment où le train stationnait à Maineville, il voyait brusquement se dresser le Palace dont il ne pouvait pas se douter que c′était une maison de prostitution. «Mais, n′allons pas plus loin, disait-il infailliblement à Mme Cottard, femme connue comme étant d′esprit pratique et de bon conseil. Voilà tout à fait ce qu′il me faut. A quoi bon continuer jusqu′à Balbec où ce ne sera certainement pas mieux? Rien qu′à l′aspect, je juge qu′il y a tout le confort; je pourrai parfaitement faire venir là Mme Verdurin, car je compte, en échange de ses politesses, donner quelques petites réunions en son honneur. Elle n′aura pas tant de chemin à faire que si j′habite Balbec. Cela me semble tout à fait bien pour elle, et pour votre femme, mon cher professeur. Il doit y avoir des salons, nous y ferons venir ces dames. Entre nous, je ne comprends pas pourquoi, au lieu de louer la Raspelière, Mme Verdurin n′est pas venue habiter ici. C′est beaucoup plus sain que de vieilles maisons comme la Raspelière, qui est forcément humide, sans être propre d′ailleurs; ils n′ont pas l′eau chaude, on ne peut pas se laver comme on veut. Maineville me paraît bien plus agréable. Mme Verdurin y eût joué parfaitement son rôle de patronne. En tout cas chacun ses goûts, moi je vais me fixer ici. Madame Cottard, ne voulez-vous pas descendre avec moi, en nous dépêchant, car le train ne va pas tarder à repartir. Vous me piloteriez dans cette maison, qui sera la vôtre et que vous devez avoir fréquentée souvent. C′est tout à fait un cadre fait pour vous.» On avait toutes les peines du monde à faire taire, et surtout à empêcher de descendre, l′infortuné arrivant, lequel, avec l′obstination qui émane souvent des gaffes, insistait, prenait ses valises et ne voulait rien entendre jusqu′à ce qu′on lui eût assuré que jamais Mme Verdurin ni Mme Cottard ne viendraient le voir là. «En tout cas je vais y élire domicile. Mme Verdurin n′aura qu′à m′y écrire.» La estación siguiente del trencito, Maineville, me recuerda precisamente un incidente relativo a Morel y al señor de Charlus. Antes de referirme a él, debo decir que la parada en Maineville (cuando uno acompañaba a un recién llegado elegante hasta Balbec que prefería no vivir en la Raspeliére para no molestar) era motivo de escenas menos penosas que la que voy a contar dentro de un instante. El recién llegado, que tenía su equipaje en el tren, hallaba generalmente el Gran Hotel algo alejado, pero como en Balbec sólo había pequeñas playas con villas incómodas se resignaba, por afición al lujo y al bienestar, al largo trayecto cuando, en momentos en que el tren se detenía en Maineville, veía erguirse de pronto el Palace, que no podía sospechar fuese una casa de prostitución. “-Pero no vayamos más lejos” -le decía infaliblemente a la señora de Cottard, mujer conocida como de buen consejo y sentido práctico. “-Eso es todo lo que necesito. ¿Para qué seguir hasta Balbec, donde seguramente no será mejor? Sólo por el aspecto, supongo que tiene todo el confort; podré perfectamente invitarla a la señora de Verdurin, porque a cambio de sus cortesías, pienso dar algunas pequeñas reuniones en su honor. No tendrá que recorrer tanto camino si habito Balbec. Me parece muy adecuado para ella y para su mujer, mi querido profesor. Debe haber salones; invitaremos a las señoras. Entre nosotros, no comprendo cómo en lugar de alquilar la Raspeliére la señora de Verdurin no vino a vivir aquí. Es mucho más sano que una casa vieja como la Raspeliére, forzosamente húmeda; sin ser higiénica por otra parte, no tiene agua caliente, uno no puede lavarse como quiere. Maineville me parece mucho más agradable. La señora de Verdurin hubiera desempeñado ahí perfectamente su papel de Patrona. En todo caso, cada cual según sus gustos, yo voy a radicarme aquí. Señora de Cottard, ¿no quiere bajar conmigo y nos apresuramos porque el tren no tardará en volver a salir? Usted me guiaría en esa casa que será la suya y que debe haber frecuentado a menudo. Es un cuadro adecuado precisamente para usted”. Costaba muchísimo hacer callar y sobre todo impedir que bajara, al infortunado recién llegado, quien con la obstinación que proviene a menudo de las necedades, insistía, tomaba las valijas y nada quería entender hasta que se le asegurase que nunca irían a verlo, ni la señora de Verdurin ni la señora de Cottard. “-En todo caso, tengo que elegir domicilio. La señora de Verdurin no tendrá más que escribirme.”
Le souvenir relatif à Morel se rapporte à un incident d′un ordre plus particulier. Il y en eut d′autres, mais je me contente ici, au fur et à mesure que le tortillard s′arrête et que l′employé crie Doncières, Grattevast, Maineville, etc., de noter ce que la petite plage ou la garnison m′évoquent. J′ai déjà parlé de Maineville (media villa) et de l′importance qu′elle prenait à cause de cette somptueuse maison de femmes qui y avait été récemment construite, non sans éveiller les protestations inutiles des mères de famille. Mais avant de dire en quoi Maineville a quelque rapport dans ma mémoire avec Morel et M. de Charlus, il me faut noter la disproportion (que j′aurai plus tard à approfondir) entre l′importance que Morel attachait à garder libres certaines heures et l′insignifiance des occupations auxquelles il prétendait les employer, cette même disproportion se retrouvant au milieu des explications d′un autre genre qu′il donnait à M. de Charlus. Lui qui jouait au désintéressé avec le baron (et pouvait y jouer sans risques, vu la générosité de son protecteur), quand il désirait passer la soirée de son côté pour donner une leçon, etc., il ne manquait pas d′ajouter à son prétexte ces mots dits avec un sourire d′avidité: «Et puis, cela peut me faire gagner quarante francs. Ce n′est pas rien. Permettez-moi d′y aller, car, vous voyez, c′est mon intérêt. Dame, je n′ai pas de rentes comme vous, j′ai ma situation à faire, c′est le moment de gagner des sous.» Morel n′était pas, en désirant donner sa leçon, tout à fait insincère. D′une part, que l′argent n′ait pas de couleur est faux. Une manière nouvelle de le gagner rend du neuf aux pièces que l′usage a ternies. S′il était vraiment sorti pour une leçon, il est possible que deux louis remis au départ par une élève lui eussent produit un effet autre que deux louis tombés de la main de M. de Charlus. Puis l′homme le plus riche ferait pour deux louis des kilomètres qui deviennent des lieues si l′on est fils d′un valet de chambre. Mais souvent M. de Charlus avait, sur la réalité de la leçon de violon, des doutes d′autant plus grands que souvent le musicien invoquait des prétextes d′un autre genre, d′un ordre entièrement désintéressé au point de vue matériel, et d′ailleurs absurdes. Morel ne pouvait ainsi s′empêcher de présenter une image de sa vie, mais volontairement, et involontairement aussi, tellement enténébrée, que certaines parties seules se laissaient distinguer. El recuerdo relativo a Morel se refiere a un incidente de orden más particular. Hubo otros pero aquí me conformo, a medida que se detiene el trencito y el empleado grita Doncières, Gralevast, Maineville, etc., con anotar lo que me evocan la pequeña playa o el cuartel. He hablado ya de Maineville (media villa) y de la importancia que adquiría debido a esa suntuosa casa de mujeres que se había construido recientemente, no sin despertar las inútiles protestas de las madres de familia. Pero antes de decir en qué tiene alguna relación Maineville en mi memoria, con el señor de Charlus y con Morel, debo notar la poca proporción (que más tarde tendré que profundizar) entre la importancia que Morel le daba a ciertas horas libres y la insignificancia de las ocupaciones en que pretendía emplearlas, ya que esa misma falta de proporción se volvía a encontrar en medio de las explicaciones de otro estilo que él le daba al señor de Charlus. Él, que se hacía el desinteresado con el barón (y podía hacerlo sin riesgos, dada la generosidad de su protector) cuando deseaba pasar la noche por su lado, para dar una lección, etc., no dejaba de agregar a su pretexto estas palabras dichas con una sonrisa de avidez: “-Y además esto me permite ganar cuarenta francos. No es poca cosa. Permítame que vaya, porque ya ve que me interesa. Vaya, no tengo rentas como usted, tengo que ir haciendo mi situación, es el momento de ganar centavitos”. Morel no era completamente falso al querer dictar su lección. Por una parte no es verdad que el dinero no tenga color. Una manera nueva de ganarlo, les devuelve el brillo a las monedas que puso opacas el uso. Si verdaderamente había ido a dar una lección es posible que dos luises entregados al partir por una alumna le produjesen un efecto muy distinto que dos luises caídos de la mano del señor de Charlus. Y además el hombre más rico andaría por dos luises unos kilómetros que se hacen leguas cuando uno es hijo de mucamo. Pero el señor de Charlus tenía a menudo dudas acerca de la existencia de la lección de violín; tanto más grandes cuanto que el músico solía invocar pretextos de otro género, de un orden enteramente desinteresado desde el punto de vista material y por otra parte absurdos. Morel no podía dejar de presentar una imagen de su vida, pero voluntariamente y también involuntariamente, tan entenebrecida, que sólo podían distinguirse algunas partes.
Pendant un mois il se mit à la disposition de M. de Charlus à condition de garder ses soirées libres, car il désirait suivre avec continuité des cours d′algèbre. Venir voir après M. de Charlus? Ah! c′était impossible, les cours duraient parfois fort tard. «Même après 2 heures du matin? demandait le baron. — Des fois. — Mais l′algèbre s′apprend aussi facilement dans un livre. — Même plus facilement, car je ne comprends pas grand′chose aux cours. — Alors? D′ailleurs l′algèbre ne peut te servir à rien. — J′aime bien cela. Ça dissipe ma neurasthénie.» «Cela ne peut pas être l′algèbre qui lui fait demander des permissions de nuit, se disait M. de Charlus. Serait-il attaché à la police?» En tout cas Morel, quelque objection qu′on fît, réservait certaines heures tardives, que ce fût à cause de l′algèbre ou du violon. Une fois ce ne fut ni l′un ni l′autre, mais le prince de Guermantes qui, venu passer quelques jours sur cette côte pour rendre visite à la duchesse de Luxembourg, rencontra le musicien, sans savoir qui il était, sans être davantage connu de lui, et lui offrit cinquante francs pour passer la nuit ensemble dans la maison de femmes de Maineville; double plaisir, pour Morel, du gain reçu de M. de Guermantes et de la volupté d′être entouré de femmes dont les seins bruns se montraient à découvert. Je ne sais comment M. de Charlus eut l′idée de ce qui s′était passé et de l′endroit, mais non du séducteur. Fou de jalousie, et pour connaître celui-ci, il télégraphia à Jupien, qui arriva deux jours après, et quand, au commencement de la semaine suivante, Morel annonça qu′il serait encore absent, le baron demanda à Jupien s′il se chargerait d′acheter la patronne de l′établissement et d′obtenir qu′on les cachât, lui et Jupien, pour assister à la scène. «C′est entendu. Je vais m′en occuper, ma petite gueule», répondit Jupien au baron. On ne peut comprendre à quel point cette inquiétude agitait, et par là même avait momentanément enrichi, l′esprit de M. de Charlus. L′amour cause ainsi de véritables soulèvements géologiques de la pensée. Dans celui de M. de Charlus qui, il y a quelques jours, ressemblait à une plaine si uniforme qu′au plus loin il n′aurait pu apercevoir une idée au ras du sol, s′étaient brusquement dressées, dures comme la pierre, un massif de montagnes, mais de montagnes aussi sculptées que si quelque statuaire, au lieu d′emporter le marbre, l′avait ciselé sur place et où se tordaient, en groupes géants et titaniques, la Fureur, la Jalousie, la Curiosité, l′Envie, la Haine, la Souffrance, l′Orgueil, l′Épouvante et l′Amour. Durante un mes se puso a disposición del señor de Charlus, a condición de tener libres las tardes porque deseaba seguir asiduamente unos cursos de álgebra. ¿Verlo después al señor de Charlus? ¡Ah! era imposible, los cursos duraban a veces hasta muy tarde. “- ¿Hasta las dos de la mañana?, preguntaba el barón. -A vecess. Pero el álgebra se aprende con tanta o más facilidad en un libro. Aún más fácilmente porque no entiendo mucho en un curso. ¿¿Entonces? Por otra parte el álgebra no puede servirte para nada. -Me gusta. Disipa mi neurastenia. -No puede ser el álgebra la que le hace solicitar permisos nocturnos, se decía el señor de Charlus. ¿Estará agregado a la policía?” De cualquier modo, por objeciones que se le presentaran, reservaba algunas horas tardías ya para el álgebra ya para el violín. Una vez no fue ni una ni otra, sino el príncipe de Guermantes, que había venido a pasar unos días en esa costa yvisitar a la duquesa de Luxembourg y que encontró al músico y sin saber quién era le ofreció cincuenta francos para pasar la noche juntos en la casa de mujeres de Maineville; doble placer para Morel por la ganancia recibida del señor de Guermantes y la voluptuosidad de que lo rodearan mujeres cuyos senos morenos se mostraban al desnudo. No sé cómo supo el señor de Charlus el lugar y lo que había sucedido, aunque no el seductor. Loco de celos y para conocerlo le telegrafió a Jupien, quien llegó dos días después y cuando a comienzos de la semana siguiente Morel anunció que se ausentaría de nuevo, el barón le preguntó a Jupien si se encargaría de comprar a la patrona del establecimiento y conseguir que los ocultara a él y a Jupien para asistir a la escena. “-Entendido. Voy a ocuparme de ello querido mío” contestó Jupien al barón. No puede comprenderse hasta qué punto esa inquietud agotaba al señor de Charlus y por lo mismo había enriquecido momentáneamente su espíritu. El amor provoca así verdaderos levantamientos geológicos en el pensamiento. En el del señor de Charlus, que hace unos días se parecía a una llanura tan uniforme que ni desde muy lejos podía haberse advertido una idea al nivel del suelo, se habían erguido bruscamente, duras como piedras, un macizo de montañas, pero montañas tan esculpidas como si algún escultor en lugar de llevarse el mármol lo hubiera trabajado en el sitio donde se retorcían en grupos, gigantes y titánicos el Furor, los Celos, la Curiosidad, la Envidia, el Odio, el Sufrimiento, el Orgullo, el Espanto y el Amor.
Cependant le soir où Morel devait être absent était arrivé. La mission de Jupien avait réussi. Lui et le baron devaient venir vers onze heures du soir et on les cacherait. Trois rues avant d′arriver à cette magnifique maison de prostitution (où on venait de tous les environs élégants), M. de Charlus marchait sur la pointe des pieds, dissimulait sa voix, suppliait Jupien de parler moins fort, de peur que, de l′intérieur, Morel les entendît. Or, dès qu′il fut entré à pas de loup dans le vestibule, M. de Charlus, qui avait peu l′habitude de ce genre de lieux, à sa terreur et à sa stupéfaction se trouva dans un endroit plus bruyant que la Bourse ou l′Hôtel des Ventes. C′est en vain qu′il recommandait de parler plus bas à des soubrettes qui se pressaient autour de lui; d′ailleurs leur voix même était couverte par le bruit de criées et d′adjudications que faisait une vieille «sous-maîtresse» à la perruque fort brune, au visage où craquelait la gravité d′un notaire ou d′un prêtre espagnol, et qui lançait à toutes minutes, avec un bruit de tonnerre, en laissant alternativement ouvrir et refermer les portes, comme on règle la circulation des voitures: «Mettez Monsieur au vingt-huit, dans la chambre espagnole.» «On ne passe plus.» «Rouvrez la porte, ces Messieurs demandent Mademoiselle Noémie. Elle les attend dans le salon persan.» M. de Charlus était effrayé comme un provincial qui a à traverser les boulevards; et, pour prendre une comparaison infiniment moins sacrilège que le sujet représenté dans les chapiteaux du porche de la vieille église de Corlesville, les voix des jeunes bonnes répétaient en plus bas, sans se lasser, l′ordre de la sous-maîtresse, comme ces catéchismes qu′on entend les élèves psalmodier dans la sonorité d′une église de campagne. Si peur qu′il eût, M. de Charlus, qui, dans la rue, tremblait d′être entendu, se persuadant que Morel était à la fenêtre, ne fut peut-être pas tout de même aussi effrayé dans le rugissement de ces escaliers immenses où on comprenait que des chambres rien ne pouvait être aperçu. Enfin, au terme de son calvaire, il trouva Mlle Noémie qui devait les cacher avec Jupien, mais commença par l′enfermer dans un salon persan fort somptueux d′où il ne voyait rien. Elle lui dit que Morel avait demandé à prendre une orangeade et que, dès qu′on la lui aurait servie, on conduirait les deux voyageurs dans un salon transparent. En attendant, comme on la réclamait, elle leur promit, comme dans un conte, que pour leur faire passer le temps elle allait leur envoyer «une petite dame intelligente». Car, elle, on l′appelait. La petite dame intelligente avait un peignoir persan, qu′elle voulait ôter. M. de Charlus lui demanda de n′en rien faire, et elle se fit monter du Champagne qui coûtait 40 francs la bouteille. Morel, en réalité, pendant ce temps, était avec le prince de Guermantes; il avait, pour la forme, fait semblant de se tromper de chambre, était entré dans une où il y avait deux femmes, lesquelles s′étaient empressées de laisser seuls les deux messieurs. M. de Charlus ignorait tout cela, mais pestait, voulait ouvrir les portes, fit redemander Mlle Noémie, laquelle, ayant entendu la petite dame intelligente donner à M. de Charlus des détails sur Morel non concordants avec ceux qu′elle-même avait donnés à Jupien, la fit déguerpir et envoya bientôt, pour remplacer la petite dame intelligente, «une petite dame gentille», qui ne leur montra rien de plus, mais leur dit combien la maison était sérieuse et demanda, elle aussi, du Champagne. Le baron, écumant, fit revenir Mlle Noémie, qui leur dit: «Oui, c′est un peu long, ces dames prennent des poses, il n′a pas l′air d′avoir envie de rien faire.» Enfin, devant les promesses du baron, ses menaces, Mlle Noémie s′en alla d′un air contrarié, en les assurant qu′ils n′attendraient pas plus de cinq minutes. Ces cinq minutes durèrent une heure, après quoi Noémie conduisit à pas de loup M. de Charlus ivre de fureur et Jupien désolé vers une porte entre-bâillée en leur disant: «Vous allez très bien voir. Du reste, en ce moment ce n′est pas très intéressant, il est avec trois dames, il leur raconte sa vie de régiment.» Enfin le baron put voir par l′ouverture de la porte et aussi dans les glaces. Mientras tanto había llegado la noche en que Morel debía estar ausente. La misión de Jupien había tenido éxito. Él y el barón debían llegar a eso de las once y los ocultarían. Tres cuadras antes de llegar a esa magnífica casa de prostitución (a la que se llegaba desde todos los alrededores elegantes) el señor de Charlus ya andaba en puntas de pies, disimulaba su voz y suplicaba a Jupien que no hablara tan alto por temor a que Morel los oyese desde el interior. Y en cuanto hubo entrado a paso de lobo al vestíbulo, el señor de Charlus, que tenía poca costumbre de esos lugares, con terror y estupefacción se encontró en un sitio más ruidoso que la Bolsa o el Hotel de Ventas. En vano les recomendaba que hablaran quedo a unas mucamitas que revoloteaban en torno a él; por otra parte, su misma voz estaba cubierta por el ruido de las subastas y las adjudicaciones que hacía una subpatrona anciana, de peluca muy morena y en cuyo rostro se resquebrajaba la gravedad de un escribano o de un sacerdote español y que lanzaba a cada minuto con un ruido de trueno a tiempo que dejaba abrir o cerrar alternativamente las puertas y como quien dirige la circulación de los coches: “-Pongan al señor en el veintiocho, en el cuarto español”. “- Ya no se puede pasar”. “-Abran la puerta; esos señores preguntan por la señorita Noemí. Los espera en el saloncito persa”. El señor de Charlus estaba espantado como un provinciano que tiene que cruzar avenidas y para elegir una comparación infinitamente menos sacrílega que el tema representado en los capiteles del pórtico de la antigua iglesia de Corlesville, las voces de las jóvenes sirvientas repetían más bajo, sin cansarse, la orden de la subdirectora, como esos catecismos que se oye salmodiar a los alumnos en la sonoridad de una iglesia de campaña. Por miedo que tuviese el señor de Charlus, que se imaginaba que lo oían desde la calle, convencido de que Morel estaba en la ventana, no se espantó sin embargo tanto con el rugido de esas inmensas escaleras en donde se comprendía que desde los cuartos no podía advertirse nada. Por fin, al término de su calvario, encontró a la señorita Noemí, que debía ocultarlo con Jupien, pero empezó encerrándolos en un salón persa muy suntuoso, desde donde nada veían. Le dijo que Morel había pedido una naranjada y que en cuanto la hubiese tomado llevarían a los dos pasajeros a un salón trasparente. Mientras tanto, y como la reclamaban, les prometió, como en un cuento, que les iba a mandar, para pasar el rato, “una pequeña señora muy inteligente”. Porque a ella la llamaban. La pequeña señora inteligente tenía una bata persa que quería quitarse. El señor de Charlus le pidió que no lo hiciera y ella encargó champaña que costaba cuarenta francos la botella. Morel, en realidad, estaba mientras tanto con el príncipe de Guermantes y por salvar las apariencias había hecho como que se equivocaba de cuarto y había entrado en uno donde estaban dos mujeres que se apresuraron a dejar solos a los dos señores. El señor de Charlus ignoraba todo eso pero maldecía, quería abrir las puertas e hizo llamar nuevamente a la señorita Noemí, quien al oír que la pequeña señora inteligente le daba al señor de Charlus unos datos acerca de Morel que no coincidían con los que ella misma le había proporcionado a Jupien, la despachó y mandó enseguida para reemplazar a la pequeña señora inteligente, “una pequeña señora muy amable”, que no les enseñó nada pero les dijo cómo era de seria la casa y también pidió champaña. El barón, echando espuma de rabia, mandó llamar a Noemí, que le dijo: “-Sí, es un poco largo; esas señoras están haciendo posturas, no parece que tuviera ganas de hacer nada”. En fin, ante las promesas y las amenazas del barón, la señorita Noemí se fue con aspecto de contrariedad, asegurándoles que no esperarían ni cinco minutos. Esos cinco minutos duraron una hora, después de lo cual Noemí acompañó en puntillas al señor de Charlus ebrio de furor y a Jupien desesperado hasta una puerta entreabierta, diciéndoles: “-Van a ver ustedes muy bien. Por otra parte, en este momento no es muy interesante, está con tres señoras y les cuenta su vida de cuartel”. Por fin el barón pudo ver por la abertura de la puerta y también por los espejos.
Mais une terreur mortelle le força de s′appuyer au mur. C′était bien Morel qu′il avait devant lui, mais, comme si les mystères pas et les enchantements existaient encore, c′était plutôt l′ombre de Morel, Morel embaumé, pas même Morel ressuscité comme Lazare, une apparition de Morel, un fantôme de Morel, Morel revenant ou évoqué dans cette chambre (où, partout, les murs et les divans répétaient des emblèmes de sorcellerie), qui était à quelques mètres de lui, de profil. Morel avait, comme après la mort, perdu toute couleur; entre ces femmes avec lesquelles il semblait qu′il eût dû s′ébattre joyeusement, livide, il restait figé dans une immobilité artificielle; pour boire la coupe de Champagne qui était devant lui, son bras sans force essayait lentement de se tendre et retombait. On avait l′impression de cette équivoque qui fait qu′une religion parle d′immortalité, mais entend par là quelque chose qui n′exclut pas le néant. Les femmes le pressaient de questions: «Vous voyez, dit tout bas Mlle Noémie au baron, elles lui parlent de sa vie de régiment, c′est amusant, n′est-ce pas? — et elle rit — vous êtes content? Il est calme, n′est-ce pas», ajouta-t-elle, comme elle aurait dit d′un mourant. Les questions des femmes se pressaient, mais Morel, inanimé, n′avait pas la force de leur répondre. Le miracle même d′une parole murmurée ne se produisait pas. M. de Charlus n′eut qu′un instant d′hésitation, il comprit la vérité et que, soit maladresse de Jupien quand il était allé s′entendre, soit puissance expansive des secrets confiés qui fait qu′on ne les garde jamais, soit caractère indiscret de ces femmes, soit crainte de la police, on avait prévenu Morel que deux messieurs avaient payé fort cher pour le voir, on avait fait sortir le prince de Guermantes métamorphosé en trois femmes, et placé le pauvre Morel tremblant, paralysé par la stupeur, de telle façon que, si M. de Charlus le voyait mal, lui, terrorisé, sans paroles, n′osant pas prendre son verre de peur de le laisser tomber, voyait en plein le baron. Pero un terror mortal lo obligó a apoyarse contra la pared. Era ciertamente Morel el que tenía delante, pero como si aún existieran los misterios paganos y los embrujos, era mejor dicho la sombra de Morel, una aparición de Morel, un fantasma de Morel; Morel aparecido o evocado en ese cuarto (donde por todas partes en las paredes y los divanes aparecían los mismos emblemas de brujería), el que estaba a algunos metros, de perfil. Morel había perdido todo color, como la muerte, entre esas mujeres con las cuales parecería que debiera moverse alegremente lívido seguía congelado en una inmovilidad artificial; para beber la copa de champaña que estaba delante de su brazo debilitado, trataba lentamente de estirarse y volvía a caer. Se tenía la sensación de ese equívoco que hace que una religión hable de inmortalidad, pero entiende con ello, algo que no excluye a la nada. Las mujeres le hacían preguntas: “-Ya ve, dijo en voz baja al barón la señorita Noemí, le hablan de su vida de cuartel, ¿divertido no? -y se rió- ¿está contento? Está tranquilo ¿no?” agregó, como lo hubiera dicho de un agonizante. Las preguntas de las mujeres se hacían más inquisitivas, pero Morel, inanimado no tenía fuerza para contestarles. Ni siquiera se producía el milagro de una palabra murmurada. El señor de Charlas tuvo un solo instante de vacilación ycomprendió la verdad yque ya por torpeza de Jupien cuando fuera a concertarlo todo, ya fuera por el poder de expansión de los secretos confiados que hace que nunca se los conserve sea por el carácter indiscreto de esas mujeres, sea por temor de la policía, le habían avisado a Morel que dos señores habían pagado muy caro para verlo, lo habían hecho salir al príncipe de Guermantes, trocado en tres mujeres y colocado al pobre Morel, tembloroso y paralizado de tal modo por el estupor que si el señor de Charlus lo veía mal, él aterrado y sin palabras, no se atrevía a tomar su vaso por temor a dejarlo caer, viendo de lleno al barón.
L′histoire, au reste, ne finit pas mieux pour le prince de Guermantes. Quand on l′avait fait sortir pour que M. de Charlus ne le vît pas, furieux de sa déconvenue, sans soupçonner qui en était l′auteur, il avait supplié Morel, sans toujours vouloir lui faire connaître qui il était, de lui donner rendez-vous pour la nuit suivante dans la toute petite villa qu′il avait louée et que, malgré le peu de temps qu′il devait y rester, il avait, suivant la même maniaque habitude que nous avons autrefois remarquée chez Mme de Villeparisis, décoré de quantité de souvenirs de famille, pour se sentir plus chez soi. Donc le lendemain, Morel, retournant la tête à toute minute, tremblant d′être suivi et épié par M. de Charlus, avait fini, n′ayant remarqué aucun passant suspect, par entrer dans la villa. Un valet le fit entrer au salon en lui disant qu′il allait prévenir Monsieur (son maître lui avait recommandé de ne pas prononcer le nom de prince de peur d′éveiller des soupçons). Mais quand Morel se trouva seul et voulut regarder dans la glace si sa mèche n′était pas dérangée, ce fut comme une hallucination. Sur la cheminée, les photographies, reconnaissables pour le violoniste, car il les avait vues chez M. de Charlus, de la princesse de Guermantes, de la duchesse de Luxembourg, de Mme de Villeparisis, le pétrifièrent d′abord d′effroi. Au même moment il aperçut celle de M. de Charlus, laquelle était un peu en retrait. Le baron semblait immobiliser sur Morel un regard étrange et fixe. Fou de terreur, Morel, revenant de sa stupeur première, ne doutant pas que ce ne fût un guet-apens où M. de Charlus l′avait fait tomber pour éprouver s′il était fidèle, dégringola quatre à quatre les quelques marches de la villa, se mit à courir à toutes jambes sur la route et quand le prince de Guermantes (après avoir cru faire faire à une connaissance de passage le stage nécessaire, non sans s′être demandé si c′était bien prudent et si l′individu n′était pas dangereux) entra dans son salon, il n′y trouva plus personne. Il eut beau, avec son valet, par crainte de cambriolage, et revolver au poing, explorer toute la maison, qui n′était pas grande, les recoins du jardinet, le sous-sol, le compagnon dont il avait cru la présence certaine avait disparu. Il le rencontra plusieurs fois au cours de la semaine suivante. Mais chaque fois c′était Morel, l′individu dangereux, qui se sauvait comme si le prince l′avait été plus encore. Buté dans ses soupçons, Morel ne les dissipa jamais, et, même à Paris, la vue du prince de Guermantes suffisait à le mettre en fuite. Par où M. de Charlus fut protégé d′une infidélité qui le désespérait, et vengé sans l′avoir jamais imaginé, ni surtout comment. La historia por otra parte no termina mejor para el príncipe de Guermantes. Cuando lo habían hecho salir para que no lo viera el señor de Charlus, furioso por su desilusión sin sospechar quién era el autor, había suplicado a Morel, siempre sin dejarle saber su identidad, que se entrevistaran a la noche siguiente en la pequeña casa que había alquilado y que a pesar del escaso tiempo que debía ocupar, habla adornado, de acuerdo a la misma costumbre maniática que ya hemos observado en casa de la señora de Villeparisis, con gran cantidad de recuerdos de familia, para sentirse más aclimatado. Por lo que al día siguiente, Morel, que volvía a cada rato la cabeza, temblando que lo siguiera y lo espiara el señor de Charlus, había terminado por entrar a su casa. Un mucamo lo hizo entrar al salón, diciéndole que iba a avisarle al señor (su amo le había recomendado que no pronunciara su título de príncipe temiendo despertar sospechas). Pero cuando Morel estuvo solo y quiso mirar en el espejo para ver si su mecha estaba despeinada, fue como una alucinación. Sobre la estufa, las fotografías identificables para el violinista, por haberlas visto en casa del señor de Charlus, de la princesa de Guermantes, de la duquesa de Luxembourg y de la señora de Villeparisis, lo petrificaron primeramente de asombro. En el mismo momento advirtió la del señor de Charlus, que estaba un poco apartada. El barón parecía inmovilizarlo a Morel con su mirada extraña y fija. Loco de miedo, Morel, que volvía de su primitivo estupor y no dudaba que esa no fuese una celada en que lo había hecho caer el señor de Charlus, para comprobar si le seguía siendo fiel, bajó de a cuatro los pocos escalones de la casa yse puso a correr todo lo que daba hacia el camino ycuando el príncipe de Guermantes (después de haber hecho esperar lo que creyó necesario a una relación de paso, no sin haberse preguntado si era muy prudente y si el individuo no sería peligroso), entró al salón, no encontró a nadie. Por más que explorara toda la casa, que no era grande, con su mucamo y con el revólver en la mano, las vueltas del jardincillo, y el sótano, el compañero cuya presencia creyera segura, había desaparecido. Lo encontró varias veces en el transcurso de la semana siguiente. Pero cada vez era Morel, el individuo peligroso el que se escapaba como si el príncipe lo fuera aún más. Encastillado en sus sospechas, Morel nunca las disipó y aún en París, la presencia del príncipe de Guermantes bastaba para ponerlo en fuga. Por lo que el señor de Charlus se vio protegido de una infidelidad que lo desesperaba y vengado, sin haberlo imaginado nunca ni sobre todo en qué forma.
Mais déjà les souvenirs de ce qu′on m′avait raconté à ce sujet sont remplacés par d′autres, car le B. C. N., reprenant sa marche de «tacot», continue de déposer ou de prendre les voyageurs aux stations suivantes. A Grattevast, où habitait sa soeur, avec laquelle il était allé passer l′après-midi, montait quelquefois M. Pierre de Verjus, comte de Crécy (qu′on appelait seulement le Comte de Crécy), gentilhomme pauvre mais d′une extrême distinction, que j′avais connu par les Cambremer, avec qui il était d′ailleurs peu lié. Réduit à une vie extrêmement modeste, presque misérable, je sentais qu′un cigare, une «consommation» étaient choses si agréables pour lui que je pris l′habitude, les jours où je ne pouvais voir Albertine, de l′inviter à Balbec. Très fin et s′exprimant à merveille, tout blanc, avec de charmants yeux bleus, il parlait surtout du bout des lèvres, très délicatement, des conforts de la vie seigneuriale, qu′il avait évidemment connus, et aussi de généalogies. Comme je lui demandais ce qui était gravé sur sa bague, il me dit avec un sourire modeste: «C′est une branche de verjus.» Et il ajouta avec un plaisir dégustateur: «Nos armes sont une branche de verjus — symbolique puisque je m′appelle Verjus — tigellée et feuillée de sinople.» Mais je crois qu′il aurait eu une déception si à Balbec je ne lui avais offert à boire que du verjus. Il aimait les vins les plus coûteux, sans doute par privation, par connaissance approfondie de ce dont il était privé, par goût, peut-être aussi par penchant exagéré. Aussi quand je l′invitais à dîner à Balbec, il commandait le repas avec une science raffinée, mais mangeait un peu trop, et surtout buvait, faisant chambrer les vins qui doivent l′être, frapper ceux qui exigent d′être dans de la glace. Avant le dîner et après, il indiquait la date ou le numéro qu′il voulait pour un porto ou une fine, comme il eût fait pour l′érection, généralement ignorée, d′un marquisat, mais qu′il connaissait aussi bien. Pero ya los recuerdos de lo que me habían contado a ese respecto se ven reemplazados por otros, porque el B. C. N., volviendo a su andar de carreta seguía depositando o recogiendo los pasajeros en las estaciones siguientes. En Grattevast, donde vivía su hermana con la que pasara la tarde, subía a veces el señor Pedro de Verjus, conde de Crécy (que llamaban sólo el Conde de Crécy), gentilhombre pobre pero de una infinita distinción que había conocido yo por medio de los Cámbremer, con quien estaba por otra parte escasamente relacionado. Reducido a una vida extremadamente modesta, casi miserable, sentía que un cigarro, una “consumición”, le eran tan agradables que me acostumbré a invitarlo a Balbec, los días en que no podía verla a Albertina. Muy fino, sabía expresarse a las mil maravillas, completamente canoso, con unos ojos azules encantadores y hablaba sobre todo como si fuera con el borde de los labios, muy delicadamente, del confort de la vida señorial que evidentemente había conocido y también de genealogías. Al preguntarle yo qué llevaba grabado en su anillo, me dijo con una sonrisa modesta: “Es una rama en agraz” -simbólica, ya que me llamo Verjuss- con tallos y hojas en sínople.”48 Pero creo que se hubiera desilusionado si en Balbec sólo le hubiese ofrecido para beber vino en agraz. Le gustaban los vinos más costosos, sin duda por privación, por conocimiento profundizado de aquello de que estaba privado, por afición y quizás por una exagerada inclinación. Por eso cuando lo invitaba a comer en Balbec, encargaba la cena con una ciencia refinada, pero comía con algún exceso y sobre todo bebía haciendo entibiar aquellos vinos que debían serlo y helar los que deben estar en el hielo. Antes de la comida y después indicaba la fecha o el número que deseaba para un oporto o un coñac como lo hubiese hecho para la erección generalmente ignorada de un marquesado, que también conocía a la perfección.
Comme j′étais pour Aimé un client préféré, il était ravi que je donnasse de ces dîners extras et criait aux garçons: «Vite, dressez la table 25», il ne disait même pas «dressez», mais «dressez-moi», comme si ç‘avait été pour lui. Et comme le langage des maîtres d′hôtel n′est pas tout à fait le même que celui des chefs de rang, demi-chefs, commis, etc., au moment où je demandais l′addition, il disait au garçon qui nous avait servis, avec un geste répété et apaisant du revers de la main, comme s′il voulait calmer un cheval prêt à prendre le mors aux dents: «N′allez pas trop fort (pour l′addition), allez doucement, très doucement.» Puis, comme le garçon partait muni de cet aide-mémoire, Aimé, craignant que ses recommandations ne fussent pas exactement suivies, le rappelait: «Attendez, je vais chiffrer moi-même.» Et comme je lui disais que cela ne faisait rien: «J′ai pour principe que, comme on dit vulgairement, on ne doit pas estamper le client.» Quant au directeur, comme les vêtements de mon invité étaient simples, toujours les mêmes, et assez usés (et pourtant personne n′eût si bien pratiqué l′art de s′habiller fastueusement, comme un élégant de Balzac, s′il en avait eu les moyens), il se contentait, à cause de moi, d′inspecter de loin si tout allait bien, et d′un regard, de faire mettre une cale sous un pied de la table qui n′était pas d′aplomb. Ce n′est pas qu′il n′eût su, bien qu′il cachât ses débuts comme plongeur, mettre la main à la pâte comme un autre. Il fallut pourtant une circonstance exceptionnelle pour qu′un jour il découpât lui-même les dindonneaux. J′étais sorti, mais j′ai su qu′il l′avait fait avec une majesté sacerdotale, entouré, à distance respectueuse du dressoir, d′un cercle de garçons qui cherchaient, par là, moins à apprendre qu′à se faire bien voir et avaient un air béat d′admiration. Vus d′ailleurs par le directeur (plongeant d′un geste lent dans le flanc des victimes et n′en détachant pas plus ses yeux pénétrés de sa haute fonction que s′il avait dû y lire quelque augure) ils ne le furent nullement. Le sacrificateur ne s′aperçut même pas de mon absence. Quand il l′apprit, elle le désola. «Comment, vous ne m′avez pas vu découper moi-même les dindonneaux?» Je lui répondis que, n′ayant pu voir jusqu′ici Rome, Venise, Sienne, le Prado, le musée de Dresde, les Indes, Sarah dans Phèdre, je connaissais la résignation et que j′ajouterais son découpage des dindonneaux à ma liste. La comparaison avec l′art dramatique (Sarah dans Phèdre) fut la seule qu′il parut comprendre, car il savait par moi que, les jours de grandes représentations, Coquelin aîné avait accepté des rôles de débutant, celui même d′un personnage qui ne dit qu′un mot ou ne dit rien. «C′est égal, je suis désolé pour vous. Quand est-ce que je découperai de nouveau? Il faudrait un événement, il faudrait une guerre.» (Il fallut en effet l′armistice.) Depuis ce jour-là le calendrier fut changé, on compta ainsi: «C′est le lendemain du jour où j′ai découpé moi-même les dindonneaux.» «C′est juste huit jours après que le directeur a découpé lui-même les dindonneaux.» Ainsi cette prosectomie donna-t-elle, comme la naissance du Christ ou l′Hégire, le point de départ d′un calendrier différent des autres, mais qui ne prit pas leur extension et n′égala pas leur durée. Como yo era un cliente preferido de Aimé, le encantaba que ofreciera esas cenas extras y le gritaba a los mozos: “-¡Pronto, preparen la mesa 25!” ni siquiera decía preparen, sino prepárenme, como si fuera para él. Y como el lenguaje de los Zaitres no es totalmente igual al de los jefes de mesa, semijefes, mozos, etc., en el momento en que pedía yo la adición, le decía al mozo que nos había servido, con un gesto reiterado y tranquilizador del reverso de la mano, como si quisiera calmar un caballo dispuesto a desbocarse: “-No cargue mucho (para la adición), despacio, muy despacio”. Y como el mozo se iba provisto de esa ayuda para la memoria, Aimé, que temía que sus recomendaciones no se siguieran exactamente, le recordaba. “-Espere, voy a poner las cifras yo mismo”. Y al decirle yo que eso no tenía importancia: “-Tengo por principio que, como se dice vulgarmente, no debe estafarse al cliente”. En cuanto al director, debido a los trajes sencillos, siempre iguales y bastante usados de mi invitado (sin embargo nadie como él hubiese practicado mejor el arte de vestirse fastuosamente, como un elegante de Balzac, si contara con los medios) se conformaba, por mí inspeccionando desde lejos si todo andaba bien y con una mirada ordenaba colocar una calza bajo la pata de una mesa que no tenía estabilidad. Y no es que no supiese prestar una mano como cualquiera, aunque ocultase sus comienzos como lavaplatos. Se necesitó sin embargo una circunstancia excepcional para que recortara personalmente un día las pavitas. Yo me había ido pero supe que lo hizo con una majestad sacerdotal, rodeado, a respetuosa distancia del trinchante, por un círculo de mozos que buscaban con ello no tanto aprender como ponerse en evidencia y ofrecían un aspecto beatífico de admiración. Vistos por otra parte por el director (hundiéndose con un gesto lento en los flancos de las víctimas y sin despegar los ojos, penetrado por su alta función corno si debiese leer algún augurio) no lo fueron en absoluto. El sacrificador ni siquiera advirtió mi ausencia. Cuando lo supo, se desesperó. “-¿Cómo, no me vio trinchar personalmente las pavitas?” Le contesté que no habiendo podido ver hasta entonces ni Roma, ni Venecia ni Siena, el Prado, el museo de Dresde, las Indias ni Sarah en Fedra, conocía la resignación yagregaría su trinchada de las pavitas a mi lista. La comparación con el arte dramático (Sarah en Fedrd) fue la única que pareció comprender, porque por mí sabía que los días de grandes representaciones, Coquelin, el mayor, había aceptado papeles de debutante, hasta el de un personaje que dice una palabra o no dice nada. “-De cualquier manera, lo siento por usted. ¿Cuándo trincharé de nuevo? Se necesitaría un acontecimiento, se necesitaría una guerra. (Se necesitó efectivamente el armisticio). Desde ese día cambió el calendario, y se contó en esta forma: “Al día siguiente del día en que trinché las pavitas”. “Justamente ocho días después que el director trinchó personalmente las pavitas”. Así esa disección fue, como el nacimiento de Cristo o la Égira, el punto de partida de un calendario distinto al de los demás, pero que no tomó su extensión y no igualó su duración.
La tristesse de la vie de M. de Crécy venait, tout autant que de ne plus avoir de chevaux et une table succulente, de ne voisiner qu′avec des gens qui pouvaient croire que Cambremer et Guermantes étaient tout un. Quand il vit que je savais que Legrandin, lequel se faisait maintenant appeler Legrand de Méséglise, n′y avait aucune espèce de droit, allumé d′ailleurs par le vin qu′il buvait, il eut une espèce de transport de joie. Sa soeur me disait d′un air entendu: «Mon frère n′est jamais si heureux que quand il peut causer avec vous.» Il se sentait en effet exister depuis qu′il avait découvert quelqu′un qui savait la médiocrité des Cambremer et la grandeur des Guermantes, quelqu′un pour qui l′univers social existait. Tel, après l′incendie de toutes les bibliothèques du globe et l′ascension d′une race entièrement ignorante, un vieux latiniste reprendrait pied et confiance dans la vie en entendant quelqu′un lui citer un vers d′Horace. Aussi, s′il ne quittait jamais le wagon sans me dire: «A quand notre petite réunion?» c′était autant par avidité de parasite, par gourmandise d′érudit, et parce qu′il considérait les agapes de Balbec comme une occasion de causer, en même temps, des sujets qui lui étaient chers et dont il ne pouvait parler avec personne, et analogues en cela à ces dîners où se réunit à dates fixes, devant la table particulièrement succulente du Cercle de l′Union, la Société des bibliophiles. Très modeste en ce qui concernait sa propre famille, ce ne fut pas par M. de Crécy que j′appris qu′elle était très grande et un authentique rameau, détaché en France, de la famille anglaise qui porte le titre de Crécy. Quand je sus qu′il était un vrai Crécy, je lui racontai qu′une nièce de Mme de Guermantes avait épousé un Américain du nom de Charles Crécy et lui dis que je pensais qu′il n′avait aucun rapport avec lui. «Aucun, me dit-il. Pas plus — bien, du reste, que ma famille n′ait pas autant d′illustration — que beaucoup d′Américains qui s′appellent Montgommery, Berry, Chandos ou Capel, n′ont de rapport avec les familles de Pembroke, de Buckingham, d′Essex, ou avec le duc de Berry.» Je pensai plusieurs fois à lui dire, pour l′amuser, que je connaissais Mme Swann qui, comme cocotte, était connue autrefois sous le nom d′Odette de Crécy; mais, bien que le duc d′Alençon n′eût pu se froisser qu′on parlât avec lui d′Émilienne d′Alençon, je ne me sentis pas assez lié avec M. de Crécy pour conduire avec lui la plaisanterie jusque-là. «Il est d′une très grande famille, me dit un jour M. de Montsurvent. Son patronyme est Saylor.» Et il ajouta que sur son vieux castel au-dessus d′Incarville, d′ailleurs devenu presque inhabitable et que, bien que né fort riche, il était aujourd′hui trop ruiné pour réparer, se lisait encore l′antique devise de la famille. Je trouvai cette devise très belle, qu′on l′appliquât soit à l′impatience d′une race de proie nichée dans cette aire, d′où elle devait jadis prendre son vol, soit, aujourd′hui, à la contemplation du déclin, à l′attente de la mort prochaine dans cette retraite dominante et sauvage. C′est en ce double sens, en effet, que joue avec le nom de Saylor cette devise qui est: «Ne sçais l′heure.» La tristeza de la vida del señor de Crécy se originaba tanto por no tener más caballos y una mesa suculenta, como por estar en la proximidad de gente que creía que Cambremer y Guermantes eran uno solo. Cuando vio que yo sabía que Legrandin, que se hacía llamar ahora Legrand de Méséglise, no tenía ningún derecho para ello, encendido además por el vino que bebía, tuvo algo como un transporte de alegría. Su hermana me decía con expresión de entendido: “-Nunca mi hermano se siente más feliz que cuando puede conversar con usted”. Se sentía existir efectivamente, desde que había descubierto a alguien que conocía la mediocridad de los Cambremer y la grandeza de los Guermantes; alguien para quien existía el universo social. Tal como después del incendio de todas las bibliotecas del globo y la ascensión de una raza enteramente ignorante, un viejo latinista volviera a tomar pie y confianza en la vida al oírle citar a alguien un verso de Horacio. Por eso, si no abandonaba nunca el vagón sin decirme: “-¿Para cuándo nuestra pequeña reunión?” no era tanto por avidez de parásito sino por gula de erudito y porque consideraba los ágapes de Balbec como una oportunidad de conversar, a un tiempo, de temas que le eran caros y de los que no podía hablar con nadie y análogos en eso a esas comidas en que reúnen a fecha fija, ante la mesa particularmente suculenta del Círculo de la Unión, la Sociedad de los bibliófilos. Muy modesto en lo concerniente a su propia familia, no me enteré por medio del señor de Crécy de cuál era su grandeza y cómo resultaba una rama auténtica -desprendida en Francia- de la familia inglesa que lleva el nombre de Crécy. Cuando supe que era un verdadero Crécy, le conté que una sobrina de la señora de Guermantes se había casado con un americano que se llamaba Carlos Crécy y le dije que suponía que no tendría ninguna relación con él. “-Ninguna, me dijo. No más -aunque por otra parte mi familia no tenga tanta ilustración como tantos americanos que se llaman Montgommery, Berry, Chaudos o Capel tampoco tienen ninguna vinculación con las familias de Pembroke, Buckingham, Essex o el duque de Berry”. Pensé decirle varias veces, para divertirlo, que la conocía a la señora de Swann, quien como cocotte era conocida antiguamente con el nombre de Odette de Crécy;49 pero aunque el duque de Alecon no se pudiera disgustar porque se hablara con él de Emiliana d′Alencon, no me sentí lo suficientemente vinculado con el señor de Crécy para llevar la broma hasta allí. “- Su familia es muy grande” me dijo un día el señor de Montsurvent. “Su patronímico es Saylor”. Y agregó que sobre su viejo castillo, por encima de Incarville, -por otra parte ahora casi inhabitable y aunque había nacido muy rico hoy estaba demasiado arruinado para repararlose leía aún la antigua divisa de la familia. Esa divisa me pareció muy hermosa, ya fuera que la aplicasen a la impaciencia de una raza de presa metida en ese nido de aves de rapiña de donde antes debió tomar vuelo, ya fuera hoy, que al contemplar su declinar, esperaba la muerte cercana, en ese retiro dominante y salvaje. Es en ese doble sentido que esta divisa juega con el nombre de Saylor:50 “Ignoro la hora”.
A Hermenonville montait quelquefois M. de Chevrigny, dont le nom, nous dit Brichot, signifiait, comme celui de Mgr de Cabrières, «lieu où s′assemblent les chèvres». Il était parent des Cambremer et, à cause de cela et par une fausse appréciation de l′élégance, ceux-ci l′invitaient souvent à Féterne, mais seulement quand ils n′avaient pas d′invités à éblouir. Vivant toute l′année à Beausoleil, M. de Chevrigny était resté plus provincial qu′eux. Aussi, quand il allait passer quelques semaines à Paris, il n′y avait pas un seul jour de perdu pour tout ce qu′«il y avait à voir»; c′était au point que parfois, un peu étourdi par le nombre de spectacles trop rapidement digérés, quand on lui demandait s′il avait vu une certaine pièce il lui arrivait de n′en être plus bien sûr. Mais ce vague était rare, car il connaissait les choses de Paris avec ce détail particulier aux gens qui y viennent rarement. Il me conseillait les «nouveautés» à aller voir («Cela en vaut la peine»), ne les considérant, du reste, qu′au point de vue de la bonne soirée qu′elles font passer, et ignorant du point de vue esthétique jusqu′à ne pas se douter qu′elles pouvaient en effet constituer parfois une «nouveauté» dans l′histoire de l′art. C′est ainsi que, parlant de tout sur le même plan, il nous disait: «Nous sommes allés une fois à l′Opéra-Comique, mais le spectacle n′est pas fameux. Cela s′appelle Pelléas et Mélisande. C′est insignifiant. Périer joue toujours bien, mais il vaut mieux le voir dans autre chose. En revanche, au Gymnase on donne La Châtelaine. Nous y sommes retournés deux fois; ne manquez pas d′y aller, cela mérite d′être vu; et puis c′est joué à ravir; vous avez Frévalles, Marie Magnier, Baron fils»; il me citait même des noms d′acteurs que je n′avais jamais entendu prononcer, et sans les faire précéder de Monsieur, Madame ou Mademoiselle, comme eût fait le duc de Guermantes, lequel parlait du même ton cérémonieusement méprisant des «chansons de Mademoiselle Yvette Guilbert» et des «expériences de Monsieur Charcot». M. de Chevrigny n′en usait pas ainsi, il disait Cornaglia et Dehelly, comme il eût dit Voltaire et Montesquieu. Car chez lui, à l′égard des acteurs comme de tout ce qui était parisien, le désir de se montrer dédaigneux qu′avait l′aristocrate était vaincu par celui de paraître familier qu′avait le provincial. Hasta Hermenonville subía a veces el señor de Chevrigny, cuyo nombre, nos dijo Brichot, significaba como el de monseñor Cabriéres, lugar donde se reúnen las cabras. Era pariente de los Cambremer ydebido a eso ypor un falso sentido de la elegancia, éstos lo invitaban a menudo a Féterne, pero sólo cuando no tenían que deslumbrar a algún invitado. Como vivía todo el año en Beausoleil, el señor de Chevrigny se había conservado más provinciano que ellos. Por eso cuando iba a pasar algunas semanas en París, no perdía un solo día de todo aquello que “debía verse”; hasta el punto que a veces, algo aturdido por la cantidad de espectáculos demasiado rápidamente digeridos, cuando se le preguntaba si había visto determinada pieza, le sucedía no estar seguro. Pero esa vaguedad era muy rara, porque conocía las cosas de París con esa minucia particular de aquellos que lo visitan de tarde en tarde. Me aconsejaba las “novedades” que debían verse (Eso vale la pena”) considerándolas únicamente desde el punto de vista de la noche agradable que provocan e ignorante del punto de vista estético, hasta no sospechar siquiera que podían constituir en efecto una “novedad” en la historia del arte. Así es como hablando de todo en un mismo plano, nos decía: “-Hemos ido una vez a la Ópera- Cómica, pero el espectáculo no valía gran cosa. Se llama Pélleas y Melisande. Es insignificante. Perder sigue siendo bueno, pero es mejor verlo en otra pieza. En cambio, en el Gymnase dan La castellana. La hemos visto dos veces, no dejen de verla, vale la pena; y además la representan de una manera encantadora; tienen ustedes a Frévalles, María Magnier y Baron, hijo”; hasta me citaba nombres de actores que nunca había oído yo y sin llamarlos previamente, señor, señora o señorita, como lo hubiese hecho el duque de Guermantes, que hablaba con el mismo tono ceremoniosamente desdeñoso de las “canciones de la señorita Yvette Guilbert” y los “experimentos del señor Charcot”. El señor de Chevrigny no hacía lo mismo; él decía Cornaglia y Dehelly, como si dijera Voltaire y Montesquieu. Porque en él, con respecto a los actores como con todo lo que venía de París, el deseo de mostrarse desdeñoso del aristócrata se veía vencido por el de parecer familiar que tenía el provinciano.
Dès après le premier dîner que j′avais fait à la Raspelière avec ce qu′on appelait encore à Féterne «le jeune mariage», bien que M. et Mme de Cambremer ne fussent plus, tant s′en fallait, de la première jeunesse, la vieille marquise m′avait écrit une de ces lettres dont on reconnaît l′écriture entre des milliers. Elle me disait: «Amenez votre cousine délicieuse — charmante — agréable. Ce sera un enchantement, un plaisir», manquant toujours avec une telle infaillibilité la progression attendue par celui qui recevait sa lettre que je finis par changer d′avis sur la nature de ces diminuendos, par les croire voulus, et y trouver la même dépravation du goût — transposée dans l′ordre mondain — qui poussait Sainte–Beuve à briser toutes les alliances de mots, à altérer toute expression un peu habituelle. Deux méthodes, enseignées sans doute par des maîtres différents, se contrariaient dans ce style épistolaire, la deuxième faisant racheter à Mme de Cambremer la banalité des adjectifs multiples en les employant en gamme descendante, en évitant de finir sur l′accord parfait. En revanche, je penchais à voir dans ces gradations inverses, non plus du raffinement, comme quand elles étaient l′oeuvre de la marquise douairière, mais de la maladresse toutes les fois qu′elles étaient employées par le marquis son fils ou par ses cousines. Car dans toute la famille, jusqu′à un degré assez éloigné, et par une imitation admirative de tante Zélia, la règle des trois adjectifs était très en honneur, de même qu′une certaine manière enthousiaste de reprendre sa respiration en parlant. Imitation passée dans le sang, d′ailleurs; et quand, dans la famille, une petite fille, dès son enfance, s′arrêtait en parlant pour avaler sa salive, on disait: «Elle tient de tante Zélia», on sentait que plus tard ses lèvres tendraient assez vite à s′ombrager d′une légère moustache, et on se promettait de cultiver chez elle les dispositions qu′elle aurait pour la musique. Les relations des Cambremer ne tardèrent pas à être moins parfaites avec Mme Verdurin qu′avec moi, pour différentes raisons. Ils voulaient inviter celle-ci. La «jeune» marquise me disait dédaigneusement: «Je ne vois pas pourquoi nous ne l′inviterions pas, cette femme; à la campagne on voit n′importe qui, ça ne tire pas à conséquence.» Mais, au fond, assez impressionnés, ils ne cessaient de me consulter sur la façon dont ils devaient réaliser leur désir de politesse. Je pensais que, comme ils nous avaient invités à dîner, Albertine et moi, avec des amis de Saint–Loup, gens élégants de la région, propriétaires du château de Gourville et qui représentaient un peu plus que le gratin normand, dont Mme Verdurin, sans avoir l′air d′y toucher, était friande, je conseillai aux Cambremer d′inviter avec eux la Patronne. Mais les châtelains de Féterne, par crainte (tant ils étaient timides) de mécontenter leurs nobles amis, ou (tant ils étaient na) que M. et Mme Verdurin s′ennuyassent avec des gens qui n′étaient pas des intellectuels, ou encore (comme ils étaient imprégnés d′un esprit de routine que l′expérience n′avait pas fécondé) de mêler les genres et de commettre un «impair», déclarèrent que cela ne corderait pas ensemble, que cela ne «bicherait» pas et qu′il valait mieux réserver Mme Verdurin (qu′on inviterait avec tout son petit groupe) pour un autre dîner. Pour le prochain — l′élégant, avec les amis de Saint–Loup — ils ne convièrent du petit noyau que Morel, afin que M. de Charlus fût indirectement informé des gens brillants qu′ils recevaient, et aussi que le musicien fût un élément de distraction pour les invités, car on lui demanderait d′apporter son violon. On lui adjoignit Cottard, parce que M. de Cambremer déclara qu′il avait de l′entrain et «faisait bien» dans un dîner; puis que cela pourrait être commode d′être en bons termes avec un médecin si on avait jamais quelqu′un de malade. Mais on l′invita seul, pour ne «rien commencer avec la femme». Mme Verdurin fut outrée quand elle apprit que deux membres du petit groupe étaient invités sans elle à dîner à Féterne «en petit comité». Elle dicta au docteur, dont le premier mouvement avait été d′accepter, une fière réponse où il disait: «Nous dînons ce soir-là chez Mme Verdurin», pluriel qui devait être une leçon pour les Cambremer et leur montrer qu′il n′était pas séparable de Mme Cottard. Quant à Morel, Mme Verdurin n′eut, pas besoin de lui tracer une conduite impolie, qu′il tint spontanément, voici pourquoi. S′il avait, à l′égard de M. de Charlus, en ce qui concernait ses plaisirs, une indépendance qui affligeait le baron, nous avons vu que l′influence de ce dernier se faisait sentir davantage dans d′autres domaines et qu′il avait, par exemple, élargi les connaissances musicales et rendu plus pur le style du virtuose. Mais ce n′était encore, au moins à ce point de notre récit, qu′une influence. En revanche, il y avait un terrain sur lequel ce que disait M. de Charlus était aveuglément cru et exécuté par Morel. Desde la primera comida que tuve en la Raspeliére, con lo que en Féterne se seguía llamando el “joven matrimonio”, aunque el señor de Cambremer y la señora ya no fuesen de primera juventud la anciana marquesa me haba escrito una de esas cartas cuya letra reconoce uno entre miles. Me decía: “Traiga a su prima deliciosaencantadora-agradable. Será un encanto, un placer”, errando siempre con tanta infalibilidad la progresión esperada por quien recibía su carta, que acabé por cambiar de opinión acerca de la naturaleza de esos diminuendos, por suponerlos voluntarios yencontrar en ellos la misma depravación del gusto -traspuesta al orden mundano- que llevaba Sainte-Beuve a quebrar todas las alianzas de las palabras y alterar toda expresión algo corriente. Dos métodos sin duda enseñados por maestros distintos, se oponían en ese estilo epistolar, compensando el segundo en la señora de Cambremer la vulgaridad de los adjetivos múltiples, empleándolos en gama descendente, evitando concluir con el acorde perfecto mayor. En cambio me inclinaba a ver en esas graduaciones inversas, no ya un refinamiento como cuando eran la obra de la marquesa anciana, sino una torpeza como cada vez que la empleaban el marqués, su hijo o sus primas. Porque en toda la familia, hasta un grado bastante lejano y por una imitación admirativa de la tía Zelia, la regla de los tres adjetivos estaba a la orden del día, asimismo como una determinada manera entusiasta de aspirar reiteradamente al hablar. Imitación incorporada a la sangre por otra parte; y cuando una chiquilla de la familia, en su infancia, se detenía al hablar para tragar saliva, se decía: “- Se parece a la tía Zelia”; advertían que más tarde sus labios tendrían una tendencia bastante rápida a oscurecerse con un ligero bozo y se prometían cultivarle sus disposiciones para la música. Las relaciones de los Cambremer con la señora de Verdurin no tardaron en ser menos perfectas que conmigo, por diferentes motivos. La querían invitar a ésta. La “joven” marquesa me decía desdeñosamente: “-No veo por qué no invitaríamos a esa mujer; en el campo una se trata con cualquiera, no tiene consecuencias”. Pero bastante impresionados, en el fondo, no dejaban de consultarme acerca de la forma en que realizarían su deseo de cortesía. Como nos habían invitado a comer a Albertina y a mí, con amigos de Saint-Loup, gente elegante de la región, dueños del castillo de Gourville y que representaban algo más que lo mejorcito normando, que le gustaba tanto a la señora de Verdurin aunque no quisiera aparentarlo, les aconsejé a los Cambremer que invitaran conjuntamente con ellos a la Patrona. Pero los castellanos de Féterne, por temor (a tal punto eran tímidos) de descontentar a los nobles amigos o (a tal punto eran cándidos) a que el señor Verdurin y señora se aburriesen con gente que no era intelectual o aún (como estaban impregnados de un espíritu de rutina todavía no fecundado) por no mezclar los estilos y cometer un yerro, declararon que no harían buenas migas y que sería mejor reservarla a la señora de Verdurin (a la que se invitaría con su pequeño grupo) para otra comida. Para la próxima -la elegante- con los amigos de Saint-Loup no invitaron de todo el pequeño núcleo sino a Morel para que el señor de Charlus se informara indirectamente de la gente brillante que recibían y también para que el músico les resultase un elemento de distracción a los invitados; porque le pedirían que llevara el violín. Le agregaron a Cottard porque el señor de Cambremer declaró que tenía ímpetu y“lucía bien” en una comida; yademás podía resultar cómodo estar en buenos términos con un médico para el caso en que se tuviera algún enfermo. Pero lo invitaron solo para “no empezar nada con la mujer”. La señora de Verdurin se sintió ultrajada cuando supo que dos miembros del pequeño grupo habían sido invitados a comer íntimamente en Féterne sin ella. Le dictó al médico, cuyo primer movimiento había sido el de aceptar, una altiva respuesta en que decía: “pCenamos esa noche en casa de la señora de Verdurin”, plural que debía constituir una lección para los Cambremer y señalarles que no era separable de la señora de Cottard. En cuanto a Morel, la señora de Verdurin no necesitó trazarle una conducta descortés, que siguió espontáneamente y he aquí el porqué. Si tenía frente al señor de Charlus, en lo que se refería a sus placeres, una independencia, que afligía al barón, ya hemos visto que la influencia de este último se hacía sentir más en otros dominios y que había ensanchado, por ejemplo, los conocimientos musicales y depurado el estilo del virtuoso. Pero no era aún, por lo menos a esta altura de nuestro relato, más que una influencia. En cambio había un terreno, sobre el cual lo que decía el señor de Charlus era ciegamente creído y ejecutado por Morel.
Aveuglément et follement, car non seulement les enseignements de M. de Charlus étaient faux, mais encore, eussent-ils été valables pour un grand seigneur, appliqués à la lettre par Morel ils devenaient burlesques. Le terrain où Morel devenait si crédule et était si docile à son maître, c′était le terrain mondain. Le violoniste, qui, avant de connaître M. de Charlus, n′avait aucune notion du monde, avait pris à la lettre l′esquisse hautaine et sommaire que lui en avait tracée le baron: «Il y a un certain nombre de familles prépondérantes, lui avait dit M. de Charlus, avant tout les Guermantes, qui comptent quatorze alliances avec la Maison de France, ce qui est d′ailleurs surtout flatteur pour la Maison de France, car c′était à Aldonce de Guermantes et non à Louis le Gros, son frère consanguin mais puîné, qu′aurait dû revenir le trône de France. Sous Louis XIV, nous drapâmes à la mort de Monsieur, comme ayant la même grand′mère que le Roi; fort au-dessous des Guermantes, on peut cependant citer les La Trémoe, descendants des rois de Naples et des comtes de Poitiers; les d′Uzès, peu anciens comme famille mais qui sont les plus anciens pairs; les Luynes, tout à fait récents mais avec l′éclat de grandes alliances; les Choiseul, les Harcourt, les La Rochefoucauld. Ajoutez encore les Noailles, malgré le comte de Toulouse, les Montesquieu, les Castellane et, sauf oubli, c′est tout. Quant à tous les petits messieurs qui s′appellent marquis de Cambremerde ou de Vatefairefiche, il n′y a aucune différence entre eux et le dernier pioupiou de votre régiment. Que vous alliez faire pipi chez la comtesse Caca, ou caca chez la baronne Pipi, c′est la même chose, vous aurez compromis votre réputation et pris un torchon breneux comme papier hygiénique. Ce qui est malpropre.» Morel avait recueilli pieusement cette leçon d′histoire, peut-être un peu sommaire; il jugeait les choses comme s′il était lui-même un Guermantes et souhaitait une occasion de se trouver avec les faux La Tour d′Auvergne pour leur faire sentir, par une poignée de main dédaigneuse, qu′il ne les prenait guère au sérieux. Quant aux Cambremer, justement voici qu′il pouvait leur témoigner qu′ils n′étaient pas «plus que le dernier pioupiou de son régiment». Il ne répondit pas à leur invitation, et le soir du dîner s′excusa à la dernière heure par un télégramme, ravi comme s′il venait d′agir en prince du sang. Il faut, du reste, ajouter qu′on ne peut imaginer combien, d′une façon plus générale, M. de Charlus pouvait être insupportable, tatillon, et même, lui si fin, bête, dans toutes les occasions où entraient en jeu les défauts de son caractère. On peut dire, en effet, que ceux-ci sont comme une maladie intermittente de l′esprit. Qui n′a remarqué le fait sur des femmes, et même des hommes, doués d′intelligence remarquable, mais affligés de nervosité? Quand ils sont heureux, calmes, satisfaits de leur entourage, ils font admirer leurs dons précieux; c′est, à la lettre, la vérité qui parle par leur bouche. Une migraine, une petite pique d′amour-propre suffit à tout changer. La lumineuse intelligence, brusque, convulsive et rétrécie, ne reflète plus qu′un moi irrité, soupçonneux, coquet, faisant tout ce qu′il faut pour déplaire. Ciega y descabelladamente porque no sólo las enseñanzas del señor de Charlus eran erróneas, sino que aunque hubiesen resultado válidas para un gran señor, aplicadas al pie de la letra por Morel se hacían burlescas. El terreno en que Morel se ponía tan crédulo y era tan dócil a su amo, era el terreno social. El violinista, que antes de conocer al señor de Charlus, no tenía ninguna noción del mundo, había tomado al pie de la letra el boceto altivo y sumario que le había trazado el barón: “Hay cierto número de familias preponderantes, le había dicho el señor de Charlus, ante todo los Guermantes, que cuentan catorce alianzas con la casa de Francia, lo que es por otra parte especialmente halagador para la casa de Francia, porque a Aldonzo de Guermantes y no a Luis el Gordo, su hermano consanguíneo pero segundogénito, debía haberle correspondido el trono de Francia. Bajo Luis XIV, nos enlutamos cuando murió Monsieur, como que teníamos la misma abuela que el rey; muy por debajo de los Guermantes, se puede sin embargo citar a los La Tréinoille, descendientes de los reyes de Nápoles y de los condes de Poitiers; los de Uzés, de familia escasamente antigua pero que son los pares más antiguos; los Luynes, muy recientes pero con el brillo de grandes alianzas; los Choiseul, los Harcourt, los La Rochefoucauld. Agregue todavía los Noailles, a pesar del conde de Toulouse los Montesquiou, los Castellane y salvo olvido, eso es todo. En cuanto a todos esos caballeretes que se llaman marqueses de Cambremerde o de Quetezurzan, no hay ninguna diferencia entre ellos y el Último conscripto del regimiento. Que usted vaya a hacer pis a casa de la condesa Caca o caca a casa de la baronesa Pis, es lo mismo, habrá comprometido su reputación y confundido un trapo sucio con un papel higiénico. Lo que es antihigiénico”. Morel había recogido piadosamente esa lección de historia, quizás algo sumaria y juzgaba las cosas como si él mismo fuera un Guermantes y deseaba una ocasión de encontrarse con los falsos La Tour d′Auvergne, para hacerles sentir con un desdeñoso apretón de manos, que no los tomaba en serio. En cuanto a los Cambremer, he aquí que justamente podía demostrarles que no eran mucho más que “el último conscripto de su regimiento”. No contestó su invitación y la noche de la comida se disculpó a última hora con un telegrama, encantado, como si acabara de proceder como un príncipe de la sangre. Se debe agregar por otra parte que no puede imaginarse uno, de modo más general, cómo el señor de Charlus podía ser insoportable, quisquilloso y hasta tonto, él tan fino, en todas las oportunidades en que entraban en juego todos los defectos de su carácter. Puede decirse, efectivamente, que éstos constituyen algo parecido a una enfermedad intermitente del espíritu. ¿Quién no ha notado el hecho en mujeres y aun en hombres que dotados de notable inteligencia, pero afligidos de nerviosidad, cuando son felices, tranquilos y satisfechos de lo que los rodean, hacen admirar sus preciosos dones y es exactamente la verdad la que habla por su boca? Una jaqueca, una insignificancia de amor propio basta para cambiarlo todo. La inteligencia luminosa, brusca, convulsiva y encogida, ya no refleja sino un yo irritado, suspicaz, coqueto, que hace todo lo necesario para disgustarnos.
La colère des Cambremer fut vive; et, dans l′intervalle, d′autres incidents amenèrent une certaine tension dans leurs rapports avec le petit clan. Comme nous revenions, les Cottard, Charlus, Brichot, Morel et moi, d′un dîner à la Raspelière et que les Cambremer, qui avaient déjeuné chez des amis à Harambouville, avaient fait à l′aller une partie du trajet avec nous: «Vous qui aimez tant Balzac et savez le reconnaître dans la société contemporaine, avais-je dit à M. de Charlus, vous devez trouver que ces Cambremer sont échappés des Scènes de la vie de Province.» Mais M. de Charlus, absolument comme s′il avait été leur ami et si je l′eusse froissé par ma remarque, me coupa brusquement la parole: «Vous dites cela parce que la femme est supérieure au mari, me dit-il d′un ton sec. — Oh! je ne voulais pas dire que c′était la Muse du département, ni Madame de Bargeton bien que . . . » M. de Charlus m′interrompit encore: «Dites plutôt Mme de Mortsauf.» Le train s′arrêta et Brichot descendit. «Nous avions beau vous faire des signes, vous êtes terrible. — Comment cela? — Voyons, ne vous êtes-vous pas aperçu que Brichot est amoureux fou de Mme de Cambremer?» Je vis par l′attitude des Cottard et de Charlie que cela ne faisait pas l′ombre d′un doute dans le petit noyau. Je crus qu′il y avait de la malveillance de leur part. «Voyons, vous n′avez pas remarqué comme il a été troublé quand vous avez parlé d′elle», reprit M. de Charlus, qui aimait montrer qu′il avait l′expérience des femmes et parlait du sentiment qu′elles inspirent d′un air naturel et comme si ce sentiment était celui qu′il éprouvait lui-même habituellement. Mais un certain ton d′équivoque paternité avec tous les jeunes gens — malgré son amour exclusif pour Morel — démentit par le ton les vues d′homme à femmes qu′il émettait: «Oh! ces enfants, dit-il, d′une voix aiguë, mièvre et cadencée, il faut tout leur apprendre, ils sont innocents comme l′enfant qui vient de naître, ils ne savent pas reconnaître quand un homme est amoureux d′une femme. A votre âge j′étais plus dessalé que cela», ajouta-t-il, car il aimait employer les expressions du monde apache, peut-être par goût, peut-être pour ne pas avoir l′air, en les évitant, d′avouer qu′il fréquentait ceux dont c′était le vocabulaire courant. Quelques jours plus tard, il fallut bien me rendre à l′évidence et reconnaître que Brichot était épris de la marquise. Malheureusement il accepta plusieurs déjeuners chez elle. Mme Verdurin estima qu′il était temps de mettre le holà. En dehors de l′utilité qu′elle voyait à une intervention, pour la politique du petit noyau, elle prenait à ces sortes d′explications et aux drames qu′ils déchaînaient un goût de plus en plus vif et que l′oisiveté fait naître, aussi bien que dans le monde aristocratique, dans la bourgeoisie. Ce fut un jour de grande émotion à la Raspelière quand on vit Mme Verdurin disparaître pendant une heure avec Brichot, à qui on sut qu′elle avait dit que Mme de Cambremer se moquait de lui, qu′il était la fable de son salon, qu′il allait déshonorer sa vieillesse, compromettre sa situation dans l′enseignement. Elle alla jusqu′à lui parler en termes touchants de la blanchisseuse avec qui il vivait à Paris, et de leur petite fille. Elle l′emporta, Brichot cessa d′aller à Féterne, mais son chagrin fut tel que pendant deux jours on crut qu′il allait perdre complètement la vue, et sa maladie, en tout cas, avait fait un bond en avant qui resta acquis. La cólera de los Cambremer fue viva; y en el intervalo, otros incidentes aportaron cierta tensión a sus relaciones con el pequeño clan. Al volver los Cottard, Charlus, Brichot, Morel y yo, de una comida en la Raspeliére y como los Cambremer, que habían almorzado en casa de unos amigos en Harambouville, realizaran a la ida parte del trayecto con nosotros: “-A usted, a quien tanto le gusta Balzac y lo sabe reconocer en la sociedad contemporánea-, le había dicho yo al señor de Charlus esos Cambremer deben parecerle escapados de las Escenas de la Vida de Provincia”. Pero el señor de Charlus, como si hubiese sido totalmente su amigo y le disgustara mi observación, me cortó bruscamente la palabra: “-Usted dice eso porque la mujer es superior al marido, me dijo secamente. -¡Oh!, no quería decir que fuese la musa del departamento, ni la señora de Bargeton aunque...” El señor de Charlus volvió a interrumpirme: “-Diga más bien la señora de Mortsauf ”. Se detuvo el tren y bajó Brichot. “Por más que le hiciéramos señas, usted es terrible. ¿¿Cómo es eso?- Vamos, ¿no ha advertido usted que Brichot está locamente enamorado de la señora de Cambremer?”. Vi por la actitud de los Cottard y de los Charlie, que eso no le ofrecía la menor duda al pequeño núcleo. Creí que habría de su parte cierta malevolencia. “-Vamos, ¿no observó usted cómo su turbó al hablar de ella?”, repuso el señor de Charlus, que gustaba demostrar experiencia de las mujeres y hablaba del sentimiento que inspiran con naturalidad y como si ese sentimiento fuera el que él experimentara habitualmente. Pero cierto tono de paternidad equívoca con todos los jóvenes -a pesar de su amor exclusivo por Morell- desmentía con el tono, las vistas de mujeriego que exponía: “-¡Oh! a esos muchachos -dijo con una voz aguda, amanerada y cadenciosa- hay que enseñarles todo, son inocentes como un recién nacido; no saben reconocer cuándo está enamorado un hombre de una mujer. A su edad yo era más experimentado”, agregó porque le gustaba emplear las expresiones del mundo apache51 quizás por afición, quizás para no aparentar, evitándolas, que frecuentaba aquellos para los que constituía el vocabulario corriente. Algunos días más tarde, debí entregarme a la evidencia y reconocer que Brichot estaba enamorado de la Marquesa. Desgraciadamente aceptó varios almuerzos en casa de ella. La señora de Verdurin estimó que ya era tiempo de manifestar oposición. Fuera de la utilidad que le suponía a una intervención, para la política del pequeño núcleo, esas especies de explicaciones y los dramas que desencadenaban le gustaban cada vez más, como los que hacen nacer la ociosidad tanto en el mundo aristocrático como en la burguesía. Fue un día de gran emoción en la Raspeliére cuando se vio a la señora de Verdurin desaparecer durante una hora con Brichot, a quien se supo le había dicho que la señora de Cambremer se burlaba de él, que era el hazmerreír de su salón, que iba a deshonrar su vejez y comprometer su posición en la enseñanza. Llegó hasta hablarle en términos conmovedores de la lavandera con quien vivía en París y de su pequeña hija. Ganó Brichot dejó de ir a Féterne, pero fue tal su pesar que durante dos días pudo creerse que iba a perder por completo la vista y de cualquier modo su enfermedad había dado un salto para adelante que ya no pudo evitarse.
Cependant les Cambremer, dont la colère contre Morel était grande, invitèrent une fois, et tout exprès, M. de Charlus, mais sans lui. Ne recevant pas de réponse du baron, ils craignirent d′avoir fait une gaffe et, trouvant que la rancune est mauvaise conseillère, écrivirent un peu tardivement à Morel, platitude qui fit sourire M. de Charlus en lui montrant son pouvoir. «Vous répondrez pour nous deux que j′accepte», dit le baron à Morel. Le jour du dîner venu, on attendait dans le grand salon de Féterne. Les Cambremer donnaient en réalité le dîner pour la fleur de chic qu′étaient M. et Mme Féré. Mais ils craignaient tellement de déplaire à M. de Charlus que, bien qu′ayant connu les Féré par M. de Chevrigny, Mme de Cambremer se sentit la fièvre quand, le jour du dîner, elle vit celui-ci venir leur faire une visite à Féterne. On inventa tous les prétextes pour le renvoyer à Beausoleil au plus vite, pas assez pourtant pour qu′il ne croisât pas dans la cour les Féré, qui furent aussi choqués de le voir chassé que lui honteux. Mais, coûte que coûte, les Cambremer voulaient épargner à M. de Charlus la vue de M. de Chevrigny, jugeant celui-ci provincial à cause de nuances, qu′on néglige en famille, mais dont on ne tient compte que vis-à-vis des étrangers, qui sont précisément les seuls qui ne s′en apercevraient pas. Mais on n′aime pas leur montrer les parents qui sont restés ce que l′on s′est efforcé de cesser d′être. Quant à M. et Mme Féré, ils étaient au plus haut degré ce qu′on appelle des gens «très bien». Aux yeux de ceux qui les qualifiaient ainsi, sans doute les Guermantes, les Rohan et bien d′autres étaient aussi des gens très bien, mais leur nom dispensait de le dire. Comme tout le monde ne savait pas la grande naissance de la mère de Mme Féré, et le cercle extraordinairement fermé qu′elle et son mari fréquentaient, quand on venait de les nommer, pour expliquer on ajoutait toujours que c′était des gens «tout ce qu′il y a de mieux». Leur nom obscur leur dictait-il une sorte de hautaine réserve? Toujours est-il que les Féré ne voyaient pas des gens que des La Trémoe auraient fréquentés. Il avait fallu la situation de reine du bord de la mer, que la vieille marquise de Cambremer avait dans la Manche, pour que les Féré vinssent à une de ses matinées chaque année. On les avait invités à dîner et on comptait beaucoup sur l′effet qu′allait produire sur eux M. de Charlus. On annonça discrètement qu′il était au nombre des convives. Sin embargo, los Cambremer, cuya cólera contra Morel era grande, invitaron una vez y a propósito, al señor de Charlus, pero sin él. Al no recibir respuesta del barón, creyeron haber cometido una torpeza y suponiendo que el rencor es mal consejero, escribieron un poco tardíamente a Morel, humillación que provocó la sonrisa del señor de Charlus, demostrándole su poder. -Usted responderá por ambos, que acepto”, dijo el barón á Morel. Llegado el día de la comida, esperaban en el salón grande de Féterne. Los Cambremer daban esa comida en realidad para lo más elegante, que eran el señor Féré y la señora. Pero temían a tal punto disgustar al señor de Charlus que aunque habían conocido a los Féré por intermedio del señor de Chevregny, la señora de Cambremer sintió fiebre cuando el día de la comida vio que éste los visitaba en Féterne. Se intentaron todos los pretextos para despacharlo a Beausoleíl lo antes posible, no lo suficiente sin embargo para que dejara de cruzarse en el patio con los Féré, que se sintieron tan chocados de ver que lo echaban como avergonzado se sentía él. Pero a toda costa los Cambremer querían ahorrarle al señor de Charlus la presencia del señor de Chevregny, estimando que éste era provinciano debido a los matices que se descuida en familia, pero que sólo se tienen en cuenta frente a los extraños, que son precisamente los únicos que no los advertirían. Pero a uno no le gusta enseñar esos parientes que se han quedado en lo que ya nos esforzamos por no ser. En cuanto a los Féré, eran en el más alto grado lo que se llama gente “muy bien”. A los ojos de quienes los calificaban en esa forma sin duda los Guermantes, los Rohan y muchos otros también eran gente muy bien pero su nombre evitaba tener que decirlo. Como no todos conocían el elevado nacimiento de la madre del señor Féré y el círculo extraordinariamente restringido que frecuentaban ella y su marido, cuando acababan de nombrarlos, se agregaba siempre, a título explicativo, que eran gente de lo mejor”. ¿Su nombre oscuro les indicaba una especie de altiva reserva? De cualquier modo los Féré no veían a cierta gente que hubieran frecuentado los de La Trémoille. Se había necesitado la situación de reina al borde del mar que tenía en la Mancha la vieja marquesa de Cambremer, para que los Féré asistiesen cada año a una de sus recepciones. Los habían invitado a cenar y se especulaba mucho con el efecto que sobre ellos iba a producir el señor de Charlus. Anunciaron discretamente que estaba entre los convidados.
Par hasard Mme Féré ne le connaissait pas. Mme de Cambremer en ressentit une vive satisfaction, et le sourire du chimiste qui va mettre en rapport pour la première fois deux corps particulièrement importants erra sur son visage. La porte s′ouvrit et Mme de Cambremer faillit se trouver mal en voyant Morel entrer seul. Comme un secrétaire des commandements chargé d′excuser son ministre, comme une épouse morganatique qui exprime le regret qu′a le prince d′être souffrant (ainsi en usait Mme de Clinchamp à l′égard du duc d′Aumale), Morel dit du ton le plus léger: «Le baron ne pourra pas venir. Il est un peu indisposé, du moins je crois que c′est pour cela . . . Je ne l′ai pas rencontré cette semaine», ajouta-t-il, désespérant, jusque par ces dernières paroles, Mme de Cambremer qui avait dit à M. et Mme Féré que Morel voyait M. de Charlus à toutes les heures du jour. Les Cambremer feignirent que l′absence du baron était un agrément de plus à la réunion et, sans se laisser entendre de Morel, disaient à leurs invités: «Nous nous passerons de lui, n′est-ce pas, ce ne sera que plus agréable.» Mais ils étaient furieux, soupçonnèrent une cabale montée par Mme Verdurin, et, du tac au tac, quand celle-ci les réinvita à la Raspelière, M. de Cambremer, ne pouvant résister au plaisir de revoir sa maison et de se retrouver dans le petit groupe, vint, mais seul, en disant que la marquise était désolée, mais que son médecin lui avait ordonné de garder la chambre. Les Cambremer crurent, par cette demi-présence, à la fois donner une leçon à M. de Charlus et montrer aux Verdurin qu′ils n′étaient tenus envers eux qu′à une politesse limitée, comme les princesses du sang autrefois reconduisaient les duchesses, mais seulement jusqu′à la moitié de la seconde chambre. Au bout de quelques semaines ils étaient à peu près brouillés. M. de Cambremer m′en donnait ces explications: «Je vous dirai qu′avec M. de Charlus c′était difficile. Il est extrêmement dreyfusard . . . — Mais non! — Si . . ., en tout cas son cousin le prince de Guermantes l′est, on leur jette assez la pierre pour ça. J′ai des parents très à l′oeil là-dessus. Je ne peux pas fréquenter ces gens-là, je me brouillerais avec toute ma famille. — Puisque le prince de Guermantes est dreyfusard, cela ira d′autant mieux, dit Mme de Cambremer, que Saint–Loup, qui, dit-on, épouse sa nièce, l′est aussi. C′est même peut-être la raison du mariage. — Voyons, ma chère, ne dites pas que Saint–Loup, que nous aimons beaucoup, est dreyfusard. On ne doit pas répandre ces allégations à la légère, dit M. de Cambremer. Vous le feriez bien voir dans l′armée! — Il l′a été, mais il ne l′est plus, dis-je à M. de Cambremer. Quant à son mariage avec Mlle de Guermantes–Brassac, est-ce vrai? — On ne parle que de ça, mais vous êtes bien placé pour le savoir. — Mais je vous répète qu′il me l′a dit à moi-même qu′il était dreyfusard, dit Mme de Cambremer. C′est, du reste, très excusable, les Guermantes sont à moitié allemands. — Pour les Guermantes de la rue de Varenne, vous pouvez dire tout à fait, dit Cancan. Mais Saint–Loup, c′est une autre paire de manches; il a beau avoir toute une parenté allemande, son père revendiquait avant tout son titre de grand seigneur français, il a repris du service en 1871 et a été tué pendant la guerre de la plus belle façon. J′ai beau être très à cheval là-dessus, il ne faut pas faire d′exagération ni dans un sens ni dans l′autre. In medio . . . virtus, ah! je ne peux pas me rappeler. C′est quelque chose que dit le docteur Cottard. En voilà un qui a toujours le mot. Vous devriez avoir ici un petit Larousse.» Pour éviter de se prononcer sur la citation latine et abandonner le sujet de Saint–Loup, où son mari semblait trouver qu′elle manquait de tact, Mme de Cambremer se rabattit sur la Patronne, dont la brouille avec eux était encore plus nécessaire à expliquer. «Nous avons loué volontiers la Raspelière à Mme Verdurin, dit la marquise. Seulement elle a eu l′air de croire qu′avec la maison et tout ce qu′elle a trouvé le moyen de se faire attribuer, la jouissance du pré, les vieilles tentures, toutes choses qui n′étaient nullement dans le bail, elle aurait en plus le droit d′être liée avec nous. Ce sont des choses absolument distinctes. Por casualidad la señora de Féré no lo conocía. La señora de Cambremer experimentó con ello una viva satisfacción y la sonrisa del químico que por primera vez va a poner en contacto dos cuerpos particularmente importantes le recorrió el rostro. Se abrió la puerta y la señora de Cambremer estuvo a punto de desmayarse al ver que Morel entraba solo. Como un secretario de los comandos, encargado de disculpar a su ministro; como una esposa morganática que expresa cuánto lamenta estar indispuesto el príncipe (así se portaba la señora de Clinchamp con el duque de Aumale), Morel dijo con el más ligero de los tonos: “-El barón no podrá asistir. Está un poco indispuesto; por lo menos supongo que será por eso; no lo he encontrado esta semana” agregó, desesperando hasta con estas últimas palabras a la señora de Cambremer, que le había dicho al señor Féré y la señora, que Morel veía a toda hora al señor de Charlus. Los Cambremer fingieron que la ausencia del barón era un nuevo atractivo para la reunión y sin dejar que Moret los oyese decían a sus invitados: “-Lo haremos sin él, ¿verdad?, será más agradable”. Pero estaban furiosos, sospecharon una cábala organizada por la señora de Verdurin y cuando ésta volvió a invitarlos a la Raspeliére, el señor de Cambremer, que no podía resistir el placer de ver su casa de nuevo y encontrarse con el pequeño grupo, asistió pero solo, diciendo que la Marquesa lo sentía muchísimo, pero que su médico le había ordenado no salir del cuarto. Los Cambremer creyeron que esa presencia a medias daba a la vez una lección al señor de Charlus y les enseñaba a los Verdurin que no les debían sino una cortesía limitada, como cuando antaño las princesas de la sangre acompañaban a las duquesas, pero sólo hasta la mitad del segundo cuarto. Al cabo de algunas semanas estaban casi disgustados. El señor de Cambremer me lo explicaba así: “-Le diré que con el señor de Charlus era sumamente difícil. Es extremadamente dreyfusista... -¡Pero no! -Sí... de cualquier manera, lo es su primo, el príncipe de Guermantes; bastante les arrojan la piedra por ello. Tengo unos parientes que se fijan mucho en estas cosas. No puedo frecuentar a esa gente; me disgustaría con toda mi familia-. Ya que el príncipe de Guermantes es dreyfusista, tanto mejor, dado que Saint-Loup, que según parece se casa con la sobrina, también lo es. Quizás sea ese el motivo del casamiento. Vamos, querida, no diga usted que Saint-Loup, a quien tanto queremos, es dreyfusista. No se deben difundir esos rumores a la ligera, dijo el señor de Cambremer. Usted lo dejaría mal parado en el ejército-. Lo ha sido, pero ya no lo es, le dije al señor de Cambremer. En cuanto a su casamiento con la señorita de Guermantes-Brassac, ¿es verdad? -No se habla de otra cosa, pero usted está en buenas condiciones para saberlo-. Pero si les repito que a mí misma me dijo que era dreyfusista, agregó la señora de Cambremer. Es por otra parte muy disculpable. Los Guermantes son alemanes a medias. –En cuanto a los Guermantes de la calle Varenne, usted puede decir del todo, dijo Cancan. Pero con Saint-Loup, es harina de otro costal; por más que tenga toda una parentela alemana, su padre reivindicaba ante todo su título de gran señor francés; volvió al servicio en 1871 y lo mataron de la manera más honrosa durante la guerra. Por más puntilloso que yo sea sobre ese asunto, no hay que exagerar ni en uno ni en otro sentido. In medio... virtus ¡ah! no puedo recordarlo. Es algo que dice el doctor Cottard. Ese sí que tiene siempre la palabra oportuna. Usted debía tener aquí un pequeño Larousse”. Para no verse obligado a pronunciarse sobre la cita latina y abandonar el tema de Saint-Loup, en el que su marido parecía advertirle falta de tacto, la señora de Cambremer se refirió a la Patrona, cuyo disgusto con ellos debía explicarse aún más. “-Le hemos alquilado sin inconvenientes la Raspeliére a la señora de Verdurin, dijo la marquesa. Sólo que parecía que conjuntamente con la casa y todo lo que consiguió, el goce del prado, los cortinados antiguos, cosas todas que no estaban en el contrato, tendría más derecho a sentirse vinculada con nosotros. Son cosas completamente distintas.
Notre tort est de n′avoir pas fait faire les choses simplement par un gérant ou par une agence. A Féterne ça n′a pas d′importance, mais je vois d′ici la tête que ferait ma tante de Ch′nouville si elle voyait s′amener, à mon jour, la mère Verdurin avec ses cheveux en l′air. Pour M. de Charlus, naturellement, il connaît des gens très bien, mais il en connaît aussi de très mal.» Je demandai lesquels. Pressée de questions, Mme de Cambremer finit par dire: «On prétend que c′est lui qui faisait vivre un monsieur Moreau, Morille, Morue, je ne sais plus. Aucun rapport, bien entendu, avec Morel, le violoniste, ajouta-t-elle en rougissant. Quand j′ai senti que Mme Verdurin s′imaginait que, parce qu′elle était notre locataire dans la Manche, elle aurait le droit de me faire des visites à Paris, j′ai compris qu′il fallait couper le câble.» Nuestro error consiste en no haberlas delegado sencillamente en un gerente o una agencia. En Féterne no tiene importancia, pero ya veo desde aquí el gesto de mi tía de Ch′nouville si viera llegar en mi día de recibo a la vieja de Verdurin con sus cabellos sueltos. En cuanto al señor de Charlus, naturalmente conoce a gente muy bien, pero también conoce otra muy mal”. Yo preguntaba. Urgida, la señora de Cambremer acabó por decir: “-Se dice que mantenía a un señor Moreau, Morille, Morue, ya no sé quién. Ninguna relación, se entiende, con el violinista Morel, agregó ruborizándose. Cuando supe que la señora de Verdurin se imaginaba que por ser nuestra inquilina en la Mancha, tendría derecho a visitarme en París, comprendí que había que cortar el cable”.
Malgré cette brouille avec la Patronne, les Cambremer n′étaient pas mal avec les fidèles, et montaient volontiers dans notre wagon quand ils étaient sur la ligne. Quand on était sur le point d′arriver à Douville, Albertine, tirant une dernière fois son miroir, trouvait quelquefois utile de changer ses gants ou d′ôter un instant son chapeau et, avec le peigne d′écaille que je lui avais donné et qu′elle avait dans les cheveux, elle en lissait les coques, en relevait le bouffant, et, s′il était nécessaire, au-dessus des ondulations qui descendaient en vallées régulières jusqu′à la nuque, remontait son chignon. Une fois dans les voitures qui nous attendaient, on ne savait plus du tout où on se trouvait; les routes n′étaient pas éclairées; on reconnaissait au bruit plus fort des roues qu′on traversait un village, on se croyait arrivé, on se retrouvait en pleins champs, on entendait des cloches lointaines, on oubliait qu′on était en smoking, et on s′était presque assoupi quand, au bout de cette longue marge d′obscurité qui, à cause de la distance parcourue et des incidents caractéristiques de tout trajet en chemin de fer, semblait nous avoir portés jusqu′à une heure avancée de la nuit et presque à moitié chemin d′un retour vers Paris, tout à coup, après que le glissement de la voiture sur un sable plus fin avait décelé qu′on venait d′entrer dans le parc, explosaient, nous réintroduisant dans la vie mondaine, les éclatantes lumières du salon, puis de la salle à manger, où nous éprouvions un vif mouvement de recul en entendant sonner ces huit heures que nous croyions passées depuis longtemps, tandis que les services nombreux et les vins fins allaient se succéder autour des hommes en frac et des femmes à demi décolletées, en un dîner rutilant de clarté comme un véritable dîner en ville et qu′entourait seulement, changeant par là son caractère, la double écharpe sombre et singulière qu′avaient tissée, détournées par cette utilisation mondaine de leur solennité première, les heures nocturnes, champêtres et marines de l′aller et du retour. Celui-ci nous forçait, en effet, à quitter la splendeur rayonnante et vite oubliée du salon lumineux pour les voitures, où je m′arrangeais à être avec Albertine afin que mon amie ne pût être avec d′autres sans moi, et souvent pour une autre cause encore, qui est que nous pouvions tous deux faire bien des choses dans une voiture noire où les heurts de la descente nous excusaient, d′ailleurs, au cas où un brusque rayon filtrerait, d′être cramponnés l′un à l′autre. Quand M. de Cambremer n′était pas encore brouillé avec les Verdurin, il me demandait: «Vous ne croyez pas, avec ce brouillard-là, que vous allez avoir vos étouffements? Ma soeur en a eu de terribles ce matin. Ah! vous en avez aussi, disait-il avec satisfaction. Je le lui dirai ce soir. Je sais qu′en rentrant elle s′informera tout de suite s′il y a longtemps que vous ne les avez pas eus.» Il ne me parlait, d′ailleurs, des miens que pour arriver à ceux de sa soeur, et ne me faisait décrire les particularités des premiers que pour mieux marquer les différences qu′il y avait entre les deux. Mais malgré celles-ci, comme les étouffements de sa soeur lui paraissaient devoir faire autorité, il ne pouvait croire que ce qui «réussissait» aux siens ne fût pas indiqué pour les miens, et il s′irritait que je n′en essayasse pas, car il y a une chose plus difficile encore que de s′astreindre à un régime, c′est de ne pas l′imposer aux autres. «D′ailleurs, que dis-je, moi profane, quand vous êtes ici devant l′aréopage, à la source. Qu′en pense le professeur Cottard?» Je revis, du reste, sa femme une autre fois parce qu′elle avait dit que ma «cousine» avait un drôle de genre et que je voulus savoir ce qu′elle entendait par là. Elle nia l′avoir dit, mais finit par avouer qu′elle avait parlé d′une personne qu′elle avait cru rencontrer avec ma cousine. Elle ne savait pas son nom et dit finalement que, si elle ne se trompait pas, c′était la femme d′un banquier, laquelle s′appelait Lina, Linette, Lisette, Lia, enfin quelque chose de ce genre. Je pensais que «femme d′un banquier» n′était mis que pour plus de démarquage. Je voulus demander à Albertine si c′était vrai. Mais j′aimais mieux avoir l′air de celui qui sait que de celui qui questionne. D′ailleurs Albertine ne m′eût rien répondu ou un non dont le «n» eût été trop hésitant et le «on» trop éclatant. Albertine ne racontait jamais de faits pouvant lui faire du tort, mais d′autres qui ne pouvaient s′expliquer que par les premiers, la vérité étant plutôt un courant qui part de ce qu′on nous dit et qu′on capte, tout invisible qu′il soit, que la chose même qu′on nous a dite. Ainsi, quand je lui assurai qu′une femme qu′elle avait connue à Vichy avait mauvais genre, elle me jura que cette femme n′était nullement ce que je croyais et n′avait jamais essayé de lui faire faire le mal. Mais elle ajouta un autre jour, comme je parlais de ma curiosité de ce genre de personnes, que la dame de Vichy avait une amie aussi, qu′elle, Albertine, ne connaissait pas, mais que la dame lui avait «promis de lui faire connaître». Pour qu′elle le lui eût promis, c′était donc qu′Albertine le désirait, ou que la dame avait, en le lui offrant, su lui faire plaisir. Mais si je l′avais objecté à Albertine, j′aurais eu l′air de ne tenir mes révélations que d′elle, je les aurais arrêtées aussitôt, je n′eusse plus rien su, j′eusse cessé de me faire craindre. D′ailleurs, nous étions à Balbec, la dame de Vichy et son amie habitaient Menton; l′éloignement, l′impossibilité du danger eut tôt fait de détruire mes soupçons. Souvent, quand M. de Cambremer m′interpellait de la gare, je venais avec Albertine de profiter des ténèbres, et avec d′autant plus de peine que celle-ci s′était un peu débattue, craignant qu′elles ne fussent pas assez complètes. «Vous savez que je suis sûre que Cottard nous a vus; du reste, même sans voir il a bien entendu notre voix étouffée, juste au moment où on parlait de vos étouffements d′un autre genre», me disait Albertine en arrivant à la gare de Douville où nous reprenions le petit chemin de fer pour le retour. Mais ce retour, de même que l′aller, si, en me donnant quelque impression de poésie, il réveillait en moi le désir de faire des voyages, de mener une vie nouvelle, et me faisait par là souhaiter d′abandonner tout projet de mariage avec Albertine, et même de rompre définitivement nos relations, me rendait aussi, et à cause même de leur nature contradictoire, cette rupture plus facile. Car, au retour aussi bien qu′à l′aller, à chaque station montaient avec nous ou nous disaient bonjour du quai des gens de connaissance; sur les plaisirs furtifs de l′imagination dominaient ceux, continuels, de la sociabilité, qui sont si apaisants, si endormeurs. Déjà, avant les stations elles-mêmes, leurs noms (qui m′avaient tant fait rêver depuis le jour où je les avais entendus, le premier soir où j′avais voyagé avec ma grand′mère) s′étaient humanisés, avaient perdu leur singularité depuis le soir où Brichot, à la prière d′Albertine, nous en avait plus complètement expliqué les étymologies. J′avais trouvé charmant la fleur qui terminait certains noms, comme Fiquefleur, Honfleur, Flers, Barfleur, Harfleur, etc., et amusant le boeuf qu′il y a à la fin de Bricqueboeuf. Mais la fleur disparut, et aussi le boeuf, quand Brichot (et cela, il me l′avait dit le premier jour dans le train) nous apprit que fleur veut dire «port» (comme fiord) et que boeuf, en normand budh, signifie «cabane». Comme il citait plusieurs exemples, ce qui m′avait paru particulier se généralisait: Bricqueboeuf allait rejoindre Elbeuf, et même, dans un nom au premier abord aussi individuel que le lieu, comme le nom de Pennedepie, où les étrangetés les plus impossibles à élucider par la raison me semblaient amalgamées depuis un temps immémorial en un vocable vilain, savoureux et durci comme certain fromage normand, je fus désolé de retrouver le pen gaulois qui signifie «montagne» et se retrouve aussi bien dans Pennemarck que dans les Apennins. Comme, à chaque arrêt du train, je sentais que nous aurions des mains amies à serrer, sinon des visites à recevoir, je disais à Albertine: «Dépêchez-vous de demander à Brichot les noms que vous voulez savoir. Vous m′aviez parlé de Marcouville l′Orgueilleuse. — Oui, j′aime beaucoup cet orgueil, c′est un village fier, dit Albertine. — Vous le trouveriez, répondit Brichot, plus fier encore si, au lieu de se faire française ou même de basse latinité, telle qu′on la trouve dans le cartulaire de l′évêque de Bayeux, Marcouvilla superba, vous preniez la forme plus ancienne, plus voisine du normand Marculphivilla superba, le village, le domaine de Merculph. Dans presque tous ces noms qui se terminent en ville, vous pourriez voir, encore dressé sur cette côte, le fantôme des rudes envahisseurs normands. A Harambouville, vous n′avez eu, debout à la portière du wagon, que notre excellent docteur qui, évidemment, n′a rien d′un chef norois. A pesar de ese disgusto con la Patrona, los Cambremer no estaban en malas relaciones con los fieles y subían de buen grado a nuestro vagón cuando estaban en la línea. A punto de llegar a Doville, Albertina sacaba por última vez su espejo, creía a veces útil cambiarse los guantes o quitarse por un rato el sombrero y con la peineta de carey que le había regalado yo y que tenía en los cabellos, se alisaba las ondas, lo esponjaba y si era necesario, por encima de la ondulación que bajaba en valles regulares hasta la nuca, enderezaba su rodete. Una vez ubicados en los coches que nos esperaban, ya no se sabía dónde estábamos; los caminos no tenían luz; por el ruido más sonoro de las ruedas se sabía que atravesábamos una aldea; creíamos haber llegado y nos encontrábamos en pleno campo; oíamos campanas lejanas, olvidando que estábamos de smoking y nos habíamos dormido casi; cuando al cabo de ese amplio margen de oscuridad que debido a la distancia recorrida y los incidentes característicos en todo trayecto en ferrocarril, parecía que habíamos llegado a una hora avanzada de la noche; y casi a mitad de camino de un regreso hacia París, de pronto, en cuanto el deslizar del coche sobre una arena más fina revelaba que acabábamos de entrar al parque, estallaban y nos reintegraban a la vida mundana las luces brillantes del salón, luego del comedor, donde experimentábamos un vivo movimiento de retroceso al oír dar las ocho que creíamos pasadas hacía rato mientras los numerosos servicios y los vinos finos iban a sucederse alrededor de los hombres de frac y de las mujeres semiescotadas, en una cena rutilante de luces, como una verdadera comida en la ciudad y que sólo rodeaban, cambiando por ello su carácter, la doble bufanda singular y sombría que tejieran -desviadas por esa utilización social, de su solemnidad primitiva- las horas nocturnas, campestres y marinas de la ida y la vuelta. Ésta nos obligaba, en efecto, a dejar el esplendor radiante y pronto olvidado del salón luminoso, por los coches en que me las arreglaba para estar con Albertina, para que mi amiga no pudiese estar con otros, sin mí y a menudo por otro motivo más, y es que ambos podíamos hacer muchas cosas en un coche a oscuras en el que los sacudones de la bajada nos justificaban para el caso en que se filtrara bruscamente un rayo de luz, por estar abrazados juntos. Cuando el señor de Cambremer no estaba disgustado aún con los Verdurin, me preguntaba: “¿No le parece que con esa niebla va a tener sofocaciones? Mi hermana las ha tenido y terribles esta mañana. ¡Ah! usted también las tiene, decía con satisfacción. Se lo diré esta noche. Ya sé que al volver se informará enseguida si hace tiempo que no las ha tenido usted”. No me hablaba de las mías por otra parte más que para llegar a las de su hermana y sólo me hacía describir las particularidades de las primeras para señalar mejor las diferencias que había entre ambos. Pero a pesar de éstas, como le parecía que las sofocaciones de su hermana debían tener autoridad, no podía creer que lo que le conviniera a las suyas no conviniera a las mías yse irritaba porque yo no lo ensayaba, yes que hay algo aún más difícil que limitarse a un régimen y consiste en no imponérselo a los demás. “-Por otra parte, qué digo yo, profano, cuando está usted aquí, en el areópago, en la misma fuente. ¿Qué piensa de ello el profesor Cottard?” Volví a ver por otra parte nuevamente a su mujer porque había dicho que mi prima tenía un aspecto curioso y quería saber qué entendía por ello. Negó haberlo dicho pero acabó por confesar que había hablado de una persona que creyó encontrar con mi prima. No sabía su nombre y dijo finalmente que si no se equivocaba era la mujer de un banquero, que se llamaba Lina, Linette, Lisette, Lía; en fin algo por el estilo. Yo supuse que “mujer de un banquero” sólo había sido colocado para mayor demarcación. Quise preguntarle si era cierto a Albertina. Pero prefería parecer el que sabe al que pregunta. Por otra parte Albertina no me hubiera contestado nada o un “no” cuya “n” vacilara demasiado y la “o” fuese demasiado llamativa. Albertina nunca contaba hechos que pudieran perjudicarla, sino otros que sólo podían explicarse por los primeros, ya que la verdad era más bien una corriente que parte de lo que nos dicen y que uno capta, por invisible que sea, la misma cosa que nos han dicho. Por eso cuando le aseguré que una mujer que había conocido ella en Vichy tenía mal aspecto, me juró que esa mujer no era en absoluto lo que yo creía y nunca había tratado de hacerle mal. Pero otro día agregó, al hablarle yo de mi curiosidad por esa clase de personas, que la señora de Vichy era también una amiga, que ella, Albertina, no la conocía, pero que la señora le había “prometido hacérsela conocer”. Para que se lo hubiese prometido era pues necesario que Albertina lo deseara o que la señora supiera al ofrecérselo que le causaba placer. Pero si se lo objetara a Albertina, parecería que tenía sólo revelaciones de ella y las hubiese detenido enseguida; ya no podría saber más nada y ya no me temerían. Por otra parte estábamos en Balbec, y la dama de Vichy habitaba Menton con su amiga; el alejamiento y la imposibilidad del peligro hubiesen destruido prontamente mis sospechas. A menudo cuando el señor de Cambremer interpelaba desde la estación yo acababa de aprovechar las tinieblas con Albertina y con tanto más trabajo cuanto que ésta había luchado un poco creyendo que no fueran lo bastante cerradas. "-Usted sabe que estoy segura de que nos ha visto Cottard; por otra parte, aun sin vernos, ha oído su voz sofocada justo en el momento en que hablaban de las sofocaciones de otro tipo", me decía Albertina al llegar a la estación de Douville, donde volvíamos a tomar el trencito para el regreso. Pero ese regreso, lo mismo que el viaje de ida, al darme cierta sensación de poesía, me despertaba el deseo de viajar yllevar una nueva vida ypor eso mismo me hacía encarar el abandono de todo proyecto de casamiento con Albertina y hasta el de romper nuestras relaciones definitivamente; también por lo mismo y debido a su naturaleza contradictoria, me facilitaba esa ruptura. Porque tanto a la ida como a la vuelta, a cada estación subían con nosotros o nos saludaban desde el andén personas conocidas; predominaban sobre los placeres furtivos de la imaginación, los continuados de la sociabilidad que son tan apaciguadores y tan arrulladores. Ya antes de las estaciones mismas, sus nombres (que me habían hecho soñar tanto desde el día en que las oyera durante esa primera noche en que viajara con mi abuela) se humanizaron y perdieron su singularidad desde esa noche en que Brichot ante la súplica de Albertina nos había explicado completamente sus etimologías. Me había parecido encantadora esa flor que terminaba algunos nombres como Fiquefleur, Honfleur, Flers Barfleur, Harfleur, etc., y divertido el buey que está al final de Bricqueboeuf. Pero desapareció la flor y también el buey cuando Brichot (y eso me lo había dicho el primer día en el tren) nos hizo saber que la flor quiere decir puerto (como fiordo) y que buey en normando budh, significa cabaña.` Al citar el varios ejemplos se generalizaba lo que me había parecido particular ir y Bricqueboeuf se iba a juntar con Elbeuf y aun en un nombre tan individual de primera intención como el lugar, como el nombre c e Pennedepie, en que las singularidades más imposibles de dilucidar con la razón me parecían mezcladas desde tiempo inmemorial en un vocablo feo, sabroso y endurecido como cierto queso normando, me desencantó encontrar el pen galo, que significa montaña yse encuentra tanto en Pennemarck, como en los Apeninos. Como a cada parada del tren advertía que tendría que repartir apretones de manos amigas, ya que no recibir visitas, le decía a Albertina: `Apúrese y pídale a Brichot los nombres que desea saber. Me había hablado usted de Marcouville l′Orgueilleuse. -Sí, me gusta mucho ese orgullo, es una aldea altiva, dijo Albertina. -Le parecería, contestó Brichot más altiva aún si en lugar de hacerse francesa o aún de baja latinidad, tal como se la encuentra en el cartulario del obispo de Bayeux, arcouvilla superba, tomara la forma más antigua, más cercana al normando Marcuplinvilla superba, la aldea, el dominio de Merculph. En casi todos esos nombres terminados en ville, puede usted aún ver erguirse en estas costas, al fantasma de los ásperos invasores normandos. En Harembouville, usted no tuvo, de pie en la portezuela, más que a nuestro excelente doctor, que evidentemente nada tiene de un jefe normando.
Mais en fermant les yeux vous pourriez voir l′illustre Herimund (Herimundivilla). Bien que je ne sache pourquoi on aille sur ces routes-ci, comprises entre Loigny et Balbec–Plage, plutôt que sur celles, fort pittoresques, qui conduisent de Loigny au vieux Balbec, Mme Verdurin vous a peut-être promenés de ce côté-là en voiture. Alors vous avez vu Incarville ou village de Wiscar, et Tourville, avant d′arriver chez Mme Verdurin, c′est le village de Turold. D′ailleurs il n′y eut pas que des Normands. Il semble que des Allemands soient venus jusqu′ici (Auménancourt, Alemanicurtis); ne le disons pas à ce jeune officier que j′aperçois; il serait capable de ne plus vouloir aller chez ses cousins. Il y eut aussi des Saxons, comme en témoigne la fontaine de Sissonne (un des buts de promenade favoris de Mme Verdurin et à juste titre), aussi bien qu′en Angleterre le Middlesex, le Wessex. Chose inexplicable, il semble que des Goths, des «gueux» comme on disait, soient venus jusqu′ici, et même les Maures, car Mortagne vient de Mauretania. La trace en est restée à Gourville (Gothorumvilla). Quelque vestige des Latins subsiste d′ailleurs aussi, Lagny (Latiniacum). — Moi je demande l′explication de Thorpehomme, dit M. de Charlus. Je comprends «homme», ajouta-t-il, tandis que le sculpteur et Cottard échangeaient un regard d′intelligence. Mais Thorph? —«Homme» ne signifie nullement ce que vous êtes naturellement porté à croire, baron, répondit Brichot, en regardant malicieusement Cottard et le sculpteur. «Homme» n′a rien à voir ici avec le sexe auquel je ne dois pas ma mère. «Homme» c′est Holm, qui signifie «îlot», etc . . . Quant à Thorph, ou «village», on le retrouve dans cent mots dont j′ai déjà ennuyé notre jeune ami. Ainsi dans Thorpehomme il n′y a pas de nom de chef normand, mais des mots de la langue normande. Vous voyez comme tout ce pays a été germanisé. — Je crois qu′il exagère, dit M. de Charlus. J′ai été hier à Orgeville. — Cette fois-ci je vous rends l′homme que je vous avais ôté dans Thorpehomme, baron. Soit dit sans pédantisme, une charte de Robert Ier nous donne pour Orgeville Otgervilla, le domaine d′Otger. Tous ces noms sont ceux d′anciens seigneurs. Octeville la Venelle est pour l′Avenel. Les Avenel étaient une famille connue au moyen âge. Bourguenolles, où Mme Verdurin nous a emmenés l′autre jour, s′écrivait «Bourg de Môles», car ce village appartint, au XIe siècle, à Baudoin de Môles, ainsi que la Chaise–Baudoin; mais nous voici à Doncières. — Mon Dieu, que de lieutenants vont essayer de monter, dit M. de Charlus, avec un effroi simulé. Je le dis pour vous, car moi cela ne me gêne pas, puisque je descends. — Vous entendez, docteur? dit Brichot. Le baron a peur que des officiers ne lui passent sur le corps. Et pourtant, ils sont dans leur rôle en se trouvant massés ici, car Doncières, c′est exactement Saint–Cyr, Dominus Cyriacus. Il y a beaucoup de noms de villes où sanctus et sancta sont remplacés par dominus et par domina. Du reste, cette ville calme et militaire a parfois de faux airs de Saint–Cyr, de Versailles, et même de Fontainebleau.» Pero cerrando los ojos, podría ver al ilustre Herimund (Herimundivilla). Aunque no sé por qué se recorren estos caminos comprendidos entre Ligny y Balbec-Plage, de preferencia a los muy pintorescos que llevan desde Ligny hasta el antiguo Balbec... La señora de Verdurin ha paseado quizás por ahí en coche. Entonces habrán visto a Incarville o aldea de Wiscar y Tourville, antes de llegar a casa de la señora de Verdurin, que es la aldea de Turold. Además no sólo hubo normandos. Parece que llegaron alemanes hasta aquí (Aumenancourt, Alemanicurtis) no se lo digamos a ese joven oficial que observo; sería muy capaz de no querer volver a casa de sus primos. También hubo sajones, como lo comprueba la fuente de Sissonne (una de las metas favoritas en los paseos de la señora de Verdurin y a justo título), así como en Inglaterra el Middlessex, el Wessex. Cosa inexplicable, pareciera que hasta aquí hubieran llegado godos y moros, porque Mortagne proviene de Mauretania. El vestigio quedó en GourvilleGoth.orunvilla. Algún rastro de los latinos subsiste, por otra parte, también: Lagny (Laliniacum). -Me pregunto la explicación de Thorpehomme, dijo el señor de Charlus. Comprendo hombre (homme) agregó mientras el escultor y Cottard cambiaban una mirada de inteligencia. ¿Pero Thorph?- Homme, no significa de ninguna manera lo que usted supone, barón, repuso Brichot, mirando maliciosamente a Cottard yal escultor. Homme, no tiene nada que ver aquí con el sexo al que no debo mi madre. Home es holm, que significa islote, etc... En cuanto a Thorph, o aldea, lo volvemos a encontrar en cien palabras con las que aburrí a nuestro joven amigo. Así en Thorpehomme, no hay tal nombre de jefe normando, sino palabras de la lengua normanda. Ya ven ustedes cómo toda esa región ha sido germanizada. maCreo que exagera, dijo el señor de Charlus. Ayer fui a Orgeville-. Esta vez sí que le devuelvo el hombre que le había quitado en Thorpehomme, barón. Dicho sea sin pedantería, una carta de Roberto I, nos da para Orgeville, Otgervilla, el dominio de Otger. Todos esos nombres son los de los antiguos señores. Octeville la Venelle es para el Avenel. Los Avenel eran una conocida familia de la edad media. Bourguenolles, adonde nos llevó días pasados la señora de Verdurin, se escribía Bourg de móles, porque esa aldea perteneció en el siglo XI a Baudoin de Móles, así como la ChaiseBaudoin; pero henos aquí en Doncières. -¡Dios mío! cuántos tenientes tratarán de subir, dijo el señor de Charlus con un espanto simulado. Lo digo por usted, porque a mí no me molesta, ya que bajo ahora mismo. ¿¿Oye, doctor?, dijo Brichot. El barón teme que los oficiales le pasen por encima. Y sin embargo están dentro de su papel al encontrarse amontonados aquí, porque Doncières es exactamente SaintCyr, Dominus Cyriacus. Hay muchos nombres de ciudades en que Sanctus y Sancta se ven reemplazados por dominus y domina. Por otra parte, esta ciudad tranquila ymilitar tiene a veces la apariencia de Saint-Cyr, de Versailles yhasta de Fontainebleau”.
Pendant ces retours (comme à l′aller), je disais à Albertine de se vêtir, car je savais bien qu′à Amnancourt, à Doncières, à Épreville, à Saint–Vast, nous aurions de courtes visites à recevoir. Elles ne m′étaient d′ailleurs pas désagréables, que ce fût, à Hermenonville (le domaine d′Herimund), celle de M. de Chevrigny, profitant de ce qu′il était venu chercher des invités pour me demander de venir le lendemain déjeuner à Montsurvent, ou, à Doncières, la brusque invasion d′un des charmants amis de Saint–Loup envoyé par lui (s′il n′était pas libre) pour me transmettre une invitation du capitaine de Borodino, du mess des officiers au Coq Hardi, ou des sous-officiers au Faisan Doré. Saint–Loup venait souvent lui-même, et pendant tout le temps qu′il était là, sans qu′on pût s′en apercevoir, je tenais Albertine prisonnière sous mon regard, d′ailleurs inutilement vigilant. Une fois pourtant j′interrompis ma garde. Comme il y avait un long arrêt, Bloch, nous ayant salué, se sauva presque aussitôt pour rejoindre son père, lequel venait d′hériter de son oncle et, ayant loué un château qui s′appelait, la Commanderie, trouvait grand seigneur de ne circuler qu′en une chaise de poste, avec des postillons en livrée. Bloch me pria de l′accompagner jusqu′à la voiture. «Mais hâte-toi, car ces quadrupèdes sont impatients; viens, homme cher aux dieux, tu feras plaisir à mon père.» Mais je souffrais trop de laisser Albertine dans le train avec Saint–Loup, ils auraient pu, pendant que j′avais le dos tourné, se parler, aller dans un autre wagon, se sourire, se toucher; mon regard adhérent à Albertine ne pouvait se détacher d′elle tant que Saint–Loup serait là. Or je vis très bien que Bloch, qui m′avait demandé comme un service d′aller dire bonjour à son père, d′abord trouva peu gentil que je le lui refusasse quand rien ne m′en empêchait, les employés ayant prévenu que le train resterait encore au moins un quart d′heure en gare, et que presque tous les voyageurs, sans lesquels il ne repartirait pas, étaient descendus; et ensuite ne douta pas que ce fût parce que décidément — ma conduite en cette occasion lui était une réponse décisive — j′étais snob. Car il n′ignorait pas le nom des personnes avec qui je me trouvais. En effet, M. de Charlus m′avait dit, quelque temps auparavant et sans se souvenir ou se soucier que cela eût jadis été fait pour se rapprocher de lui: «Mais présentez-moi donc votre ami, ce que vous faites est un manque de respect pour moi», et il avait causé avec Bloch, qui avait paru lui plaire extrêmement au point qu′il l′avait gratifié d′un «j′espère vous revoir». «Alors c′est irrévocable, tu ne veux pas faire ces cent mètres pour dire bonjour à mon père, à qui ça ferait tant de plaisir?» me dit Bloch. J′étais malheureux d′avoir l′air de manquer à la bonne camaraderie, plus encore de la cause pour laquelle Bloch croyait que j′y manquais, et de sentir qu′il s′imaginait que je n′étais pas le même avec mes amis bourgeois quand il y avait des gens «nés». De ce jour il cessa de me témoigner la même amitié, et, ce qui m′était plus pénible, n′eut plus pour mon caractère la même estime. Mais pour le détromper sur le motif qui m′avait fait rester dans le wagon, il m′eût fallu lui dire quelque chose —à savoir que j′étais jaloux d′Albertine — qui m′eût été encore plus douloureux que de le laisser croire que j′étais stupidement mondain. C′est ainsi que, théoriquement, on trouve qu′on devrait toujours s′expliquer franchement, éviter les malentendus. Mais bien souvent la vie les combine de telle manière que pour les dissiper, dans les rares circonstances où ce serait possible, il faudrait révéler ou bien — ce qui n′est pas le cas ici — quelque chose qui froisserait encore plus notre ami que le tort imaginaire qu′il nous impute, ou un secret dont la divulgation — et c′était ce qui venait de m′arriver — nous paraît pire encore que le malentendu. Et d′ailleurs, même sans expliquer à Bloch, puisque je ne le pouvais pas, la raison pour laquelle je ne l′avais pas accompagné, si je l′avais prié de ne pas être froissé je n′aurais fait que redoubler ce froissement en montrant que je m′en étais aperçu. Il n′y avait rien à faire qu′à s′incliner devant ce fatum qui avait voulu que la présence d′Albertine empêchât de le reconduire et qu′il pût croire que c′était au contraire celle de gens brillants, laquelle, l′eussent-ils été cent fois plus, n′aurait eu pour effet que de me faire occuper exclusivement de Bloch et réserver pour lui toute ma politesse. Il suffit, de la sorte, qu′accidentellement, absurdement, un incident (ici la mise en présence d′Albertine et de Saint–Loup) s′interpose entre deux destinées dont les lignes convergeaient l′une vers l′autre pour qu′elles soient déviées, s′écartent de plus en plus et ne se rapprochent jamais. Et il y a des amitiés plus belles que celle de Bloch pour moi, qui se sont trouvées détruites, sans que l′auteur involontaire de la brouille ait jamais pu expliquer au brouillé ce qui sans doute eût guéri son amour-propre et ramené sa sympathie fuyante. Amitiés plus belles que celle de Bloch ne serait pas, du reste, beaucoup dire. Il avait tous les défauts qui me déplaisaient le plus. Ma tendresse pour Albertine se trouvait, par accident, les rendre tout à fait insupportables. Ainsi, dans ce simple moment où je causai avec lui tout en surveillant Robert de l′oeil, Bloch me dit qu′il avait déjeuné chez Mme Bontemps et que chacun avait parlé de moi avec les plus grands éloges jusqu′au «déclin d′Hélios». «Bon, pensai-je, comme Mme Bontemps croit Bloch un génie, le suffrage enthousiaste qu′il m′aura accordé fera plus que ce que tous les autres ont pu dire, cela reviendra à Albertine. D′un jour à l′autre elle ne peut manquer d′apprendre, et cela m′étonne que sa tante ne lui ait pas déjà redit, que je suis un homme «supérieur». «Oui, ajouta Bloch, tout le monde a fait ton éloge. Moi seul j′ai gardé un silence aussi profond que si j′eusse absorbé, au lieu du repas, d′ailleurs médiocre, qu′on nous servait, des pavots, chers au bienheureux frère de Tanathos et de Léthé, le divin Hypnos, qui enveloppe de doux liens le corps et la langue. Ce n′est pas que je t′admire moins que la bande de chiens avides avec lesquels on m′avait invité. Mais moi, je t′admire parce que je te comprends, et eux t′admirent sans te comprendre. Pour bien dire, je t′admire trop pour parler de toi ainsi au public, cela m′eût semblé une profanation de louer à haute voix ce que je porte au plus profond de mon coeur. On eut beau me questionner à ton sujet, une Pudeur sacrée, fille du Kronion, me fit rester muet.» Je n′eus pas le mauvais goût de paraître mécontent, mais cette Pudeur-là me sembla apparentée — beaucoup plus qu′au Kronion —à la pudeur qui empêche un critique qui vous admire de parler de vous parce que le temple secret où vous trônez serait envahi par la tourbe des lecteurs ignares et des journalistes; à la pudeur de l′homme d′État qui ne vous décore pas pour que vous ne soyez pas confondu au milieu de gens qui ne vous valent pas; à la pudeur de l′académicien qui ne vote pas pour vous, afin de vous épargner la honte d′être le collègue de X . . . qui n′a pas de talent; à la pudeur enfin, plus respectable et plus criminelle pourtant, des fils qui nous prient de ne pas écrire sur leur père défunt qui fut plein de mérites, afin d′assurer le silence et le repos, d′empêcher qu′on entretienne la vie et qu′on crée de la gloire autour du pauvre mort, qui préférerait son nom prononcé par les bouches des hommes aux couronnes, fort pieusement portées, d′ailleurs, sur son tombeau. Durante esos regresos (así como en las idas) le decía a Albertina que se vistiera, porque demasiado sabía que tendríamos que recibir cortas visitas en Doncières, en Epreville, en Saint-Vast. Por otra parte no me eran desagradables, ya fuese en Hermenonville (el dominio de Herimund) la del señor de Chevregny, que aprovechaba que había ido a buscar unos invitados para pedirme que fuera a almorzar al día siguiente en Montsurvent o en Doncières; la invasión repentina de uno de los encantadores amigos de Saint-Loup enviado por él (si no estaba desocupado) para trasmitirme una invitación del capitán de Borodino de la mesa de oficiales al Cocq-Hardi o de los suboficiales para el Faisán de Oro. Saint-Loup venía a menudo por sí mismo y mientras se quedaba, sin que se pudiera advertirlo, yo mantenía prisionera a Albertina bajo mis miradas, por otra parte inútilmente vigilantes. Una vez sin embargo interrumpí mi guardia. Como había una larga parada, al saludarnos Bloch se escapó casi enseguida para reunirse con su padre, que acababa de heredar al tío y había alquilado un castillo que se llamaba la Encomienda y le parecía propio de un gran señor circular sólo en silla de posta, con postillones de librea. Bloch me rogó que lo acompañara hasta el coche. “Pero apúrate porque esos cuadrúpedos son impacientes; ven, hombre caro a los dioses, le causarás placer a mi padre”. Pero yo sufría demasiado al dejar a Albertina en el tren con Saint-Loup; hubieran podido mientras me volvía, ir a otro vagón hablarse, sonreirse, tocarse, ya que mi mirada que se adhería a Albertina no podía desprenderse de ella mientras estuviera Saint-Loup. Y yo vi muy bien que Bloch, que me había pedido como un favor que fuera a saludar al padre ante todo creyó poco amable que se lo rehusase cuando nada me lo impedía, ya que los guardas habían avisado que el tren se quedaría por lo menos un cuarto de hora en la estación y casi todos los pasajeros sin los cuales no volvería a salir, habían bajado; y luego no dudó que eso ocurría porque decididamente era snob, ya que mi conducta en esa ocasión le pareció decisiva. Porque no ignoraba el nombre de las personas con quienes me encontraba. En efecto, el señor de Charlus me había dicho algún tiempo antes y sin recordarme o sin preocuparse que eso ya se hubiese hecho para acercarse a él: “Pero presénteme pues a su amigo; lo que usted hace es una falta de respeto para mí y había conversado con Bloch, que pareciera gustarle enormemente al extremo de que lo gratificó con un “espero volver a verlo”. “-Entonces es irrevocable, no quieres andar cien metros para saludar a mi padre, a quien le causarías tanto placer”, me dijo Bloch. Me apenaba fallarle aparentemente a la camaradería, y más aún por el motivo por el cual Bloch creía que yo fallaba y percibir que suponía que yo no era el mismo con mis amigos burgueses cuando había gente de rango. Desde ese día dejó de demostrarme la misma amistad y lo que me resultaba más penoso, ya no tuvo la misma estima por mi carácter. Pero para desengañarlo acerca del motivo que me retuviera en el vagón, tendría que haberle dicho algo -a saber, que sentía celos de Albertina-, lo que me hubiera resultado aún más doloroso que dejarle creer que era estúpidamente mundano. Así es como teóricamente uno cree que debiera siempre explicarse francamente y evitar los malentendidos. Pero muy a menudo los combina la vida de tal modo que para disiparlos, en las pocas circunstancias en que fuera posible, habría que revelar -lo que no es cl caso aquí- algo que ofendería más a nuestro amigo que el cargo imaginario que nos atribuye o un secreto cuya divulgación -y era lo que me acababa de suceder- nos parece aún peor que el malentendido. Y además, aún sin explicarle a Bloch, ya que no podía hacerlo, el motivo por el cual no lo había acompañado, si le hubiese rogado que no se sintiera ofendido, sólo conseguiría duplicar esa ofensa al indicar que la había advertido. No había nada que hacer sino inclinarse ante ese fatum que había querido que la presencia de Albertina me impidiese acompañarlo y que creyera por el contrario que era la de esa gente brillante la que, aunque lo hubiera sido cien veces más, sólo tendría por efecto que me ocuparía entonces exclusivamente de Bloch y le reservara toda mi cortesía. Bastó así que accidentalmente, absurdamente un incidente (en este caso la presencia de Albertina y de Saint-Loup) se interpusiera entre dos destinos cuyas líneas convergían una hacia otra, para que se desviaran, se apartaran más y más y ya no pudieran acercarse. Y hay amistades más hermosas que las de Bloch y la mía, que se han visto destruidas sin que el involuntario autor del disgusto haya podido explicarle nunca al disgustado lo que sin duda curara su amor propio y devolviera su simpatía decreciente. Amistades más hermosas que la de Bloch no sería por otra parte decir mucho. Tenía todos los defectos que más me disgustaban. Mi ternura por Albertina era accidentalmente lo que me permitía soportarlos. Así en ese sencillo momento en que yo conversé con él mientras vigilada con un ojo a Roberto, Bloch me dijo que había almorzado en casa de la señora de Bontemps y que todos habían hablado con los mayores elogios de mí hasta el “declinar de Hélios”. “Bueno, pensé, como la señora de Bontemps cree que Bloch es un genio, el sufragio entusiasta que me habrá concedido producirá más de lo que todos los demás pudieran haber dicho, y eso llegará de vuelta hasta Albertina. De un día al otro, no puede dejar de enterarse, y me asombra que su tía no le haya dicho todavía que soy un hombre “superior”. “-Sí, agregó Bloch, todos hicieron tu elogio. Yo sólo guardé un silencio tan profundo como si en lugar del almuerzo, por otra parte mediocre que nos servían, hubiese absorbido amapola, cara al bienaventurado hermano de Tanathos y de Letea, el divino Hypnos que envuelve con dulces ligaduras el cuerpo yla lengua. yno es que te admire menos que esa banda de perros ávidos con los que me habían invitado. Pero yo te admiro porque te comprendo y ellos te admiran sin comprenderte. Para decirlo mejor, te admiro demasiado para hablar así de ti, en público; me hubiera parecido una profanación alabar en voz alta lo que llevo en lo más hondo de mi corazón. Por más que me preguntaran a tu respecto, un Pudor sagrado, hijo de Kronion, me hizo enmudecer. No tuve el mal gusto de parecer descontento, pero ese pudor me pareció pariente -mucho más que de Kronionde ese pudor que le impide a un crítico que nos admira hablar de nosotros para que el templo secreto en el que reinamos no sea invadido por la turba de los lectores ignaros y los periodistas; con el pudor del hombre de estado que no nos condecora para que no nos confundan en medio de la gente que no vale lo que nosotros; con el pudor del académico que no vota por nosotros para ahorrarnos la vergüenza de ser colega de X ..., que no tiene talento; con el pudor en fin más respetable y más criminal sin embargo de los hijos que nos ruegan no escribamos de sus padres difuntos, que tuvo muchos méritos para asegurarles el silencio y el descanso, impedir que se mantenga la vida y se cree gloria alrededor del pobre muerto, que preferiría su nombre pronunciado por las bocas de los hombres a las coronas conducidas, muy piadosamente por otra parte, hasta su tumba.
Si Bloch, tout en me désolant en ne pouvant comprendre la raison qui m′empêchait d′aller saluer son père, m′avait exaspéré en m′avouant qu′il m′avait déconsidéré chez Mme Bontemps (je comprenais maintenant pourquoi Albertine ne m′avait jamais fait allusion à ce déjeuner et restait silencieuse quand je lui parlais de l′affection de Bloch pour moi), le jeune Israélite avait produit sur M. de Charlus une impression tout autre que l′agacement. Si mientras Bloch me desesperaba por no comprender los motivos que me impedían saludar a su padre, me habla irritado al confesarme que me descuidara en casa de la señora de Bontemps (ahora comprendía por qué Albertina no había aludido nunca a ese almuerzo y se quedaba en silencio cuando le hablaba del afecto de Bloch por mí) el joven israelita produjo en el señor de Charlus una impresión muy distinta al fastidio.
Certes, Bloch croyait maintenant que non seulement je ne pouvais rester une seconde loin de gens élégants, mais que, jaloux des avances qu′ils avaient pu lui faire (comme M. de Charlus), je tâchais de mettre des bâtons dans les roues et de l′empêcher de se lier avec eux; mais de son côté le baron regrettait de n′avoir pas vu davantage mon camarade. Selon son habitude, il se garda de le montrer. Il commença par me poser, sans en avoir l′air, quelques questions sur Bloch, mais d′un ton si nonchalant, avec un intérêt qui semblait tellement simulé, qu′on n′aurait pas cru qu′il entendait les réponses. D′un air de détachement, sur une mélopée qui exprimait plus que l′indifférence, la distraction, et comme par simple politesse pour moi: «Il a l′air intelligent, il a dit qu′il écrivait, a-t-il du talent?» Je dis à M. de Charlus qu′il avait été bien aimable de lui dire qu′il espérait le revoir. Pas un mouvement ne révéla chez le baron qu′il eût entendu ma phrase, et comme je la répétai quatre fois sans avoir de réponse, je finis par douter si je n′avais pas été le jouet d′un mirage acoustique quand j′avais cru entendre ce que M. de Charlus avait dit. «Il habite Balbec?» chantonna le baron, d′un air si peu questionneur qu′il est fâcheux que la langue française ne possède pas un signe autre que le point d′interrogation pour terminer ces phrases apparemment si peu interrogatives. Il est vrai que ce signe ne servirait guère pour M. de Charlus. «Non, ils ont loué près d′ici «la Commanderie». Ayant appris ce qu′il désirait, M. de Charlus feignit de mépriser Bloch. «Quelle horreur! s′écria-t-il, en rendant à sa voix toute sa vigueur claironnante. Toutes les localités ou propriétés appelées «la Commanderie» ont été bâties ou possédées par les Chevaliers de l′Ordre de Malte (dont je suis), comme les lieux dits le Temple ou la Cavalerie par les Templiers. J′habiterais la Commanderie que rien ne serait plus naturel. Mais un Juif! En verdad Bloch creía ahora que no sólo no podía yo estar ni un segundo lejos de la gente elegante, sino que celoso de las iniciativas que pudieron tener con él (como el señor de Charlus) trataba de ponerle trabas y le impedía vincularse, con ellos; pero por su parte el barón lamentaba no haber visto más a mi compañero. Según su costumbre, se cuidó de demostrarlo. Empezó por hacerme, sin aparentarlo, algunas preguntas acerca de Bloch, pero con un tono tan negligente, con un interés que parecía a tal punto simulado que nadie podía creer que oyese las respuestas. Con un aire desprendido, con una melopeya que más que indiferencia indicaba distracción y como una simple cortesía por mí. - “Parece inteligente, dijo que escribía tiene talento?”. Le dije al señor de Charlus que había sido muy amable al decirle que esperaba volver a verlo. Ni por un movimiento reveló el barón que había oído mi frase y como la repetí cuatro veces sin tener respuesta, acabé por dudar si no habría sido víctima de un espejismo acústico cuando creí oír lo que había dicho el señor de Charlus. -“¿Vive en Balbec?”, canturreó el barón, con un aspecto tan poco inquisitivo que es enojoso que el idioma francés no posea otro signo además del de interrogación para terminar esas frases aparentemente tan poco interrogativas. Es verdad que ese signo no le serviría al señor de Charlus. “-No, alquilaron cerca de aquí, la “Encomienda”. Una vez que supo lo que deseaba el señor de Charlus fingió despreciar a Bloch. “¡Qué horror!, exclamó devolviéndole a la voz todo su vigor de clarín. Todas las localidades o propiedades llamadas “La Encomienda” han sido construidas o poseídas por los Caballeros de la Orden de Malta (a la que pertenezco) como los lugares llamados el Templo o la Caballería por los Templarios. Si yo habitara la “Encomienda” sería muy natural. Pero un judío...
Du reste, cela ne m′étonne pas; cela tient à un curieux goût du sacrilège, particulier à cette race. Dès qu′un Juif a assez d′argent pour acheter un château, il en choisit toujours un qui s′appelle le Prieuré, l′Abbaye, le Monastère, la Maison–Dieu. J′ai eu affaire à un fonctionnaire juif, devinez où il résidait? à Pont-l′Évêque. Mis en disgrâce, il se fit envoyer en Bretagne, à Pont-l′Abbé. Quand on donne, dans la Semaine Sainte, ces indécents spectacles qu′on appelle la Passion, la moitié de la salle est remplie de Juifs, exultant à la pensée qu′ils vont mettre une seconde fois le Christ sur la Croix, au moins en effigie. Au concert Lamoureux, j′avais pour voisin, un jour, un riche banquier juif. On joua l′Enfance du Christ, de Berlioz, il était consterné. Mais il retrouva bientôt l′expression de béatitude qui lui est habituelle en entendant l′Enchantement du Vendredi–Saint. Votre ami habite la Commanderie, le malheureux! Quel sadisme! Vous m′indiquerez le chemin, ajouta-t-il en reprenant l′air d′indifférence, pour que j′aille un jour voir comment nos antiques domaines supportent une pareille profanation. C′est malheureux, car il est poli, il semble fin. Il ne lui manquerait plus que de demeurer à Paris, rue du Temple!» M. de Charlus avait l′air, par ces mots, de vouloir seulement trouver à l′appui de sa théorie, un nouvel exemple; mais il me posait en réalité une question à deux fins, dont la principale était de savoir l′adresse de Bloch. «En effet, fit remarquer Brichot, la rue du Temple s′appelait rue de la Chevalerie-du-Temple. Et à ce propos, me permettez-vous une remarque, baron? dit l′universitaire. — Quoi? Qu′est-ce que c′est? dit sèchement M. de Charlus, que cette observation empêchait d′avoir son renseignement. — Non, rien, répondit Brichot intimidé. C′était à propos de l′étymologie de Balbec qu′on m′avait demandée. La rue du Temple s′appelait autrefois la rue Barre-du-Bac, parce que l′Abbaye du Bac, en Normandie, avait là à Paris sa barre de justice.» M. de Charlus ne répondit rien et fit semblant de ne pas avoir entendu, ce qui était chez lui une des formes de l′insolence. «Où votre ami demeure-t-il à Paris? Comme les trois quarts des rues tirent leur nom d′une église ou d′une abbaye, il y a chance pour que le sacrilège continue. On ne peut pas empêcher des Juifs de demeurer boulevard de la Madeleine, faubourg Saint–Honoré ou place Saint–Augustin. Tant qu′ils ne raffinent pas par perfidie, en élisant domicile place du Parvis–Notre-Dame, quai de l′Archevêché, rue Chanoinesse, ou rue de l′Ave–Maria, il faut leur tenir compte des difficultés.» Nous ne pûmes renseigner M. de Charlus, l′adresse actuelle de Bloch nous étant inconnue. Mais je savais que les bureaux de son père étaient rue des Blancs–Manteaux. «Oh! quel comble de perversité, s′écria M. de Charlus, en paraissant trouver, dans son propre cri d′ironique indignation, une satisfaction profonde. Rue des Blancs–Manteaux, répéta-t-il en pressurant chaque syllabe et en riant. Quel sacrilège! Pensez que ces Blancs–Manteaux pollués par M. Bloch étaient ceux des frères mendiants, dits serfs de la Sainte–Vierge, que saint Louis établit là. Et la rue a toujours été à des ordres religieux. La profanation est d′autant plus diabolique qu′à deux pas de la rue des Blancs–Manteaux, il y a une rue, dont le nom m′échappe, et qui est tout entière concédée aux Juifs; il y a des caractères hébreux sur les boutiques, des fabriques de pains azymes, des boucheries juives, c′est tout à fait la Judengasse de Paris. C′est là que M. Bloch aurait dû demeurer. Naturellement, reprit-il sur un ton assez emphatique et fier et pour tenir des propos esthétiques, donnant, par une réponse que lui adressait malgré lui son hérédité, un air de vieux mousquetaire Louis XIII à son visage redressé en arrière, je ne m′occupe de tout cela qu′au point de vue de l′art. La politique n′est pas de mon ressort et je ne peux pas condamner en bloc, puisque Bloch il y a, une nation qui compte Spinoza parmi ses enfants illustres. Et j′admire trop Rembrandt pour ne pas savoir la beauté qu′on peut tirer de la fréquentation de la synagogue. Mais enfin un ghetto est d′autant plus beau qu′il est plus homogène et plus complet. Soyez sûr, du reste, tant l′instinct pratique et la cupidité se mêlent chez ce peuple au sadisme, que la proximité de la rue hébraî°µe dont je vous parle, la commodité d′avoir sous la main les boucheries d′Israël a fait choisir à votre ami la rue des Blancs–Manteaux. Comme c′est curieux! C′est, du reste, par là que demeurait un étrange Juif qui avait fait bouillir des hosties, après quoi je pense qu′on le fit bouillir lui-même, ce qui est plus étrange encore puisque cela a l′air de signifier que le corps d′un Juif peut valoir autant que le corps du Bon Dieu. Peut-être pourrait-on arranger quelque chose avec votre ami pour qu′il nous mène voir l′église des Blancs–Manteaux. Pensez que c′est là qu′on déposa le corps de Louis d′Orléans après son assassinat par Jean sans Peur, lequel malheureusement ne nous a pas délivrés des Orléans. Je suis, d′ailleurs, personnellement très bien avec mon cousin le duc de Chartres, mais enfin c′est une race d′usurpateurs, qui a fait assassiner Louis XVI, dépouiller Charles X et Henri V. Ils ont, du reste, de qui tenir, ayant pour ancêtres Monsieur, qu′on appelait sans doute ainsi parce que c′était la plus étonnante des vieilles dames, et le Régent et le reste. Quelle famille!» Ce discours antijuif ou prohébreu — selon qu′on s′attachera à l′extérieur des phrases ou aux intentions qu′elles recelaient — avait été comiquement coupé, pour moi, par une phrase que Morel me chuchota et qui avait désespéré M. de Charlus. Morel, qui n′avait pas été sans s′apercevoir de l′impression que Bloch avait produite, me remerciait à l′oreille de l′avoir «expédié», ajoutant cyniquement: «Il aurait voulu rester, tout ça c′est la jalousie, il voudrait me prendre ma place. C′est bien d′un youpin!» «On aurait pu profiter de cet arrêt, qui se prolonge, pour demander quelques explications rituelles à votre ami. Est-ce que vous ne pourriez pas le rattraper? me demanda M. de Charlus, avec l′anxiété du doute. — Non, c′est impossible, il est parti en voiture et d′ailleurs fâché avec moi. — Merci, merci, me souffla Morel. — La raison est absurde, on peut toujours rejoindre une voiture, rien ne vous empêcherait de prendre une auto», répondit M. de Charlus, en homme habitué à ce que tout pliât devant lui. Mais remarquant mon silence: «Quelle est cette voiture plus ou moins imaginaire? me dit-il avec insolence et un dernier espoir. — C′est une chaise de poste ouverte et qui doit être déjà arrivée à la Commanderie.» Devant l′impossible, M. de Charlus se résigna et affecta de plaisanter. «Je comprends qu′ils aient reculé devant le «coupé» superfétatoire. C′aurait été un recoupé.» Enfin on fut avisé que le train repartait et Saint–Loup nous quitta. Mais ce jour fut le seul où, en montant dans notre wagon, il me fit, à son insu, souffrir par la pensée que j′eus un instant de le laisser avec Albertine pour accompagner Bloch. Les autres fois sa présence ne me tortura pas. Car d′elle-même Albertine, pour m′éviter toute inquiétude, se plaçait, sous un prétexte quelconque, de telle façon qu′elle n′aurait pas, même involontairement, frôlé Robert, presque trop loin pour avoir même à lui tendre la main; détournant de lui les yeux, elle se mettait, dès qu′il était là, à causer ostensiblement et presque avec affectation avec l′un quelconque des autres voyageurs, continuant ce jeu jusqu′à ce que Saint–Loup fût parti. De la sorte, les visites qu′il nous faisait à Doncières ne me causant aucune souffrance, même aucune gêne, ne mettaient pas une exception parmi les autres qui toutes m′étaient agréables en m′apportant en quelque sorte l′hommage et l′invitation de cette terre. Déjà, dès la fin de l′été, dans notre trajet de Balbec à Douville, quand j′apercevais au loin cette station de Saint–Pierre-des-Ifs, où le soir, pendant un instant, la crête des falaises scintillait toute rose, comme au soleil couchant la neige d′une montagne, elle ne me faisait plus penser, je ne dis pas même à la tristesse que la vue de son étrange relèvement soudain m′avait causée le premier soir en me donnant si grande envie de reprendre le train pour Paris au lieu de continuer jusqu′à Balbec, au spectacle que, le matin, on pouvait avoir de là, m′avait dit Elstir, à l′heure qui précède le soleil levé, où toutes les couleurs de l′arc-en-ciel se réfractent sur les rochers, et où tant de fois il avait réveillé le petit garçon qui, une année, lui avait servi de modèle pour le peindre tout nu, sur le sable. Le nom de Saint–Pierre-des-Ifs m′annonçait seulement qu′allait apparaître un quinquagénaire étrange, spirituel et fardé, avec qui je pourrais parler de Chateaubriand et de Balzac. Et maintenant, dans les brumes du soir, derrière cette falaise d′Incarville, qui m′avait tant fait rêver autrefois, ce que je voyais comme si son grès antique était devenu transparent, c′était la belle maison d′un oncle de M. de Cambremer et dans laquelle je savais qu′on serait toujours content de me recueillir si je ne voulais pas dîner à la Raspelière ou rentrer à Balbec. Ainsi ce n′était pas seulement les noms des lieux de ce pays qui avaient perdu leur mystère du début, mais ces lieux eux-mêmes. Les noms, déjà vidés à demi d′un mystère que l′étymologie avait remplacé par le raisonnement, étaient encore descendus d′un degré. Dans nos retours à Hermenonville, à Saint–Vast, à Harambouville, au moment où le train s′arrêtait, nous apercevions des ombres que nous ne reconnaissions pas d′abord et que Brichot, qui n′y voyait goutte, aurait peut-être pu prendre dans la nuit pour les fantômes d′Hérimund, de Wiscar, et d′Herimbald. Mais elles approchaient du wagon. C′était simplement M. de Cambremer, tout à fait brouillé avec les Verdurin, qui reconduisait des invités et qui, de la part de sa mère et de sa femme, venait me demander si je ne voulais pas qu′il «m′enlevât» pour me garder quelques jours à Féterne où allaient se succéder une excellente musicienne qui me chanterait tout Gluck et un joueur d′échecs réputé avec qui je ferais d′excellentes parties qui ne feraient pas tort à celles de pêche et de yachting dans la baie, ni même aux dîners Verdurin, pour lesquels le marquis s′engageait sur l′honneur à me «prêter», en me faisant conduire et rechercher pour plus de facilité, et de sûreté aussi. «Mais je ne peux pas croire que ce soit bon pour vous d′aller si haut. Je sais que ma soeur ne pourrait pas le supporter. Elle reviendrait dans un état! Elle n′est, du reste, pas très bien fichue en ce moment . . . Vraiment, vous avez eu une crise si forte! Demain vous ne pourrez pas vous tenir debout!» Et il se tordait, non par méchanceté, mais pour la même raison qu′il ne pouvait sans rire voir dans la rue un boiteux qui s′étalait, ou causer avec un sourd. «Et avant? Comment, vous n′en avez pas eu depuis quinze jours? Savez-vous que c′est très beau. Vraiment vous devriez venir vous installer à Féterne, vous causeriez de vos étouffements avec ma soeur.» A Incarville c′était le marquis de Montpeyroux qui, n′ayant pas pu aller à Féterne, car il s′était absenté pour la chasse, était venu «au train», en bottes et le chapeau orné d′une plume de faisan, serrer la main des partants et à moi par la même occasion, en m′annonçant, pour le jour de la semaine qui ne me gênerait pas, la visite de son fils, qu′il me remerciait de recevoir et qu′il serait très heureux que je fisse un peu lire; ou bien M. de Crécy, venu faire sa digestion, disait-il, fumant sa pipe, acceptant un ou même plusieurs cigares, et qui me disait: «Hé bien! vous ne me dites pas de jour pour notre prochaine réunion à la Lucullus? Nous n′avons rien à nous dire? permettez-moi de vous rappeler que nous avons laissé en train la question des deux familles de Montgommery. Il faut que nous finissions cela. Je compte sur vous.» D′autres étaient venus seulement acheter leurs journaux. Por otra parte no me asombra; eso depende de un curioso afán por el sacrilegio propio de esa raza. En cuanto un judío tiene bastante dinero para comprar un castillo, elige siempre uno que se llama el Priorato, la Abadía, el Monasterio, la Casa de Dios. Tuve que habérmelas con un funcionario judío, ¿adivinen dónde vivía?, en Pontl′Evêque.53 Caído en desgracia se hizo mandar a Bretaña, en Pontl′Abbè.54 Cuando en Semana Santa dan esos espectáculos indecentes que se llaman La Pasión, la mitad de la sala está llena de judíos, en cantados de pensar que van a crucificar por segunda vez a Jesús, por lo menos en efigie. En el concierto de Lamoureux, tenía una vez por vecino a un rico banquero judío. Tocaron la Infancia del Cristo, de Berlioz, y estaba apenado. Pero pronto recobró la beatitud que le es habitual al oír el encantamiento de viernes santo. Su amigo vive en la Encomienda, ¡desgraciado!, ¡qué sadismo! Usted me indicará el camino -agregó volviendo a su aire indiferente-, para que un día pueda ir a ver cómo soportan nuestros antiguos dominios semejante profanación. Es una desgracia, porque es educado y parece fino. Sólo le faltaría vivir en la calle del Templo, en París.” El señor de Charlus parecía con esas palabras querer encontrar únicamente un nuevo ejemplo de su teoría; pero en realidad me planteaba una pregunta con dos objetos cuyo principal era saber la dirección de Bloch. ----“En efecto, hizo notar Brichot, la calle del Templo se llamaba calle de la Caballería del Templo”- “¿Y a ese respecto me permite una observación, barón?”, dijo el universitario. “-¿Qué? ¿Qué es?”, dijo secamente el señor de Charlus, al que esa observación impedía conseguir su informe. “-No, nada, contestó Brichot, cortado. Era a propósito de la etimología de Balbec que me habían pedido. La calle del Templo se llamaba ante Barre du Bac, porque la Abadía de Bac, en Normandía, tenía ahí, en París, su barra de justicia”. El señor de Charlus nada contestó y aparentó no haber oído, lo que en él constituía una de las formas de la insolencia. “¿Dónde vive su amigo en París? Como las tres cuartas partes de las calles sacan su nombre de una iglesia o una abadía, hay probabilidades de que continúe el sacrilegio. No se puede impedir que los judíos vivan en el bulevar de la Magdalena, en el barrio de San Honorato o en la plaza de San Agustín. Mientras no llegan al pérfido refinamiento de elegir domicilio en la plaza del atrio de Nuestra Señora, en la calle del Arzobispado, en la calle Canonesa o en la del Ave-María, hay que tenerles en cuenta las dificultades”. No pudimos informarle al señor de Charlus de cuál era la actual dirección de Bloch, que nos era desconocida. Pero yo sabía que los escritorios del padre estaban en la calle de los Mantos Blancos. “-¡Oh, es el colmo de la perversidad!”, exclamó el señor de Charlus, que pareció hallar una profunda satisfacción en su propio grito de irónica indignación. ¡Â”Calle de los Mantos Blancos!”, repitió, exprimiendo cada sílaba con una risa. “¡Qué sacrilegio! Piensen que esos Mantos Blancos profanados por el señor Bloch eran los de los hermanos mendicantes, llamados siervos de la Virgen que ahí estableció San Luis. Y la calle perteneció siempre a órdenes religiosas. La profanación es tanto más diabólica cuanto que a dos pasos de la calle de los Mantos-Blancos, existe una calle cuyo nombre no recuerdo y que está íntegramente concedida a los Judíos; hay ahí caracteres hebraicos en las tiendas, fábricas de pan ázimo, carnicerías judías, es enteramente la judengasse de París. Ahí debía vivir el señor Bloch. Naturalmente -repuso con énfasis y altivez para proferir conceptos estéticos que dieran por una respuesta que le dirigía a pesar de su herencia, un aspecto de antiguo mosquetero Luis XIII a su rostro erguido y hacia atráss, no me ocupo de eso sino desde el punto de vista del arte. La política no es mi especialidad y no puedo condenar en bloque ya que de Bloch se trata55 a una nación que lo cuenta a Spinoza entre sus hijos ilustres. Y lo admiro demasiado a Rembrandt para ignorar qué belleza puede extraerse de la frecuentación de la sinagoga. Pero en resumidas cuentas un ghetto es tanto más hermoso cuanto más homogéneo y más completo. Esté seguro por otra parte a tal punto el instinto práctico y la avidez se mezclan en ese pueblo con el sadismo, de que la proximidad de la calle hebraica de que hablo y la comodidad de tener al alcance de la mano las carnicerías de Israel le hicieron elegir a su amigo la calle de los Mantos Blancos. ¡Qué curioso! Por otra parte, por ahí vivía un extraño judío que había hecho hervir ostias, después de lo cual supongo que lo hicieron hervir a él, lo que es tanto más extraño cuanto que parecería indicar que el cuerpo de un judío vale tanto como el cuerpo de Dios. Quizás pudiera arreglarse algo con su amigo para que nos acompañe a ver la iglesia de los Mantos Blancos. Piensen que ahí es donde se depositó el cuerpo de Luis de Orleáns, después de su asesinato por Juan Sin Miedo, quien por desgracia no nos libró de los Orleáns. Estoy por otra parte personalmente en excelentes relaciones con mi primo el duque de Charles, pero en fin es una raza de usurpadores que hizo asesinar a Luis XVI, y despojó a Carlos X y Enrique V. Tienen por otra parte a quién salir, ya que cuentan a Monsieur entre sus antepasados, que se llamaba sin duda así56 porque era la más asombrosa de las ancianas y el Regente y todo lo demás. ¡Qué familia!” Ese discurso antijudío o prohebreo -según se fijara uno en lo exterior de las frases ó en las intenciones que revelaran- había sido cortado cómicamente por mí con una frase que me había susurrado Morel y que lo había desesperado al señor de Charlus. Morel que no había dejado de advertir la impresión que produjera Bloch, me agradecía al oído haberlo “despachado”, agregando cínicamente: “- Hubiera deseado quedarse, todo eso son celos, ya quisiera tomar mi lugar. Es muy propio de un judío”. “-Hubiéramos podido aprovechar esa parada que se prolonga para pedirle explicaciones a su amigo. ¿No podría alcanzarlo usted?”, me preguntó el señor de Charlus con la ansiedad de la duda. “-No; es imposible, partió en coche y por otra parte, disgustado conmigo”. “gGracias, gracias”, me sopló Morel. “-El motivo es absurdo, siempre puede alcanzarse un coche; nada le impide tomar un auto -contestó el señor de Charlus, acostumbrado a que nada se le negara. Pero al advertir mi silencio-: ¿Cuál es ese coche más o menos imaginario?”, me dijo con insolencia y una última esperanza. “-Es una silla de posta abierta y que ya debe haber llegado a la Encomienda”. Ante lo imposible, el señor de Charlus se resignó y fingió bromear. “cComprendo que no se hayan atrevido con el cupé redundante. Hubiera sido un recupé”.57 Por fin nos avisaron que el tren salía y nos dejó Saint-Loup. Pero ese fue el único día en que al subir a nuestro vagón, me hizo sufrir a mis espaldas, ante el pensamiento que por un instante tuve de dejarlo con Albertina para acompañarlo a Bloch. Otras veces no me torturó su presencia. Porque por si misma y para evitarme toda inquietud Albertina se colocaba con cualquier pretexto de tal modo que ni siquiera involuntariamente pudiera rozarlo a Roberto, casi demasiado lejos para tener que darle la mano y desviando los ojos de él; en cuanto él estaba se ponía a conversar ostensiblemente y casi con afectación con cualquiera de los demás pasajeros, continuando ese juego hasta que Saint-Loup se alejara. De esa manera, como las visitas que nos hacía en Doncières no me causaban ningún sufrimiento, ni siquiera ninguna molestia, no eran una excepción entre las demás que me resultaban todas agradables al traerme en cierto modo el homenaje y la invitación de esa tierra. Ya desde el final del verano, en nuestro trayecto de Balbec a Douville, cuando advertía a lo lejos esa estación de San Pedro de los Tejos, donde por la noche y durante un instante centelleaba la cresta de los acantilados, rosada con el sol poniente como la nieve de una montaña, no pensaba ni en la tristeza que la vista de su extraña forma me había causado repentinamente la primera noche, dándome unas ganas tan grandes de volver a tomar el tren de regreso a París en lugar de seguir hasta Balbec el espectáculo que por la mañana podía tenerse por ahí según Elstir, en la hora anterior al sol naciente, cuando todos los colores del arco iris se reflejan en las rocas y tantas veces había despertado al chiquillo que un año le sirviera de modelo, para pintarlo desnudo en la arena. El nombre de San Pedro de los Tejos sólo me anunciaba que iba a aparecer un extraño cincuentón, ingenioso ypintado con quien podría hablar de Chateaubriand yde Balzac. Y ahora en las brumas nocturnas tras ese acantilado de Incarville, que tanto me hiciera soñar antaño, lo que yo veía, como si su greda antigua se hubiese hecho transparente, era la hermosa casa de un tío del señor de Cambremer, en la que sabía que siempre se alegrarían de recogerme, si no quisiera cenar en la Raspeliére o volver a Balbec. Así que no eran solamente los nombres de los lugares de esa zona los que habían perdido su misterio inicial, sino los mismos lugares. Los nombres ya vacíos a medias de un misterio que había reemplazado la etimología por el razonamiento, habían bajado un grado más. En nuestros regresos a Hermenonville, a Saint-Vast, a Arambouville, en momentos en que se detenía el tren, advertíamos unas sombras que en un principio no reconocíamos y que Brichot, que no veía nada, hubiera podido confundir en la noche, con los fantasmas de Herimundo, Wiscar y Herimbaldo. Pero se acercaban al vagón. Era sencillamente el señor de Cambremer, completamente disgustado con los Verdurin, que acompañaba a unos invitados y que de parte de su madre y de su mujer venía a pedirme si no quería dejarme “raptar” para estar algunos días en Féterne, donde iban a sucederse una excelente música que me cantaría integro a Glück y un famoso jugador de ajedrez con el que haría unos partidos excelentes yque no le irían en zaga a los de pesca yyachting en la bahía, ni siquiera a las comidas de los Verdurin para las que el marqués se comprometía solemnemente a “prestarme” haciéndome llevar y volver a buscar para mayor facilidad y también para mayor seguridad. “-Pero no puedo creer que sea bueno para usted subir tan alto. Sé que mi hermana no podría soportarlo. Volvería en un estado... No está muy bien por otra parte en estos momentos. Verdaderamente, ha tenido usted un ataque tan fuerte. Mañana no podrá estar de pie”. Y se desternillaba, no por maldad sino por el mismo motivo por el que no podía ver caer a un rengo en la calle sin reírse o conversar con un sordo. “-¿Y antes? ¿Cómo hace quince días que no tiene nada? ¿Sabe que es muy bueno? Verdaderamente debía instalarse en Féterne, conversaría de sus sofocaciones con mi hermana”. En Incarville era el marqués de Montpeyroux quien, como no había podido ir a Féterne, porque se había ausentado por la caza, venía a la estación con botas y el sombrero adornado con una pluma de faisán, a estrechar la mano de los que se iban y a mí por el mismo motivo, anunciándome la visita de su hijo para un día de la semana que no me molestara; me agradecía que lo recibiera y sería muy feliz si lo hiciera leer un poco; o el señor de Crécy, que había ido a hacer su digestión, fumando según él su pipa, aceptando uno o varios cigarros y me decía: “-Y bien ¿no fija usted un día para nuestra próxima reunión a lo Lúculo? ¿No tenemos nada que decirnos? Permítame que le recuerde que está pendiente la cuestión de las dos familias de Montgommery. Tenemos que terminar eso. Cuento con usted”. Otros, sólo habían venido para comprar sus diarios.
Et aussi beaucoup faisaient la causette avec nous que j′ai toujours soupçonnés ne s′être trouvés sur le quai, à la station la plus proche de leur petit château, que parce qu′ils n′avaient rien d′autre à faire que de retrouver un moment des gens de connaissance. Un cadre de vie mondaine comme un autre, en somme, que ces arrêts du petit chemin de fer. Lui-même semblait avoir conscience de ce rôle qui lui était dévolu, avait contracté quelque amabilité humaine; patient, d′un caractère docile, il attendait aussi longtemps qu′on voulait les retardataires, et, même une fois parti, s′arrêtait pour recueillir ceux qui lui faisaient signe; ils couraient alors après lui en soufflant, en quoi ils lui ressemblaient, mais différaient de lui en ce qu′ils le rattrapaient à toute vitesse, alors que lui n′usait que d′une sage lenteur. Ainsi Hermenonville, Harambouville, Incarville, ne m′évoquaient même plus les farouches grandeurs de la conquête normande, non contents de s′être entièrement dépouillés de la tristesse inexplicable où je les avais vus baigner jadis dans l′humidité du soir. Doncières! Pour moi, même après l′avoir connu et m′être éveillé de mon rêve, combien il était resté longtemps, dans ce nom, des rues agréablement glaciales, des vitrines éclairées, des succulentes volailles! Doncières! Maintenant ce n′était plus que la station où montait Morel: Égleville (Aquiloevilla), celle où nous attendait généralement la princesse Sherbatoff; Maineville, la station où descendait Albertine les soirs de beau temps, quand, n′étant pas trop fatiguée, elle avait envie de prolonger encore un moment avec moi, n′ayant, par un raidillon, guère plus à marcher que si elle était descendue à Parville (Paterni villa). Non seulement je n′éprouvais plus la crainte anxieuse d′isolement qui m′avait étreint le premier soir, mais je n′avais plus à craindre qu′elle se réveillât, ni de me sentir dépaysé ou de me trouver seul sur cette terre productive non seulement de châtaigniers et de tamaris, mais d′amitiés qui tout le long du parcours formaient une longue chaîne, interrompue comme celle des collines bleuâtres, cachées parfois dans l′anfractuosité du roc ou derrière les tilleuls de l′avenue, mais déléguant à chaque relais un aimable gentilhomme qui venait, d′une poignée de main cordiale, interrompre ma route, m′empêcher d′en sentir la longueur, m′offrir au besoin de la continuer avec moi. Un autre serait à la gare suivante, si bien que le sifflet du petit tram ne nous faisait quitter un ami que pour nous permettre d′en retrouver d′autres. Entre les châteaux les moins rapprochés et le chemin de fer qui les côtoyait presque au pas d′une personne qui marche vite, la distance était si faible qu′au moment où, sur le quai, devant la salle d′attente, nous interpellaient leurs propriétaires, nous aurions presque pu croire qu′ils le faisaient du seuil de leur porte, de la fenêtre de leur chambre, comme si la petite voie départementale n′avait été qu′une rue de province et la gentilhommière isolée qu′un hôtel citadin; et même aux rares stations où je n′entendais le «bonsoir» de personne, le silence avait une plénitude nourricière et calmante, parce que je le savais formé du sommeil d′amis couchés tôt dans le manoir proche, où mon arrivée eût été saluée avec joie si j′avais eu à les réveiller pour leur demander quelque service d′hospitalité. Outre que l′habitude remplit tellement notre temps qu′il ne nous reste plus, au bout de quelques mois, un instant de libre dans une ville où, à l′arrivée, la journée nous offrait la disponibilité de ses douze heures, si une par hasard était devenue vacante, je n′aurais plus eu l′idée de l′employer à voir quelque église pour laquelle j′étais jadis venu à Balbec, ni même à confronter un site peint par Elstir avec l′esquisse que j′en avais vue chez lui, mais à aller faire une partie d′échecs de plus chez M. Féré. C′était, en effet, la dégradante influence, comme le charme aussi, qu′avait eue ce pays de Balbec de devenir pour moi un vrai pays de connaissances; si sa répartition territoriale, son ensemencement extensif, tout le long de la côte, en cultures diverses, donnaient forcément aux visites que je faisais à ces différents amis la forme du voyage, ils restreignaient aussi le voyage à n′avoir plus que l′agrément social d′une suite de visites. Les mêmes noms de lieux, si troublants pour moi jadis que le simple Annuaire des Châteaux, feuilleté au chapitre du département de la Manche, me causait autant d′émotion que l′Indicateur des chemins de fer, m′étaient devenus si familiers que cet indicateur même, j′aurais pu le consulter, à la page Balbec–Douville par Doncières, avec la même heureuse tranquillité qu′un dictionnaire d′adresses. Dans cette vallée trop sociale, aux flancs de laquelle je sentais accrochée, visible ou non, une compagnie d′amis nombreux, le poétique cri du soir n′était plus celui de la chouette ou de la grenouille, mais le «comment va?» de M. de Criquetot ou le «Kairé» de Brichot. L′atmosphère n′y éveillait plus d′angoisses et, chargée d′effluves purement humains, y était aisément respirable, trop calmante même. Le bénéfice que j′en tirais, au moins, était de ne plus voir les choses qu′au point de vue pratique. Le mariage avec Albertine m′apparaissait comme une folie. Y también muchos conversaban con nosotros; siempre sospeché que no se encontraban en el andén, en la estación más cercana a su castillo más que porque no tenían otra cosa que hacer sino encontrarse un momento con desconocidos. En resumen, eran un cuadro de vida social como cualquiera esas paradas del trencito. Él mismo parecía tener conciencia del papel que le correspondía y había adquirido cierta amabilidad humana; paciente, con un carácter dócil, esperaba a los atrasados tanto como se quisiera y una vez partido aún se detenía para recoger a los que le hacían señas; lo corrían entonces, resoplando, en lo que se le parecían, pero eran distintos en cuanto lo alcanzaban a toda velocidad mientras que él no usaba sino una sabia lentitud. Así ni Hermenonville, ni Arambouville ni Incarville me evocaban ya las bizarras grandezas de la conquista normanda, no contentos de haberse despojado enteramente de la tristeza inexplicable en que los había visto bañarse otrora en la humedad nocturna. ¡Doncières! Para mí, aun después de haberlo conocido y despertado de mi ensueño, cuánto tiempo me había evocado ese nombre calles agradablemente glaciales, vidrieras iluminadas, aves suculentas. ¡Doncières! Ahora ya no era más que la estación en que subía Morel, Egleville (Aquilaevilla), aquella en que nos esperaba generalmente la princesa Sherbatoff; Maineville, la estación en que bajaba Albertina en las noches hermosas, cuando todavía no estaba demasiado cansada y tenía ganas de prolongar aún un momento conmigo, ya que por un montecillo no tenía que caminar mucho más que si se hubiese bajado en Parville (Paternivilla). No sólo ya no experimentaba el temor ansioso de aislamiento que me había oprimido la primera noche, sino que no tenía que temer siquiera que se despertase ni sentirme desarraigado o solitario en esa tierra que producía no sólo castaños o tamariscos, sino amistades que formaban a lo largo del recorrido una larga cadena interrumpida como la de las azuladas colinas, ocultas a veces en la rugosidad de una roca o detrás de los tilos de la avenida, pero que delegaba en cada posta un amable gentilhombre que venía con un apretón de manos cordial a interrumpir mi camino, impedir que advirtiera su longitud y en caso necesario ofrecerme recorrerlo conmigo. En la estación siguiente habría otro, a tal punto que el silbato del pequeño tranvía no nos hacía dejar un amigo si no era para encontrar otros. Entre los castillos menos cercanos y el ferrocarril que los bordeaba casi al paso de una persona que camina ligero, la distancia era tan reducida que en momentos en que desde los andenes, frente a las salas de espera, nos interpelaban sus propietarios, casi podíamos haber supuesto que lo hacían desde el umbral de sus puertas o desde la ventana de sus cuartos, como si la pequeña vía departamental fuera sólo una calle provinciana y el solar aislado sólo un hotel ciudadano; y aun en las escasas estaciones en que no se oía el “buenas noches” de nadie, el silencio tenía una plenitud nutricia y calmante, porque lo sabía formado con el sueño de amigos que se habían acostado temprano en el cercano solar y donde mi llegada hubiera sido saludada con alegría de haber tenido que despertarlos para pedirles algún favor de hospitalidad. Además que la costumbre llena tanto nuestro tiempo que al cabo ya no nos queda un rato libre, en una ciudad en que al llegar el día nos ofrecía la disponibilidad de sus doce horas; si una por casualidad quedaba desocupada ya no hubiera tenido la ocurrencia de emplearla en ver alguna iglesia para la que antes había ido a Balbec; ni siquiera confrontar un sitio pintado por Elstir con el boceto que viera en su casa, si no jugar otro partido de ajedrez en casa del señor de Féré. Era en efecto la influencia a tal punto degradante como el embrujo que había tenido esa región de Balbec de convertirse para mí en una verdadera zona de conocidos; si su reparto territorial, su siembra extensiva a lo largo de la costa, le daban forzosamente a las visitas a esos distintos amigos la apariencia de un viaje, restringía también el viaje hasta conservar sólo el agrado social de una serie de visitas. Los mismos nombres de lugares tan turbadores para mí como el simple Anuario de los Castillos, hojeado en el capítulo del departamento de la Mancha, me causaban tanta emoción como el Indicador de los ferrocarriles y se me habían hecho tan familiares que hubiera podido consultar ese mismo indicador en la página Balbec-Douville por Doncières con la misma tranquilidad feliz que un diccionario de direcciones. En ese valle demasiado social a cuyos flancos sentía adheridos, visibles o no, una compañía de amigos numerosos, el grito poético de la noche ya no era el de la rana o el de la lechuza, sino el “¿Cómo va?” del señor de Criquetot o el “Kaire” de Brichot. La atmósfera ya no me despertaba angustias y cargada de efluvios puramente humanos, era fácilmente respirable y hasta demasiado calmante. Para mí el beneficio era por lo menos no ver las cosas sino desde su punto de vista práctico. El casamiento con Albertina se me aparecía como una locura.





II. Chapitre Quatrième

CAPÍTULO V

Brusque revirement vers Albertine. Désolation au lever du soleil. Je pars immédiatement avec Albertine pour Paris.
Repentino regreso a Albertina. Desesperación al alba. Parto inmediatamente con Albertina para París
Je n′attendais qu′une occasion pour la rupture définitive. Et, un soir, comme maman partait le lendemain pour Combray, où elle allait assister dans sa dernière maladie une soeur de sa mère, me laissant pour que je profitasse, comme grand′mère aurait voulu, de l′air de la mer, je lui avais annoncé qu′irrévocablement j′étais décidé à ne pas épouser Albertine et allais cesser prochainement de la voir. J′étais content d′avoir pu, par ces mots, donner satisfaction à ma mère la veille de son départ. Elle ne m′avait pas caché que c′en avait été en effet une très vive pour elle. Il fallait aussi m′en expliquer avec Albertine. Comme je revenais avec elle de la Raspelière, les fidèles étant descendus, tels à Saint–Mars-le-Vêtu, tels à Saint–Pierre-des-Ifs, d′autres à Doncières, me sentant particulièrement heureux et détaché d′elle, je m′étais décidé, maintenant qu′il n′y avait plus que nous deux dans le wagon, à aborder enfin cet entretien. La vérité, d′ailleurs, est que celle des jeunes filles de Balbec que j′aimais, bien qu′absente en ce moment ainsi que ses amies, mais qui allait revenir (je me plaisais avec toutes, parce que chacune avait pour moi, comme le premier jour, quelque chose de l′essence des autres, était comme d′un race à part), c′était Andrée. Puisqu′elle allait arriver de nouveau, dans quelques jours, à Balbec, certes aussitôt elle viendrait me voir, et alors, pour rester libre, ne pas l′épouser si je ne voulais pas, pour pouvoir aller à Venise, mais pourtant l′avoir d′ici là toute à moi, le moyen que je prendrais ce serait de ne pas trop avoir l′air de venir à elle, et dès son arrivée, quand nous causerions ensemble, je lui dirais: «Quel dommage que je ne vous aie pas vue quelques semaines plus tôt! Je vous aurais aimée; maintenant mon coeur est pris. Mais cela ne fait rien, nous nous verrons souvent, car je suis triste de mon autre amour et vous m′aiderez à me consoler.» Je souriais intérieurement en pensant à cette conversation, car de cette façon je donnerais à Andrée l′illusion que je ne l′aimais pas vraiment; ainsi elle ne serait pas fatiguée de moi et je profiterais joyeusement et doucement de sa tendresse. Mais tout cela ne faisait que rendre plus nécessaire de parler enfin sérieusement à Albertine afin de ne pas agir indélicatement, et puisque j′étais décidé à me consacrer à son amie, il fallait qu′elle sût bien, elle, Albertine, que je ne l′aimais pas. Il fallait le lui dire tout de suite, Andrée pouvant venir d′un jour à l′autre. Mais comme nous approchions de Parville, je sentis que nous n′aurions pas le temps ce soir-là et qu′il valait mieux remettre au lendemain ce qui maintenant était irrévocablement résolu. Je me contentai donc de parler avec elle du dîner que nous avions fait chez les Verdurin. Au moment où elle remettait son manteau, le train venant de quitter Incarville, dernière station avant Parville, elle me dit: «Alors demain, re-Verdurin, vous n′oubliez pas que c′est vous qui venez me prendre.» Je ne pus m′empêcher de répondre assez sèchement: «Oui, à moins que je ne «lâche», car je commence à trouver cette vie vraiment stupide. En tout cas, si nous y allons, pour que mon temps à la Raspelière ne soit pas du temps absolument perdu, il faudra que je pense à demander à Mme Verdurin quelque chose qui pourra m′intéresser beaucoup, être un objet d′études, et me donner du plaisir, car j′en ai vraiment bien peu cette année à Balbec. — Ce n′est pas aimable pour moi, mais je ne vous en veux pas, parce que je sens que vous êtes nerveux. Quel est ce plaisir? — Que Mme Verdurin me fasse jouer des choses d′un musicien dont elle connaît très bien les oeuvres. Moi aussi j′en connais une, mais il paraît qu′il y en a d′autres et j′aurais besoin de savoir si c′est édité, si cela diffère des premières. — Quel musicien? — Ma petite chérie, quand je t′aurai dit qu′il s′appelle Vinteuil, en seras-tu beaucoup plus avancée?» Nous pouvons avoir roulé toutes les idées possibles, la vérité n′y est jamais entrée, et c′est du dehors, quand on s′y attend le moins, qu′elle nous fait son affreuse piqûre et nous blesse pour toujours. «Vous ne savez pas comme vous m′amusez, me répondit Albertine en se levant, car le train allait s′arrêter. Non seulement cela me dit beaucoup plus que vous ne croyez, mais, même sans Mme Verdurin, je pourrai vous avoir tous les renseignements que vous voudrez. Vous vous rappelez que je vous ai parlé d′une amie plus âgée que moi, qui m′a servi de mère, de soeur, avec qui j′ai passé à Trieste mes meilleures années et que, d′ailleurs, je dois dans quelques semaines retrouver à Cherbourg, d′où nous voyagerons ensemble (c′est un peu baroque, mais vous savez comme j′aime la mer), hé, bien! cette amie (oh! pas du tout le genre de femmes que vous pourriez croire!), regardez comme c′est extraordinaire, est justement la meilleure amie de la fille de ce Vinteuil, et je connais presque autant la fille de Vinteuil. Je ne les appelle jamais que mes deux grandes soeurs. Je ne suis pas fâchée de vous montrer que votre petite Albertine pourra vous être utile pour ces choses de musique, où vous dites, du reste avec raison, que je n′entends rien.» A ces mots prononcés comme nous entrions en gare de Parville, si loin de Combray et de Montjouvain, si longtemps après la mort de Vinteuil, une image s′agitait dans mon coeur, une image tenue en réserve pendant tant d′années que, même si j′avais pu deviner, en l′emmagasinant jadis, qu′elle avait un pouvoir nocif, j′eusse cru qu′à la longue elle l′avait entièrement perdu; conservée vivante au fond de moi — comme Oreste dont les Dieux avaient empêché la mort pour qu′au jour désigné il revînt dans son pays punir le meurtre d′Agamemnon — pour mon supplice, pour mon châtiment, qui sait? d′avoir laissé mourir ma grand′mère, peut-être; surgissant tout à coup du fond de la nuit où elle semblait à jamais ensevelie et frappant comme un Vengeur, afin d′inaugurer pour moi une vie terrible, méritée et nouvelle, peut-être aussi pour faire éclater à mes yeux les funestes conséquences que les actes mauvais engendrent indéfiniment, non pas seulement pour ceux qui les ont commis, mais pour ceux qui n′ont fait, qui n′ont cru, que contempler un spectacle curieux et divertissant, comme moi, hélas! en cette fin de journée lointaine à Montjouvain, caché derrière un buisson où (comme quand j′avais complaisamment écouté le récit des amours de Swann) j′avais dangereusement laissé s′élargir en moi la voie funeste et destinée à être douloureuse du Savoir. Et dans ce même temps, de ma plus grande douleur j′eus un sentiment presque orgueilleux, presque joyeux, d′un homme à qui le choc qu′il aurait reçu fait faire un bond tel qu′il serait parvenu à un point où nul effort n′aurait pu le hisser. Albertine amie de Mlle Vinteuil et de son amie, pratiquante professionnelle du Sapphisme, c′était, auprès de ce que j′avais imaginé dans les plus grands doutes, ce qu′est au petit acoustique de l′Exposition de 1889, dont on espérait à peine qu′il pourrait aller du bout d′une maison à une autre, les téléphones planant sur les rues, les villes, les champs, les mers, reliant les pays. C′était une «terra incognita» terrible où je venais d′atterrir, une phase nouvelle de souffrances insoupçonnées qui s′ouvrait. Et pourtant ce déluge de la réalité qui nous submerge, s′il est énorme auprès de nos timides et infimes suppositions, il était pressenti par elles. C′est sans doute quelque chose comme ce que je venais d′apprendre, c′était quelque chose comme l′amitié d′Albertine et Mlle Vinteuil, quelque chose que mon esprit n′aurait su inventer, mais que j′appréhendais obscurément quand je m′inquiétais tout en voyant Albertine auprès d′Andrée. C′est souvent seulement par manque d′esprit créateur qu′on ne va pas assez loin dans la souffrance. Et la réalité la plus terrible donne, en même temps que la souffrance, la joie d′une belle découverte, parce qu′elle ne fait que donner une forme neuve et claire à ce que nous remâchions depuis longtemps sans nous en douter. Le train s′était arrêté à Parville, et comme nous étions les seuls voyageurs qu′il y eût dedans, c′était d′une voix amollie par le sentiment de l′inutilité de la tâche, par la même habitude qui la lui faisait pourtant remplir et lui inspirait à la fois l′exactitude et l′indolence, et plus encore par l′envie de dormir que l′employé cria: «Parville!» Albertine, placée en face de moi et voyant qu′elle était arrivée à destination, fit quelques pas du fond du wagon où nous étions et ouvrit la portière. Mais ce mouvement qu′elle accomplissait ainsi pour descendre me déchirait intolérablement le coeur comme si, contrairement à la position indépendante de mon corps que, à deux pas de lui, semblait occuper celui d′Albertine, cette séparation spatiale, qu′un dessinateur véridique eût été obligé de figurer entre nous, n′était qu′une apparence et comme si, pour qui eût voulu, selon la réalité véritable, redessiner les choses, il eût fallu placer maintenant Albertine, non pas à quelque distance de moi, mais en moi. Elle me faisait si mal en s′éloignant que, la rattrapant, je la tirai désespérément par le bras. «Est-ce qu′il serait matériellement impossible, lui demandai-je, que vous veniez coucher ce soir à Balbec? — Matériellement, non. Mais je tombe de sommeil. — Vous me rendriez un service immense . . . — Alors soit, quoique je ne comprenne pas; pourquoi ne l′avez-vous pas dit plus tôt? Enfin je reste.» Ma mère dormait quand, après avoir fait donner à Albertine une chambre située à un autre étage, je rentrai dans la mienne. Je m′assis près de la fenêtre, réprimant mes sanglots pour que ma mère, qui n′était séparée de moi que par une mince cloison, ne m′entendît pas. Je n′avais même pas pensé à fermer les volets, car à un moment, levant les yeux, je vis, en face de moi, dans le ciel, cette même petite lueur d′un rouge éteint qu′on voyait au restaurant de Rivebelle dans une étude qu′Elstir avait faite d′un soleil couché. Je me rappelai l′exaltation que m′avait donnée, quand je l′avais aperçue du chemin de fer, le premier jour de mon arrivée à Balbec, cette même image d′un soir qui ne précédait pas la nuit, mais une nouvelle journée. Mais nulle journée maintenant ne serait plus pour moi nouvelle, n′éveillerait plus en moi le désir d′un bonheur inconnu, et prolongerait seulement mes souffrances, jusqu′à ce que je n′eusse plus la force de les supporter. La vérité de ce que Cottard m′avait dit au casino de Parville ne faisait plus doute pour moi. Ce que j′avais redouté, vaguement soupçonné depuis longtemps d′Albertine, ce que mon instinct dégageait de tout son être, et ce que mes raisonnements dirigés par mon désir m′avaient peu à peu fait nier, c′était vrai! Derrière Albertine je ne voyais plus les montagnes bleues de la mer, mais la chambre de Montjouvain où elle tombait dans les bras de Mlle Vinteuil avec ce rire où elle faisait entendre comme le son inconnu de sa jouissance. Car, jolie comme était Albertine, comment Mlle Vinteuil, avec les goûts qu′elle avait, ne lui eût-elle pas demandé de les satisfaire? Et la preuve qu′Albertine n′en avait pas été choquée et avait consenti, c′est qu′elles ne s′étaient pas brouillées, mais que leur intimité n′avait pas cessé de grandir. Et ce mouvement gracieux d′Albertine posant son menton sur l′épaule de Rosemonde, la regardant en souriant et lui posant un baiser dans le cou, ce mouvement qui m′avait rappelé Mlle Vinteuil et pour l′interprétation duquel j′avais hésité pourtant à admettre qu′une même ligne tracée par un geste résultât forcément d′un même penchant, qui sait si Albertine ne l′avait pas tout simplement appris de Mlle Vinteuil? Peu à peu le ciel éteint s′allumait. Moi qui ne m′étais jusqu′ici jamais éveillé sans sourire aux choses les plus humbles, au bol de café au lait, au bruit de la pluie, au tonnerre du vent, je sentis que le jour qui allait se lever dans un instant, et tous les jours qui viendraient ensuite ne m′apporteraient plus jamais l′espérance d′un bonheur inconnu, mais le prolongement de mon martyre. Je tenais encore à la vie; je savais que je n′avais plus rien que de cruel à en attendre. Je courus à l′ascenseur, malgré l′heure indue, sonner le lift qui faisait fonction de veilleur de nuit, et je lui demandai d′aller à la chambre d′Albertine, lui dire que j′avais quelque chose d′important à lui communiquer, si elle pourrait me recevoir. «Mademoiselle aime mieux que ce soit elle qui vienne, vint-il me répondre. Elle sera ici dans un instant.» Et bientôt, en effet, Albertine entra en robe de chambre, «Albertine, lui dis-je très bas et en lui recommandant de ne pas élever la voix pour ne pas éveiller ma mère, de qui nous n′étions séparés que par cette cloison — dont la minceur, aujourd′hui importune et qui forçait à chuchoter, ressemblait jadis, quand s′y peignirent si bien les intentions de ma grand′mère, à une sorte de diaphanéité musicale — je suis honteux de vous déranger. Voici. Pour que vous compreniez, il faut que je vous dise une chose que vous ne savez pas. Quand je suis venu ici, j′ai quitté une femme que j′ai dû épouser, qui était prête à tout abandonner pour moi. Elle devait partir en voyage ce matin, et depuis une semaine, tous les jours je me demandais si j′aurais le courage de ne pas lui télégraphier que je revenais. J′ai eu ce courage, mais j′étais si malheureux que j′ai cru que je me tuerais. C′est pour cela que je vous ai demandé hier soir si vous ne pourriez pas venir coucher à Balbec. Si j′avais dû mourir, j′aurais aimé vous dire adieu.» Et je donnai libre cours aux larmes que ma fiction rendait naturelles. «Mon pauvre petit, si j′avais su, j′aurais passé la nuit auprès de vous», s′écria Albertine, à l′esprit de qui l′idée que j′épouserais peut-être cette femme et que l′occasion de faire, elle, un «beau mariage» s′évanouissait ne vint même pas, tant elle était sincèrement émue d′un chagrin dont je pouvais lui cacher la cause, mais non la réalité et la force. «Du reste, me dit-elle, hier, pendant tout le trajet depuis la Raspelière, j′avais bien senti que vous étiez nerveux et triste, je craignais quelque chose.» En réalité, mon chagrin n′avait commencé qu′à Parville, et la nervosité, bien différente mais qu′heureusement Albertine confondait avec lui, venait de l′ennui de vivre encore quelques jours avec elle. Elle ajouta: «Je ne vous quitte plus, je vais rester tout le temps ici.» Elle m′offrait justement — et elle seule pouvait me l′offrir — l′unique remède contre le poison qui me brûlait, homogène à lui d′ailleurs; l′un doux, l′autre cruel, tous deux étaient également dérivés d′Albertine. En ce moment Albertine — mon mal — se relâchant de me causer des souffrances, me laissait — elle, Albertine remède — attendri comme un convalescent. Mais je pensais qu′elle allait bientôt partir de Balbec pour Cherbourg et de là pour Trieste. Ses habitudes d′autrefois allaient renaître. Ce que je voulais avant tout, c′était empêcher Albertine de prendre le bateau, tâcher de l′emmener à Paris. Certes, de Paris, plus facilement encore que de Balbec, elle pourrait, si elle le voulait, aller à Trieste, mais à Paris nous verrions; peut-être je pourrais demander à Mme de Guermantes d′agir indirectement sur l′amie de Mlle Vinteuil pour qu′elle ne restât pas à Trieste, pour lui faire accepter une situation ailleurs, peut-être chez le prince de . . . que j′avais rencontré chez Mme de Villeparisis et chez Mme de Guermantes même. Et celui-ci, même si Albertine voulait aller chez lui voir son amie, pourrait, prévenu par Mme de Guermantes, les empêcher de se joindre. Certes, j′aurais pu me dire qu′à Paris, si Albertine avait ces goûts, elle trouverait bien d′autres personnes avec qui les assouvir. Mais chaque mouvement de jalousie est particulier et porte la marque de la créature — pour cette fois-ci l′amie de Mlle Vinteuil — qui l′a suscité. C′était l′amie de Mlle Vinteuil qui restait ma grande préoccupation. La passion mystérieuse avec laquelle j′avais pensé autrefois à l′Autriche parce que c′était le pays d′où venait Albertine (son oncle y avait été conseiller d′ambassade), que sa singularité géographique, la race qui l′habitait, ses monuments, ses paysages, je pouvais les considérer ainsi que dans un atlas, comme dans un recueil de vues, dans le sourire, dans les manières d′Albertine, cette passion mystérieuse, je l′éprouvais encore mais, par une interversion des signes, dans le domaine de l′horreur. Oui, c′était de là qu′Albertine venait. C′était là que, dans chaque maison, elle était sûre de retrouver, soit l′amie de Mlle Vinteuil, soit d′autres. Les habitudes d′enfance allaient renaître, on se réunirait dans trois mois pour la Noël, puis le 1er janvier, dates qui m′étaient déjà tristes en elles-mêmes, de par le souvenir inconscient du chagrin que j′y avais ressenti quand, autrefois, elles me séparaient, tout le temps des vacances du jour de l′an, de Gilberte. Après les longs dîners, après les réveillons, quand tout le monde serait joyeux, animé, Albertine allait avoir, avec ses amies de là-bas, ces mêmes poses que je lui avais vu prendre avec Andrée, alors que l′amitié d′Albertine pour elle était innocente; qui sait? peut-être celles qui avaient rapproché devant moi Mlle Vinteuil poursuivie par son amie, à Montjouvain. A Mlle Vinteuil maintenant, tandis que son amie la chatouillait avant de s′abattre sur elle, je donnais le visage enflammé d′Albertine, d′Albertine que j′entendis lancer en s′enfuyant, puis en s′abandonnant, son rire étrange et profond. Qu′était, à côté de la souffrance que je ressentais, la jalousie que j′avais pu éprouver le jour où Saint–Loup avait rencontré Albertine avec moi à Doncières et où elle lui avait fait des agaceries? celle aussi que j′avais éprouvée en repensant à l′initiateur inconnu auquel j′avais pu devoir les premiers baisers qu′elle m′avait donnés à Paris, le jour où j′attendais la lettre de Mlle de Stermaria? Cette autre jalousie, provoquée par Saint–Loup, par un jeune homme quelconque, n′était rien. J′aurais pu, dans ce cas, craindre tout au plus un rival sur lequel j′eusse essayé de l′emporter. Mais ici le rival n′était pas semblable à moi, ses armes étaient différentes, je ne pouvais pas lutter sur le même terrain, donner à Albertine les mêmes plaisirs, ni même les concevoir exactement. Dans bien des moments de notre vie nous troquerions tout l′avenir contre un pouvoir en soi-même insignifiant. J′aurais jadis renoncé à tous les avantages de la vie pour connaître Mme Blatin, parce qu′elle était une amie de Mme Swann. Aujourd′hui, pour qu′Albertine n′allât pas à Trieste, j′aurais supporté toutes les souffrances, et si c′eût été insuffisant, je lui en aurais infligé, je l′aurais isolée, enfermée, je lui eusse pris le peu d′argent qu′elle avait pour que le dénuement l′empêchât matériellement de faire le voyage. Comme jadis quand je voulais aller à Balbec, ce qui me poussait à partir c′était le désir d′une église persane, d′une tempête à l′aube, ce qui maintenant me déchirait le coeur en pensant qu′Albertine irait peut-être à Trieste, c′était qu′elle y passerait la nuit de Noël avec l′amie de Mlle Vinteuil: car l′imagination, quand elle change de nature et se tourne en sensibilité, ne dispose pas pour cela d′un nombre plus grand d′images simultanées. On m′aurait dit qu′elle ne se trouvait pas en ce moment à Cherbourg ou à Trieste, qu′elle ne pourrait pas voir Albertine, comme j′aurais pleuré de douceur et de joie! Comme ma vie et son avenir eussent changé! Et pourtant je savais bien que cette localisation de ma jalousie était arbitraire, que si Albertine avait ces goûts elle pouvait les assouvir avec d′autres. D′ailleurs, peut-être même ces mêmes jeunes filles, si elles avaient pu la voir ailleurs, n′auraient pas tant torturé mon coeur. C′était de Trieste, de ce monde inconnu où je sentais que se plaisait Albertine, où étaient ses souvenirs, ses amitiés, ses amours d′enfance, que s′exhalait cette atmosphère hostile, inexplicable, comme celle qui montait jadis jusqu′à ma chambre de Combray, de la salle à manger où j′entendais causer et rire avec les étrangers, dans le bruit des fourchettes, maman qui ne viendrait pas me dire bonsoir; comme celle qui avait rempli, pour Swann, les maisons où Odette allait chercher en soirée d′inconcevables joies. Ce n′était plus comme vers un pays délicieux où la race est pensive, les couchants dorés, les carillons tristes, que je pensais maintenant à Trieste, mais comme à une cité maudite que j′aurais voulu faire brûler sur-le-champ et supprimer du monde réel. Cette ville était enfoncée dans mon coeur comme une pointe permanente. Laisser partir bientôt Albertine pour Cherbourg et Trieste me faisait horreur; et même rester à Balbec. Car maintenant que la révélation de l′intimité de mon amie avec Mlle Vinteuil me devenait une quasi-certitude, il me semblait que, dans tous les moments où Albertine n′était pas avec moi (et il y avait des jours entiers où, à cause de sa tante, je ne pouvais pas la voir), elle était livrée aux cousines de Bloch, peut-être à d′autres. L′idée que ce soir même elle pourrait voir les cousines de Bloch me rendait fou. Aussi, après qu′elle m′eût dit que pendant quelques jours elle ne me quitterait pas, je lui répondis: «Mais c′est que je voudrais partir pour Paris. Ne partiriez-vous pas avec moi? Et ne voudriez-vous pas venir habiter un peu avec nous à Paris?» A tout prix il fallait l′empêcher d′être seule, au moins quelques jours, la garder près de moi pour être sûr qu′elle ne pût voir l′amie de Mlle Vinteuil. Ce serait, en réalité, habiter seule avec moi, car ma mère, profitant d′un voyage d′inspection qu′allait faire mon père, s′était prescrit comme un devoir d′obéir à une volonté de ma grand′mère qui désirait qu′elle allât quelques jours à Combray auprès d′une de ses soeurs. Maman n′aimait pas sa tante parce qu′elle n′avait pas été pour grand′mère, si tendre pour elle, la soeur qu′elle aurait dû. Ainsi, devenus grands, les enfants se rappellent avec rancune ceux qui ont été mauvais pour eux. Mais maman, devenue ma grand′mère, elle était incapable de rancune; la vie de sa mère était pour elle comme une pure et innocente enfance où elle allait puiser ces souvenirs dont la douceur ou l′amertume réglait ses actions avec les uns et les autres. Ma tante aurait pu fournir à maman certains détails inestimables, mais maintenant elle les aurait difficilement, sa tante était tombée très malade (on disait d′un cancer), et elle se reprochait de ne pas être allée plus tôt pour tenir compagnie à mon père, n′y trouvait qu′une raison de plus de faire ce que sa mère aurait fait et, comme elle, allait, à l′anniversaire du père de ma grand′mère, lequel avait été si mauvais père, porter sur sa tombe des fleurs que ma grand′mère avait l′habitude d′y porter. Ainsi, auprès de la tombe qui allait s′entr′ouvrir, ma mère voulait-elle apporter les doux entretiens que ma tante n′était pas venue offrir à ma grand′mère. Pendant qu′elle serait à Combray, ma mère s′occuperait de certains travaux que ma grand′mère avait toujours désirés, mais si seulement ils étaient exécutés sous la surveillance de sa fille. Aussi n′avaient-ils pas encore été commencés, maman ne voulant pas, en quittant Paris avant mon père, lui faire trop sentir le poids d′un deuil auquel il s′associait, mais qui ne pouvait pas l′affliger autant qu′elle. «Ah! ça ne serait pas possible en ce moment, me répondit Albertine. D′ailleurs, quel besoin avez-vous de rentrer si vite à Paris, puisque cette dame est partie? — Parce que je serai plus calme dans un endroit où je l′ai connue, plutôt qu′à Balbec qu′elle n′a jamais vu et que j′ai pris en horreur.» Albertine a-t-elle compris plus tard que cette autre femme n′existait pas, et que si, cette nuit-là, j′avais parfaitement voulu mourir, c′est parce qu′elle m′avait étourdiment révélé qu′elle était liée avec l′amie de Mlle Vinteuil? C′est possible. Il y a des moments où cela me paraît probable. En tout cas, ce matin-là, elle crut à l′existence de cette femme. «Mais vous devriez épouser cette dame, me dit-elle, mon petit, vous seriez heureux, et elle sûrement aussi serait heureuse.» Je lui répondis que l′idée que je pourrais rendre cette femme heureuse avait, en effet, failli me décider; dernièrement, quand j′avais fait un gros héritage qui me permettrait de donner beaucoup de luxe, de plaisirs à ma femme, j′avais été sur le point d′accepter le sacrifice de celle que j′aimais. Grisé par la reconnaissance que m′inspirait la gentillesse d′Albertine si près de la souffrance atroce qu′elle m′avait causée, de même qu′on promettrait volontiers une fortune au garçon de café qui vous verse un sixième verre d′eau-de-vie, je lui dis que ma femme aurait une auto, un yacht; qu′à ce point de vue, puisque Albertine aimait tant faire de l′auto et du yachting, il était malheureux qu′elle ne fût pas celle que j′aimasse; que j′eusse été le mari parfait pour elle, mais qu′on verrait, qu′on pourrait peut-être se voir agréablement. Malgré tout, comme dans l′ivresse même on se retient d′interpeller les passants, par peur des coups, je ne commis pas l′imprudence (si c′en était une), comme j′aurais fait au temps de Gilberte, en lui disant que c′était elle, Albertine, que j′aimais. «Vous voyez, j′ai failli l′épouser. Mais je n′ai pas osé le faire pourtant, je n′aurais pas voulu faire vivre une jeune femme auprès de quelqu′un de si souffrant et de si ennuyeux. — Mais vous êtes fou, tout le monde voudrait vivre auprès de vous, regardez comme tout le monde vous recherche. On ne parle que de vous chez Mme Verdurin, et dans le plus grand monde aussi, on me l′a dit. Elle n′a donc pas été gentille avec vous, cette dame, pour vous donner cette impression de doute sur vous-même? Je vois ce que c′est, c′est une méchante, je la déteste, ah! si j′avais été à sa place . . . — Mais non, elle est très gentille, trop gentille. Quant aux Verdurin et au reste, je m′en moque bien. En dehors de celle que j′aime et à laquelle, du reste, j′ai renoncé, je ne tiens qu′à ma petite Albertine, il n′y a qu′elle, en me voyant beaucoup — du moins les premiers jours, ajoutais-je pour ne pas l′effrayer et pouvoir demander beaucoup ces jours-là— qui pourra un peu me consoler.» Je ne fis que vaguement allusion à une possibilité de mariage, tout en disant que c′était irréalisable parce que nos caractères ne concorderaient pas. Malgré moi, toujours poursuivi dans ma jalousie par le souvenir des relations de Saint–Loup avec «Rachel quand du Seigneur» et de Swann avec Odette, j′étais trop porté à croire que, du moment que j′aimais, je ne pouvais pas être aimé et que l′intérêt seul pouvait attacher à moi une femme. Sans doute c′était une folie de juger Albertine d′après Odette et Rachel. Mais ce n′était pas elle, c′était moi; c′étaient les sentiments que je pouvais inspirer que ma jalousie me faisait trop sous-estimer. Et de ce jugement, peut-être erroné, naquirent sans doute bien des malheurs qui allaient fondre sur nous. «Alors, vous refusez mon invitation pour Paris? — Ma tante ne voudrait pas que je parte en ce moment. D′ailleurs, même si plus tard je peux, est-ce que cela n′aurait pas l′air drôle que je descende ainsi chez vous? A Paris on saura bien que je ne suis pas votre cousine. — Hé bien! nous dirons que nous sommes un peu fiancés. Qu′est-ce que cela fait, puisque vous savez que cela n′est pas vrai?» Le cou d′Albertine, qui sortait tout entier de sa chemise, était puissant, doré, à gros grains. Je l′embrassai aussi purement que si j′avais embrassé ma mère pour calmer un chagrin d′enfant que je croyais alors ne pouvoir jamais arracher de mon coeur. Albertine me quitta pour aller s′habiller. D′ailleurs son dévouement fléchissait déjà; tout à l′heure, elle m′avait dit qu′elle ne me quitterait pas d′une seconde. (Et je sentais bien que sa résolution ne durerait pas puisque je craignais, si nous restions à Balbec, qu′elle vît ce soir même, sans moi, les cousines de Bloch.) Or elle venait maintenant de me dire qu′elle voulait passer à Maineville et qu′elle reviendrait me voir dans l′après-midi. Elle n′était pas rentrée la veille au soir, il pouvait y avoir des lettres pour elle; de plus, sa tante pouvait être inquiète. J′avais répondu: «Si ce n′est que pour cela, on peut envoyer le lift dire à votre tante que vous êtes ici et chercher vos lettres.» Et désireuse de se montrer gentille mais contrariée d′être asservie, elle avait plissé le front puis, tout de suite, très gentiment, dit: «C′est cela», et elle avait envoyé le lift. Albertine ne m′avait pas quitté depuis un moment que le lift vint frapper légèrement. Je ne m′attendais pas à ce que, pendant que je causais avec Albertine, il eût eu le temps d′aller à Maineville et d′en revenir. Il venait me dire qu′Albertine avait écrit un mot à sa tante et qu′elle pouvait, si je voulais, venir à Paris le jour même. Elle avait, du reste, eu tort de lui donner la commission de vive voix, car déjà, malgré l′heure matinale, le directeur était au courant et, affolé, venait me demander si j′étais mécontent de quelque chose, si vraiment je partais, si je ne pourrais pas attendre au moins quelques jours, le vent étant aujourd′hui assez craintif (à craindre). Je ne voulais pas lui expliquer que je voulais à tout prix qu′Albertine ne fût plus à Balbec à l′heure où les cousines de Bloch faisaient leur promenade, surtout Andrée, qui seule eût pu la protéger, n′étant pas là, et que Balbec était comme ces endroits où un malade qui n′y respire plus est décidé, dût-il mourir en route, à ne pas passer la nuit suivante. Du reste, j′allais avoir à lutter contre des prières du même genre, dans l′hôtel d′abord, où Marie Gineste et Céleste Albaret avaient les yeux rouges. Marie, du reste, faisait entendre le sanglot pressé d′un torrent. Céleste, plus molle, lui recommandait le calme; mais Marie ayant murmuré les seuls vers qu′elle connût: Ici-bas tous les lilas meurent, Céleste ne put se retenir et une nappe de larmes s′épandit sur sa figure couleur de lilas; je pense, du reste, qu′elles m′oublièrent dès le soir même. Ensuite, dans le petit chemin de fer d′intérêt local, malgré toutes mes précautions pour ne pas être vu, je rencontrai M. de Cambremer qui, à la vue de mes malles, blêmit, car il comptait sur moi pour le surlendemain; il m′exaspéra en voulant me persuader que mes étouffements tenaient au changement de temps et qu′octobre serait excellent pour eux, et il me demanda si, en tout cas, «je ne pourrais pas remettre mon départ à huitaine», expression dont la bêtise ne me mit peut-être en fureur que parce que ce qu′il me proposait me faisait mal. Et tandis qu′il me parlait dans le wagon, à chaque station je craignais de voir apparaître, plus terribles qu′Heribald ou Guiscard, M. de Crécy implorant d′être invité, ou, plus redoutable encore, Mme Verdurin tenant à m′inviter. Mais cela ne devait arriver que dans quelques heures. Je n′en étais pas encore là. Je n′avais à faire face qu′aux plaintes désespérées du directeur. Je l′éconduisis, car je craignais que, tout en chuchotant, il ne finît par éveiller maman. Je restai seul dans la chambre, cette même chambre trop haute de plafond où j′avais été si malheureux à la première arrivée, où j′avais pensé avec tant de tendresse à Mlle de Stermaria, guetté le passage d′Albertine et de ses amies comme d′oiseaux migrateurs arrêtés sur la plage, où je l′avais possédée avec tant d′indifférence quand je l′avais fait chercher par le lift, où j′avais connu la bonté de ma grand′mère, puis appris qu′elle était morte; ces volets, au pied desquels tombait la lumière du matin, je les avais ouverts la première fois pour apercevoir les premiers contreforts de la mer (ces volets qu′Albertine me faisait fermer pour qu′on ne nous vît pas nous embrasser). Je prenais conscience de mes propres transformations en les confrontant à l′identité des choses. On s′habitue pourtant à elles comme aux personnes et quand, tout d′un coup, on se rappelle la signification différente qu′elles comportèrent, puis, quand elles eurent perdu toute signification, les événements bien différents de ceux d′aujourd′hui qu′elles encadrèrent, la diversité des actes joués sous le même plafond, entre les mêmes bibliothèques vitrées, le changement dans le coeur et dans la vie que cette diversité implique, semblent encore accrus par la permanence immuable du décor, renforcés par l′unité du lie Solo esperaba una oportunidad para la ruptura definitiva. Y una noche que mamá partía al día siguiente para Combray, donde debía asistir en su enfermedad postrera a una hermana de su madre y me dejaba solo para que aprovechase el aire marino como lo hubiera querido mi abuela, le anuncié que estaba irrevocablemente decidido a no casarme con Albertina y dejaría próximamente de verla. Me alegraba haber dado satisfacción con esas pocas palabras, a mi madre en vísperas de su partida. No me ocultó que le había resultado muy viva. También tenía que explicarme con Albertina. Al volver con ella de la Raspeliére, los fieles se habían ido bajando, quiénes en SaintMars-le-Vétu quiénes en Saint-Pierre-des-Ifs, otros en Doncières y yo me sentía particularmente feliz y desprendido de ella yhabía decidido, ahora que estábamos solos en el vagón, abordar por fin esta entrevista. Por otra parte la verdad es que entre todas las muchachas de Balbec la que yo amaba, aunque ausente en este momento con sus amigas, pero que volvería (me gustaba estar con todas, porque cada una de ellas conservaba para mí como el primer día, algo de lo esencial de las demás, como si perteneciera a una raza aparte) era Andrea. Ya que iba a volver de nuevo dentro de unos días a Balbec en verdad que enseguida vendría a verme y entonces para estar libre de no casarme con ella si no lo quería; para poder ir a Venecia, pero hasta entonces tenerla completamente para mi solo, el medio que adoptaría sería fingir que no me acercaba demasiado a ella y en cuanto llegara, cuando charláramos juntos le diría: "-Lástima no haberla visto unas semanas antes. Yo la hubiera querido; ahora mi corazón no está libre. Pero no es nada, nos veremos a menudo porque me entristece mi otro amor y usted me ayudará a consolarme". Sonreía interiormente al pensar en esta conversación porque así le daría a Andrea la sensación de que en verdad no la quería y aprovecharía alegre y dulcemente su ternura. Pero todo eso no hacía sino más necesario hablarle seriamente a Albertina, para no obrar con desconsideración, y ya que me había decidido a consagrarme a su amiga Albertina, ella debía saber que no la quería. Había que decírselo enseguida; Andrea podía llegar de un momento a otro. Pero al acercarnos a Parville, me di cuenta de que esa noche no tendríamos tiempo y que mejor sería postergar hasta el día siguiente lo que ahora estaba irrevocablemente resuelto. Me limité, pues, a hablarle de nuestra comida en casa de los Verdurin. En momentos en que se colocaba el tapado y el tren acababa de abandonar Incarville, última estación antes de Parville, ella me dijo: "-Entonces, mañana Verdurin de nuevo: no se olvide que debe venir a buscarme". No pude dejar de contestarle bastante secamente: "-Sí, a menos que no "largue", porque esta vida empieza a parecerme verdaderamente estúpida. En todo caso si llegamos a ir, para que mi tiempo en la Raspeliére no se haya perdido del todo, tendré que pedirle a la señora de Verdurin algo que podrá interesarme mucho, sea objeto de estudio y me cause placer, porque verdaderamente este año en Balbec he gozado muy poco”. “-No es amable para mí pero no le guardo rencor porque advierto que está nervioso, ¿Qué es ese placer?” “-QQue la señora de Verdurin me haga tocar las cosas de un compositor cuyas obras conoce muy bien. Yo también conozco una, pero según parece existen otras ynecesitaría saber si están editadas ysi son distintas a las primeras”.¿Qué compositor? “-Mi querida pequeña, una vez que te haya dicho se llama Vinteuil, ¿estarás mucho más adelantada?” Podemos haber rodado todas las ideas posibles, la verdad no ha penetrado nunca ydesde afuera ycuando menos lo esperamos nos produce su horrible pinchazo y nos hiere para siempre. “Usted no sabe cómo me divierte -me contestó Albertina levantándose puesto que el tren se iba a parar-. No sólo eso me resulta más elocuente de lo que cree, sino que hasta sin la señora de Verdurin podría tener todos los informes que quiera. Usted recuerda que le hablé de una amiga, mayor que yo, que fue como una madre yuna hermana ycon la que pasé en Trieste mis mejores años y que por otra parte debo volver a ver dentro de algunas semanas en Cherburgo, desde donde viajaremos juntas (es un poco absurdo, pero usted sabe cómo me gusta el mar); y bien esta amiga (¡oh, no es en absoluto ese tipo de mujer que usted pudiera suponer!), mire qué extraordinario, es justamente la mejor amiga de la hija de ese Vinteuil y yo la conozco casi tanto como ella a la hija de Vinteuil. Siempre las llamo mis hermanas mayores. No me disgusta probarle que su Albertina podrá serle útil para esas cosas musicales acerca de las que dice y con razón que nada entiendo”. Con esas palabras, pronunciadas al entrar en la estación de Parville, tan lejos de Combray y de Montjouvain, tanto tiempo después de la muerte de Vinteuil, se estremecía una imagen en mi corazón; una imagen reservada durante tantos años, que aunque al almacenarla hubiese podido adivinar su poder nocivo, podía creer que a la larga debía haberla perdido; conservada viva en el fondo de mí mismo -como Orestes, cuya muerte habían impedido los dioses para que en el día señalado volviese a su país para castigar el homicidio de Agamenónpara mi suplicio, para mi castigo, ¿quién lo sabe?, por haber dejado morir quizás a mi abuela; surgiendo de golpe del fondo de la noche en que parecía sepultada para siempre e hiriendo como un Vengador, para inaugurarme una vida terrible, nueva y merecida, quizás para que estallaran ante mis ojos las consecuencias funestas que engendran indefinidamente los actos malos y no sólo para quienes los han cometido, sino también para los que no han hecho, ni creído más que contemplar un espectáculo curioso y divertido, como yo ¡ay de mí! en este lejano atardecer en Montjouvain, oculto por la maleza y donde (como cuando escuchara con complacencia el relato de los amores de Swann) había dejado que se me ensanchara peligrosamente la vía funesta y destinada a ser dolorosa del Saber. Y en ese mismo tiempo, tuve una sensación casi orgullosa, casi feliz de mi mayor dolor, como un hombre a quien el choque recibido le provoca tal brinco que llega un punto al que ningún esfuerzo conseguiría subirlo. Albertina, amiga de la señorita de Vinteuil yde su amiga, practicante yprofesional del safismo, era, pues, en comparación con lo que yo había supuesto, dentro de las mayores dudas, lo que el pequeño acústico de la Exposición de 1889, del que apenas se pensaba que pudiera ir de una casa a la otra, a los teléfonos que planean sobre las calles, las ciudades, los campos y los mares, uniendo entre sí a los países. Era una “terra incognita” terrible donde acababa de aterrizar, una nueva fase de insospechados sufrimientos que se abría. Y sin embargo ese diluvio de la realidad que nos sumerge, si es enorme por comparación con nuestras ínfimas y tímidas suposiciones, se veía presentido por ellas. Es sin duda algo como lo que acababa de saber, era algo como la amistad de Albertina y la señorita de Vinteuil, pero que recelaba oscuramente cuando me inquietaba ver a Albertina cerca de Andrea. A menudo y sólo por falta de espíritu creador no se llega lo bastante lejos en el sufrimiento. Y la más terrible realidad provoca al mismo tiempo que el dolor la alegría de un hermoso descubrimiento porque no hace sino dar una forma nueva y clara a lo que rumiábamos mucho tiempo sin advertirlo. -El tren se había detenido en Parville y como éramos sus únicos pasajeros era con una voz ablandada por la sensación de la inutilidad de la tarea, por la misma costumbre que sin embargo se la hacía cumplir yle inspiraba a la vez la exactitud yla indolencia ymás aún por las ganas de dormir, que gritó el empleado: “- Parville”. Albertina frente a mí y viendo que había llegado a destino, dic algunos pasos desde el fondo del vagón en que estábamos y abrió la portezuela. Pero ese movimiento que realizaba también para bajar me desgarraba intolerablemente el corazón como si contrariamente a la posición independiente de mi cuerpo que a dos pasos parecía ocupar el de Albertina, esa separación espacial que un dibujante verista se Hubiese visto obligado a marcar entre ambos, era sólo una apariencia y como si quien quisiera volver a dibujar las cosas de acuerdo a la verdadera realidad, tuviese que colocar ahora a Albertina, no ya a alguna distancia de mí, sino dentro de mí. Me causaba tanto daño al alejarse que, atrapándola, la tiré desesperadamente por el brazo. “-¿Sería materialmente imposible -le pregunté- que usted durmiese esta noche en Balbec?” “-Materialmente, no. Pero me caigo de sueño”. “-Usted me haría un inmenso servicio...” “-Entonces sea, aunque no entiendo; ¿por qué no me lo dijo antes? En fin, me quedo”. Dormía mi madre cuando después de haberle hecho dar a Albertina un cuarto situado en otro piso, volví al mío. Me senté junto a la ventana conteniendo mis sollozos para que mi madre, de la que me separaba sólo un delgado tabique, no me oyese. Ni siquiera se me había ocurrido cerrar las persianas, porque en un momento al cerrar los ojos vi en el cielo frente a mí ese mismo pequeño resplandor rojo apagado que se veía en el restaurante de Rivebelle en un estudio de sol poniente que había hecho Elstir. Recordé qué exaltación me había producido ver desde el tren el primer día de mi llegada a Balbec, esa misma imagen de una noche que no precedía a la noche sino a un nuevo día. Pero ya no habría en adelante ningún día nuevo para mí y me despertaría el deseo de una desconocida felicidad y sólo prolongaría mis sufrimientos hasta que ya no tuviese fuerzas para soportarlo. La verdad de lo que me había dicho Cottard en el casino de Parville, ya no me ofrecía dudas. Lo que temiera y sospechara vagamente mucho tiempo de Albertina, lo que deducía mi Instinto de todo su ser y lo que me había hecho negar poco a poco mis razonamientos conducidos por mi deseo, era verdad. Detrás de Albertina, ya no veía las montañas azules del mar, sino el cuarto de Montjouvain en donde caía en brazos de la señorita de Vinteuil con esa risa en que se oía algo así como el ignorado sonido de su goce. Porque, linda como lo era Albertina, ¿cómo podía ser que la señorita Vinteuil, con sus aficiones, no hubiese pedido satisfacerlas? Y la prueba de que a Albertina no le había chocado yconsintió, es que no se disgustó ysu intimidad no dejaba de crecer. Y ese movimiento gracioso de Albertina al posar su barbilla sobre el hombro de Rosamunda, mirándola entre sonrisas y dándole un beso en el cuello, ese movimiento que me recordó la señorita de Vinteuil y para cuya interpretación vacilara en admitir que una misma línea trazada por un gesto produjera obligatoriamente una misma inclinación, ¿quién sabe si Albertina no lo había aprendido sencillamente de la señorita de Vinteuil? Poco a poco el cielo apagado se iba encendiendo. Yo, que hasta entonces no me había despertado nunca sin sonreírle a las cosas más humildes, al tazón de café con leche, al ruido de la lluvia, al tronar del viento, sentí que ese día que iba a despertarse dentro de un instante y todos los días que lo seguirían, ya no me volverían a traer la esperanza de una felicidad desconocida, sino la prolongación de mi martirio. Me interesaba todavía la vida; sabía que sólo me cabía esperar lo más cruel. Corrí al ascensor, a pesar de la hora indebida, para llamar al ascensorista que ejercía las funciones de sereno nocturno, y le pedí que fuera a la habitación de Albertina, que le dijera que tenía que comunicarle algo importante y si podía recibirme. “-La señorita prefiere venir -vino a contestarme-. Estará aquí dentro de un instante”. Y pronto, en efecto, Albertina entró, de bata. “-Albertina -le dije muy quedo y recomendándole no levantara la voz para no despertar a mi madre, de quien sólo nos separaba este tabique, cuya delgadez hoy resulta molesta, y que se parecía antes, cuando se concretaron tan bien las intenciones de mi abuela, a una suerte de diafanidad musical, obligando a susurrar-, me avergüenza molestarla. He aquí. Para que usted me comprenda debo decirle algo qué ignora. Al venir aquí dejé a una mujer con la que tenía que casarme y que estaba dispuesta a dejarlo todo por mí. Debía salir de viaje esta mañana y desde hace una semana todos los días me preguntaba yo si tendría el valor de no telegrafiarle que volvería. Tuve ese valor, pero me sentí tan desgraciado que creí matarme. Por eso es que le pregunté ayer a la noche si no podría pasar la noche en Balbec. De haber debido morir me hubiera gustado despedirme de usted”. Y di liare curso a las lágrimas que mi ficción hacía naturales. “-¡Pobrecito mío!, de haberlo sabido hubiera pasado la noche con usted”, exclamó Albertina, en cuyo espíritu se desvanecía la idea de que me casaría quizás con esa mujer y por lo tanto la ocasión de contraer un “buen matrimonio” ni siquiera se le ocurrió; a tal punto estaba sinceramente conmovida con un pesar cuya causa podía ocultarle pero no su realidad ni su fuerza. “Por otra parte -me dijo ella-, ayer, durante todo el trayecto desde la Raspeliére, ya me había dado cuenta de que estaba usted nervioso ytriste ytemía algo”. En realidad mi pena sólo había empezado en Parville y la nerviosidad muy distinta, aunque por suerte Albertina lo confundía, provenía del fastidio de tener que vivir unos días más con ella. Agregó: “-Ya no lo dejo; voy a quedarme hasta el final”. Me ofrecía precisamente -y sólo ella podía ofrecérmelo- el único remedio contra el veneno que me quemaba, homogéneo con él, por otra parte; uno dulce y el otro cruel; ambos derivaban igualmente de Albertina. En ese momento Albertina mmi enfermedadaflojaba la causa de mis sufrimientos y me entregaba a ella AAlbertina-remedioenternecido como un convaleciente. Pero pensaba que pronto se iría de Balbec para Cherbourg y de ahí para Trieste. Renacerían sus antiguas costumbres. Lo que yo quería ante todo, era impedir que Albertina tomara el barco y tratar de llevarla a París. En verdad que desde París, más fácil aún que desde Balbec, podría ir a Trieste en cuanto quisiera, pero en París ya veríamos; quizás pudiera pedirle a la señora de Guermantes que influyese indirectamente sobre la amiga de la señorita Vinteuil para que no se quedase en Trieste y aceptara una situación en otra parte, quizás en casa del príncipe de... que había encontrado en lo de la señora de Villeparisis, y aun en lo de la señora de Guermantes. Y éste, aun si quisiera ir Albertina a su casa para ver a su amiga, avisado por la señora de Guermantes, podría impedir que se juntaran. En verdad pude haberme dicho que si Albertina tenía esas aficiones, encontraría en París muchas personas que pudieran satisfacerla. Pero cada movimiento de celos es particular y lleva el sello de la criatura - por esta vez la amiga de la señorita de Vinteuil- que los provoca. La pasión misteriosa con la que antes había pensado en Austria, porque era el país de donde llegaba Albertina (su tío había sido consejero de Embajada); su singularidad geográfica, la raza que lo poblaba, sus monumentos, sus paisajes, podía considerarlos así como en un atlas o en una colección de vistas, en la sonrisa y los modales de Albertina; yo seguía experimentando aún esa pasión misteriosa, pero con una inversión de signos, en el dominio del horror. Sí; de ahí venía Albertina. Ahí era donde en cada casa, estaba segura ya de encontrar a la amiga de la señorita Vinteuil, ya a otras. Volverían las costumbres de infancia; se reunirían a los tres meses, para Navidad, luego el 19 de enero, fechas que ya me resultaban tristes por sí mismas, por el inconsciente recuerdo de pesar que había experimentado cuando me separaban antaño de Gilberta durante todas las vacaciones de año nuevo. Después las largas comidas, después los réveillons, y cuando todos estarían alegres y animados, Albertina tendría esas mismas actitudes, que le había visto con Andrea, con sus amigas de allá, mientras que a amistad de Albertina por ella era inocente; ¡quién sabe las que había acercado delante de mí a la señorita Vinteuil perseguida por su amiga a Montjouvain! Ahora, mientras su amiga le hacía cosquillas a la señorita Vinteuil antes de caer sobre ella, le prestaba el rostro inflamado de Albertina, de Albertina a la que le oí al huir yabandonarse, esa risa extraña yprofunda. Que era, al lado del sufrimiento que experimentaba, los celos que pude haber sentido el día en que Saint-Loup la había encontrado conmigo a Albertina en Doncières, cuando ella coqueteara con él y también lo qué había experimentado al volver a pensar en el desconocido iniciador al que podía deberle los primeros besos que me había dado en París, el día en que esperaba la carta de la señorita Stermaria. Nada eran esos otros celos provocados por Saint-Loup o por un joven cualquiera. En ese caso, a lo sumo hubiera podido temer a un rival contra quien tratara de triunfar. Pero aquí no se me aparecía el rival; sus armas eran distintas; no podía luchar en el mismo terreno ni darle los mismos placeres a Albertina ni siquiera concebirlos con precisión. En muchos momentos de nuestra vida, cambiaríamos todo el porvenir a cambio de un poder insignificante en sí mismo. Antaño hubiera renunciado a todas las ventajas de la vida para conocer a la señora de Blatin, porque era amiga de la señora de Swann. Hoy, para que Albertina no se fuese a Trieste, hubiera soportado todos los sufrimientos; y si eso no bastara, se los hubiera infligido. La hubiera aislado y encerrado; le hubiese quitado el escaso dinero que tenía, para que sin él, no pudiese realizar el viaje. Como antaño, lo que me impelía cuando quería ira Balbec, era el deseo de una iglesia persa, de una tempestad al amanecer; lo que me desgarraba el corazón ahora era pensar que quizás Albertina se fuera a Trieste, era que pasaría la Nochebuena con la amiga de la señorita Vinteuil; porque cuando la imaginación cambia su naturaleza y se hace sensible, no dispone para ello de una cantidad mayor de imágenes simultáneas. Si me hubieran dicho que en ese momento no se encontraba en Cherburgo o en Trieste, y que no podría verla a Albertina, hubiera llorado de alegría y dulzura. ¡Cómo hubiesen cambiado mi vida y mi porvenir! Y sin embargo, bien sabía que era arbitraria esa localización de mis celos, y que si Albertina tenía esas aficiones, podía satisfacerlas con otros. Por otra parte, ver a esas mismas muchachas en otro lugar, no hubiera torturado a ese punto mi corazón. De Trieste, de ese mundo desconocido en donde yo sabía a gusto a Albertina, donde estaban sus recuerdos, sus amistades, sus amores de infancia, era de donde se desprendía esa atmósfera hostil e inexplicable como la que antes subía hasta mi cuarto de Combray, del comedor donde oía conversar y reír con los extraños, a través del ruido de los tenedores, a mamá, que no vendría a darme las buenas noches; como la que había llenado para Swann las casas donde Odette iba a buscar en fiestas, inconcebibles alegrías. Ya no pensaba ahora en Trieste más como en un país delicioso, cuya raza es pensativa, dorados los crepúsculos y tristes los campanarios, sino como en una ciudad maldita, que hubiera deseado quemar inmediatamente y suprimir del mundo real. Esta ciudad estaba hundida en mi corazón como una punta permanente. Me horrorizaba dejar partir pronto a Albertina para Cherburgo yTrieste, yhasta quedarme en Balbec. Porque ahora que la revelación de la intimidad de mi amiga con la señorita Vinteuil se me hacía una casi certidumbre, me parecía que todos los momentos en que Albertina no estaba conmigo (y había días enteros en que no podía verla debido a su tía), estaba entregada a las primas de Bloch y quizás a otras. La idea de que esa misma noche podría ver a las primas de Bloch, me enloquecía. Por eso, una vez que me dijo que no me dejaría durante algunos días, le contesté: “-Pero es que quisiera partir para París. ¿No partiría usted conmigo? ¿F no quisiera vivir un poco con nosotros en París?”. A toda costa había que impedirle que estuviera sola; por lo menos algunos días, conservarla a mi lado para estar seguro de que no pudiera ver a la amiga de la señorita Vinteuil. En realidad habitaría sola conmigo, porque mi madre, aprovechando un viaje de inspección que haría mi padre, se había impuesto como un deber, obedecer una voluntad de mi abuelo, que deseaba fuera a pasar algunos días en Combray con una de sus hermanas. Mamá no quería mucho a su tía, porque no había sido muy tierna con ella, ni la hermana que debiera para mi abuela. Así, una vez crecidos, los hijos recuerdan con rencor a los que fueron malos con ellos. Pero mamá, convertida en mi abuela, era incapaz de rencor alguno; la vida de su madre era para ella algo así como una infancia pura e inocente a la que iba a buscar esos recuerdos cuya dulzura o amargura regulaba sus acciones con unos y otros. Mi tía podía haber proporcionado a mamá algunos detalles inapreciables, pero ahora los tendría difícilmente; su tía se había enfermado gravemente (decían que de cáncer), y ella se reprochaba a sí misma no haber acudido antes para acompañar a mi padre, y sólo encontraba un motivo más de hacer lo que hubiera hecho su madre, y como iba al aniversario del padre de mi abuela, que había sido tan mal padre, llevó unas flores para su tumba, como las que acostumbraba a llevar mi abuela. Mientras estuviera en Combray, mi madre se ocuparía de algunos trabajos, pero sólo si se ejecutaban bajo la vigilancia de su hija. Por lo que aún no habían empezado. Mamá no quería, al dejar París con mi padre, hacerle sentir el peso excesivo de un duelo al que se asociaba, pero que no podía afligirlo como a ella. “-¡Ah!, no sería posible en ese momento -me contestó Albertina-. Por otra parte, ¿para qué necesita usted volver tan pronto a París, ya que se ha ido esa señora?”. “- Porque estaré más tranquilo en un sitio en que la he conocido, antes que en Balbec, que nunca vio ella, y al que le he tomado fastidio”. No sé si Albertina comprendió más tarde que esa otra mujer no existía y que si esa noche había querido morir perfectamente, es porque me revelara por descuido que estaba vinculada con la amiga de la señorita Vinteuil. Hay momentos en que eso me parece probable. En todo caso, esa mañana creyó en la existencia de esa mujer. “-Pero usted debiera casarse con esa mujer -me dijo-; hijo mío, sería feliz y ella con seguridad también lo sería”. Le contesté que la idea de que podía hacer feliz a esa mujer había estado, efectivamente, a punto de decidirme; últimamente, cuando recibí una herencia importante que me permitiría darle mucho lujo y placeres a mi mujer, casi acepté el sacrificio de la que amaba. Embriagado por la gratitud que me inspiraba la gentileza de Albertina tan cerca del sufrimiento atroz que me había causado, en la misma forma que uno le prometería una fortuna al mozo de café que nos sirve un sexto vaso de aguardiente, le dije que mi mujer tendría un auto yun yate, ydesde ese punto de vista, ya que Albertina gustaba tanto del auto ydel yachting, era una desgracia que no fuese la que yo amaba; yo hubiera sido el marido perfecto para ella, pero ya veríamos, quizás pudiéramos vernos agradablemente. A pesar de todo, como hasta durante la embriaguez, uno se contiene y no llama a los transeúntes por temor de los golpes, no cometí la imprudencia (si era una) como lo hubiese hecho en tiempos de Gilberta, diciéndole que era a ella, Albertina, a quien amaba. “-Ya ve, estuve a punto de casarme con ella. Pero no me atreví a hacerlo, sin embargo; no hubiera querido hacer vivir a una joven junto a alguien tan enfermo y fastidioso”. “-Pero usted está loco; cualquiera querría vivir junto a usted; mire cómo lo buscan todos. No hablan de otro en casa de la señora de Verdurin y en el gran mundo también; me lo han dicho. Esa mujer no ha sido, pues, amable con usted para darle esa impresión de duda acerca de sí mismo. Ya veo lo que es: una malvada; la odio; ¡ah!, si hubiese estado en su lugar”. “-Se equivoca; es amable, muy amable. En cuanto a los Verdurin y al resto, no me importa nada. Fuera de la que amo ya la que, por otra parte, he renunciado, sólo me interesa mí pequeña Albertina; sólo ella, viéndome mucho, por lo menos los primeros días -agregué para no espantarla y poder pedir mucho durante esos díass podrá consolarme un poco”. Hice sólo una vaga alusión a una posibilidad matrimonial, a pesar de decir que era irrealizable porque no concordaban nuestros caracteres. A pesar de mí mismo, siempre perseguido por los celos con el recuerdo de las relaciones de Saint-Loup con Raquel cuando del Señor y de Swann con Odette, llegaba a creer que desde el momento que yo amaba, no podía ser amado y que sólo el interés podía vincularme a una mujer. Sin duda era una locura juzgara Albertina de acuerdo a Odette y a Rachel. Pero no era ella: era yo; eran los sentimientos que podía inspirar los que mis celos subestimaban demasiado. Y de ese juicio, quizás erróneo, nacieron sin duda muchas desgracias que irían a recaer sobre nosotros. “-¿Entonces rechaza mi invitación para París?”. “-Mi tía no querrá que me vaya ahora. Además, aunque pueda más tarde, ¿no parecerá raro que vaya así a su casa? Ya sabrán en París que no soy su prima”. “-Y bueno; diremos que somos algo novios. ¿Qué importa, ya que usted sabe que no es verdad?”. El cuello de Albertina, que emergía integro de su camisa, era poderoso, dorado y de grano grueso. Lo besé con tanta pureza como si hubiera besado a mi madre, para calmar un pesar de niño que entonces creía no poder arrancar nunca de mi corazón. Albertina me dejó para vestirse. Por otra parte, ya se vencía su abnegación; hacía un instante me había dicho que no me dejaría ni por un segundo. (Y yo advertía que su resolución no duraría, ya que temía, si nos quedábamos en Balbec, que esa misma noche fuera a verlas sin mí a las primas de Bloch). Y ahora acababa de decirme que quería llegarse hasta Maineville y que volvería a verme por la tarde. No había vuelto la víspera a la noche; podía haber cartas para ella y además su tía estaría inquieta. Y o le había contestado: “-Si no es más que por eso, podemos mandar al ascensorista que le diga a su tía que está usted aquí y que retire sus cartas”. Y deseosa de mostrarse amable, pero contrariada de estar sometida a una servidumbre, arrugó la frente y dijo luego muy amablemente: “-Eso es”, y mandó al ascensorista. Albertina no me había dejado ni un momento, y ya estaba el ascensorista golpeando ligeramente. Yo no esperaba que mientras conversaba con Albertina, tuviese tiempo de ir a Maineville y volver. Venía para decirme que Albertina le había escrito unas líneas a. su tía y que podría, si yo lo quería, ir a París ese mismo día. Había procedido mal, por otra parte, al hacerle ese encargo de viva voz, porque, a pesar de la hora temprana, el director ya estaba al corriente y venía enloquecido a preguntarme si algo me había disgustado y si me iba de veras; si no podría esperar unos días al menos, ya que el viento era hoy bastante temeroso (había que temerlo). Yo no quería explicarle que a toda costa deseaba que no estuviese Albertina en Balbec a la hora en que las primas de Bloch daban su paseo; sobre todo porque Andrea, que era la única que podría protegerla, no estaba allí, y que Balbec era como uno de esos lugares en que un enfermo que ya no respira está decidido, aunque tenga que morir en el camino, a no pasar una noche más. Por otra parte, tendría que luchar contra ruegos por el estilo; primero, en el hotel donde María Gineste y Celeste Albaret tenían los ojos enrojecidos. (María, por otra parte, dejaba oír el presuroso sollozo de un torrente. Celeste, más blanda, le recomendaba tranquilidad; pero cuando María murmuró los únicos versos que sabía: Aquí abajo se mueren todas las lilas, Celeste ya no pudo contenerse y un mantel de lágrimas se desplegó sobre su cara color lila; pienso, por otra parte, que me olvidaron esa misma noche). Luego, en el trencito local, a pesar de todas las precauciones que había tomado para que no me vieran, me encontré con el señor de Cambremer, que palideció al ver mis baúles, porque contaba conmigo para dos días después; me indignó al quererme convencer de que mis sofocaciones dependían del cambio de clima y que el mes de octubre les resultaría excelente, y me preguntó si de cualquier manera “no podría postergar mi partida por ocho días”, expresión cuya tontería me enfureció quizás porque me dañaba lo que me proponía. Y mientras me hablaba en el vagón, a cada estación temía que aparecieran, más terribles que Heribaldo o Guiscard, el señor de Crécy, implorando que lo invitaran, o más temible aún, la señora de Verdurin insistiendo en invitarme. Pero eso no sucedería sino dentro de algunas horas. Todavía no había llegado a ese punto. Sólo tenía que enfrentar las quejas desesperadas del director. Lo despaché, porque temí que con tanto susurro no acabara por despertar a mamá. Me quedé solo en el cuarto, ese mismo cuarto de cielo raso demasiado alto en donde había sido tan infeliz en mi primera estada, en donde había pensado en la señorita Stermaría con tanta ternura, acechado el paso de Albertina y sus amigas como pájaros migradores detenidos en la playa; donde la había poseído con tanta indiferencia cuando la mandara llamar con el ascensorista; donde había conocido la bondad de mi abuela, y sabido que se había muerto; esas celosías a cuyo pie caía la luz de la mañana, las había abierto por primera vez para ver los primeros contrafuertes del mar (esas celosías que me mandaba cerrar Albertina para que no vieran que nos besábamos). Tomaba conciencia de mis propias transformaciones al confrontarlas con la identidad de las cosas. Sin embargo, uno se acostumbra a ellas, y cuando recuerda de pronto la significación diferente que tuvieron y cuando han perdido todo significado, los acontecimientos tan distintos a los actuales que señalaron, la diversidad de actos realizados bajo el mismo techo, entre las mismas bibliotecas con vidrios, el cambio del corazón y la vida que implica esa diversidad, parecen aumentar todavía por la inmutable permanencia del decorado, reforzado por la unidad de lugar.
Deux ou trois fois, pendant un instant, j′eus l′idée que le monde où était cette chambre et ces bibliothèques, et dans lequel Albertine était si peu de chose, était peut-être un monde intellectuel, qui était la seule réalité, et mon chagrin quelque chose comme celui que donne la lecture d′un roman et dont un fou seul pourrait faire un chagrin durable et permanent et se prolongeant dans sa vie; qu′il suffirait peut-être d′un petit mouvement de ma volonté pour atteindre ce monde réel, y rentrer en dépassant ma douleur comme un cerceau de papier qu′on crève, et ne plus me soucier davantage de ce qu′avait fait Albertine que nous ne nous soucions des actions de l′héroî­¥ imaginaire d′un roman après que nous en avons fini la lecture. Au reste, les maîtresses que j′ai le plus aimées n′ont coî­£idé jamais avec mon amour pour elles. Cet amour était vrai, puisque je subordonnais toutes choses à les voir, à les garder pour moi seul, puisque je sanglotais si, un soir, je les avais attendues. Mais elles avaient plutôt la propriété d′éveiller cet amour, de le porter à son paroxysme, qu′elles n′en étaient l′image. Quand je les voyais, quand je les entendais, je ne trouvais rien en elles qui ressemblât à mon amour et pût l′expliquer. Pourtant ma seule joie était de les voir, ma seule anxiété de les attendre. On aurait dit qu′une vertu n′ayant aucun rapport avec elles leur avait été accessoirement adjointe par la nature, et que cette vertu, ce pouvoir simili-électrique avait pour effet sur moi d′exciter mon amour, c′est-à-dire de diriger toutes mes actions et de causer toutes mes souffrances. Mais de cela la beauté, ou l′intelligence, ou la bonté de ces femmes étaient entièrement distinctes. Comme par un courant électrique qui vous meut, j′ai été secoué par mes amours, je les ai vécus, je les ai sentis: jamais je n′ai pu arriver à les voir ou à les penser. J′incline même à croire que dans ces amours (je mets de côté le plaisir physique, qui les accompagne d′ailleurs habituellement, mais ne suffit pas à les constituer), sous l′apparence de la femme, c′est à ces forces invisibles dont elle est accessoirement accompagnée que nous nous adressons comme à d′obscures divinités. C′est elles dont la bienveillance nous est nécessaire, dont nous recherchons le contact sans y trouver de plaisir positif. Avec ces déesses, la femme, durant le rendez-vous, nous met en rapport et ne fait guère plus. Nous avons, comme des offrandes, promis des bijoux, des voyages, prononcé des formules qui signifient que nous adorons et des formules contraires qui signifient que nous sommes indifférents. Nous avons disposé de tout notre pouvoir pour obtenir un nouveau rendez-vous, mais qui soit accordé sans ennui. Or, est-ce pour la femme elle-même, si elle n′était pas complétée de ces forces occultes, que nous prendrions tant de peine, alors que, quand elle est partie, nous ne saurions dire comment elle était habillée et que nous nous apercevons que nous ne l′avons même pas regardée? Dos o tres veces, durante un instante, se me ocurrió que el mundo en que estaba ese cuarto yesas bibliotecas yen el que Albertina significaba tan poco, fuera quizás un mundo intelectual, que era la única realidad y mi pesar algo como lo que causa la lectura de una novela y para el que sólo un loco podía convertir en pesar duradero ypermanente que se prolongara en su vida, yque bastaría quizás un pequeño movimiento de mi voluntad para alcanzar ese mundo real y entrar sobrepasando mi dolor, como esos aros de papel que se atraviesan, y no preocuparme ya más de lo que había hecho Albertina, como no nos preocupamos de las acciones de la protagonista supuesta de una novela, una vez que dejamos de leerla. Por otra parte, las queridas que más amé, nunca coincidieron con mi amor por ellas. Ese amor era verdadero, ya que todo lo subordinaba a verlas y conservarlas sólo para mí, puesto que sollozaba si las oía alguna noche. Pero tenían más la aptitud de despertar ese amor, de llevarlo a su paroxismo, de lo que constituían su imagen. Cuando las veía y las oía, nada encontraba en ellas que se pareciese a mi amor y pudiese explicarlo. Sin embargo, mi única alegría era verlas y mi única ansiedad esperarlas. Parecería que les había sido agregada accesoriamente por la naturaleza una virtud que no tenía ninguna relación con ellas, y que esa virtud, ese poder aparentemente eléctrico, tenía para mí el efecto de excitar el amor, es decir, dirigir todas mis acciones y causarme todas las penas. Pero de eso, la belleza, o la inteligencia, o la bondad de esas mujeres, eran completamente distintos. Como una corriente eléctrica que lo mueve a uno, me sacudieron mis amores, los viví, los sentí: nunca llegué a verlos o pensarlos. Hasta llego a creer que en esos amores (dejo a un lado el placer físico que los acompaña habitualmente, pero no basta para constituirlos), bajo la apariencia de la mujer, nos dirigimos, como si fueran divinidades oscuras, a esas fuerzas invisibles que la acompañan accesoriamente. Son ellas cuya benevolencia necesitamos y cuyo contacto buscamos sin hallar un placer positivo. La mujer, durante la cita, nos pone en contacto con esas diosas y nada más. Como ofrendas hemos prometido joyas yviajes; pronunciamos fórmulas que significan que las adoramos y fórmulas contrarias que significan que somos indiferentes. Hemos dispuesto todo nuestro poder para conseguir otra cita, pero que sea concedida sin fastidio. ¿Y podría ser sólo por la mujer, si no estuviera completada por esas fuerzas ocultas, por la que nos daríamos tanto trabajo, la que una vez que se ha ido, apenas podríamos decir cómo iba vestida y advertimos que ni siquiera la hemos mirado?
Comme la vue est un sens trompeur, un corps humain, même aimé, comme était celui d′Albertine, nous semble, à quelques mètres, à quelques centimètres, distant de nous. Et l′âme qui est à lui de même. Seulement, que quelque chose change violemment la place de cette âme par rapport à nous, nous montre qu′elle aime d′autres êtres et pas nous, alors, aux battements de notre coeur disloqué, nous sentons que c′est, non pas à quelques pas de nous, mais en nous, qu′était la créature chérie. En nous, dans des régions plus ou moins superficielles. Mais les mots: «Cette amie, c′est Mlle Vinteuil» avaient été le Sésame, que j′eusse été incapable de trouver moi-même, qui avait fait entrer Albertine dans la profondeur de mon coeur déchiré. Et la porte qui s′était refermée sur elle, j′aurais pu chercher pendant cent ans sans savoir comment on pourrait la rouvrir. Como el de la vista es un sentido engañador, un cuerpo humano aún querido como el de Albertina, nos parece a algunos metros, a pocos centímetros, distante de nosotros. Y lo mismo con su alma. Sólo que algo cambia violentamente la ubicación de esa alma con respecto a nosotros, nos prueba que quiere a otros seres y no a nosotros; entonces, por los latidos de nuestro corazón dislocado advertimos que la criatura querida no estaba a algunos pasos de nosotros sino dentro de nosotros mismos. En nosotros, en regiones más o menos superficiales. Pero las palabras: “-La señorita Vinteuil, es esa amiga”, habían sido el sésamo que no hubiese encontrado por mí mismo, que había hecho penetrar a Albertina en la profundidad de mi corazón desgarrado. Y podía haber buscado durante cien años sin saber cómo podría volver a abrirse esa puerta que se había cerrado sobre ella.
Ces mots, j′avais cessé de les entendre un instant pendant qu′Albertine était auprès de moi tout à l′heure. En l′embrassant comme j′embrassais ma mère, à Combray, pour calmer mon angoisse, je croyais presque à l′innocence d′Albertine ou, du moins, je ne pensais pas avec continuité à la découverte que j′avais faite de son vice. Mais maintenant que j′étais seul, les mots retentissaient à nouveau, comme ces bruits intérieurs de l′oreille qu′on entend dès que quelqu′un cesse de vous parler. Son vice maintenant ne faisait pas de doute pour moi. La lumière du soleil qui allait se lever, en modifiant les choses autour de moi, me fit prendre à nouveau, comme en me déplaçant un instant par rapport à elle, conscience plus cruelle encore de ma souffrance. Je n′avais jamais vu commencer une matinée si belle ni si douloureuse. En pensant à tous les paysages indifférents qui allaient s′illuminer et qui, la veille encore, ne m′eussent rempli que du désir de les visiter, je ne pus retenir un sanglot quand, dans un geste d′offertoire mécaniquement accompli et qui me parut symboliser le sanglant sacrifice que j′allais avoir à faire de toute joie, chaque matin, jusqu′à la fin de ma vie, renouvellement, solennellement célébré à chaque aurore, de mon chagrin quotidien et du sang de ma plaie, l′oeuf d′or du soleil, comme propulsé par la rupture d′équilibre qu′amènerait au moment de la coagulation un changement de densité, barbelé de flammes comme dans les tableaux, creva d′un bond le rideau derrière lequel on le sentait depuis un moment frémissant et prêt à entrer en scène et à s′élancer, et dont il effaça sous des flots de lumière la pourpre mystérieuse et figée. Je m′entendis moi-même pleurer. Mais à ce moment, contre toute attente, la porte s′ouvrit et, le coeur battant, il me sembla voir ma grand′mère devant moi, comme en une de ces apparitions que j′avais déjà eues, mais seulement en dormant. Tout cela n′était-il donc qu′un rêve? Hélas, j′étais bien éveillé. «Tu trouves que je ressemble à ta pauvre grand′mère», me dit maman — car c′était elle — avec douceur, comme pour calmer mon effroi, avouant, du reste, cette ressemblance, avec un beau sourire de fierté modeste qui n′avait jamais connu la coquetterie. Ses cheveux en désordre, où les mèches grises n′étaient point cachées et serpentaient autour de ses yeux inquiets, de ses joues vieillies, la robe de chambre même de ma grand′mère qu′elle portait, tout m′avait, pendant une seconde, empêché de la reconnaître et fait hésiter si je dormais ou si ma grand′mère était ressuscitée. Depuis longtemps déjà ma mère ressemblait à ma grand′mère bien plus qu′à la jeune et rieuse maman qu′avait connue mon enfance. Mais je n′y avais plus songé. Ainsi, quand on est resté longtemps à lire, distrait, on ne s′est pas aperçu que passait l′heure, et tout d′un coup on voit autour de soi le soleil, qu′il y avait la veille à la même heure, éveiller autour de lui les mêmes harmonies, les mêmes correspondances qui préparent le couchant. Ce fut en souriant que ma mère me signala à moi-même mon erreur, car il lui était doux d′avoir avec sa mère une telle ressemblance. «Je suis venue, me dit ma mère, parce qu′en dormant il me semblait entendre quelqu′un qui pleurait. Cela m′a réveillée. Mais comment se fait-il que tu ne sois pas couché? Et tu as les yeux pleins de larmes. Qu′y a-t-il?» Je pris sa tête dans mes bras: «Maman, voilà, j′ai peur que tu me croies bien changeant. Mais d′abord, hier je ne t′ai pas parlé très gentiment d′Albertine; ce que je t′ai dit était injuste. — Mais qu′est-ce que cela peut faire?» me dit ma mère, et, apercevant le soleil levant, elle sourit tristement en pensant à sa mère, et pour que je ne perdisse pas le fruit d′un spectacle que ma grand′mère regrettait que je ne contemplasse jamais, elle me montra la fenêtre. Mais derrière la plage de Balbec, la mer, le lever du soleil, que maman me montrait, je voyais, avec des mouvements de désespoir qui ne lui échappaient pas, la chambre de Montjouvain où Albertine, rose, pelotonnée comme une grosse chatte, le nez mutin, avait pris la place de l′amie de Mlle Vinteuil et disait avec des éclats de son rire voluptueux: «Eh bien! si on nous voit, ce n′en sera que meilleur. Moi! je n′oserais pas cracher sur ce vieux singe?» C′est cette scène que je voyais derrière celle qui s′étendait dans la fenêtre et qui n′était sur l′autre qu′un voile morne, superposé comme un reflet. Elle semblait elle-même, en effet, presque irréelle, comme une vue peinte. En face de nous, à la saillie de la falaise de Parville, le petit bois où nous avions joué au furet inclinait en pente jusqu′à la mer, sous le vernis encore tout doré de l′eau, le tableau de ses feuillages, comme à l′heure où souvent, à la fin du jour, quand j′étais allé y faire une sieste avec Albertine, nous nous étions levés en voyant le soleil descendre. Dans le désordre des brouillards de la nuit qui traînaient encore en loques roses et bleues sur les eaux encombrées des débris de nacre de l′aurore, des bateaux passaient en souriant à la lumière oblique qui jaunissait leur voile et la pointe de leur beaupré comme quand ils rentrent le soir: scène imaginaire, grelottante et déserte, pure évocation du couchant, qui ne reposait pas, comme le soir, sur la suite des heures du jour que j′avais l′habitude de voir le précéder, déliée, interpolée, plus inconsistante encore que l′image horrible de Montjouvain qu′elle ne parvenait pas à annuler, à couvrir, à cacher — poétique et vaine image du souvenir et du songe. «Mais voyons, me dit ma mère, tu ne m′as dit aucun mal d′elle, tu m′as dit qu′elle t′ennuyait un peu, que tu étais content d′avoir renoncé à l′idée de l′épouser. Ce n′est pas une raison pour pleurer comme cela. Pense que ta maman part aujourd′hui et va être désolée de laisser son grand loup dans cet état-là. D′autant plus, pauvre petit, que je n′ai guère le temps de te consoler. Car mes affaires ont beau être prêtes, on n′a pas trop de temps un jour de départ. — Ce n′est pas cela.» Et alors, calculant l′avenir, pesant bien ma volonté, comprenant qu′une telle tendresse d′Albertine pour l′amie de Mlle Vinteuil, et pendant si longtemps, n′avait pu être innocente, qu′Albertine avait été initiée, et, autant que tous ses gestes me le montraient, était d′ailleurs née avec la prédisposition du vice que mes inquiétudes n′avaient que trop de fois pressenti, auquel elle n′avait jamais dû cesser de se livrer (auquel elle se livrait peut-être en ce moment, profitant d′un instant où je n′étais pas là), je dis à ma mère, sachant la peine que je lui faisais, qu′elle ne me montra pas et qui se trahit seulement chez elle par cet air de sérieuse préoccupation qu′elle avait quand elle comparait la gravité de me faire du chagrin ou de me faire du mal, cet air qu′elle avait eu à Combray pour la première fois quand elle s′était résignée à passer la nuit auprès de moi, cet air qui en ce moment ressemblait extraordinairement à celui de ma grand′mère me permettant de boire du cognac, je dis à ma mère: «Je sais la peine que je vais te faire. D′abord, au lieu de rester ici comme tu le voulais, je vais partir en même temps que toi. Mais cela n′est encore rien. Je me porte mal ici, j′aime mieux rentrer. Mais écoute-moi, n′aie pas trop de chagrin. Voici. Je me suis trompé, je t′ai trompée de bonne foi hier, j′ai réfléchi toute la nuit. Il faut absolument, et décidons-le tout de suite, parce que je me rends bien compte maintenant, parce que je ne changerai plus, et que je ne pourrais pas vivre sans cela, il faut absolument que j′épouse Albertine.» Había dejado de oír esas palabras un instante mientras Albertina estaba conmigo hacía un rato. Abrazándola como abrazaba en Combray a mi madre, para calmar mi angustia, casi creía en la inocencia de Albertina o por lo menos no pensaba continuamente en el descubrimiento de su vicio. Pero ahora que estaba solo, las palabras sonaban de nuevo como esos ruidos interiores del oído que oímos apenas dejan de hablarnos. Ahora su vicio ya no me ofrecía dudas. La luz del sol que se iba a levantar modificando las cosas de mi entorno, me hizo tomar nuevamente, como si me desplazara un instante con respecto a ella, más cruel conciencia de mi sufrimiento. Nunca había visto empezar una mañana tan bella ni dolorosa. Pensando en todos los paisajes indiferentes que iban a encenderse y que hasta la víspera sólo me hubiesen despertado el deseo de visitarlos, no pude evitar un sollozo cuando en un gesto de ofertorio cumplido mecánicamente y que me pareció simbolizaba el sacrificio sangriento que haría de toda alegría cada mañana hasta el final de mi vida, renovación solemnemente celebrada en cada aurora con mi dolor cotidiano y la sangre de mi herida, el huevo de oro del sol, como si lo propulsara la ruptura del equilibrio que produciría un cambio de densidad en el momento de la coagulación, erizado de llamas como en los cuadros, reventó de un golpe el telón tras el cual se le sentía desde hacía un instante, estremecido ylisto para entrar en escena ylanzarse ycuya púrpura misteriosa yrígida esfumó bajo olas luminosas. Yo mismo me oí llorar. Pero en ese momento y contra toda espera, me pareció ver a mi abuela delante de mí, como una de las apariciones que ya había tenido, pero sólo mientras dormía. ¿Todo eso no sería sino un sueño? ¡Ay de mí! Estaba muy despierto. “-Te parece que me parezco a tu pobre abuela”, me dijo mamá, porque era ella, con dulzura, como para calmar mi espanto, confesando, por otra parte, ese parecido, con una bella sonrisa de modesta altivez que nunca conociera la coquetería. Sus cabellos desordenados, en donde no se ocultaban las mechas grises que serpenteaban en torno a sus ojos inquietos y sus mejillas envejecidas; la bata misma de mi abuela que llevaba, todo me había impedido reconocerla durante un segundo y me había hecho dudar si dormía o si había resucitado mi abuela. Desde hacía ya tiempo mi madre se parecía a mi abuela mucho más que a la reidora y joven mamá que conociera mi infancia. Pero ya no había pensado en ello. En la misma forma, cuando uno se ha quedado leyendo largo rato, no advierte que pasa la hora y de pronto se observa que el sol que la víspera estaba a la misma hora, despierta a su alrededor las mismas armonías y las mismas correspondencias que preparan el crepúsculo. Mi madre me señaló mi error sonriendo, porque le era grato tener tal parecido con su madre. “-He venido -me dijo mi madre porque al dormir me pareció oír que alguien lloraba. Eso me despertó. Pero, ¿cómo es posible que no te hayas acostado? Y tienes los ojos llenos de lágrimas. ¿Qué sucede?” Tomé su cabeza entre mis brazos: “-Mamá: se trata de esto temo que me creas muy tornadizo. Pero ante todo, ayer no te hablé muy amablemente de Albertina; lo que te dije era injusto”. “-Pero, ¿qué importancia tiene?”, me dijo mi madre, y advirtiendo él sol naciente, sonrió con tristeza pensando en su madre y para que no perdiese el fruto de un espectáculo que mi abuela lamentaba que yo no contemplase nunca, me señaló la ventana. Pero detrás de la playa de Balbec, el mar y el despertar del sol que me indicaba mi madre, yo veía con movimientos de desesperación que no se le escapaban, el cuarto de Montjouvain en que Albertina, rosada, acurrucada como una gata grande, la nariz traviesa, había tomado el lugar de la amiga de la señorita Vinteuil y decía haciendo restallar su risa voluptuosa: “-Y bueno, si nos ven, tanto mejor. ¡Yo! ¿No iría a atreverme a escupirle a ese mono viejo?”. Esa escena era la que veía detrás de la que se extendió en la ventana y que no era sino un velo melancólico, superpuesto como un reflejo. Parecía, en efecto, ella misma casi irreal, como una vista pintada. Frente a nosotros, en la saliente del acantilado de Parville, el bosquecillo en que habíamos jugado a la sortija corría en pendiente hasta el mar, bajo el barniz aún dorado del agua, el cuadro de su follaje, como en la hora en que nos levantáramos a menudo al crepúsculo, cuando había ido con Albertina para una siesta, al ver bajar el sol. En el desorden de las nieblas nocturnas que arrastraban aún en harapos rosados y azules vestigios del nácar del alba sobre las aguas pobladas, pasaban barcos sonriendo a la luz oblicua que amarilleaba sus velas y el extremo de su bauprés, como cuando vuelven por la noche: escena imaginaria, desierta y temblorosa; pura evocación del crepúsculo que no descansaba, como la noche sobre la serie de las horas del día que habitualmente veía anticiparse; suelta, interpolada más inconsistente aún que la horrible imagen de Montjouvain que no conseguía anular, ni cubrir, ni ocultar ppoética yvana imagen del recuerdo ydel ensueño. “-Pero, veamos -me dijo mi madre-; no me hablaste en lo más mínimo mal de ella; me dijiste que te fastidiaba un poco y que te alegraba haber renunciado a la idea de casarte con ella. No es un motivo para llorar en esa forma. Piensa que hoy parte tu mamá y la va a desesperar dejar a su grandote en ese estado. Tanto más, pobre pequeño, que no tengo tiempo de consolarte. Porque por más que mis cosas estén listas nunca sobra tiempo en un día de partida”. “-No es eso”. Y entonces, calculando el porvenir, sopesando perfectamente mi voluntad, comprendiendo que semejante ternura de Albertina para la amiga de la señorita Vinteuil y por tanto tiempo, no había podido ser inocente, que Albertina había sido iniciada y por todo lo que me indicaban sus gestos, había nacido, por otra parte, con la predisposición del vicio que mis inquietudes presintieron con exceso, al que nunca había dejado de entregarse (al que se entregaba quizás en este momento, aprovechando un instante en que yo no estaba), le dije a mi madre, sabiendo la pena que le causaba, que no me demostró y que sólo se le hizo visible en esa expresión de preocupada seriedad que tenía cuando comparaba la gravedad de causarme pena o causarme daño; esa expresión que había tenido en Combray por primera vez cuando se había resignado a pasar la noche conmigo, esa expresión que en ese momento se parecía extraordinariamente a la de mi abuela cuando me permitía beber coñac, le dije a mi madre: “-Sé la pena que voy a causarte. Ante todo, en lugar de quedarme aquí como lo querías, voy a partir al mismo tiempo que tú. Eso no es nada aún. Aquí no me siento bien; prefiero volver. Pero escúchame y no tengas mucha pena. He aquí. Me he engañado, yte engañé de buena fe ayer, yhe meditado toda la noche. Es absolutamente necesario y decidámoslo enseguida, porque ahora me doy cuenta de que ya no cambiaré y sin ello no podría vivir: es absolutamente necesario que me case con Albertina”.